mercredi 9 décembre 2020

Brexit : ce sera Noël aux tisons

Vers d’interminables transactions ?

Comme on imagine mal Ursula von der Leyen et Boris Johnson se congratuler cette nuit ou demain sur un balcon, ce sera sans doute Noël aux tisons, et Pâques au confinement…


Cette nuit, les dés seront-ils jetés au-dessus du fil du rasoir ? Sans doute pas. Avant de prendre l’avion pour rejoindre Bruxelles et Ursul von der Leyen, Boris Johnson a déclaré qu’aucun Premier ministre britannique ne saurait fléchir et se plier aux exigences de l’Union européenne. La presse britannique ou républicaine irlandaise n’a eu de cesse d’employer des expressions imagées. Les dés en seraient jetés et les négociations seraient sur le fil du rasoir. J’ai failli commettre un abominable faux sens quand j’ai lu dans le Daily Express que Lord Ashcroft avait exhorté Boris Johnson de saisir “his marbles tight” et de ne pas flageoler. J’avais failli traduire par « gare à tes gonades ». En fait, cela veut dire garder la tête froide et ne pas fléchir. En fait, quand les anglais perdent leurs billes (et non leurs balles), ils débloquent.

Mais depuis que j’ai entendu un ministre de l’Intérieur français employer le verbe « déconner » publiquement, à la télévision, j’ai l’esprit quelque peu mal placé.

EN fait, l’Express, le Mirror et d’autres titres plus austères laissent plutôt entendre qu’une sorte d’accord pourrait être encore discuté au-delà de Noël et que le Parlement britannique pourrait se réunir pe       ndant la trêve des confiseurs d’avant le réveillon du Jour de l’an.

En gros, la fin est proche, mais pas tant que cela. Un porte-parole de Downing Street a en effet déclaré qu’un accord restait possible, à l’arrache, et ratifié côté britannique à quelques jours de l’échéance. Côté français, la menace d’un veto avait été brandie, puis rétractée. Bref, contrairement à ce qu’écrivait Lénine à Rosa Luxembourg, ce serait encore cette fois, deux pas en arrière mais quand même un pas en avant. Je ne sais si, comme moi, Lénine était fâché avec l’arithmétique, mais peut-être faut-il considérer que les pas en arrière sont plus petits que celui en avant.

À force, le suspense devient de plus en plus soutenable (on finit par s’en battre l’une sans que l’autre bouge). Bien le plus important est révélé par The Evening Standard, le menu : pétoncles et soupe de citrouille et turbot au wasabi. Puis un sorbet à la noix de coco. Bref, sur les droits de pêche, l’Union européenne laisse entendre que le Royaume-Uni pourrait, au final, se casser les dents. En réalité, avec le réchauffement climatique, le Royaume-Uni pourrait devenir le plus grand pays exportateur de noix de coco, et rira bien qui rira (jaune) le dernier.

À part cela, comme le chantait Gilles Servat, je dormirai en Bretagne demain soir, et le Brexit pourra attendre. 

La Fédération galactique n’a pas confiance en l’humanité

Le général Haim Eshed entend des voix extra-terrestres

Tout d’abord, je me suis pincé. La nouvelle m’ayant été révélée par Breitbart, j’ai d’abord cru à une blague. Mais non, le très sérieux Jerusalem Post reprend les propos du général Haim Eshed selon lequel une Fédération galactique a installé une base aux tréfonds de la planète Mars.


Mars présentant des cratères de volcans, les extra-terrestres et leurs invités étasuniens, logés profondémment sous la surface de la planète Mars doivent disposer de super réfrigérateurs. Ou alors, les humains qu’ils ont invité ont muté.

Le général et universitaire Haim Eshed, 87 ans, n’est pas n’importe qui. Il ne serait pas a priori du genre à tenter de promouvoir les ventes de son livre L’Univers au-delà de l’horizon (The Universe Beyond the Horizon, conversations avec le professeur Haim Eshed) en balançant des craques. Cela fait au moins cinq ans qu’il est persuadé de l’existence d’extra-terrestres réunis dans une Fédération galactique. Mais à l’époque, il s’est tu pour ne pas passer pour un illuminé voué à l’internement. Mais comme le chantait Bob Dylan, les temps sont en train de changer, et en dépit des injonctions des petits ou grands être verts ou bariolés, qu’en sais-je, il peut à présent cracher le morceau.

