samedi 21 novembre 2020

É.-U. : George Soros et les Clinton auraient bidouillé l’élection

 Giuliani réélit Trump mieux qu’en Corée du Nord

Pour Rudyd Giuliani et Sindey Powell, les avocats de Trump, 80 millions de voix pour Trump ont été transformés en voix pour Biden, grâce à un logiciel (peut-être piloté depuis un vaisseau spatial d’extra-terrestres) concocté par George Soros et la Fondation Clinton. Bref, à les en croire, Trump a été réélu triomphalement, quasiment à l’unanimité.


Forts de multiples dépositions sous serments certaines nominatives d’autres anonymes et devant le rester pour éviter que des antifas meurtriers (comprenez : des démocrates) s’en prennent à leurs personnes, et de la certitude qu’un logiciel mis au point pour assurer la victoire de Chàvez au Venezuela a transformé des millions de votes Trump en votes Biden, les avocats de Trump lui prédisent un second mandat.

Via Breitbartnews (l'ex chaîne de Bannon), j’ai pu consulter l’une de ces dépositions. Une dépouilleuse républicaine a de fait recensé des faits troublants, dénoncé des irrégularités et même affirmé que certains de ses collègues étaient parvenus à convaincre des électeurs de voter Biden. Un autre avocat de Trump, Lin Wood a toutefois concédé que Trump n’aurait remporté que 400 grands électeurs, ce qui en laisserait donc 138 pour Biden (et non pas 306, comme une presse mensongère n’en accordant que 232 à Trump a voulu le faire croire au peuple étasunien). Quand j’ai lu cela sur Oann (une chaîne pro-Trump), et que Lin Wood donnait à Trump une victoire à 70 %, je me suis dit que le compte n’y était pas. Mais ouf, tous les bulletins de vote frauduleux n’ont pas été totalement découverts, donc, que Trump n’ait pas été déjà été annoncé réélu à l’unanimité n’est qu’une question de patience…

Ce serait comique si la Trumpland ne considérait pas que c’est réel. Les élus républicains admettant la victoire de Biden ne se comptent que sur les doigts d’une seule main. Tous les autres tergiversent au mieux ou relayent la voix du maître de leurs électorats. Pour Lin Wood, c’est sûr les démocrates sont aux mains de la Chine, soit corrompus, soit contraints par des chantages, ou totalement complices des communistes. Inutile d’aller chercher plus loin. Lin Wood a déclaré cela sans rire lors du Mark Levin Show et Mark Levin d’opiner. Car pour ce dernier, Biden va brader les États-Unis et « éviscérer les libertés civiles ». Les récalcitrants seront placés en camps de rééducation, affirme-t-il.

Mais tout cela n’arrivera pas car Trump restera à la Maison Blanche.

Trump continue à donner le ton. Sa porte-parole, Kayleigh McEnany, qualifie les journalistes lui posant des questions gênantes d’« activistes ». On pourrait en penser autant de Giuliani et consorts. Oui, mais, le plus étonnant c’est que Giuliani, lors de sa dernière conférence de presse faisant état d’une vaste conspiration à tenants internationaux pour voler l’élection à Trump, s’exprimait depuis les locaux du siège du parti républicain. Ce qui confirme que tout le parti républicain, à l’exception d’une poignée d’élus ultra-minoritaires, donne son aval à Trump et à son équipe rapprochée.

Tump devrait de nouveau s’exprimer, cette fois en mettant en avant un projet destiné à réduire les prix des médicaments.

Son objectif semble, selon un professeur en droit, Alan Dershowitz, de jouer la montre afin qu’un nombre inférieur de grands électeurs pro-Biden puissent se déclarer, puis de porter l’affaire devant la Cour suprême.

