mercredi 31 mars 2021

Choyons nos expatriés britanniques

Laissons-les conduire, laissons-les conduire en France

Selon le Daily Express (pro-Brexit, anti-Macron) près de trois milliers d’expatriés britanniques en France pourraient perdre la possibilité de conduire un véhicule motorisé… Franchement, c’est mesquin.


Le Daily Express étant le porte-voix d’une « perfide Albion » (ce qui exclut l’Écosse et d’autres), n’en ratant pas une pour ridiculiser Emmanuel Macron (l’Union européenne aussi), ce qui suit reste à prendre avec circonspection. Mais c’est là l’un de mes dadas : tout doit être fait pour faciliter la vie administrative de nos amis britanniques vivant en France (Anglais inclus, voui, et c’est un « petit » Breton qui le leur, nous le, souhaite). Obliger des gens, nos voisins parfois, en France depuis des lustres et décennies, de devoir voisiner avec nous que 90 jours de suite (ou fractionnés) — ce qu’impose l’Espagne aux Britanniques n’ayant pu se régulariser — serait catastrophique. Pour elles et eux, et nous. Aussi, toute initiative préfectorale (donc, gouvernementale) visant à simplifier leurs démarches (ce qu’avait fait la préfecture angevine et un peu trop d’autres) vaut d’être salué, et généralisé.

Voici donc, que, selon le quotidien pro-Brexit, mesquinement, nous viserions les titulaires d’un permis de conduire britannique, sommés d’en obtenir un français.

J’ai dû, à la suite d’un AVC, repasser un test de conduite (pas donné, plus de 150 euros), et ensuite ferrailler avec l’ANTS, office très vétilleux, pointilleux. J’ai fini par aboutir (le test fut positif, &c.). Mais en soulevant plus que des mottes, de quasi-collines.

Donc j’imagine la galère de conducteurs britanniques pas trop au fait de notre culture administrative et ne maîtrisant pas parfaitement le français (la plupart en remontrant aux Français quant à l'emploi de notre langue, mais non toutes et tous).

Or, ces expatriés ne sont pas tous localisés à Nice ou Antibes, mais très souvent dans nos territoires ruraux, de Bretagne et d’ailleurs, là où ne pas pouvoir utiliser un véhicule motorisé est plus que problématique. Elles et ils ont contribué à les revitaliser ou au moins à stabiliser un tant soit peu leur déclin. Ce n’est pas négligeable.

Je ne pousse pas « un cri », j’exhale juste un soupir. Mais j’exhorte (un peu dans le vide, mais au moins, sait-on jamais ?) nos pouvoirs publics à le percevoir.

Laissez-les conduire. Ils sont des n-ô-ô-ôtres, ils régleront d’éventuelles amendes comme nouzô-ô-tres. Mais ne les exposons pas à régler celle, fort lourde, pour la conduite sans permis.

Or, tenez-vous bien, je lis ailleurs que seul le Cert, office de la préfecture de Nantes, serait habilité à traiter les demandes d’échanges de permis de conduire (pas que celles des Britanniques, donc). Bon, le site service-public.fr renseignant sur les formalités inclut une version en anglais. Quant à la carte de séjour, le délai fut fixé à début juillet 2021. Et là, le site ad hoc renvoie vers un document de cinq pages (Un PDF, c’est écrit serré, il faut zoomer) rédigé uniquement en français.

De quoi donner du grain à moudre au Daily Express. Est-ce bien raisonnable ?