samedi 19 septembre 2020

Les Traoré et les Zemmour, comparaison n’est pas raison ?

 La « mère » d’Éric Zemmour aurait-elle eu tort ?

Franchement qu’Éric Zemmour soit poursuivi pour préférer des Corinne ou des Marie-Chantal à des Hapsatou ou Zohra, je trouve cela… limite ridicule, ou plutôt de la veine des offuscations surjouées du dit Zemmour, Éric. Peut-être en revanche faudrait-il lui remémorer que se prénommer Roland, William ou Gilbert n’est pas un gage de civisme ou de respectabilité...


Pas d’amalgame, comme on dit, et Brik (présumé devenu Éric) Zemmour, qu’il soit fils de Saädia Zemmour, devenue paraît-il – ce que je n’ai pu établir – Lucette, épouse de feu Roger Zemmour (enfin, si j’en crois Aknapress, site marocain disparu, mais je n’exclus pas qu’il s’agisse d’un conte concocté par le quotidien Assabah, et repris par des sources que je ne qualifierais pas de fiables) doit être considéré pour ce qu’il dit et fait et non parce qu’il se prénommerait Brik ou Éric. Idem pour Hapsatou ou Rachida qui n’ont pas estimé judicieux de se doter d’un pseudonyme à consonnances bretonnes ou basques ou alsaciennes. Ce qui est sûr, c’est que je n’intenterai pas un procès à ce Zemmour s’il lui était venu de me reprocher les prénoms de Keveren ou Meriadec : si on commence à monter en épingle tous les propos des bateleurs, on finira par engorger davantage les tribunaux. Surtout, ce n’est pas là du tout mon propos.

Pas d’amalgame non plus, et s’il existe un lointain, voire même étroit, cousinage entre Éric Zemmour et les fameux « frères Zemmour » (en fait Zemour), ceux de Sétif, Algérie, de fort fâcheuse réputation, cela ne disqualifie pas tout ce qu’il dit. Il est certes outrancier, mais n’a pas toujours tout faux sur tout. Il lui advient d’aborder posément des sujets d’intérêt général. Qu’il se dise pour une Europe de Brest à Vladivostok me semble quelque peu discutable (de l’Atlantique et des îles Féroé à l’Oural me semblerait plus réaliste), mais cela reste cohérent avec ce qu’exprime Jean-Pierre Chevènement. C'est une opinion qui lui vaut notoriété sur Sputnik, mais si on commence à reprocher à tout un chacun de faire son auto-promotion, où finira-t-on ?

Pour tourner la page de ces histoires de prénoms, je ne vais pas cracher sur les tombes des femmes françaises qui ont prénommé des fils Konrad ou Helmut sous l’Occupation. Encore que, devant celle de la mère d’un Adolf, issu des œuvres d'un « frère humain SS » (ça, c'est du Zemmour, quelque peu détourné de son contexte, dont acte), je veuille m’en remettre au bénéfice du doute et à d’éventuelles circonstances atténuantes.

Pas d’amalgame non plus entre non pas la famille Traoré, mais des membres de la famille Traoré, et non pas toute la famille des frères Zemmour (Roland Zemour et ses quatre cadets), mais force est de constater que les uns (les Zemmour ou Zemour) ont pu davantage prospérer quelques décennies que les autres (les Traoré). Tenter d’en déterminer les causes serait se hasarder : mettons qu’autres temps, autres mœurs, et qu’il fut une époque durant laquelle la police préférait observer plus lentement, et se gardait d’interpeller prématurément. Il se peut que d’autres facteurs aient pu entrer en ligne de compte, mais, ne m’étant pas penché sur le dossier Zemour frères, j’en ignore tout et ne suppute rien.

Je ne sais pas non plus si Mahamadou Fofana était ou non vraiment un cousin proche ou éloigné d’Adama Traoré. L’avocat de la famille Traoré assure qu’ils étaient cousins germains. Pour le moment, Me Yassine Bouzrou ne soutient pas que toute la famille élargie d’Adama Traoré faisait l’objet d’une surveillance particulière. Toujours est-il qu’il, Mahamadou, posait bien au bras d’Assa et Youssouf Traoré lors d’une manifestation publique en la mémoire d’Adama. Les voilà tous deux décrits bons maris, bons frères, bons pères, &c. L’une des ex-compagnes de Gilbert Zemour assure que ce dernier avait toutes les qualités. Était un bon père, &c. La mère d’Éric Zemmour aurait-elle eu tort ?