On pourrait rire des déclarations de Giuliani et Sidney Powell qui affirment que la compagnie chargée de compter de nombreux votes (cela dépend des États fédéraux) « est la propriété de deux Vénézuéliens qui furent des alliés de Châvez et restent ceux de Maduro, et qu’elle est dirigée par un président qui est très proche de George Soros. ». Il s’agit de la compagnie commercialisant le logiciel Smartmatic. La compagnie Smarmatic emploie effectivement à sa direction deux Vénézuéliens, mais le groupe SGO est aussi dirigé par un lord,  Mark Maloch-Brown, et sir Nigel Knwoles, deux Britanniques. Ce groupe a son siège à Londres. Si on comprend bien, ce serait la City qui aurait bidouillé l’élection. Smartmatic a dû se fendre d’un communiqué affirmant qu’elle est une concurrente de Dominion Voting Systems et que la compagnie n’avait jamais reçu de fonds d’aucun gouvernement. Et même que George Soros n’a pas investi dans le groupe ou la compagnie. Mais il est vrai que Mark Malloch-Brown siège au conseil de l’Open Society Foundations (une ONG fondée par Soros).

On pourrait certes hausser les épaules d’autant que les avocats de Trump visaient autrefois davantage le système Dominion que le logiciel Smarmatic.

On rira moins si Viktor Orbân, Janez Jansa et Jaroslaw Kaczyndsi (soit les dirigeants hongrois, slovène et polonais) perdaient de prochaines élections et mettaient en cause les Illuminatis ou l’État profond démocrate étasunien. On rit déjà moins en voyant le Comité Trump France relayer tous les arguments de la Trumpland. Pour ce comité, actif sur Twitter, Biden est « un vieux pervers sénile ». On rit moins en lisant que Malloch-Brown « a aujourd’hui une cible sur le front ».

L’ »État de Géorgie avait à pein  établi que Biden emportait l’État de 12 670 voix que Trump écrivait que cet écart défavorable était dû à « des centaines de milliers de bulletins frauduleux ». La Trumpland applaudit et l’équipe juridique de Trump déclare que dans deux semaines, elle apportera toutes les preuves. Autre accusation de Trump : les firmes pharmaceutiques ont reculé l’annonce de la découverte d’un vaccin pour qu’il perde l’élection et ainsi ne puisse faire baisser les prix des médicaments. Dirait-il que l’industrie pharmaceutique s’est liguée avec les communistes que la Trumpland serait prête à dénoncer les faux vaccins qui inoculent le communisme. Il suffirait que la Trumpland répande cette fable pour que Trump la reprenne à son compte et l’amplifie, c’est du moins l’impression qu’il donne.

Ce qui n’est pas une fable, c’est que l’actuel vice-président Mike Pence, lors d’une allocution en Géorgie, a promis de poursuivre des actions judiciaires partout jusqu’à ce que tout vote frauduleux ait été débusqué. Il s’est juste gardé de solliciter des dons pour couvrir les multiples frais judiciaires que cela pourra impliquer. Les États-Unis ont passé le cap des 253 000 décès du fait de la pandémie, mais Trump a sauvé la vie de tous les survivants, soutient-il. Que répondre à cela ?

mercredi 18 novembre 2020

Tump a moins perdu que projeté, donc il a « gagné »

Assourdissant silence du parti croupion républicain

Quel mic-mac ! Je vous ai épargné les dérisoires épisodes d’hier puisqu’ils ne changent rien au fond : le Donald fait c’k’il lui plait-plait-plait, pinaille et dit ou fait dire qu’au final il sera prouvé qu’il a remporté sa réélection. Le problème est qu’il ne se borne pas à cela, il décuple aussi son pouvoir de nuisance.


En vrac : Trump s’est appuyé sur l’exemple du Nevada pour prédire qu’il gagnera. En fait, la Trumpland multiplie les déclarations de fraude. C’est parfois une courageuse anonyme qui témoigne sous serment (mais l’anonymat rend la déclaration irrecevable) qu’elle en a vu des verts et des pas mûrs, des choses hautement suspectes à ses seuls yeux. Comme le veut l’adage cujus ou testis unus, ergo nullus. On a aussi vu le gouverneur républicain de Géorgie déclarer que le sénateur républicain Lindsay Graham (un Carolinien méridional) l’avait incité à commettre une fraude électorale de masse ; l’intéressé à rétorqué qu’on avait dû mal interpréter ses propos. Tout cela semble dérisoire au regard des actes de Trump et des réactions qu’elles suscitent dans le clan républicain bientôt réduit au trumpisme rigoureusement aligné.

