samedi 5 décembre 2020

L’éditeur Le Temps des cerises liquidé par le PCF ?

Encore un spécial copinage

J’avoue, je n’ai aucune opinion fondée (à la suite d’une investigation) sur la vraisemblable prise de contrôle de la maison d’édition Le Temps des cerises par le PCF. Je relaye juste l’appel d’un copain (enfin, plutôt cobibine), l’écrivain Alain (Georges) Leduc, ancien auteur de la maison. Signataire d’une tribune parue dans Marianne.


Or donc, Marianne a publié (en accès libre), une tribune libre intitulée «  Le Temps des cerises est en danger ». Moi et les pétitions, cela fait deux. D’accord, j’avais rencontré Cesare Battisti, connu des Italiens réfugiés en France, et sous l’amicale recommandation d’amis de l’association 813, rédigé un court texte , non pour exonérer Battisti de ses actes antérieurs, mais pour considérer que la parole donnée valant quelque chose, je ne voyais pas l’urgence de l’extrader vers l’Italie.

Je viens cependant d’estimer que puisque l’ami (au fil du temps, c’est davantage qu’un copain) Alain (Georges) Leduc m’incite à le rejoindre dans la défense et illustration de la maison d’édition Le Temps des Cerises (au fait qu’en pense Éric Poindron ?), eh bon, allez donc…

J’étais auparavant au fait des démélés de Marc Lacroix avec la direction de cette maison pour laquelle, par idéalisme (on va dire ainsi), il s’est privé, lui, sa famille. C’est un peu de ma part, du dropping names. Mais Marc Lacroix a consacré beaucoup d'argent à tenir cet éditeur la tête hors de l'eau. Et l'actuelle direction semble vouloir l'oublier, lui, et sa créance minime (par rapport à ses dons).

Je ne connais pas davantage Lacroix  que Freddy Huck, le nouveau dirigeant du Temps des cerises.

Et pour tout vous dire, hors du microcosme de l’édition, je sais, j’aurais dû tenter de rester dedans, préserver mes relations avec Grasset, par exemple, franchement, je ne saurais me prononcer. Toujours est-il que, comme le relevait Woody Allen, le journalisme, c’est parfois « ils disent, ils disent ».J’ai souvent répercuté son « un quart d’heure d’antenne pour Hitler, un autre pour les déportés » (en substance, donc pas d’italisation entre les guillemets). Il m'aurait fallu donc au moins un peu enquêter. Il se trouve que, peut-être, Freddy Huck gênait ailleurs et que, pour qu'il puisse cotiser jusqu'à la retraite, on l'ait recasé ainsi. Supposition purement gratuite. Cela s'est vu dans le journalisme, avec un redchef devenu tellement insupportable pour une rédaction qu'on l'a envoyer sévir ailleurs (dans un autre titre, où il fit les même dégâts) avant de l'aider à se recaser loin du ce groupe de presse. Pas de nom ici, l'infâme et infime D.R. se reconnaîtra.

Le journalisme, ce n’est pas assener du jus de tête en le faisant passer pour des réalités. Je ne sais pas du tout si, comme Alain (Georgess) Leduc, il faut dire : « Halte-là ! à ces gens-là, comme l’avait jadis Louis Aragon aux tenants du réalisme socialiste. la grisaille brjenévienne serait-elle de retour place du colonel Fabien ? ». La référence à Aragon, venant d'Alain, de la société des amis de Roger Vailland, ne manque pas de sel. En épurateur purgatif, Aragon excella aussi.

Déjà, cette référence à Brejniev heurte mon corporatisme journalistique. Le confrère Brejnev ne fut-il pas estimé « premier journaliste de l’Union soviétique » ? Il faut arrêter de taper sur les journalopes. Alain en étant aussi un autre, je l’enjoins à un peu de retenue.

Vous aurez compris, je l’espère du moins, que là, j’exprime des opinions et ne prétend nullement énoncer autre chose. J’avance une hypothèse. Le Temps des cerises avait publié un Isabelle Repiton et Pierre Cassen intitulé Touche pas à mon plomb. Pierre Cassen, depuis chantre de Riposte laïque. Un site plutôt xénophobe, très proche du Rassemblement national. Et je ne vois pas pourquoi la maison ne publierait pas de nouveau un Pierre Cassen sur des sujets non polémiques. Christian Lacroux, de Fornax, n’y verrait sans doute rien à redire, alors qu’il se défini anar. Là, c’est juste pour caser un autre ami (dont j’ai déjà évoqué les démêlés avec la Ville de Paris).

Ma conviction est que la maison Le Temps des cerises est essentielle car autrefois susceptible de perdre de l’argent en publiant des choses non accessoires mais peu rentables. Il en était de même aussi des éditions Messidor (Miroir du cyclisme, Pif le chien). Son siège était sis fg du Faubourg-Poissonnière. Nous étions voisins. Ce que je vois, c’est que le site de la maison Le Temps des cerises fait la part belle à des ouvrages relatifs à l’histoire du PCF. Pas trop des trucs qu’on a envie d’emblée d’ajouter au panier. Et que des Leduc, ne subsiste que Le Grand Diable Mammom d’argent, livre épuisé. Il en fut d’autres.

Et je ne trouve plus l’auteur Cassen. Mais je retrouve Au Temps du plomb avec la recherche « plomb », assorti de la remarque « cet auteur n’a pas de description pour le moment ».

Je n’en tire aucune conclusion abusive. Je pose simplement la question : le PCF veut-il se délester d’un poids mort ? Si le parti des fusillés et des épurateurs quelque peu parfois partisans autrement souhaite un droit de réponse, bien évidemment, il ne sera pas ici caviardé. Le journalisme ne consiste pas qu’à renvoyer l’ascenseur et faire la promotion de ses informateurs et amis. 

Inimitiés policières : contagion ou pandémie ?

Il y a de tout dans la police et la population

Hier, faute de temps ou de forte envie, je me suis retenu de faire la pub (disons la promotion) du livre d’un commissaire de police. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et remettre en perspective aussi.


Or donc, hier, sur le site du Figaro, s’exprimait le commissaire Patrick Visser-Bourdon, auteur principal, ave Jean-Marie Godard, d’
Une vie de flic, chez Fayard. Au nombre de ses propos un « qu’ils se débrouillent ! » émanant de subalternes écœurés et réticents à répondre aux demandes d’interventions dans des zones, mettons, peu sûres. La couverture du livre montre un migrant mineur que le commissaire aida dans le cadre d’un regroupement familial au Royaume-Uni. Résumons, oui, dans la réalité, il y a aussi des policiers tels qu’ils sont dépeints dans les séries policières télévisées (lesquelles, à quelques nuances près, rares, mettent bien en scène des individus douteux mais font globalement l’éloge de la police et de la gendarmerie). Mais il y a bien sûr quelques revers à la médaille et le commissaire n’est pas dans leur déni systématique, il les remet simplement dans sa perspective découlant de sa pratique professionnelle. C’est très recevable et mesuré. Peu déontologiquement reprochable si, par ailleurs, Patrick Visser-Bourdon faisait des piges pour la presse.

L’actualité du jour, c’est qu’après que Macron ait considéré pour le média Brut que les contrôles au faciès sont un peu plus fréquents que souhaitable (le verbatim emploie « insoutenable »), des syndicats de policiers appelleraient à l’arrêt des contrôles d’identité. J’emploie le conditionnel parce que je ne sais s’il s’agit d’un arrêt généralisé ou non, soit arrêt dans les quartiers difficiles et routine là où cela ne pose pas problème.

L’autre actu, c’est que la syndicaliste policière Linda Kebbab annonce « le lancement d’une plate-forme pour dénoncer les discriminations », en soulignant qu’il en préexiste une autre, officielle, au moins pour l’Outre-Mer. Bien, il y a aussi une Défenseure des droits.

Cela pourrait paraître une bonne initiative, sauf que je crains que celle ou celui dénonçant un contrôle au faciès, même avec la plus parfaite bonne foi, même es qualité de fonctionnaire de la plus haute catégorie ou de décoré d’un ordre ou d’un autre, rechigne à communiquer ses données. Juste au cas où, de nouveau contrôlé, cette fois en infraction, en contrevenant mineur, admettant bien volontiers être en stationnement irrégulier ou avoir omis d’actionner un clignotant, on puisse aussi lui reprocher son signalement antérieur. J’dis cela, j’dis rien, c’est une insinuation gratuite, que je conviens exagérée. En tout cas, si j’estimais, à tort, voir mon identité contrôlée parce que je serais muni d’un appareil photo, je préférerai l’écraser, soit m’abstenir de signaler. J’ai appris à ne pas redouter la facilité, à éviter de me retrouver banni de main courante (la consultation des mains courantes permettant de remplir la chronique des petits-faits divers dans la presse régionale). Mais, sachons raison garder et ne pas monter en épingle une ou deux anecdotes isolées.

