mercredi 24 octobre 2018

Blogue ou blogue-notes ou... stop ou encore ?


Boguerai(s)-je sur le blogue ?
Reçu récemment ce courriel intitulé : « j’harmonise blog, blogue-notes, OU encore blogue ? ». Réponse : fais comme te plaira… mais, “blog” n’est pas glop-glop pour moi.

Corrigeant orthotypographiquement – et quelque peu au-delà – la thèse d’une amie doctorante, elle vient de me solliciter : doit-elle écrire blog, blogue-notes, blogue ? Perso, j’avais opté pour blogue-notes. Abrégé blogue. Finalement, je vais me caler tant sur la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française que sur la recommandation parue au Journal officiel de la République française le 16 septembre 2014. Sauf lapsus de saisie, blogue me suffira désormais.
            J’avais failli virer manuéliste, à la suite et en compagnie du regretté Robert Guibert, et de diverses autres éminentes références en la matière, en consultation avec Aurel Ramat (récemment décédé aussi, hélas). Nous étions bien sûr en relation avec Jean-Pierre Lacroux. Ce dernier, à titre posthume, et nos amis de la liste typographique, nous coupèrent l’herbe sous le pied. Nous envisagions un guide orthotypographique raisonné, soit explicitant nos options. Cet immense chantier mériterait sans doute d’être repris, en dépit de l’Orthotypographie de Lacroux et alii. Laquelle indique par exemple qu’il convient de saisir « Quai d’Orsay », « Place Beauvau », mais ne dit rien de la rue (ou Rue ?) de Valois. Et pourquoi pas uniquement « Valois » ? Je me félicite de poser la question, mais souffrez que je ne me réponde… Inutile de m’enfarger dans les fleurs de tapis (voir le billet de Dany Laferrière sur le bloc-notes des Immortel·le·s). Mais est-ce bien si utile de relancer ce chantier ?
            Or, je répugne à préconiser, ou indiquer sans tenter d’exposer causes et effets d’un choix ; donc, pour me rafraîchir la mémoire, et répondre à ma correspondante, j’optais pour une visite du site de l’Académie française. Lequel loge un document émanant de la Commission d’enrichissement de la langue française et de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Ce Vocabulaire des techniques de l’information et de la communication (TIC) – j’allais ajouter sic : pourquoi pas Tic ? ; n’est-ce point un acronyme ? – préconise « blogue » (et mentionne le JO, et non Jo, car on prononce comme autrefois on écrivait J. O., du 16 sept. 2014). Va pour ce blogue…
            Cela étant, nos académiciennes et académiciens, contrairement aux Acadiennes et Acadiens francophones du Québec, ne l’entendent pas ainsi. Partout sur le site de l’Académie, antérieurement et assurément postérieurement à l’arrêté publié au JO, vous lisez « bloc-notes ». Dernière (et non moindre) occurrence : le billet « La petite fille et le sabot », de Dominique Bona, daté du 4 octobre 2018. C’est l’insurrection – académique – qui (re)vient. Je me garderai de médire : ce bloc-notes, si tel est le bon plaisir du Quai Conti, lui sied fort bien.
            M’étant penché sur les vocables d’Octave Mirbeau et de Roger Vailland que je pressens candidats à la suppression en de futurs dictionnaires, pour cause d’obsolescence d’emploi, j’ai lu attentivement le billet de Dominique Bona traitant du sabot, ou plutôt des sabots des garnements de la comtesse de Ségur. « Les mots (…) forment désormais, dans certains textes, un obstacle infranchissable. ». Un peu comme, à présent, ce sabot qui empêche de ne pas devoir aller rechercher son véhicule à la fourrière. Qu’en adviendra-t-il lorsque des préposés au contrôle des voies publiques pourront bloquer tout démarrage d’un simple clic ? Je ne saurai non plus préjuger du devenir, tant des blogues, et de leurs feuillets finissant aux feuillées (ou latrines, tels ces sanibroyeurs que deviennent les moteurs de recherche), que du mot blogue. Quant aux inconvenantes conventions orthotypographiques, j’ai fini par m’y faire. Niet quand même au blog qui me bloque, mais tant pis pour mon défunt -notes (sauf « en » bloc[s], bien sûr). Chassé de l’usage courant, il reste enchâssé à l’Académie où les anatomistes du langage le préservent. Ainsi soit-il, tel est le nom du film, chante Louis Chedid.