samedi 23 juillet 2022

To put in or not Poutine ?

Les étiqueter pour ne pas se tromper de cible…

L’actualité, oh bof… Sauf lorsqu’elle sort vraiment de l’ordinaire. Ainsi de cette suggestion d’un général ukrainien selon laquelle le Volodia (Poutine) se serait fait remplacer par un sosie lors de sa rencontre avec Erdogan et Khameni à Téhéran. Bien, pour éliminer le vrai Poutine, il faudrait l’étiqueter (un poisson d’avril dans son dos). En tout cas, s’il veut s’en charger le Bojo aura le mode d’emploi clairement indiqué sur son lance-missiles anti-blindés (un NLAW de Thales Air Defense).


Chape d’ennui à La Bernerie. D’où consultation du site du Daily Mail. Lequel fut ma principale source d’information sur les ennuis de santé du Nord-Coréen Kim Jong-un (donné mourant en octobre 2014, puis en avril 2020). Depuis, je prends les présumées fuites sur l’état de santé du Volodia Poutine avec une consolidée circonspection. Et tout autant la suspicion qu’à la suite de quelques prédécesseurs, il aurait recours à des sosies. Du coup, et en même temps, j’estime superflu de vous fournir des captures d’écran du certifié vrai président fédéral russe et de son double présumé du moment.

En revanche, dans la même édition du Mail, j’ai trouvé pissotante cette vue du Bojo (Boris Johnson) maniant un lance-missiles (Saab Bofors sous licence Thales, un Next generation Antitank Weapon, ou NLAW). Sur l’affut est peinte une flèche vers l’avant surmontée de l’inscription Fire Direction (ou sens du tir). Et rien sur le système de visée (pour ne pas confondre le petit et le gros bout de la lorgnette, soit de la lunette télescopique Trijicon, une compagnie du Michigan, qui équipe la brigade Antigang française ?). On ne saurait se montrer trop prudent lors de l’utilisation de ce type d’arme. Pas non plus de flêches haut et bas sur la crosse, un oubli sans doute… Les visages des militaires entourant le Bojo ont été floutés, serait-ce pour dissimuler quelques ricanements ? Le Bojo a aussi pris place aux commandes – en double –  d’un Typhoon à Coningsby (Lincolnshire), et s’est targué d’avoir effectué trois figures de voltige. Là encore, pour avoir pris place un jour dans un avion de la Patrouille de France (sans doubles commandes), j’y crois très fort. Les Typhoon de la RAF auraient, paraît-il, des problèmes de sièges éjectables. Bojo aurait pu penser à tester le sien.

jeudi 7 juillet 2022

Hector Malot à Kerverner-Raetz ? Spéculation gratuite

Mais Malot à Pornic en famille sans aucun doute

Résidant désormais à Kerverner-Raetz, j’avais, en présomptueux, me placer dans les foulées d’Émile Boutin. Soit de contribuer à la suite de ses écrits (voir sa page Wikipedia), à enrichir la connaissance historique du Pays de Retz. Gageure, il a trop peu laissé de champ à d’éventuels émules. Restent des périphéries, comme le rappel du séjour d’Hector Malot à Pornic. Déjà pourtant amplement balisé.


Françoise Boutin (épouse Pierre-Jean Le Douarin) m’ayant fourni les livres de feu son père que je n’avais pas antérieurement lus, j’abandonne l’espoir d’enrichir ses recherches, quasi-exhaustives, et me retranche sur une position largement consolidée par Agnès Thomas Vidal (retrouvez « Le séjour d’Hector Malot à Pornic et le roman Paulette »). L’Association des Amis d’Hector Malot (amis-hectormalot.fr) vous éclairera plus amplement. Naguère, quand je vous entretenais d’Octave Mirbeau et de Roger Vailland, ou plutôt de leur prose journalistique, je vous aurais transcris celle de Malot dans Le Rappel (des 19 octobre 1882 et éditions suivantes). Est-ce l’air iodé ou l’approche du grand âge, j’ai la flemme et je résume, condense. Les férus retrouveront sur le site annexe de la BnF (retronews.fr). On le sait Émile Boutin et d’autres l’ont établi, les habitants de l’actuelle Côte de Jade, jusqu’à l’actuelle Villeneuve-en-Retz (Bourgneuf et localités voisines) penchèrent plutôt pour la République que pour le ci-devant vendéen Charette. Or donc, à Pornic, c’est la disette. Mais tandis qu’un sieur des Moutiers leur propose de les ravitailler en blé, un Pornicais royaliste signale que la défense de Pornic a rejoint Les Moutiers. Du coup, la ville sans défense est conquise, puis reprise. Mais « brulée en partie ». Reconstruite, Pornic attire le bourgeoisies nantaises, angevines et vendéennes (et la noblesse de Vendée qui dédaigne qui n’est pas bien né). Malot constate (ou suppute) que « la noblesse angevine et vendéenne guindée dans sa fierté, ne pouvait admettre les prétentions de la bourgeoisie nantaise, épanouie dans sa vanité, ses airs flambants, son ostentation et son importance (…) l’on se regarda en chiens de faïence. Ce fut la ruine du casino qui dut éteindre ses lampes et fermer ses portes. ». Conclusion : l’ambition de Pornic « se borna à devenir le rival de Dinard. ».

C’était là quelque peu faire fi de la vitalité pornicaise : vers la fin des années 1930, la Côte de Jade compte quatre casinos proches de Pornic (ceux de la Noëvillard, du Môle, de la Source et de la Côte de Jade). S’ajoute, à La Bernerie, celui de la Plage, et à Saint-Brévin, le Casino des Roches. À Tharon, il est fait état d’un Casino Lebreton. Toutefois, il semble que la fréquentation n’est pas aussi huppée qu’au casino de Monaco. Il semble effectivement que le casino du Môle périclita avant d’être repris en juillet 1929 (relate Le Phare de la Loire du 17 septembre 1929) par un « gros négociant parisien » et des banquiers de Paris et Tours. Le dix de cette année, le directeur des jeux part sans laisser d’adresse, puis ce fut le caissier, puis le directeur général, ce alors que le personnel portait plainte pour non règlement des salaires. Ce casino est fermé avec « apposition de scellés sur les portes ».

Alors, Hector Malot à La Bernerie ? Improbable. Il est fort possible qu’il se rendit, par curiosité, aux Moutiers… Donc, peut-être et non assurément, qu’il prit une rapide collation à Kerverner (La Bernerie), et peu importe. Lire Paulette ne renforce pas cette supposition (accès libre sur le site de Gallica.bnf.fr), car il y est surtout question de la plage « de la Noveillard ». Pour en revenir aux casinos, notons que La Vague de le côte pornicaise et du pays de Retz, datée du premier janvier 1928, signalait que « l’orchestre Duran s'est rendu directeur du Casino de la Plage ».

En fait, La Bernoche (surnom local), hormis le peintre Edgar Maxence, ne peut guère se targuer d’avoir inspiré des personnalités littéraires de tout premier plan (même si le poète René Guy Cadou fut un résident fréquent). Le seul — à ma connaissance – écrivain à fréquenter assidûment Kerverner fut sans doute Jules d’Herbauges (soit Julie Rousseau de Saint-Aignan). Mais, hélas, dans sa Poursuite de l’idéal, elle qualifie la localité de « pauvre village » et ses invités la pressent de s’établir à Pornic. Elle y consent d’autant mieux que son ami, le musicien Anatole Schaf était décédé (je n’ai pas retrouvé sa tombe au cimetière local). Cela étant, il est possible de supputer que la plupart des littérateurs nantais (tel Marc Elder, né Marcel Auguste Tendron, voire Michel Ragon, ami de Cadou) ont fréquenté La Bernerie. Et que le capitaine Lacroix, historien de la marine, eut nombre de visiteuses et visiteurs illustres. Je mentionne aussi Marie Sizun (Marie Dahlquist) dont le roman Les Sœurs aux yeux bleus, fait état de Kerverner. J’en omets sans doute (Ivan Jablonka, Sophie Pietra Roussel, notamment), voire non des moindres.

De médiocre foi, je suppute que de très nombreuses personnalités des arts et des lettres ont fréquenté La Bernerie, en se préservant soigneusement d’en faire la promotion. Mais même en cherchant bien, je n’ai trouvé, que le peintre Maurice Denis, venu en famille en août 1903. Il peint des baigneuses, quelques paysages, et un moulin encore en activité, que je peine à resituer (peut-être celui, à présent désaffecté, proche de la gare). Je ne saurais dire si sa Plage au cerf-volant s’y situe. En fouillant le site de la BnF, Gallica, j’ai retrouvé quelques noms de littérateurs oubliés (tel Victor-Lucien Tapié, auteur d’une centaine de titres). Plus proche dans ce siècle, je ne vois que Charlotte Gainsbourg, venue sans doute assez fréquemment en voisine (elle résida à Pornic). De toute façon, si Kerverner reste une station toujours qualifiée de « familiale », elle ne fut jamais très mondaine ; même si The New York Herald signala en septembre 1907 la présence de la comtesse Eugène de Bocandé « where she will remain until late in October », et si au moins un député de la Seine, le docteur Henri Marmottan, qui fut maire du seizième arrondissement de Paris, venait y rejoindre fréquemment sa famille.

mardi 3 mai 2022

Vite, une statue de Léon Trotski à Marioupol !

Aidons Poutine à re-ressufier l’Ukraine

Allons bon, voilà que, faute de la faire fondre pour fabriquer des obus, les troupes russes ont érigé une statue de Volodia Lednne à Nova Kakhova (sur le Dniepr, à 78 km de Kherson, sud de ce qu’il reste de l’Ukraine). Pourquoi donc Lénine et non Trotsky qui réduisit Makhno (sans doute un néo-nazi à présent selon la propagande du Kremlin que Jef Kessel propagera), hein, on se le demande.


