jeudi 2 juillet 2020

Trump, le pet de Poutine


À la manière d’un Vernochet en mal de notoriété

Rassurez-vous : je vais juste tenter de vous faire sourire (voire réfléchir, entreprise vaine car vous ne m’avez — à juste titre — pas attendu). Mais quand vous vient un titre comme Donald Trump, le pet de Vladimir Poutine (tsar réélu), il faut bien trouver un prétexte.
Non, je ne cherche pas à ce que Sputnik ou RT (Russia Today) m’invitent à vous bassiner avec ma hauteur de vues. Au pluriel, car j’ai vue thèse, antithèse, et qu’importe la vue de synthèse. Déblatérer tel un Jean-Michel Vernochet suffit à vous assurer une non-enviable notoriété. J’aurais pu, comme lui, me faire un vague nom sur le compte de Carlos (pas le chanteur, l’autre) : Isabelle Coutant-Peyre, ex-dame Carlos — mes respects amicaux au passage — m’ayant vaguement à la bonne (affaire Michel Dubec).
Vous l’avez déjà compris : je vous la joue vieux snock qui pourrait en savoir long. En fait, non, je reste du niveau du sous-préfet aux champs (Daudet) par rapport à un Shakespeare, voire un Déroulède, un tourlourou. Mais, comme parfois, on peut avoir « besoin » d’un plus minable que soi… Votre géopoliticien à la manque (moi-je, je-moi) l'Achille Talon des sciences politiques assure.
Souffrez donc qu’à l’instar du Bazar de l’Hôtel de Vil (BHvL), supportez donc que je vous entretienne un peu de Trump, de Poutine, et de cette insolite histoire de forces spéciales russes soudoyant des Talibans pour ramener des scalps de militaires américains en Afghanistan. Je ne détaille pas, vous avez déjà les infos disponibles dans la presse dominante (d’ailleurs, sans elle, pas de complotisme durable, les complotistes n’ayant pas de véritables autres sources).
Je pourrais délayer en m’interrogeant sur l’intérêt, pour la Russie, de procéder de la sorte. Réponse rancunière du bouvier des steppes à la bergère du Midlle-West qui soutenait le commandant Massoud, le Jamiat-e Islami ou le Hezb-e Islami ? Allons donc, Poutine, comme Trump, se balancent autant des morts au combat que des victimes de la pandémie du covid. Fixer des troupes revanchardes américaines, histoire de contribuer à ce que l’économie soutienne l’effort de guerre et s’essoufle ? Au risque de contrecarrer la réélection de Trump qui fait tant et si bien pour donner de l’air à la diplomatie russe, soutenue par de mulltiples complotistes en Europe ? Plus que douteux pour les mêmes raisons. Trop peu pour tout cela pour cela. Ce n'est pas « la guerre des étoiles » inversée.
Reste l’hypothèse, infondée si ce n’est sue sur des élucubrations débiles, mais justement, plus c’est débile, plus les complotistes veulent y croire (ce qui n’est nullement un élément de preuve) : manipuler les services américains de manière à ce que Trump puisse hurler au complot contre lui, limoger des gens expérimentés à tout-va, une fois de plus.
On pouvait compter sur Trump, appuyer sur le moindre de ses boutons de fièvre ou de ses cors aux pieds entraîne des réactions furibardes et disproportionnées. Trump a aussitôt vociféré, invoqué une intox des démocrates et de la lame press (un hoax des élaborateurs de fake news). Et puis, surtout, les républicains se sont empressés de faire passer Pentagone, CIA, et autres agences de renseignement pour des dispensaires de bras cassés disputant entre eux des batailles de noyaux de cerises avec leurs mains valides. Que le New York Times donne les noms de ses sources et que les têtes puissent de nouveau tomber.
Supputation infondée, mais plausible, complotistes, il suffirait d’en rajouter. Oui, sauf que la Trumpland ne renchérit que d’un côté.