Et puis, sur une grosse affaire, mettant en valeur des enquêteurs et leur hiérarchie, je ne vois pas la police, ni même les policiers intéressés, reprocher à un journaliste de Marianne, même s’il s’agissait d’Étienne Girard, d’avoir commis cet article sur « l’univers impitoyable des PV covid ». Il est en accès libre, plutôt édifiant. Il pêche cependant par refus de ne pas affronter résolument la facilité d’ajouter que, par ailleurs, lors des contrôles d’attestation de déplacement, de nombreux policiers peuvent se montrer compréhensifs, voire tolérants. Oui, des SDF se sont vus contrôlés, sanctionnés, mais force m’est de constater que, là où ils sont nombreux, les policiers s’abstiennent de faire du chiffre.

Cela étant, les exemples relevés dans Marianne sont édifiants. Le cas d’un éducateur senior ayant eu l’outrecuidance de demander la raison de son contrôle et se retrouvant verbaliser pour absence de masque mais aussi usage irrégulier d’un moyen de transport et tapage « pour un total de 338 euros », alors qu’il assure avoir porté son masque et être resté calme, laisse imaginer qu’il n’aurait pas eu recours à la plate-forme de Linda Kebbab, fusse-t-il aussi basané. Cet éducateur se prénomme Omer. Étienne Girard prend au moins la précaution de noter « des affirmations qu’il lui faut maintenant prouver ».

En effet, en matière de contravention, la décharge de la preuve incombe au contrevenant.

Je ne sais si cet Omer a fait ou non posément remarquer qu’il collaborait régulièrement avec la police et si les policiers ont estimé que cette remarque équivalait à une manifestation « d’arrogance ». J’ai eu à connaître d’un cas semblable (non pas celui d’un indicateur mais d’un ex-collaborateur d’un ancien ministre de l’Intérieur, il n’a cependant pas été poursuivi pour outrage).

En gros, cela n’arrive pas qu’aux autres. Le syndicat Alliance PN remarque que « la police n’est pas raciste, elle ne choisit pas sa délinquance ». Effectivement, être propre sur soi et de type nordique mais délinquant ne garantit pas la mansuétude, et cela se conçoit fort bien.

La police, comme la presse d’ailleurs, se voit fréquemment reprocher d’en faire soit trop, soit pas assez. La presse pourrait aussi se mettre en retrait, sur une ligne éditoriale « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. ». Passer sous silence tout ce qui pourrait fâcher. Bref, on ne retient que ce qui nous arrangerait. Or, dans les propos de Macron sur la police, il y en avait bien qui plaidaient pour une certaine indulgence à l’endroit de policiers exerçant des violences illégitimes, découlant de violences inverses.

Le problème de cet article 24 est parfaitement similaire à celui des « pv caniveau » (voir l’article de Marianne), rien n’empêche un, des policiers étant filmés d’interpréter cela comme une intention de nuire et de prendre des mesures, parfois musclées, de prévenir une intention toujours interprétée malveillante. Qui s’oppose à cet article ne cherche pas du tout à protéger des casseurs ou à légitimer les actes à l’encontre des policiers. des syndicats de police en sont conscients mais laissent l’impression qu’ils ne veulent pas l’entendre. Voire qu’en représailles, ces syndicats chauffent l’opinion contre la presse. On voit cela cela donne aux États-Unis. Permettez qu’on puisse s’en inquiéter. 

vendredi 4 décembre 2020

Le Wall Street Journal lâche Trump

Net démenti et condamnation provisoire de NewsCorp

Cela vaut vraiment d'être relevé : dans un éditorial, le Wall Street Journal (NewsCorp, WSJ, Fox News et New York Post) indique clairement que Donald Trump a perdu sa réélection. Qu'importe, ce qui prédomine, c'est la crainte qu'il affaiblisse les chances de voir deux sénateurs (dont une sénatrice) de Géorgie, laissant le Sénat aux mains des démocrates.


Cela pourrait être un coup très dur pour Trump, mais il en a vu d'autres, et le désaveu du WSJ n'est peut-être que provisoire. Ce quotidien, comme le Post, NYP, fait partie de la presse Murdoch. Fox News aussi, qui a vu son audience chuter, et tente de se refaire une santé en se mettant moins la Trumpland à dos. Pour le Post, c'est à peu près la même chose : surtout ne pas s'aliéner la Trumpland.
Mais le WSJ, c'est les gros sous d'abord. Donc un Sénat républicain. Et la majorité sénatoriale républicaine dépend d'une sorte de second tour en Géorgie, le 5 janvier.

Or, un sondage donne déjà le candidat sénateur démocrate Warnock devant son adversaire. Pour le second siège, c'est presque moitié-moitié. Il faudrait que les deux démocrates soient élus pour que la présidence Biden ne soit pas paralysée (on serait à 50-50, mais la voix de la vice-présidente Harris compterait double). Mais il faut aussi considérer qu'un sénateur républicain tiède, pas trop trumpiste, fasse défection sur des dossiers financiers.

Trump va se rendre en Géorgie pour soutenir Kelly Loeffler et David Perdue, les deux républicains. Mais alors qu'il a profité d'une remise de médaille (à un entraîneur de foot américain), il en a profité pour seriner tout le monde avec les fraudes électorales. Au point que CNN a préféré ne pas relayer ses dires. Il est donc redouté qu'en Géorgie, il recommence son cirque et critique les autres républicains du cru qui lui auraient failli en ne prenant pas assez les supputations de fraude au sérieux et en concédant que la victoire revint à Biden. De quoi diviser l'électorat, et de mobiliser celui des démocrates. Warnock, proche de Bernie Sanders, est un épouvantail pour la Trumpland et même l'électorat républicain modéré (enfin, ce qu'il peut en subsister). Trump a fait perdre des voix, notamment à Atlanta et, horreur, dans ses banlieues, et même d'autres. Pour la direction éditoriale du WSJ, en cas de perte de ces deux sièges, ce serait la faute de Trump. Il faut donc qu'il change de ton, du moins, provisoirement. L'édito critique aussi Trump qui pompe des donations pour préparer sa réélection en 2024.

Cela étant, on peut se demander s'il ne s'agit pas aussi pour la presse Murdoch d'une manière d'indiquer à Trump qu'il faut qu'il cesse de faire de la publicité pour les concurrents de Fox News (Oann et NewsMax, qui continuent à conforter les supputations de fraude et s'en prennent à présent à Barr, le ministre de la Justice, pourtant ardent trumpiste et exécuteur de basses œuvres, mais qui n'aurait pas assez, jusqu'à présent du moins, trouvé autant de cas de fraudes qu'il conviendrait). Barr a certes dit que la pêche n'était pas encore bonne, mais qu'elle se poursuivait.

Pour le moment, Trump n'a pas répliqué par un fake news. Il a accordé un sursis à Barr, qui pourrait garder sa confiance s'il changeait son fusil d'épaule, mais rien encore sur l'édito du Wall Street Journal. Le titre, après le dépouillement de l'élection du 5 janvier, si satisfaisante pour les républicains, pourrait d'ailleurs aussi faire machine arrière. Sans doute pas en disant que finalement, l'élection de Trump fut truquée, mais en ne contrariant pas ses ambitions. Donc en le citant, en publiant des photos, en remémorant les hauts faits de sa présidence.

Trump étant immensément revanchard (il adore virer les mous, les contradicteurs, même timides), s'il continuait à poursuivre de sa vindicte trop d'élus républicains, à pousser des candidatures d'ardents trumpistes lors de primaires dans les États fédéraux, le risque d'une scission au sein du parti républicain semble plausible. Ou qu'une partie de l'électorat centre-droit républicain fasse défection, s'abstienne. La direction du WSJ a sans doute pris le pouls de son lectorat avant de se montrer si critique. Ce n'est certes pas celui de la majorité de la Trumpland qui préfère les pages sportives d'autres quotidiens plus accessibles. La même édition se montre critique à l'égard de la juriste Jenna Ellis (embauchée pour rejoindre l'équipe juridique de Trump), qui n'a pas fait ses études dans une université de l'Ivy League, fut auparavant une piètre avocate (ne traitant que de petits dossiers, genre infractions routières et affaires familiales). Un autre article s'en prend à une autre juriste trumpiste, Sidney Powell, une quasi-illuminée ayant vu partout la main de l'étranger. Dans un autre article sur la démission d'une communicante de la Maison Blanche (Alyssa Farah), il est aussi rappelé qu'aucune preuve de fraude électorale massive n'a pu être produite. Pour le Journal, une page semble tournée.

mercredi 2 décembre 2020

Black blocs, du grand n’importe quoi

 Amateurs d’émotions fortes ou réels protestataires ?

