mercredi 15 juillet 2020

Éclaboussures cacateuses entre Amber Head et Johnny Depp


Boo and Pistol diffamés ?

Une fois n’est pas coutume, mais je ne peux m’empêcher d’aborder la rubrique pipeule avant que vous appreniez par ailleurs que la disputacio entre Amber Head et Johnny Depp va se fonder sur l’origine des colombins gluants et des étrons malodorants. La question cruciale : est-ce Amber Head ou les fox terriers Boo et Pistol de l’ex-couple qui ont déféqué dans le lit de l’acteur ?
Longtemps chroniqueur judiciaire, je n’aurais jamais rêvé d’avoir à relater un tel débat. Crucial pour la Haute Cour de Justice d’Angleterre et du Pays de Gallas (est-ce la division du banc de la Reine ou celle de la Famille qui traite de ce caca ? Pardonnez mon ignorance, temporaire). Toujours est-il que Johnny Depp poursuit le Sun qui l’avait campé en tyran domestique, frappant Amber Heard. Laquelle, d’ailleurs, accuse l’acteur de l’avoir violentée dès leur lune de miel à bord de l’Oriental Express, en juillet 2015.Un an plus tard, en avril 2016, une femme de ménage, Hilda Vargas, découvre des étrons, humains selon elle, dans  ou sur le lit de l’acteur. En fait, sous le drap du dessus. Amber Head assure que c’est le fait des fox terriers, ou du moins de l’un d’entre eux, Boo ou Pistol.
Là, j’estime qu’il faut s’en remettre à des experts en fox terriers. Mon badigeon de Madagascar, Ouigo, onc ne s’enfouit sous le drap de dessus, mais avec des fox, à quoi s’attendre ? On ne peut bien sûr transposer, d’autant que je lui fournis des croquettes qui « améliorent la qualité des selles » (en anglais :  stool quality, autant dire que Royal Canin, publicité non rémunérée, vous garantit le perfect poo canin). L’Evening Standard a donc bien insisté sur la déposition d’Hilda Vargas. Elle a maintes fois éliminé les déjections anales des deux terriers (comme quoi Ouigo n’est pas le seul à se soulager au besoin, pressant, un peu n’importe où, me voilà conforté). Pour elle, aucun doute, Boo et Pistol sont diffamés.
Petite différence et grandes conséquences. Va-t-on assister à des échanges polémiques entre la SPA, Brigitte Bardot, et les associations féministes à propos de l’origine des cacas incriminés ? Des op-eds, des tribunes libres, des pétitions ?
Mais les mêmes soutiendront-elles (ou ils) que deux gentils toutous puissent être injustement accusés ? C’est le dilemme de l’ornithorynque dont je vous entretenais précédemment…  Sororité certes, mais ne sont-ils pas choupinets Boo et Pistol ? Gravissime cas de conscience. Il est à relever que The Sun s'est bien préservé d'incriminer frontalement les deux toutous. Le véritable coupable serait l'auteur(e)  Io Tillet Wright, laisse-t-on le lecteur supposer. Une allégation qui ne sera pas approfondie, ni même reprise dans l'édition du lendemain. Lequel Wright, ou laquelle, c'est selon, a pris fait et cause pour Head. Mais pas encore au point de se désigner responsable du méfait. La cour, qui siège déjà depuis plusieurs jours, voit les débats s'engluer dans des affaires de pipi-caca. Car, aux dernières nouvelles, Depp est présumé avoir uriné dans sa demeure (avec des témoins indirects l'accréditant et d'autres l'infirmant). Si l'affaire vous intéresse, le Daily Mail s'étend très longuement sur les débats. Je présume que la presse française, faute d'un témoignage « de moralité », favorable ou défavorable émanant de Vanessa Paradis, restera circonspecte. Mais Closer, Gala, et quelques autres titres en font déjà leurs choux gras. Le plus étonnant : constater que le site de Morandini ne s'attarde pas sur de tels détails. 
Je sais, je sais que je divague. Que cette vaine tentative de faire d’une affaire de crottes le sujet post/pré covid bis restera vouée à l’échec, n’atteindra pas le ventilateur (will not hit the fan). Le cocasse ne rompt pas forcément quatre palmes à un ornithorynque. Mais imaginez-vous la scène : des magisrrat·e·s de la High Court visualisant une vidéo de matières fécales, de sentinelles, et s’interrogeant : fiente humaine ou animale ? «  Foire, bren, crottes, merde, fiente, fiente, déjection, matière fécale, excrément, repaire, laisse, esmeut, fumée, étron, scybale ou spyrathe ? » (Rabelais, Quart Livre). Je ne vous la baille pas belle : vérifiez, c’est authentique. Mais souffrez qu’à présent, j’aille bailler aux ornithorynques, il  se fait très tard (ou très tôt, c’est selon).

