samedi 28 novembre 2020

Un Brexit convenable encore envisageable ?

Vivement un tunnel Porspoder (Finistère) Cork (Irlande)

Franchement, je ne sais si un tunnel entre le Finistère et l’Irlande serait envisageable, mais j’en doute très fort. Mais quand je lis qu’une liaison entre Dunkerque et Rosslare sera opérée par la compagnie danoise DFDS, je me dis qu’on navigue sur la tête…


Je ne sais pas si vous vous représentez bien une route navigable entre Dunkerque et Rosslare ? Bon, pour environ 120 camions par ferry (six trajets hebdomadaires) cela implique 24 heures de traversées, dont la plupart nocturnes. Je ne sais plus quel automne des années 1970 j’ai embarqué en Irlande (sans doute à Rosslare) pour rejoindre la France (sans doute Cherbourg). Mais je me souviens d’avoir ressenti — une fois n’est pas coutume — comme un fort mal de mer. Plus fort que sur un tape-cul rejoignant l’une des îles anglo-saxonnes depuis la Bretagne. Il faut dire qu’il s’agissait d’une compagnie scandinave proposant un buffet à volonté (nous n’avions pratiquement mangé que des sandwiches et des pâtés de public houses depuis un bon moment, nous nous sommes lâchés). En automne, la mer est plus que rude entre l’Irlande et la France. Bon courage, les routiers, lorsque votre bateau dépassera Land’s End (le pendant de l’écossaise John o’Groats, mais en Cornouailles). Tout cela pour éviter de possibles interminables formalités douanières si, en raison d’un Brexit sans accord, vous deviez transiter via le Pays de Galles et l’Angleterre.

On en est où, à propos du Brexit ? Allez savoir. Comme Joe Biden conserve des attaches irlandaises, il ne semble pas trop disposé à donner un feu vert à Boris Johnson pour sceller un accord favorable pour le Royaume-Uni dans ses relations commerciales avec les États-Unis. Cela peut-il entrer en ligne de compte ? Le brouillard continue d’isoler le continent du Royaume-Uni.

Cela étant, l’Écosse semble vouloir se rapprocher davantage de l’Union européenne. Mais là encore, ce n’est ni pour demain ou après-demain. Enfin, semble-t-il, nos partenaires européens sembleraient (le conditionnel s’impose) vouloir faire fléchir la France sur les droits de pêche. En gros, les pêcheurs normands et bretons bénéficieraient de moindres quotas.

Nous sommes aussi sommés de retenir plus d’immigrants de notre côté du Chunnel. Priti Patel et son homologue Gérald Darmanin auraient conclu un accord : davantage de policiers français pour empêcher les immigrés de tenter la traversée. sur des embarcations de fortune.

Et sur le front des saucisses, quoi de neuf ? Les saucisses irlandaises ou françaises, tout comme la bratwurst allemande et d’autres, donc les knacks et les saucisses de viande alsaciennes pourraient disparaître des étals britanniques. Cela parce que l’U.E. ne voudrait pas laisser passer le haggis écossais et les succulents bangers sans garanties sanitaires. Nous en restons au point mort sur le front de la saucisse. Or, pour confectionner des saucisses britanniques, il faut importer depuis d’autres pays, car le Royaume-Uni reste déficitaire. Boris Johnson s’est emparé de la question, assurant que Belfast sera fourni en saucisses unionistes (sans pour autant préciser comment).

Mais ce n’est pas tout, le Daily Express (pro-Brexit dur) croit savoir, sur la base de documents ayant fuité, que l’Union européenne veut fixer les taux d’imposition du Royaume-Uni. Ce afin de lutter contre l’évasion fiscale. En fait la crainte européenne reste que le Royaume-Uni se transforme en un paradis fiscal du genre de Singapour. Bon, l’Express révèle aussi un « plan secret » consistant à faire exploser une bombe nucléaire dans le tunnel sous la Manche. Cela remonterait à mars 1969. Perfide Albion. De quoi freiner l’invasion des saucisses continentales de manière radicale. Mais bien évidemment, cela ne sera pas nécessaire puisque l’Union européenne va se disloquer incessamment sous fort peu (cela fait des mois que l’Express le prophétise).

Le Daily Mail, un poil plus modéré, considère que Michel Barnier signale, depuis Londres, que c’est « maintenant ou plus jamais », mais que Lord Frost laisse entrevoir un faible espoir d’aboutir à un accord qui bien sûr respectera « l’intégrité de la souveraineté britannique. ». En résumé, personne n’y croit vraiment très, très fort. 

Wisconsin : les républicains payent pour ridiculiser Trump

Trois millions d’USD, Trump battu à 257 contre 125

Chauffé par Trump, le parti républicain s’est fendu de trois millions de dollars pour faire recompter les bulletins du comté de Milkwaukee (Wis). Résultat, le vote Biden a progressé de 257 voix contre 125 de mieux pour Trump.

Le GOP a fait recompter les voix dans deux comtés du Wisconsin, Milwaukee et Dane, pour un coût de six millions d’USD. Pour le moment le recomptage partiel pour Milwaukee n’a révélé qu’un écart de 382 voix, avantage Biden. Mais mieux encore, les républicains avaient réclamé l’invalidation de votes par correspondance, dont deux pour Trump, celui d’un avocat républicain, Jim Troupis, et de son épouse, rapporte le quotidien local Journal Sentinel. Troupis s’est refusé à tout commentaire à propos de ces votes anticipés. Mais, bon, le ridicule ne nuit pas à la santé de Donald Trump.

Digression, après un interlude à propos de l’animosité policière, retour à Trump. Mais il convient peut-être de signaler au passage que deux policiers de Kawartha Lakes (Ontario) auraient semble-t-il tué par balles un gamin d’un an. Leur chef a incité le public à ne pas en tirer « des spéculations hâtives » (air connu). En l’occurrence, ce serait assez justifié. Le père du gamin, au volant de son véhicule, était présumé armé et il avait heurté une voiture de police. Le drame ne semble entaché d’aucune suspicion de racisme ou d’anti-jeunisme à ce stade de l’enquête. Cela me remémore au passage une célèbre anecdote belfortaine des années 1970. Divers policiers avaient défouraillé à tout va pour tenter d’atteindre une 2 cv Citroën faisant le tour de la petite place de la préfecture. On récupéra une cinquantaine de douilles, puis on retrouva la voiture parfaitement intacte (comme y incitent les syndicats de la police, il faut se préserver de tirer des conclusions intempestives de tout fait divers impliquant des policiers).

