mardi 5 février 2019

CharlÉlie Couture & l’horlogerie céleste

La mécanique du ciel réglée par CharÉlie Couture

I had rather hear you that/Than music from the spheres (so spoke Olivia…). Ainsi donc, CharlÉlie Couture, à la suite du Barde, s’intéresse à la mécanique du ciel en « 50 poèmes inchantables » (confiés au Castor Astral).


D’emblée, « on » va se dispenser de faire dans la typoésie à la Jérôme Peignot, nommer un CharlÉlie, Charlélie (euh, non l'inverse ?), et ne pas faire dans le point de croix… Or donc, je vais vous saboter la chronique d’un livre que j’ai à peine survolé. Les titre et sous-titre suffiront pour le moment : La Mécanique du ciel – 50 poèmes inchantables. Et c’est adéquatement publié chez le Castor astral. Juste effleurer et dire qu’il y a des textes en prose-prose, d’autres en poésie-poésie (avec même, ça et là, des rimes, à l’ancienne). Et comme les fruits dans le yoghourt, tout plein de petits morceaux de Bukowsky dedans. Ajoutons que neuf dessins de la main de Charlélie précèdent une nouvelle, Le Costume ou le rêve américain (soliloque au treizième étage). Ce n’est pas pour faire mon monte-en-l’air à la Darien que je vous présente ce livre « salement » mais car tel est mon bon plaisir. Et puis, j’avance une excuse : je vais retrouver Charlélie Couture et Éric Poindron à Reims vendredi prochain, et j’aurais tout loisir de me plonger dans le cambouis de la chronique littéraire dans le dos du mécano d’une Générale électrique de l’actuelle Seuneuceufeu… Vous ne perdez donc rien à attendre l’éructation qui vient…
                Le Castor astral, c’est idoine… Heureuse coïncidence. Intercalés parmi les 300 chansons inédites qui s’entassent chez Charlélie, ces textes écrits entre 1973 et 2017, qu’un éditeur nancéen (enfin, ceux-là ou d’autres) voulait publier avant de mettre la clef sous la porte, comme Poindron à Reims menant Le Coq à l’âne (sa maison d’édition) à la SPA. Après, « plus de mise en onde possible, ce n’est pas facile de publier de la poésie » (Charlélie et la vox populi dixit). Jusqu’à la rencontre avec Éric Poindron, auteur Castor astral au bras long. C’est ce que j’ai retenu de la causerie de Charlélie lors du dernier en date des Lundis du Livre à la mairie du 5e arrondissement de Paris.
               
Ce service minimal préliminaire rendu à l’ouvrage, passons à l’entretien avec son auteur. Bonus visuel : sa dédicace que vous pouvez reproduire en ajoutant le nom de la personne à laquelle vous offrirez le livre (vous-même aussi : car vous le valez bien).
                Derechef, je pose la question de circa 1980 à Belfort qui me permit de titrer, pour L’Alsace-Le Pays de Franche-Comté, « Charlélie Couture : “Je suis juste un artiste malade” ». Eh bien, en gros, large et travers (porc qui s’en dédit), cela va beaucoup mieux depuis.
                « Non, je suis juste un artiste qui vit sous pression, pas seulement, pas tellement malade. L’angoisse, d’autres gens connaissent autrement. Les artistes mettent en forme la notion abstraite du sentiment humain, on invente une forme. »
                Tiens, cela, Jean-Jacques Tachdjian, dont je vous entretins précédemment, pourrait, autrement, le reprendre à son compte. Ces deux-là sont faits pour s’entendre et rivaliser au Congrès des Barbus (lors de la prochaine Convention internationale des Barbus et barbichus réunis), ou plutôt mode Catch Impro amical. C’était une incise, un paragraphe de réclame, je reprends, ne zappez pas.
                « J’étais depuis 2003 à New-York, avec de fréquents retours en France. À présent, depuis l’an dernier, c’est l’inverse. Cela ne fait que deux semaines que j’ai vraiment emménagé dans mon appartement parisien, mais je retourne aussi à Nancy, et me rends en divers endroits. Il y a 15 jours, j’étais à Reims, je vais aller à Sète, au théâtre Paul-Valéry, pour une expo. ».
                Le Donald (Trump) aurait été pour quelque chose dans la traversée du pilote en bonnet de laine ; Trump peut rêver de bloquer le passage depuis le Mexique, mais dresser un filet au-dessus de l’Atlantique pour bloquer l’évasion fiscale, même pas en rêve. Je glisse cela parce qu’un pince-sans-rire, tongue in cheek (Bernard Menez, crois-je me souvenir –voir par ailleurs), y fit une subreptice allusion ironique. « Ce serait plutôt l’inverse », rétorqua Couture l’ayant pris – à tort – furtivement au sérieux. Bernard Menez (surnommé le Carlos Ghosn de la scène), aux multiples cabanes pas qu’au Canada, fort au fait des modes d’escapade des pépètes, plaisantait d’évidence (si vous croyez tout ce que j’écris supra dans ce paragraphe tire-à-la-ligne, c’est que vous fréquentez des sites complotistes).

