samedi 7 décembre 2019

Donald Tusk, un néo-nazi ?

Donald Tusk veut-il éliminer les débiles mentaux ?

Euh, pardon, les mentally impaired, comme Donald Trump. Si l’on comprend bien, Donald Tusk serait un adepte d’Alexis Carrel, de Gobineau, et de leurs émules nazis ? Dans la foulée des divagations de ce pauvre Donald Trump sur les ampoules électriques et les chasses d’eau, on peut (faire semblant de…) se le demander.
Voici quelques temps que j’enjoins Donald Tusk, devenu président d’un groupe parlementaire européen, de cesser d’interférer dans la campagne des élections britanniques. C’est contre-productif. Mes avertissements, injonctions, sont restées lettre morte. Cette fois, il est temps que je mette en ligne une pétition : taisez-vous, Donald Tusk. Autant ne pas tenter de se faire mousser en pissant dans un violon. Ce qui devient trop fréquent. 
Certes, son geste malencontreux est intervenu après que Donald Trump ait une nouvelle fois divagué, cette fois à propos des ampoules et des chasses d’eau. Mais, déjà, au cours de la campagne électorale du candidat républicain, et depuis lors, maintes et maintes fois depuis son accession à la Maison Blanche, les interrogations sur sa santé mentale se sont multipliées.
Et voici que Donald Tusk inciterait à l’éliminer. Son geste, aussi inadmissible que sournois, consistant à pointer trois doigts dans le dos du Donald, évoque surtout les heures les plus sombres et tragiques de l’histoire européenne : l’élimination des aliénés par les nazis. Un holocauste indifférencié, sans trop de justes honorés pour avoir contribué à épargner des victimes.
Plus sérieusement… On avait eu Giscard jouant de l’accordéon. Nous avons Donald Tusk se faisant de l’auto-promotion pour le moins maladroitement.
En poussant l’électorat brexiteer britannique à se rebiffer, en incitant The Trumpland à conspuer l’Union européenne. J’exagère ? Bien sûr. Quoique…
C’est mon opinion, et je m’en félicite, un lambda de mon acabit peut se permettre (dans le respect des lois en vigueur) diverses interprétations parodiques.
Mais quand on voit un Brésilien se gausser d’une Première dame française, un Turc mettre en cause les facultés mentales de son homologue français, un peu de retenue de « notre » part (Tusk et moi-même ; discutons-en, Cher Donald) semble s’imposer. Nous ne jouons pas dans la même cour de récréation, je n’engage que moi, pas l’ensemble des Bretons.
Donald Tusk, vis-à-vis de l’opinion internationale, engage, qu’il en soit ou non conscient (et à mon humble avis, il l’est), l’Union européenne. De plus, ce qu’il s’autorise pousse des dirigeants européens (suivez mon regard vers Budapest, un temps Rome, bientôt Madrid ?) à parodier Jean-Marie Le Pen. Ce n’est pas « un détail ».
Je monte cela en épingle ? Soit. Mais Trump a déjà fait des émules. Toute surenchère inverse serait néfaste. Il y a des mots pour le dire, comme Alexandra Hall Hall en a fait la démonstration (dans sa lettre de démission du Foreign Office).
Que j’estime que Donald Trump ne fut jamais trop fut-fut, et qu’il se crétinise chaque jour davantage, que je prenne Boris Johnson pour un égotiste aventureux prêt à contourner le réel pour favoriser sa carrière est une chose.
Et j’vous dis pas c’que j’pense des Windsor. Non pour m’éviter des poursuites pour outrage à chef d’État étranger (cela demanderait un trop long développement qui vous barberait). Mais Donald Tusk et moi ne disposons pas du même bouchon à pousser un peu loin.
N’empêche, je n’ai pu m’empêcher de sourire de cette facétie incongrue. Et ne peux non plus regretter que Donald Tusk ne puisse faire obtenir un coupe-fil à Noël Gaudin, l’entarteur. Je verrais très bien Emmanuel Macron épingler un poisson d’avril purulant, en décomposition, étouffé, les ouïes obturées par du plastique, dans le dos de Donald Trump. Mais en imagination seulement. Peut-on souhaiter que ces adultes s’imposent la retenue qu’observe Greta Thunberg dans ses propos ?
On a parfois besoin de l’exemple d’une plus petite que soi, n’est-il point, Donald Tusk ?
Elle n'a pas besoin de relever la toute, toute dernière (en date) du Donald (Trump). Selon lui, il est le plus beau, le plus fort de tous les présidents (quand même pas plus gros que Mao). Donald Trump The Greatest. Oubliez Alexandre, César, le Moro Naba de la Haute-Volta puis du Burkina, Attila, Genghis Khan, Calvin, la reine Victoria, Mohamed, Suleman, divers tsars, kaizers, car lancé à toute vapeur sur les rails du capitalisme, ô Potus Trump, t'es le meilleur. Inutile de mentionner Washington, Roosevelt, Lincoln ou Jefferson. Ils n'étaient pas de la même envergure. Cela se discute : Néron, Caligula n'avaient pas démérité, mais font en regard pale figure. Donald Tusk, comment as-tu osé suggérer un déicide ?
L'avant-dernière, c'était que 95 % de... la population mondiale ? des Étasuniens ? approuvaient, soutenaient, portaient aux nues les républicains, le GOP. Donc Donald Trump soi-même.
Et puis, Donald Tusk, un peu d'humilité. Tékitoué ? Quand le vrai Donald (tweet du 21 nov., parmi 19 en salve) indique « je suis encore plus riche que les gens l'imaginent », qu'as-tu à rétorquer ?  Tu peux t'aligner ? 

Donald Trump obligé de tirer la chasse 15 fois

Est-ce sa digestion qui le fait paraître orange ?