Tant Israël que les États-Unis sont entrés en contact avec la Fédération galactique. Mais elle ne veut pas qu’on le révèle, car l’humanité n’est pas prête à l’entendre. Mais Haim Eshed ne peut plus se taire.

Trump, lui, est dans la confidence, mais pour une fois, il respecte les consignes de l’au-delà. Le général s’est confié à Yediot Ahronot, mais j’ai trouvé la traduction de ses dires dans le Jerusalem Post (en accès libre et en ang.).

Je vous passe les détails car ils sont rares. Les contacts proviendraient d’une base souterraine non pas sur mais sous Mars. Laquelle hébergerait aussi des Étasuniens. Combien ? Comme on ne voit pas trop Trump ne pas se vanter d’avoir atteint Mars en vaisseau spatial terrestre, j’en déduis qu’un Ovni est venu convoyer ces invités de la Fédération galactique.

La Nasa a diffusé une mise au point selon laquelle, même en cherchant bien, elle n’a pas encore décelé de signes de vies extra-terrestres. Ce qui ne prouve rien, car puisque les dites créatures estiment que le moment n’est pas venu d’établir leur existence, ils ont peut-être choisi d’inviter Elvis Presley ou Mikael Jackson plutôt que des scientifiques de la Nasa.

J’ai voulu consulter le communiqué de l’éditeur du bouquin du général. Il s’agit de conversations entre le général et une prête-plume, Hagar Yani (ou Yanai). Il est bien indiqué que le général croit que l’humanité n’est pas seule dans l’univers et qu’elle « doit s’intégrer dans l’harmonie du grand plan ». Quel est ce grand plan ? Le livre étant rédigé en hébreu, le suspense est insoutenable.

Croyez-vous que cela puisse semer le doute chez les croyants de diverses religions ? Pas du tout. Même, au contraire. Le présumé créateur de l’univers infini est encore plus balèze qu’on ne l’imaginait, un Adam, une Eve ne lui suffisaient pas, il lui fallait aussi une, voire des fédérations galactiques.


Bon sang, mais c’est bien sûr, beaucoup de choses s’expliquent. Un ami de culture musulmane mais mécréant n’en considère pas moins que diverses choses consignées dans le Coran peuvent avoir quelques fondements. Par exemple, quand le prophète Mahomet fait un aller-retour éclair de l’Arabie à Jérusalem, c’est peut-être parce qu’il a pris un ovni pour un archange. Mais le pilote lui aurait dicté la consigne de trouver une explication convenable pour l’humanité de son temps.

En quelques siècles, la Fédération galactique n’a pas changé d’opinion sur l’humanité, toujours assez peu évoluée pour recevoir sa révélation. Franchement, je la comprends. Le professeur Eshed avait autrefois publié, avec Doron Shterman un livre Les satellites et l’aube du nouvel espace.

Hagar Yanai, qui cosigne le livre, est une auteure de science-fiction. D’où le soupçon d’une mystification à laquelle le facétieux général aurait donné son aval.

Peut-être afin de pouvoir mieux poursuivre un programme ambitieux de connexion entre des mini-satellites (pour faire plus genre, on les qualifie de nano-satellites, en fait leur poids varie entre un et une dizaine de kilos). Israël en a déjà mis 70 en orbites, le général en voudrait 2 000. L’ensemble fonctionnerait aussi comme un immense télescope. The Deccan Herald relate qu’une trentaine d’instituts indiens sont sur les rangs, en coopération avec Israël et la compagnie néerlandaise Hyperion. L’autre objectif serait de renforcer la coopération éducative.

L’éventualité que le général soit un sérieux farceur (ou inversement) qui s’offre une publicité pour une bonne cause ne peut totalement être écartée. L’humanité a maintes fois prouvé qu’elle peut gober pratiquement n’importe quoi. Cela étant aucun scientifique ne nie la possibilité d’une possible (et pas encore probable) vie extra-terrestre. Pour le moment, le général n’est revenu sur ces déclarations, mais il avait aussi indiqué qu’il n’avait « plus rien à perdre » et que ce qu’il déclarait n’invaliderait pas la crédibilité de ses travaux antérieurs, ni sa réputation internationale.