Trump a donc laissé le champ libre à des compagnies pétrolières et gazières pour exploiter une réserve naturelle de l’Arctique. Aucune réaction du parti croupion.

Il retire des troupes de divers pays. Là, à propos de l’Afghanistan, le président républicain du Sénat, réélu récemment, Kevin McCarty, a soulevé une objection respectueuse. Trump, sachant qu’il pourra toujours compter sur lui s’est préservé de l’insulter frontalement.

En revanche, il purge son administration et renvoie Christopher Krebs, le responsable de la cybersécurité. C'était attendu. Ce qui l'est moins, c'est qu'il ne s'est trouvé qu'un seul sénateur républicain, Ben Sasse, celui du Nebraska, pour protester. On s’attend donc à ce que, comme partout ailleurs, Trump lui oppose un affidé pour empêcher qu’il puisse être un jour réélu.

Même la presse pro-Trump s’est (un peu) lassée des histoires de fraude électorale. Le nouvel angle, c’est de faire emprisonner les Biden (Joe, le père, Hunter, le fils) pour corruption et collusion avec des puissances étrangères : lock’em up ! Newsmax  met cependant en avant que 5 % de l’électorat considère que Trump a remporté l’élection mais que la proportion monte à 52 % parmi l’électorat de Trump. Il ne lui reste plus qu’à convaincre les 48 % restant, et il continue à s’y employer tout en assurant avoir vaincu la pandémie (donc nul besoin de mesures coercitives car liberticides). Un autre sondage plus récent, celui du site Politico/Morning consult laisse penser que 67 % de l’électorat républicain considère ces élections entachées de fraudes ou irrégularités.

Trump limoge, mais il fait aussi embaucher. Ainsi Brian Brook à la tête de l’équivalent de l’autorité des marchés financiers, le gendarme des banques. Il n’a pas réussi à placer Judy Shelton immédiatement à la Fed (la Federal Reserve), mais il ne désespère pas que le Sénat finisse par approuver sa nomination.

Le Michigan disposant d’un délai jusqu’au 13 décembre pour certifier le résultat de l’élection, Trump continuera certainement au-delà (et jusqu’au 20 janvier) de chauffer sa base. Mais il ne fera pas que cela.
Il pourra aussi mettre fin à un moratoire (jusqu’au 31 décembre) des dettes des étudiants emprunteurs, certains très lourdement endettés. Après tout, ils sont minoritaires dans l’électorat trumpiste.

Dans les coulisses, il fait accuser les démocrates de se livrer à du frauduleux tourisme électoral en Géorgie afin de bloquer l’élection de deux sénateurs trumpistes de cet État (il est interdit de voter en Géorgie si on n’a pas résidé un temps suffisant sur place ou si on ne peut prouver qu’on s’y installe durablement). Si les républicains perdaient de ce fait leur majorité au Sénat, Trump pourra hurler à la fraude organisée (il suffira de trouver un cas frauduleux pour assener que ce n’est que l’arbre qui cache la forêt de la corruption démocrate et peut-être obtenir un recomptage des voix le plus lent possible).

Mais en politique étrangère, il peut aussi accélérer la vente de matériels militaires aux Émirats (dont des chasseurs F-35 et des drones). Il peut de même renforcer les sanctions commerciales visant la Chine. Ou donner le feu vert à Israël pour étendre ses annexions. Ou encore décréter que les Houthis du Yémen, combattus par l’Arabie, sont une organisation terroriste (ce qui bloquerait des tentatives de solution négociée par l’administration Biden).

Et puis, il pourra aussi continuer à solliciter des dons pour couvrir des frais légaux (s’il exigeait un recomptage dans le Wisconsin, il lui faudrait trouver près de huit millions de dollars).