Graves questions… Soulevée par Donald Trump se plaignant des chasses d’eau et des ampoules électriques récentes. Ce qui démontre son attention aux moindres détails le détournant d'accorder l'attention nécessaire à l'accomplissement des tâches de sa fonction.
It’s not the amount of water, stupid! C’est ce qu’on pourrait rétorquer à Donald Trump au sujet de ses remarques sur le contenu des chasses d’eau. Ce qui compte, c’est la nature et la fabrication des cuvettes. Hugh, ai-je décrété.
Que mon opinion prévale ou non, alors que des millions de gens de par le monde n’ont pas accès à de l’eau (potable ou non), ni à des lieux d’aisances appropriés, on peut s’interroger sur les priorités du Potus, le président des États-Unis d’Amérique.
Ses préoccupations, d’intérêt planétaire, et qui feront couler plus d’encre (et donc, d’eau) que de larmes (et c’est pourtant à en pleurer), me sidèrent.
D’abord les ampoules électriques : non, il ne se plaint pas que la production d’ampoules classiques ait cessé car les précédentes étaient trop durables. L’une, mise en service en 1901, dans une caserne de pompiers de Livermore (Californie) est toujours capable de produire de la lumière (et c’est un modèle conçu, cocorico, par Adolphe Alexandre Chaillet).
« Ils ont mis au rencart l’ampoule à laquelle nous étions habitués. La nouvelle est beaucoup plus chère et, cela me défrise, elle ne vous met pas en valeur », a déclaré le Donald en substance, devant un auditoire médusé.
C’était hier vendredi et le Donald a proclamé des mesures d’urgence, s’appliquant en premier lieu à la Maison Blanche. Le très pommadé Donald Trump considère que des ampoules récentes lui donnent une complexion orangée, comme s’il avait abusé d’onguents à base de carotène. Chochotte, va.
Pour le moment, le corps médical, qui avait incriminé son shampoing et ses lotions capillaires, susceptibles d’influer sur son état mental de plus en plus… stupéfiant, ne s’est pas penché sur la question. Cela ne saurait tarder.
Le sot regarde le doigt, et non la lune ; mais le Donald se préoccupe aussi de son postérieur.
En effet, poursuivant sur sa lancée du plafond au sol et même sous-sol, il a fait état de l’attention toute particulière qu’il accordait aux lavabos, bidets, douches, &c. Il n’a pas mentionné les éviers : ses personnels de maisons (Blanches, tours, clubs de golf) ne lui ayant pas encore fait remonter leurs doléances.
Avant, c’était mieux. À présent, les honnêtes citoyens américains doivent tirer jusqu’à « dix, 15 fois la chasse ». Comme le régime alimentaire du président et celui d’une majorité de citoyens sont proches, on mesure l’ampleur de la catastrophe. Prendre une douche ? Tout juste obtiendrait-on un maigre filet d’eau. En raison de mesures environnementales ? Non, pour une fois, si ce n’est insidieusement, laissant entendre la source de la cause, le Donald ne les a pas invoquées. Mais l’eau ne manque pas : la pluviosité de certains États est plus qu’abondante, et leurs gouverneurs (démocrates ?) ne savent pas en tirer parti.
Il n’a pas désigné ces États, dont les offices touristiques respectifs, mouillés, pourraient protester.
On attend avec impatience, sur Twitter, la démonstration du Donald : histoire de contempler ses somptueuses selles, et de vérifier le nombre de fois qu’il lui convient d’actionner la chasse. Et pour établir une moyenne, il faudra qu’une séquence quotidienne permette d’établir des graphiques fiables.
Il a ensuite passé la parole au vice-président, Mike Pence, qui n’a pas estimé judicieux d’annoncer que ces récriminations du président méritaient des commentaires. Pourtant, combien de fois le Donald va-t-il chaque jour à la selle ? Cela l’empêche-t-il de se livrer à ses occupations favorites, twitter et regarder la télévision (surtout des séries et des émissions de jeux) pour prendre le pouls de l’état du monde ? Quel est le temps moyen de remplissage des réservoirs des cuvettes (à multiplier par dix-douze ou davantage) ?
Au lieu de perdre leur temps à débattre d’une mise en examen, la majorité démocrate chez les représentants n’aurait-elle pas des sujets plus importants à soumettre à l’intention du Congrès ?
Les implications sont multiples. Sur le budget de la Maison Blanche, sur la capacité du président à se consacrer à d’autres tâches… Une suggestion : la purge biquotidienne, et par souci écologique, jeter sur les pelouses depuis les fenêtres.
Pour les ampoules, pourquoi ne pas revenir aux bougies ? Buckingham Palace emploie un valet à plein temps pour remonter les horloges. Le prestige de la Maison Blanche souffre de la comparaison.
Il est aussi fait état, par ailleurs, de ce que, après avoir critiqué Hillary Clinton qui ne surveillait pas d’où et comment elle émettait des courriels, par inadvertance, Donald Trump passe des coups de fils non suffisamment sécurisés (donc écoutables).
Subsiste-t-il encore un pigeonnier à la Maison-Blanche ? Dont les ramiers seraient escortés par l’Air Force ? Qu’en pense l’Otan ?
Un infâme détracteur du président invoquer Roosevelt et Kennedy (visuel). Lesquels n'avaient pas ces problèmes d'éclairage et de chasses d'eau. Nul et non avenu.
L'enfer se niche dans les détails, dans le fondement du président étasunien, dans l'interaction entre lumière artificielle et sa complexion.
Cessons de monter en épingle des sujets subsidiaires (réchauffement climatique, bisbilles commerciales et échanges internationaux, immigration, Brexit, explorations spatiales, j’en passe). L’essentiel doit primer. Il en va du devenir du monde libre !

vendredi 6 décembre 2019

Brexit : Sécu et Irlande infléchiront la courbe des élections ?


Boris Johnson pourrait perdre son siège (et Downing Street)

