mardi 24 décembre 2019

Pendant l’interlude, les éoliennes de Donald Trump…

Pause confiseries : dernier vesse du Donald pour la route

Ne vous inquiétez pas, sauf si je ne passais le tournant de l’hiver, vous devriez retrouver ce blogue-notes alors que le mur de Donald Trump n’empêchera pas les Shadocks vents du sud de faire tourner, tourner, tourner les éoliennes.
Viennent les réveillons qui s’étiolent, les conversations qui se tarissent : quoi de mieux qu’une histoire du Donald pour les relancer. Je marque une pause jusqu’à la fin de la première semaine de janvier, mais je ne voudrais pas prendre congé — provisoirement — sans vous entretenir de la dernière (en date, il y en aura maintes autres) de Donald Trump.
J’avoue ne pas l’avoir très bien saisie, au départ. Les éoliennes proviendraient de Chine et d’Allemagne en majorité, fort peu des États-Unis, et elles diffusent des quantités massives de fumées et de gaz dans l’atmosphère.
Ah bon, elles rejetteraient de nocives effluves, les dispersant aux vents mauvais, qu’elles puiseraient aux entrailles du sous-sol ?
Heureusement, les exégètes de la geste trumpiste (ou trumpienne) savent traduire les propos du Potus : en Floride, lors d’un symposium de Turning Pont USA, il a commencé par abordé le sujet en disant qu’il n’avait « jamais compris le vent. ». Mais fort bien celui des occasions de se faire applaudir.
En fait, il voulait dire que la fabrication des éoliennes polluait. Moins que l’énergie qu’elles produisent comparée à celle que généreraient des tonnes d’équivalent charbon ou d’énergies fossiles pour une même quantité, mais le Donald ne s’attarde pas sur ces détails.
Mais Don Quichotte-Trump, même si on a du mal à comprendre ce qu’il professe, en connaît un rayon sur les moulins à vent et les éoliennes : « j’ai étudié le cas bien mieux que quiconque ». Après Elena Ceaucescu, docteure-ingénieure, présidente de l'académie des Sciences roumaine, la relève est enfin assurée.
Mais ce qui l’inquiète encore davantage, c’est que, comme les démocrates, les éoliennes s’en prennent aux symboles mêmes des États-Unis. Soit aux pygargues à têtes blanches (ou bald eagles). Lesquels figurent sur les pièces de monnaie, divers drapeaux des États fédéraux, et le sceau du Potus, Donald Trump soi-même.
Voudrait-on symboliquement le décapiter, lui faire les plumes ?
Métaphore quasi transparente. Si les éoliennes éliminent un certain nombre de ces volatiles, on arrête l’arrête l’appareil, et si « on » tue un pygargue, on vous colle en prison « pour dix ans ».
Cela semble avoir échappé à la plupart des commentateurs qui admettent que les éoliennes tuent des oiseaux, certes, mais des dizaines de fois moins que les chats domestiques (ou la circulation automobile). Le Conducator étasunien va-t-il s’en prendre aux minets, aux minous ? Comme on s’en prend aux chiens errants en Roumanie (où les détenteurs d’animaux domestiques doivent s’acquitter d’une taxe). Que nenni.
Déjà, en avril dernier, Trump assurait que les nuisances sonores des éoliennes provoquaient « des cancers ». La physique, la médecine (et bien sûr l’économie) n’ont plus aucun secret pour lui.
Il n’a toutefois pas proclamé que le mur à la frontière mexicaine arrêterait les vents faisant tourner les éoliennes jusqu’au-delà de la frontière canadienne (celle-là, il se la garde en réserve). Un mur, et comme le nuage de Tchernobyl, les vents mauvais passent au-dessus des États-Unis d'Amérique.
Ce qu’il a vraiment voulu signifier, c’est que les éoliennes démocrates n’auront pas son scalp, ce qu’on peut lui accorder.
Je ne vais pas vous bassiner avec l’histoire du golf de Trump dans l’Aberdeenshire et les éoliennes implantées au large qui allaient gâcher la vue des clients. Elles sont entrées en service en juillet dernier et Trump a perdu son procès.
Selon Trump, une éolienne doit être démantelée au bout de dix ans, car elle devient poussive, décrépie, hideuse. Et ce seront les contribuables qui devront payer son démantèlement.
La survie de la nation est en jeu. Tel que.
Son discours avait pourtant bien débuté. Il avait fait applaudir Rush Limbaugh (en raison de ses revenus : il se ferait plus que 50 millions de dollars par an). S’était rengorgé de son succès pour faire en sorte qu’on emploie de nouveau Merry Chistmas (et non plus joyeuses fêtes de fin d’année), vanté l’intelligence de son fils, s’en était pris à Nancy Pelosi (« une cinglée »), glorifié la supériorité militaire étasunienne, et affirmé qu’il en avait fait davantage en un mois « que presque tout autre président en huit ans ». L’habituel convenu. Comme d’avoir mis la Chine à genoux. Ou d’avoir viré presque tous les magistrats de l’ère Obama.
Et tout à coup, il s’en prend aux éoliennes, qui vont ruiner l’industrie pétrolière, le Texas. Alors que lui, veut de l’eau pure, de l’air pur, car il est écologiste (si !). Et que question eau et air pur, grâce à lui, l’on n’a jamais vu cela depuis 40 ans. Mais avec les ultragauchistes qui veulent tout détruire (soit tout polluer), la subversion environnementale menace.
Applaudissements, et là il promet de rester encore président pour 16 ans (sixteen more years). Applaudissements.
Je me dois d’être précis : toute la presse ou presque n’a titré que sur l’histoire des éoliennes, et ce n’est qu’une petite partie de son discours-fleuve. Pourquoi ?
Parce que tout le reste, c’est du rabâchage, entendu des centaines de fois…
Sur les démocrates, les Never-Trumper Republicans (hou, hou, hou, clame l’auditoire). Et l’autocongratulation usuelle.
J’ai quelques (rares) copains qui se disent pour Trump. Je doute qu’ils auraient lu, en anglais, une seule allocution du Donald. Et qu’ils puissent vraiment comprendre tout (j’ai renoncé, comme beaucoup, beaucoup d’autres, anglophones ou bilingues ou proficient).
Macron se ferait applaudir en protecteur de la vraie religion révélée et des Petites Sœurs des Pauvres (si, si, dans le texte), de la fin du droit à l’avortement, mes (rares) potes portant Trump aux nues (enfin, entre eux, pas en échangeant avec moi, car ils se montrent plus mesurés) en diraient pis que pendre.
Mais tout le monde peut lire (en anglais) le verbatim du Donald. Version whitehouse.gov. Medicare for All: Do you know how bad it is?
Je ne vois pas trop comment on peut approuver Trump, vivre en partie à l’étranger (pour cause de toutes petites retraites), et revenir en France dans les temps impartis pour préserver ses droits à la Sécurité sociale (ils se reconnaîtront).
Mais bon, ce n’est pas un argument à soulever lors des soirées de réveillons : Joyeuses Fêtes à toutes et tous, et, si vous le voulez bien, à l’année prochaine.