La plus grande prudence s’impose donc aussi à propos des poursuites judiciaires de la campagne de Trump. Lequel, d’ailleurs, ne commente pas le fiasco du Wisconsin mais, après avoir dénoncé la « fraude massive » dans cet État, il tourne à présent son attention vers la Pennsylvanie, où il se déclare largement vainqueur du fait de la présumée création frauduleuse de près de 1,127 000 votes qu’il estime tous pour le candidat démocrate.

Newsmax en rajoute et remet en avant l’avocate Sidney Powell qui assène à présent que les machines de Dominion Voting Systems furent contrôlées depuis l’Iran et la Chine. On en viendrait à se demander si l’élection de 2016 ne fut pas auparavant tout aussi truquée depuis l’étranger. Quant à Rudy Giuliani, il met à présent en cause la compétence des tribunaux fédéraux dont des juges avaient été nommés du temps d’Obama. Du coup, un sénateur républicain de Pennsylvanie veut que le congrès fédéral, à majorité républicaine, désigne les grands électeurs qui lui conviennent. Et si cela était contesté, les républicains porteront l’affaire devant la Cour suprême (à majorité pour Trump). Comme le commente Trump « le monde regarde » et constate les fraudes. En Pennsylvanie, la cour d’appel, composée de trois juges nommés des temps de présidents républicains a débouté Giuliani et consorts de leurs plaintes. Mais à présent, l’équipe juridique de Trump soutient que des gens indélicats auraient utilisé des clefs USB pour gaver les machines de votes pour les démocrates. Elle avance que 47 clefs, chargées de 5 000 bulletins Biden chacune, auraient été utilisées.

En quelque sorte, la Chine et l’Iran avaient aussi besoin de petites mains pour truquer l’élection.

Une certaine presse, forcément corrompue selon Trump, laisse entendre que l’électorat républicain de Géorgie, déboussolé par tout ce cirque, pourrait déserter les urnes lors de l’élection, en janvier, de deux sénateurs de cet État.

Oann met en avant un sondage selon lequel 17 % des électeurs de Biden regrettent leurs votes. Breitbart relègue ces histoires de fraude au bas de sa page d’accueil mais laisse la parole au sénateur républicain Mo Brooks, de l’Alabama, qui considère que Trump a remporté le collège électoral (si on ne compte que les votes légaux).

À part cela, environ 19 millions d’habitants (hommes, femmes et enfants) risquent de se retrouver SDF dès janvier en raison de retards de loyers ou de remboursements de crédits immobiliers. On ne voit pas trop s’ils pourront s’acheter des masques et respecter la distanciation sociale.

Pendant ce temps, le ministère de la Justice se penche sur la possibilité d’avoir recours à des pelotons d’exécution ou des chambres à gaz (nitrogène) pour les condamnations à une peine capitale. Comme Biden est opposé aux peines de mort, il y a certainement urgence.

Le Donald ne fléchit pas, continue de dénoncer les fraudes, comme son fils Eric (mais il semble que Trump Jr commence à s’en lasser). Une inflexion se constate cependant, le site Twitter du parti républicain commence à aborder d’autres thèmes et Ronna McDaniel, la présidente de son comité directeur, ne fait plus directement mention des fraudes depuis le 23 dernier. Quant au sénateur Ted Cruz, il a jeté l’éponge depuis le 19. Le sénateur Marco Rubio l’avait précédé (rien depuis le 17). Même Kayleigh McEnany, porte-parole de Trump, commence à meubler son compte avec d’autres sujets.

L’obstination du Donald tourne à la farce et un site parodique vient de lui être dédié. Mais l’avocat Rudy Giuliani s’enferre, tout comme sa collègue Jenna Ellis qui veulent, le 30 prochain, dénoncer les fraudes devant un comité parlementaire de l’Arizona. Pour Jenna Ellis, renoncer à dénoncer la fraude reviendrait à renier sa foi chrétienne, laisse-t-elle entendre. Que rétorquer à cela ? L’objectif en Arizona est le même, soit d’obtenir qu’une majorité du congrès de l’État ne tienne pas compte de la victoire de Biden et ne désigne que des grands électeurs républicains. Aussi absurde que cela puisse paraître, Trump veut y croire et a déclaré qu’il ne se retirera que si la majorité voulue (270) des grands électeurs lui signifient son congé. Le feuilleton est donc appelé à perdurer. 

vendredi 27 novembre 2020

Animosité policière : les policiers voulaient-ils tuer « Michel » ?

Le  voisin ayant filmé a-t-il voulu  nuire à la police ?

Le site Loopsider diffuse une nouvelle vidéo de l’intervention contre Michel Zecler. Elle provient d’un voisin qui a filmé d’autres policiers. Sera-t-il (autant que Loopser) poursuivi par la justice ?


Non, assurément, la police n’est pas raciste (d’ailleurs, si certains policiers tabassaient une petite blonde, cela ne ferait pas de toute la police une institution sexiste). J’ajoute que puisqu’il nous est répété que les violences policières n’existent pas et que les évoquer risquerait d’étouffer un ministre, employons à présent l’expression d’animosité policière (au singulier, car le pluriel laisserait penser à une généralisation abusive, alors qu’il s’agit toujours d’un cas isolé).

J’ai écouté Monsieur Darmanin expliquer que sur la masse des interventions policières, il n’y en aurait que 0,3 % suscitant des récriminations (fondées ou infondées, il n’a pas précisé). Je parle de mémoire, mais je considère qu’il s’agit là d’un argument recevable.

Or donc, sous le titre « Nouvelle pièce dans le dossier de l’agression de Michel Zecler », le site Loopsider diffuse une vidéo supplémentaire de l’intervention. Elle est pris en extérieur, par un voisin. On entend « dernière sommation après on tire » après qu’une voix déclare « justement, je sors maintenant ». On ne sait pas quels sont les policiers qui plaquent le sortant au sol ainsi que de nombreux autres, en arrière, restent en retrait tandis que l’un ou l’autre d’entre eux rejoignent leurs collègues.