Médialogue de zinc du laboratoire des Hautes études du Loulou bar (sympathique adresse du haut du fg St-Denis), je n’aurais pas l’outrecuidance de suggérer aux sociologues spécialistes de la question (Crylil Lemieux, Gérald Bronner, LoPic Nicolas, Luc Boltanski & consorts, et j’ajoute Nathalie Heinch parce que j’aime bien caser son Bêtisier du sociologue, Hourvari éds, au passage) d’appuyer sur cet élément, soit l’uniformité et l’unanimité des complotistes. Les Septante, estima Pascal, tiraient tous dans le même sens, accréditaient tous les mêmes contes des Écritures saintes, ce qui établit bien leur authenticité.
Cela se vérifie ce jour avec la consultation en ligne du site du Figaro : « Êtes-vous favorable à la suppression du parquet national financier ? ». Près de 62 % de oui. Il suffirait sans doute de poser la question « êtes-vous favorables à la réhabilitation et l’indemnisation de Jérôme Cahuzac ? » pour obtenir le même pourcentage, histoire de faire en sorte que le couple Fillon puisse se consacrer pleinement à récolter des fonds de fonctionnement de sa fondation en faveur des Chrétiens d’Orient. Patricia Cahuzac condamnée à deux ans ferme, ce n’était pas assez, Penelope Fillon risquant trois ans avec sursis, c’est une peine disproportionné…
« L’homme le plus dangereux au monde », selon le sous-titre de Mary Trump, nièce du Donald, psychologue qui s’est vue interdire de voir publier son livre : pour les complotistes « trop n’est jamais assez », toujours dans le même sans (le titre du livre interdit étant Too Much and never enough :How My Family Created the World’s Most Dangerous Man).
Or donc, si Trump entretient une relation privilégiée avec Poutine, c’est pour préserver la paix mondiale. D’ailleurs, comme l’a proclamé le Donald, personne au monde n’est plus qualifié que moi pour le Prix Nobel de la Paix, « tout le monde le dit, croyez-moi, croyez-moi ». Celui de la paix en sus de celui de médecine ? Mais bon, si pour augmenter ses chances, il convenait de partager ces prix avec Poutine, pourquoi pas ?  On en est là : avancer que Trump réclame un Prix Nobel conjoint avec Poutine est tout à fait crédible à défaut d’être déjà véridique (c’est en effet quelque peu prématuré).
L’ancien ambassadeur étasunien à Moscou, Michael McFaul, a bien déclaré (en substance) que le Donald était le toutou, l’ami domestique à deux pattes de Vladimir. L'un de ses successeurs, John Huntsman, nommé par Trump, vient de préférer démissionner. Fiona Hill, la kremnilogue de la Maison Blanche, prend aussi le large, c’est la quatrième, ou cinquième tenant·e du poste à renoncer, volontairement ou non, au Conseil national de sécurité. Depuis janvier dernier, John J. Sullivan est l’ambassadeur, au moins en titre. C’est un proche de Mike Pompeo. Il ne reste plus qu’à accorder la nationalité américaine à Serguey V. Lavrov pour le remplacer.
Toujours est-il que l’édition étasunienne de Sputnik News soutient activement la thèse d’un complot visant à déstabiliser Donald Trump et en alternative, une tentative des marchands d’armes étasuniens de défendre leurs bénéfices. Ce qui, franchement, peut s’expliquer diversement, cela n’a pas de valeur probante.
Ce qui est attesté en revanche, c’est que Trump va de nouveau placer des personnages liges à la tête de diverses administrations. Dont l’Agency for Global Media (Voice of America, Radio Free Europe, Radio Fre Asia, &c.). Michael Pack, Emily Newman, Michhael Wiliams se sont installés au siège d’Independance Avenue, Voice of America. Attendez-vous à entendre Jean-Michel Vernochet citer plus fréquemment Voice of America sur TV Libertés et ailleurs pour dénoncer « la diabolisation actuelle de la Russie », son intervention au colloque présidé par S.E. Alexeï Mechnkov ? Sincèrement, je n’en sais rien. Mais une insinuation bien répétée finit vite par passer pour une vérité.
Cela, étant, le traitement récent du Russiangate par VOA (Voice of…) n’est pas plus pire qu’un autre, soit vaguement équilibré, et j’ai vu largement pire.

mercredi 1 juillet 2020

Siné mensuel été double, sans gadget


Et le presse mensuel siglé, il est où, hein ?