Dès l’annonce des élections britanniques, le 12 prochain, et jusqu’à ce jour, il restait considéré que c’était quasiment plié : les conservateurs retrouvant une majorité au Parlement. La question irlandaise va-t-elle renverser la tendance ?
Déjà, évoquons le cas personnel de Boris Johnson qui se présente dans une circonscription fortement Remainer, a priori favorable à la candidate libérale-démocrate. Sauf que, si Boris Johnson resterait en tête des intentions de vote, le candidat du Labour lui grignote des points et passe devant la Lib-Dem. Et à l’approche du scrutin, les appels au vote « utile » (tactical) s’exacerbent. Par exemple, John Major, ancien Premier ministre conservateur, enjoint à faire barrage à Boris Johnson et au Brexit. Tony Blair de même, mais là, ce n’est guère nouveau.
Ce qui fait que la Lib-Dem Jo Swinson est fortement incitée à retirer sa candidate (sans contrepartie, mais allez savoir si le Labour ne retirera un·e candidat·e dans une circonscription favorable aux Lib-Dem).
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aux dernières élections, sur la très petite circonscription de l’ouest de Londres proche d’Heathrow, Uxbridge, Boris Johnson n’a obtenu que 5 000 voix d’avance. Il faut aussi prendre en compte, pour ce vote à un seul tour, qu’Uxbridge inclut une université et que la majorité de ses étudiants ont choisi de voter non pas dans leur circonscription d’origine, mais dans celle-ci (les étudiants ont le choix). Que parmi les 11 candidat·e·s se trouvent aussi des farfelus ne l’étant pas tout à fait (genre, à Paris, Gaspard Delanoe, « le vrai », candidat indépendant dans son arrondissement mais proche de Julien Bayou). Il s’agit de Lord Buckethead (tronche de seau), de Count Binface (gueule de poubelle ; ex-Lord Buckethead en 2017), soit deux activistes expérimentés, écologistes, qui se partagent la tâche de faire barrage à Johnson davantage qu’à recueillir des voix. Lord Toby Jug et Howling Laud Hope, candidats lors de l’élection de 2015, ont jeté l’éponge (à moins qu’il s’agisse encore des mêmes…).
Et puis, la population est quasiment scindée et sa partie « populaire » s’est enrichie d’électeurs issus de l’immigration. Et Ali Milani, du Labour, monte dans les sondages… Ajoutez que l’UKIP, du fait du retrait du Brexit Party, pourrait remonter vers les 5 % des suffrages.
Mais l’événement du jour, c’est qu’une fois de plus le Bojo fait encore plus figure de hâbleur promettant tout et prêt à réaliser le contraire, cette fois à propos de l’Irlande du Nord.
Jeremy Corbin avait dévoilé des documents confidentiels portant sur la Sécurité sociale (le NHS) du temps de Theresa May. Ils laissaient entendre que l’accord commercial avec les États-Unis n’irait pas de soi. Tant Boris Johnson que Donald Trump ont clairement déclaré qu’un accord incluant les médicaments, le domaine médical, &c., n’était plus à l’ordre du jour. Mais partie de l’opinion peut considérer que cela reviendra par la fenêtre, post-rupture entre le royaume et l’UE.
Cette fois, Jeremy Corbyn a brandi une quinzaine de pages traitant des relations entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, et entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. En substance : Boris Johnson est un menteur, ses proclamations ne valent rien car il y aura de la paperasse et des taxes pour les transactions entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, et entre cette partie du Royaume-Uni et la République d’Irlande. Boris Johnson a aussitôt démenti : ces documents gouvernementaux sont obsolètes (air connu).
Quant à la presse pro-Leave, elle a mis d’abord en doute leur authenticité avant de pacer surtout en avant la réplique de Boris Johnson. Les pro-Leave les plus virulents ont argué que Corbyn, l’ami des Soviets devenu copain de Poutine, avait obtenu ces documents des services secrets russes. Ambiance.
Ce nouvel élément ne sera pas unanimement pris en compte. Pour des pro-Leave anglais, cette question de l’Irlande du Nord est secondaire (même une possible réunification les laisse tièdes). Pour les unionistes, y compris anglais, gallois et écossais, et le Brexit Party, difficile de prévoir leurs réactions. Mais pour les indécis, cela sent mauvais pour les conservateurs. Car ils ont dû clairement se ranger derrière le Premier ministre, en faire le Superman qu’il veut paraître, &c.
Serait-ce si déterminant ? Allez savoir…
Le Bojo soutient maintenant qu’il n’a jamais vu ce document, que ce qu’il contient est délirant, mais les experts en commerce international risquent de le contredire rapidement. Même le Daily Express n’en nie plus l’authenticité. The Telegraph préfère ressasser que le Labour et Corbyn sont judéophobes. Ou tape sur le SNP écossais. Ou encore, au cas ou Corbyn l’emporterait, indique — paradoxe total pour un titre Leaver — que la Grèce accueillerait ses lecteurs à bras ouverts.
Cela peut favoriser une défection conservatrice (des électeurs votant pour des conservateurs dissidents, ou pour des indépendants, s’abstenant), peut être égale à celle des travaillistes Leavers. Mais beaucoup de jeunes se sont pour la première fois inscrits sur les listes électorales, ce qui devrait favoriser le Labour ou le vote utile.
Ce soir, sur la BBC, Johnson et Corbyn s’affronteront lors d’un face à face. Ce sera leur ultime duel télévisé. Cela risque peu de faire bouger les lignes, mais qui sait ?
Je ne sais si toutes les questions ont été à l'avance débattues ou évoquées entre le journaliste jouant le rôle d'arbitre à l'avance, mais le public pourra poser des questions. Et l'actualité chaude risque de leur inspirer des questions gênantes pour Boris Johnson, du genre :
— Et pourquoi venez-vous de renoncer à faire campagne dans votre circonscription (il était attendu par ses soutiens conservateurs locaux, il a décliné l'invitation, vient-on d'apprendre) ?
— Alexandra Hall Hall, la diplomate britannique en charge du Brexit à Washington vient tout juste de démissionner en vous traitant de menteur... Que répondez-vous ?
Bon, Alexandra Hall Hall, ex-ambassadrice en Géorgie, 33 ans sous le harnois du Foreign Office, n'a pas mis nommément en cause le Bojo... Mais chargée d'exposer le Brexit à Washington, elle n'en peu plus des demi-mensonges, dictés par des politiciens en lesquels elle ne peut plus accorder sa confiance. Comme le rapporte CNN, la situation lui était devenue « intolérable personnellement » et « intenable professionnellement ». Or, elle agissait en bonne petite soldate (soit qu'elle défendait la position britannique et qu'elle se préservait d'exprimer son opinion personnelle sur le Brexit, qu'elle tait encore après sa tonitruante démission).
Elle met en cause la fausseté des éléments de langage lui ayant été transmis. Le Foreign Office s'est refusé bien sûr à tout commentaire, normal, mais Downing Street, après cela, a enjoint la presse à s'adresser au Foreign Office. Gros embarras.
J'ai souvent répété ici que les officiels européens devaient se préserver d'évoquer leurs opinions (suivez mon regard : Tusk et autres) au cours de cette campagne électorale. Les Britanniques s'en chargent beaucoup mieux qu'eux.
Il se trouve que la lettre de démission d'Alexandra Hall Hall, datée du 3 dernier, est détaillée, circonstanciée, &c. Rendue publique à moins de deux heures du début du face à face, il y a fort à parier qu'elle sera exploitée par Corbyn.
Lequel pourra dire qu'il reste neutre sur le Brexit, reste à l'écoute, ne fera ni campagne avant ou après l'élection sur le sujet. Mais qu'il continuera à dénoncer les mensonges des conservateurs pro-Johnson. Comme Alexandra Hall Hall, en quelque sorte. Et le politologue le plus en vue considère que sa neutralité peut payer. Sir John Curtice considère que les Remainers voteront Labour aux dépens des Lib-Dem. Or, n'oublions pas que le scrutin est uninominal à un seul tour...
En sus, Lord Heseltine, un grandee (grand nom) des Tories, vient d'en rajouter une couche. Il évoque les désastres à venir en cas de Brexit, et le démantèlement du Royaume-Uni (Écosse et Irlande du Nord prenant la tangente). C'est chaud pour le Bojo.
En sous-main, Bojo se la joue à la Trump : que Corbyn divulgue comment il a obtenu des documents officiels (que le lanceur d'alerte l'ayant conduit à une éventuelle mise en accusation se dévoile, exige Trump).
Bien, admettons que Johnson perde sa circonscription... Il se trouvera bien un conservateur d'une autre, très correctement élu, pour céder la place, démissionner, et laisser le Bojo lui succéder (et envoyer ce député complaisant chez les Lords)... Sauf si, le clan No-Deal autour de Johnson se débande.
Bref, attendez-vous à savoir que jusqu'au soir du 12 décembre, il sera plus qu'ardu de savoir ce qu'il en sera.
Et ce débat ? Bof. Inconclusive. Avec un léger avantage pour Johnson. Normal. L'opinion restant majoritairement pour les conservateurs, sauf surprise, il devait en être ainsi. Cependant, l'écart se resserre.
Cependant, avantage au Bojo qui veut rétablir totalement le système duodécimal : les ounces, et pourquoi pas les guineas, les half-crowns ? Les farthings ? Soit un quart de penny ? Moi aussi, je voudrais bien que le carambar ou le malabar reviennent à cinq ronds (cinq centimes de nouveau franc). Mais aussi que mon dentier reste remboursé par la Sécu. Et là...
  

