vendredi 8 avril 2022

Ria Novosti : les enfants ukrainiens sont déjà des nazis

Et tous les ouest-européens sont aussi des nazis ?

Oui, c’est possible. Des forces ukrainiennes (des réfugiés géorgiens enrôlés ou d’autres) auraient exécuté des soldats russes blessés. La presse occidentale en fait état, Ria Novosti source l’info : ce serait un « mercenaire » danois qui l’aurait divulgué. Mais, au-delà, le propagande poutiniste monte d’un cran : l’Union européenne nazie aurait fait des enfants ukrainiens des nazis à son image.

D’accord, j’exagère. Mais ne croyez pas que j’affabule. Il y a, en germe, dans la propagande poutiniste la tentation de faire de toutes et tous les Ukrainiens, des nazis « passifs » (pour le moment), et de tous les Européens occidentaux des nazillons dont leur russophobie dévoilera sous peu la véritable nature. Elles et ils en sont là. Que ce soit sous la contrainte ou par opportunité de carrière (ou les deux, comme le manifeste Margarita Simonyan, de RT), ne change guère la donne.

Faute d’avoir été accueillies par des drapeaux russes et des fleurs, les troupes russes doivent être persuadées de combattre les fascistes ukrainiens, femmes, hommes et enfants. Et en fait l’Europe occidentale, dégénérée, gangrenée par le nazisme (ce qui, marginalement, n’est pas tout à fait faux, surtout quand on voit des religieux français soutenir les thèses du patriarche Kirill : les droits de l’Homme, bah, mieux vaut la chrétienté des Borgia). Je m’égare ? J’aimerais le croire…

Je maintiens qu’à présent la propagande poutiniste vise à transformer tous les Européens occidentaux en russophobes. Et toutes les Ukrainiennes et Ukrainiens, civils russophones et autres, femmes et enfants, en nazis. Ce, dès l’enfance. Je ne vais pas soutenir que les éléments mis en avant par Ria Novosti sont comparables au Protocole des sages de Sion (paru d’abord en russe dès 1903, sous l’égide de l’Okhrana tsariste). Il se pourrait  fort bien qu’une BD ait inculquée l’idée « que l’armée russe a reçu l’ordre de kidnapper des enfants ukrainiens » (ce qui semble à présent se vérifier, selon les sources ukrainiennes faisant état d’évacuations forcées vers la Russie). Je veux bien aussi, non pas accréditer (je n’en sais rien), mais considérer possible que des « consultants occidentaux » aient contribué à financer de telles publications nationalistes ukrainiennes à tonalité russophobe. De là à nous faire toutes et tous des gens haineux animés d’une russophobie aveugle, il y a un gouffre. Or, je le crains, c’est ce qui se profile. Nombreuses, nombreux, sont les Russes de France et de Russie à ne pas le croire. Faisons en sorte qu’elles et ils considèrent cela absurd (absourdno, absurde, translittéré). Que lit-on sur Ria Novosti ? Les Européens, « depuis des centaines d’années (…) ont été nourris de russophobie. ». Selon Timofeï Sergueïtsev, il faudra procéder à une « désukranisation ». Et à une déseuropénisation bientôt ? Y compris en Russie ? Pour rechristiéniasiser toute l’Europe ? Version Borgia ? Tel n’est sans doute pas l’enjeu ni l'objectif de la population russe, mais il semble bien que la propagande poutiniste l’y prépare. Plus cela s’amplifie, plus cela évoque les arguments des islamistes radicaux et des hindouistes islamophobes, mais bon, j’espère me tromper.


mercredi 6 avril 2022

Alors, le Z russe, ce n’était pas Z comme Zorglub (BD de Franquin)

L’Ukraine, ou la Saint-Barthélémy de Poutine ? Allez comprendre…

Yeux secs, après avoir pleuré sur les victimes ukrainiennes ET russes, je les plisse en lisant l’article de Makc Sokolov pour Ria Novosti. Vl’a que nouzôtres, aurions banni la lettre z de notre abécédaire. Sérieux. D’ailleurs l’helvète Zurich insurance Group aurait modifié son logo (faux, je viens de le vérifier à l’instant). Mais bon, Mackz Sokolov dispose peut-être d’une boule de cristal.

Incipit négligeable, inessentiel. Comme vous le savez, je répugne à bla-blater sur ce que les médias vous ont rabâché. Juste deux-trois trucs. En médialogie de comptoir (qui peut vouloir l’autre), un rappel s’impose. Si vous sélectionnez des éléments « secondaires », on vous imputera l’intention de vouloir masquer les primordiaux. Si vous vous en tenez aux faits « bruts », sans les commenter, ou prendre parti. C’est forcément, « indubitablement », que vous avez pris parti pour l’un ou l’autre bord, si vous ne qualifiez pas, ous avez pris parti par omission, votre silence en dit long… Faire état de quoi que ce soit, c’est « assurément » faire diversion. De toute façon, le plumitif aura toujours tort. J’assume tout, bêtement, car n’étant stipendié par personne, je préfère encore subir les éventuelles conséquences de mon inconséquence que de me morfondre, plus angoissé en me taisant qu’en l’ouvrant. À vos torts et vos travers, comme aux miens : en situation de conflit, même les innocents, les simples d’esprit, se retrouveront toujours les mains pleines.