Dani Di Placido, journaliste pour Forbes, semble accréditer cette hypothèse. Car Eshed déclare que Donald Trump est au parfum, or la possibilité que Trump le taise, et n’y ait jamais fait au moins allusion lors de l’un des rassemblements pro-Trump « est simplement au-delà du possible ». Et puis, il ne faut pas s’exagérer les pouvoirs de ces extra-terrestres même pas capables de faire réélire Trump.

Le résultat immédiat est que le mouvement français raëlien de Claude Vorilhon, dit Raël, qui veut ériger une ambassade pour les extra-terrestres, s’est déjà trouvé une demi-douzaine de concurrents, et autant de comptes Twitter se présentant tels des représentants de la Fédération galactique.

Pour le moment, Donald Trump se refuse toujours à confier à Joe Biden la teneur de ses conversations avec la Fédération galactique 

lundi 7 décembre 2020

François Asselineau, le Donald Trump français ?

 Asselineau et Philippot sèment le doute

Je ne vais pas vous bassiner avec les manigances du Donald Trump, c’est du réchauffé. Mais quand on voit Asselineau (dans une moindre mesure Florian Phillippot) embrayer derrière Trump, il faut peut-être remettre certaines choses en perspective. Déjà, en relevant que si Asselineau et Philippot doutent de la victoire de Trump, ils ont pris les pouls de leurs bases et ne vont surtout pas la contrarier.


Rien de vraiment nouveau du côté de Donald Trump qui veut faire exécuter (gazer ou fusiller) autant de condamnés à mort que possible avant de déserter la Maison-Blanche (mais ce n’est qu’une confirmation). En revanche, sans qu’il faille se l’exagérer, les trumpistes s’en prennent aux biens et aux personnes, et vice-versa car un pro-Trump a vu sa maison incendiée par des explosifs. Ce n’est toutefois pas généralisé.

Voici un moment que je m’inquiète, sans trop la monter en épingle, la contagion de la pandémie trumpiste en France. Ce qui semble certain, c’est que si Florian Philippot reste prudent sur les fraudes électorales aux États-Unis, François Asselineau se montre un peu plus incisif. Sans trop assumer nettement qu’il gobe tout ce que Trump peut dire. Mais leurs partisans s’en chargent.

La nuit dernière, je tombe sur un long plaidoyer pro-Trump d’un soutien de l’UPR (la formation d’Asselineau) sur Agoravox. Dérisoire, étayé surtout par des supputations, mais quand vous consultez les commentaires, vous constatez que le Comité Trump France, sur FB, n’est pas qu’un épiphénomène.

Alors, sans rentrer dans les détails, une mise en perspective des allégations de Trump sur l’élection mérite peut-être d’être remémorée.

Déjà, Trump n’en est pas à son coup d’essai. Avant même d’être le président, dès qu’un titre ou un avantage qu’il convoitait, en tant que bateleur télévisuel ou affairiste, il hurlait à la fraude, au préjudice (c’est parfaitement retraçable). Cela remonte à loin.

Ensuite, dès que les sondages lui ont semblé défavorable, il a prédit que sa réélection lui serait volée.

Il a mis systématiquement en cause les votes par correspondance mais a lui-même voté depuis la Floride.

Il savait parfaitement à l’avance que « le mirage rouge », son avance dans les urnes au soir du 3 novembre était prévisible.

Il a été battu essentiellement par une désaffection (fort marginale, mais significative, en dépit de l’accroissement global de ses suffrages) de trumpistes, femmes ou chrétiens pas trop pratiquants, notamment dans les banlieues les plus peuplées.

Mais surtout c’est le bond considérable de la participation globale (en présentiel ou par correspondance, des trumpistes ont aussi, comme lui, voté à distance) qui lui vaut sa défaite.

En fait, son seul argument, c’est qu’il drainait des foules denses de partisans ne portant pas de masques tandis que les apparitions publiques de Biden étaient beaucoup moins suivies, et que, effectivement, comme il avait appelé aussi à voter en personne, ses électeurs ont été beaucoup plus nombreux à se rendre aux urnes le 3 novembre. Et que les électeurs de Biden n’ont pas trop voulu, masqués, et sans casquette rouge Maga sur la tête, prendre place dans les files d’attente.