Défense de cracher par terre et de parler breton. C’est un peu la même chose dans l’Ukraine re-russifiée. Alors que la Russie, c’est le cyrillique d’un tsar bulgare et pour partie une terre ukrainienne de fort longue date, voilà que la Russie poutiniste veut faire croire aux Ukrainiennes et Ukrainiens que Lénine est le fondateur de leur nation (soviétique). En fait, ce fut plutôt Trotsky qui permit, en liquidant si ce n’est Makhno lui-même, mais ses partisans, la Makhnovchina, de soviétiser l’Ukraine. Déjà, avant que Lavrov s’en prenne à Zelensky en revitalisant le mythe improbable d’une ascendance juive d’Hitler (sans que jamais aucun élément tangible ne conforte cette fable, quoique, question ascendance, au moins lointaine, rien ne peut être exclu, pour Lavrov lui-même inclus et un peu tout un chacun en Europe), la propagande alors bolchévique tenta de faire accréditer que Makhno avait été anti-juif ou à minima anti-israélite. Autant vouloir faire d’Aaron Baron, proche de Makhno, fusillé par le NKVD (en août 1937), un fasciste haïssant sa judéité.

On pourrait sourire (jaune) de tout cela si ces falsifications historiographiques n’étaient pas révélatrices. On se souvient (hors de Russie à présent) du sort réservé à Trotsky (né Bronstein), à Zinoviev (né Radomylsky) et Kamenev (né Rosenfeld). La propagande stalinienne sut faire remémorer leurs origines. Moins celles d’un certain Oulianov (dit Lénine), dont l’un des aïeuls était dénommé Moshe Blank. Lequel opta, par opportunisme ou conviction, pour l’orthodoxie. Qu’importe !

Il n’en reste pas moins que la propagande poutiniste fait songer à une sorte de wokisme parallèle. Ce après avoir alimenté des courants complotistes exécrant tant l’Occident qu’Israël (et au-delà, une prétendue oligarchie sioniste). On aimerait pouvoir s’en contrebalancer. Mais outre qu’une minoritaire russophobie imbécile s’en prend stupidement à la culture russe (littéraire et musicale), c’est aussi de l’intérieur que cette culture – ou sa partie estimée à présent non-conforme – est combattue. Un dérapage en suscite souvent un autre (par surenchère concordante ou inverse), je devrais m’en tenir là. Mais cette référence au « sang » d’un individu doit être dénoncée, ne serait-ce que pour en prévenir la possible contagion. Que de l’ADN d’Attila le Hun soit traçable dans celle de Poutine ou non, je m’en contre-fiche (serait-il apparenté à Boris ou à Gleb, fils de Vladimir de Kiev, que l’orthodoxie canonisa, cela me serait égal : on les disait ou on les dira pacifistes par la suite). Ériger des statues de Lénine me semble aussi dérisoire que de déboulonner un buste du maréchal Joukov (comme à Kharkiv), lequel fut limogé par Staline puis par Khrouchtchev. Tout comme, si c’est bien vrai, viser des statues scythes à Kherson (Ukraine), ne suffira pas à établir que l’Ukraine ne pouvait exister avant Lénine.

Pour en revenir à Lavrov, je me souviens de la réflexion d’un vieil habitant d’Odessa (c’était au temps de Gorbatchev) : « Odessa était une ville si vivante, si gaie, mais, hélas, tous les Juifs sont partis ». Massacrés en 1941, les Juifs d’Odessa ont fui ensuite le soviétisme, puis le nationalisme ukrainien, et à présent, la « dénazification » russe ne les convainc pas davantage. Et par rapport à la propagande (d’où qu’elle provienne), soyons toutes et tous des « Juifs d’Odessa ». Mais le courage ne consiste pas à fuir la propagande, mais à tenter de la mettre en perspective.

samedi 30 avril 2022

Voter Le Pen (ou RN) pour faire barrage à Zemmour (ou Reconquête) ?

Pour ne pas se fâcher avec les potes, raisonnez crétin.

Raisonner crétine-crétin (ici, adjectivés) ne devient pas plus stupide qu’autre chose. J’opte donc pour raisonner crétin (syntagme nominal, avec mes deux neurones descendus dans mes gonades). Une Le Pen pourrait-elle marginaliser l’islamo-facho Zemmour ? Oui, mais laquelle ?


Petite mise au point sur l’islamo-fascisme d’un Zemmour. Tendance Franco ou Salazar ? Allez savoir. Comme tout gaucho de ma génération, le sionisme des origines, laïque et socialo-diversifié, me semblait séduisant. Mais le résonnez musettes de Reconquête m’en semble si éloigné, voire antagoniste, qu’il me hérisse le poil. Je n’en puis mais. En crétin assumé, je vois chez lui la mentalité des Frères musulmans. Je peux me gourer, je ne le connais pas. Je ne peux donc affirmer qu’il pense ce qu’il dit (d’ailleurs, la même réflexion crétine vaut pour tout·e politicien·ne dont on ne sait plus s’il ou elle pense à autre chose qu’à favoriser ses ambitions). Réfléchir crétin, c’est estimer que, pour éviter d’attendre que la Marion renvoie le Zemmour sur le banc de touche, il faut miser sur la Marine. Donc, la conforter aux législatives, pour voter « utile ».

Les sondeurs ont tellement négligé ce vote crétin (voir ce qu’en relate Le Canard enchaîné), sans doute considéré trop marginal, qu’on ne sait trop comment l’interpréter, ni le quantifier. Entre 13 et 17 % des mélanchonistes du premier tour auraient voté FN (ou RN nouvelle appellation), selon deux instituts. Du fait de quels calculs biscornus ? Fragiliser Macron coûte que coûte ou se laisser abuser par les déclarations socialo-compatibles du FN ? À moins que des relents fondamentalistes religieux aient pu jouer (entre islamisme et judaïsmes rances, c’est tellement imbriqué et similaire ; quant au christianisme intégriste, il reste sur la ligne pillez et massacrez pour acheter reliques et indulgences, et une bonne confession vous vaudra au moins le purgatoire). De ce point de vue, Marion, Marine ou Éric se valent : bonnets noirs et noir bonnet. Cap à droite toute, comme à Varsovie ou Budapest. Qu’importent les promesses ou les moyens, ce qu’un électorat crétin pressent mais ne veut pas considérer sérieusement.

En fait, le « penseur » crétin (ma pomme) ne croit plus en rien ni en personne. Mais, furtivement (pas trop longtemps), il fait encore semblant (ou se l’imagine, histoire de ne pas renier frontalement ses chimères antérieures). Fondateur et suprême manitou (præsident-maréchal) du PrOuT, ou Parti de rien ; revenu de tout (seule formation politique de l’univers exploré à inclure un point-virgule dans son intitulé), je n’ai jamais préconisé le vote blanc, car on ne sait jamais. Mais de quelle fontaine politique actuelle boirait-on de son eau ? Leurs chefs de file puisatiers semblent ne plus s’exprimer que pour s’écouter parler. Dernière en date des recompositions : voilà que la Refondation républicaine de J.-P. Chevènement va se retrouver à négocier des circonscriptions avec les sarkozistes ralliés à Macron. Qui l’eut imaginé voici seulement six ans ? Cette Refondation sera-t-elle aussi durable que l’Alliance républicaine, écologiste et sociale de Jean-Louis Borloo et Jean-Marie Bockel (ce dernier issu, comme Chevènement, du Cérès, un temps aile gauche du PS) ? Cette Alliance se proclamait « Pour une France juste », juste à point sans doute, entre saignante et bien recuite. Ces tentatives de placer des parents, amis et transparents affiliés, tous proclamés soucieux du bien commun ordonné et commençant par soi-même, pourraient être qualifiées de formations girouettes, pour paraphraser feu Edgar Faure. Tant que flotte dans le vent un fumet de soupe, elles tournicotent.

On ne sait jamais, et l’électeur crétin ou auto-crétinisé peut virer de nouveau naïf. Un peu comme l’électeur ultramarin votant Le Pen en s’imaginant que la réduction du nombre des immigrés créera des opportunités de postes ou d’emplois. Le crétin en politique est fort souvent un ex-naïf porté à le redevenir à l’occasion ou à se laisser emporter par un accès de colère. Et la colère, cela se suscite et s’amplifie. En abruti revendiqué, je vois très bien les possédants ressusciter les ligues violentes d’avant le Front populaire. Passer pour un sombre crétin inoffensif deviendrait sans doute salutaire. À tout hasard, je m’entraîne. L’option de se réfugier au Groland étant désormais caduque quoi d’autre ?

mercredi 13 avril 2022

Miscellanées politiques, laïques & pacifistes et autres

En vrac, entre inquiétudes, angoisse et nécessaire espoir

Quelques fragments de « réflexions » ou plutôt de réactions farfelues valant peut-être de susciter des interrogations de votre part…

• Alors, selon Alex Lukashendo (dirigeant biélorusse), les civils tués à Boutcha n’auraient pas été le fait d’une initiative de « néo-nazis » ukrainiens, mais la résultante d’une « opération psychologique spéciale » des service secrets britanniques. Cela pourrait surprendre, mais en fait, il s’agit d’établir que toute puissance occidentale est russophobe et alignée sur les méthodes nazies. Les Écossais et les Gallois (entre autres) y croient très fort. Allez, encore un effort pour nous soutenir que les israélites « néo-nazis » ukrainiens sont les instigateurs des massacres de civils chrétiens.

• En France, il n’y a pas que l’électorat traditionnellement de gauche à se prendre le pouls aux veilles du second tour des présidentielles. Les laïcards aussi (leur électorat se superpose souvent à celui de gauche). Reconnaître à tout le monde un droit à l’indifférence suffira-t-il ? Les clivages vont plus loin, les laîcards bretons restent attachés aux grands pardons (ridiculisés par Octave Mirbeau) au nom d’un folklorisme régional favorable aux commerces locaux. Or Marine Le Pen voudrait interdire les signes religieux ostensibles dans l’espace public. Il faut aussi y croire très fort.

• En appelant à voter Macron, Nicolas Sarkozy a plus que déçu ses plus vigoureux (et à l’occasion virulents) partisans d’hier, pour la plupart ralliés à Éric Zemmour. Voilà aussi de quoi inquiéter les éditeurs de l’ancien président, lesquels pourraient convaincre Zemmour de se prononcer aussi pour Macron (en vue des législatives, histoire de marginaliser le RN). L’autoédition se frotte le mains. Elle esptère sans doute qu'un (ou une auteure) suffisamment médiatisé prônant l'abstention, les votes blancs ou nuls puisse émerger (cela garantirait de bonnes parts de marché).

