jeudi 14 février 2019

Le sociologue Jean-Claude Kaufmann se dédouble dans Le Monde

Valentine et Valentin Kaufmann indiscernables tels des saints…

Après Marcel Aymé (Les Sabines), Claire Wolniewicz (Ubiquité), voire Alphonse Allais (Deux et deux font cinq), Le Monde s’est lancé dans l’ésotérisme en réussissant à dédoubler le sociologue Jean-Claude Kaufmann.
Et voilà que Le Monde « écrit pour Google » en usant de la grosse ficelle de la redondance des mots-clefs… Dans la rubrique « Opinions », le site du quotidien de référence/révérence (daté 12 fév. dernier) a confié une tribune intitulée « La Saint-Valentin fut longtemps une fête des célibataires et de la rencontre » à deux sociologues : Jean-Claude Kaufmann et Jean-Claude Kaufmann. Mieux que les Dupont et Dupond d’Hergé, deux pour le prix d’un, rigoureusement identiques.
         La page d’accueil indique qu’un quidam (Jean-Claude Kaufmann), et un sociologue (Jean-Claude Kaufmann) ont co-signé la dite tribune. Cliquer révèle que Jean-Claude Kaufmann 1 (sociologue) et Jean-Claude Kaufmann 2 (sociologue, en gras) nous expliquent que la fête de la Saint-Valentin est bimillénaire (ah bon ? Le premier Kaufmann se réfère peut-être à Valentin de Rome, le second à celui de Réthie, et en additionnant leurs antériorités respectives, à quelques siècles près, cette approximation se conçoit… enfin, grosso modo).
         Il est vrai que Wikipedia nous indique que ces Valentin « seraient en fait une même personne ». C’est peut-être pourquoi, dans le châpo de la tribune, la ou le sec’ de rédac’ énonce : « Dans une tribune au Monde, le sociologue Jean-Claude Kaufmann revient sur l’histoire méconnue de la fête des amoureux de février. ». Les deux ne font donc bien qu’un. C’est fusionnel, la Saint-Valentin !
         C’est plutôt vers avril que les Romains célébraient Vénus, mais admettons qu’une fête des amoureux ait pu l’être avant même que Jésus Christ et Marie-Madeleine l’aient (rien n’est moins sûr, la photographie n’existait pas et nous ne disposons pas de documents visuels affirmeraient les « Décodeurs » du Monde) mise à profit, mais plus tard selon le calendrier hébraïque (voir infra).
         Toujours est-il que, sans doute, l’aspect fête des couples légitimes ou non aurait pu prendre son essor en Europe vers les années 1950. L’auteur de Quand Je est un autre (Armand Colin éd.) et de Saint-Valentin mon amour (éds Les Liens qui libèrent) était tout indiqué pour évoquer – en duo – cette aubaine pour fleuristes et marchands de cartes de vœux. On ne sait si la ou les amoureuses du sociologue sont adeptes du triolisme, mais Le Monde leur a offert l’occasion de recevoir deux fois leurs hommages (ceux du Je et de l’autre). Si les deux Kaufmann sont pluriamoureux, leurs budgets jumelés doivent être copieux.
         On comprend fort bien d’ailleurs que pour se démultiplier (sur France Info, TV5, NRJ, &c.), on fasse mieux à deux…
         Pour Myriam Lebret, de L’Yonne républicaine, la dizaine de saints dénommés Valentin ne font plus qu’un : « Il y a eu plusieurs saints Valentin et ils n’étaient pas patron (sic) des amoureux ». Pour Cathy Lafon, de Sud-Ouest, les dix de L’Yonne n’étaient plus que sept : « pas moins de sept saints de l’église chrétienne répondent à ce nom ! ». Vérité en deçà, mensonge au-delà (de la rivière yonnaise). L’un des Kaufmann (mais lequel ?), pour ChEEk Magazine, fait une moyenne : « certaines sources disent huit, d’autres disent même plus. ». La maladie des vignes serait devenue, selon lui, maladie d’amour (enfin, à Saint-Valentin, dans l’Indre). Il nous précise aussi qu’en Angleterre « chacun devenait valentin et valentine et avait alors une double identité » (même source) et que « en tant que valentin, on avait beaucoup plus de libertés sexuelles que durant la vie habituelle ». Et en qualité de valentine ? Espérons que J.-C.-Valentin et J.-C. Valentine en profitent ! Qu’en pense Marie-Hélène Bourcier ? Finaude (éléphantesque) transition pour « élargir le débat » car M.-H. Bourcier voudrait que Valentin et Valentine Kaufmann partagent des ouécés à « genre neutre ».
         Depuis que la sociologie s’est intéressée aux lieux d’aisance (Harvey Molotch et Laura Norén), ou de commodités (Roger-Henri Guerrand), de nécessités (Sian James et Morna E. Gregory), et que les feuillées ont généré de multiples bonnes feuilles et pages et nourri leurs auteur·e·s (pour le Maroc médiéval, ils s’étaient mis à quatre : J.-P. Van Staëvel, Marie-Pierre Ruras, Admed Saleh Ettahir et Abdallah Fili – Tu quoque fili…), le moindre fait de la vie quotidienne (Dis-moi comment du fais – toilettes : histoire(s) & sociologie, Simone Scoatarin) – et je vous passe Norbert Elias (1897-1990), auteur de La Civilisation des mœurs, Claude Maillard (Les Précieux Édicules), et d’autres – fait l’objet d’une publication.
         Pour en revenir à la fête de ce 14 février, Jean-Claude Bologne, historien, auteur d’Histoire du couple (Perrin) et Histoire du coup de foudre (Albin Michel), fait remonter les origines françaises à Charles d’Orléans, fils de Valentine Visconti.
         Dans la presse et l’édition déchaînées, on trouve à boire et à manger…
       Il est quand même dommage que, pour Le Monde, Kaufmann et son jumeau n’aient pu dialoguer, l’un soutenant que l’estivale Tou Beav (ou Tu B’Av) biblique était à l’origine de la pré-printanière Saint-Valentin, et l’autre se récriant. Le premier soutenant que le monde islamique bannit cette fête, le second pointant qu’elle est désormais célébrée en… Afghanistan. Bah, d’ici quelques années, l’hivernale chinoise Fête des célibataires supplantera peut-être les autres…
         Comment conclure ? Par, allez, cette citation de la chute d’Olivier Perrin, dans Le Temps (Genève) : « La Saint-Valentin (…) c’est surtout tellement inutile. Aussi inutile que cet article. ». Pirouette, cacahuète, terminé ; mais sur un autre sujet, je vais récidiver