La question n’est pas de savoir s’il y a automatiquement distinction entre un quelconque justiciable et un membre des forces de l’ordre : rester en retrait relève-t-il du délit de mise en danger de la vie d’autrui ? La question est absurde puisque la police ne peut par définition, mettre en danger la vie d’autrui (en cas de risque immédiat de blessures).

Ce qui m’inquiète davantage, c’est que ni ce voisin, ni les responsables du site n’ont pris la peine de flouter les visages de tous ces policiers. Certes, ils sont nombreux à être masqués, certes il fait sombre, non, un visionneur lambda ne saurait mettre le moindre nom sur un seul de ces visages. D’autant que certains sont trop loin de l’objectif et d’autres sont filmés de dos. Mais en agrandissant ? Allez savoir...

L’absence de floutage vaut-elle intention de nuire à des policiers, donc à encourir d’être poursuivi ?

Et puis, dire, comme on l’entend « je n’ai rien fait, je n’ai rien fait du tout, monsieur » constitue-t-il un outrage ? Ou une incitation à quoi que ce soit ? Employer un simple « monsieur » n’est-il point cavalier ?

Ce riverain déclare « ils auraient pu le tuer ». Par inadvertance, bien évidemment.

Je n’étais pas sur place, donc je ne me prononce pas, mais je me demande quand même si se poser des questions ne soulève pas le soupçon d’être un élément subversif et si le fait d’avoir exercé la profession de journaliste n’est pas une circonstance aggravante.

Évoquons aussi ce délit « de se maintenir dans un attroupement ». Qui doit estimer le maintien dans un tel attroupement et à quelle distance ? Refluer à la fin d’une manifestation, en groupe, même en respectant les règles de distanciation constitue-t-il une manifestation de se maintenir dans un groupe et à partir de combien constitue-t-on un groupe ?

Un éditorial du Monde met en cause la hiérarchie policière. C’est en accès libre.

Comment ne plus se maintenir dans un attroupement. En s’éloignant en marchant au risque de susciter l’idée que l’on nargue la police, ou en courant, au risque d’indiquer qu’on pourrait avoir quelque chose à se reprocher ?

Le mieux, évidemment, serait de ne plus s’approcher du moindre attroupement, de ne jamais prendre en photo ou de filmer un ou des policiers. Je suggère donc de ne plus couvrir le moindre attroupement, à commencer dans les stades où jusqu’à 22 ou 30 personnes se réunissent, et de ne plus diffuser d’images de la moindre manifestation policière, que ce soit lors d’une commémoration ou d’une remise de décoration. Et puis, pour les faits divers, ne plus mentionner le moindre nom d’un policier devrait s’imposer. Un principe de précaution maximal devrait s’imposer de lui-même.

Relevons quand même les réactions de divers syndicats de police qui, même sans avoir entendu leurs collègues, les désavouent. L’un avait ouvert le ban, d’autres ont suivi. C’est assez insolite car nous étions plus habitués à des propos tels que ceux tenus par David Jacob, d’Alternative police (syndicat affilié CFDT) qui, ne connaissant pas le début de l’interpellation, appelle « à la plus grande prudence sur l’interprétation » qu’on peut faire des images diffusées.

J’aimerai signaler au camarade (je fus délégué du personnel journaliste CFDT) que le fond du problème est que, même si je peux imaginer que Michel Zecler aurait pu avoir un comportement, voire des paroles (semble-t-il du mode « je rentre chez moi », mais encore une fois, je n’y étais pas), on en vient à se demander comment interpréter cet appel à la « plus grande prudence ». J’ai eu à faire avec, professionnellement et individuellement, des policiers et des gendarmes affables, et ce n’est pas par crainte que je le redis. Aussi avec d’autres, mais cela restait dans l’acceptable ou l’excusable.

Et puis, Cher Camarade, la liberté de la presse consiste par exemple à pointer que des politiques ont favorisé des expressions communautaristes (notamment islamiques, voire islamistes) et d’estimer que, parfois, des responsables syndicaux, pour ne pas s’aliéner des votes, peuvent éluder les questions qui pourraient fâcher. Est-ce bien prudemment énoncé ou considérez-vous que c’est à vous seul d’en décider en votre qualité de policier ?

Trump : Donnie le moutard pique sa crise

Ou le poids plume et le président

Finalement, en raisons d’erreurs (coupables) des États fédéraux, Donnie le moutard pourrait quitter la Maison Blanche pour rejoindre sa crèche de Mar-a-Lago. En attendant, il fait du lourd dans sa couche.Il insulte le correspondant de Reuters et veut lever les protections des médias Big Tech.


Rappelez-vous… Mais non, en fréquentant ce blogue-notes, vous ne pouvez vous en souvenir car, en dépit de mon obsession pour Trump (The Guardian a évoqué une Trump trauma, c’est dire que cette affection est partagée), j’avais omis de vous le signaler. Car estimé secondaire.

Or donc, Trump s’était comparé à la « poule aux œufs d’or » de FoxNews dont il a châtié l’ingratitude en faisant la promo d’Oann et Newsmax, entre autres sites. J’avais aussi omis de signaler qu’il s’en était pris au correspondant permanent de Reuters car celui-ci était venu porteur d’un masque à une conférence de presse. Là, il l’a carrément remis à sa place : « Tu n’es qu’un poids plume, Tu causes pas au président comme cela ». Le confrère semblait vouloir poser une question sur les fraudes électorales.

Bof… Une anecdote de ce type ou une autre, on peut s’en passer. Plus intéressante est la manière dont Twitter exploite sa poule aux œufs d’or et la manière dont elle caquette en retour. Donald J. Trump, près de 90 millions d’abonnés, va finir par lasser. Mais son double très juvénile, #DiaperDon (Donnie le chiard) rapporte plus de fréquentation. Qui est donc ce personnage ? C’es une création multiforme qui amalgame des masses de comptes Twitter qui se manifestent aussi sur Facebook (la liste est longue depuis @DiaperboyEvents, compte du Gay Diaperboy in Los Angeles, jusqu’à @FullDiaperDon ou Turd will flush Jan. 20, soit la chasse emportera l’étron le jour de l’inauguration de Biden).