Présenter les membres de la nébuleuse black blocs tels des voyous n’est pas trop loin de réalité. Ils cassent, nous payons (contribuables, assurés, consommateurs). Quant à savoir qui les instrumentalise le mieux, c’est une autre histoire.


Voici peu, réagissant à des propos la policière syndicaliste Linda Kebbab, je n’excluais pas que des pendants des Boogaloo Boys étasuniens aient infiltré les black blocks. Il se trouve que les membres de Strasbourg Offender, labellisés néo-nazis par Mediapart, s’étaient infiltrés dans les rangs des manifestant contre la loi de sécurité globale. En fait, ils n’étaient que 14 à vouloir « cherché en vain des antifacistes ». Faut-il rappeler que les antifas se manifestent davantage sur les réseaux sociaux, pour dénoncer tel ou telle tenant des propos douteux ou aux comportements discutables, que lors des manifestations ? On peut d’ailleurs se demander si antifas se mêlant aux black blocs et néo-nazis ne sont pas fondamentalement les deux faces d’une même réalité.

Soit, selon Causeur, des gens majoritairement jeunes, las de ne s’exciter que devant des écrans affichant des jeux violents ou de jouer au paint-ball (je n’ai pas trouvé de traduction, de même pour airsoft), jeu un cran au-dessus d’une bataille avec des pistolets à eau. Cela étant, je n’irai pas extrapoler à partir d’un seul exemple ma comparaison entre ces Offenseurs strasbourgeois et les Boogaloo Boys... Cela reste une hypothèse quelque peu hasardeuse.

Toutefois, les jugements de trois casseurs de Toulouse révèlent un insolite échantillon. Soit un intérimaire alcoolisé, deux ados, dont l’un de 15 ans, fils de diplomate. Cela me semble assez loin de jeunes fanatisés par l’ultra-gauche que dénonçait Linda Kebbab. Laquelle, tout comme le courageux syndicaliste policier Alexandre Langlois (ex-Vigi Police) qui vient de demander une rupture conventionnelle, se pose des questions à propos de la façon policière (soit, ici, de la hiérarchie) de traiter ces casseurs.

Faut-il d’ailleurs les cataloguer tous extrême ou ultra-gauche ? Ou, comme Linda Kebbab les cataloguer « manifestants dangereux ». Dangereux, certes, manifestants, peut-être, car des manifestants ne se contrôlant plus car colériques ou outrés par des violences illégitimes de policiers, ce ne peut être exclu.

Mais comme la droite la plus dure et la droite extrême ne cessent, comme Trump, de se définir en partisans de la loi et de l’ordre, et de réclamer davantage de moyens pour les policiers, et de dénoncer les casseurs d’ultra-gauche, des syndicats de policiers se gardent bien de les contredire.

Linda Kebbab estime que « la police est instrumentalisée par le politique ». L’inverse serait-il tant sans fondement ?

En fait, il est difficile de cerner ce qui compose le « bloc noir ». Pour apporter une nuance à ce que relate (ou invente) Causeur, il convient de remarquer qu’on trouve aussi des jeunes et moins jeunes femmes dans la galaxie des cagoulé·e·s de noir.

Ce n’est pas pour critiquer Marine Le Pen parce qu’elle est Marine Le Pen que je relève qu’on ne peut dissoudre une mouvance floue. Mais que, même si elle était mieux identifiée, elle se reformerait (comme les groupuscules d’extrême-droite) sous une autre appellation. Et puis, l’arsenal juridique existant suffit en général largement (ce qui vaut aussi pour l’article 24 de la loi sur la sécurité, qui ne vise en fait qu’à pomper des voix d’électeurs policiers, gendarmes, voire militaires, cette appréciation étant discutable, j’admets).

Enfin, il est faux d’avancer que les « journalopes » ou la gauche exonère systématiquement le bloc noir de ses responsabilités. Certes, Yannick Jadot et d’autres ne sont pas à la gauche de la gauche du mouvement écologiste, tout comme Xavier Bertrand ne se situe pas à la droite de la droite. Et le préfet Didier Lallement n’est pas tout à fait le préfet Chiappe (soutien des ligueurs des années 1930).

Ce qui semble sûr, c’est que la police n’est pas formée, comme l’étaient des forces spéciales australiennes en Aghanistan, à former les récentes recrues à tuer, égorger des civils, tout comme les militaires français au Tchad, encadrés par de jeunes officiers formés à Saint-Cyr, pendaient des paysans par les pieds pour leur enflammer un brasier sous la tête (fameux article du Spiegel de l’époque).

Il n’existe pas de défiance généralisée de la police de la part des justiciables lambda, juste une méfiance qui devient plus générale. Cela tient aussi à de petites choses, comme cette policière, alors je tentais d’argumenter que la situation n’était pas tout à fait comme elle l’interprétait et montre son badge du doigt en me disant « il ya marqué police, là ». Ce qui venait à signifier « tais-toi, je n’ai rien à entendre d’un justiciable ». Ou ce petit gradé auquel je disais que l’on allait raccompagner un jeune homme un peu éméché et seulement bruyant qui me rétorquait : « on peut aussi vous embarquer », voussoyement sans doute dû à mes cheveux blancs ?.  Je me plais à souligner le comportement irréprochable et courtois d’autres policiers (ce n’est pas la première fois). L’entretien entre Charlotte Herzog, du Monde et le sociologue Mathieur Zdagtrodzki, me semble assez significatif de l’attitude de syndicats policiers clientélistes. C’est en accès libre.

Si, non pas la police, mais des policiers, croient que l’opinion de droite leur sera toujours favorable, qu’ils se dessillent. Une culture de l’impunité leur fera tôt ou tard se la mettre à dos, comme par le passé. Pour le moment, la droite ne s’en prend qu’à l’institution judiciaire (estimée outrancière dans des affaires de fraude fiscale, d’abus de pouvoir, notamment). L’institution policière, laissée à elle-même, suivra.

Je me souviens de cet ancien directeur de maison d’arrêt de Belfort, ancien militaire, me disant que « les réformes pénitentiaires ont toujours suivi l’incarcération de gens n’ayant, a priori, rien à faire en prison. ». Il faudrait peut-être que certains syndicats de policiers viennent à y réfléchir. Alexandre Langlois estrime qu’’il n’ y a plus de moyen de se faire entendre à l’intérieur de la police et considère que les policiers ont peur, non pas de la population, de la hiérarchie. Je ne cautionne pas tous ses propos, faute d’avoir enquêté. Les policiers devrait se souvenir de l’épuration à la Libération, parfois abusive et biaisée, et se dire que sous l’uniforme, ils restent des travailleurs, dispensables donc limogeables au gré des intérêts du moment. Dont ceux d’autres policirers. Au fait, Linda Kebbab, pourquoi, sur la couverture de vore livre, vote visage n’est-il pas flouté ?

mardi 1 décembre 2020

É.-U. : démocrates & républicains, deux victimisations

 Deux misanthropies s’affrontent aux États-Unis

Si je m’intéresse d’aussi près aux suites de l’élection étasunienne, c’est que j’estime que le climat instauré outre-Atlantique finira par envenimer la perception française des enjeux politiques. Pure hypothèse, mais déjà esquissées par diverses prises de position.


J’ai déjà évoqué ici le Comité Trump France, bien aligné sur les déclarations de Trump quoi qu’il puisse dire. Et puis, récemment, j’écoutais une intervention de Linda Kebab, syndicaliste policière, soutenant en substance que certains manifestants et groupes plus ou moins coordonnés étaient constamment motivés par des militants d’extrême ou ultra-gauche, calquant argumentations et méthodes sur les exemples venus d’Amérique du Nord. Bref, exacerbant la victimisation afin de justifier les violences illégitimes dont les policiers sont les victimes. Cela me semble encore quelque peu exagéré, à moins, bien sûr d’assimiler tous les militants actifs de La France insoumise et d’autres formations à cette ultra-gauche haineuse. Et pourquoi pas aussi la Défenseure des droits et toute personne employant l’expression violences policière en lieu et place de violences illégitimes ?

On n’en est pas tout à fait déjà là en France, mais, en me plongeant chaque jour dans les médias proches de l’extrême-trumpisme (Oann, Maxnews, d’autres, et parfois même The New York Post, ou même Fox News tentant d’enrayer la désaffection de son audience trumpiste), je conçois fort bien que certains paupérisés veulent chaque jour leur dose de Trump et consorts.