jeudi 5 décembre 2019

Fait vs opinion : les ados si dans le flou ?

Comment (moi-je pas seul) sauverai-je l’Éduc’ Nat’

Selon le classement mondial Pisa de l’OCDE, 9 % des adolescents (de 79 pays) seulement feraient la différence entre une opinion et un fait… C’est une moyenne, et les ados français se situent très près de ce taux, assez (litote) loin derrière ceux de Singapour, de la Chine, et de l’Amérique du Nord.
C’est un article de Slate, traduit, adapté — et augmenté — de celui du site Quartz, qui m’a intrigué. J’ai d’abord comparé les deux versions. Et je n’en ai retenu que ce qui fournit les deux titres, à peu près identiques. Mais le reste n’est pas anodin, donc, allez voir
Cela étant, je me suis aussi demandé sur quoi se fondaient et ces articles et leur source. Les deux articles reflètent correctement les documents de l’OCDE.
Mais je n’ai pas été en mesure vraiment de dire si, oui ou non, ce pourcentage, seulement 9  % des ados de 15 ans capables de discerner ce qui est un fait ou une opinion, était une opinion ou un fait, ou du n'importenawak.
D’accord, c’est une manie hexagonale de mettre en doute la validité des classements, de remettre en cause leurs bases et fondements (ex. le classement mondial des universités).
Et peut-être que ma « démonstration » est faussée. Je n’ai trouvé, en versions anglaise et française, sur le site Pisa, qu’un seul test (portant sur un texte traduit) ne comportant qu’une seule fiche évaluant ce départage entre opinions et faits.
En plus, j’ai eu une réponse fausse sur cinq. J’ai estimé que, oui, l’un des exemples les plus troublant du livre en question « est celui de l’île de Pâques ». Peut-être ai-je répondu à la va-vite, ou estimé que l’auteur du livre (chroniqué) avait clairement indiqué que cette île était le plus troublant des exemples d’impact civilisationnel sur un environnement. Ou parce que, ayant lu d’autres livres sur le sujet, dont Sapiens (Harari), je considère, effectivement, que cette île constitue l’exemple par excellence de l’influence des hommes sur le milieu naturel. Parce que plus documenté que d’autres, plus débattu, &c.
Si en réalité, toute une série de tests visant à déterminer ce départage fait/opinion a été soumise aux élèves, mon exemple, trop partiel, est donc partial.
Mais, m’enfin, aurait dit Gaston Lagaffe, qui ne manquait pas plus de jugeotte que son créateur, Franklin, ce programme international pour évaluer les élèves (student assesment) est-il aussi fiable qu’on pourrait le penser ?
Parce que le fameux « c’est toi qu’il dit qui l’est » pourrait être soit un fait, soit une opinion. Dans un cas, c’est une réplique facile, dans un autre, il est avéré que l’accusateur mérite en retour l’accusation.
Je sais, vous allez penser : il s’est gouré, il est vexé, il nous baratine. Vous n’avez pas « tout faux ». En sus, Breton, tête de… et contaminé par l’école française (Descartes, tout cela). Et il se prétend journaliste, pftt.
D’accord, mais j’ai au moins consulté le document préfacé par Angel Gurria, secgen de l’OCDE. Et que les faits sont les faits.
Le score moyen de la France est de 493 (contre 555 pour la Chine, talonnée par Macao, Singapour, Hong-Kong), ce qui la situe au 23e rang, juste derrière la Belgique, dix places derrière… le Royaume-Uni (certainement sauvé par l’Écosse et le Pays de Galles, voire l’Irlande du Nord et Cornwall, ce qui, là, même un ado comprend qu’il s’agit d’une opinion… quoique… plutôt une présomption non-vérifiée que, peut-être, des faits établiraient valide).
Ce qui serait une opinion : c’est la faute du temps passé devant les écrans, le temps consacré par les ados aux réseaux sociaux. Ce qui pourrait être un fait : s’il fut titré ainsi, par Slate et Quarx, c’est avec cette opinion en arrière-pensée.
Plus généralement, les sciences humaines, même bardées de statistiques, ne sont pas devenues des sciences exactes. C’était présenté tel un fait en fac, département de socio, circa 1980, troisième année, et j’en suis resté là (enfin, pas tout à fait, aurait nuancé Raymond Devos pour ma défense).
Je ne remets pas en cause ce classement, je l’estime alarmiste, peut-être à visées incitatives (peut mieux faire, signale-t-on à la France et pays suivants).
Il reste que la France, pour la lecture, était au 22e rang en 2009, au 21e en 2012, au 19e en 2015, et qu’il est constaté une régression. Ne me faites pas gloser sur l’immigration : des pays mieux classés ont accueilli proportionnellement davantage d’élèves immigrés.
En revanche, c’est mon opinion et je m’en félicite, la France ne compte pas 91 % d’ados de 15 ans limite débiles ou abrutis, pas plus futés que des crétins des alpages. Sinon, il serait plus qu’urgent de procréer avec des Asiatiques aux méthodes parentales et éducatives (mode scolaire) supérieures — au passage, le gamin de ma voisine chinoise est un petit génie en maths et autres matières.
Autre constat, sempiternel, les ados issus des CSP+ s’en tirent mieux un peu partout, mais encore bien mieux en France.
Je vais aussi digresser… Et déraper (péché mignon). Je compte trois profs de français dans mes proches (très, très proches, fifille, mon excellente bru, et une copine). Dont l’une se plaint de sa rémunération (râleuse comme son papounet, celle-là…). Elle n’a pas total tort, d’ailleurs. Mais, il faudra qu’elle m’explique. Le Royaume-Uni est mieux classé alors que des profs d’anglais (et autres matières) y dorment dans leurs véhicules, voire provisoirement chez de multiples connaissances, parfois dans des abris de jardin. Je n’invente rien, ce ne sont pas des cas si marginaux (voir la presse britannique).
Le Royaume-Uni se contente d’un secrétaire d’État à l’éducation (the Rt Hon Gavin Williamson). Digressons encore plus fort et abusivement. On parle des plantes vertes et planqué·e·s dans la police, et peu dans l’Éduc’ Nat’. D’accord, c’est bien français, cela, botter en touche, pointer les autres du doigt et fort peu soi. Si j’étais ministre… (mes infimes états de service dans le supérieur ne me permettent pas de prétendre aux palmes académiques ; mais ministre, pourquoi pas : au tirage au sort). Eh bien, peut-être serai-je plus à l’écoute des enseignants et moins à celui de mon aréopage. Parce que cela reste trop petit doigt sur la couture du pantalon en appliquant les recommandations de l’inspection (donc, du ministère). Il ne manque que peu de boutons de guêtre au corps enseignant. L’avancement en dépend.
Et puis, les meilleurs profs selon le ministère ne sont pas forcément les meilleurs pédagogues. Mais les plus capés (subtil jeu de mots sur les agrégés enrobés de parchemins, comme les Michoko de La Pie qui chante).
J’avais, en terminale, en maths, un prof de fac. Qui avait compris que j’étais une cause perdue. Merci de m’avoir foutu une royale paix. J’étais de toute façon ir-ré-cu-pé-ra-ble. Même mon meilleur pote (taupin, puis fac de maths, car devenir archicube ou Xpont le bassinait) baissait les bras, alors qu’il avait la vocation (devenu prof). Et ce ne sont pas les ex-IUFM (passé par là, beaucoup de blabla de planqué·e·s ; en faiseur, j’aurais pu y enseigner) qui auraient pu changer quoi que ce soit (pour cause, anachronisme).
Vous me rétorquerez, quand il s’agit des chères petites têtes blondes de nos écoles, tout un chacun, professe (impropre, puisque, en général, il n’a rien découvert par lui-même) son opinion — je me raccroche au sujet —, ce qui en fait un potentiel ministre (à ses propres yeux, du moins).
Vrai. J’ai des idées sur tout, y compris sur la réintroduction du boulier en petites classes (forcément, la panacée, puisque je l’énonce). Mais, et c’est mon humble opinion — là, c’est pour le rating Google — me nommer ministre serait bien, non pas en raison de fulgurantes audaces pédagogiques, mais du fait — récidive — que je tenterai d’analyser la cacophonie enseignante (pour la synthèse, j’aurais des chef·fe·s de cabinet, ou conseillers, genre mon pote le gitan pour ce qu’aborda Étienne Liebig dans l’un de ces bouquins sur la scolarisation des enfants de la gent du voyage). Bof, tout cela fut dit et redit avant moi. Ce qui ne change pas, c’est cette fascination des élites pour l’élite du cran au-dessus qu’elles veulent rejoindre.
Un mal français, je vous l’accorde (international aussi). Ce qui est peut-être salutaire, et non point désolant, c’est que nous sommes mille et cent à préférer rester au milieu du gué, dégoûtés par la grégarité de ces élites, et trop fainéants pour briser ce plafond de verre. Nous aurions risqué de leur ressembler, d’adopter leurs us, de se la jouer Bourdieu pour les médias, et obséquieux, courtisans (ce qui est parfaitement compatible). On voudrait surtout que l’autre balaye devant sa porte (procrastinant quant au cra-cra de la sienne). Et on s’enlise, enferrés pieds plombés, dans ses opinons à l’emporte-pièce.
Nonobstant, quand on n’a que quatre sur cinq au test Pisa, on la ferme. J’obtempère.