Faut-il rappeler qu’en vacances, poser négligemment le Siné mensuel double « spécial été » sur le sable ou l’herbe, préservé de l’envol au vent (et c’est pourquoi je regrette une fois de plus que ne soit pas joint un presse-mensuel siglé à ce numéro) par je ne sais quoi, est un gage de bon goût, d’aristocratique distinction, et d’affable disponibilité ?
C’est un marronnier, non point prématuré, mais précoce, voire prodige. Chaque printemps finissant, Siné mensuel propose un numéro double « spécial été ». Son mode d’emploi ne varie pas : feuilleter, laisser reposer bien évidence, histoire de favoriser une drague discrète laissant venir à vous une ou un partenaire sensible à ce gage d’ouverture… intellectuelle (et plus si affinités).
Bien sûr, chaque été, je suggère d’adjoindre un gadget, soit un presse-mensuel siglé, genre galet en platine. Invariablement on me répond que ce serait envisageable si ce n’était trop lourd. Bon, alors, un maillot de corps pas-chat ou coup-de-boule, une boîte de deux jeux de 54 cartes (disponibles sur la boutique du site du mensuel) ? Eh bien non, elles restent inflexibles, veuve Sinet et fifille.
Chaque année, il ne me reste plus qu’à me rabattre sur le sommaire. Soit pour ce nº 98 juillet-août, la petite rubrique de l’agony aunt sexologue (olfactive, cette fois, de l’oncle Thierry Lodé), quelques échos d’une actualité forcément réchauffée, quoique toujours prégnante, voire parturiante de prolongements. Des jeux, dont, cette fois le « Quiz hallucinant » d’Étienne Liebig, qui semble avoir fumé le drap de bain déchiné (découvert et chiné) l’an dernier à la Fête du chanvre de Montjean-sur-Loire, plein de planches et de dessins, les billets des chroniqueurs habituels (Alévêque, Delfeil de Ton montant sa mayonnaise et consorts).
Mais aussi quatre nouvelles inédites, dont l’insolite traité de gérontotaxidermophiliie, lecture naturalisante de Joffrine Donadieu. Un peu de petite histoire avec Serge Quadrupani (millésime 1969), un survol panoramique de Jean-Marie Laclavenine (dit l’Arthus-Bertrand des dessous des jupettes écossaisses et autres). Et puis, sans doute une nouvelle portant sur les fruits de mer et les encornets pulpeux de Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal, qui s’y sont essayés à vingt doigts après avoir fait des exercices de dactylographie. Je pourrais bien sûr tirer à  la ligne, mais digressons.
L’an dernier, il me fut reproché qu’afficher ostensiblement le spécial été antérieur ratissait trop large. Que des blaireaux et des belettes un peu trop verbeuses ou intello-prise-de-tête tentaient sans vergogne d’engager la conversation, voire enchaînaient sur des propositions de promiscuité incongrue. L’an dernier, j’étais démuni pour contrer ces objections moins honorables qu’il y paraîtrait. À seconde vue, cette fois, je suggère la parade.
Bien colorier (pour les virtuoses, avec un crayon de papier à plusieurs nuances de gris), l’album d’El Rotringo, dit Jean-Jacques Tachdjian, Cortex Æsthégico. Une production des éditions La Chienne. À peine plus cher, mais redoutablement efficace. Si l’on vous adresse la parole, répondez (en retirant d’abord le presse-mensuel modèle unique siglé que vous a livré Cartier ou Van Cleef & Arpel) que ce Siné mensuel a été laissé abandonné, qu’on peut l’emporter, et ajoutez « d’ailleurs, voyez, je ne sais ni lire, ni écrire, tout juste colorier ». Imparable. Too much kink, pourrait-il m’être rétorqué. Que nenni, le risque est minime. Mon sondage exclusif Ipsos/Yougov ayant porté sur l’intégralité des estivant·e·s du camping Les Flots bleus est sans appel. À la question « vous voyez quelqu’un ayant posé Siné mensuel en évidence, que faites-vous ? », les réponses unanimes cumulées furent « j’accours » ou « je m’empresse » (toujours proposer une réponse alternative redondante, règle d’or de la sociométrie). À marge d’erreur zéro, vu l’échantillonnage, on obtient aussi des réponses du type « je m’accorde un temps de réflexion », « j’peux pas, j’ai piscine/pétanque/apéro » si le quelqu’un colorie aussi Cortex Æesthético (on obtient 100 % de cohérence avec la question subsidiaire : « je ne sais pas, je demande d’abord à mes parents »). C’est aussi carré que cet album à colorier.
Autres techniques de filtrage : un bouquin de Jean-Louis Costes , l’autre, pas le maire de Fumel) ou Tropic of Capricorn (éd. Flamingo), d’Henry Miller (fastidieux à la relecture). L’effet est garanti, surtout si vous savez enfiler des chaussettes de tennis dans des Crocs™ (agrémentés d’un autocollant Monique Ranou, « la tradition du goût, charcuterie depuis 1905 »).
Car Siné mensuel et la distanciation, cela fait dirimant : par les temps qui courent encore, prudence, adoptez les précautions d’usage.

