mardi 25 mai 2021

Le Koikilenkout (peu) de Charly

 L’étape « irrégalo-covidienne » de Charles Duchêne

Factuel : titre, Koikilenkout… ; auteur, Charly (ou Charly Chapo, ou Charles Duchêne[s], autre pseudonyme) ; éditeur, JBDiffusion (à la suite de BTFConcept ; envir. 180 pages ; 10 euros( il en coûte peu). Subjectif et incitatif suivront.

J’ai pratiquement chroniqué tous les bouquins de Charly (voir supra le châpo), donc je ne vais pas reculer devant ce Koikilenkkout… ni face à la facilité de botter rapidement en touche. C’est, après un Macron Lajoie, le seizième essai politique de ce libelliste gouailleur (sur un total de bouquins supérieur à la vingtaine). Sur le sujet, je ne me prononce pas ou fort peu. Charly traite de l’actualité récente, et surtout de l’approche de la pandémie par « Sa Boursouflitude » jupitérienne et consorts (soit la Cour, avec une C cap, comme cela peut parfois échapper aux correcteurs du romancier Jean-François Parot ; ou à l’oral, aux personnages d’Hugues Pagan, Le Floch inclus).

Sur le fond, la nature et le devenir de la pandémie, Charly botte aussi en touche, laissant à un comparse (quelque peu complice), Guy de Quercy, avec un chapitre mesuré et minutieusement pesé, le soin d’évoquer Raoult et sa « quinine », et les vaccins à ARNm (m pour modifié). Lesquels vaccins peuvent évoquer les OGM, et les gains financiers qu’ils peuvent induire par rapport vaccins ou processus classiques se révéler juteux. Je ne résume pas, j’évoque, nuance, étant trop peu qualifié pour vulgariser plus avant.

Cela laisse quelques interrogations en suspens. D’ailleurs, Charly, sans jamais tomber dans le complotisme, se questionne aussi. Mais pas d'infox, du soigneusement recoupé (il a fait l'ESJ de Lille, aussi peu longtemps que moi le Cuej de Strasbourg, des écoles formant des journalistes, non des animateurs et bonimenteurs, voire affabulateurs en quête de tirages ou d'audiences).

Pas sur les atermoiements et volte-face (tj. inv.) des « autorités » et leurs arguments parfois fallacieux, sciemment énoncés, plus de quoi se questionner, ce fut presque limpide. Nous fûmes souvent résignés en nos chaumières, Charly reste exaspéré en la sienne (désormais poitevino-bretonne —Pictonum Virtus BritonumFides — pour ce Picard familier des Ch’tis). Bref, car il réside dans la Baie de Bourgneuf, c’est à présent un quasi-voisin.

Autant confesser qu’outre une sympathie d’assez longue date, de quelques lustres, je ne vais pas m’aliéner sa réciprocité en prenant le contre-pied (en veau) de ses très étayées critiques. Mais, entre Macron et Boris Johnson (j’ai scruté l’actualité de ce dernier), je ne saurais trop départager. Duterte aux policiers constatant que les contrevenants portaient le masque sous le nez : « tuez-les ». Trump, Bolsonaro… Je n’insiste pas. Exaspéré, partant souvent acerbe, Charly sait se contenir nonobstant, préférant rester narquois.

Les argumentations serrées, fortement étayées, de Charly, n’en restent pas moins ardues à réfuter. Au zinc du Café du commerce, sauf à le contrer en brèves de comptoir plus cocasses que les siennes, j’aurais été un peu trop à la peine.

Ce bouquin, après tant d’autres de la même veine, renoue un dialogue avec un lectorat assidu. Mieux vaut biaiser et tenter de refaire surface en développant la manière et faconde de sa prose.

J’aime bien caser les copains (Pagan) ou copines (Anne Larue, plaidant pour la littérature populaire du « roman contemporain à grand succès »). Charly est un essayiste populaire, cultivant un genre « épistolier » qui n’est pas sans évoquer celui de tous ces livres employant « raconter » avec pour complément un « à mon fils, à ma fille ». Là, c’est l’actualité politique et sociétale narrée à la cantonade. Nous sommes en ses coulisses. Sa manière me fait penser parfois à celle d’Henri-Joseph Dulaurens (cher à Stéphan Pascau, idem mentionnés supra) dont certains écrits furent attribués à nul autre que Voltaire. Le compère Charly (pataude allusion au Compère Laurent, soit Dulaurens, de Pascau), déploie une verve immédiatement accessible. Ses soliloques n’en sont pas, il tient salon, fortement imprégné de la présence de celles et ceux auxquels il s’adresse.

Je ne sais s’il sera étudié par des linguistes ou littéraires comme il se devrait (j’ai renoncé à toute ambition doctorale), mais que l’on adhère ou non à ses démonstrations (difficile de ne pas se reconnaître des accointances multiples), le lire, ne serait-ce que pour sourire avec lui, « langue en coin » (comme on dit en anglais), de ses trouvailles de pamphlétaire, ne peut déplaire qu’aux chagrins et rabat-joie ou chafouins (et autres invectivés par le capitaine Haddock). En revanche, sa chronique de trois quinquennats rafraîchira la mémoire des politologues soucieux de la vox populi rétive à se confondre sans réticence avec le servum pecus se résignant à tout gober.

Et la chute ? Charly incite, irrégalien, à se redresser, à cesser de prendre les vessies qu’il dégonfle pour des lanternes, à ne plus se cantonner dans un indifférent laxisme résigné. La chute de Koikilenkout est un appel au sursaut lucide. Incitation à moins courber le dos en marmonnant, contrits : « Ah, si le roi savait cela… ». Quel ou quelle que soit le souverain, ou la souveraine, d’ailleurs. Car de koikilenkout à koikilenkNout, le dérapage ne peut être exclu.

Le livre peut être commandé par le truchement d’un libraire, ou directement (14 €, port inclus, France métro), chèque à l’ordre de C. Desquesnes (Charles Duchêne/JBD, Le Voilier 1 — 5, av. des Pays-de Monts, 851160, St-Jean-de-Monts).