En France, il reste plausible d’aller seul dans un bureau de vote d’un secteur de droite en arborant une faucille et un marteau (ou je ne sais quoi), sans être pris à partie par la bonne bourgeoisie (mais des identitaires ne rateraient pas l’intrus). Aux États-Unis, les trumpistes (dont des miliciens, des fanatiques pro-life ou pro-armes) avaient été chauffés à blanc. Pour les démocrates, mieux valait prévenir que guérir à l'hôpital (crainte infondée, les incidents furent rares).

Le vote démocrate aurait été peut-être supérieur si des autorités républicaines ou le Postal Service n’avaient pas compliqué le vote par anticipation (avec des boîtes de dépôt des bulletins supprimées), des retards d’acheminement.

Je ne prends même pas en compte l’échec des poursuites judiciaires intentées par les trumpistes, rejetées pour des erreurs de débutants ou des incompétences, ou à base de on-dit et de témoignages parfois douteux, jamais sérieusement étayés. Les trumpistes pourront toujours dire que les magistrats sont des vendus à l’État profond, que les élus républicains qui ne hurlent pas de concert avec eux sont des corrompus (y compris ceux que Trump soutenait avec enthousiasme antérieurement).

L’alignement sur les méthodes et allégations de Trump de la part, en particulier, des opposants à l’Union européenne, n’est qu’un aspect des choses. Ce sont ses thèmes et méthodes qui inspirent beaucoup plus largement. En particulier la mise en cause des médias présumés d’emblée totalement alignés sur les thèses d’une oligarchie censée être incarnée, sans recul, par l’Élysée.

Et puis, il faut aller « à la halle », écouter des gens sympathiques, que vous estimez toujours sensés la plupart du temps, et qui, petit à petit, voient l’expression de leurs opinions emprunter à des arguments farfelus, à des théories sans nuances.

Prenez le site d’une revue d’assez bonne tenue, Front Populaire (Michel Onfray & co). Même si on n’est pas d’accord avec les articles — enfin, avec tous — les quelques dérapages  ne sont pas trop outranciers, même s’il en est de discutables (je lis, de la part d’un abonné qui n’a peut-être jamais mis les pieds dans un tribunal « une justice sensible à la fragilité si humaine des malfrats », ce qui est contesté et contestable, mais passe encore… on ne va pas s’alarmer de toute opinion mal étayée). Soit. En revanche, consultez donc les commentaires. Comme « les black blocs orchestrés par la gauche républicaine », « une violence orchestrée par une gauche incapable d’accepter le résultat des urnes ». J’ai lu à peu près la même chose côté trumpistes « les démocrates radicaux n’acceptant pas la défaite, et orchestrant les antifas ». Bien sûr, s’expriment encore des réactions divergentes. Mais vient un moment où il devient inutile de débattre, ce qui s'est produit aux États-unis, côté républicains. Quand des publications étasuniennes, conservatrices certes, mais restant sensibles aux réalités contradictoires, se sont vue submergées par un lectorat devenu homogène et encore plus conservateur, que croyez-vous qu’il se soit, ne serait-ce que pour des raisons financières, produit ?

À part cela, Trump a profité d’une seconde remise de décoration à un sportif pour redire qu’il avait gagné l’élection, et la vente des lainages bariolés de Noël avec pour thèmes Maga ou Trumpmas se porte fort bien. Mes préférés ont pour légendes « les médias disent que le Père Noël n’existe pas, fausses nouvelles » ou « Croyez-moi, c’est formidable, si vous dites quoi que ce soit d’autre, ce sont de fausses nouvelles ». Faut il y voir un présage, des vêtements labellisés Trump 2024 ou des boules de Noël font leur apparition sur le marché…

Trump prie Twitter de ne pas le contredire

Bah, faut-il en rire ou en pleurer ?

Je sais, le feuilleton Trump peut lasser. Mais il me permet au moins d’entretenir mon anglais, et puis, par moment, voilà un truc cocasse de… généralement pire. Le dernier message de Trump, vantant les allégations de Benny Johnson, est trop trumpissime pour ne pas être relevé.