mercredi 4 décembre 2019

Siné Mensuel 93 compromis ?

Ils ont les ronds (euzôtres), on a les boules (Siné Mensuel)

Finalement, SinéMadame ne reparaîtra pas (sauf à la Choron, genre numéro spécial post-Hara-Kiri ?), et je me demande si, après routage et mise en points de vente de ce Siné Mensuel nº 92, le suivant paraîtra ou pas.
Message subliminal, ce titre de la couv’ de Pinel pour Siné Mensuel 92 ? « Ils ont les ronds, on a les boules ! ». Le sommaire est assorti d’un appel aux dons.
Quelques extraits du communiqué de presse :
« Vous le savez, notre petit esquif mal élevé, satirique et qui aime à chier dans les bégonias n’a pas d’actionnaire friqué, pas de pub non plus et pas les moyens d’en faire. (…) La diffusion de Siné Mensuel a baissé aussi, certes moins que d’autres, avec ­2 %, mais assez pour commencer à avoir chaud aux fesses. (…) Votre aide financière commence à arriver. Merci du fond du cœur à ceux qui ont envoyé des sous à Presse et Pluralisme, l’organisme seul habilité à collecter des dons et à vous faire profiter de la défiscalisation… ».
Inutile de vous signaler l’adresse réticulaire de Presse & Pluralisme, vous la connaissez déjà. Ah non ? Bon, c’est là. Siné Mensuel y côtoie Charlie et Témoignage chrétien (gag…) ou Présent (bis). Mediapart, lui, puts a spell on you ailleurs (le Spel, tiens, serais-je éligible ?).
Sinon, au sommaire, un entretien avec Geoffroy de Lagasnerie, qui cause de violences policières, entre autres, de nous les canuts avec nos pantalons à sept ou douze euros des friperies ou des étals des marchés exposés aux vents mauvais de l’hiver. Tout le monde ne peut vivre cul nul au soleil, là où la misère (air connu).
Pierre Concialdi détaille la massacreuse réforme de l’assurance chômage. Interprétée par Macron (soliste) au pipeau et sa formation de flûtiaux. Bref, il va y avoir des musiciennes et musiciens de rue modulant les pavanes de leurs allocations perdues au mirliton (kazoo, pour qui n’entrave plus le français). Le même se penche aussi sur les allocations logement… Ce qu’il y a de bien, avec le mirliton, et cela nous avait séduit, à Belfort, quand nous voulions monter un Grand Orchestre du mirliton, c’est que, c’est léger, pas encombrant, et qu’on peut dormir dans la rue sans crainte de se faire piquer l’instrument. Anne de Haro, sur les Lebard, cause des émules de Bernard Tapie (achat et reventes de sociétés).
Patrick Pellaoux et consorts font pleurer sur les personnels médicaux (Camille Van Belle pose la question « qui soigne les toubibs ? » confraternellement ou non). Olivier Favier évoque le troisième sexe (des Hermaphrodites Children, engeances de Demis Roussos et autres ; souvent à l’insu de leur plein gré, comme je viens de l’inventer).
Urbanisme et équipements publics de Valence et Besançon figurent aussi au sommaire… Ainsi que les citoyennes et citoyens qui ramassent bénévolement des mégots sur les voies publiques au prétexte de les nettoyer (et en fait pour s’en rouler, vu le prix atteint par les cousues).
Benjamin Bardache a rencontré un Mexicain qui aurait pu finir plus balafré que basané du temps des exécutions en série d’étudiants remuants. Netanyahou est encore dans le viseur du piolet-sarbacane de Michel Warschawski.
Enfin (mais j’en ai oublié ou omis), ce gros faignant (pas trop en surpoids nonobstant) d’Étienne Liebig (amitiés au passage) disserte en style condensé sur son « mot à la con » du mois.
Purée, ce numéro distillerait la sinistrose à pleins baquets ? Mais non, il y a moult crobars marrants et une bonne rubrique littéraire avec des phylactères, tout-tout plein de phylactères dedans.
Bref, elles et ils ont les boules et les gonades encore sévèrement burnées. Pourvu que cela dure, disait Lætitia (celle de Leni, et non de Johnny). L’un dans l’autre, et inversement, pour que le Siné Mensuel continue à récurer, ami·e·s, donnez !
Cela étant, comme on le disait au Bab’Ilo (rue du Baigneur, près de Montmartre), la maison accepte l’échec, mais aussi les chèques… Et pour ce numéro 93, les assignats de Gauvain et Cimourdain aussi (non, ce ne sont pas des localités, mais des personnages hugoliens).