Franchement qu’Éric Zemmour soit poursuivi pour préférer des Corinne ou des Marie-Chantal à des Hapsatou ou Zohra, je trouve cela… limite ridicule, ou plutôt de la veine des offuscations surjouées du dit Zemmour, Éric. Peut-être en revanche faudrait-il lui remémorer que se prénommer Roland, William ou Gilbert n’est pas un gage de civisme ou de respectabilité ;

Pas d’amalgame, comme on dit, et Brik (présumé devenu Éric) Zemmour, qu’il soit fils de Saädia Zemmour, devenue paraît-il – ce que je n’ai pu établir – Lucette épouse de feu Roger Zemmour (enfin, si j’en crois Aknapress, site marocain disparu, mais je n’exclus pas qu’il s’agisse d’un conte concocté par le quotidien Assabah, et repris par des sources que je ne qualifierais pas de fiables) doit être considéré pour ce qu’il dit et fait et non parce qu’il se prénommerait Brik ou Éric. Idem pour Hapsatou ou Rachida qui n’ont pas estimé judicieux de se doter d’un pseudonyme à consonnances bretonnes ou basques ou alsaciennes. Ce qui est sûr, c’est que je n’intenterai pas un procès à ce Zemmour s’il lui était venu de me reprocher les prénoms de Keveren ou Meriadec : si on commence à monter en épingle tous les propos des bateleurs, on finira par engorger davantage les tribunaux. Surtout, ce n’est pas là du tout mon propos.

Pas d’amalgame non plus, et s’il existe un lointain, voier même étroit, cousinage entre Éric Zemmour et les fameux « frères Zemmour » (en fait Zemour), ceux de Sétif, Algérie, de fort fâcheuse réputation, cela ne disqualifie pas tout ce qu’il dit. Il est certes outrancier, mais n’a pas toujours tout faux sur tout. Il lui advient d’aborder posément des sujets d’intérêt général. Qu’il se dise pour une Europe de Brest à Vladivostok me semble quelque peu discutable (de l’Atlantique et des îles Féroé à l’Oural me semblerait plus réaliste), mais cela reste cohérent avec ce qu’exprime Jean-Pierre Chevènement.

Pour tourner la page de ces histoires de prénoms, je ne vais pas cracher sur les tombes des femmes françaises qui ont prénommé des fils Konrad ou Helmut sous l’Occupation. Encore que, devant celle de la mère d’un Adolf, je veuille m’en remettre au bénéfice du doute et à d’éventuelles circonstances atténuantes.

Pas d’amalgame non plus entre non pas la famille Traoré, mais des membres de la famille Traoré, et non pas toute la famille des frères Zemmour (Roland Zemour et ses quatre cadets), mais force est de constater que les uns (les Zemmour ou Zemour) ont pu davantage prospérer quelques décennies que les autres (les Traoré). Tenter d’en déterminer les causes serait se hasarder : mettons qu’autres temps, autres mœurs, et qu’il fut une époque durant laquelle la police préférait observer plus lentement, et se gardait d’interpeller prématurément. Il se peut que d’autres facteurs aient pu entrer en ligne de compte, mais, ne m’étant pas penché sur le dossier Zemour frères, j’en ignore tout et ne suppute rien.

Je ne sais pas non plus si Mahamadou Fofana était ou non vraiment un cousin proche ou éloigné d’Adama Traoré. L’avocat de la famille Traoré assure qu’ils étaient cousins germains. Pour le moment, Me Yassine Bouzrou ne soutient pas que toute la famille élargie d’Adama Traoré faisait l’objet d’une surveillance particulière. TJours estt-il qu’il posait bien au bras d’Assa et Youssouf Traoré lors d’une manifestation publique en la mémoire d’Adama. Les voilà tous deux décrits bons maris, bons frères, bons pères, &c. L’une des ex-compagnes de Gilbert Zemour assure que ce dernier avait toutes les qualités. Était un bon père, &c. ElisabethBathory (la Hongroise princesse) ou Barbe bleue aimaient peut-être les chiens, moi aussi, et alors ?

Philippe Bilger ne tombe pas non plus dans l’amalgame mais relève qu’Éric Zemmour et les Traoré partageraient une « obsession de radicalité et de généralité » et une commune manière de concevoir « la guerre par les mots et l’attaque à outrance » (dans un billet de juillet dernier).