Or donc sur Twitter, voilà Trump relayant une intervention de Benny Johnson sur NewsMax. Rien que de l’habituel. Sauf que le Donald enjoint ses avocats de prendre des notes et prie Twitter de ne pas assortir son message d’une mise en garde. Et c’est doublement cocasse, puisque, d’une part, la mention d’usage accompagne le message qu’il répercute. Et puis surtout, que d’autre part, les arguments juridiques du faiseur sont totalement inexistants. Eh oui, j’ai pris la peine d’écouter Benny Johnson, qui ne débite que la propagande usuelle sur la fraude électorale sans apporter le moindre élément nouveau ou surtout probant.

Mais qui est donc ce Benny Johnson, recasé in extremis sur NewsMax ? Sa page Wikipedia est édifiante. Il a été viré de partout pour multiples plagiats. Viré de BuzzFeed, puis de la National Review, puis de Business Insider, et sur le carreau depuis 2007 avant d’être repêché par NewsMax. Pour toute la profession, c’est un bouffon. La plupart du temps, il débite des platitudes patriotiques ou loue la piété des Étasuniens. Bref, un baratineur propre sur lui, bien peigné, bien cravaté, remerciant Dieu d’avoir donné de si beaux paysages aux États-Unis et un génie tel Trump à ce pays. Il fait dans le genre tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil à droite et ouh, ouh, ouh, méfions-nous des si vilains, si vils, méchants-méchants ennemis des libertés garanties par la Constitution. En cas de coup de mou, il vante l'élégance de Melania Trump car il faut bien remplir.

Ce qui ne manque pas non plus de sel, ce sont les efforts de Fox News pour se réconcilier l’auditorat trumpiste. Donc, la chaîne reprend au sérieux les accusations de fraude et relaie une information d’Axios. Selon laquelle, le jour de l’inauguration de Biden, Trump embarquerait à bord de Marine One, puis Air Force One (deux avions présidentiels) pour rejoindre la Floride et un rassemblement de ses partisans. Une manière de signifier qu’il se considère toujours le président légitime. NBC  et le Daily Beast semblent aussi avoir recueilli des informations en ce sens.

Ce qui ferait que, le 20 janvier, Biden assisterait à une cérémonie intimiste (pandémie oblige) tandis que Trump s’offrirait un bain de foule devant les objectifs de multiples caméras de télévision.

Franchement, cela tranche très fort avec le fameux « au revoir » de feu Giscard d’Estaing à la fin de son allocution télévisée à la suite de la passation de pouvoir à François Mitterrand. Trump, lui continuera à regarder la Trumpland aux fond des yeux.

D’ici là, attendez-vous à savoir que Trump multipliera les messages sur Twitter, environ toutes les demi-heures quand il ne jouera pas au golf, pour réaffirmer qu’il a gagné, qu’il est le seul et unique président oint par l’Esprit saint. Avec peut-être des interludes pour réclamer ses deniers du culte.

dimanche 6 décembre 2020

Trump aime les concombres, sans os dedans ?

 Les cucurbitacées pour mieux aller voter

La Floride et la Géorgie sont les deux États fédéraux se disputant la première place pour la production de concombres. En Géorgie, Trump en a donc fait un argument électoral.


Deux sièges de sénateurs sont à pourvoir en Géorgie et Trump est allé soutenir les candidats républicains. Lesquels auraient œuvré en faveur des fermiers de Géorgie. C’est d’ailleurs pourquoi, tout soudain le Donald a fait une déclaration d’amour improvisée aux concombres.

« J’aime les concombres, je suis le seul », a réellement déclaré Trump près d’Atlanta (Géorgie). Tout d’abord, j’ai eu du mal à y croire, mais comme j’ai trouvé deux sources concordantes, je peux l’avaler. Eh bien, ce ne serait pas plus mal si les opposants à Trump se contentaient de lancer des concombres à ses partisans. Car, pour le moment, en diverses localités où se tiennent des rassemblements pro-Trump, c’est plutôt aux vitres et aux pneus des véhicules qu’il s’en prennent.

Venu soutenir, en compagnie de son épouse, les candidats, Kelly Loeffler et David Perdue, Trump les a tout juste laissés intervenir, et s’en est pris surtout à leurs adversaires ainsi qu’à deux élus républicains locaux qu’il accuse d’avoir contribué à lui voler sa réélection.