Donald Trump et ses fils, Eric et Donald Jr, multiplient les accusations de fraude, laissent entendre que la Cour suprême (à majorité trumpiste) pourrait être saisie, mais ce n’est pas tout à fait l’essentiel. Lequel, outre des décisions économiques ou autre, consiste à élargir encore la base électorale et faire élire davantage d’élu·e·s trumpistes à la Chambre des représentants en 2022. Donald Ttrump, côté cour, joue au golf ou regarde la télévision, mais côté jardin, il lui reste deux mois pour saboter la future présidence Biden, et il saura les employer au mieux de ses intérêts familiaux. Il pourra aussi gracier ses amis en délicatesse avec la justice, comme Steve Bannon que l’on retrouve régulièrement sur des chaînes et réseaux alt-right. Trump a perdu les élections, le trumpisme n'a perdu qu'un épisode transitoire.

lundi 16 novembre 2020

Islam : Mila l’imprécatrice, harcelée mais déterminée

 La liberté de blâmer appartient à tout le monde

Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo et de la jeune dessinatrice Mila, fait état des menaces incessantes dont est victime sa cliente. Puissent ces menaces au moins servir à localiser des islamistes meurtriers mais son affaire incite aussi à la circonspection.


Richard Malka, qui fut l’adversaire de Denis Robert et le copain d’un certain Philippe Val, ne m’est pas trop fortement sympathique. Mais je ne saurai lui reprocher de réclamer que sa cliente fasse l’objet de protections particulières.

Si Mila n’existait pas, une cellule anti-terroriste aurait gagné à l’inventer pour débusquer des candidats à la perpétuation d’attentats au nom de l’islam. Parce que dans l’invective, elle a fait fort et persiste. Après tout, c’est une attitude qui n’est pas condamnée par la loi. Mais cela étant, il y a quand même une différence entre l’invective frontale et l’expression argumentée d’un désaccord.

Je suis tenté de mettre toutes les religions dans le même sac, en tout cas celles se réclamant d’un dieu unique (contrairement à quelques croyances animistes dont les tenants sont au moins sensibles à l’environnement) peuvent donner lieu à toutes sortes d’interprétations fanatiques et coercitives, liberticides. On le conçoit en constatant ô combien l’évangélisme charismatique et le droit à n’importe qui d’être armé sont liés. Il n’y a pas un christianisme, mais des christianismes et les islams sont multiples, variés et même parfois antagonistes (histoire de soutenir qu’on est plus croyant que d’autres, qu’on soutient des fondamentaux qui vous arrangent, ce qui se vérifie en Tunisie avec les dispositions sur les héritages).

Bien, si c’est la volonté de la famille d’une ou d’un défunt de m’associer, en invité, à un service religieux, je ne me défile pas (après tout, si un rite les conforte et ma présence leur agrée, qui suis-je pour leur opposer ce qu’ils pourraient prendre pour un camouflet) ?

La différence entre les caricatures de Mahomet de Charlie et tout autre acte ou prise de position pouvant défroisser des musulmans, c’est qu’ils s’accompagnent d’une argumentation ouvrant à un éventuel (même si impossible) dialogue, et réflexion commune, à un partage de points de vues plurielles.

Mila, dont je viens de voir l’un des derniers dessins sur Twitter (d’ailleurs censuré car scatologique) est suivi d’un communiqué dans lequel elle affirme avoir « parlé de manière constructive et posée sans pourtant renoncer d’évoquer, y compris avec excès, les symboles d’une religion ». Sa mise au point ajoute qu’elle s’attaque « à cette conception extrémiste d’une religion et non pas à tous les croyants. ».

Elle relève, avec quelque raison, que la violence de ses représentions (pouvant être ressenties telles) n’est pas de même nature que des appels à la violence visant des personnes. Effectivement, un commentateur rétorque que des textes religieux « offensent l’intelligence des athées », ce qui ne les porte pas à se livrer à des assassinats, qu’ils soient ciblés soigneusement ou comme on disait, spontex et pouvant attenter à la vie de coreligionnaires (je n’évoque pas d’autres agnostiques ou athées, mais aussi d’autres musulmans, des gens indifférenciés, comme lors de l’attentat au camion, à Nice).

En fait, il s’agit d’une jeune femme de 16-17 ans, une jeune adulte (j’aime à rappeler que les jeunes tambours de la République, âgés de 13-14 ans, avaient alors un peu plus de ce qu’on appelait « du plomb dans la tête »). Peut-être conviendrait-t-il de rappeler à celles et ceux s’en prenant à elle que, peut-être, ayant vieilli, elles ou ils considéreront qu’ils en ont fait d’autres, peut-être des pires, au même âge.