Pour en revenir au point de départ, poursuivre Zemmour pour des propos discutables portant sur des prénoms me semble ressortir du même battage médiatique. Je peux concevoir qu’Hapsatou Sy ait pu être sincèrement offusquée mais il y avait-il vraiment lieu de lancer une pétition contre « des messages incitant à la haine » et de porter plainte ? Prénommer son second enfant Isaac Haroun suffisait en matière de réplique.

Quant à Éric Zemmour, avant de s’emporter, il devrait peut-être se pondérer. Que dirait-il si un confrère sénégalais accusait un autre Sénégalais d’avoir prénommé son fils Léopold (comme Sédar Senghor) et lançait que c’est une insulte au Sénégal et aux peuples colonisés ? Faut-il se prénommer Diogoye (comme le père de Léopold Sédar) pour être un authentique Sénégalais ? Diogoye Senghor avait voulu honorer un ami et notable, Léopold Angrand, qui dénomma ses fils Armand-Pierre et Alexandre. Bon, Éric (on ne se connaît pas, mais il m’autorisera cette familiarité concitoyenne, limite confraternelle) me rétorquerait-il que c’est là un raisonnement de bric et de broc ? Ou de brik et de brok (en breton de La Villemarqué) ? Soit branquignol, en bon français de Molière (anachronisme ? je ne sais) présumé dérivé du provençal ou du lyonnais, c’est selon. Simuler la rabia (la rage en pataouète) au moindre prétexte pour mettre le jaleo (ou barouf), ce n’est pas très patos ou gavatcho, soit dit sans chicaya inutile.

Nous en sommes, sous prétexte à ne plus pratiquer la langue de bois, et aussi, il faut bien se l’avouer, par lassitude d’un politiquement correct trop envahissant, à ne plus mâcher ses mots, un peu trop parfois.

De manière mesurée et vraiment sans volonté polémique, j'estime qu'il serait bon qu’Éric Zemmour se remémore que les rapatriés, alors même que Ben Bella et consorts les faisaient massacrer, en masse à Oran, n’ont pas reçu de prime abord, le meilleur accueil en métropole. Certes, ce n’est pas pareil, assurément, l’intégration de plus d’un million de personnes fut facilitée, et ce, de part et d’autre. Mais certains propos du Gaston Defferre de l’époque ne l’ont pas honoré. Il s’en fallut de peu que les excès de langage de certains Français métropolitains l’emportent (souvenez-vous du slogan des dockers CGT : « les pieds-noirs à la mer »). Souvenez-vous, Éric, de ce que disait de Gaulle d’Edmond Jouhaud. Imaginez maintenant un tribun, un orateur de votre puissance s’emparant d’éléments de discours, les surmultipliant. Mettant tous les Zemour et Zemmour dans le même sac ou tonneau percé à larguer au large. Comment l’auriez-vous qualifié, en 1974, du temps de vos seize ans ? Auriez-vous dénoncé l’angélisme pro-rapatriés de ses contradicteurs ? Encore une fois, j’estime excessif de vous reprocher certaines (pas toutes) dérives de langagières. Je ne m’étends pas : kenavo, bon vent, bonne petite brise, prenez de l’âge, mûrissez du mieux possible. Pour qu’on ne finisse pas par penser, comme Riss dans Charlie : « Virginie Zemmour et Éric Despentes : les deux font la paire. ».

Philippe Bilger ne tombe pas non plus dans l’amalgame mais relève qu’Éric Zemmour et les Traoré partageraient une « obsession de radicalité et de généralité » et une commune manière de concevoir « la guerre par les mots et l’attaque à outrance » (dans un billet de juillet dernier).

Pour en revenir au point de départ, poursuivre Zemmour pour des propos discutables portant sur des prénoms me semble ressortir du même battage médiatique. Je peux concevoir qu’Hapsatou Sy ait pu être sincèrement offusquée mais il y avait-il vraiment lieu de lancer une pétition contre « des messages incitant à la haine » et de porter plainte ? Prénommer son second enfant Isaac Haroun, en hommage au Poussah de Goscinny, allez savoir) suffisait en matière de réplique.