Judéophobie et antisionisme (bis)

Un peu plus de flou dans le net

Comme, hier, alors que la résolution de Sylvain Maillard visant en quelque sorte à intégrer l’antisionisme dans la définition de la judéophobie, j’en faisais état, je me sens obligé d’y revenir un peu. Mais je ferais mieux d’attendre de consulter le Journal Officiel pour ne pas déblatérer dans le vide, enchaînant topiques usés et banalités… Tant pis, je me lance.
Or donc, dans les médias, il fut fait assez grand cas d’une tribune parue dans Le Monde (127 intellos se définissant Juifs et « antisionistes », sans doute à des degrés divers tant le terme est dévoyé ou recouvre des opinions divergentes), critiquant la résolution du « marcheur » Sylvain Maillard…
J’ai attendu, attendu, attendu de prendre connaissance du résultat du vote pour mettre en ligne. Soit (rappel) 154 pour, 72 contre et 43 abstentions.
Et ce lendemain, beaucoup de lecteurs de divers titres de presse (hors Le Parisien) imprimée, attendront encore. En revanche, voilà qu’on nous cause d’une proposition de loi pour encadrer les rémunérations des mineurs youtubeurs, e-sportifs ou influenceurs. Une proposition chasse une résolution, à la suivante ?
Je ne vais pas me lancer dans la médialogie à petit pied déchaussé, mais cela me semble valoir d’être relevé. Pour savoir comment fut débattu le texte de la résolution, dont il avait été fait grand cas, il faut se reporter vers des sites de médias audio-visuels (mais Le Parisien en fait aussi état, comme le site du Huffington). Je vous laisse retrouver.
Je remarque juste au passage que Marine Le Pen, dont le parti, Le Rassemblement national, comme son prédécesseur homonyme du « bon temps » des colonies (enfin, l’Algérie n’était pas, à proprement parler, une colonie), lorgne sur une partie du vote sioniste (pro-Netanyahou et consorts), s’est prononcée. Sur le fait que la résolution « puisse interdire de critiquer Israël ». On a encore les fessiers entre deux chaises, au Rassemblement national. Ce qui ne disqualifie pas cette remarque de Marine Le Pen.
Et puisque, hier, je faisais état du livre de F.-O. Giesbert, La Cuisinière d’Himmler (instructif et divertissant), je relève aussi des propos de l’auteur qui m’avaient échappé. Il aurait dit que l’antisémitisme « est un gros mot et que nous devons utiliser le terme antisioniste ». Et que titre i24News ? « “L’antisionisme, c’est de l’antisémitisme” (Ex-rédacteur en chef du Figaro) ». Euh, non, pas vraiment. L’équation ne se vérifie pas tout à fait, et nul besoin de recourir à Pour une linguistique de l'énonciation de Culioli pour calculer l’écart. D’autant que, en entretien, pour la même chaîne, Giesbert détaille : « Il y a la jonction entre antisionisme et antisémitisme, simplement Hitler est passé par là, il a sali le nom, c’est embêtant de se dire antisémite, donc aujourd’hui, les antisémites se disent antisionistes. ». Euh, des, et non les… Le sionisme, y compris version Netanyahou, n’est d’ailleurs pas que le fait de Juifs (évangélistes américains de loin, naturalisés israéliens exfiltrés des goulags et autres centres de détention des pays de l’ex-Urss au plus près, j’en passe…). Et puis, Giesbert n'a quand même pas proféré ou professé que les antisionistes s'apparentaient à des néo-nazis (mais allez savoir si on ne finira pas par le lui faire dire dans son dos).
Comme me le disait mon copain et colocataire, qui ne s’est découvert Juif que sur le tard (comme son père, ayant rejoint la Résistance, se retrouva catalogué Juif quasiment du jour au lendemain), et qui, devenu kibboutzim vaguement par hasard (du fait des tensions sur le marché du travail français), et donc sous-off de Tsahal, avec des ex-soviétiques sous ses ordres… Je ne me souviens plus du verbatim, mais il ne les portait pas dans son cœur,ses Ruskoffs, et éprouvait quelques difficultés à empêcher leurs exactions.
En tout cas, plutôt que de fouiller le site du JO, autant consulter celui de l’Assemblée nationale pour retrouver le débat sur la lutte contre l’antisémitisme, et c’est là. Les échanges entre Meyer Habib et Sabine Rubin sont assez édifiants. Meyer Habib évoquant l’extrême-gauche israélienne, c’est presque de l’Erdogan s’exprimant sur les Kurdes ou son opposition : « On glorifie les terroristes assassins d’enfants. » (citation extraite hors contexte, mais qui donne le ton). Et là, ce on généralise, à mon sens, sciemment... On, serait-ce aussi qui a voté contre la résolution ou s'est abstenu, et on refuserait de cautionner que des rabbins ultra-orthodoxes dénient aux jeunes femmes de porter l'uniforme, et ce serait bien la preuve d'un judéophobie dissimulée ? Allez, je ne prête absolument pas cette intention à Meyer Habib, mais de surinterprétation en surinterprétation, on, nous finissons par dire n'importe quoi et il n'y a plus de débat possible.
Question amalgames, Éric Ciotti n’est pas mal non plus. Non, tous les antisionistes (ou réticents quant à l’interprétation du sionisme par, en fait, des antisionistes israéliens, fort éloignés du sionisme de ses diverses origines), ne désirent pas la destruction de l’État d’Israël. Certes, c'est là aussi déformer ses propos, mais d'un poil seulement.
Bref, comme Jean Lassalle, pour qui j’eus comme un léger faible avant de découvrir ses liens avec qui mêlait de la viande de cheval à celle de bœuf (cherchez), je ne souhaite ni la disparition d’Israël, ni l’extension sans fin des colonies prétendument ethniquement juives. Mais allez voir, lire le compte-rendu de ce débat ponctué d'invectives, c’est instructif.
J’en viendrai presque à penser, comme ce fut exposé par ailleurs (sur Agoravox, de mémoire) qu’au moment où les gens s’inquiètent de leurs retraites, la judéophobie a bon dos pour servir de diversion. C’est exagéré. Je retire cette suggestion soupçonneuse.
Et justement, pour débattre, exagérer, outrer, sauf pour faire valoir l’absurdité d’un raisonnement, ne mène qu’à exacerber les émotions, les partis-pris. Et je plaide pour qu’on en revienne à l’ancienne « définition » (alambiquée) de l’antisémitisme, et qu’on nomme judéophobie la judéophobie. Bon, autant m’égosiller. Tant pis, pas au point de m’enrouer, nonobstant…