Pour suggérer un équivalent, DiaperDon est une Martine. Les Martine détournées par des graphistes ont fait lontemps florès en France (j’avais aussi commis des détournement d’albums de Martine à l’occasion). Dans la galaxie DiaperDon, vous avez aussi The Orangeman (référence au fond de teint du Donald) et tant d’autres, dont le president-eject (Trump), calqué sur le president-elect (Biden).

Or donc, Twitter à classé DiaperDon dans les courants tendance. Commercialement juteux, gonflant la fréquentation.

Pour Trump, Biden est un usurpateur finalement moins pénible que DiaperDon. Il a donc réagi par un tantrum (une crise de rage) sur Twitter. Donc, il se produira la même chose pour Twitter que pour Fox News (la chaîne a connu une baisse d’audience, du fait de la Trumpland, mais elle s’en remet), le message subliminal du moutard étant de migrer vers le concurrent Parler. Passe encore.


Mais il a insisté : « pour des raisons de sécurité nationale, la clause 230 doit être révoquée ». CV’est un article d’une loi de 1996, ou encore le Communications Decency Act. Lequel veut que les fournisseurs d’accès Internet et les réseaux sociaux sont exonérés de responsabilité s’ils répercutent des contenus tiers. Bref, Twitter ne peut être tenu responsable s’il relaie un, des DiaperDon. Il en va pourtant de la sécurité nationale, dixit Trump. Lequel se roule par terre en écumant après cette offense lèse-présidentielle.

Notez quand même que Biden, sans invoquer la sécurité nationale, veut aussi abroger cette clause, ou du moins la modifier pour que les réseaux soient considérés comme des éditeurs.

La Trumpland surenchérit sur Trump, il faut purger les traitres du FBI et du ministère de la Justice, curer le marigot de l’État profond. Elle hurle aussi à la censure et redoute que les totalitaires démocrates s’en prennent à Parler. J’ai même visualisé un détournement des logos Twitter et FB remplaçant la croix gammée du drapeau de l’Allemagne nazie.

Bon, le nombre des décès dus à la pandémie approche les 270 000 aux États-Unis, mais mieux vaut perdre la vie que voir le pays perdre Trump (non, je n’exagère rien, j’ai vu un message en ce sens).

En coulisses, le moutard ne perd pas le nord : il annule des règlements protégeant l’environnement via les services forestiers. Cela accélérera la pose d’oléoducs.

Trump continue aussi de purger le Pentagone de divers conseillers. Madeleine Albrigth et Henry Kissinger sont sommés de prendre leurs retraites, parmi d’autres, dont un amiral déjà retraité et des pesonnalités jugées trop proches de l’ancien président Bush.

Pour le moment, rien sur le front de l’Obamacare (« système totalitaire de protection sanitaire et sociale » pour Breibart, selon lequel le virus chinois a servi les visées de la Chine d’imposer la sécurité sociale au monde entier, donc, dont au « monde libre »).

À part cela, un élu trumpiste bon teint a incité Trump à s’accorder une grâce présidentielle, ainsi qu’à Joe Exotic, un éleveur de tigres condamné à 22 ans de prison pour maltraitance et menaces de mort visant l’une de ses détractrices. 

jeudi 26 novembre 2020

Thanksgiving, commémoration d’un massacre ?

 Banquet ou sanguinaire action de grâce

Angliciste (enfin, ancien…) et non américaniste, je me garderais bien de me prononcer sur les réelles origines de la fête de Thanksgiving. Si la question vous intéresse, je vous laisse poursuivre vos propres investigations.


Bien, Donald Trump, président en exercice, a accordé deux grâces présidentielles en quelques jours. Celle de la traditionnelle dinde (en fait des dindes) de Thanksgiving, et celle d’un condamné le général Michael Flynn, celle de Steve Bannon pourrait suivre. Je ne sais plus qui (Nancy Pelosi ?) a considéré que gracier le général équivalait à attester qu’il avait été coupable. De fil en aiguille, je me suis demandé de quoi la, les dindes de Trump (Carrots, précédemment, et là, Corn et Cob) étaient au juste coupables. De là, j’ai voulu me rafraîchir la mémoire à propos de la fête. J’en étais resté à la vulgate historiographique courante voulant que les Pères pèlerins, aidés par un Indien anglophone, avaient pu survivre grâce à la tribu indigène voisine, leur ayant enseigné la culture du maïs, et rendaient grâce à leur dieu (et non à ceux des Indiens). Me vint alors l’idée de comparer les versions francophone et anglophone de la page Thanksgiving. Sur la page anglophone, je vois bien que les Nations indigènes considèrent cette fête comme un jour de deuil, mais rien sur le romancier Benjamin Whitmer, crédité par la version francophone pour avoir fait remontér la fête à une vengeance ou vendetta entraînant l’extermination d’une tribu voisine, celle des Pequots (ou Mohegans-Pequots) de Plymouth et alentours. Bref, bien avant Custer, les pieux pères fondateurs ne se contentaient pas d’évangéliser. Ils réduisirent les survivant·e·s en esclavage (les enfants étant exterminés car inutiles) ou les vendirent. La page anglophone sur les Pequots ne fait pas non plus état du meurtre du colporteur John Oldham ayant entraîné l’élimination des Pequots. De même, l’entrée William Bradford (en ang.) ne mentionne pas ce que rapporte la page (en fr.) selon laquelle il aurait décrété une journée d’action de grâce pour célébrer la victoire sur les Pequots.

Les deux versions sont conciliables parce que les Pequots ne s’étaient pas fait que des amis parmi les tribus amérindiennes concurrentes alliées des pères fondateurs.

J’ai voulu comprendre d’où ce récit de massacre rapporté par wikipedia.fr provenait. Je suppute que la source en est un article du magazine Géo qui fait état de l’article de Whitmer dans America. L’américaniste Virgine Adane convient que « le fait de savoir si Thanksgiving commémore le banquet de 1621 ou le massacre de 1637 ne fait pas concensus. ». La vérité tient-elle un peu des deux en ce sens qu’elle aurait amalgamé les deux événements ? Je ne me prononce pas.