Lesquels ne font pas dans la dentelle. Je viens de tomber sur un écho dans TheHill (respectable quotidien de Washington D. of C.). Un avocat de la campagne républicaine, Joe di Genova, soutenant les allégations de fraude électorale s’en est pris à Christophe Krebs, ex-fonctionnaire viré par Trump pour avoir dit et redit que la fraude électorale était restée très marginale, voire quasiment inexistante. Joe diGenova ne se contente pas de qualifier Krebs de crétin car il devrait être incarcéré à l’isolement avant d’être tiré de sa cellule à l’aube et « passé par les armes » (shot). Cela s’inscrit dans la volonté de Trump d’autoriser les pelotons d’exécution pour les peines capitales. Un pasteur de Floride, Rick Wiles, sur TruNews, a souhaité que tous les « traîtres » (démocrates, journalistes, libéraux « à la solde du parti communiste chinois », soient alignés dos au mur et fusillés. Ce qui semble sûr, c’est que, très progressivrment, la Trumpland considère que Krebs et des républicains timorés ne se ralliant pas aux visées de Trump lui en veulent personnellement, forment un État profond lui étant fondamentalement hostile qu’il faut donc éradiquer, physiquement au besoin. Des républicains modérés reçoivent des menaces de mort, et comme en Géorgie, finissent par accorder quelques concessions réclamées par Trump et son équipe.

En face, on chauffe aussi les salles. Le candidat démocrate au Sénat en Géorgie est un révérend baptiste afro-américain, Raphael Warnock. Il  aurait (le conditionnel s’impose, forte mise en garde) déclaré à ses ouailles, en 2019, que quand le crack se répandait parmi les communautés « noires et brunes », on tirait dans le tas, mais depuis que les morts en surdose d’opioïdes ou de méthadone font des victimes parmi « les blancs et les banlieues », tout soudain, cela devient « un problème de santé publique ». Proche de Bernie Sanders, Warnock lie aussi spiritualité et anti-consumérisme et dénonce les pasteurs de toute couleur qui soutiennent que placer sa confiance en Dieu permet d’avoir à crédit une plus belle maison et une plus puissante voiture que celle du voisin. C’est totalement inacceptable pour la Trumpland qui voit dans l’étalage de meilleurs produits le juste fruit d’un dur labeur qui serait amélioré si affranchi du poids des aides sociales. Air connu et souvent repris en France. Nul besoin de descendre « à la halle », soit au coin du bistrot du coin pour l’avoir entendu. De même, l’expression « racisé » a envahi les médias français. On ne peut nier aussi que, parfois, le mouvement BLM se pose ici ou là en comités d’auto-défense légitimes à leurs propres yeux et que les démocrates ont à l’occasion minoré l’ampleur (exagérée par l’autre bord) des incendies et des pillages. J’ai tenté de remonter aux sources des propos du pasteur démocrate et je n’ai abouti qu’à des sites proches de Qanon ou Breitbart et consorts. Il se pourrait donc que de tels propos lui aient été prêtés a posteriori, d’autant que la page FB de sa congrégation, l’Ebenezer Baptist Church est un peu trop fournie pour rechercher efficacement. Mais cela peut sembler crédible quand on retrouve un imam prêchant dans cette église en évoquant Malcom X (un ex-délinquant devenu pasteur ayant organisé une milice) et dénonçant la surpopulation carcérale en tant que méthode de réprimer une ou des communautés. Le parti démocrate comprend une tendance, ou courant plutôt radical qui ne s’exprime pas qu’à demi-mots.

Les maux de la société étasunienne sont exacerbés de part et d’autre. Difficile de déterminer qui a commencé à chauffer la base républicaine, entre Newt Gringrich et d’autres, antérieurs, mais il est sûr que Trump a su capter l’adhésion d’une fraction ayant des racines fort profondes. En face, sans remonter aux United Workers of the World des années 1870, ou antérieurement, de fortes influences imprègnent certains démocrates. Sont constatées à présent des surenchères. Chaque camp se persuadant d’une oppression subie et de détenir la manière de protéger les libertés fondamentales. Les excès des uns autorisant ceux des autres. D’autant que, pour les plus populaires des excessifs, cela peut finir par rapporter gros.

De manière encore sous-jacente, des causes similaires peuvent produire des résultats voisins en France. D’autant que, sans tomber dans le complotisme, cela peut favoriser des bénéficiaires extérieurs.

Le conseiller spécial Robert Mueller, en charge de tirer au clair l’interférence russe dans l’élection de 2016, laisse à présent présager que la Russie a soutenu indirectement Sanders contre Clinton et contribué à discréditer les adversaires ou concurrents de Trump. Sanders vient de condamner cette interférence russe. RT France et Sputniknews en français jouent une autre partition, plus discrète.

La part franchement trumpiste (hors milices suprématistes) s’efforce de fédérer diverses communautés, afro-américaine, latinx, et même gays pour Trump, chrétiens divers, &c., sans s’affirmer ouvertement racialiste et même au contraire. Les démocrates ont la même stratégie. Cela tourne à une sorte de misanthropie généralisée, l’adversaire (externe ou interne) étant plus ou moins fortement démonisé.

Sans rien exagérer, on peut admettre qu’une telle désagrégation puisse servir divers intérêts, endogènes et exogènes.

Et cela marque aussi le regard que les Étasuniens portent sur le reste du monde. En a témoigné l’interprétation de la laïcité française estimée à visées antimusulmanes (de manière plus ou moins explicite ou carrément délibérée). Cela peut sembler ici dérisoire, mais il ne faut pas si longtemps pour que la vision dominante de l’extérieur influe sur l’opinion qu’on se forme de soi-même.

Trump : je révise mon anglais avec le Donald

Les burnés démocrates vs les trouillards républicains

On a beau avoir appris une langue plus d’une décennie, avec l’âge, on a des trous de mémoire. Mais avec Trump sur Twitter, rafraîchissez donc votre anglais.


Eh oui, on a lu Adrienne (livres sur l’américain parlé), étudié avec Jean Dixsaut (auteur de You don’t say so), souri avec des bouquins de traduction littérale de l’anglais vers le français (oublié le, les auteurs), et même collaboré au Slang & Colloquialisms (dictionnaire bilingue Harrap’s). Mais la mémoire flanche.

Alors, quand Trump compare les brass balls des démocrates et les républicains too wimpy pour s’opposer au vol de la présidence d’un candidat adoré par 95 % d’entre eux, on est bien obligé d’aller un peu plus loin que la traduction automatique de Google ou autres.

Car cela pourrait donner cela : les démocrates ont des balles en laiton et les républicains sont trop Gontran. En fait non, Trump signifie que les démocrates en ont (des gonades), donc sont sérieusement burnés (comme dirait Bernard Tapie), et les républicains ne sont pas trop Wimpy, mais trouillards.

On s’interroge d’ailleurs sur l’idée de Jacques Borel (si, les restauroutes, De Funès et Coluche dans L’Aile ou la cuisse…), qui, en 1961 ouvre un restaurant rapide à Paris, puis à Londres. En fait, il reprenait la dénomination de l’enseigne d’Eddie Gold, un amateur d’Elzie Crisler Segar, créateur de Popeye (le marin aux épinards)et de son ami J. W. Wimpy. Sauf qu’à Chicago l’allusion était comprise, mais qu’à Paris, voire même à Londres, les hamburgers aux chocottes, cela peut décontenancer.

Donc, Trump s’en était pris aux élus républicains de Géorgie, d’autres États, et sans doute depuis peu d’Arizona, qui n’osent pas ne désigner que des grands électeurs républicains en dépit de l’obligation de nommer des démocrates puisque Biden l’a remporté, et là, il en rajoute. Pas trop quand même puisqu’il pouvait employer wet willy, pussy ou même soft balls (l’équivalent de nos molles gonades). Mais quand même, wimp ou wimpy, c’est carrément péjoratif. En gros, les républicains s’urineraient dessus faute de vouloir bravement suivre ses injonctions.

Quant aux démocrates sévèrement burnés, il n’y a pas d’ambiguïté. Certes, l’expression fait référence à des testicules de singe en métal (et non pas asinines, l’âne étant le symbole des démocrates comme l’éléphant est celui des républicains) mais pour signifier qu’il fait un froid de canard, elle est, pardonnez mon français (Pardon my French), lestement employée. Quel bestiaire et quelle bête de scène, ce Donald.

Il n’empêche qu’une partie de l’électorat trumpiste féminin pourrait estimer que s’abstenir serait préférable à voter pour des républicains mollassons. Or la majorité sénatoriale dépendra de l’élection de deux sénateurs de Géorgie, courant janvier. Les deux candidats républicains avaient demandé la démission des wimps de leur parti, mais Trump ira en personne les soutenir (les candidats, pas les élus républicains locaux en poste). La crainte de l’actuelle majorité sénatoriale républicaine est que Trump ne parle que de lui-même et de l’élection lui ayant été frauduleusement subtilisée. Si, en plus, il fait preuve d’un tel franc-parler (apprécié par la Trumpland mais modérément par les républicains d’avant Trump), cela peut jeter un froid dans la partie modérée qui ne désavoue pas le gouverneur ainsi critiqué. Il y a un candidat et une candidate, Kelly Loeffler, à laquelle en guise d’appréciation, il ne placera pas sa main sur le pubis (Trump s’était vanté de pouvoir pécho des nanas ainsi car, du fait de sa célébrité, elles ne pouvaient rien lui refuser). Mais s’il se surexcite comme sur Twitter, l’effet pourrait être contre-indiqué.