Il paraîtrait que se présenter soit idoine (je, moi, Jef Tombeur)


Moi, je, ma vie, mon œuvre, l’adoration de mon nombril…

Tiens, voilà que Philippe Mellet, collaborateur éminent de la revue Les Amis de l’Ardenne, me demande quelques lignes sur ma pomme… L’occasion de tenter de me présenter à vous, lectrices et lecteurs connu·e·s et inconnu·e·s…
Ceci n'est plus Jef Tombeur,
mais il y avait comme une ressemblance jadis.
Et zut, on bavardait avec un confrère de Chauvier (pas l’anthropologue ; ah, ben, si, re-zut, le Chauvier est devenu docteur en anthropo, et il ne m’en avait rien dit), de France Culture. Lequel confrère, ami commun avec Éric Poindron, me disait en substance : « certain que ta biographie trouverait un éditeur ». Flatteur, va…
         Et puis, Philippe Mellet m’envoie un courriel incluant cette demande : « Pourrais-tu me transmettre quelques lignes biographiques qui figureront sous ta contribution ? ».
         Duraille. Réponse : faites as you will.
         Je vous copie-colle ma non-exhaustive éventuelle contribution aux Amis de l’Ardenne
         Pas envie d’ouvrir et de fermer les guilles, cela donne donc cela :
Question bio :
Jef Tombeur tâte du journalisme à Londres vers la fin des années 1960 (Black DwarfInternational Times ; beaucoup plus tard, il fera un stage chez The Independent) ; voyage intensivement (en auto-stop : Europe, Asie, Amérique du Nord...) ; reprend des études d'anglais, abandonne vite le Centre universitaire d'enseignement du journalisme de Strasbourg et collabore à Uss'm Follik, à l'Agence de Presse Libération, Politique-Hebdo... Vend Le Monde à la criée, et obtient la convoitée qualification de « cycliste » (livreur...) à l'Agence France Presse. Journaliste municipal à Belfort, bifurque vers la presse régionale (L'Alsace-Le Pays de Franche-Comté, Le Courrier de l'OuestL'Union...). Entre-temps, il traduit depuis l'anglais (articles, documents techniques, littérature, sciences humaines). Redémarrage parisien avec la défunte Agence centrale de presse, des magazines d'informatique graphique (PixelCréation numériqueCreanum...) ; tente en vain d'obtenir le Capes (décroche un DESS de traduction, un DÉA de civilisations anglophones pour tuer le temps). Rechute down & out : il refait des tas de petits boulots, genre retour case départ sans caisse de compensation (hors passage à l'Encyclopædia Universalis en CDD). Frôlant le grand âge, songe à solliciter la carte de journaliste honoraire (pour les retraités chenus), mais rien ne le presse. Dadas : contribuer aux sites consacrés à Octave Mirbeau et Roger Vailland, re-voyager, bukowskies(ti/qui)ver, promener le chien d'une voisine, alimenter le blogue-notes jtombeur.blogspot.com. Même non-imposable, finirait bien Breton de la diaspora à Bouillon (Ardennes belges). Féru de et congru en typographie (plomb, numérique, autre) au temps jadis qu'il n'en peut plus.
Bon, je sais... je sais... trop long... Possibilités : couper, condenser, caser un pavé en corps 5, interligné 6. Pourquoi pas ? Le c. 5 est accessible aux jeunes pas trop bigleux, et je pourrais tenter de me faire parrainer par des fabricants de loupes pour les autres... 
Version ultra-courte : Jef Tombeur fut journaliste à L'Union, viré par le tandem Hersant-Bozo pour avoir mis publiquement torse-à-poil Dominique Raffin, alors faisant indûment fonction de redchef-adjoint. Vit à Paris quand il n'erre à l'étranger. Vaguement traçable via jtombeur.blogspot.com...
Version minimaliste letteratura povere : Lancer la requête "Jef Tombeur" ou 'Jef Tombeur' (mode expression exacte) : il remontera bien quelque chose. Voir aussi jtombeur.blogspot.com pour se faire une idée de l'individu.