lundi 29 juin 2020

Instaurer le vote contre pour enrayer l’abstention


Deux pistes contre l’abstention : vote contre et tirage au sort

Bon sang, mais c’est bien sûr, l’abstention est devenue majoritaire, même lors des élections locales. Comment vaincre ce fléau qui sape les « fondements mêmes de la démocratie », selon l’expression de Blandine Kriegel. ou Hugues Renson (parmi les derniers en date), et une flopée d’autres dont je-moi-même.  Pour ne pas sombrer dans les affres de l’autogestion (conseils d’immeubles, de hameaux…), ne subsistent que deux solutions : le tirage au sort ou, surtout, le vote contre !
Ces dernières élections municipales vous barbaient avant même d’en connaître les résultats. Je ne vais donc pas vous bassiner avec le taux d’abstention (reportez-vous à la presse dominante pour cela). Il est très fort. Bizarrement, cette même presse n’a pas ressorti ses sempiternels marronniers : proportionnelle (et pour cause, lors des municipales… sauf à instaurer une proportionnelle intégrale, avec strapontins pour les plus faibles scores), meilleure reconnaissance des votes blancs, voire nuls.
Un peu d’imagination, que diable. Je fais quand même le constat. Hors exceptions, à vue de nez, le vote blanc a été à peu près égal au vote nul. Mais, par exemple, au Mans, votes blancs ou nuls ont plus que doublé d’un tour à l’autre (590 au premier, en mars, 1 560 hier, fin juin). À Saint-Héand (dans le Quatre-Deux ou Loire), ville de moins de quatre mille habitants qui, en février 2014, décida de distinguer les bulletins blancs (feuille vierge ou enveloppe vide) des nuls, j’ai bien vu que le sortant avait été reconduit dès le premier tour, d’autant mieux qu’il était seul à présenter une liste. Mais si Le Progrès donne son pourcentage des inscrits (86,64), le quotidien ne mentionne pas plus celui des blancs que des nuls. Et le site de la municipalité indique bien qu’il y eut 868 votants et 752 exprimés, et un taux de participation (30,61 %) averc  2836 inscrits,  on ne peut qu’en déduire que la décision 2014-172 proposée par l’ancien maire n’a pas eu les effets escomptés du temps du nouveau (soit le même Jean-Marc Thélisson). Voui, Satan, Belzébuth, se tapit dans les détails. Vite, un Canadair d’eau bénite larguée sur cet Héand profanant ses résolutions.
Je ne vois pas d’alternative pratique au tirage au sort ou au vote contre pour faire reculer l’abstention. Comme dit ma compagne, ce n’est pas parce qu’on est bac+5 (une fois, deux fois, voire trois, c’est du pareil au même, les cinq ne se cumulant pas) « qu’on est un imbécile ». Ou un béotien. Mais rayer les noms des candidat·e.s d’une liste  — ce qui fut ou reste pratiqué je ne sais plus trop quand ni où — présente l’inconvénient de compliquer le dépouillement, d’accroître les votes nuls (eh oui, le petit trait qui dépasse et empiète sur un autre nom peut provoquer des discussions interminables et surtout minables). Ayant été scrutateur, un reste de solidarité diffuse me détourne de cette voix démagogique et surtout chronophage risquant de susciter la zizanie et des bisbilles dans les localités. Tandis que le