Ce qui fait concensus, c’est qu’au fil des années, la très pieuse nation des États-Unis a imposé une perception univoque de la fête, il s’agit de rendre grâce au dieu des chrétiens qui a donné (Colomb ou autres n’étant que des mortels) le territoire aux Étasuniens, lesquels sauvent le monde entier (du nazisme, du communisme, et à présent, avec Trump, des démocrates) de tous les périls, par la foi et les armes.

Pour la Trumpland, Donald Trump est l’élu de ce dieu, et il sauvera les États-Unis et l’univers connu (autres planètes incluses) des terrifiants dangers que constituent l’athéisme et ses dérivés économiques et sociétaux. Trump incarne l’éconationalisme, seule réponse aux dérives délétères.

Il subsiste pourtant, dans l’électorat républicain ou s’y assimilant, la faible possibilité que d’autres prophètes puissent remplir son rôle.

En témoignerait un sondage d’Echelon Insights, repris par Breitbart, selon lequel quand même, ils seraient 16 % à vouloir se distancer de Trump et même un tiers à souhaiter que d’autres que lui défendent les thèses de l’éconationalisme. Mais attention, pas question de le marginaliser trop vite, pour 53 %, il doit rester le porte-voix de cette bonne parole. Il s’agit de moyennes et sans surprise, l’électorat n’ayant suivi qu’une formation secondaire est plus trumpiste que celui ayant accédé (peu ou prou) à l’université. On pourra donc toujours compter sur lui pour éliminer ses concurrents et agonir ses détracteurs.

Je n’ai retrouvé qu’une source primaire sur ce sondage, qui ne porte pas sur la pratique religieuse des répondants, lequel laisse aussi penser que la Trumpland doute que le parti républicain reste sous l’emprise de Trump et affidés (ils ne seraient que 13 % à l’estimer). Le devenir du parti ne serait donc pas forcément lié à la devise Trump et son droit. C’est un peu rassurant. Mais le même institut considère par ailleurs que Trump a 52 % de chances d’emporter la primaire républicaine de 2024 (devant Mike Pence ? Ted Cruz et le Donald junior).

Dans son discours accordant son pardon aux deux dindes, Trump a fait diverses fois référence au divin, à la foi, aux prières. En fait, il a davantage fait référence aux Pères fondateurs, ne mentionnant qu’incidemment la tribu amérindienne Wanpanoag. Son discours marque une inflexion de la signification de cette fête. La phrase initiale laisse penser que ce serait dieu qui aurait conféré « les principes de liberté et démocratie » qui rendent ce pays « exceptionnel dans l’histoire du monde ». La fête commémorerait davantage la première moisson qu’autre chose. J’ai bien sûr la flemme de comparer les allocutions présidentielles depuis celle de George Washington d’octobre 1789 (celle de Trump ou de ses ghost writers semble quelque peu pompée sur la lettre de Washington).

Alors que la France véhicule un discours universaliste laïque, les États-Unis en cautionnent certains principes mais les déclarent dons de dieu, donc ne devant pas s’imposer par la raison, mais de par la volonté divine à toutes les nations. Toutefois, Thanksgiving est aussi devenue une fête commerciale. Elle est devenue aussi une fête de la récolte comme une autre (bien qu’un peu plus tardive par rapports aux contrées européennes). Ou une occasion, comme les réveillons, de se réunir en famille ou entre amis. Et puis, la Trumpland ne recouvre pas tous les États-Unis

mercredi 25 novembre 2020

Trump ne désavoue pas Sidney Powell

 Mieux que Qanon, le poulpe.

Le kraken, c’est une pieuvre géante (entre autres significations). C’est aussi une métaphore employée par la juriste Sidney Powell pour désigner l’État profond et une machination internationale pour voler la réélection de Donald Trump. Lequel semble accréditer cette hasardeuse hypothèse.


Reste-t-on en plein délire à la Maison Blanche ou pire, Trump propage-t-il sciemment une nouvelle théorie complotiste afin d’ancrer dans les esprits de ses électeurs que les États-Unis ont été trahis ?

Pour rappel : Trump avait présenté l’avocate Sidney Powell comme partie prenante de son équipe de juristes ; puis cette même équipe avait réfuté cette assertion. Pour Rudy Guiliani et consorts, les piteux conseils juridiques de Trump, Sidney Powell est un électron libre, une indépendante qui mène son combat judiciaire en soliste. Certes, mais hier, Trump n’a pas cessé de relayer des messages sur Twitter accréditant la validité des hypothèses délirantes de Powell et d’un autre avocat, Lin Wood, qui partage les allégations de Qanon. Lin Wood est un frappadingue qui cite des versets des apôtres pour garantir que toute la lumière sera faite sur la fraude électorale, en Géorgie en particulier.

Donald Trump n’a partiquement  pas cessé de relayer des sondages bidonnés (98,9 % de répondants voulant qu’il ne cède pas la place à Biden) et des liens soutenant les allégations de Powell ou Wood.

C’est devenu frénétique. Au point que, pour la première fois depuis des mois, je me suis assez raisonnablement posé la question (non point de la santé mentale de Trump en général, mais d’un accès de démence soudain). En fait, le plus plausible est que Trump fait la promotion de BreitbartNews, d’autres médias lui étant favorables, de Parler (concurrent de Twitter), et bien sûr de sa personne.

Ce n’est pas tout à fait nouveau, mais à ce point, en si peu de temps, 17 interventions sur Twitter, c’est du stakhanovisme. Où mènent les liens ? Vers des textes qui énoncent que le FBI, la CIA et le ministère de la Justice sont pleins de “Treasonous Swamp Rats” mettant leurs pattes sur les États-Unis au profit d’un complot international. Mais que, grâce à Trump, les Forces spéciales vont y mettre un terme, sauver les États-Unis et l’humanité toute entière (je n’invente rien, c’est signé d’une certaine Dianne Marshall qui rédige un obscur blogue-notes Wordpress ; c’est une sorte de prédicatrice portée sur la science-fiction).