mardi 14 juillet 2020

Un peu de pub pour tuer le temps

NordVPN ne traque pas ses clients, mais les ornithorynques

Tout ce qui suit n’étant qu’un bavardage inconséquent et ô combien dispensable (sens deux, encore en gestation). Vous m’accorderez que je ne vous prends pas en traître. Cela étant, si vous vous êtes déjà infligé la lecture d’un Jean d’Ormesson, vous êtes parés pour ingurgiter tout le salmigondis qui suit…
Prétexte : un communiqué de presse de Skylie Akers, chargée des relations publiques de l’opérateur NordVPN. Il existe aussi un SudVPN (si, si… ce serait même « le VPN qui sent bon le sud » depuis les quartiers nord de Marseille, je n’invente rien, ah l’odeur du VPN remontant le Rhône au-dessus des jonques, avec serveur nu à Babylone, parmi les bananiers, merci, René Ehni, le Sundgauvien, pour ce titre mémorable).
Or donc, lors d’une dispensable (idem supra) prise de bec avec une bignole — concierge, et non de l’angevin pour louchon — de ma rue, je la vois soudain porter ses doigts à ses oreilles et les replier pour accompagner un « il paraît que vous seriez “journaliste” ». Vu le contexte, ces guilles gestuelles ne pouvaient être que de distanciation. Mais oui, ma bonne commère, et même honoraire (retraité), on reste consigné dans des bases de données de chargé·e·s de relations de presse. C’est fou comme une gestuelle peut quitter les cercles universitaires, passer à la télévision et finir d’aventure, au coin de la rue (merci Finkielkraut et Bruckner, pour ce titre devenu cliché à l’instar du fameux tzigane heureux de Petrovic et de l’anonyme adaptant en français le titre duveteux de son film oscarisé).
Or donc, après avoir expédié l’ultime dépêche de l’Agence centrale de presse, j’en coupais (ce qui consiste à disjoncter en quelque sorte), tous les fils. Plus d’ACP, L’AFP souveraine (laquelle fut l’un de mes autres râteliers, mais en piges seulement). Or donc, le matin même, averti de l’issue fatale, je recevais un fax et un coup de fil d’une attachée de presse vantant je ne sais plus quelle société. Je rédigeais illico une dépêche (j’avais cru comprendre que l’attachée était rétribuée en fonction d’une obligation de résultat : je lui faxais donc la dépêche en retour, laquelle à ma connaissance ne fut même pas reprise en bouche-trou).
Une vaste étude sur les bouche-trous manque à l’histoire de la presse. Du temps des mettages, nous disposions de multiples vignettes aux libellés passe-partout (n. m. invar.) destinées à s’éviter des prises de tête de mises en pages. Exemple authentique : « Abonnez-vous dès aujourd’hui à Paris-Soir et Paris-Soir-Dimanche ». Ou « Pour vos offres d’emploi, utilisez nos petites annonces couplées ». De minuscules publicités qui ne seraient pas refacturées pouvaient aussi en faire office. Style : « La Jouvence de l’abbé Soury se trouve dans toutes les pharmacies ».
Et d’Ormesson dans tout cela ? Eh bien, m’ennuyant ferme en allant visiter feu ma mère en maison de retraite, je tombais sur un « Poche » de l’académicien. Rarement lu en si peu de temps autant de choses insipides. Là, je m’avale les deux tomes (1874-1914) du Churchill de Randolph Spencer Churchill, le fils de Winston. Souvent fastidieux, très rarement palpitant, mais, en regard, cela donnerait presque l’envie de s’envoyer le Twenty-One Year, du même Randolph S. Churchill. Tandis qu’un d’Ormesson peut vous dégoûter à vie de lire quoi que ce soit d’autre du même.
De même, trop d’informatique peut tuer l’appétence pour l’informatique.
J’avais débuté en 1980 avec l’un des premiers modèles «  ultra-portables » dira-t-on un temps du marché. Un Epson à 8 ko de mémoire, programmes sur eproms, affichant six lignes sur un écran repliable sur le lecteur de bandes magnétiques. Puis, réduit au chômage, conscient de mes manques, j’achetais d’occasion à un technicien de maintenance une tour dont les trois disques durs contenaient tous les logiciels de sa clientèle. Tout exploré jusqu’à point d’heure. Enfin, Pixel, Création numérique, Créanum, trois irrégulo-mensuels destinés aux graphistes. J’explorai tout, le jour, la nuit jusqu’à l’aube. À l’affût de toute nouveauté, de toute astuce contournant « l’écran bleu de la mort-qui-tue », soit l’ultra-récurrent affichage d’après réinitialisation.
Eh bien, figurez-vous qu’à présent je n’ai qu’une confuse idée de ce que peut-être un VPN (réseau privé virtuel) et que je suis fort ravi de m’en contrebalancer. Toujours est-il que NordVPN va refacturer un jour à ses clients une expertise de PwC (Price non pas water-closet) leur assurant que leurs données ne sont pas conservées, que rien n’en subsiste dans les x tuyaux reliant ses 5 100 serveurs répartis mondialement. Alors, Skylie (l’attachée de presse), heureuse ?