Quant à Éric Zemmour, avant de s’emporter, il devrait peut-être se pondérer. Que dirait-il si un confrère sénégalais accusait un autre Sénégalais d’avoir prénommé son fils Léopold (comme Sédar Senghor) et lançait que c’est une insulte au Sénégal et aux peuples colonisés ? Faut-il se prénommer Diogoye (comme le père de Léopold Sédar) pour être un authentique Sénégalais ? Diogoye Senghor avait voulu honorer un ami rt notable, Léopold Angrand, qui dénomma ses fils Armand-Pierre et Alexandre. Bon, Éric (on ne se connaît pas, mais il m’autorisera cette familiarité concitoyenne) me rétorquerait-il que c’est là un raisonnement de bric et de broc ? Ou de brik et de brok (en breton de La Villemarqué) ? Soit branquignol, en bon français de Molière (anachronisme ? je ne sais) présumé dérivé du provençal ou du lyonnais, c’est selon. Simuler la rabia (la rage en pataouète) au moindre prétexte pour mettre le jaleo (ou barouf), ce n’est pas très patos ou gavatcho, soit dit sans chicaya inutile.

Nous en sommes, sous prétexte à ne plus pratiquer la langue de bois, et aussi, il faut bien se l’avouer, par lassitude d’un politiquement correct trop envahissant, à ne plus assez mâcher nos mots, un peu trop parfois, on se laisse emporter.

De manière mesurée et vraiment sans volonté polémique, il serait bon qu’Éric Zemmour se remémore que les rapatriés, alors même que Ben Bella et consorts les faisaient massacrer, en masse à Oran, n’ont pas reçu de prime abord, le meilleur accueil en métropole. Certes, ce n’est pas pareil, assurément, l’intégration de plus d’un million de personnes fut facilitée, et ce, de part et d’autre. Mais certains propos du Gaston Defferre de l’époque ne l’ont pas honoré. Il s’en fallut de peu que les excès de langage de certains Français métropolitains l’emportent (souvenez-vous du slogan des dockers CGT : « les pieds-noirs à la mer »). Souvenez-vous de ce que disait de Gaulle d’Edmond Jouhaud. Imaginez maintenant un tribun, un orateur de votre puissance s’emparant d’éléments de discours, les surmultipliant. Mettant tous les Zemour et Zemmour dans le même sac ou tonneau percé à larguer au large. Comment l’auriez-vous qualifié, en 1974, du temps de vos seize ans ? Auriez-vous dénoncé l’angélisme pro-rapatriés de ses contradicteurs ? Encore une fois, j’estime excessif de vous reprocher certaines (pas toutes) dérives de langagières. Je ne m’étends pas : kenavo, bon vent, bonne petite brise, prenez de l’âge, mûrissez du mieux possible. Pour qu’on ne finisse pas par penser, comme Riss dans Charlie : « Virginie Zemmour et Éric Despentes : les deux font la paire. ».

Trump va-t-il offrir Formose à la Chine ?

Une hypothèse peu loufoque de Rohan Silva

Rohan Silva, LSE, MIT, et chroniqueur pour The Evenening Standard est un garçon sympathique, propre sur lui, et nullement un complotiste. Son hypothèse sur l’issue chaotique des élections étasuniennes de novembre m’a frappée « au coin du bon sens ». Tout laisse penser que les démocrates et les républicains (enfin, plus précisément, la Trumpland) contesteront sans fin le résultat des élections de novembre. Et à qui cela pourrait-il profiter le plus ?

C’est peut-être parce que je relis les chroniques, lettres et carnets d’Orwell (Eric Blair), enfin, le troisième tome, celui de sa fin de vie, que je me suis senti très sensibilisé par la chronique de Rohan Silva dans l’Evening Standard, intitulée “China is the real threat if the American election is derailed this November”.

Bon, il n’exclut pas non plus que la Russie, la Corée du Nord, l’Iran, mais à mon humble avis aussi le Royaume-Uni, la Turquie, et tout pays sachant saisir l’opportunité du moment, le vent des occasions, saura tirer parti de ce qui semble prévisible, si ce n’est inéluctable. Soit que Trump, vainqueur en votes des grands électeurs ou perdant, s’accrochera à la Maison Blanche. Qu’il soit vainqueur en voix ou autrement importe peu, perdant de même. Il s’incrustera de toute façon, et si vainqueur, les démocrates cette fois, contesteront (ce que n’avais pas fait Al Gore face à Bush). Même réélu, Trump voudra absolument établir qu’il l’aura été magnifiquement et fera passer la politique intérieure, et sa gloriole, avant tout autre considération. Les démocrates, surtout s’ils se renforcent au Sénat, ne pourront que relever le gant.