vote contre… Lequel, je l’admets, peut conduire à faire installer des maires « par défaut » si le pourcentage des contre atteint les 100  %. Je signale le cas du maire « par défaut » de Planques (Nord) en 2014 qui n’a pas voulu se tapir. Paul-Marie Vienne, le Planquois (non, le gentilé n’est pas planqué), aurait, si j’en crois un titre de La Voix du Nord, été reconduit par les urnes. À Guernes (près de Mantes), Bernard Bourget avait rempilé, le temps qu’un Pascal Brusseaux ‘(élu) et d’un Didier Guillerm (son opposant ayant recueilli 108 voix en mars dernier) prennent de l’âge et se décident, pour Pacal Brusseaux dès 2014, à proposer « un avenir pour Guernes », préparé à présent par « une équipe dynamique et solidaire », l’emportant sur les listes « tous ensemble, tous ensemble » de ses concurrents (« Guernes 2014 » précédemment, «  Agissons tous pour Guernes » plus récemment).
Pour Guernes, on a bien eu 2, 69 % de votes nuls pour 1,22 % de blancs, mais le taux de participation a chuté de 66,42 % à 55,80. Soit un total d’exprimés en mars de plus de 400 électeurs (guère plus). Bien, on peut ne pas être un imbécile tout en ne comprenant pas grand’chose à toute chose, ce n’est pas dirimant : en particulier, pour moi, l’arithmétique reste petite chose (eh, il reste des bouliers pour cela). Or donc, vous lasser avec d’interminables simulations, j’y renonce d’autant plus volontiers que je suis et resterai incapable de les établir.
Mais une certaine imagination que je n’ose qualifier de littéraire dystopique me porte à subodorer que la soustraction des votes pour et contre pourrait aboutir à des résultats négatifs. CQFD. Imaginez la jubilation de l’électrice ou de l’électeur renonçant à la pèche à la ligne pour partir à la chasse au résultat négatif. Machine vous insupporte ? Pan, moins x voix, dont la vôtre. Untel vous hérisse le poil ? Double coup du roi : deux prétendant·e·s à vos pieds.
Car pour faire vraiment reculer l’abstention, il faut réserver le vote blanc à l’expression d’un contre généralisé, mais permettre aussi de bourrer l’enveloppe d’autant de votes contre qu’il plaira. Le cumul blanc plus contre pourrait mettre des quartiers ou secteurs ou localités entières en liesse. Avec lynchage des abstentionnistes repéré·e·s pour trahison de la cause. Ou obligation de payer une tournée générale si un prétexte quelconque semblait plausible à l’assistance (bien plus lourd qu’une simple dérisoire amende que Bercy ne reverserait pas aux budgets communaux).
Imaginez aussi la sourde  et délectable joie de qui serait parvenu à se mettre vraiment tout le monde à dos ! Être élu, bof… Au bout de quelques mois, hors grandes villes, qui se souvient du nom du ou de la maire ? Quelques voisin·e·s, divers·e·s commerçant·e·s, éventuellement. Mais la notoriété de la ou de l’unanimement désavoué resterait plus durable (lors des prochaines élections, nécessaire rappel : Untel encore moins bien élu qu’Untelle lors du scrutin précédent, à chaque élection, un record à battre, des paris engagés).