Ce qui vaut d’ailleurs pour quelques estropié·e·s à vie ayant rejoint l’Irak ou la Syrie. Peut-on leur signifier que leur dieu ne leur rendra pas l’usage de leurs membres (ni de leur vivant, ni dans une non-vie ultérieure : je ne suis pas expert en théologie, mais je ne me souviens pas que la résurrection des corps garantit une intégrité physique sur terre ou dans un quelconque paradis). Et puis, faut-il remémorer à celles et ceux lui reprochant de rechercher du brouhaha autour de sa personne que le meilleur moyen d’y contribuer est de cesser de lui répondre, de la prendre à partie ? Ou de la menacer ?

Ok, boomer, dit-on à présent. Selon des sources disputées, Mahomet serait présumé mort à l’âge de soixante-trois ans. L’équivalent d’un Ok, boomer, il l’a dû l’entendre. Peut-être de la bouche d’Aisha, sa plus jeune épouse, allez savoir. Les hadiths largement postérieurs ne le mentionnent pas mais comment pouvoir formellement l’exclure ? Ni vous, ni moi, n’y étions. Ni d’ailleurs aucun de ceux qui lui ont prêté des déclarations. L’énoncer ainsi n’a rien de blasphématoire, sauf si, bien entendu, on se met à entendre des voix divines.

Bien, on va dire que ce qui précède m’a été inspiré par le réchauffement climatique qui risque de clore le débat prématurément. Et rendre dérisoire tout ce fatras sur les blasphèmes et la laïcité.

La Maison Blanche appelle à la désobéisssance civile

 Rebellez-vous clame « l’expert » de Trump, Scott Atlas

Deux États démocrates, Michigan et Washington, ont instauré le confinement. Aussitôt, le conseiller spécial de Trump, le Dr. Scott Atlas, en a appelé à la désobéissance civile : « soulevez-vous ».


Certes, Twitter a censuré les messages du neuroradiologue Scott Atlas, qui appelait à se passer de masques et à désobéir, au Michigan, aux consignes de confinement. Mais pas la presse pro-Tump.  Cette fois, pas de “stand back and stand by”, comme Trump le recommandait aux miliciens des Proud Boys, c’est carrément “people rise up. You get what you accept.”. Absolument pas qualifié en épidémiologie, mais persuadé que l’immunité collective finit par éradiquer les pandémies, ce curieux médecins s’en prend surtout à la gouverneure démocrate du Michigan, Geretchen Whitmer. Celle qu’une autre milice pro-Trump voulait enlever, juger et condamner. Et que Trump, un temps, incendiait jusqu’à plusieurs fois par jour. On peut penser que Scott Atlas, c’est surtout la voix de son maître, le Donald.

Ce dernier n’a toutefois pas repris à son compte le message de son porte-voix, lequel s’est repris en indiquant qu'il ne prônait pas la violence mais incitait à) « manifester pacifiquement » (puis à voter, donc pour changer de gouverneur).

Certes, la conseillère médicale et sanitaire de Joe Biden, la Dr. Vivek Murthy, a considéré que le confinement ne devait être envisagé « en dernier recours ». Ce qui, d’une part, ne l’exclut pas totalement, et d’autre part, ne plaide pas moins pour des mesures moins radicales, parcellaires, mais contraignantes. Ces mesures sont d’ailleurs largement appliquées dans de nombreux États dirigés par des républicains (dont ceux de l’Ohio et du Nord Dakota). Et Scott Atlas se garde bien de les pointer du doigt.

Trump, en revanche, rappelle que les deux vaccins en passe d’être validés l’ont été sous sa présidence. Et aussi du temps du pape ou du Dalaï lama, qui se retiennent de dire qu’un fléau divin peut être repoussé par des prières ou des incantations. Ni, comme Trump se retient de l’affirmer, que le soleil se lève chaque jour grâce à leurs intercessions.

Le Donald continue d’assener que la fraude électorale lui a ravi son second mandat, en Géorgie aussi où pourtant les bulletins sont recomptés manuellement. Les chaînes pro-Trump, Oann et Newsmax continuent à répandre et amplifier ces accusations, mais force est de constater que dans un pays où près de 300 millions d’armes sont détenues par des particuliers, Biden n’a pas encore subi le sort de Kennedy.

