samedi 20 octobre 2018

Optimisation fiscale : quand Kerviel éclairait le Sénat


CumEx & CumCum : quand Kerviel éclairait le Sénat…
Le Fig’ a mis « un certain temps », celui de masser les pieds, « objets de soins constants » des dirs pub en relation avec des annonceurs, avant de répercuter dans ses colonnes l’enquête du Monde (et de titres associés ad hoc) sur les « malversations » fiscales des banques — les guillemets de distanciation s’imposent ; bien évidemment, je ne saurais risquer un procès pour avoir terni la réputation d’institutions financières. De même, Le Figaro avait omis de signaler à ses lecteurs que Jérôme Kerviel avait attiré l’attention des sénateurs sur ces pratiques.

Ineffables Olivia Dufour (dite Aliocha la plumitive) et Stéphane Durand-Souffland. Dont je reconnais nonobstant les indéniables talents : Céline, Brasillach, Déat même, n’étaient pas dénués de talent (et non, l’allusion n’est pas perfide car je ne les catalogue pas prébendés d’une hypothétique « juiverie financière internationale »). Elle et ils eurent raison : Jérôme Kerviel n’était pas « blanc-bleu ». Mais que ne nous avaient-ils éclairés sur les déclarations de Kerviel devant la commission du Sénat à propos « de l’arbitrage de dividendes, “qui représente des pertes fiscales considérables pour la France” » (Le Monde, « “CumExFiles” : quand Jérôme Kervielr alertait les sénateurs… », 18 oct. 2018).
            Il ne fait aucun doute que le sénateur communiste Éric Bocquet avait saisi l’ampleur de l’information que communiquait Kerviel… Mais souvenez-vous du sauvetage de L’Humanité. Et vous remémorez-vous « l’insoumis » Mélenchon – nanti parmi tant d’autres, haridelle de retour parlementaire, blanchie sous le harnois des libéralités des contribuables – qui n’en fit nullement un thème de campagne. Il avait pourtant recueilli les propos de Kerviel. Et n’en fit rien…
            Le dividend enhancement est pourtant largement pratiqué par les banques, ce qu’un Macron, à Bercy, ou désormais à l’Élysée, ne pouvait, ne peut ignorer. Mais tous ces gens (Mélenchon, dégage !), quoi qu’ils puissent dire, proclamer, sont tous d’accord : en parfaite collusion tacite avec les médias (qu’on ne se trompe pas : leurs propriétaires sont contraints de préserver les apparences, et donc laisser des journalistes faire leur travail, ne serait-ce que pour éviter qu’ils publient des samizdats), leur unique ambition est de se gaver. Au détriment de classes populaires à laisser végéter et de classes moyennes – plutôt « déclassées » – à essorer.
            La méthode est simple : faire que la lutte des classes n’oppose plus les déclassés aux classes supérieures et qu’ils ne s’en prennent plus qu’aux diversement davantage démunis. Ce qu’un Olivier Todd fait valoir : petite bourgeoisie fragilisée et lumpenproletariat ne se mobilisent plus que contre ce qui est estimé encore « plus bas ». Ce qui fut la nationalisation des pertes et la privatisation de profits passe désormais par « l’optimisation fiscale ». Mais l’addition est toujours réglée par les mêmes…
            Mais qui conchie les journalistes devrait se poser une question : si elles et ils sont toutes et tous (Mélenchon, les fachos, et consorts, en font leur antienne) si rigoureusement « alignés », quel besoin d’en assassiner autant, d’en faire taire (par des menaces sur leurs très proches) un si grand nombre ? Qui les dénonce – rappelez-vous Breton et les surréalistes – si véhémentement les souhaite simplement davantage de leurs côtés, à leurs ordres, en béats laudateurs de leurs visions totalitaires, ou simplement égocentriques. Allez, les autres, encore un effort pour rester, autant que les contraintes (ou les menaces implicites ou non) vous l’imposent, journalistes.