Fin de copié-collé. Bien sûr, ce n’est pas du Cendrars affabulateur, mais… En fait, l’International Times, je le vendais dans la rue, et à l’exception d’une ultra-courte brève, je n’ai rien pondu dans le Black Dwarf. J’y étais surtout vendeur du côté de Piccadilly Circus et gardien de nuit (bouclé par Tariq Ali dans le local après le raout de fin de bouclage du Journal de Che Guevara et obligé de sortir par la fenêtre de l’escalier, puis en passant par une salle de cinéma pornographique : c’était dans Soho).
         Le reste, je le certifie authentique. Sauf que… Franchement, plutôt Cadix et sa belle-aux-yeux-de-velours que Bouillon et les belles des bars montants. Je me souviens d’un jeune gars en colonie de vacances qui me confiait à propos d’une pré-adolescente : « je l’aimais d’un amour sincère  ».
         Je ne m’adule pas, mû par un tel sentiment, mais en me rasant (à l’occasion), je parviens à me supporter. Eh, c’est presque confortable, cosy comme elles et ils disent. Désolé si j’en insupporte d’autres (ce que je tente fréquemment, mais sans méchanceté). Of the importance of being earnest… D’écrire qu’il est – et furent et seront – des êtres tellement plus importants (voire cruciaux) que soi. S’exhiber (à loilpé, par deux fois, dans un bar de Montbéliard d’abord ; ensuite, Gilles Grandpierre me le jure-crache et conserve d’autres photos, de Reims, et là sans prétention artistique), peu me chaud (sauf pour la déconne… mais ça « c’était avant »). N’empêche. J’ai signalé par ailleurs (je ne sais même plus où) l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobriographique (APA). C’est à la médiathèque d’Ambérieux-en-Bugey.
         J’aimerais bien y retrouver les pages de Stan (ex-contrebandier maritime de tabac, actuel capitaine de plaisance, auteur de textes inédits exceptionnels, dont je me reproche d’avoir oublié le patronyme), de ses potes, d’Henri (qui vit au Burkina), de Philippe Milner (colocataire rue du Delta), de tant et tant d’autres (« Madame Annie », qui se reconnaîtra peut-être ; Michel Kélif, qui vit à présent près de Rio ; Gérard le ramoneur ; Zaz ; Tatiana Olegovna Sokolova ; Emilia Sur ; Danièle Vaudrey… Non, ne croyez pas que c’est du dropping names pour fabriquer des mots-clefs). Mon gros regret, c’est de n’avoir pas (déjà, cela viendra peut-être), bossé avec Mylène Juste sur son autobiographie. Un « cas », Mylène (pseudo pour le tapin et le Strass). On d’vait l’faire, et puis, la militance a pris l’dessus.
         Autre regret : n’avoir pas même tenté d’aider un prospecteur de métaux en Guyane de rédiger ses mémoires. J’ai oublié son nom, à mon grand dam. Il me sollicitait : je n’ai pas estimé qu’il trouverait un éditeur. Le genre de gars à se recoudre une plaie sur non pas une île, mais un promontoire immergé sur lequel il reste bloqué par l’Amazone en crue. Faut le faire : à l’aiguille courbe pour les voiles…
         Pour le bouquin, excellent, de Jean-Guy Rens sur le Zaïre, j’ai mouillé la chemise en vain. C’est pourquoi, quand Aïssa Lacheb m’a confié le manuscrit de son Plaidoyer pour les justes (écrit en taule, depuis titre du Diable Vauvert éd.), je n’ai que trop mollement tenté d’en parler « autour de moi ».
Mon existence n’est pas « ratée », juste raturée, biffée à maintes reprises. Ben, c’est mieux qu’un blanchiment quasi-constant, monocorde et monotone, non ?
         Je repense à tous les personnages de Roger Vailland qui n’ont laissé de traces que dans les livres du Roger. Que n’ont-elles et ils communiqué, elles et eux-mêmes, leurs témoignages ! Finalement, rien que pour les gosses, je vais peut-être m’y atteler (à un succinct descriptif de mes tribulations). D’ac’, je vais cesser de tirer à la ligne, mais (peut-être, non assurément) à suivre.