Joe Biden, dont la fondation contre le cancer a surtout rétribué grassement d’ex-collaborateurs sans distribuer des fonds à des équipes de chercheurs, ne se voit pas trop violemment pris à partie de ce fait. Les fondations Trump le rétribuaient ou défrayaient ses dépenses, mais il ne peut déjà être avancé que Joe Biden ou son épouse ait profité personnellement de la Biden Cancer Initiative.

Pour le moment, Trump ou ses conseillers s’accrochent à des détails qui ne changeront pas l’issue, notamment en Pennsylvanie où tout en minorant leurs prétentions, ils cherchent un résultat symbolique (faire éliminer des votes irréguliers formellement mais validés après coup par les divers électeurs). Au départ, ils réclamaient que plus de 682 000 votes soient invalidés.

En fait, on en viendrait à se demander si Trump ne s’accroche pas (ou plus) aussi longtemps que possible à la Maison Blanche pour seulement des questions d’ego. Son pouvoir de nuisance pourrait être encore employé à tenter de discréditer des élus républicains lui étant moins favorables que d’autres, et à pouvoir mettre en avant ses partisans les plus fidèles. Dans un récent message, il a fait allusion au gouverneur républicain de l’Ohio, Mark DeWine, qui avait eu le tort de considérer que Joe Biden était le « président élu ». Dans divers États, Trump veut que ses partisans séparent son bon grain trumpiste de l’ivraie tentée de passer des compromis avec les démocrates. Tant que Trump reste le président en exercice, il peut plus facilement chauffer sa base, et même si la « presse éclopée » dénonce ses mensonges, elle les répercute. De nombreux élus républicains sont dans sa ligne de mire et beaucoup d’autres se gardent bien de le fâcher de peur qu’ils s’en prenne à eux. Trump profite aussi du sursis pour recommander des médias lui étant favorables ou inciter à quitter Twitter pour Parler, un autre réseau moins pointilleux sur la nature des contenus.

Cela lui donne aussi le temps de soutenir que, si la pandémie s’étiole ou s’éteint, c’est bien sûr grâce à lui, comme vient de le rappeler sa fille Ivanka qui félicite son père à l’occasion de l’annonce d’un second candidat vaccin. En 1024, elle, l’un de ses frères ou le Donald lui-même sauront claironner que s’il était resté au pouvoir, la pandémie aurait été plus vite vaincue (et bien sûr, sans reconfiner en attendant de vacciner). Bien joué, le bateleur de foire.

dimanche 15 novembre 2020

Séparatisme : QAnon France peut prospérer

 La Chine, bénéficiaire du mouvement QAnonymous ?

Allez, mieux vaut tenter d’en rire. Et si la Chine était la grande bénéficiaire du mythhe QAnon et de ce fait roulerait pour la réélection de Donald Trump ? Tiens, j’ai encore raté une occasion de me faire du flouze…


Un qui finira contrit d’être resté anonyme, c’est le dénommé Q.  Il a laissé d’autres que lui tenter de s’approprier la marque QAnon™. Pour le moment, seuls un Australien et un Allemand sont parvenus à déposer la marque. Mais d’autres sont sur les rangs. Mais les grands bénéficiaires de ce mouvement conspirationnistes sont les fabricants de maillots et d’objets divers chinois. Tout comme ils ont pu engranger des fortunes en fabricant les supports de base de la paraphernalia, l’attirail MAGA.

La plupart des partisans de Trump se sont rués sur des objets, des vêtements, Tous ou presque fabriqués en Chine, voire « customisés » sur place.

Les trumpistes ont fait tout un foin des liens présumés d’Hunter Biden ou du candidat sénateur démocrate de Géorgie avec la Chine (sans d’ailleurs pouvoir prouver de quoi alimenter des scandales), mais se préoccupent fort peu de cet état de fait.

Il m’est venue l’idée de lancer une recherche sur les maillots Q-Anon. Par désœuvrement durant le confinement. On trouve de tout siglé Q, y compris, paradoxalement, des masques faciaux en tissu. Alors même que Marjorie Taylor Greene, la nouvelle représentante trumpiste de Géorgie au Congrès, adepte du mouvement QAnon, dénonce le port « oppressif » du masque. Ce qui est commode avec ce type de complotisme, c’est qu’on en fait ce que l’on veut, en pouvant s’en réclamer pour déclarer tout et son contraire.