Sans doute peu durablement car le navigateur Opera m’incite à activer son VPN « pour une confidentialité accrue ». Ouf, je peux cliquer sur « ne plus afficher ».
L’ai-je bien « ormessonisé  » ? Ou convient-il de tirer davantage à la ligne​?
Au fait, ai-je bien désactivé Google Analytics pour m’éviter d’ingurgiter les multiples biscuits-témoins du site NordVPN ? Je n’en compte pas moins d’une soixantaine.
J’avoue rester dubitatif, si ce réseau ne conserve pas de données personnelles, pourquoi indiquer qu’il peut être demandé de supprimer ces mêmes données ? Bah, c’est sans doute une obligation légale de le faire figurer. Si je me gourais, merci de ne pas relever : j’en m’en balance sans doute tout autant que vous-mêmes.
Figurez-vous que je n’ai même plus la curiosité de savoir interpréter « VPN à double saut » ou “Onion over VPN”. L’Oignon serait un routeur. Quel drôle de nom pour un routeur, pourquoi pas Libellule ou Papillon, qui serait plus mignon ?
En tout cas, cet oignon peut disparaître ou réapparaître, mais sans vous faire du Tor. Encore heureux, non, que cela reste inoffensif. Un VPN prestidigitateur, je ne l’aurais même pas imaginé, un coup l’oignon est à Panama, à un autre ailleurs, vers Madras ou Tirana. Pour vérifier, vous pouvez même sortir des bitcoins de la doublure de votre chapeau. Si, après tout ce qui précède, vous avez encore du temps à perdre, vous aurez droit à un essai gratuit de trois jours.
Vous n’aurez pas, paraît-il, à redouter des « attaques par la force brute » (en français dans le texte) surgies « d’une méga-brèche ». La force brute descendrait-elle des Croisées par des géofenêtres ? En s’accrochant aux rideaux ?
Si on vous avait dit que la poésie régresse de nos jours, sachez bien qu’on vous aura menti.
L’informatique mène à tout à condition d’y entrer… J’imagine déjà l’attaque brutale de noctambules ornithorynques venimeux électropercepteurs (leurs dards ou éperons sont situés aux chevilles, soit au-dessus des palmes). On ne sait jamais où un ornithorynque peut vous mener : à Kant (Umberto Eco), à Platon (Thomas Cathcart et son Platon et son ornithorynque entrent dans un bar). Contrairement au cochon, tout n’est pas bon dans l’ornithorynque, mais ses usages sont multiples, en dépit d’une versatilité (ou adaptabilité) limitée pour les cruciverbistes (fréquence inversement proportionnelle à son emploi dans les dictées de Pivot). C’est d’ailleurs pourquoi je fonde de formidables espoirs sur son utilité future dans le domaine de l’informatique à faible bruit (sous-domaine promis lui aussi à un grand avenir).
« Pourquoi bavarder plus ? ». Cette citation exacte est d’Henri Van Lier et dans le texte de sa conférence sur l’Anthropologie de la Publicité (1982), elle se situe vers le premier tiers de sa — longue – intervention. Comme quoi on finit par trouver plus verbeux (mais moins cuistre, heureusement) que soi.
L’ornithoryndique conduit fort loin. Ainsi, il(s) fourni(ren)t le titre d’un tome de Didier de Robillard, auteur du fameux chapitre « Revendiquer une lexicographie francophone altéritaire constructiviste pour ne plus saler avec du sucre ». Lequel ne traite pas du fameux dilemme de l’œuf et de l’ornithorynque, lequel ou laquelle, d’ailleurs ne chante pas. Mais le suggère (enfin, je l’imagine).
Mais pour continuer à faire mon d’Ormesson (je-moi ; moi-je… mon premier nougat, pour ne pas plagier trop flagrant la madeleine de Proust), je reviens à ce communiqué (en anglais : NordVPN’s no log policy confirmed). Traducteur de manuels de jeux informatiques un temps (dont l’un sur le baseball, l’horreur), de textes sur la typographie, titulaire d’un DÉSS de traduction spécialisée, j’avoue être devenu total incapable de vous en entretenir. Obfuscated (X0R) VPN ? Koikès ? P2P servers ? Paires de mes duos et bene pendentes ? Le little digital foontprint ? L’aube d’été au pied le plus léger possible ? Le minimal log  ? La bûche de Noël étique ? Bon, Chère Skylie, je case ici le nom de Laura Tyrell, votre supérieure semble-t-il (efficace pour revendiquer une augmentation ?). Ce n’est pas tout à fait de la Newspeak (Novlangue d’Océania), ce communiqué, mais je mets les bouts. Enfin ! Vous entends-je vous exclamer. Eh oui, ma commisération finit par tempérer ma verbosité. Et puis, c’est le moment de l’apéro. Pastis Bayanis, l’un des rares produits d’excellent rapport qualité-prix chez Carrefour Bio. Enfin une info, à vérifier par vous-mêmes si l’anisé vous en dit.