Mais la moindre erreur de dépouillement est montée en épingle par les sites pro-Trump, lequel en tire de nouveaux, incessants arguments.

Certes, sa nièce, Mary Trump, une psychologue, maintient qu’il est quelque peu frappadingue. Mais tant que Donald Trump conservera l’impression qu’il est crédible pour ses partisans, ce que divers sondages attestent, il peut valablement estimer qu’il doit entretenir sa base., par tous les moyens, y compris les plus farfelus, dans l'idée qu'il fut en fait réélu. Cela reste une stratégie de publicité, d’autopromotion, et pour une majorité de ses partisans, abonder en son sens revient au même : avoir le sentiment d’exister davantage. Plus il se montre véhément, mieux ils se sentent autorisés à l’être et surenchérir.

Et puis, jusqu’à présent, le Comité national républicain ne s’est pas distancié de Trump. Ce dernier considère que les presque 74 millions de voix obtenues sont sa propriété personnelle et une majorité d’élus républicains considèrent toujours que se départir de Trump reviendrait à se priver de son électorat.

En fait, Trump se sent encore en mesure de choisir ses futurs candidats représentants, sénateurs ou gouverneurs. Il reste surtout persuadé que lui-même, ou son candidat ou sa candidate, emportera la primaire républicaine pour les prochaines présidentielles, en 2024. Dans ces conditions, passer pour un bouffon, un bateleur d’estrade, lui importe peu.

Un sondage Politico-Insight dresse l’état de la désunion des Étatsuniens.82 % de l’électorat Trump a voté pour Trump et non contre Biden prioritairement, et ils sont 79 % à penser que l’élection fut frauduleuse. Quant à Eric Trump, il veut faire croire que presque la moitié de l’électorat (47 % en fait) considère que « les démocrates ont volé l’élection ». Maintenir cette thèse n’est pas une lubie, mais une tactique au service d’une stratégie.

mardi 24 novembre 2020

Trump fléchit en raison d’un Judas du Michigan

Trump fait ses cartons, mais poursuit sa croisade

Quatre délégués électoraux du Michigan (deux démocrates, deux « républicains ») devaient ou non certifier les résultats des élections de l’État. Un Judas trumpiste ayant réuni sa voix avec celles des deux démocrates (l’autre,Norm Shikle, s’abstenant pour dénoncer les fraudes), on connaît la suite. Sauf si on s’en tient au fil d’actus d’Oann.


Je ne vais pas amplifier ce que toute la presse francophone rabâche ce jour : la transition entre le président Donald Trump et « l’apparent » président élu Joe Biden a pu commencer. En gros, Trump a fléchi partiellement, mais il continue à claironner que sa non-réélection fut truquée.

J’ai beau rafraîchir l’écran de la page d’accueil su site d’Oann (One American News Network), je ne vois rien à propos de cette histoire de transition. Breitbart, Newsmax, Fox News minorent certes que Trump a lâché du lest, mais en font au moins état, mentionnent.

Parlons d’autres choses, plus rigolotes. En Floride, un « républicain » a emporté un siège devant un démocrate de 32 voix seulement. Cela, en grande partie grâce à un candidat indépendant reprenant tous les thèmes de campagne du démocrate. Un candidat fantôme, mais doté de fonds publicitaires colossaux, provenant, selon Cnn, d’un membre de l’administration de Trump. Mais ce type de manœuvre serait légal. Dont acte.

Plus drôle, un élu trumpiste promettait un milllion de dollars à qui apporterait la preuve d’une fraude électorale. Un journaliste, ayant déniché qu’un électeur « républicain » avait fait voter sa défunte mère, a réclamé en vain cette prime (il en attend toujours le versement).

RTL répercute une fausse nouvelle, définie telle, qui a fait florès sur Facebook : la police allemande aurait trouvé la preuve de la fraude. C’était un représentant (député) trumpiste du Texas qui avait lancé l’intox avant de se rétracter. Sa page Wikipedia anglophone ne le mentionne pas déjà mais elle mérite d’être lue (notamment ses conceptions de la sexualité des caribous). Gohmert fut un républicain farfelu mais à peu près décent jusqu’à ce qu’il rejoigne le mouvement du Tea Party. Il est l’exemple quasi parfait de ce que Trump lègue à l’ex-parti républicain devenu tendance croupion du parti trumpiste.

Trump n’est pas le seul à maintenir que sa non-réélection fut truquée. Oann continue d’affirmer que George Soros était de la manœuvre. Pour Newsmax, les gains en voix de Biden sont statistiquement impossibles car ne reflétant pas l’essor de population dans les comtés cruciaux lui ayant fourni son avance en voix. Breitbart monte en épingle le trumpiste Garry Palmer (représentant de l’Alabama) qui veut que la Cour suprême se prononce sur la régularité de l’élection.

Quant à Trump, il affirme qu’admettre que le processus de transition soit amorcé « ne détermine qui sera le prochain président des États-Unis. ».

Je disais que les actuels élus républicains proéminents (ou se définissant encore tels) n’avaient été qu’une demi-douzaine, puis près de deux douzaines, à réclamer cette transition, ils seraient à présent une centaine. Cela en laisse suffisamment à Trump pour maintenir son emprise sur le parti. Et puis, il n’a pas simplement fait nommer de nombreux juges à la Cour surprême, il en a placé aussi dans les États fédéraux. Ainsi, le Texas et la Louisiane peuvent à présent légalement refuser de subventionner le planning familial.

Tant que Trump n’aura pas rejoint Mar-a-Largo sur l’île de Palm Beach, sa résidence personnelle, il peut toujours actionner diverses manettes.  Mais il (et si ce n’est lui, ce seront ses fils et affidés) restera influent.

Finalement Rudy Giuliani, le chef de l’équipe judiciaire de Trump, a admis pour Fox News qu’il avait « exagéré un peu » l’ampleur de la fraude électorale qu’il dénonçait à Detroit (Michigan). Mais, même si la sénatrice Shelley Moore Capito (Virginie occidentale) admet la victoire de Biden, elle n’en réclame pas moins que les enquêtes sur la fraude électorale doivent se poursuivre. Elle avait pourtant été estimée « trop libérale » par la tendance Tea Party. Après quatre ans de présidence Trump, elle a compris où se situaient ses intérêts, soit ne pas trop désavouer Trump frontalement.