Or, là, Twitter vient de l’énerver en supprimant le compte d’un témoin de fraudes présumées, ce n’est qu’un expert autoproclamé parmi d’autres, mais cette censure fait redouter que d’autres pourraient suivre. Trump se console car il vient d’obtenir une satisfaction judiciaire dans le Nevada (une expertise des machines de traitement des bulletins et des urnes scellées). Faux espoir peut-être, mais, enfin, un juge semble prendre au sérieux les revendications de l’équipe juridique trumpiste. Dans le comté démocrate de Clark de cet État, 139 anomalies électorales auraient été recensées.

Autre motif de satisfaction, Trump réclamait que le FBI enquête sur les opérations électorales et quelques enquêtes seront diligentées.

Autre indice satisfaisant, de son côté, la Flotus (la Première dame, Melania) chercherait un éditeur pour ses mémoires et se faire de l’argent de poche, ce qui laisse penser qu’elle ne songerait pas trop vite à obtenir un très rémunérateur divorce.

En revanche, déception, l’audience de Trump, en nombre de suiveurs ou abonnés sur Twitter s’érode. Ce n’est pas l’exode, mais parallèlement, celle de Biden monte. De quoi fâcher grave.

Moins trivialement, la purge se poursuit au Pentagone et le très contesté conseiller spécial sanitaire de Trump, un neurologue, a présenté sa démission. Il avait surtout été nommé pour avoir déclaré que se munir de masques contre le virus était inutile. 

animosité policière… et violences illégitimes

Linda Kebbab de bonne tenue sur LCI

En civil, et non en tenue, sur LCI, la policière Linda Kebbab n’a pas commis d’impair, elle s’est montrée crédible dans ses partis pris. En revanche, n’ayant pas lu son livre Gardienne de la paix et de la révolte (chez Stock éd.) je ne sais trop si elle en a rajouté un peu pour sa bonne cause ou non.


On peut être journaliste et prendre parti. En tout cas ici, où je n’écris surtout pas comme j’ai pu le faire pour l’AFP ou l’Agence centrale de presse (la défunte ACP), je m’y autorise. Simplement tenter aussi de prendre les choses à la légère n’autorise pas à déformer les faits. À la légère, quand on a Tombeur pour patronyme, j’en risquerai bien une mauvaise sur celui de cette dame plutôt avenante, mais bon, glissons… Elle a fait un peu la promo de son bouquin (pas trop, normal) et un peu moins de son syndicat Force ouvrière, tout en ne s’écartant pas de sa ligne (fort bien).

Je ne considère pas que narrer qu’elle a failli se recevoir un tambour de lave-linge sur la tête pour ajouter que c’était cela son quotidien soit une exagération excessive. On peut le ressentir ainsi du fait de « violences illégitimes » de la part de justiciables. J’avais oublié l’expression, je remise celle d’animosité policière (euphémisme ironique). Des violences verbales pas toujours croisées (les policiers gardant leur sang froid), j’ai pu en entendre lors de contrôles ou d’interpellations. Mais c’était bien la première fois que je visualisais, sur l'étrange lucarne, un policier à terre se faire rouer de coups. Je n’y reviens pas, j’ai déjà fait part de ma détestation de ce type de violences illégitimes de la part de je ne saurais dire qui (soit, ici, dans l’impossibilité de départager manifestants lambda et casseurs ou voyous).

Deux réflexions me viennent à l’esprit. D’une part la généralisation des caméras pour les policiers. Je m’attends à des diffusions de séquences insolites, cocasses, de justiciables aux visages floutés, à la voix vaguement déformée, sortant des inepties. Du genre « quoi le vélo, mais je n’y ai même pas touché », protestation d’un voleur de vélo pris sur le fait et en selle du dit vélo (anecdote qui date mais doit encore faire vaguement sourire dans les postes de police). Sur les réseaux sociaux qu’animent des policiers, ce devrait être parfois assez distrayant. Les policiers ne perdront pas tout avec cette innovation.

Ce qui m’a étonné dans les propos de Linda Kebbab, auteure de Gardienne de la paix et de la révolte ; son éditeur, Stock, ne me tiendra pas durablement rigueur de ce rappel, c’est qu’elle soutient qu’une abondante et permanente action militante qui, prenant modèle d’une radicalisation aux États-Unis, incite à faire de la police le symbole d’un État oppresseur. Franchement oui, j’ai constaté quelques exemples, mais ne serait-ce pas une exagération légèrement outrée de sa part ?

Parce que le militantisme de gauche en général a certes usé de ce thème mais que cela me semble plutôt globalement en régression. Et que je me souviens de violences illégitimes de la part d’ouvriers, voire aussi d’ouvrières, en grève et occupations de locaux industriels, davantage motivées par des coups de sang ou une volonté de riposte que par des ressorts idéologiques.

D’accord, il y a des rappeurs aux propos plus que discutables. En faire des militants contre un État bourgeois qu’ils aspirent surtout à rejoindre à leur manière (mode Kany West se prononçant pour Trump parce que dans le même club de friqués), ça me laisse dubitatif. Quant à pousser plus loin et insinuer que des footballeurs richissimes et parfois entourés de policiers faisant des ménages en gardes du corps, là, je commence à ricaner. L’argument n’a pas été repris par l’intéressée, je l’ai lu ailleurs de sources policières.

Linda Kebbab a admis la possibilité que trois policiers, dont deux aguerris, aient pu avoir peur et paniquer du fait de la stature de Michel Zecler. Admettons que c’est parole contre parole (notamment sur les invectives racistes), mais restent les coups. Et au final, les covictimes, ce seront nouzôtres. Parce qu’avec un avocat de la pointure d’un actuel garde des Sceaux, je ne vous dis pas combien cela pourra coûter aux contribuables qui, pour l’instant, nourrissent et logent un temps les policiers agresseurs (on peut dire « policiers agresseurs » ?).

Bien sûr, je ne vais pas exiger que des syndicats de policiers présentent des excuses aux contribuables. Je peux comprendre que les policiers de base considèrent qu’ils rendent plus à la population que ce qu’ils lui coûtent. Cela étant la population s’inquiète encore du ratio policiers en réel service et policiers planqués ou hauts-cadres en placard administratif privés de réelles responsabilités. J’ai fait un peu d’incruste (on dit « au lit avec », embedded) avec des pompiers, en dortoir et interventions. Métier qui n’est pas que psychiquement dur (en véhicules de secours notamment). Mais qui présente divers avantages enviables. Compensent-ils vraiment les risques ? Cela peut se discuter. Indéniablement, pas les plus forts risques. Pour une  majorité des carrières, heureusement, surtout si on va pantoufler dans l’industrie en tant que responsable sécurité d’un site pépère, cela s’apprécie autrement.

Les syndicats de police font des campagnes d’opinion sur la dangerosité de leurs métiers. C’est admissible. Rarement sur la répartition des postes exposés ou non. Ce ne sont pas que des affaires à forte portée émotionnelle qui alimentent non pas la défiance, mais le malaise ressenti par la population. Je ne dis pas que le discours de Linda Kebbab (auteure de…, allez, passons) ne soit pas sincère ni argumenté, mais quelque peu partial (ce n’est pas un reproche, cela se conçoit) et surtout partiel. Elle disait ailleurs (elle passe sur divers plateaux) que la peur « fait partie du quotidien des forces de l’ordre ». Vraiment de l’ensemble des forces de l’ordre ?

Sur une autre chaîne, Philippe Val, pour qui j’ai une estime mitigée (je suis plutôt Siné que du Charlie de Val, ne serait-ce qu’en me souvenant de Denis Robert), considère que, non, la police n’est pas raciste mais que, nuance, « des » policiers pourraient l’être et que ceux qu’il fréquente (il reste sous protection policière) étaient atterrés par les images montrant Michel Zecler. Val ne peut avoir tort sur tout. D’autant que même le Charlie qu’il dirigeait n’était pas trop le chantre obséquieux de la police. Le duo humoristique Font et Val (sketche L’Aumônier militaire et autres) se gaussait de la maréchaussée. Il faut savoir raison et mesure garder.