• J’ai attendu de lire Le Canard enchaîné pour m’interroger sur les dettes bancaires de Valérie Pécresse. Il semble bien qu’il s’agisse de dettes familiales (le patrimoine serait de « plus de dix millions d’euros »). Sans doute constitué moins par des contributions de contribuables que par celles des consommateurs (les hautes rémunérations, dont celles de Jérôme Pécresse, ne proviennent que marginalement des aides de l’État consenties aux entreprises). On se demande bien pourquoi la famille Le Pen n’a pas gagé son patrimoine et a préféré que la formation politique (FN, puis RN) reste redevable d’emprunts russes (entre autres, dont des hongrois). Soutenir que les banques françaises auraient refusé de prendre des hypothèques sur la fortune des Le Pen revient à considérer que, pour les banquiers, l’argent aurait une odeur douteuse…

• Je répugne toujours à répercuter des éléments que les médias français (ou étrangers facilement accessibles) martèlent. Mais il me semble que la réelle nature des objectifs poutinistes pour l’Ukraine soit quelque peu négligée. Il suffit de consulter Ria Novosti. Poutine veut sauver « le peuple ukrainien du nazisme ». En clair, d’obtenir une « désukranisation » totale, équivalente à une russification forcée (dans les écoles des zones occupées, l’hymne russe retentit déjà). L’ennui, c’est que les Ukrainiennes et le Ukrainiens rentrant en Ukraine qualifient désormais les Russes de « fascistes » de manière globale (divers témoignages relayés par leurs compatriotes vivant en France ou en Union européenne). Ce qui implique que toute résistance à la russification sera lourdement sanctionnée La russification accélérée de la Biélorussie figure aussi au programme global. Au-delà, le poutinisme vise à une rechristianisation de « L’Empire du mal » (entendez les sociétés occidentales). Un argument de propagande qui rencontre déjà un certain succès au-delà de la sphère poutiniste stipendiée (je dois préciser que tant Marine Le Pen qu’Éric Zemmour s’en sont distanciés, au moins verbalement). En tout cas, on peut déjà considérer les réfugié·e·s d'Ukraine de réfugi·e ·s poolitiques de longue durée.

• Il semble que la remigration de Zemmour (vers Sétif ?) lui ait coûté quelques suffrages. En fait, c’était en filigrane, la remise en cause du droit du sol. Laquelle ferait qu’hormis les descendants directs de Charlemagne (pas vraiment un franco-français), soit la famille d’Andlau-Hombourg, la France serait dépeuplée. Qu’on n’y voie pas chez moi un antisémitisme larvaire (véreux et nauséabond). En dépit de mes origines celtes dominantes, je ne pourrais exclure des ascendances sémites (nombre d’Écossais ont eu des ancêtres africains selon des analyses d’ADN, donc, pour mon propre compte…). Au haggis-couscous je préfère le couscous-merguez (casher ou halal), ce que le clan Macduff (MacDhuibh) et les Spence (Don & famille) me pardonnent. Zemmour a récolté 160 suffrages à Kerverner-Raez (plus, à mon sens, en raison de ce que la presse relate de l’insécurité à Naoned ou Sant-Nazer, que d’autre chose). Jadot, pourtant non-hostile à une réunification de la Loire-inférieure à la région Bretagne, vient derrière (134 votes). Eh bien, personne ne s’invective au Breiz-Pub ou à l’Océanic (mes deux rades habituels), et personne n’a vandalisé du mobilier urbain (qu’il faudrait remplacer avec nos sous à nouzôtres). Comme quoi on peut rester sereins en dépit de ce qu’on nous serine. Indignez-vous, nous exhortait Stéphane Hessel, alors que sa fille, Anne, nous incite à nous réveiller (Finance, Climat, Réveillez-vous). Mais bon, mon insomnie de la nuit dernière (angoisse, j’admets) m’autorise à vous quitter pour une sieste imméritée, mais salutaire. Même si, en raison de ce qui précède, je conçois qu’on n’en ait guère envie de se réveiller, mais il faudra bien.

vendredi 8 avril 2022

Ria Novosti : les enfants ukrainiens sont déjà des nazis

Et tous les ouest-européens sont aussi des nazis ?

Oui, c’est possible. Des forces ukrainiennes (des réfugiés géorgiens enrôlés ou d’autres) auraient exécuté des soldats russes blessés. La presse occidentale en fait état, Ria Novosti source l’info : ce serait un « mercenaire » danois qui l’aurait divulgué. Mais, au-delà, le propagande poutiniste monte d’un cran : l’Union européenne nazie aurait fait des enfants ukrainiens des nazis à son image.

D’accord, j’exagère. Mais ne croyez pas que j’affabule. Il y a, en germe, dans la propagande poutiniste la tentation de faire de toutes et tous les Ukrainiens, des nazis « passifs » (pour le moment), et de tous les Européens occidentaux des nazillons dont leur russophobie dévoilera sous peu la véritable nature. Elles et ils en sont là. Que ce soit sous la contrainte ou par opportunité de carrière (ou les deux, comme le manifeste Margarita Simonyan, de RT), ne change guère la donne.

Faute d’avoir été accueillies par des drapeaux russes et des fleurs, les troupes russes doivent être persuadées de combattre les fascistes ukrainiens, femmes, hommes et enfants. Et en fait l’Europe occidentale, dégénérée, gangrenée par le nazisme (ce qui, marginalement, n’est pas tout à fait faux, surtout quand on voit des religieux français soutenir les thèses du patriarche Kirill : les droits de l’Homme, bah, mieux vaut la chrétienté des Borgia). Je m’égare ? J’aimerais le croire…

Je maintiens qu’à présent la propagande poutiniste vise à transformer tous les Européens occidentaux en russophobes. Et toutes les Ukrainiennes et Ukrainiens, civils russophones et autres, femmes et enfants, en nazis. Ce, dès l’enfance. Je ne vais pas soutenir que les éléments mis en avant par Ria Novosti sont comparables au Protocole des sages de Sion (paru d’abord en russe dès 1903, sous l’égide de l’Okhrana tsariste). Il se pourrait  fort bien qu’une BD ait inculquée l’idée « que l’armée russe a reçu l’ordre de kidnapper des enfants ukrainiens » (ce qui semble à présent se vérifier, selon les sources ukrainiennes faisant état d’évacuations forcées vers la Russie). Je veux bien aussi, non pas accréditer (je n’en sais rien), mais considérer possible que des « consultants occidentaux » aient contribué à financer de telles publications nationalistes ukrainiennes à tonalité russophobe. De là à nous faire toutes et tous des gens haineux animés d’une russophobie aveugle, il y a un gouffre. Or, je le crains, c’est ce qui se profile. Nombreuses, nombreux, sont les Russes de France et de Russie à ne pas le croire. Faisons en sorte qu’elles et ils considèrent cela absurd (absourdno, absurde, translittéré). Que lit-on sur Ria Novosti ? Les Européens, « depuis des centaines d’années (…) ont été nourris de russophobie. ». Selon Timofeï Sergueïtsev, il faudra procéder à une « désukranisation ». Et à une déseuropénisation bientôt ? Y compris en Russie ? Pour rechristiéniasiser toute l’Europe ? Version Borgia ? Tel n’est sans doute pas l’enjeu ni l'objectif de la population russe, mais il semble bien que la propagande poutiniste l’y prépare. Plus cela s’amplifie, plus cela évoque les arguments des islamistes radicaux et des hindouistes islamophobes, mais bon, j’espère me tromper.


mercredi 6 avril 2022

Alors, le Z russe, ce n’était pas Z comme Zorglub (BD de Franquin)

L’Ukraine, ou la Saint-Barthélémy de Poutine ? Allez comprendre…

Yeux secs, après avoir pleuré sur les victimes ukrainiennes ET russes, je les plisse en lisant l’article de Makc Sokolov pour Ria Novosti. Vl’a que nouzôtres, aurions banni la lettre z de notre abécédaire. Sérieux. D’ailleurs l’helvète Zurich insurance Group aurait modifié son logo (faux, je viens de le vérifier à l’instant). Mais bon, Mackz Sokolov dispose peut-être d’une boule de cristal.

Incipit négligeable, inessentiel. Comme vous le savez, je répugne à bla-blater sur ce que les médias vous ont rabâché. Juste deux-trois trucs. En médialogie de comptoir (qui peut vouloir l’autre), un rappel s’impose. Si vous sélectionnez des éléments « secondaires », on vous imputera l’intention de vouloir masquer les primordiaux. Si vous vous en tenez aux faits « bruts », sans les commenter, ou prendre parti. C’est forcément, « indubitablement », que vous avez pris parti pour l’un ou l’autre bord, si vous ne qualifiez pas, ous avez pris parti par omission, votre silence en dit long… Faire état de quoi que ce soit, c’est « assurément » faire diversion. De toute façon, le plumitif aura toujours tort. J’assume tout, bêtement, car n’étant stipendié par personne, je préfère encore subir les éventuelles conséquences de mon inconséquence que de me morfondre, plus angoissé en me taisant qu’en l’ouvrant. À vos torts et vos travers, comme aux miens : en situation de conflit, même les innocents, les simples d’esprit, se retrouveront toujours les mains pleines.

Je lis (presse anglophone) que des civil·e·s, sans doute russophones, du côté de Kharkiv, auraient empoisonné des pâtés (pirojskis et autres) offerts aux troupiers russes. Je n’ai pas trouvé de confirmation côté médias russes. Il n’y est pas fait état de grands-mères néo-nazies ukrainiennes empoisonneuses. Ce qui justifierait d’en passer d’autres par les armes. Rien de mieux, pour aguerrir de jeunes recrues, que de leur faire exterminer des vieilles ressemblant très fort à leurs propres  babouchkas (ou mamies quelles que soient leurs nationalités). Ensuite, le conscrit ou jeune engagé, misérable à ses propres yeux, ne donne plus cher de sa propre vie, et donc encore moins de celle de tout autre. Tout bénéfice. J’avais recueilli divers témoignages indirects (donc, je m’en distancie) de telles méthodes appliquées par des troupes françaises au Tchad. Mes ami·e·s russes ne m’en voudront pas si je peux supputer que, oui, de telles méthodes auraient pu avoir été appliquées par certains de leurs compatriotes en Ukraine. Je n’affirme rien. Cela fut confirmé ailleurs.