Attendez-vous donc à savoir qu’à Reims, nous disposerons de plus de temps pour converser afin de vous entretenir des projets de Charlélie Couture (à suivre…). En attendant, voyez donc cette rarissime photo de l’artiste pris de dos (cas aussi exceptionnel que ma photo de face de Serge Gainsbourg dos à son mur de la rue Saint-Dominique – a collector). Bon, si vous voulez de bonnes photos de Charlélie, adressez-vous plutôt à Christian Baron (christianbaron.fr), il en a tapé tout plein de plaques avec son zinc un poil plus pro que le mien. Pour le reste, voyez le site charlelie.com, et les dates de sa tournée – musicale – « Même pas sommeil » (de l’album éponyme à l’aigle aux ailes déployées dans le verso et la pochette). Mieux, abonnez-vous à son bulletin électronique de liaison pour obtenir des nouvelles en même temps que moi.
                Ah, vous voulez faire plaisir à Charlélie, fanesse et fan que vous êtes ? Offrez-lui du miel des ruches parisiennes de Diane Jos, Mrs Golden Germany (ah, ces Chinois, qui vous décernent en tapinois des titres de Miss à des Ms chargées de famille). En fait, je n’en sais rien, de l’appétence mellifère du Charlélie, mais il faut bien glisser en catimini un publirédactionnel à l’occasion par ces durs temps qui cheminent pesamment. Après lecture et relecture, comme celles de l’excellent Je vous remercie de me l’avoir posée, de Tachjian, cette mécanique céleste passera à Diane et Alyssa (à moins que Charlélie se fende d’une dédicace plus personnalisée la prochaine fois…). Elle – la nique du mec – sera ainsi encore un peu plus près de la voûte céleste (les ruches de Diane peuplent sa vaste terrasse d’où l’on voit tout Paris et même le vélo que vous avez égaré).
                
P.-S. : adaptation libre, de l’extrait de la Nuit des rois (Twelfth Night, Nineth – ou Ninthe, Ninth – Scene) : Que j’eusses mieux aimé entendre cela/Que la musique des sphères. Ce verbeux d’Hugo avait opté pour « j’aimerais mieux entendre ce plaidoyer-là de votre bouche/Que la musique des sphères ». Mais ce sera comme il vous plaira.

Bernard Menez ne dit pas tout...

Et encore... je ne vous dit pas tout ! : Bernard Menez avoue

L’ acteur (et aussi dramaturge depuis peu, ai-je cru comprendre) Bernard Menez était au « Lundi du Livre » (mairie du 5e arr. de Paris) de ce début de février 2019. Pour évoquer son autobiographie sortie chez L’ Archipel éditeur. Bien sûr, je le fis parler d’autre chose.