mercredi 13 février 2019

Jésuites & éducation « genrée »

La revue jésuite Projet aborde les questions du genre dans l'éducation... 

La revue Projet de février 2019 a pour principal titre « L’éducation a-t-elle un genre ? ». La réponse est peut-être que l’éducation catholique aborde la question de manière bon chic, bon genre… Mais pas tout à fait comme on pouvait s’y attendre.

Le nº 368 de la revue Projet, supervisée par les jésuites, consacre son dossier principal à la question de l’enseignement du genre dans les établissements scolaires ; en particulier – cela va de soi – dans les écoles chrétiennes.
         Cette revue d’excellente tenue prend ainsi un risque sans doute soigneusement mesuré, soupesé. Car la question du genre a soulevé un, des tollés dans certains milieux catholiques ou, plus largement, confessionnels. C’est donc abordé – pure supposition, je n’ai pas lu l’ensemble de la revue, mais son site offre l’accès libre à un large choix de contenus du numéro en cours et des précédents – en marchant de la pointe des pieds sur des œufs. Et tout à fait intelligemment si j’en juge par ce que j’ai pu consulter…
         Certes, on s’en doutait, nulle apologie des homosexualités, de la bisexualité, &c. Mais si les termes ne sont pas employés, en tout cas dans ce que j’ai pu lire, la réalité n’est pas tout à fait évacuée. Il est ainsi fait état des 0,5 à 1,7 % des personnes au sexe biologique mal défini…
         Mon intérêt pour les luttes féministes (articles dans Politique-Hebdo, Libération…) est fort loin derrière moi et ma participation aux enseignements universitaires d’études féministes (parfois rebaptisées improprement études de/du genre… qui les englobent partiellement mais en élargissent le cadre), c’était au siècle dernier. Mais j’ai des restes.
         Très franchement, même en tentant de pinailler (de bonne foi), je n’ai pas grand’ chose à redire sur la contribution de Bruno Saintôt « Qu’est-ce que le genre ? – petit précis d’une notion large ». C’est en fait une rétrospective de l’utilisation de la notion de genre. Vrai : « le pluriel est nécessaire » lorsqu’il est question des théories du genre.
         Je ne sais si Peggy Sastre s’est vue proposer une tribune pour ce numéro, mais je doute fort que la conception in-vitro soit prônée. Mais Marie Duru-Bellat, qui aborde « la tyrannie du genre », et les « stéréotypes de genre », et la non-mixité dans l’éducation, l’écriture inclusive (pour les consœurs et confrères, signalons sa note de bas de page sur le point médian), &c., le fait avec bon sens. Du moins, notamment, si ses arguments sur l’écriture inclusive peuvent être discutés (« cela rend l’identité genrée obsédante »), ils méritent qu’on s’y attarde. Cela étant, la définir « chercheur » et non « chercheuse » ne me semble pas idoine, mais je n’y vois pas une muette « note de la claviste » (au bon temps de Libération, les clavistes mettaient leur grain de sel à la suite des articles). Marie Duru-Bellat est une docteure (dottoressa en italien – j’employai doctoresse antan pour les docteures en médecine et je ne vois pas pourquoi cela serait incongru) ès sociologie et honoris causa de l’université de Genève. Ne chipotons pas, pas d’amalgame ici, ni de procès d’intention…
         Au final, si le sujet vous intéresse, que vous n’en savez que fort peu et voulez bien l’aborder sans idées préconçues et préjugés, ce dossier de Projet est bienvenu. Voyez aussi, sur le site, celui intitulé « Sommes-nous libres de (ne pas) consommer ? ». Sur ce site de Projet, vous trouverez aussi chaussure à votre pied (contribution de Xavier Ricard Lanata : « Trouver chaussure à son pied » du numéro intitulé à la Magritte « Ceci n’est pas un numéro sur la chaussure »). Évidemment, si vous devez interpréter un travesti, comme dans le film Profumo di donna (de Dino Risi), n’y cherchez pas les bonnes adresses d’escarpins pointure 46. La revue Projet est très peu fournie en publicités ou carnet de bonnes adresses. Mais celle de son site est très recommandable.