J’avoue aussi ne pas trop comprendre pourquoi les forces russes, qui se seraient (selon la majorité de la presse occidentale) livrées à un sorte de Saint-Barthélémy, ou vêpres siciliennes (voire « banquet » des Borgia) dans la Marioupol russophone, libèrent à présent des maires de localités conquises (les sources ukrainiennes le confirment). Cette mansuétude s’explique mal. Quel parti compte en tirer la propagande russe ? Laquelle fut très active en France (notamment en direction des parlementaires passés chez Zemmour, entre autres, c’est aisément vérifiable par vous-mêmes)).

Mais l’opération spéciale se poursuit sur le front des symboles puisqu’il serait allégué que la République tchèque, mais aussi des Länder de Bavière, de Basse-Saxe et de Rhénanie voudraient rayer la lettre z de l’usage. Je lis (traduction Google, difficultueusement vérifiée via l’original) que tout contrevenant traçant un z « sera passible d’amende », et en cas de récidive « d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans ». J’imagine que ce n’est pas en utilisant zittern, zögern, ou zweifen dans la prose courante, mais en « affichant ce symbole ». J’ai frémi car l’article se conclut ainsi : « la censure alphabétique actuelle est déjà un ramollissement extrême du cerveau ». Bref, « l’ukrainisation » gagnerait les sociétés occidentales, selon Sokolov.

« L’idiotie européenne actuelle », selon le même, (et surtout passée, semble-t-il révolue) a surtout consisté, à mon humble avis, à conforter les oligarques russes, et donc le clan Poutine, à investir sur le marché russe, à y créer des emplois qui ne furent pas maintenus dans l’Union européenne, et j’admets que cet aveuglement fut aussi le mien. Je crois encore à la fraternité (et sororité) franco-russe (et de la Bretagne avec la Russie et l’Ukraine, entités ne s’étant pas toujours déchirées, et j’en avais eu de multiples témoignages directs). Là, oui, il me faut commenter. Il est fort possible que, pour ennuyer des voisins, ou manifester une exécration à l’encontre d’autorités locales, des gens aient tracé des lettres Z, ce qui ne manifeste guère, dans ce cas, un soutien total au régime de Poutine. En revanche, durcir les sanctions (qui existent partout) contre les graffiteurs, permet d’accréditer la thèse d’une russophobie rampante dans l’Union européenne. Quelques autres manifestations imbéciles l’attestent d’ailleurs, très minoritaires et anecdotiques dans leur ensemble. Que des Russes patriotes le soient tout autant que des Français qui, en mars 1947, approuvèrent la répression féroce à Madagascar, cela peut se concevoir, non ?

Cette présumée russophobie risque, hélas, de gagner du terrain. À force de tenter de nous convaincre que nous sommes russophobes, le pouvoir poutiniste pourrait nous finir par nous en persuader et nous faire adhérer à des sentiments hostiles à la Russie. Je veux espérer qu’il n’en sera pas ainsi. Toujours est-il que les autorités de Berlin ont autorisé une manifestation (plus de 400 véhicules) pro-russe, sans incident majeur. L’organisateur, d’origine russe, vit depuis 2001 en Allemagne. À ce jour, il n’a pas été déporté à Kaliningrad.

Autre fait relaté par la presse occidentale. Des chiens sont morts, faute de ravitaillement, dans des refuges canins en Ukraine (notamment à Borodianka, près de Kiev). Qu’il s’agisse d’une conséquence de l’invasion russe semble plausible. Je me retiens d’écrire que les troupes russes avaient à se préoccuper d’autres chats. Vladimir Poutine affectionne les chiens et s’en fait offrir par des dirigeants étrangers. Les faits ne semblent pas pouvoir lui être directement imputables. Et contrairement à ceux du maréchal Göring, il ne s’agit pas de chiens de chasse. La presse anglophone fait grand cas du sort des animaux de compagnie en Ukraine. Se souvenir qu’en matière de propagande, en état de guerre, le recours à l’absurde n’est jamais loin (se replonger dans les archives de presse des deux précédents conflits mondiaux en persuade assez vite).

Excipit superflu ? : Le Canard enchaîné épingle en une les « Poutinophiles de fer » s’étant exprimés dans La Croix du 31 mars. Je n’ai eu accès qu’au titre de La Croix (« Ce qu’en disent les amis de la Russie en France) ». Mais je ne sais si la question des libertés d’opinion en Russie leur fut ou non posée. Leurs arguments sont connus, l’Union européenne aurait bien cherché ce qui advient en Ukraine. Bien, mais que je sache, le Brexit n’a guère amélioré les relations entre le Royaume-Uni et la Russie. Cela étant, la question de l’efficacité et des contrecoup(s) des sanctions reste pendante. Comme tout et son contraire étant concevables, souffrez que je botte en touche…

mercredi 30 mars 2022

L’impossible évacuation (occidentale) de Marioupol

 Macron, « assassin, néo-nazi » ne doit pas liquider les civils de Marioupol

Je veux croire qu’Emmanuel Macron ait proposé de bonne foi d’aider à évacuer les civils de Marioupol et non de les livrer à ses « complices néo-nazis ». Mais il faut être deux pour danser le tango. Et d’évidence, pour la propagande poutiniste, l’évacuation ne peut s’effectuer que vers la Russie, pour soustraire la population aux représailles des prétendus néo-nazis ukrainiens.


Franchement, seriez-vous avec vos enfants à Marioupol et recevant de l’aide alimentaire et autre de secouristes encadrés par des mercenaires tchétchènes ou du groupe Wagner, que diriez-vous aux gens de l’agence poutiniste  Ria Novosti ? Et refuseriez-vous de vous laisser embarquer vers Rostov-sur-le-Don en attendant une autre incertaine destination en Russie ? Iriez-vous répliquer que vous attendrez l’aide et le convoi français (ou ouest-européen) ? Lesquels n’ont aucune chance de se concrétiser car ce serait donner l’occasion de contredire le récitatif poutinien ?

Pour Ria Novosti, après avoir servi de boucliers humains, les civils de Marioupoul sont devenus les otages de qui empêche  par tous les moyens, la « libération » de la ville. Laquelle ne s’était guère dressée pour demander son rattachement à la république séparatiste du Donetsk, mais peu importe. Pour Donbass-Insider et d’autres sites (dont des français), c’est simple, « les massacreurs de Marioupol », soutenus par les régimes fantoches occidentaux, tigres de papier et gonades molles, ne doivent pas recevoir les renforts européens.
Il faut que « Marioupol parle la première » (propos de Laurent Brayard) sur les exactions des néo-nazis.
Ce afin d’ « exhumer toutes les horreurs de l’Ukraine du Maïden » (le même, sur Donbass-Insider).

Bien sûr, si des convois de l’Union européenne secouraient les populations de Marioupol, la propagande mensongère, forcément mensongère, occidentale, extorquerait des témoignages accusant les «libérateurs ». Ne « vous laissez pas berner » vous exhorte Thierry Meyssan sur le site du Réseau Voltaire, qui place tous ses espoirs en Marion Maréchal, en prenant de l’avance sur celui de Riposte laïque, toujours aux basques de Zemmour. Marioupol, c’est un peu, pour Riposte laïque, un peu comme Oradour-sur-Glane, victime de « la responsabilité des maquisards communistes ».

Et Riposte laïque de dresser un parallèle entre la division SS Das Reich et le régiment Azov des forces ukrainiennes. Ces gens ne s’arrêteraient pas là : si une frappe nucléaire russe anéantissait Paris, l’Île-de-France et au-delà, ce serait en raison des « provocations » et de la politique « aventuriste » de leurs contradicteurs. Vous croyez halluciner ? Non, lisez, Vous apprendrez que pilonner Kiev et Tchernigov ne visait qu’à « achever la libération du Donbass » (selon Igor Kashenkov, du ministère russe de la Défense). Nous n’avons rien compris : si jamais les troupes russes se retiraient de Kiev et du nord, ce serait pour se porter au secours des populations de Marioupol. Croyez-le très fort. Et ne pas les laisser à la merci des occidentaux « néo-nazis ». Ces populations sont protégées par les Tchétchènes de Ramzan Kadyrov, l’islamiste que Zemmour n’a pas encore magnifié (cela ne saurait tarder).

dimanche 27 mars 2022

Zemmour fraternel avec les musulmans de France

 La remigration « à son choix » coûtera moins cher

Eh ben voyons, le Kabyle Zemmour est maintenant épris de culture musulmane. Prêt à financer les mosquées conformes à ses vœux ? Histoire de ne pas devoir financer une « remigration » massive ?
Et voilà que même Risposte laïque va nous vanter l’islam de France ? On y croit très fort.


Ce sont « les médias » – ceux ayant soutenu Zemmour inclus ? — qui auraient travesti les convictions et les intentions de Gargamel-Zemmour. En fait, il est épris de culture musulmane et celles et ceux qui « ont fait le choix de l’assimilation » lui inspirent des sentiments fraternels ? Et ben voyons, sororaux de même ? Je voudrais le croire sincère. Pour moi, ce ne fut jamais le cas. J’ai toujours fait la distinction entre copains, et même, pour au moins deux ou trois, amis, de cultures musulmanes (elles sont diverses), et musulman·e·s englué·e·s dans des attitudes que j’estime sclérosantes. Et toujours refusé de mettre dans le même sac anti-laïque les unes et les autres (quelles que soient d’ailleurs leurs confessions diverses, chrétiennes, israélistes, autres). Et même considéré que les qualités humaines primaient, à mes yeux, sur l’attachement à tel ou tel rite, telle ou telle conformité à des pratiques me semblant enfermer les individualités dans un carcan. Laïcard n’est pas synonyme de systématiquement malveillant. Je me suis tenu coi lors d’un enterrement musulman, d’autres catholiques ou protestants, par respect pour les familles et les proches éplorés qui m’avaient convié. J’ai pu bénéficier, en pays musulmans, de la bienveillance de gens estimables. Merci encore.