Faut-il rappeler aussi que du temps de l’IGS (depuis incorporée dans l’IGPN), pour la période 1993-1999, les violences aux personnes entraînaient un taux de 46,6 % de relaxes, avec une prédominance pour les dossiers relatifs à des violences en service ? On veut bien admettre que la violence accrue des justiciables peut susciter des violences illégitimes plus fréquentes. Je ne me souviens pas (et je peux me tromper) que les syndicats de policiers s’en émouvaient très fort. Il paraîtrait qu’initialement, Linda Kebbab ait été tentée par le journalisme. Un métier qui implique pas mal de recul, et, qu’elle le croit ou non, une culture de l’autodérision. Une culture quelque peu différente de celle des animatrices et animateurs de télévision (même passés par la case journalisme, on ne bonifie pas toujours en prenant du galon ou de meilleurs émoluments). Je lis que Linda Kebbab déclare au Figaro que les policiers « n’ont pas réclamé cette proposition de loi ». Certains syndicats en réclament le maintien. Elle évoque une confusion issue d’une « instrumentalisation politique » de la part de l’extrême-gauche. La Commission de la carte de presse (CCIJP), paritaire, instrumentalisée par l’extrême-gauche ? En voilà une idée qu’elle est crédible ! Puis-je risquer qu’elle l’ait lu dans la sauce du chawarma et des frites ? (désolé, disait la marionnette des Guignols de l’info, cela m’a échappé).

lundi 30 novembre 2020

animosité policière… à la carte (de presse)

Bon, ce sont les risques du métier.

La Commission de la carte de presse m’envoie un communiqué devenu presque banal. Je relève qu’il fait état aussi des violences subies par des policiers.


J’ai déjà expliqué pourquoi je n’emploie plus le terme contesté de violences policières (risque d’être poursuivi pour tentative virtuelle de strangulation visant à étouffer un ministre). Bien, comme disaient les uns et les autres sur les antennes, j’ai aussi « mal à ma Bretagne » (il reste beaucoup de Bretons en France, ils ont aussi « mal à la France ») quand je vois des policiers agressés et c’est à juste titre que la Commision relève que « les violences sont à dénoncer d’où qu’elles viennent, y compris bien sûr lorsqu’elles ciblent des policiers ». Cela devrait aller de soi, c’est mieux en l’énonçant clairement. N’en déduisez pas pour autant qu’elle se dédouanerait d’animosité (au sens de violence) à l’endroit de policiers, qu’elles soient verbales ou autres…

Bref, je résume et cite : « des journalistes de Brut et de France 3 à Paris, de Médiabask à Bayonne, notamment, onté pris à partie ou agressés par des agents des forces de l’ordre. ». Pour notre confrère de l’AFP et Polka Magazine, blessé au visage, ce qui a déclenché une enquête interne à la police, j’élude, c’était dans toute la presse.

Ce qui m’interpelle, c’est cet assez peu journalistique « notamment ». Soit insidieux, soit peu documenté, c’est selon.

L’autre aspect, c’est que cette commission est paritaire, ce qui laisse supposer que la suite, faisant état de l’inquiétude à propos de textes de lois votés ou en préparation, a obtenu l’assentiment de tous les patrons de presse représentés à la commission (les patrons désignent leurs délégués). Bien, notez que certains titres sont de fait assez peu représentés dans le collège patronal. On désigne surtout des personnalités mettons, consensuelles.

La CCIJP apporte donc son soutien à l’ensemble de la profession. Laquelle néglige relativement peu de prendre le pouls des syndicats de policiers, faut-il en rappeler l’évidence, non sur le mode de la presse anglophone mais quelque peu plus courtoisement.

C’est donc pourquoi je ferai aussi état de communiqués de presse de ces syndicats si jamais j’en recevais.

Pour rappel, le SNJ (l’un des syndicats de journalistes) et une intersyndicale (assez large), annonce des rassemblements au Mans, à Auxerre, Saint-Brieuc et Strasbourg. Le SNJ fait bien les choses et met en ligne une attestation de déplacement dérogatoire. Et signale, « il vaut mieux se munir d’un appel à manifester correspondant à l’attestation »).

Je n’en déduis pas automatiquement qu’il vous suffit d’organiser une manifestation déclarée à l’autorité administrative compétente pour vous réunir entre potes à une distance supérieure à celle mentionnée sur d’autres attestations. Ni qu’organiser une manifestation dont l’itinéraire irait par exemple de Strasbourg à Brest ou de Lille à Marseille soit facile à envisager.

En tout cas, par écran interposé, j’exprime mon soutien avec celles et ceux de Saint-Brieuc et d’ailleurs, assorti de mes souhaits de prompt rétablissement tant aux journalistes qu’aux policiers.

Je rappelle que la détention de la carte (soumise à un minimum de revenus de la part d’un employeur enregistré), atteste certes de la qualité de journaliste, mais qu’on peut exercer la profession de journaliste sans pour autant détenir (ou même avoir détenu) cette fameuse carte.

J’ai couvert de nombreuses manifestations, en me disant que cela pouvait aussi faire partie des risques du métier (parfois, on est bousculé, parfois pris à partie, pas forcément par les seuls policiers). J’ai juste failli une fois tomber d’une barrière sur laquelle je m’étais juché pour photographier. Mais, constatons-le, « c’était mieux avant » (tant pour les policiers que les journalistes). 

Trump indure, son mur perdure et s’expand

Muré à la Maison Blanche, Trump mure de plus belle

Bon, d’accord, indurer en ce sens dérivé est douteux et s’expanser est un anglicisme. Et je n’ai pas le bras asser long pour influencer l’Académie française. Trump qui s’emmure (enfin surtout au golf) et s’enferre conserve un membre assez long peut faire claquer 435 millions d’USD pour étendre son mur mexicain. Mais l'actu du jour, c'est Melania Trump montrant la déco de Noël à la Maison Blanche.


Cocasse, la Trumpland oublie toujours de demander à Trump combien et comment le Mexique a payé pour le TrumWall frontalier. La question ne le gênerait pas, il avancerait un chiffre dérivé de taxes sur un produit mexicain imaginaire, la callisonnada mejicana ou n’importe quoi. Si la presse classique (pour lui, corrompue) le démentait, ce serait la preuve qu’elle diffuse de fausses nouvelles. Et la presse correcte (selon lui) passerait à autre chose.

Quoi de neuf. Bof, on s’en lasse. Toutefois, après avoir vilipendé Fox News au profit d’Oann et Maxnews, Trump a accordé un singulier entretien à FoxNews, pour marteler, sans crainte d’être repris et encore moins contredit, qu’il est réélu. Air connu. Et il a remercié Fox News par une déferlante de tweets, sans réitérer la moindre critique visant la chaîne, dont c’était l’objectif.

Je résume et j’élude divers épisodes et à-côtés négligeables, récurrents. Ah si, quand même. Trump pourrait bouder l’inauguration (l’autrefois classique passation du bureau ovale, avec poignées de mains et sourires convenus pour les caméras) pour annoncer qu’il se représentera en 2024. Comme l’inauguration manquera de lustre (covid oblige), il tirerait ainsi la couverture médiatique à lui.

Re-bof. En revanche, évoquant Trump, l’un de ses proches l’a comparé au britannique roi Georges (George le troisième). Autant parce qu’il se montra fort autoritaire que pour sa démence manifeste à partir de 1788. Il semble en effet qu’au soir du 3 novembre, Trump ait radoté et bavé « j’ai gagné, j’ai gagné ».

Je ne sais quel éditorialiste anglophone (du Guardian, de l’Independent ?) a trouvé la comparaison avec le roi George moins pertinente que celle avec le roi Knut (ou Canute). Lequel, un Norseman, un Danois, fut aussi roi d’Angleterre. Sa légende veut que ses courtisans alléguassent qu’il avait le pouvoir de faire reculer la marée montante. Et Trump, par le seul pouvoir de son verbe a pensé faire refluer la vague bleue (démocrate). Bien ou mal vu, selon les deux interprétations de la légende (celle infra et l’autre, voulant que Knut se soit fait porter sur un rundskjold (bouclier) ou un trône jusqu’au rivage pour démentir la rumeur).

Selon que Trump se représente en 2024 ou non, et une interprétation de la légende ou l’autre, la métaphore pourra resservir. Knut aurait fait allusion au pouvoir divin supérieur au profane et renoncé à porter sa couronne en signe d’humilité. On pourrait aussi évoquer Gwynedd (King of the Britons) ou des dieux celtiques, eux aussi présumés commander aux mers et océans. En tout cas, La Trumpland veut croire que Trump finira par avoir gain de cause, et des sénateurs comme Rand Paul (Kentucky) entretiennent l’illusion.

Trump n’en a pas moins souhaité un prompt rétablissement à Biden souffrant d’une cheville après avoir joué avec l’un de ses deux bergers allemands. Ce n’est pas si anodin puisqu’il s’est retenu de l’invectiver ou de lui accoler un surnom moqueur. Puisque nous avons du temps à perdre et ne pouvons partager des brèves de comptoir au bistrot du coin, il semble que Trump ait été un des très rares présidents à ne pas avoir de chien à la Maison Blanche. Biden en aura deux et envisage de leur adjoindre un chat. Trump n’en a pas profité pour dénoncer les rats qui accompagneront son successeur. Et cela fait des jours et des jours qu’il ne s’en prend plus à la vice-présidente Harris. Un coup de mou, le Donald ?