Typographie : insérer l’espace fine/étroite insécable…

Tête à glyphe, tête à gifle… Le cas de la fine insécable
C’est fou à quel point l’accumulation des contributions sur le même sujet rend difficile la recherche, via un moteur, de la page fournissant la bonne réponse… Pour une question technique typographique, Google, par exemple, va parfois remonter en premier des pages aux contenus déjà obsolètes, mais qui restent très fréquentées. Je viens d’en faire l’expérience avec la requête « espace fine insécable ».
Mon problème était le suivant… La plupart du temps, je saisis les textes destinés à ce blogue-notes sous MSWord (parfois, mais j’en ai de plus en plus la flemme, sous Adobe InDesign). Pratique, sauf que… Les espaces insécables (et tout autant les insécables fines, dénommées insécables étroites en terminologie Unicode) sautent à leur arrivée sous Blogspot. Blogger les débarque. Ou plutôt châtre leur insécabilité. Non exquise excsise (pour plagier Gainsbarre).
         Dans un premier temps, pour y remédier, je clique sur l’icône de l’émoticon/e (émoji) de l’interface d’affichage des caractères spéciaux de Blogger… Mais je n’arrive pas à localiser l’espace insécable.
         Dans un second, je lance diverses requêtes via Google, ce qui fait remonter des pages relatives à l’insertion d’espaces sous WordPress (java et péhâchepé de pages) et quelques-unes se rapportant à Blogger… Verdict : impossible d’insérer une espace fine/étroite insécable… Maintes pages « impertinentes » remontent ce constat.
         Faux. Cela, « c’était avant… ».
Finalement, j’ai fini par la dénicher, la bougre, la finaude (voir l’illustration). Pour Blogger, elle se dénomme Narrow No-Break Space (alias non-breaking en sabir plus usuel). Il sera fastidieux de l’insérer ainsi, mais en attendant…
Je poserai ensuite la question aux abonné·e·s de la Liste typographique francophone (Thierry Bouche, Jacques André…), et ils m’indiqueront (peut-être… ou pas) comment affecter un raccourci clavier à cette fameuse espace. Si possible compatible avec les claviers non-étendus (dépourvus de pavé numérique).
         Restera à tester si les diverses méthodes préconisées pour en générer sous MSWord « passeront la rampe » sous Blogger. En gros, le plus simple est d’effectuer un « Remplacer » et de d’affecter à toutes les insécables l’espacement/approche de valeur inférieure (étroitiser à 40 ou 50 %, à votre goût). Car l’interface d’accès aux glyphes de MSWord ne m’a pas révélé de solution (même en scrutant les emplacements de l’une des toutes dernières polices de Microsoft Typography, la Verdana Pro).
         Bon, je ne vais pas m’étendre, ni y revenir ici. M’enfin, si vous estimez nécessaire d’ajouter votre grain de sel, laissez donc ci-dessous un commentaire en rapport… Pour le moment, je m’en retourne à des occupations plus courantes (ménage, Candy Crush, textes sur Roger Vailland, courses, répondre au téléphone…). Quoique… Pour qui n’y connaît rien, furtif rappel : les insécables s’imposent en typographie française avant certains caractères (et après les guilles doubles chevrons ouvrantes). Enfin, pour qui aime lire et écrire… Pour les un·e·s et les autres, « vous pouvez reprendre une activité normale » comme l’énonçait le Poivre d’Arvor (le vrai, méfiez-vous des imitations) des « Guignols de l’info ».
P.-S. – Pour mieux localiser l'U+202F via l'insertion de caractères spéciaux sous Blogger, après l'avoir trouvée, affichez donc les caractères récents (ce qui vaut aussi pour les numeros (masc. de numeras), ou symboles zéro, lesquels, au pluriel, gagnent à être remplacés par os – non point 117 ni 2116 – en exposant, et même de nombreux autres caractères...).