Faute d’un coup d’État militaire (je sais, j’extrapole à fond), les États-Unis seront paralysés, l’aigle rivé sur son nombril (métaphore douteuse qu’aurait désavouée Buffon ; digression, sur Google, si vous cherchez Buffon, c’est Gianluigui Buffon, le joueur de balle au pied, qui remonte en premier, la cancel culture, elle se poursuit  et prolonge ainsi).

Rohan Silva n’est pas complotiste, mais il relève que la coronavirus a permis à la Chine de mettre au pas Hong Kong. C’est un fait. Même si tout le monde n’était pas en train de se tester, il en aurait peut-être été de même. Notez bien que je ne suis pas en train de vous soutenir que la Chine a créé le virus à Wuhan pour permettre à Erdogan de renforcer l’influence turque islamiste en Albanie, au Kosovo et en Bosnie, en attente de retour sur investissement. N’importe qui fait son beurre avec de telles inventions que n’importe quoi de bien tourné permet d’étayer : il suffit de le marteler sur YouTube et vous engrangez des retombées.


C’est laisser subodorer que 1984 était à la fois prémonitoire et dépassé par la réalité actuelle. Autre digression : Orwell, vieux mâle blanc, si vous le relisez bien, il y aura toujours un prétexte à trouver pour le rayer des listes, brûler Animal Farm et ses autres écrits. Il suffit de bien éplucher et de hurler plus fort. Ezra Pound et Yves Klein dans le même sac (mussolino-fasciste) jusqu’à ce qu’un futur Luc Ferry les réhabilite. Trump est en train de nous refaire les programmes scolaires étasuniens sur le modèle du Tour de la France par deux enfants (d’Augustine Fouillée) ou d’une Alsace-Lorraine à la Erckmann-Chatrian. Ne pas se boucher les yeux, les mêmes ressorts arrivent en France, les mêmes méthodes. Les mêmes tripatouillages historiographiques. Mais aux États-Unis, l'histoire est en marche avec Trump, l'homme qui prédit l'avenir et dont les prières sont exaucées (voir l'illustration).

Ce texte foutraque vous a fait perdre le fil ? Normal, moi aussi. Mais quand vous lisez Rohan Silva, vous comprenez un peu mieux pourquoi Jean-Pierre Chevènement (amicales salutations au passage) plaide  dans le Marianne de cette semaine un rapprochement entre l’U.E. et la Russie de Poutine. Aussi illusoire que l’Europe « de l’Atlantique à l’Oural », mais entre deux maux, il croit choisir le moindre. Soit l’oligarchie russe plutôt que la chinoise ? Il ne s’agit pas de lui faire un mauvais procès d’intentions, mais en fait, cela se résume à cela. Les États-Unis, avec leur révérend Trump-Moon vont aménager leur survie (Biden sera sans doute contraint à lui aussi faire de l’America First), et une Europe désunie se retrouverait à se mettre dans les bras non du mieux offrant, mais du moins pire-disant.

Pour prolonger le propos de Rohan Silva, nous en serions là. Spéculation hasardeuse que celle de Rohan Silva qui la présente d’ailleurs pour telle, ne prétend pas énoncer une probable prédiction. Sans mettre en cause sa perspicacité, j’en viens quand même à me demander si l’idée de sa chronique ne lui a pas été suggérée par un diplomate, et si diverses chancelleries ne se préoccupent pas d’une telle éventualité. Comme chacun sait, l’un des trucs et astuces de la communication consiste à sortir un machin servant de diversion pour l’opinion, le temps de faire passer l’essentiel comme surgi simultanément voire spontanément et tacitement faire tolérer un fait accompli. Le culot paye alors.

En prolongement de cet ordre d’idée, je me demande d’ailleurs si le coup de Boris Johnson sur le Brexit et l’Irlande du nord n’est pas d’ailleurs un bluff visant à faire fléchir l’U.E. sur les droits de pêche et la distorsion concurrentielle liée aux subventions destinées à attirer des entreprises étrangères et en conserver des britanniques bénéficiant de mesures de défiscalisation. Le Donald et le Bojo sont de fins manœuvriers, en particulier dans le recours aux grosses ficelles en mode éléphant républicain ou lion royaliste et unioniste dans un magasin de porcelaine.