Mais QAnon France a choisi un angle particulier : retrouver la grandeur de la France en rompant avec l’Union européenne. Et pourquoi pas avec la République française en réclamant le retour d’un roi ? Bruxelles et Strasbourg ne seraient-ils pas les sièges de pervers dévoyés sexuels se livrant au cannibalisme d’enfants en bas âge pour complaire à Satan ? Mais quelque part en France (où, on ne sait trop, dans le réduit breton irréductible ou dans les cuisines du Sénat ?), quelqu’un veille pour faire déjouer ces menées criminelles. C’est sûr. Ne serait-ce pas une forme de séparatisme dont l’expression peut prospérer, sur Amazon, EBay, et divers autres sites de vente en ligne ?

Tout cela serait dérisoire tant que des dirigeants politiques européens, bénéficiant de l’ampleur de ce mouvement, n’en venaient pas à imiter Trump qui le soutient indirectement. Au Royaume-Uni, il est soutenu que des centaines de milliers d’enfants sont détenus dans des caves avant d’être sacrifiés au Malin, mais que Boris Johnson aurait été désigné pour siéger au 10, Downing Street, afin de combattre l’État profond (forcement pro-travailliste ou SNP). En Allemagne, Michael Ballweg, adpte des vérités alternatives, se définit « penseur latéral ». D’autres lui disputent son statut de chef de file du mouvement QAnon allemand. C’est ce qu’il ressort d’une enquête de France Culture.

Aux États-Unis non plus, en 2016, peu avaient venu voir Trump venir, et ne songeaient pas qu’il pourrait se maintenir quatre ans à la Maison Blanche. Le trumpisme se décline en France et en Europe de manière polymorphe. Doan Bui, en reportage aux États-Unis pour Le Nouvel Observateur, s’entendit dire : « Cette pseudo-pandémie, c’est un écran de fumée. Pour cacher que Bill Gates tu des enfants en Afrique avec ses vaccins. ». Un argument similaire peut être mis à la sauce du moment. Ainsi avec le pseudo-documentaire Hold up : vous pouvez remplacer Bill Gates par n’importe qui déplaisant sur le moment.

En fait, le thème du complot universel, qu’il soit bolchévique ou autre, part toujours d’un seul postulat, que les conflits d’intérêts entre complotistes n’existent pas, qu’ils sont tous unanimes, coalisés contre le reste du monde. Pas la peine de pointer les divergences d’approche entre, par exemple, stalinisime et maoisme. Là, c’est sûr Big Pharma a réussi à persuader les dirigeants de Total, Exxon, Shell et autres qu’il faut éliminer tous les consommateurs de produits pétroliers ou gaziers, enfin la grande masse de qui fournit de quoi verser des dividendes aux actionnaires. Qui sont tous unanimement d’accord pour se faire tondre revendre leurs actions pour acquérir des titres Big Pharma (avec la complicité des banques qui prennent leurs commissions au passage). Conflits d’intérêts entre puissants prédateurs ? Mais non, c’est inenvisageable. Les perdants font aussi partie du complot. Eux, tous ligués, contre nous toutes et tous. Comme c’est plus simple. Mais, heureusement, il y a Trump (ou tout autre) pour déjouer leurs menées sataniques. En fait, Napoléon, ou Elvis Presley, ou Michael Jackson ne sont pas morts, ils veillent sur nous.

Pour Trump et QAnon, les choses sont claires. Quiconque a voté pour Biden est « anti-américain et l’antécrhist ». Inutile donc d’aller chercher plus loin. Dieu a voulu Trump et il ne faut pas confondre le torchon Biden (président-élu) et la serpillière Trump (élu de Dieu) qui va exterminer les créatures démoniaques du marécage de l’État profond. Que voulez-vous répondre à cela ? Cela arrive en France. Courage, fuyons, loin... À moins que, bon sang, mais c’est bien sûr, le Donald va demander à se faire crucifier pour effacer les péchés du monde.