Mais son obstination n’est pas sans avantages pour lui. Il continue à engranger des dons et bloque les candidats à sa succession, en 2024, à se déclarer. L’autre fait du jour, c’est que, selon les résultats d’un questionnaire du Washington Post, sur 249 parlementaires républicains des deux chambres, seuls 27 veulent bien clairement concéder que Biden l’a emporté. Il s’en trouve même au moins deux pour déclarer que Trump a gagné et huit pour justifier l’obstination du president-eject. Il ne s’en trouve que huit à critiquer ses manœuvres judiciaires. Mais 32 veulent bien reconnaître Biden pour président si et seulement si les grands électeurs finissent par tous se prononcer de la sorte.

Mais il s’agit surtout de parlementaires qui ne se représenteront pas ou provenant de districts dans lesquels Biden l’a emporté très largement.

Cela se conçoit, Trump, clamant qu’il lisait le Washington Post « aussi peu que possible », a minoré le nombre des Républicains de nom seulement à 25 (contre 27) et demandé dans un message Twitter, qu’on lui communique les noms des renégats, les Rinos (Reps in name only). Il s’en est déjà pris vivement à deux gouverneurs, et à de nombreux autres élus régionaux.

Croyez-le ou non, mais il se trouve des trumpistes qui croient que le Donald est mort de la covid, mais qu’il ressuscita ensuite, tel un Jésus septuagénaire.

Le dernier sondage sur la question indique que les électeurs de Trump ne sont que 3 % à penser que Biden est un président légitime, rapporte le quotidien The Hill (D. of C.).

À tort ou à raison, Je Concah, de The Hill, prédit que Trump n’assistera pas à l’inauguration de Biden et attirera les caméras à lui en se déclarant candidat à l’élection de 2024. Le suspense est intolérable : les autres amateurs de concombres vont-ils voter pour ou contre lui ? Les concombres constipent-ils ou font-ils mieux aller à l'urne ? 

Laïcité et sens du divin, avec Denis Guénoun

 Spécial copinage (bis) et copié-collé

Les éditions genevoises Metispresse viennent de faire paraître un Avec Denis Guénoun (hypothèses sur la politique, le théâtre, l’Europe, la philosophie). Juste à temps pour l’épilogue du Brexit. Mais parlons d’autres choses… Le Brexit attendra.


Ce livre, Avec Denis Guénoun rassemble des textes de Robert Abirached, Romain Bionda, Bernard Bloch, Jean-Baptiste Brenet, Judith Butler, Christophe Chalamet, Danielle Chaperon, Michel Deguy, Thomas Dommange, Olivier Dubouclez, Éric Eigenmann, Marc Escola, Denis Guénoun, Émeline Jouve, Esa Kirkkopelto, Nathalie Kremer, Jean-Louis Jeannelle, Alexis Leprince, Hervé Loichemol, Bénédicte Louvat, Lise Michel, Jean-Luc Nancy, Maria J. Ortega Máñez, Martin Rueff, Stanislas Roquette, Ivan Segré, Patrick Suter et Jérôme Thélot. Il s’agit en fait des actes d’un colloque. Ce, sous la direction d’Éric Eigenmann, Marc Escola et Martin Rueff. J’ai dû lire Rueff à l’occasion, de larges extraits des ouvrages de Robert Abirached, mais pour être franc, le théâtre et moi, cela fait deux (béotien je reste, et spectateur occasionnel, sans plus). Mais en ces temps d’interlude du confinement, d’autres pourraient être tentés de se rendre au studio Hébertot (ex Théâtre des Batignolles) pour une nouvelle interprétation de Stanislas Roquette de la pièce de Denis Guénoun Qu’est-ce que le temps ? Le Livre XI des Confessions d’Augustin. Histoire de vous épargner davantage de copié-collé, mieux vaut ici consigner le lien vers le site du studio Hébertot. Quant au livre, il est paru aux éditions Metispresses de Genève, mais il peut être commandé dans toute bonne (voire mauvaise) librairie métropolitaine ou ultramarine.