L’hypothèse d’un passage en force d’une puissance profitant du tumulte découlant d’une élection étasunienne contestée est d’autant plus plausible que Trump a limogé des flopées de généraux, démantelé le FBI (son directeur, Christopher Wray, pourrait sauter), menace l’Onu, déstabilise l’Otan, et j’en passe. Et puis, si la Chine tentait un passage en force quelque part, ce serait en raison de la mollesse de Joe Biden, déjà accusé de favoriser les intérêts chinois, de propager la covid (si, si…) et de financer en sous-main les antifas incendiaires de Californie et de la côte Ouest. Regardez ce qu’ose la Chine, attisée par le mol ensuqué Biden sous psychotropes, il faut, clame Trump, que je reste à la Maison Blanche au moins deux mandats de plus. Eight, Twelve more Years.

Je ne veux pas augurer que Trump aurait déjà passé un accord avec Xi Jinping ou Kim Jong un dans la perspective d’une défaite électorale due au dénoncé par avance trucage démocrate des élections, car cela serait trop extrapoler à partir de ce que suggère Rohan Silva.  Mais je ne doute pas que ce dernier, sans oser l’écrire, pourrait l’en croire capable. La Trumpland est tout aussi persuadée que son Donald est capable de tout, et que Biden est un parfait incapable, c’est d’ailleurs pour cela qu’elle adule le Donald. Lequel, réciproquement, est convaincu que ses partisans seraient capables de tout pour le maintenir en place. Cela n’a rien d’une fumeuse vision complotiste, mais Trump a fait le ménage, s’appuie résolument sur la secte QAnon. Trump veut faire élire Marjorie Taylor Greene (QAnon), en Géorgie, et on présume qu’il poussera un autre candidat QAnon en Floride ou en d’autres États.

Qu’importe que la secte QAnon dénonce un complot judaïque, les évangélistes, qui ne jurent que par Israël, les Juifs pour Trump, les Latinx, les femmes et les Afro-Américains pour Trump sont prêts à se fédérer sur le mode les ennemis de mes ennemis de l’État profond sont mes amis. Je ne touche pas le fond du complotisme en soutenant que le Donald se pose en Messie, en Sauveur, en Prophète, pas encore du rastafarian Jah pour l’instant, mais cela pourrait venir s’il lui semblait bon, en nouveau David. On comprend bien peu la Trumpland si on n’envisage pas que des Jews for Trump finiront par considérer qu’il y avait sans doute un fond de vérité dans Le Protocole des Sages de Sion. Que le Donald se croit ou non dans ces divers rôles de Mahdi importe peu, du moment qu’il pense que la Trumpland s’en persuade. Certes quand Trump a déclaré « Je suis l’Élu » (The Choosen One), il ne faisait allusion qu’au combat commercial contre la Chine. Mais la Trumpland le prend pour tel en tout domaine. Et tout lui est bon pour ancrer cette idée. Laquelle, souvenez-vous, fut reprise par Rick Perry et Mike Pompeo, ses si chrétiens apôtres (dépêche AFP de fin novembre 2019, « Trump a été choisi par Dieu »).

Le présupposé de Silva vaut ce qu’il vaut. Mais si Trump virait Mark Milley, le chef de l’état-major, et démantelait la direction du Pentagone, ce qui fut un temps envisagé, puis abandonné, ou plutôt reporté après la réélection dont il se dit assuré, tout peut sembler envisageable. Ne vous attendez à rien savoir de ma part, mais tentez de réaliser que tout type de cogitation de ce genre est sans doute moins fumeux que vous vous l’imaginez.

Car, plus sérieusement, — en vérité, en vérité —je vous parie que si la Chine, en novembre, envahissait Taïwan, la Trumpland serait persuadée que Dieu l’aura voulu, la Chine ayant eu recours à la complicité de Judas-Biden-Belzébuth. Lequel comme l’a proclamé Trump « est contre Dieu », mais néanmoins son dévoyé instrument. Si les volontés divines sont impénétrables, celles de son envoyé, le Donald, sont limpides : que son règne perdure au plus haut du Capitole. 

vendredi 18 septembre 2020

Aux fourneaux pour l’âtre de Fornax

 

Agir pour maintenir Guntenberg & Cie en ses lieux


Pour une fois inaccoutumée, je viens de signer des dix doigts une pétition. Laquelle vise à maintenir l’ami Christian Laucou (éditeur-typographe) et Catherine Chauvel (relieuse), en leur local de la Cour des industries, ex écurie des mousquetaires, de la rue de Montreuil, à Paris.