Pour le moment, le comité d’action politique Save America, (le « fonds de défense de l’élection ») lancé début novembre, continue de recueillir des donations, ce fonds est destiné à financer les campagnes électorales de divers·e·s candidat·e·s. Le comité Trump Make America Great Again reste toujours actif.

Cela peut sembler invraisemblable, mais l’hypothèse que Trump préfère être sorti manu militari de la Maison Blanche le 20 janvier prochain, ne peut être exclue. La toute dernière de Trump en date, a été de se féliciter d’avoir obtenu des vaccins et que la bourse ait enregistré, grâce à lui, un nouveau record. Tout semble indiquer qu’il ne renoncera à s’exprimer en tant que président en exercice qu’à la toute dernière seconde. L’indice Dow a en effet atteint 30 000, on ne sait trop si cela est dû à l’annonce du début de la transition ou à d’autres causes, mais Trump s’approprie cette bonne nouvelle pour les investisseurs pouvant jouer en bourse. Après cette brève allocution, il s’est retiré sans daigner répondre au questions de la presse. Pour  AQndrew Feinber, du quotidien The Independent, les élus républicains n’auraient plus peur de Donald Trump, mais de ses fanatiques. L’ennui, c’est que Trump fera des émules en Europe. 

lundi 23 novembre 2020

Comment Trump manipule les infos

 Le Donald ne promeut que les titres lui convenant

C’est une histoire compliquée de tests de détection de la covid. Mais Trump en a profité pour pousser la fréquentation de Breitbart. Dont le « journaliste » élude quelques aspects de l’affaire.


Souvent, quand le Canard enchaîné sort une exclusivité reprise ailleurs sans en mentionner la source, le volatile ne manque pas de le faire remarquer. Cela, je ne saurais le reprocher à Jake Tapper, de Breitbart, qui cite un long extrait du Washington Post.

Cette affaire est déjà un peu réchauffée, puisque The Hill (autre titre de Washintown DC, pas très pro-Tump non plus) en fait état, tout comme des médias de Baltimore ou d’ailleurs…

En gros, le gouverneur républicain du Maryland, marié à une Sud-Coréenne, commande en Corée du Sud des centaines de milliers de tests covid pour son État. Ils seront décrétés défectueux. Pas par tous les laboratoires, mais quand même. Du coup, il les remplace par d’autres, de même provenance. Les démocrates du Maryland s’inquiètent dans un premier temps du retard de la mise en service des tests initiaux. L’affaire fuite. Cela finit par des articles dans le Washington Post, The Hill et d’autres.

Mais Trump attend que Breitbart traite l’affaire à sa manière pour renvoyer la Trumpland vers ce seul site en assortissant son message d’invectives contre Hogan “Anti-Trump Hero, Rino, Republican in name only, just as bad as the flawed tests”. Pas un mot bien sûr à propos des sources de Jake Tapper et de Breitberg.

Il faut le dire et le redire, tous les arguments dénoncés par les complotistes proviennent (quand ils ne sont pas totalement inventés) de la presse qu’ils dénoncent, la seule à pouvoir employer des journalistes d’investigation ou des secrétaires de rédaction à l’affût de ce qui est publié ailleurs. Le complotisme, c’est de l’habillage, ce que démontre parfaitement, par ses pratiques, Donald Trump. Ensuite, il faut ancrer l'idée que les seules sources dont les complotistes font état sont les seules fiables. C’est ce à quoi Trump s’emploie depuis qu’il a brigué l’investiture républicaine puis a pu accéder à la Maison Blanche.

Ce gouverneur républicain («  de nom seulement » pour Trump) a bénéficié d’une tribune dans le Washington Post (en fait une sorte de droit de réponse, même s’il n’a pas réfuté toutes les informations du quotidien, admettant aussi de fait, par omission, qu’il aurait pu mieux informer son administration de l’efficacité des tests initiaux). Breitbart fait fi de ses arguments.

En tout cas, cela fonctionne, selon le dernier sondage de l’institut de l’université Monmouth, 77 % de la Trumpland considère que l’élection fut frauduleuse et 88 % estiment qu’il est urgent d’attendre avant de se prononcer sur l’identité du vainqueur. Chaque nouveau sondage montre que l’obstination de Trump continue à élargir la base de ceux qui le croient, quoi qu’il fasse ou dise. L’étape suivante, à laquelle s’emploie le clan Trump, en particulier ses deux fils, sera sans doute de faire croire que les élections ayant porté des démocrates à la présidence (Clinton, Obama) étaient tout aussi frauduleuses. Finalement, seule l’élection du Donald, en 2016, n’aurait pas été entachée de manipulations.

La stratégie de Trump consiste en fait à saboter le mandat de Biden, en sachant fort bien que les républicains, y compris ceux qui se sont fort timidement distancés de lui (et il est sûr de renvoyer les autres dans leurs pénates, hors de la Chambre et du Sénat), finiront par lui vouer allégeance. Ni rompre, ni même plier, et la fin (ses intérêts) justifieront toujours tous les moyens. Réélu en 2024 (si ce n’est l’un de ses enfants), il parviendra sans doute à persuader « ses élus » que les États-Unis doivent rompre avec l’OMC (l’Oraganisation mondiale du commerce). America first. Trumpland d’abord.

Pour le deuxième jour de la réunion virtuelle du G20, ce dimanche, Trump a de nouveau écourté sa présence pour retourner jouer au golf, comme la veille. Mais il s’est au moins abstenu de poster un message sur Twitter avant quatre heures après le début de la séance. Il s’est surtout vanté d’avoir réduit la pollution atmosphérique aux États-Unis. On doit bien sûr le croire sur parole.

dimanche 22 novembre 2020

Trump réélu par la Cour suprême ?

De l’infaillibilité de S.-S. Donald Premier

Donald Trump a fait un peu de figuration lors de la réunion virtuelle du groupe G20. Au bout de treize minutes, il twittait sur la fraude électorale, et au bout de deux heures, il laissait les autres chef·fe·s d’États évoquer la pandémie sans lui : il avait golf. C’est ce qui se nomme filer à la donaldienne. Soit en anglais “to take French or Dutch leave’ et en allemande quelque chose comme « prendre congé à la française ».Depuis, il vaticine sur les fraudes électorales multiples.