mardi 3 décembre 2019

Contre… l’antisémitisme et l’antisionisme


Et contre la judéophobie, mais savons-nous en débattre ?

Il y a des Juifs antisionistes… Je ne comprends pas trop clairement pourquoi (bon, pour certaines sectes israélites, c’est plus compréhensible… quoique). Belle idée, le sionisme. Pas vraiment celle que s’en font les tenants de l’extrême-droite israélienne et « internationale » (guilles de distanciation signalées). Toujours est-il que la France, de par une résolution adoptée, peut sembler (trop) s’en accommoder.
Allons bon. 127 personnalités se réclamant d’une appartenance à une communauté juive (pas forcément judaïque, israélite au sens religieux), signent une tribune dans Le Monde. Ils écrivent : « nous (…) élevons notre voix contre cette proposition de résolution ». Celle d’un député LREM, Sylvain Maillard, qui a sans doute cru bien faire, en toute bonne foi (pour moi, le « vote juif » n’existe pas plus en Alsace qu’ailleurs, quoique, je crains de parler au passé ; c’était vrai en Alsace vers la fin des années 1970 et un éminent collaborateur d’Uss’m Follik, hebdo dit de la presse libre d’expression régionale, l’avait clairement exposé).
Je n’ai plus « d’amis juifs », ni de parents (par alliance) juifs — enfin, si, il m’en reste un, un séfarade, que j’allais oublier, vu que, qu’il soit Juif, issu de Kabyles, ou de je ne sais trop qui, je m’en balance — car la vie, les déménagements, le temps qui passe, font que…, on se perd de vue. Ah si, j’ai aussi une autre connaissance amicale, de famille juive berbère algérienne. J’étais le colocataire d’un Juif (et qui plus était, binational, franco-israélien). Farouchement laïque à l’époque. Depuis… Disparu des radars. Il aurait peut-être viré sa cuti, comme Benny Lévy. Bah, au grand âge, qui s’approche, allez savoir si je ne tomberai pas dans le panthéisme celte. Gâtisme. J’espère alors ne pas devenir prosélyte…
Je viens de finir de lire La Cuisinière d’Himmler, de F.O. Giesbert (Gallimard). Si cela se trouvait, Breton pur jus (crois-je), j’ai peut-être un ancêtre juif, une aïeule juive, comme Gabriel (l’un des personnages de Giesbert qui le découvre dans la presse collaborationniste). Saine lecture.
On causait de quoi, déjà ? Ah oui, de cette tribune des 127.
Alors, déjà, ne pas confondre antisémitisme et judéophobie. L’antisémitisme, au sens courant actuel, ce n’est pas ce qu’on entendait par là auparavant. Crouillats et Youpins, c’était tout un (comme les Bretons bretonnants et les Gallos étaient tous des têtes de cons).
Ensuite, je ne me souviens pas trop des textes fondateurs du sionisme, mais ce n’était pas mal. Plutôt sympa. Humaniste et tout et tout. Enfin, pour ce dont je me souviens confusément.
Sympa, le sionisme des kibboutz laïques ? Cela semblait. En reste-t-il ?
Enfin, tout cela reste vu de loin. Je n’ai pas vérifié sur place. Je me souviens juste d’un Juif, se revendiquant tel, qui avait rejoint les feddayins de Georges Habache. Car maoïste. Peut-être un baratineur qui se targuait d’être monté à l’assaut contre un kibboutz. C’était à Nantes, vers 1969, et il semblait crédible. Qu’importe. En tout cas, il ne lui serait pas venu à l’idée qu’un jour, on le qualifierait d’antisémite.
L’antisionisme actuel n’est pas forcément synonyme d’anti-israélien. D’accord, tout dépend de la locutrice, du locuteur. Qu’ils soient des Juifs (ou se fassent passer pour tels, ainsi d’ex-Soviétiques israéliens) ou non — on peut devenir un, une israélite, et une, un Israélien (nuance) sans avoir aucune ascendance palestinienne, et pour la plupart des ashkénazes, la filiation palestinienne est plus que diluée — leur appréciation du futur de l’État d’Israël est fortement diversifiée.
Normal, déjà être français, du pays des 500 (et plus, vu que les industriels en inventent toujours davantage) fromages, ce n’est pas facilement définissable. C’est plus une question d’adhésion que d’origines. En Israël, je me demande (aucune réponse induite, je n’en sais rien : et ce n’est pas une visite touristique qui peut me fournir le moindre élément) si le facteur de cohésion provient surtout de parler l’hébreu moderne. Ou de côtoyer fréquemment ou non des Palestiniens (de nationalité israélienne ou non). J’imagine qu’on doit aussi se sentir diversement du soleil et de la pluie de là-bas, ou plutôt davantage de Tel Aviv, Haïfa, Jérusalem, et autres localités, que d’un pays aux contours mouvants et dont les formations politiques et religieuses sont et nombreuses, et complexes.
Ce que je tente de comprendre, sans trop y parvenir, c’est que l’expansionnisme de l’État d’Israël actuel (comprenez, de sa classe dirigeante dominante) peut défriser, sans pour autant être antisioniste (réfutant l’existence d’une nation israélienne dotée d’un État, si j’ai bien vaguement compris quelque chose), ni évidemment judéophobe.
Si on y tient absolument, on doit pouvoir légiférer contre les appels à la destruction de l’État d’Israël sans utiliser des termes comme antisioniste. Palsembleu, et on disait autrefois que le français était la langue de la diplomatie ? Français, reprenez-vous (et ne mêlez pas les Bretons à tout cela, merci…).
Cela étant, l’opposition à l’extension des colonies israéliennes a souvent pris des tours plus que fâcheux.
Ce mardi, Jeremy Corbin a dû présenter des excuses publiques en raison de l’antisemitism (il n’a pas employé anti-judaism, terme à connotations religieuses) qui a profondément marqué une partie du Labour. Lequel s’est nourri des propos, voire d’actes, d’un courant aux contours flous se définissant antisioniste.