Allez, je veux bien créditer Zemmour d’un degré de sincérité lorsqu’il tient de tels propos. Je l’incite néanmoins à s’adapter à la culture dominante bretonne, exempte majoritairement de xénophobie, du fait, en particulier, d’une vaste ouverture sur le reste du monde (migrations au loin, nombre de marins et de troupiers coloniaux par un passé encore récent pour les aînés, appétence pour les voyages, et j’en passe). En revanche, quand je vois le site Riposte laïque (progressivement passé à la défense et illustration du christianisme intégriste), laisser passer le texte de Maurice Saliba, pro-Zemmour, y compris lorsqu’il déclare des sentiments fraternels à l’endroit des musulmans voulant s’assimiler, cette volte-face me laisse pour le moins sceptique.

Zemmour, se revendiquant de « la droite de Charles Pasqua et de Philippe Séguin », c’est farce. Pasqua fut (en particulier en Paca, en des affaires immobilières) limite mafieux, enfin, affairiste. Quant à Philippe Séguin, pour lequel j’avais de l’estime en dépit de diverses prises de positions que j’estimais respectables mais peu réalistes (un souverainisme illusoire), l’entendre récupéré ainsi par un Zemmour me hérisse. Mais, bon, paroles en l’air.

Et c’est quoi la remigration de Zemmour ? Celle que Poutine inflige à des gamines et des gamins d’Ukraine, déportés en Russie (et Biélorussie). Car pour Poutine, ce sont des Russes dévoyés qu’il faudra rééduquer. Qui rééduquera et comment les déportés de Zemmour dans des pays qui ne seraient pas forcément ceux de leurs lointaines origines ? Je ne sombre pas tout à fait dans la basse polémique dans la mesure où je considère qu’il s’agit de blabla, d’effet de tribune, sans financement sérieux envisagé. Bah, qu’importe, Marion Maréchal saura le déporter à Sétif. Il lui faudra bien surenchérir pour se faire mousser à son tour.

lundi 21 mars 2022

Ukraine : se préserver de la stupidité russophobe

Éviter d’alimenter la propagande de Moscou

C’est parce que l’Union européenne serait  devenue une coalition totalitaire que la Russie poutiniste s’est donnée la mission de sauver le monde. Le problème, c’est qu’une majorité de Russes en sont progressivement convaincus. Chaque jour, le thème de la russophobie généralisée est martelé par la propagande du Kremlin. N’en tenons pas rigueur aux Russes que nous pouvons côtoyer.


C’était en 1882 et la France chantait Le Fils de l’Allemand dont le fameux envoi « Va passe ton chemin, ma mamelle est française. » fit le succès de la chanteuse Amiati. Le père de l’enfant, officier uhlan, avait sans doute violé une Lorraine, morte en couches. Du moins, fallait-il le supposer.

Je consulte les sites anglophones des agences Interfax et Tass, qui restent bien sûr dans la ligne officielle poutiniste mais n’en rajoutent pas trop. Il faut consulter celui, par exemple de l’agence Ria Novosti, pour prendre la mesure de ce qui est inculqué à la majorité de la population russe (restée en Russie ou expatriée). Vladimir Kornilov nous y apprend que les réfugié·e·s ukrainien·ne·sont devenu·e·s les nouveaux/nouvelles esclaves de l’Europe. Seul·e·s échappent à ce sort qui se réfugie en Russie ou en Biélorussie. Pas de second degré non plus dans la description récurrente d’une russophobie annoncée véhémentement généralisée.

L’illustration ici employée provient du site Donbass Insider pour lequel s’illustrent Laurent Brayard et Christelle Néant, qui, comme divers aventuriers, pour la plupart issus des extrêmes droites de l’U.E. ont combattu (en paroles) au Donbass, côté pro-russe. Le thème de la russophobie est développé et alimenté constamment depuis 2013 en Russie. Mais il était déjà présent dès la guerre dans l’ex-Yougoslavie et renforcé dès 2004 et ladite révolution « orange » en Ukraine. Bien auparavant, dès Charlemagne, l’anti-slavisme « autorisait » à réduire des peuples slaves en esclavage. En France, à partir de 1871, c’est pourtant la russophilie qui prit le dessus, et la guerre froide, en dépit de l’hostilité suscitée par le stalinisme (dans une partie de l’opinion) ne l’étiola guère. Pour mon propre compte, un séjour en Russie, puis l’exode économique (ou parfois dû à des répressions politiques) de Russes et d’ex-citoyen·ne·s de républiques ex-soviétiques, majoritairement aussi russophones, le russe restant la lingua franca de cette diaspora multiforme, ou même la slavophilie des copains serbes – ou moldaves russophones – m’ont détourné de tout sentiment xénophobe à l’endroit de personnes me conservant leur amitié.

Je ne vais pas remémorer que Dachau (camp ouvert en mars 1933) fut peuplé de communistes, de socio-démocrates et de libéraux allemands. Les religieux allemands opposés au nazisme y furent aussi internés. L’écrivain Günter Grass passa des Jeunesses hitlériennes aux Waffen-SS. On sait comment il évolua à partir des années 1950. Je ne vais pas non plus insister sur l’exode de Russes, opposés à la propagande poutiniste, qui enfle, notamment en Finlande et en Turquie. Et je ne saurais condamner définitivement des Russes gobant la propagande anti-européenne de Poutine et consorts. Nombre de Cambodgiens ayant par la suite rejoint les sinistres Khmers rouges avaient été des boursiers en France. Des tortionnaires iraniens, islamistes chiites, s’étaient aussi ralliés à Khomeini en France. Et c’est pourquoi je ne doute guère qu’il puisse se trouver des Russes (ou autres) pro-Poutine en France. Qui pourraient relayer en Russie l’idée d’une population française russophobe (en inventant au besoin des incidents, des anecdotes). Ne leur en donnons pas l’occasion (surtout stupidement, car nombre de Français sont peu à même de distinguer un Géorgien, voire un Ukrainien, un Arménien, d’un Russe).

Des réfugiés politiques russes en France auraient, paraît-il, été la cible d’incidents russophobes. La propagande poutiniste s’empresse et s’empressera de les monter en épingle. Et puis, je connais un très jeune garçon, Alexandre, de père ukrainien et de mère russe. Il ne vit pas en Bretagne, mais si c’était le cas, et qu’il soit pris à partie par des camarades de classe du fait de ses origines, j’en viendrais à me sentir honteux d’être un Breton. La stupidité ira-t-elle jusqu’à expurger Sacha Distel de la discographie du fait que son père était originaire d’Odessa ? Je suis russophile (et ukrainophile, &c.), comme l’était François Cavanna, auteur des Russkofs et de Maria, et pourquoi pas ? Sans angélisme, mais surtout sans xénophobie. Si, en France, des gens veulent s’en prendre à la propagande poutiniste, au lieu de viser des Russes abusés, ils trouveront assez de Français (ou autres, même si breih-info.com s’abstient à présent, c’est récent, de ne relayer que la propagande du Kremlin) à qui se confronter. Mais, là encore, attention à ne pas se tromper de cible : les convictions évoluent, comme en Russie. Et comme cela s’est vérifié en Biélorussie manifestement après 2010.


mardi 15 mars 2022

UUkraine : vers des guerres civiles larvées en territoires occupés

 La propagande pro-Poutine propose des pendaisons de masse

Inutile de vous seriner ce que les médias français rabâchent. Diverses autres informations sont – au moins momentanément et partiellement – négligées. Une revue de presses étrangères m’en a fait sélectionner quelques-unes que j’estime significatives.


Comme les médias français l’ont signalé, des maires et élus ukrainiens des villes occupées ont été remplacés par d’autres, plus complaisants. Mais la propagande russe veut aller plus loin, et faire le ménage dans les territoires occupés en organisant des pendaisons publiques massives des dissidents ukrainiens. C’est ce que rapporte FoxNews, The Daily Beast et Bloomberg News. Ce qui implique que, dans les territoires occupés, les autorités russes pousseront à la délation, et susciteront un climat de guerre civile. Cela semble en tout cas la conséquence logique de ces menaces relayées sur les chaînes russes.

En Biélorussie, le récent référendum autorise l’immunité pénale des dirigeants, mais aussi l’implantation d’installations nucléaires militaires sur le territoire de ce pays vassal de la Russie. C’est ce qui pourrait advenir aussi dans les républiques autoproclamées de Moldavie et de Géorgie si l'offensive russe vise leur annexion.

Sur FoxNews, sans doute pour fragiliser Biden, des animateurs pro-Poutine ne cessent de relayer la propagande russe. Il s’agit du fameux lèche-bottes de Trump, Tucker Carlson, mais aussi d’invités. En France, le site de France soir et d’autres reprennent quotidiennement les mêmes arguments.

Selon la propagande russe, il faut préserver les monuments historiques et ecclésiastiques. Mais en fait, des églises orthodoxes autocéphales ukrainiennes et d'autres commencent à être visées et détruites en diverses localités. Pour le patriarche moscovite Kirill (ancien du KGB à Genève selon le quotidien suisse Le Temps), toute opposition à la Russie est le fait des « forces du mal ». Poutine voulait éliminer des Tchétchènes jusque dans les toilettes, il fera éliminer des Ukrainiennes jusque dans les églises.

L’Alaska fut vendue par la Russie en 1867. Mais à la Douma, un parlementaire russe a commencé à en réclamer la restitution. Cela semble anecdotique et présomptueux, mais donne un indice des ambitions russes quant aux territoires et pays ayant fait partie de l’ex-Union soviétique. Pour le moment, la Transnistrie, peuplée en partie d’Ukrainiens (l’Ukrainien reste l’une des trois langues officielles de ce territoire), reste dans l’expectative. La Transnistrie ne s’est pas prononcée sur les républiques de Donestk et de Louhansk (au Donbass). Mais cette République moldave du Dniestr est économiquement dépendante des investisseurs et de l’aide russes.

Pour Vassily Nebiza (diplomate russe devant les Nations unies), le journaliste Brent Renaud n’aurait pas été tué à Irpen par des tirs russes, mais ukrainiens. En fait, pour le moment, du fait que des tirs furent échangés des deux côtés, difficile de se prononcer, même sison confrère Juan Arredondo, qui a été blessé, a mis en cause des tirs russes.

samedi 12 mars 2022

Ukraine : mais que veut vraiment Poutine ?