dimanche 12 juillet 2020

Les nouveaux exploits postaux

Ou des colis de Bretagne à Paris (l’USPS à la Framçaise)

Pandémie de covid et troubles psychiatriques. La presse développe le thème d’une « deuxième vague psychiatrique » post-déconfinement, je ne développe pas cette généralité. Mais entrons dans les détails : cette nouvelle vague affecterait-elle plus particulièrement les postières et les postiers ? Réponse par l’exemple.
Il me semble vous avoir déjà entretenu de mes expéditions d’attestations pré-remplies (imprimées avec patronyme, &c.) de circulation lors du confinement. Rappelons les : même jour, même heure, deux enveloppes déposées dans une boîte jaune. L’une à destination d’un patelin de l’Aisne, qui parvint à peine plus de trois semaines plus tard à destination ; l’autre expédiée à un ami du même arrondissement (qui ne fut reçue, décachetée et vide, que plus d’un mois plus tard).
Depuis, le sort s’est acharné sur ce même ami, écrivain, membre de sociétés dites savantes publiant des bulletins, livres, documents. Son nom importe peu (on le retrouvera aisément dans mes précédents billets).
Voici donc que, de Morlaix (Bretagne) lui furent adressés trois exemplaires des derniers Cahiers (de la Société Octave Mirbeau pour ne pas la nommer). L’expéditeur commet une coquille par omission dans l’adresse du destinataire, (il saute l’avant-dernière lettre du nom de la voie).
Pour la démonstration, admettons que ce destinataire résiderait 51, rue de Montmorency, troisième arrondissement (adresse réelle, mais qui n’est pas celle de notre écrivain).
L’expéditeur libelle Monsieur Unte ; 51, rue de Montmoreny, 75003 Paris (manque donc une lettre cruciale, le c, mais pas la m capitale et les suivantes, sauf l’avant-dernière… glissons).
Le paquet fut donc — une première fois — retourné à l’expéditeur. Lequel, renouvelant l’expédition, prit bien soin de ne pas récidiver dans l’erreur, relut et, confiant, posta.
Je ne sais si, à Morlaix, les bureaux de poste restent accessibles chaque jour ouvrable. Mais dans l’Aisne, comme dans certains secteurs parisiens, il convient de se renseigner à l’avance. Beaucoup ont fermé définitivement, d’autres n’ouvrent que deux-trois demies-journées hebdomadaires. À Paris, la Poste réalise des opérations immobilières, dans l’Aisne, il serait vain de l’espérer.
Toujours est-il que, cette fois, le colis lui revint avec la mention « n’habite pas à l’adresse indiquée ». Ni pas, ni plus, n i moins, depuis plus d’un quart de siècle, le destinataire reste fidèle à son domicile, et hormis ce colis, d’autres plis ou lettres ou paquets (tous les auteurs savent à quel point leur courrier est abondant) sont fréquemment déposés à cette adresse correctement libellée.
Nous en serons bientôt à la troisième tentative, cette fois en colis suivi, voire sous forme de trois lettres d’une épaisseur inférieure à trois centimètres (la question étant débattue). Bien sûr, c’est plus onéreux. Mais sachant que l’investissement préalable approche à présent les 20 euros, passé un certain stade, on ne compte plus.
Je ne sais pas si vous suivez l’actualité internationale et les discussions au Congrès de Washington DC pour tenter de revitaliser ou saborder l’USPS, le Postal Service des États-Unis d’Amérique. L’USPS sera en faillite l’an prochain, et d’aucuns peuvent penser que tout fut organisé pour qu’il en soit ainsi. Le secteur privé est bien évidemment tout disposé à prendre la relève.