On ne sait plus trop si Trump croit toujours qu’il a perdu l’élection ou s’il ne veut pas décevoir ses plus fidèles trumpistes, dont ses avocats. Pour lesquels, sa divine parole étant infaillible, il faut à tout prix abonder dans le même sens.

Un titre de Newsmax reprenant les termes de l’avocate Sidney Powell établit cette analogie. En Géorgie, le procès visant Dominion Voting Systems sera « biblique ». Powell établira que Dominion avait déjà faussé la primaire démocrate de 2016 au profit d’Hillary Clinton contre Bernie Sanders. Elle prouvera de même que le prétendu républicain gouverneur de Géorgie, Brian Kemp, fut stipendié par Dominion. Une société, nous apprennent Oann et Breitbart, entièrement infiltrée par des antifacistes. On croit s’enfoncer dans le délire. Pas du tout, c’est une question relevant des fondements de la foi chrétienne. D’ailleurs, comme l’énonce la conférence des évêques catholiques étasuniens, Joe Biden est un apostat, si ce n’est un hérétique puisqu’il ne s’oppose pas à l’avortement.

Tout cela semble dérisoire. Mais si significatif. Voici quelques jours, j’écrivais que le parti républicain n’existait plus et que les éminents républicains s’opposant à Trump se comptaient sur les doigts d’une seule main. Je n’avais pas tort alors (j’évoquais les actuels, non les ex-républicains ayant rejoint le Lincoln Project ou celles et ceux ayant rompu les ponts avec Trump avant son élection). Je dois rectifier aujourd’hui : ils se comptent sur un peu moins des doigts de deux mains (je maintiens, au moins jusqu’à la fin de ce dimanche, cela peut évoluer). Il y en a au moins trois de plus. Dont le sénateur de Pennsylvanie Pat Toomey, la représentante (députée) Liz Cheney, le représentant Adam Shiff. Tous les autres, hormis quelques obscurs seconds couteaux, ménagent au moins la chèvre Biden (qui pourrait éventuellement être déclaré président) et le chou Trump (qui a bien raison de ne vouloir prendre en compte que les votes légalement validés).

Que dit Adam Schiff ? Ce que je répète depuis un moment en d’autres termes. Pour lui, l’ex parti républicain est « devenu un culte ». Culte-relais d’une doctrine trumpiste dont l’un des dogmes, irréfragable, irrécusable pour la Trumpland, reste qu’Obama fut un président usurpateur (un faux pape, tel Anaclet II) car inéligible puisque né à l’étranger.

Pour Schiff, que ce soit par intérêt ou peur que Trump les voue à l’enfer, les trumpistes n’ont plus d’autre choix que de se dire pétris de dévotion. En serait-il de même à la Cour suprême où ils sont majoritaires ?

C’est ce sur quoi mise l’équipe juridique de Trump. Laquelle veut mettre à présent en avant devant cette cour le principe de l’inégalité de traitement. Les électeurs républicains n’auraient pas bénéficié de la même égalité de traitement que les électeurs démocrates, avantagés par des dispositions prises par divers États fédéraux. Il faudrait donc déclarer l’élection nulle, ou que le résultat soit inversé.

Il n’y a pas qu’Oann, Maxnews, Breitbart à relayer la bonne parole trumpiste. Real America’s voice est aussi du nombre croissant des médias ultra-conservateurs donnant la parole à des pasteurs, des révérends, prédicateurs et divers autres bateleurs, et c’est du très lourd. Foxnews est à présent à la traîne et se contente de répercuter les dires de Trump ou de ses avocats (l’un de ses animateurs, Tucker Carslon, ayant émis des doutes sur les preuves de la fraude, la chaîne rattrape le coup et son audience conservatrice). Le New York Post veut bien admettre que le temps est compté pour Trump mais que ses avocats ont toutes les bonnes raisons de continuer la lutte pour les libertés et de dénoncer « la presse corrompue ».

Il n’y eu que le sénateur républicain Kevin Cramer pour accepter un débat (avec Chuk Todd, de NBC Meetthepress) du dimanche — alors que tous les politiciens se précipitent pour se montrer le dimanche — et il s’est bien gardé de critiquer les actions judiciaires de Donald Trump.

Trump est là pour durer, d’une manière ou d’une autre, et un autre sénateur républicain, Mark Meadows, a décidé de ne pas se représenter… pour laisser son siège à Lara Trump, l’épouse d’Eric Trump, en Caroline du Nord, en 2022.

La présidente du parti trumpiste (ex-républicain), Ronna McDaniel, conforte la Trumpland dans l’idée que la fraude électorale a été favorisée. Il y a divers renouvellements à la Chambre et au Sénat en 2022. L’argument risque donc de resservir. Si Biden accède à la Maison Blanche, pendant deux ans, les Étasuniens s’entendront seriner qu’il transforme leur pays en État totalitaire avec un antéchrist à sa tête.

Cela peut sembler exagéré, voire ahurissant. J’aimerai hausser les épaules, me dire que je joue les Cassandre. Je ne m’exagère pas la portée du Comité Trump France. Mais j’avoue redouter une contagion plus générale. La chaîne russe anglophone RT (rt.com) veut bien faire état de « la victoire présumée » de Biden, mais relaie abondamment les accusations de fraude électorale. L’hypothèse de l’élection « volée » de Trump restera sans doute l’un des éléments alimentant la théorie d’un complot mondial (ou pour le moins des puissances dites occidentales).

On se rassurera, car selon le site Axios, sept sénateurs (dont une sénatrice), sept gouverneurs, et onze représentant·e·s du parti républicain auraient reconnu la défaite de Trump sans trop l’assortir de nuances. Je dois donc concéder que mes précédents décomptes étaient trop pessimistes. 25 quand même à ne pas clamer “Trump, Right or Wrong”. Reste à savoir si le prochain Sénat bloquera ou non (presque) toutes les initiatives de l’administration Biden.