 Annexion au sud ou éradication totale de l'Ukraine ?

Vous l'aurez remarqué, je tente de ne pas vous abreuver d'infos rabâchées par les médias dits occidentaux. Je consulte autant les sites Interfax et Tass que d'autres. En revanche, c'est clair, russophile assumé, je considère Poutine pour ce qu'il est : un ploutocrate brejnevien doublé d'un mégalomane. L'ennui, c'est que pas plus moi que d'autres ne sait ce qu'il souhaite réellement. Deux hypothèses contradictoires dont je ne peux départager les fondements valent d'être évoquées.

D'emblée, il faut relever que les Russes, dans leur ensemble, ne semblent guère unanimes. C'est d'ailleurs identique hors de Russie. Je reste en relations avec des gens sincères, Russes ou autres, persuadés d'un complot américano-sioniste visant à l'anéantissement de la Russie. Eh bien, ces gens partout dans le monde (je ne prends que l'exemple du Maroc où les prix des hydrocarbures et de l'alimentaire fragilisent les populations), ne doivent pas être stigmatisés. Outre les réfugiés ukrainiens, il va falloir faire de la place pour les réfugiés russes dans nos sociétés, sans chercher à les départager entre réfugiés politiques et économiques. Qu'ils soient pro-Poutine ou anti-Poutine, toutes et tous souffrent. De même que nos réfugiés, pro-maréchalistes ou pro-gaullistes souffraient quand ils se repliaient en zone libre.

Il y a deux manières de voir les intentions de Poutine. Soit la vision de divers observateurs pour lesquels, faute de pouvoir occuper l'Ukraine durablement, Poutine en fera une immense jachère (hors, bien sûr l'exploitation des gisements d'uranium et de titane confiée au groupe Wagner appuyé par des troupes régulières). L'autre perspective, que le quotidien La Reppublica avance, consiste à envisager une Nouvelle Russie incluant tout le sud de l'Ukraine (et sans doute annexant l'ensemble de la Moldavie à terme, et peut-être la totalité de la Crimée). Le reste de l'Ukraine étant dévasté, rendu inhabitable.

Je ne saurais trancher, mais quel que soit le cas, nous en souffrirons, durement. Nous et tant d'autres de par le monde. Je ne sais comment m'y préparer (en fait, je sais que je ne saurai comment faire, donc j'improviserai maladroitement). Ce dont je suis persuadé, c'est que nous soyons Bretons, Ukrainiens ou Russes, ou autres, nous allons devoir nous entraider. Entre victimes, ne nous divisons pas. Vœu pieux (pour moi, agnostique, athée) mais faute d'autre perspective, croisons les doigts.


jeudi 10 mars 2022

Ukraine : chairs à canon contre boucliers humains

L’armée russe restera-t-elle en Ukraine pour longtemps ?

L’actualité suffit à être angoissante, mais les suites envisageables, pour l’Ukraine, la Russie et l’Europe sont tout autant anxiogènes. Prévisions, mode imprécateur, que j’espère infondées.


La propagande poutiniste a atteint un point de non-retour. Comme en Syrie, l’Ukraine est accusée de vouloir employer des armes chimiques et biologiques (par conséquent, si l’armée russe en utilise, ce seront en fait les Ukrainiens qui en deviendront désignés responsables, tout comme l’opposition à Assad fut accusée d’y avoir recouru). C’est là l’un des aspects du rôle de la propagande. Notez que des soldats russes risquent aussi d’être victimes de ces emplois.

L’armée russe a finalement admis avoir envoyé des conscrits en Ukraine. Auxquels il est soutenu que leurs victimes civiles sont en fait des boucliers humains utilisés par les combattants ukrainiens. Poutine peut s’inquiéter du retour de ces conscrits et de soldats peu crédules en Russie. Certes, ce souci est mineur : ses sbires fidèles sauront les faire taire, et la plupart se tairont.

Mais des démentis à bas bruit, un bouche-à-oreille s’amplifiant, contrecarrant la propagande officielle peut inquiéter l’autoritaire Poutine. Autant différer le risque en laissant les troupes stationner assez longtemps sur place.

Il y a deux manières de faire cesser ce type de rumeur. La répression, qui sera sans doute efficace. L’autre consiste à faire en sorte que les criminels de guerre le deviennent contraints et forcés, et fort peu enclins à s’exprimer. Pour cela il faut déshumaniser l’adversaire, civils inclus, pousser aux viols, aux exactions. Souffrant de syndromes post-traumatiques ou non, les SS du régiment Der Fürher s’étant illustrés à Oradour ne se sont sans doute pas trop vantés de s’être livrés à un massacre de civils, si ce n'est à de très proches partageant l’idéologie nazie.

En France, le temps n’est plus ou un Laurent Wauquiez qualifiait Macron d’être un dictateur (Wauquiez s’était retracté). Il est vrai qu’en comparaison, depuis, avec Poutine, Macron fait figure de « dictateur » (guilles de distanciation s’imposant) au petit pied, et même de tout petit garçon en ce domaine. Et Jadot se garde bien de redire que Macron fait preuve de complaisance envers Poutine. Mais ce qui m’inquiète, c’est que la propagande poutiniste conservera sans doute des adeptes en France, et cela, durablement. Un Thierry Meyssan poursuit sa reprise des arguments d’intox sur le site du Réseau Voltaire. Pour lui, « l’ambition de la Russie et compréhensible, voire souhaitable. ». S’il se garde d’exprimer que cette ambitieuse fin justifie tous les moyens, c’est de justesse.

Il ne peut être exclu que Poutine décide unilatéralement d’un cessez-le-feu à peu près généralisé. Quitte à reprendre des contre-offensives temporaires, sporadiques, en arguant d’attaques localisées visant ses troupes. Mais retirer massivement des unités qui auraient été engagées dans des combats ou ayant pris possession de localités préalablement bombardées semble exclu à court ou moyen terme. Les combattants russes de retour dans leurs familles risqueraient d’écorner la thèse d’une opération de dénazification ou de destruction de sites ou laboratoires d’armes biologiques américains (Lavrov en avait évoqué deux, à Kyiv et Odessa et le compte twitter anglophone de Sputnik – Spunikint –s’était empressé d’amplifier).

L’opinion russe est majoritairement muselée, et les opposants ont commencé à fuir (ou tenter de…), en particulier vers la Finlande. Des parents mieux informés ou perspicaces dont les adolescents pourraient être appelés sous les drapeaux font de même. L’outrance de sa « propre » propagande finira peut-être par influer davantage que les sanctions occidentales. Mais il n’est pas sûr que Poutine fût en capacité de l’envisager.


mercredi 9 mars 2022

Vers des Jeunesses poutinistes armées ?

Les blindés russes frappés du Z de Zemmour ?

Bien présomptueux de parodier le Volatile entravé (hebdo du mercredi). Mais l’apparente bonne santé de Poutine en atteste : le ridicule — des arguments spécieux — ne tue pas. Un peu d’humour noir dissipe parfois l’angoisse.

La Poutinophobie (ou plutôt détestation) ne doit pas avoir pour pendant la Zelenskydolâtrie. Le second Volodia n’a pas brillé dans son combat contre la corruption, a su aussi en mettre un peu à gauche (voir Le Canard enchaîné de la semaine d’avant celle-ci), et sa position sur le Donbass ne fut guère limpide. Mais le président ukrainien n’a jamais posé en super-héros, en athlète accompli, et s’il n’est pas tout à fait aux premières lignes du front, le Russe n’est pas non plus aux avant-postes. Cela se conçoit, une balle de conscrit russe dans le dos ou d’un fusiller marin de Kronstadt ne serait pas à exclure.

Poutine n’a pas encore expédié des ados de la Lounarmia sur le front ukrainien. Ces successeurs des pionniers soviétiques ou des faucons de la patrie roumains bénéficient d’une formation militaire. La Lounarmia est diriigée, depuis fin 2018, par le vice-ministre russe de la Défense. C’est l’armée de la jeunesse poutinienne. Relevez qu’en 2014, la Russie a réactivé notamment en Ukraine (Kiev, Odessa, Donbass) la Droujina, le corps des auxiliaires de la police, qui s’illustra par des pogroms visant les campements des tziganes. Si, en Ukraine, les ultra-nationalistes sont devenus marginaux (un peu comme l’extrême-droite indépendantiste bretonne), la Droujina pro-Poutine d’Ukraine, hors Donbass, semble avoir depuis virée d’allégeance.

On comprend mieux pourquoi Zemmour se sent si proche des chrétiens. Le patriarche moscovite Kirill a dénoncé la décadence de l’Occident, et soutenu sans réserve l’invasion de l’Ukraine, car son dieu a reconnu les siens. Zemmour, en passe de passer ploutocrate, pourrait rependre à son compte les propos du patriarche pour lequel les « marches de la fierté » sont la manifestation satanique marquant la fin de « la civilisation humaine » (tel quel). Poutine œuvre pour le salut de l’Homme, pour la place qu’il occupera à la gauche ou à la droite du sauveur. Je n’en soutiens pas moins que fermer le Centre spirituel et culturel orthodoxe russe du quai Branly (mon billet précédent), fusse-t-il un nid d’espions dont les dômes sont garnis de systèmes d’écoute, pourrait être interprété comme relevant de la russophobie.

Les blindés russes d’invasion sont frappés d’un signe Z, lettre ni slavonne ni cyrillique moderne. Serait-ce l’initiale de notre nouveau Zébulon (qui fait du trampoline dans les sondages) ? Les bateleuses et bateleurs des plateaux télévisuels pourraient lui poser la question afin de lever l’ambiguïté. Et tant qu’à faire lui demander si à ses yeux, Poutine est ou non une immonde crapule ou un infâme scélérat, un dépravé. Le Zébulon a fait grand cas de sa liberté de parole, et que je sache le délit d’outrage à chef d’État étranger a été supprimé.