Arguer, pour La Poste, que la « deuxième vague psychiatrique » d’après covid ait lourdement affecté un peu tout le monde (employés de La Poste, usagers) pourrait préparer les esprits. Mais il serait encore plus convaincant de persuader les usagers qu’ils ont perdu la boule. Regardez : ils ne savent plus correctement orthographier les adresses, voyez, ils ne savent plus tout à fait où ils habitent…
L’opération a bien réussi avec l’ANTS (l’Agence national des titres sécurisés) pour les cartes grises, et la pression est soigneusement mise sur les demandeurs du document de permis de conduire. Encore quelques efforts, et La Poste parviendra à faire valoir que mieux vaut s’adresser à la concurrence (plus chère, mais plus sûre).
Tenez, quand tout le monde aura compris que pour faire aboutir une démarche, faire parvenir un document, il faudra avoir recours à un huissier certifiant que toutes les pièces sont bien réunies, que l’adresse est valide et conforme, lequel huissier se rendra au service destinataire ou à l’adresse vérifiée soigneusement, toute solution alternative moins longue et moins coûteuse semblera préférable. Cela créera des emplois dans le secteur privé, rapportera de la TVA, de l’impôt sur les sociétés.
Selon 60 millions de consommateurs, depuis janvier dernier, La Poste a déjà affaibli les modalités régissant les « lettres suivies » ; désormais, la surtaxe ne garantit plus que de connaître la date de distribution ou « le motif de non-distribution ». Motif  laissé à l’imagination de qui en décidera ?
Pour les colis, c’est désormais une filiale ViaPost, qui s’en chargera, avec des sous-traitants pour sous-traiter les colis confiés en sous-traitance par des entreprises privées ? Vous vous perdez, sur le site de l’entreprise La Poste, dans sa tarification ? Pas grave, il y a l’application (payante) Timbré pour vous simplifier la recherche. Plus de bureau près de chez vous ? Pas grave, le plus proche Auchan ou Carrefour vous dépannera pour les opérations les plus courantes. En revanche, la Caisse des Dépots favorise l’association de Ma French Bank (Banque postale) avec Orange Bank afin de proposer une offre bancaire digitale aux 7-17 ans.  Histoire de les abreuver de publicités et de les inciter à consommer ? Pour leur vendre le timbre commémoratif Luis Mariano, à 1,16 euros (sans le prochain tarif pour les timbres courants, autant habituer les esprits), il faudra savoir se montrer persuasif.
En attendant, il paraîtrait que le coup de l’ « adresse invalide », soit devenu le procédé commode pour la ou le CDD lâché sur un secteur au petit bonheur afin d’éviter les heures supplémentaires non-rétribuées pour tenter d’achever une tournée. Comme ils ou elles craquent vite, c’est « au suivant, au suivant ».
Il reste bien sûr les courriels. Désormais La Poste Mobile est devenue une sous-traitante de SFR (qui détenait déjà 49 % de cette filiale).
Quant à l’épilogue de l’anecdote du colis de livres (re)parti — ter — de Morlaix, je vous donne rendez-vous fin décembre. Cette fois affranchi avec des timbres Luis Mariano, il parviendra peut-être via la cheminée, aux bons soins d’un petit papa Noël…