Comme je n’ai pas lu ce livre (qui me sera volontiers prêté par une amie commune, et dont je tenterai de comprendre au moins l’essentiel), parlons de tout autre chose. Le titre me rappelle le fameux Pour en finir… avec Guy Debord d’un célèbre confidentiel, Toulouse-la-Rose (aussi auteur d’un Debord contre Debord, et de quelques autres ouvrages, plaisants petits cailloux d’une vie à multiples rebondissements). Pour en finir est assurément épuisé (notre commun éditeur, Talus d’approche, tout autant). Mais pour continuer avec Denis Guénoun, j’enjoins mes amis laïcs, libres penseurs et penseuses, à consulter le Journal public de Denis Guénoun.

Comme chantait sœur Dominique-nique-nique, il ne parle que du Bon Dieu (j’exagère grave). Ce n’est pas un dieu des bondieuseries, mais une réflexion sur le divin, pas trop ardue, même si érudite, et ne manquant pas d’humour à l’occasion. Deux petits extraits :

« Le concept des fesses de Dieu a été rarement problématisé ». Michel Ange, précurseur de Charlie Hebdo ?

« Dire divin est une tentative de qualifier le sens inconnu qui parcourt l’univers ». Et aussi une synthèse « des dieux qui (…) sont des fabrications humaines. ». Au passage, je regrette que la démonstration ne repose que sur la mythologie gréco-romaine, laissant de côté les animismes (amérindiens, autres).

À l’intention des élèves de terminales et des descendants des rapatriés du Maghreb, je signale le fragment consacré à Camus. Lecture très prenante évoquant longuement l’Oran d’alors. Beaucoup de food ou things for thought. Digression, Camus, « Philosophe anarchiste et libertaire » et « James Dean de la philosophie » selon Michel Onfray, est statufié à Paris, Dinan, Nice (peut-être ailleurs, je n’ai pas trouvé de recension, mais pas à Angers jusqu’à nouvel ordre, un oubli sans doute, mais la ville compte un boulevard et un lycée de ce nom).

Pour les nostalgiques des années 1950, lire aussi le fragment sur la colonie de vacances de La Peyrouse (Drôme). On peut piocher une peu de tout dans les huit pages de ce Journal, dont des choses vues, des anecdotes parfois cocasses. Il faut baguenauder.

Il faut cheminer jusqu’à, pour qui lit l’anglais, un fac simili d’un article du Times Literary Supplement sur le livre About Europe, de Guénoun. Son titre « Exit strategy ». Au jour, voire à l’heure, du Brexit tactique, cela donne aussi matière à penser.


Je vous entretenais hier de l’emprise bureaucratique qui semble submerger les éditions du Temps des cerises. J’imagine que, pour marxiste qu’il demeure, Denis Guénoun n’aurait plus sa place dans cette maison ? Pourquoi ce rappel accessoire, superflu ? Comme cela, pour gamberger. Parce qu’il m’est venu d’aller consulter le catalogue des éditions Metispresses, et qu’il me revient que le précédent livre de Guénoun, Trois soulèvements, judaïsme, marxisme et la table mystique est aussi paru en Suisse. Je n’en tire aucune conclusion sur l’édition française sur laquelle j’ai lu quelque part (un journal) qu’après les pertes découlant des deux confinements, elle se repliera sur des valeurs commercialement sûres ou des thèmes vendeurs (ouvrages historiques, sur l’écologie, le féminisme, par exemple, chez Belin). Je le glisse à Denis Guénoun, au cas où il se sentirait en panne d’inspiration pour son journal, il pourrait aborder le thème de l’édition et des éditeurs. Fin de la digression.

Je n’ai pas vu la pièce Qu’est-ce que le temps ? Mais j’en ai entendu causer. Il s’agit d’un spectacle plutôt physique, Stanislas Roquette étant un acteur très énergique, et bizarrement, ce qui frapperait la salle, c’est qu’elle confie « on se sent penser avec lui » (Roquette, pas l’Augustin carthaginois ou de Thagaste, Souk Ahras, dont j’ignore les gentilés). Pour les curieux, sachez qu’une traduction vers le français du livre XI des Confessions, qui s’intitule Méditation sur l’écriture, est consultable en ligne.

Vous trouverez sur le site de l’auteur (Guénoun, pas Augustin), une bande-annonce du spectacle.

Pour ne pas tomber trop bas dans le bavardage, je me dispense de chute pour cette contribution (sous vos remerciements de soulagement)