Déjà, la photo est mauvaise (pas celle de la couverture d’Et encore... Je ne vous dis pas tout !). La mienne, prise à la va-vite sous celle du général de Gaulle (l’ officielle remontée des caves de la mairie d’arrondissement où se tiennent des Lundis du livre, les soirs de premier jour hebdomadaire ou mensuel, j’ai oublié). Mais si on n’a jamais assez vu Bernard Menez, lui aura sans doute davantage plaisir de revoir celles et ceux qui l’accompagnaient que lui-même (tout au bout, à droite). Et puis, partout où il va, on ne voit qu’Éric Poindron (au premier plan), et puis encore, ce n’ est plus mon métier, je peux faire salement comme disait le voleur de Darien.
De quoi parlions-nous ? Je ne vous dis pas tout non plus (mais à propos de Charlélie Couture, deuxième à gauche, je vous en dirai un peu de tout, plutôt deux fois qu’une, car nous nous reverrons à Reims vendredi qui vient, et je ne sais pourquoi je vous confie cela puisque c’est complet, guichets fermés ; mais attendez-vous donc à savoir que...). Ah oui, de Bernard Menez. Ce que je ne vous dirai pas se consigne sur son site (bernardmenez.net) et dans son livre, et de celui de Carole Wrons (Arte et autres), le même d’ailleurs. Je glisse juste qu’il est sous perruque dans À cause des filles ?, film de Pascal Thomas, actuellement dans les meilleures salles obscures.
Tout sauf cabotin, Menez, Bernard (relativement, l’ écart est abyssal, en absolu, c’ est net, no smudge). Il fallait le faire, soit lire quatre extraits de son autobiographie en évitant soigneusement le côté « et moi, et moi, et moi, ma vie, mon œuvre »). Moi-même, qui suis d’une pudeur de jeune fille au piano, n’y parviendrai pas (et c’ est pourquoi ma biographie se fera sans moi). Or, donc, il nous entretint de Saint-Paul-de-Léon (eh oui, Menez, à prononcer « méné » du côté de Douarnenez, c’ est comme Tombeur, mais avec une finale en « ez », à l’ aise). Pour éviter de vous bassiner avec nous, nous causâmes d’autre chose... De l’ évolution de la décentralisation théâtrale. 
Et de son côté (du mien, ce serait trop long, oubliez...), cela donne ce qui suit.

« La décentralisation théâtrale ? J’ai surtout donné dans les années 1970. Avec André Reybaz, avec le Centre dramatique du Nord. Il m’ engage à la suite d’une audition pour La Nuit des rois [Ndlr. Twelfth Night, Or What you Will, comme il vous plaira), et le rôle de Malvolio. Mais il avait aussi promis le rôle à son beau-frère, ou un beau-frère l’avait promis à un autre, et bref, ce furent trois petits rôles dans Le Marchand de Venise [Ndlr. The Merchant of... A Moft excellent hifstorie, soit dit en passant], l’année suivante. »
J’vous dis cela, j’vous dis rien, mais cela en dit long sur (censuré ; c’ était au sujet de la DT à laquelle parfois il manque un T médian) la carrière de Bernard Menez. Qui se dandinait en Dandin, turfait dans un Tartuffe, fonda la Compagnie Sganarelle.
La décentralisation fut et reste « une très bonne chose ». Mais...
« Mais subsiste un grand fossé entre le théâtre public et le privé. Il y a beaucoup de centres dramatiques et de scènes nationales qui ne montrent plus de théâtre de divertissement, même intelligent. J’ai travaillé dans les deux sphères. Le théâtre public vit surtout des aides de l’État et d’autres institutions. Les scènes et centres nationaux se regroupent pour coproduire et jouer sur divers lieux, font tourner les pièces. Le privé ne vit plus que sur la starisation ou des spectacles en de petites villes, à peu de moyens, peu de subsides, qui ne prennent plus, ou presque, pour remplir les salles, de tout ou presque, et concèdent à la culture du divertissement. Auparavant, deux tourneurs, les Galas Karsenty et les tournées Baret [Ndlr. & Lumbroso-oh-oh-oh, mais il est vrai qu’il privilégiait davantage le lyrique, puis le musiques-halles] monopolisaient tout. À présent, plein de tourneurs de moindre importance dont les tournées deviennent squelettiques, se réduisant à dix-quinze dates. ».
Là, intervint Charlélie Couture et Bernard Menez bifurqua sur Tom Novembre, et il fallut déjà évacuer la salle... Alors que je voulais embrayer sur Alice Sapritch. Bernard Menez ne nous a pas tout dit. Comprend qui peut, ou qui veut, comme le chantait Boby Lapointe. Ne sachant plus comment conclure, histoire d’évoquer les tournées du temps jadis qu’ on ne peut plus, je place un bonus : le programme du Théâtre royal de l’Opéra du Caire (visuel), comme un (é)crin sur la soupe. Depuis, la gare de Troyes n’a pas eu mieux (Ange, groupe musical belfortain & mondial, telle est la référence, ainsi soit-il). Cherchez, où tout cela va vous mene(z)r.