La bonne nouvelle, c’est que les manifestations pro-Trump ou les contre-manifestations ne tournent pas au pugilat (à l’exception de quelques incidents). Il n’y a pas de nouveaux tués par des policiers ni de nouveaux policiers tués par des voyous ou autres (du moins, la presse nationale ne monte pas de cas en épingle, pour les presses locales, j’ai mal cherché). On continue à s’entretuer comme d’usage (pas entre policiers), mais sans plus… En revanche, les manifestations anti-confinement restent fréquentes en diverses localités (d’une l’une de la milice Patriot Prayer à Sliverton dans l’Oregon, de manière ordonnée).

En tout cas, la réconciliation entre Trump et Fox News n’aura tenu qu’un seul jour. Son message Twitter voici dix minutes (18 :35, heure de Paris) vante Oann qui transmet un raout républicain dans l’Arizona à propos de la fraude électorale : « pourquoi donc Fox News ne retransmet pas en direct ? » prétend s’interroger Trump. Effectivement, Fox News n’est pas loin de qualifier de grosse blague ou de flan les efforts de l’équipe judiciaire de Trump. À Phoenix, Rudy Giuliani a demandé aux républicains de risquer leur réélection (leur carrrière politique) pour « sauver le droit de vote en Amérique ». Le Right Side Broadcasting Network et Breitbart retransmettent aussi. On voit et entend des tas d’experts en technologie faire part de suspicions diverses tendant à laisser penser que des fraudes sont potentiellement possibles sans pouvoir fonder juridiquement qu’elles se sont produites. Rien de décisif donc. Bref, sur ABCNews, Sunny Hostin a estimé que Trump était devenu psychotique et devrait rejoindre un groupe de « Perdants anonymes ». L’information du jour à retenir est donc que Monsieur Gendre, Jared Kushner, va se rendre au Qatar et en Arabie, rapporte le Wall Street Journal (on se sait trop s’il s’agit de se refaire une santé financière, de rabibocher leurs deux dirigeants ou de faire une fleur à Nétanyahou).

L’attention se tourne donc vers les décorations de Noël de la Maison Blanche (62 sapins, 366 mètres de guirlandes, &c., un gâteau de 181 kg, franchement somptueux). On ne sait pas combien de boules de Noël seront suspendues, sans doute pas 300 000, comme le nombre projeté de décès dus au coronavirus le 25 décembre (on en était à 266 000 ce soir, à raison de 100 000 quotidiens depuis 27 jours).


dimanche 29 novembre 2020

Animosité policière (ter) : l’engrenage CFDT

Entre blancs et noirs, Laurent Berger et la CGC doivent choisir

Selon le site Journalistes-CFDT, leur confédération est opposée à l’article 24 et Laurent Berger en demande le retrait. On y croit très fort, surtout quand on consulte les messages d’Alternance Police nationale, syndicat affilié CFDT. Deux poids, deux mesures ?


En préambule, cette citation d’un entretien d’un policier anonyme (appellons-le Aranaud Pinault) avec des journalistes du Zéphyr. Après des faits tels que la mort de Cédric Chouviat (ou le tabassage de Michel Zecler), « dans te telles circonstances, on a toujours peur d’être pris pour cible à cause de l’uniforme. On peut ne rien avoir fait dans le décès de Chouviat et devoir éviter les pierres et les crachats dans la rue. À part du moment où une nouvelle bavure est révélee au grand jour, tout peut arriver sur le terrain. ».

Ce qui est arrivé place de la Bastille où un policier a failli subir le même sort que Michel Zecler. On ne peut pourtant dresser de parallèle. D’une part, on a des gens portant un uniforme et assermentés, de l’autre peut-être de jeunes fachos infiltrés (de type Boogaloo Boys) ou des cogneurs excités qui, après avoir commis des dégradations aux dépens du reste de la population (contribuables, assurés, consommateurs), se comportent comme des tortionnaires. Attention, je ne garantis pas qu’il y ait des miliciens d’extrême-droite ou des policiers infiltrés dans les manifestations tournant mal, je n’ai pas enquêté, je n’en sais rien. Il se peut même que des gens se définissant anarchistes ou gaucho-spontex se conduisent comme des tortionnaires, des fascistes.

Le fait qu’ils ne représentent qu’elles ou eux-mêmes ne les exempte nullement de leurs responsabilités.

En revanche, le discours de divers syndicats de policiers, dont Alliance police, est presque toujours, avec des nuances, similaire : les futurs ex-collègues ne représentent qu’eux-mêmes (ou elles-mêmes, car les policières serrant des pinces à fond pour faire mal, quel que soit le motif de l’interpellation, savent aussi faire du zèle).

Que dit encore Arnaud ? « Dans la brigade, on parle volontiers de matraquer des journaleux, de leur mettre un coup de pied dans la gueule. Et ça fait sourire les collègues. ». Bien, là, que ce soit un témoignage anonyme n’est pas en cause (c’est Zéphyr qu’il l’anonymise), mais le principe testis unus, nullus. Le témoin résume-t-il un climat, une ambiance, ou rapporte-t-il exactement des propos ?

Mais ne pinaillons pas, cela n’importe finalement assez peu. On a constaté la même chose aux États-Unis avec le mouvement BLM à la suite de la mort de George Floyd (et au moins d’une autre justiciable). Du fait qu’une partie de la presse semblait minimiser ou ne pas trop s’offusquer des dégradations, incendies, et projectiles lancés contre des policiers, ces derniers en sont venus à considérer la presse leur serait hostile. Il semble probable que l’on soit entré dans le même engrenage en France.

Mais quand des adhérents d’Alliance police reflètent, par leurs propos (genre « silence total des bien-pensants toujours prêts à dégaine pour condamner et vomir sur les policiers. », j’ai éliminé les fautes d’accord et je rappelle que, pour intégrer la police espagnole, il faut réussi à passer une épreuve d’orthographe), un tel état d’esprit, ils ne semblent pas s’alarmer très fort de l’affiliation de leur syndicat à unecentrale syndicale.

Inversement, la CFDT Journalistes (de je fus adhérent et délégué) ne semble pas prompte à demander des comptes à Laurent Berger sur le maintien d’Alternative police au sein de la confédération CFDT. On comparera les prises de position d’Alternative PN avec le syndicat Police-SCSI de l’encadrement, lui aussi affilié à la centrale.

Alternative PN est une chose, Alliance PN (CFE-CGC) est à fond pour l’article 24, mais ce syndicat dénonce clairement tous ceux qui s’y opposeraient tels des factieux. Donc, la fédération F3C-CFDT à laquelle se rattache CFDT-Journalistes est une organisation factieuse : ne s’oppose-t-elle pas à cet article en considérant que « lorsqu’on prive es citoyens de leur liberté d’être informés, ne serait-ce que partiellement, on installe au quotidien chez eux la défiance et la peur. ». Défiance et peur qui, en France comme aux États-Unis, motivent directement ou de manière induite conduire à ce qui s’est produit et perdure aux États-Unis (hausse des voix trumpistes, milices). Mais il est tout aussi vrai que ne faire état que « d’incidents sporadiques » ou d’« incivilités » lorsqu’il y a actions concertées de s’en prendre aux policiers est choquant. Alternative PN se satisfait de l’article 24 mais fait aussi état de la nécessité de l’amender « afin de garantir la liberté de la presse et le droit d’informer ». Dont acte.

Le journalisme ne consiste pas qu’à poser des questions qui ne fâchent pas. On peut toutefois les formuler de manière non agressive. Et j’aimerais bien que les confrères et ex-camarades (je ne suis pas retraité cotisant) de la CFDT-journalistes posent à Laurent Berger cette question : « un dialogue entre journalistes CFDT et policiers CFDT est-il encore possible ? ». Il semble que oui. J’irais même plus loin, ne seraient-ce pas les agissements des black blocs et consorts qui induisent les réactions de policiers contre les journalistes ? Brice Culturier, un journaliste, a relevé « l’extraordinaire discrétion des médias sur les violences inouïes commises (…) par les émeutiers. ». Cela se discute, En déduire que cela témoignerait de partis pris de confrères contre la police, c’est une extrapolation. Tout comme il est à présent allégué que Michel Zecler serait « un trafiquant de drogue » (ce que j’ai pu lire dans Valeurs actuelles). Que les policiers aient eu une suspicion légitime est une chose, que Michel Zecler n’ait pas voulu suivre sans discuter ces policiers une autre. Et qu’un refus d’obtempérer justifierait un tabassage une troisième. Je n’y étais pas, et donc je n’ai pas non plus entendu les invectives racistes qu’allègue Michel Zecler. Ce que l’on craint cependant, c’est que si l’on ne savait plus dans quelle poche on a placé une attestation de déplacement dérogatoire et que l’on tarde à la produire, on soit frappé. Ce n’est pas par peur généralisée de toute la police, mais appréhension devenue diffuse. On n’y peut rien, ce qui augmente l’inquiétude, c’est de voir, sur une seconde vidéo, des policiers rester passifs alors que le tabassage se poursuit sur le trottoir.