Je prévois l’objection : la surmultiplication des listes, histoire de mesurer son impopularité. Les dépressions de celles et ceux n’ayant recueilli qu’un nombre infime de scrutins contre. Voire un piteux total proche de zéro.  Bah, dans ce cas, on pourra toujours revendiquer la majorité des bulletins blancs, voire nuls. On entend bien à présent des candidat·e·s avancer que la pandémie les a privé·e·s de la majorité attendue. J’ai même cru comprendre que Madame Agnès Buzyn avait argué que les Parisiennes et Parisiens avaient déserté la capitale avant même le premier tour (d’où les faibles résultats de ses listes). Les braves soldates et soldats du Dix-septième lui avaient pourtant accordé 22,69  % des suffrages en mars, et 13,02 % cette fois. Cela fait perd petit. Mais imaginez qu’elle ait obtenu un pourcentage écrasant de contre(s). Inv. ou non, contre ? Bah…. Elle entrait dans l’histoire électorale ! Plus célèbre que Ferdinand Lop, Marcel Barbu, ou Louis Ducatel et « Monsieur X » (Gaston Defferre), 01 et 05 respectivement face à Georges Pompidou en 1969.
À grande cause nationale désespérée, les moyens désespérés qui s’imposent : instaurer le vote contre, qui fera l’unanimité pour lui. Imaginez aussi l’ambiance des soirées électorales, avec des candidats ayant appelé à voter contre eux et recueillant un maximum de voix pour. La ou le futur maire commentant : « je suis élu triomphalement avec ce très décevant résultat qui vaut plébiscite contre moi ! ». Après le maire par défaut, le maire ou le député par dépit. Mais n’est-ce pas déjà largement le cas ? Le vote contre, ou la continuité dans le changement pour faire reculer, qu’écris-je ? éradiquer, annihiler l’abstention. Réclamons que cette proposition soit soumise à référendum avec pour/contre ou contre/pour+ slogan « voter contre, c’est l’adopter », « voter pour, c’est l’approuver », et réciproquement ou inversement, pour ou contre, c’est tout un. Si pour une fois, l’abstention tranchait en l’emportant encore plus largement qu’à présent, j’aurais l’air fin. Bah, à la longue, on s’accoutume. Et puis, en fin politicien, faire passer un échec pour un succès, c’est l’alphabet du métier.
Plus loufoquement encore. Imaginez le vote contre lors de la triangulaire Jacques Chirac-J.M. Le Pen-Lional Jospin. Jospin à quatre points de Chirac, et il faut continuer à vivre avec cela. Puis tenter d’avoir une notule dans la presse en affirmant son plein soutient à Anne Hidalgo ou au. maire sortant se La Rochelle.  Faranchement, à sa place, j’aurais préféré me retier ave 84 % de votes contre moi, et non 16 % de voix pour. Sauf que le pour n’est pas toujours, en la matière, l’antonyme du contre, et réciproquement ou inverserement (bis, placent). Et au second tour, lors du duel Chirac-Le Pen ? Avec le vote contre, les slogans creux genre « blanc bonnet, bonnet blanc » trouvent leur pendant « béret noir, noir béret », par exemple. Mais je trouve qu’on peut faire moins prendre un chapeau de paille d’Italie pour un panama de l’Équateur. Allons, parvenu jusqu’à cette ligne, vous êtes las, ce dont je me contrebalance, mais je suis soucieux d’aller promener Ouigo, mon coton (ou  velu badigeon, comme il vous plaira).
Brisons-là