La Russie accuse à présent l’Ukraine de préparer des offensives utilisant des armes chimiques (selon une dépêche Interfax), ce afin de les imputer aux Russes. Une bonne manière de se dédouaner si la Russie emploie des armes chimiques : il suffira de soutenir que ce sont les Ukrainiens eux-mêmes qui se sont contaminés. Si vous regrettez Sputnik ou RT France, il vous reste les fils en anglais d’Interfax et Tass. Édifiant… On y apprend que les soldats russes fait prisonniers sont soumis aux mêmes tortures que les SS nazis infligeaient durant la « Grande guerre patriotique ». Alors que, bien sûr, les prisonniers ukrainiens des Russes seront « rendus à leurs familles ». On y croit très fort. Le ministère russe de la Défense n’ajoute pas : s’il reste des survivants dans leurs familles. On apprend aussi qu’à Melitopol, la population a accueilli les troupes russes en brandissant des drapeaux russes. Ce serait plutôt l’inverse, s’il faut en croire des vidéos parvenues à la presse internationale. Mais l’opinion russe est sommée d’accorder foi aux sources russes.

La Douma prépare la succession lointaine (2036) de Poutine. Aucun candidat soupçonné de terrorisme (intellectuel) ou de menées subversives (enfreindre la censure) ne pourra se présenter à l’élection présidentielle. Même pas besoin d’atteindre moins de  500 signatures pour se voir retoqué. La Finlande accueille déjà des milliers de réfugiés russes. On comprend pourquoi.

mardi 8 mars 2022

Quand le patriarche Kirill bénit les tchétchènes islamistes

 Faut-il fermer le Centre spirituel russe du quai d'Orsay ?


Interpellé par Sveta, Ukrainienne d'IdF, afin de signer une pétition demandant la fermeture du Centre orthodoxe du quai d'Orsay (dépendant du patriarcat de Moscou et de l'ambassade russe en France), je reste circonspect.
Beaucoup d'habitants du quartier de la porte Saint-Denis ont connu ou côtoyé Sveta (Svitlana mais surnommée Sveta). Devenue peu à peu nationaliste ukrainienne véhémente, au point de se brouiller avec des amies russophones (de diverses nationalités nominales, baltes et autres, dont la russe). Voilà qu'elle m'interpelle pour que je signe une pétition sur Change.org afin d'obtenir la fermeture du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe de Paris. Au motif d'une mise en ligne sur son site d'une sorte d'exorde justifiant la propagande de Poutine et du patriarche russe Kirill. Lequel approuve de facto l'envoi d'un contingent de soldats tchétchènes (musulmans traditionalistes pour user d'un euphémisme) en Ukraine.
Il y a donc matière à se formaliser. On pourrait aussi s'inquiéter du silence du Séminaire russe de Sainte-Geneviève (à Épinay-sous-Sénart), ou des prises de position de l'institut Saint-Serge de Paris.
D'autres entités relevant du patriarcat de Moscou ont pris nettement position en faveur de la paix en Ukraine et interpellé vivement le patriarche Kirill. Il en est de même d'une partie du clergé (le site egliserusse.eu en rend compte) de diverses paroisses.
De ce fait, je reste circonspect. D'une part parce que je ne saurais dire si la prise de position poutiniste émane de l'ambassade ou du clergé du Centre du quai d'Orsay. D'autre part car j'ignore ce que pourraient en penser les Russes orthodoxes de France.
Lesquels sont divisés, certains restant persuadés d'une partie du bien-fondé (à leur entendement) de la propagande du Kremlin, d'autres s'y opposant ouvertement.
Il faut aussi prendre en compte ce qu'implique la moindre manifestation de dissidence lorsqu'on est russe, vivant en Russie ou partout ailleurs (U.E., Royaume-Uni, reste du monde). Les Russes ayant rejoint des manifestions de soutien à l'Ukraine ont pris des risques. Faibles, s'ils sont lambda, tant qu'ils ne cherchent pas à rentrer en Russie, forts, y compris en France ou dans leurs pays de résidence s'ils (elles et ils) sont susceptibles d'exercer une quelconque influence sur l'opinion russe de l'émigration.
S'en prendre à des Russes, celles et ceux se gardant de s'exprimer inclus, est aussi inutile que de dénoncer la cuisine québécoise et les établissements préparant de la poutine (frites, fromage et sauces). Nombre d'entre elles et eux, j'ai pu le constater, ne consultent que les chaînes officielles russes. D'autres, mieux informés, ne ménagent pas leurs critiques, car sachant à quoi s'en tenir sur Poutine. Ce avant même qu'il décide l'invasion de l'Ukraine et vise des cibles civiles.
Pour beaucoup, croyants ou non, se rendre à un culte orthodoxe relève autant d'une envie de retrouver des connaissances que d'autre chose. Cela vaut aussi pour des Ukrainien·ne·s hostiles à Poutine mais non russophobes et qui fréquentent des paroisses du patriarcat de Moscou hors Russie.
En conclusion, il faut se méfier des effets pervers des bonnes intentions. Oui, indubitablement, s'aligner sur les propos du Kirill (un oligarque vivant somptueusement) est condamnable. Le dénoncer s'impose. Fermer tous les lieux de culte relevant du patriarcat de Moscou me semble, pour le moment du moins, hasardeux. Même si on pourrait souhaiter que tous les lieux de culte (de quelque obédience qu'ils relèvent) soient fermés. On ne va pas non plus trier les réfugiés d'Ukraine entre laïcards et autres, plutôt russophones ou plutôt ukrainophones.
On peut d'ailleurs s'attendre à constater que des contingents de dissidents russes ne tarderont guère à se joindre à ce considérable exode. Risquer plus d'une décennie de prison, sans pouvoir espérer en sortir les pieds debout peut en inciter à chercher refuge hors de Russie. Puissions-nous leur réserver le même accueil.


jeudi 3 mars 2022

Macron pour une force nucléaire ouest-européenne ?

 Quand l’insomnie porte moins conseil que billevesées et calembredaines

Avant de tenter de rire jaune à propos de l’Ukraine, un peu de sérieux avec un échantillon fort partiel (et partial) de l’opinion en Russie.

Je la prénomme Olga pour préserver son anonymat. Elle peut être qualifiée d’intellectuelle, a vécu et séjourné à l’étranger (divers pays occidentaux et autres). Pour elle, nous sommes abusés par une propagande pro-Otan et étasunienne. En gros, elle considère que « les Ukrofascistes » se sont comportés en criminels de guerre au Donbass et ont « brûlés vifs des Russes à Odessa. ». Il s’agit donc d’une guerre fomentée par les États-Unis et l’Union européenne et en quelque sorte une riposte préventive en Ukraine. Je résume, mais c’est à peu près cela, et la guerre serait justifiée par le fait que l’Ukraine aurait été (et serait) armée en vue de s’en prendre à la Russie.

Que les affrontements au Donbass aient pu donner lieu à des exactions, notamment de la part du bataillon Azov (ukrainien et formé un temps avec des militants d’extrême-droite), c’est fort probable. Que les médias ouest-européens aient davantage insisté sur les menées russes dans les territoires de Donetsk et Lougansk que sur les atrocités dénoncées par des ONG et imputables aux ultra-nationalistes ukrainiens me semble, de mémoire, assez plausible. Que ces mêmes médias aient passé sous silence l’importance, un temps (depuis plutôt révolu), de l’extrême-droite en Ukraine me paraît (toujours de mémoire) quelque peu exagéré. Quant à l’affaire de la Maison des syndicats d’Odessa, je vous renvoie à Wikipédia. Si j’étais un propagandiste complotiste stipendié, ce qui n'est pas mon cas, je soutiendrais que des éléments du FSB infiltrés parmi les manifestants pro-russes ont provoqué cet incendie dans le but de faire passer tous les pro-ukrainiens pour des néo-nazis. En matière de propagande guerrière, tout est envisageable. Et il est fort possible que, de part et d’autre, tout puisse être envisagé sous peu. Essayons de ne pas inventer n'importe quoi déjà, et de ne pas accréditer n'importe quoi.
Toujours est-il que la réaction de cette Olga doit rester en mémoire lorsqu’il est fait grand cas des manifestant·e·s anti-guerre en Russie. Pour elle, et d’autres, oui, l’armée ukrainienne s’apprêtait à se livrer à un génocide dans le Donbass. Dont acte. Car à moins de supposer qu’Olga soit rétribuée pour s’exprimer de la sorte, j’ai la conviction qu’elle est réellement sincère.

Tentons aussi d’ironiser, maladroitement, forcément, mais sans animosité.

Emmanuel Macron semble plaider pour une défense européenne plus que renforcée. Elle ne pourra être désormais qu’appuyée sur la dissuasion nucléaire. C’est comme si c’était fait. Les Néerlandais vont camoufler des silos sous des serres de tulipes et doter leurs militaires de vélos lance-roquettes (des orgues de Staline sur deux roues ?). Cela laisse sceptique.

Mélenchon comprend fort bien les questions de journalistes mais répond à côté afin de répéter sa réclame prémâchée. Veut-il contraindre tous les pays limitrophes de la Russie à opter pour la finlandisation (non-adhésion à l’Otan, pas de système défensif), ou inciter la Roumanie et la Turquie (désormais limitrophes d’une mer contrôlée par la Russie) au désarmement ? Ce, histoire de pouvoir négocier ? C’est en termes moins explicites l’une des questions qu’il a esquivées.

Le Méluche veut s’en prendre en priorité aux oligarques. Dont les biens sont détenues par des sociétés opaques de divers pays tiers. Pour ne plus être étiqueté orthodoxo-gauchiste, il peut lui être suggéré de s’en prendre aux popes et aux églises du patriarcat moscovite. Cela étant en France, la plupart des orthodoxes russes se sont prononcés pour la paix, et le soutien aux réfugiés). Autant le relever… et le prendre en compte. Ce serait sans doute une fausse bonne idée.

 Au nombre des questions qui génèrent du blabla sur les plateaux télévisés, j’attends celle-ci : « La Chine attendra-t-elle que la Suède ait annexé l’Oblast russe de Kaliningrad pour envahir Formose ? ». Cette région exclave (externe) est lourdement militarisée depuis 2008. Les bateleurs (animateurs de plateaux) posant souvent des questions convenues appelant des réponses prévisibles l’étant tout autant, pourquoi pas une ouvertement saugrenue à l’occasion.