L’un des problèmes est que de nombreux pays européens ont adopté les termes d’antisémite, d’antisémitisme, au sens restreint de détestation des Juifs, à la suite du Parlement européen.
Mediapart a titré (article de Joseph Confavreux) : « Antisémistisme, antisionisme : comment sortir du piège » (sans point interrogatif). Franchement, le mode d’emploi est difficile à suivre.
D’autant qu’aujourd’hui comme hier, le sionisme est multiforme et que le seul point de cohésion est la légitimité de l’État d’Israël. Comme l’exprimait Henri Wajnblum : « Que veut encore dire être sioniste ? » (Regards, sept. 2016). On cerne à-peu près l’actuelle définition prédominante que des Juifs s’identifiant tels et antisionistes — pour des raisons protéiformes — semblent accepter grosso modo.
Tout discours officiel alimente et renforce sa critique ; toute absence de discours officiel de même. La tentation de se taire, voire de se boucher les yeux, dans ces conditions, peut finir par l’emporter. Du fait aussi de la peur du ridicule de finir par passer pour quelqu’un parlant longuement pour finalement ne rien dire (d’autre que c’est trop complexe, que l’on patauge, comme peut le démontrer ce qui précède).
Comme il faut bien trancher, je conclurai que légiférer davantage ne s’impose pas d’évidence, surtout qu’on ne voit pas trop comment interpréter précisément cette résolution. Ce qui me semble sûr, c’est que s’indigner de son adoption ou de son rejet, et hurler au loup, comme on le fait trop souvent (et parfois pour des sujets de bien moindre importance) en en faisant trop, serait disproportionné.
On peut en débattre… Mais savons-nous encore le faire ? De cela ou d’autres sujets (bon, « tu tires ou tu pointes ? », déjà, à la pétanque, hein ? Et le sexe des anges ?).
Figurez-vous que c’est la question-titre du dossier de la revue Projet (les jésuites, pour simplifier), revue de haute tenue. « Savons-nous encore débattre ? ».
Bruno Latour (sociologue, essayiste) s’interroge sur « cette compétence que l’État n’a pas » (à propos de l’identité et des territoires… occupés par les descendants des auteurs des Cahiers de doléances de 1789, dans le royaume de France). Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, évoque la nécessité de l’expression de chacun « pour un discernement collectif » (à propos de projets locaux, entre autres). Damien de Blic et Réda Didi s’inquiètent des « carences majeures dans la maîtrise des fondamentaux de la langue » et conversent avec Stéphane de Freitas (organisateur des concours d’éloquence Eloquentia). Pour lequel « le dialogue de société est [parfois] assimilé à un sport de combat ». Chantal Jouanno (que je ne présente plus, du moins, ici), évoque la Commission nationale du débat public. Bruno Saintôt, du département d’éthique biomédicale traite de son domaine. Brigitte Fouilland (Sc. Po) insiste sur « l’envie de comprendre ». Donc de ne pas rabâcher certitudes et convictions ? Daniel Berger (Secours catholique-Caritas) indique comment on peut écouter les exclus. Hélène Dulin (CCFD-Terre solidaire) envisage la question « de modes désobéissance civile » pour favoriser « le discernement collectif ». Alain Gugno (philosophe) place « l’aspiration à la reconnaissance » au-dessus de la défense d’intérêts (économiques). Dimitri Courant (Sc. Po) fait un point sur les assemblées citoyennes.
Rien sur le dialogue entre sionistes (de tous plumages) et antisionistes (idem). Quoi ? Des gens auraient d’autres chats à fouetter ? Eh oui. Pas de quoi s’en offusquer.
Un questionnement est rarement abordé : depuis d’où l’on parle, quand se taire ou quand briser le silence (sur le Brexit, le hirak, par exemple) ou se mêler à la cacophonie ou s’en extraire ?
Eh bien, quand la partie juive-israélite (rayez la mention inutile) du cimetière de Westhoffen vient d’être ravagée, non, semble-t-il, par des pochards, mais des suprématistes « blancs » (ils ne sont pas « blancs », ces Juifs de toutes provenances ?), et que ce n’est plus un cas isolé dans le Bas-Rhin, taire, négliger, serait cautionner. Mais dénoncer sans se préoccuper de « l’aspiration à la reconnaissance » de ces vandales que j’espère voir sanctionnés ne suffira pas. Aurais-je donc « tout faux » ? Ferais-je  ainsi preuve d’un laxisme et de complaisance judéophobe inavouée, ou inconsciente ? Tout le monde peut se tromper sur lui-même, mais, sincèrement, je n’ai pas trop de doute. Un soupçon de naïveté insoupçonné, alors ? Tant mieux, cela vaut mieux qu’un surcroît de cynisme.
Au fait, la résolution a été adoptée par 154 voix contre 72 (avec de nombreuses abstentions). Tant pis.
Un dernier mot sur ce visuel (supra). La ville de Schio, proche de Vérone, enfin, sa majorité municipale, s'est opposée récemment à ce que soient apposés des pavés commémoratifs, un pour chaque Juive ou Juif déporté·e originaire de la commune. Des stolpersteine. Au motif de raviver des souvenirs douloureux et clivants. Ce ne seraient pas des Sapiens, les gens de Schio ? Pas trop curieux de la disparition des Néandertaliens que leurs ancêtres auraient pu remplacer ? Par divers moyens pas trop catholiques, apostoliques, romains (et pour cause) ?
Au lieu de clamer que c'est abject, disons que c'est petit, miteux, peigne-zizi. Faute de Juives et Juives, on n'en est pas déjà, à Schio, à éliminer les homos des deux sexes, les Tziganes ou les débiles mentaux. Ni à imputer les conséquences néfastes du réchauffement climatique à des sorcières provoquant des inondations désastreuses. Mais on sait comment cela peut (re)commencer...