samedi 27 juin 2020

L’Après-Brexit ou l’avenir radieux selon le Daily Express


Le Royaume-Uni récupérera la Normandie, la Guyenne, et annexera Nice

Du temps à perdre, un coup de mou ? Consultez le site du Daily Express et ses Brexit News. Soit les prévisions géopolitiques du plus chauvin des White Tops britanniques. Attendez-vous à savoir que Normandie, Aquitaine, vont exiger leur rattachement à la couronne d’Angleterre dès la prochaine fin décembre. Quant à la Promenade nicoise, elle se verra garantir le statut de dominion.
Naguère, en phase d’ennui ou de morosité, je jouais à Candy Crush Saga ou un quelconque jeu gratuit. C’est addictif, mais j’ai depuis trouvé beaucoup mieux, soit la lecture quotidienne du site du tabloïde The Daily Express. C’est un « bandeau blanc », mais son traitement du Brexit et de l’Union européenne rivalise en sensationnalisme et titraille tonitruante avec les Red Tops (SunDaily Star, Mirror & Record) s’intéressant aux tribulations d’Harry Windsor et Meghan Markle ou au tour de taille de la chanteuse Adele… Restons pondérés, le Mirror, catalogué pro-travailliste (se définissant intelligent tabloid) et l’écossais Daily Record restent d’une tenue acceptable sous leurs crêtes rouges.
Mais l’Express, chaque jour, c’est que du bonheur. Manchette du jour : Boris Johnson dédaigne l’aumône européenne (727 millions de livres, quand même) destinée aux hôpitaux britanniques. Le Royaume continue certes de contribuer au fond de solidarité européen (jusqu’à l’année prochaine) mais le Bojo refuse de mordre à la carotte. Il prèfère donner du bâton à l’Ursula (von der Leyen). La Bruxelloise peut lui faire toutes les danses du ventre, il l’envoie se rhabiller.
De toute façon, la sortie de l’Union se fera sans accord, la rupture sera brutale, et l’Express se félicite qu’un sondage Ipsos Mori pointe que deux-tiers des Britanniques en sont persuadés. Et sous-entendu, s’en réjouissent. Car, bien évidemment, le départ du Royaume marquera le début de la décomposition de l’Union européenne. L’effondrement est imminent. Premiers pays à mettre les voiles et rompre tout lien avec Strasbourg-Bruxelles : Pays-Bas, Autriche, Danemark et Suède. Mais ils pourraient, pour de toutes autres raisons, être précédés par l’Italie, voire la France. C’est « l’effet domino » du Brexit.
On avait eu, passé gaullien révolu, l'Europe, de l'Atlantique à l'Oural, mais demain, le Brexit accompli, ce sera l'avenir radieux du Royaume-Uni, de Penzance (Cornwall) à Vladivostok (Mandchourie orientale, soit d'un finisterre à l'autre).
Vous aviez cru que l’Angela (Merkel), incitait le Bojo à envisager les conséquences d’une rupture brutale ? Vous n’y êtes pas du tout. La chancelière incite au contraire ses homologues à se montrer conciliants avec le Royaume-Uni, à prêter une oreille plus attentive et bienveillante aux négociateurs britanniques. Car l’Allemagne, comme tous les autres pays membres, est au bord du chaos (La France à moins d’un doigt du précipice).  L’avenir de l’UE est « en lambeaux » jour après jour, voire d’une minute à l’autre. Quelle union d’ailleurs ? Craquelures, brisures sont devenues béantes, la zizanie est devenue cacophonique, les protestations montant de toutes parts sont stridentes. C'est tout juste si Andorre et San Marino ne pointent pas des missiles sur Bruxelles et Strasbourg.
Quant à Macron, il est honteux car humilié. Barnier sue à grosses gouttes, il vient de recevoir l’ultimatum terminal (et plus que décisif, impératif, incontournable) de la part de Frost (le chef-négociateur britannique qui glace Bruxelles d’effroi).
Macron en crise : il est désavoué par les Français et va être contraint, par un référendum que nous allons lui imposer, de se retirer (où ? À Baden-Baden, chez Angela ? À Wallis ou Futuna ?). Chaque jour, cinq-six titres alarmistes, sonnant, claironnant le déclin, le cataclysme européen. Car l’Union vacille, elle compte au moins 27 talons d’Achille, que ne peuvent plus soutenir autant de bras cassés (la névralgie sciatique européenne plie en deux le patient moribond).
C’est d’ailleurs pourquoi je m’attends chaque soir à découvrir au matin que tout l’ouest de la France à demandé son rattachement à la couronne britannique tandis que le maire de Nice supplie qu’on lui envoie des grenadiers et des gardes montés sur sa promenade dont l’asphalte se soulève déjà pour se tourner vers Londres.
À part cela l’actualité de l’Express se partage entre les faits et gestes de la famille royale et ceux des vedettes des séries télévisées (la reine est furieuse et va sévir ; Harry et Meghan vont le sentir durement passer, de toute façon, voyez comme ils se nippent depuis qu’ils ont fui en Californie, ils se sont totalement déconsidérés, ils tournent clochardisés ; d’ailleurs, Charles va leur couper les vivres ; quant à William, il est « désespéré »).
Mais, vous croyez pouvoir dérouler la page jusqu’aux rubriques sportives ou de divertissement sans qu’il soit de nouveau question du Brexit victorieux, triomphant, plongeant le continent dans la désolation ? Détrompez-vous : l’Express glisse au moins quatre autres articles sur le sujet genre “EU on brink” ou “EU crisis : Brussels fears collapse and economic disaster”. Ce dernier titre voisine aujourd’hui, en pied de page, avec un article « Comment réaliser un masque de beauté avec des ingrédients naturels ». Si.
Le reste du monde intéresse vaguement l’Express (“Ivanka Trump outrage” ; “Melania Trump Bombshell”). Mais aussi, ce jour, après l’avoir comme tout le monde ressuscité, le quotidien redonne Kim Jong-un pour mort ; il aurait été décelé « comme des indices bizarres en Corée du Nord »). Et Tro Kono, un ministre japonais aurait émis des « soupçons » quant à la santé de Kim. Bien, de vous à moi, attendons le 10 octobre et la fête du soixante-quinzième anniversaire de la formation du Parti du Travail de Corée. Les répétitions des mouvements de masse ont commencé, sans masque, a indiqué le Pyongyang Times. Lequel, tout comme l’agence officielle, dans sa rubrique des Supreme Leader’s Activities, liste chaque jour les messages qu’il adresse à un peu tout le monde (d’autres chefs d’États, un centenaire de Sunchon, un vétéran retenu 37 ans prisonnier au Sud). Et puis, pas plus tard que mercredi dernier, Kim a reçu des paniers de fleurs. L’agence KCNA (kcna.kp) a mis en ligne une très belle photo de l’un de ces paniers. Nous voilà tout à fait rassurés.