J’avais visité les locaux de Fornax et de Gutenberg & Cie, au 37 bis, rue de Montreuil (xie ar.), à je ne sais plus quelle culturelle occasion se clôturant, comme il se devait, par un ala (À la santé du confrère, abrégé en ala, peut-être pour ne pas aller piocher dans la casse une capitale accentuée). Je fus impressionné par le lieu, l’abondance, la qualité de ses équipements typographiques. Tout le monde le serait mais j’avais quelques notoires éléments de comparaison à travers l’Europe. Mais à la différence d’espaces muséaux, c’est un lieu de vie et de production. À l’instar d’espaces muséaux, c’est aussi un lieu de formations, animations, &c. Vous trouverez un aperçu sur le site Fornax. J’avoue moins bien connaître l’atelier de reliure de Chaterine Chauvel, Meilleure ouvrière de France, qui excelle tant dans les créations traditionnelles que contemporaines. J’ai cru aussi comprendre, en visitant son site, qu’elle était aussi papetière à l’occasion. Quant à Gutenberg & cie, qui propose des formations pour adultes et des animations pour jeune public, c’est un organisme qui associe les sus-dits à des partenaires et intervenants à l’occasion.

Or donc, alerté par la Liste typographique francophone de l’existence de la pétition sur change.org, j’ai craint, dans un premier temps, que la Semaest se livrait à une opération immobilière d’envergure sur l’ensemble de la cour. Je redoutais donc que d’autres praticien·n·es des métiers du Livre, comme David Laranjeira ou les éditions R.L.D., logés à même adresse, le soient aussi à même enseigne (d’huissier signifiant congé). Sans parler des dizaines d’autres artisans et artistes. L’adresse est une ruche, une pépinière, chargée d’histoire(s) — la facilité d’un lieu commun ou topique élimé ne fera pas reculer, je la confronte résolument — entrecroisées, que l’onglet historique du site gagnerait à développer.


Il se trouve que non, le lieu restauré ne sera pas détruit, enseveli, reconverti en centre commercial et d’activités plus mercantiles permettant de rehausser droits d’entrée et loyers. Seuls, Chauvel et Laucou seraient, pour le moment, visés. D’une part, selon eux, parce qu’ils auraient fait du raou(l)t à propos de travaux de rénovation inadéquats de 2010-2016, et que leur local serait plus intéressant que d’autres. Je sais, j’aurais du m’enquérir de la version de la Semaest. Si je revenais sur la question, je le ferai (et à l’heure où tout le monde s’improvise journaliste, je ne vous incite pas à harceler les employé·e·s de cet organisme). Son droit de réplique sera le bienvenu le cas échéant.

Qu’il soit admis que, de bonne foi, je ne cherche pas à polémiquer. Je tiens juste à souligner que Chauvel et Laucou ont investi les lieux depuis 1998 et qu’ils ont développé de nombreuses synergies avec les autres artisans et artistes résidents. Ces synergies me semblent mériter d’être préservées, prolongées.

Par ailleurs, depuis la liquidation de l’Imprimerie nationale pour favoriser une opération immobilière complexe (litote), et la relocalisation de son Atelier du livre d’art et de l’estampe à Flers-en-Escrebieux, que reste-t-il du patrimoine typographique à Paris ?

c’est aussi pourquoi l’AEPM (Association of European Printing Museums) a répercuté sur son site le texte de la pétition.

J’apprends par ailleurs que l’hebdomadaire Le Démocrate de l’Aisne bénéficie, à Vervins, d’un sursis ; « Toujours d’aplomb » a titré judicieusement Le Courrier Picard. Un titre qui fut distingué par l’Unesco en 2017. Cela n’aurait pas été possible sans une forte mobilisation. Et le devenir du titre reste fragile.

Sauver, c’est bien, préserver, ne pas détruire, ne pas disperser, c’est mieux. Pour mieux vous rendre compte de l’enjeu, je vous convie à consulter les photos de l’atelier typo. J’attire votre attention sur l’entrée « Réemménagement dans l’atelier d'origine » (dérouler la page). Je n’en conclurai pas que la suite, soit le non-renouvellement de bail, fut préméditée. Il peut s’agir de dysfonctionnements non imputables à la Semaest, au moins en tant que telle.

L’important n’est pas de gloser sur le passé, mais d’imposer une solution, si possible durable.