Je lis (presse anglophone) que des civil·e·s, sans doute russophones, du côté de Kharkiv, auraient empoisonné des pâtés (pirojskis et autres) offerts aux troupiers russes. Je n’ai pas trouvé de confirmation côté médias russes. Il n’y est pas fait état de grands-mères néo-nazies ukrainiennes empoisonneuses. Ce qui justifierait d’en passer d’autres par les armes. Rien de mieux, pour aguerrir de jeunes recrues, que de leur faire exterminer des vieilles ressemblant très fort à leurs propres  babouchkas (ou mamies quelles que soient leurs nationalités). Ensuite, le conscrit ou jeune engagé, misérable à ses propres yeux, ne donne plus cher de sa propre vie, et donc encore moins de celle de tout autre. Tout bénéfice. J’avais recueilli divers témoignages indirects (donc, je m’en distancie) de telles méthodes appliquées par des troupes françaises au Tchad. Mes ami·e·s russes ne m’en voudront pas si je peux supputer que, oui, de telles méthodes auraient pu avoir été appliquées par certains de leurs compatriotes en Ukraine. Je n’affirme rien. Cela fut confirmé ailleurs.

J’avoue aussi ne pas trop comprendre pourquoi les forces russes, qui se seraient (selon la majorité de la presse occidentale) livrées à un sorte de Saint-Barthélémy, ou vêpres siciliennes (voire « banquet » des Borgia) dans la Marioupol russophone, libèrent à présent des maires de localités conquises (les sources ukrainiennes le confirment). Cette mansuétude s’explique mal. Quel parti compte en tirer la propagande russe ? Laquelle fut très active en France (notamment en direction des parlementaires passés chez Zemmour, entre autres, c’est aisément vérifiable par vous-mêmes)).

Mais l’opération spéciale se poursuit sur le front des symboles puisqu’il serait allégué que la République tchèque, mais aussi des Länder de Bavière, de Basse-Saxe et de Rhénanie voudraient rayer la lettre z de l’usage. Je lis (traduction Google, difficultueusement vérifiée via l’original) que tout contrevenant traçant un z « sera passible d’amende », et en cas de récidive « d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans ». J’imagine que ce n’est pas en utilisant zittern, zögern, ou zweifen dans la prose courante, mais en « affichant ce symbole ». J’ai frémi car l’article se conclut ainsi : « la censure alphabétique actuelle est déjà un ramollissement extrême du cerveau ». Bref, « l’ukrainisation » gagnerait les sociétés occidentales, selon Sokolov.

« L’idiotie européenne actuelle », selon le même, (et surtout passée, semble-t-il révolue) a surtout consisté, à mon humble avis, à conforter les oligarques russes, et donc le clan Poutine, à investir sur le marché russe, à y créer des emplois qui ne furent pas maintenus dans l’Union européenne, et j’admets que cet aveuglement fut aussi le mien. Je crois encore à la fraternité (et sororité) franco-russe (et de la Bretagne avec la Russie et l’Ukraine, entités ne s’étant pas toujours déchirées, et j’en avais eu de multiples témoignages directs). Là, oui, il me faut commenter. Il est fort possible que, pour ennuyer des voisins, ou manifester une exécration à l’encontre d’autorités locales, des gens aient tracé des lettres Z, ce qui ne manifeste guère, dans ce cas, un soutien total au régime de Poutine. En revanche, durcir les sanctions (qui existent partout) contre les graffiteurs, permet d’accréditer la thèse d’une russophobie rampante dans l’Union européenne. Quelques autres manifestations imbéciles l’attestent d’ailleurs, très minoritaires et anecdotiques dans leur ensemble. Que des Russes patriotes le soient tout autant que des Français qui, en mars 1947, approuvèrent la répression féroce à Madagascar, cela peut se concevoir, non ?

Cette présumée russophobie risque, hélas, de gagner du terrain. À force de tenter de nous convaincre que nous sommes russophobes, le pouvoir poutiniste pourrait nous finir par nous en persuader et nous faire adhérer à des sentiments hostiles à la Russie. Je veux espérer qu’il n’en sera pas ainsi. Toujours est-il que les autorités de Berlin ont autorisé une manifestation (plus de 400 véhicules) pro-russe, sans incident majeur. L’organisateur, d’origine russe, vit depuis 2001 en Allemagne. À ce jour, il n’a pas été déporté à Kaliningrad.

Autre fait relaté par la presse occidentale. Des chiens sont morts, faute de ravitaillement, dans des refuges canins en Ukraine (notamment à Borodianka, près de Kiev). Qu’il s’agisse d’une conséquence de l’invasion russe semble plausible. Je me retiens d’écrire que les troupes russes avaient à se préoccuper d’autres chats. Vladimir Poutine affectionne les chiens et s’en fait offrir par des dirigeants étrangers. Les faits ne semblent pas pouvoir lui être directement imputables. Et contrairement à ceux du maréchal Göring, il ne s’agit pas de chiens de chasse. La presse anglophone fait grand cas du sort des animaux de compagnie en Ukraine. Se souvenir qu’en matière de propagande, en état de guerre, le recours à l’absurde n’est jamais loin (se replonger dans les archives de presse des deux précédents conflits mondiaux en persuade assez vite).

Excipit superflu ? : Le Canard enchaîné épingle en une les « Poutinophiles de fer » s’étant exprimés dans La Croix du 31 mars. Je n’ai eu accès qu’au titre de La Croix (« Ce qu’en disent les amis de la Russie en France) ». Mais je ne sais si la question des libertés d’opinion en Russie leur fut ou non posée. Leurs arguments sont connus, l’Union européenne aurait bien cherché ce qui advient en Ukraine. Bien, mais que je sache, le Brexit n’a guère amélioré les relations entre le Royaume-Uni et la Russie. Cela étant, la question de l’efficacité et des contrecoup(s) des sanctions reste pendante. Comme tout et son contraire étant concevables, souffrez que je botte en touche…