Macron veut toujours laisser ouverte la porte d’un dialogue avec Poutine. Si Zelensky (au passage intéressant portrait de lui, sans complaisance, dans le Canard enchaîné de cette semaine) était encore un comique, il lui conseillerait de dire qu’il attend un coup de fil de Poutine pour l’inviter à venir rependre des discussions à Paris. Poutine pourrait venir avec une yourte bouriate qu’il pourrait dresser (comme naguère Kadhafi) dans le parc de l’hôtel de Marigny. Un point de négociation pourrait être suggéré pour apaiser Poutine : lui proposer de transférer les Jeux Olympiques de Paris à Kharkiv, devenue russe, où presque tout est à reconstruire.

Cela frise le ridicule de censurer des artistes russes et de supprimer des programmes des œuvres de compositeurs russes. Que Zemfira, chanteuse que j’apprécie, subisse des sanctions financières, soit, mais elle s’est déclarée opposée à cette guerre. Alors ? Et même si elle s’était tue sur le sujet, quoi ? Irait-on jusqu’à retirer les œuvres des écrivains russes des rayons des bibliothèques ? Plus de livres sur la cuisine russe dans nos librairies ? Le site franco-russe Russie.net relaie l’appel de personnalités russes exigeant la fin de la guerre. Ne nous laissons pas choir dans une russophobie de façade au gré de prétextes farfelus.

lundi 28 février 2022

Ne dites plus, n'écrivez plus Kiev, mais... ? Kyiv

 Dérisoire mais symbolique, Kyiv est la capitale de l'Ukraine

Kyiv est la translittération la plus courante (et désormais adoptée au Royaume-Uni) de la graphie cyrillique ukrainienne correspondante. Je sais, c'est quelque peu dérisoire de l'adopter et de la répandre. Vous pouvez aussi opter pour  la vyshyvanka (en faisant gaffe à ne pas choisir un motif, des couleurs biélorusses).


Dans un message du ministère britannique de la Défense, cette graphie Kyiv, pour désigner la capitale de l'Ukraine. Ce n'est pas si anodin qu'il puisse y paraître. Les Ukrainiennes et le Ukrainiens (enfin, celles et ceux du Donbass, je ne sais) y sont sensibles.
Tout comme le président ukrainien s'est montré sensible au fait qu'un de ses homologues baltes ait revêtu la chemise traditionnelle ukrainienne pour manifester visuellement sa solidarité.
Mais ne pas se tromper. Si en Bretagne, se gourer de broderie ne porte pas trop à haussements de sourcils, il n'en va pas de même tout à fait au Banat (sud-ouest de l'actuelle Roumanie) et dans les divers pays et contrées d'Ukraine, de Biélorussie. Dans le doute choisir des motifs et couleurs de la Bucovine (région commune au nord de la Roumanie et au sud de l'Ukraine).

Cela étant, cela reste quelque peu (litote) dérisoire au regard des besoins.
Je me méfie toujours des appels aux dons sur les réseaux sociaux s'ils n'émanent pas d'une organisation de longue date reconnue (HCR, Croix-Rouge, Cimade...). Mais une source fiable, Mariana, que j'ai connue à Paris, ancienne journaliste ukrainienne ayant dû fuir l'Ukraine d'avant ce qui fut dénommé la Révolution orange (soit du temps de l'osmose relative entre le pouvoir russe et le gouvernement ukrainien d'alors), communique les coordonnées d'un compte fiable.

THE NATIONAL BANK of UKRAINE has opened a multi-currency fundraising account:
Details in EUR SWIFT Code NBU: NBUA UA UX
DEUTSCHE BUNDESBANK, Frankfurt
SWIFT Code: MARKDEFF
Account: 5040040066
IBAN DE05504000005040040066
Wilhelm-Epsteinn-Strabe 14, 60431 Frankfurt Am Main, RFA.

La chemise traditionnelle (modèles féminins et masculins) est un symbole fort de l'Ukraine qui, chaque année passée — là, cela semble compromis — organisait une grande marche (Megamarche, voir l'illustraton).

mercredi 23 février 2022

Ukraine et Poutine : Méluche moins Déat que l’original…

 Volte-face ou poudre aux yeux de distanciation ?

Pour ne pas sombrer dans le ridicule, tentons d’éviter, au sujet de la crise ukrainienne, l’usage d’invectives visant à discréditer les prises de position des candidat·e·s à la présidentielle. De toute manière, ce que d’aucunes et certains peuvent déclarer à présent ne les engageront pas ultérieurement. En revanche, tenant compte du rapprochement sino-russe, les orientations de l'Union européenne méritent que toutes les opinions soient soupesées.

Ce n’était point la résultante d’un abus de Ricard™ (en fait, au réel, de Lidanis® ou d’un breuvage anisé moins coûteux), ni d’une intoxication au Voleur dans la maison vide (de Jean-François Revel, père de Matthieu Ricard), mais dans la semi-hébétude d’un hémi-sommeil, me vint confusément un soupçon d’amalgame entre Jean-Luc Mélenchon et Marcel Déat. Force m’est faite de revenir au réel et de constater que le Méluche a fait évoluer la teneur de ses propos sur Vlad (euh, Volodia) Poutine et l’annexion du Donbass élargi.

En revanche, il subsiste des convergences entre les propos de l’Insoumis maximo et des alignés moscovites apparents (stipendiés ou non ? Je ne vois guère le Kremlin soutenir financièrement un Dupont-Gnangnan, pour la Marine et le Zorro-Zéro, son féroce usurpateur en devenir, je ne saurais fonder des supputations). L’approche du point Godwin, c’est de rappeler que les maréchalistes soutenaient que l’intérêt de la France avant tout reléguait au second plan d’autres aspects et respects des principes (Sauver la France en la protégeant du pire). Bref, pour un peu, il nous serait soutenu que demander notre rattachement à la Confédération helvétique (entraînant avec nous la Wallonie aussi ?) nous épargnerait les conséquences de l’hostilité russe. C’est exclure par avance que la Russie de Poutine puisse se déliter de l’intérieur. Ou que les sorts et orientations du Donetsk resteront immuables. Je ne peux prévoir ce que ses populations déplacées à Rostov retiendront de leur séjour contraint et forcé. La précarité de leurs prédécesseurs en Crimée peut faire évoluer leurs appréciations.

Celle de l’oligarchie russe, quant au soutien économique devant être accordée à la Transnistrie, aux conquêtes de Géorgie, et à ces deux nouvelles républiques de fait annexée, me semble — confusément, je l’accorde volontiers — quelque peu plus cruciale que ce qu’on tente d’imputer à la psychologie de Volodka Poutine. Mais bon, ce type d’approche farfelu devra attendre quelque temps pour se voir différemment qualifié ou non.

Souffrez que j’en revienne à Revel, qui, page 750 de ses Mémoires (voir le sous-titre supra), feignait de s’offusquer que Régis Debray, dans Les Empires contre l’Europe, l’ait comparé à Marcel Déat. Selon Revel, son antitotalitarisme doublé de son libéralisme lui valaient seuls cette comparaison abusive. « Ben voyons ! » rétorqua-t-il en substance avant Zemmour.

L’Union européenne semble dans une impasse. Les plus fortes sanctions visant la Russie proviendront du Royaume-Uni où les capitaux russes balisent la Tamise. L’Allemagne risque de se montrer circonspecte. Quand j’étais à Rostov, du temps de Gorbatchev, on voyait les investisseurs français venir faire de l’esbrouffe et raccourcir leurs séjours alors que leurs homologues allemands restaient des mois sur place, soucieux d’aboutir à des accords solides. Et puis, Bruxelles constate que des régimes comme ceux de la Pologne ou de la Hongrie soulèvent des questions problématiques. Les ouvertures vers la Russie, que les États-Unis contrecarreraient, entraîneront des exigences de concessions supplémentaires de la part de Moscou.

J’étais encore trop jeune, à l’automne 1956, pour prendre la mesure des polémiques et de la logorrhée verbale qui suivit l’écrasement de l’insurrection hongroise. La situation actuelle est fort différente, mais l’invasion de la Hongrie eut pour conséquence indirecte la fin de l’offensive franco-britannique en Égypte (difficile d’envisager un double front et une dispersion des troupes). Les historiens ont relevé l’extrême hostilité des termes employés par les commentateurs français (et il y eut aussi quelques troubles et affrontements physiques en France). Des clivages internes aux formations ou clans politiques envenimèrent les relations personnelles. Les noms d'oiseaux volaient haut et vif.

Je peux regretter, en termes mesurés, qu’un Emmanuel Macron n’ait pas fait mieux qu’un Nicolas Sarkozy lors de la crise en Géorgie de 2008 (la Géorgie considère que la Russie s’est livrée à un nettoyage ethnique en Ossétie du sud ; l’Abkhazie, aussi sous tutelle russe, évoque un État mafieux). Là encore, comparaison n’est pas raison. Sarkozy s’était  fait mousser à peu de frais, Macron, président temporaire du Conseil de l’U.E., pouvait difficilement s’abstenir de rencontrer Poutine. Pas davantage que Daladier de retour de Munich (juin 1933), Macron ne mérite des tomates pourries ou des fleurs. En revanche, si on veut bien créditer François Fillon de n’avoir pas fait preuve de complicité avec Poutine, rien ne devrait l’empêcher de démissionner de ses fonctions dans les instances des sociétés russes Zaroufejneft et Sibur. Et on peut s’étonner que Valérie Pécresse n’ait pas songé à le lui suggérer. Mais elle peut, par le truchement de Fillon, s’empresser de rencontrer Poutine pour lui tenir un langage d’extrême fermeté. Allez, chiche !

Pour l’anecdote, les félicitations de Donald Trump à Poutine pour sa conduite stratégique « géniale » n’ont encore obtenu aucun écho dans la presse russe. Trump s’est aussi déclaré convaincu que l’invasion de Formose (Taïwan) était imminente (manière élégante de pointer que Biden est pusillanime et ventre mou). Républicains et démocrates n’en sont pas au point de s’accuser mutuellement d’être la cinquième colonne du Kremlin, mais, comme disait Geneviève Tabouis, « attendez-vous à savoir… » que ce ne peut être exclu. Espérons que cela ne déteindra pas sur le débat (ou pugilat) interne à la France.