dimanche 28 juin 2020

Nestor Makhno et Joseph Kessel, quiproquo ou basse calomnie ?


Quand l’ego de Kessel le poussa à diaboliser Makhno

Ce n’est  pas une microscopique affaire Dreyfus bis, mais cela pourrait l’évoquer. Joseph Kessel (combattant confirmé, exceptionnel grand reporter, écrivain fécond, académicien, &c.) ne verra sans doute pas sa postérité ternie par la vilénie patente qui le poussa à faire de l’une des plus célèbres figures de l’autogestion et des conseils ouvriers une brute épaisse se livrant personnellement à des pogromes.  Il pouvait se rétracter, son ego s’y refusa. L’histoire a depuis tranché, mais pour la chronique de la presse, il convenait d’enfoncer le clou.
Vous trouverez  sous le titre « Quand, calomniant Nestor Makhno, Jef Kessel se fourvoyait», titre minimaliste car indulgent, — et qu’on veuille bien croire qu’il m’en coûte d’égratigner la colossale figure journalistique et littéraire de Joseph Kessel — un document développant les dénonciations de maints auteurs sérieux visant l’attitude de Kessel vis-à-vis de l’hetman cosaque zaporogue libertaire Nestor Makhno. Sur ce blogue-notes, je ne revendique pas de traiter sérieusement de sujets sérieux, en documents, c’est autre chose.  Mais cette fois, je me suis autorisé un certain laisser-aller. N’ayant pas le talent d’un Kessel, je n’ai pas tenté de le parodier mais l’envie m’en prit. Physiquement, Kessel était un géant, il fit de Makhno un nain sanguinaire, au faciès repoussant.  En forçant le trait sur la physionomie de Kessel, il n’aurait pas été trop ardu d’en faire une brute épaisse. Abaissons le débat ! Ce serait plus farce en mode pâtre répondant au berger, ou plutôt au Kessel bouvier, pasteur — ou porcher —vaticinant, monstre hideux d’aigreur et bavant son fiel, éructant, le menton baigné de vômi éthylique, ses imprécations. J’admets, c’est mauvais, mais j’ai survécu de nombreuses fois au ridicule. Histoire de ne pas m’y vautrer, changement de ton.
Cette histoire revêt une certaine importance par son exemplarité. Tant du point de vue des interrogations portant sur la liberté littéraire que sur la latitude journalistique.  Qui suit ce blogue se souvient de Roger Vailland se targuant d’avoir tenté d’éliminer physiquement Céline. Avancer que Kessel tenta d’influencer un sicaire, de se faire le distant commanditaire intellectuel d’un meurtre éliminant Makhno afin d’amplifier sa gloriole et vendre du papier, placer des piges, se faire rincer par Gallimard (qui ne s’est pas non plus vraiment grandi, ses successeurs y compris), c’est pisser de la copie pour Google. Ici, j’assume. Bien évidemment, j’en rabat dans ce document aux termes plus mesurés (mais, comme on dit dans la police, certains dérapages peuvent s’expliquer), qui soulève aussi la question de la nature d’une presse certaine d’une certaine époque (des heures les plus vénales de son histoire, comme pourrait l’écrire le Boris Souvarine de service).
Résumons : jamais je n’aurais imaginé rédiger un quasi-pamphlet visant Jef Kessel. Je ne fus pas saisi d’une ardente obligation, mais d’une sorte de poussée hémorroïdaire.  Kessel accusant Makhno d’anti-judaïsme, c’est un peu Yvonne de Gaulle en Madame Claude chorégraphiant des ballets violets (roses et bleus).
On va le prendre de manière plus mesurée : vous avez commis un récit à succès, qui a été réédité, et vous espérez peut-être une troisième édition. Vous buvez sec, vous montrez généreux avec des escorts (histoire d’avoir de belles gosses à votre bras et faire baver vos potes), et vous sentez déjà indéboulonnable. Allez-vous vous couvrir la tête de cendres et vous flageller publiquement ? Ou persévérer dans vos mensonges en estimant que personne n’aura le cran de vous loger des balles dans la colonne vertébrale ? Vous ne pensez même pas qu’avec votre carrure, il vous faudra un fauteuil roulant sur mesure. Et puis, la mort, vous l’avez frôlé tant de fois, vu tant et tant de cadavres, de victimes du typhus, de sabrés, de déchiquetés, que… bof !
J’eus, très tôt, une familiarité particulière avec les décès (d’enfants, jeune adultes, vieilles personnes). Au moment d’aller cracher sur la tombe de Kessel, j’aurais sans doute le scrupule exprimé par Makhno entendant le futur exécuteur de Petlioura : s’en prendre à des personnes ne mène guère loin. C’est parfois nécessaire, nonobstant. Et c’est pourquoi je peux concevoir que Kessel, s’en prenant à tort à Makhno, s’illusionna en pensant que cela servait à contrecarrer des principes, des pratiques. Mais qu’il ait pu persévérer en parfaite mauvaise foi porta un coup durable à la crédibilité des journalistes.  Ce n’est pas en s’enferrant dans le déni (suivez mon regard vers Beauvau, lisez sur mes lèvres) qu’on se réhabilite. Faire de Kessel un baveur hypocrite du fait d’une bavure ne me grandit pas. m’abstenir serait pire. De deux maux, en conscience, le moindre… Mais formez plutôt votre opinion sur pièces,  et votre esprit critique.