Je voudrais signaler la réaction insolite de mon confrère et ex-condisciple du Cuej, Olivier Biffaud. « Au fait, commment vont-ils être identifiés ces amoureux de la liberté de la presse qui s’acharnent sur un policier à terre ? Grâce aux prises de vues des « journalistes à smartphone” qui se délectent “professionnellement” de ce déchaînement de violence ? ». Question qui fâche aussi puisque ces images pourraient encourager ces prétendus amoureux des libertés à récidiver. Ce qui serait redoutable, c’est que ce type d’interprétation soit allégué. On peut se demander aussi si cet article 24, par extrapolation, ne le permettrait pas. Alliance CFE-CGC fait de la surenchère, « le texte ne va pas assez loin, les policiers doivent être protégés en tous lieux et tous temps ». Oui, les policiers, comme tous les justiciables, doivent l’être, ont droit à des protections. Non, quel que soit le texte, s’il est systématiquement envisagé qi’il n’irait jamais assez loin, où s’arrêtera-t-on ?


J’estimais hier que la droite soutient un texte qui pourra être utilisé aussi contre, comme par le passé, des ligues, ou des manifestations soutenues par la droite. La police est multiforme (l’épuration de la police à la Libération a aussi servi à se débarrasser de gêneurs ou de concurrents pour des promotions qui avaient peu à se reprocher en matière de collaboration), la presse est tout autant plurielle. En février 1934 (au moins 16 morts, 1 500 blessés), c’était la presse droitière qui minimisait les incidents et dégradations.

Je déplore bien sûr que Le Monde fasse état de « policiers tabassés par des manifestants » (et non par des casseurs bien qu’on ne puisse exclure qu’un manifestant énervé se soit mêlé aux casseurs, l’énervement n’étant pas une excuse, quand on manifeste, on ne se mêle pas à des casseurs). Ce qui est certain, c’est que policiers et journalistes divergent sur cette loi. Est-il abusif de souhaiter que, de part et d’autre, on surveille son langage ? On veut croire aussi que le photojournaliste de l’AFP blessé au visage par un coup de matraque n’a pas été agressé parce que journaliste identifié et qu’il s’agit d’une bavure, d’un quiproquo que les syndicats de la police devraient s’efforcer de clarifier. Après que la commission administrative interne se soit prononcée.

Animosité policière (bis) : pour/contre l’article 24 ?

 Petite analyse de doubles languages

Je serai donc pour que les forces de l’ordre fassent un massacre dans les rangs dans La Manif pour tous et que les journalistes ou d’autres ne puissent photographier ou filmer des policiers et gendarmes. Et que Frigid Bardot soit lourdement condamnée pour outrages et provocations ? Pas vraiment…


Je viens de voir un policier se faire tabasser à terre par des hurluberlus motivés par une aminosité anti-policière. Alors, je reprends les propos d’un syndicaliste d’Alternative police au sujet du tabassage subi par Michel Zecler. Mentionné dans mon premier papier sur l’animosité policière. David Jacob appelait « à la plus grande prudence » dans l’interprétation du tabassage de Michel Zecler. Au motif qu’on ne savait pas ce qu’il s’était produit avant entre le dit Zecler et les policiers.

Alors, retournons le même argument. On ne sait pas ce qui s’est passé entre des individus divers et ce policier blessé. Avant, j’ai vu aussi des policiers frapper des manifestants (ou des casseurs, je n’en sais rien) à terre. Soyons clair : ce type de sophisme est intolérable, fait honte à la France et à la profession de journaliste. Même des comportements déplorables de la part d’un policier ne justifient pas que ce dernier ou un autre soit ainsi tabassé par diverses personnes, quoi qu’elles puissent arguer.

Je m’étonne cependant qu’une fois de pire, on ait pu laisser faire des casseurs. Il faut être net. Les casseurs ou incendiaires s’en prennent à tout le monde. Qui finit par payer la casse, d’une manière ou d’une autre (impôts locaux ou autres, primes d’assurances obligatoires relevées) ? Vous et moi. Toute dégradation de biens publics ou privés finit par être réglée par des particuliers. Aucune échappatoire.

J’éprouverai rétrospectivement de la honte si, même énervé, même provoqué, je me serais laissé blesser en groupe quiconque se retrouverait sans défense. Même s’il s’agissait d’une franche crapule.

Mais bon, j’avoue que quand je vois d’hypocrites culs-bénits la ramener, je ne vois pas pourquoi la police devrait prendre des gens et se montrer affable. Comme cela, instinctivement. Mais après réflexion, j’estime que ni moi, ni les forces de l’ordre ne doivent les lyncher. Parce que, aussi, cela pourrait se retourner contre moi.

La droite française approuve bien évidemment cet article 24 car elle estime qu’il ne pourrait jamais lui être opposé. Il faudrait qu’elle réfléchisse un peu et se souvienne comment furent réprimées diverses manifestions pro-général Boulanger ou pro-colonel de La Rocque (des Croix de feu, anciens combattants et estropiés de la Grande Guerre). Que la droite se remémore le 6 février 1934. Selon Wikipedia, « la fusillade des forces de l’ordre la plus sanglante de la Troisième République ».

Cela valut sans doute à divers David Jacob des promotions.

Les divers ministères de l’Intérieur depuis fort longtemps sont pris en otages par la police. Voire des présidents de la République. Qui donc remit la Légion d’honneur à Maurice Papon (réponse : Charles de Gaulle).

Je ne saurais faire, entre les interpellés, la part des casseurs et des simples manifestants pacifiques qui, interpellés, seront traduits en justice. Il faudrait qu’un David Jacob veuille bien considérer que, si je n’ai pas participé à la manifestation, c’est par peur d’être interpellé loin des casseurs, juste pour faire du chiffre. J’en suis là. Et je n’éprouve pourtant aucune animosité contre la police dans son ensemble.

Ce que je ne comprends pas, c’est que la place de la Bastille où des casseurs se sont défoulés, fut largement encerclée par des forces de l’ordre largement supérieures en nombre. Et au lieu de resserrer la nasse et d’embarquer des casseurs, la police a semblé les exfiltrer. Admettons, histoire de s’épargner des histoires avec des filles ou fils de… ou, discours habituel, ne pas faire de blessé·e·s. Bien, puisque je ne comprends pas, je gagnerai à me taire. Je n’en considère pas moins que faire écran entre casseurs et policiers établit une complicité de manifestants, par complaisance passive, avec les casseurs. Tout comme de trop nombreux policiers ont laissé Michel Zecler se faire cogner de nouveau par des collègues sans la moindre velléité de s'interposer.

Ce que je crois comprendre davantage, après avoir suivi l’actualité étasunienne, et constaté l’accroissement indéniable de l’électorat de Donald Trump (insuffisant, certes, mais élargi). C’est que la profession en minorant les faits des casseurs sert objectivement ce qui la discrédite. Quand je lis Le Monde considérant que « quelques affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre, contrastant avec un défilé calme », j’ai l’impression que l’inconscience a contaminé la profession. Non, ce sont des affrontements graves, non pas du fait de manifestants mais de fascistes de tous acabits (ils ne sont pas que de gauche, il y a aussi des Boogaloo boys and girls français, équivalents de ceux, suprématistes blancs, ayant infiltré le mouvement Black Lives Matter), qui doivent être dénoncés. La presse étasunienne s’est totalement décrédibilisée aux yeux d’une très large partie de l’opinion (qui l’a désertée) à force de minorer l’importance des menées des casseurs et incendiaires. Minimiser, relativiser la gravité, non pas de l’animosité anti-flics (parlons cette fois de violences, ce type de tabassage peut aussi étouffer), mais de cette haine auto-justifiée à tort par, certes, de trop nombreux abus policiers, c’est se condamner à l’insignifiance. Et on ne pourra pas dire, après le trumpisme, qu’on n’a rien vu venir. Des voitures incendiées sur la fin du parcours, puis des dégradations volontaires importantes, ou des policiers en statique blessés, ce n’est ni accessoire, ni secondaire. On ne peut déplorer un recrutement de type Orange mécanique (film A Clockwork Orange, dans lequel de sombres frappes deviennent des policiers frappeurs), et prêter le flanc à laisser penser que de tels agissements sont des débordements somme toute tolérables.