mardi 12 février 2019

Roger Vailland et Léon Pierre-Quint...


Roger Vailland et Léon Pierre-Quint : une histoire qui reste à défricher…

L’une de mes fugitives préoccupations (majeure, inférieure ou mitigée), c’est l’historiographie. Soit ce que les générations successives retiennent des précédentes, trient, mettent en valeur et mineure. Exemple : pourquoi Roger Vailland (sur)passe au premier plan et relègue un Léon Pierre-Quint au second, troisième, nième ?

Léon Pierre-Quint
Plus on s’intéresse à un personnage (en l’occurrence, Roger Vailland), davantage on s’aperçoit de ce qu’il devait à des personnages considérés à présent « secondaires », voire accessoires. Tout dépend évidemment de l’angle de départ : intéressez-vous à Daumal ou Gilbert-Lecompte, et plus Léon Pierre-Quint retrouve une place « centrale ». A posteriori
Je ne vais pas vous barber avec Léon Pierre-Quint, juste éveiller votre attention en vous signalant ce texte « Léon Pierre-Quint, compagnon “de route” (et d’excès ?) de Roger Vailland ». Titre incitatif, disait-on – dit-on encore ? je ne sais. C’est parti du feuilletage d’un livre de Bruno Taravant (dit Bayon), Les Animals (Grasset). Je vous laisse chercher (ou vous remémorer). Redémarré avec la retrouvaille d’un long article de Daniel Rondeau (frère de l’ami Gérard), dans Le Nouvel Observateur, sur Vailland. Nourri d’interrogations sur Arthur Adamov et Boëglin (pas Bruno, son père ; lointain confrère de L’Union). Envie de fait-diversier de trouver des fils, des nœuds, des carrefours et bifurcations. De transmettre : non pas du mâché tout cru, mais d’inciter à s’interroger, se documenter, imaginer… Se construire. 
                                                                                                                            
La définition du journaliste, c’est quoi  ? Quelqu’un conscient de son ignorance, de sa balourdise, s’efforçant d’en sortir soi-même pour tenter de porter d’autres à faire de même. À le prolonger. Et le nourrir à son tour…
Je crois que ce fut aussi la modeste ambition d’un Léon Pierre-Quint, d’un Roger Vailland. J’aime caser cette sorte de maxime : l’expérience est une lanterne dans le dos permettant de mesurer le chemin parcouru. Sauf que… Sans nostalgie, camarades, presque rien de fécond (sauf exception) ne fut suscité, créé, sans l’impulsion donnée par l’émulation de ce qui a précédé. D’où la question : comment « être » (se faire) Roger Vailland à présent ? Certes pas à l’identique. Et donc, pour ce faire, comment ne pas remonter le temps, au moins jusqu’à Léon Pierre-Quint ? À suivre donc, et perfectionner, en remettant l’ouvrage sur le métier. Sinon, comment espérer passer le relais ?