dimanche 10 mars 2019

Paris secret, monde interdit…

À la recherche du Mondo prohibito (film de Fabrizio Gabella)

Un peu de détente… Toujours sur les traces de Roger Vailland (et pseudonymes consorts), je retrouve qu’il fut l’inspirateur du film de Fabrizio Gabella, Questo mondo proibito (1963, sorti sous le titre Ce monde interdit en juin 1964). Un docu-fiction dirait-on aujourd’ hui, dont le prototype français reste le film Paris secret…
Paris Secret, vagues souvenirs… Des filles nues, des adorateurs du nombril réunis en cercle, des trav’ (Chez Michou ?), du vaudou… Je ne sais trop si ce film d’Édouard Logereau fut ou non interdit aux moins de… mais je sais que je parvins à m’introduire dans la salle. Circa… l’été 1965. J’avais donc dans les 14 ans. Est-ce grâce au « Grand Ségalou », mon pote d’alors, perdu de vue de longue date, avec lequel j’interprétais Toto, le personnage de Fernand Raynaud (« Ouin, c’est l’morceau que j’voulais »), sur la scène de la salle du patronage Saint-Paul, à Angers, que j’ai pu voir ce film. Proche du « Chez Laurette » de Delpech, et de la caserne des pompiers, cette salle. « Chez Laurette », j’y jouais au billard électrique, pas encore électronique, pour 20 ronds la partie (avec cinq boules alors). J’ai oublié l’enseigne réelle, qui a dû changer depuis…
         Magique, faire le gus en Toto. Dans les « loges » de la salle Saint-Laud, l’une des Collégiennes de la chanson, en soutien-gorge ! Était-ce Marie-Annick Rétif ? Aucune idée. C’était avant le « Il fait trop beau pour travailler », des Parisiennes, du temps de Juanito et de Marie Laforêt et ses « yeux d’or ». Mais pas loin…
         Ah oui, le père du « Grand Ségalou » gérait deux salles de cinématographie : Le Beaurepaire, et peut-être Le Français, rue de la gare (oui, ce devait être Le Français). Donc, les jeudis aprèms, on allait gratis au cinoche… Voir Maciste et les Trois Mousquetaires, ou des trucs du même style.
         Souvenir très, très précis sur Paris Secret. Printemps 1969, baraquement préfab’ de la fac de Droit nantaise. Assis au fond, près d’une jeune mère de famille et de la fenêtre. On cause Piaget (je m’étais aussi inscrit en socio…) en loucedé. Le chargé de travaux dirigés (costume noir, cravate idem, chemise blanche, comme tous mes péteux de condisciples ou presque) nous parle des de France (le patronyme est-il partie intégrante de la personnalité juridique ?), et de… Paris secret. Car l’une des jeunes actrices, 17 ans, donc mineure, se fit, paraît-il, prélever son tatouage sur « les lombes », une petite tour Eiffel, qui fut vendu aux enchères lors du raout de lancement du film. J’éclate de rire. Tout le monde se retourne ; le chargé de TD est le seul à sourire. Cela décida de la fin de mes études de droit (plus tard, devenu chroniqueur judiciaire, j’eus de furtifs regrets).
         Le synopsis de Paris secret se trouve sur le site d’Unifrance. Allez voir… Pissotant… 25 épisodes hilarants. Aucun souvenir de « M. Rousseau fabrique un sous-marin pour boire son pastis sous la Seine ». Cela ne m’évoque plus que l’insubmersible de Merklen, « Lucifugus », dans une courette intérieure de sa Boucherie humaine, de Pleurs (et Chauvier enflammant ses pets au briquet, et Chouf, Frédéric Chef, impavide).
         Je n’imagine même pas comment Roger Vailland put inspirer ce Questo Mundo proibito, dont les principales séquences s’énoncent ainsi :
         • Pubblicita, oppio dei popoli ;
         • Le Bal negre ;
         • Il segno del rettile (le songe du reptile) ;
         • La galerie sadiste ;
         • Il ghetto del terzo sesso ;
         • L’industria dell’erostismo ;
         • La psicologia dell’erotismo ;
         • Anatomia del sex-appeal ;
         • A twist for a virgin ;
         • I sogni e la spicanalis ;
         • La vita moderna.
Et “vietato al minori di 18 anni”, s’il vous plait…
         Au générique, Monique Watteau (Monique Dubois), qui fut la compagne de Yul Brynner de 1961 à 1967. Yul Brynner, Eddie Constantine, Paul Meurice (Le Monocle…). Regina Saiffert. Films Marceau-Cocinor. Au scénario, Christiane Rochefort. Des scènes tournées pour être montrées sur un écran de Scopitone ou de Cinebox (jukebox diffusant aussi des séquences filmées en 16 mm). Quelle épique époque !
         J’admets qu’il y a mieux à revoir. Par exemple, les films exceptionnels de l’ami disparu Claude Faraldo : Bof… Anatomie d’un livreur (« Je vis à tes crochets, j’ai tué ta mère, j’ai couché avec ta femme… Ne m’appelle plus papa, appelle-moi Paulo ») ; Themroc, avec Piccoli en nouvel homme des cavernes se dégustant une « hirondelle » (un flic à ciré et capuche) ; avec les cartouches comme « Secrétaire hautaine et galbée ». Pur bonheur ! Mais si vous retrouvez où voir Paris secret ou Ce monde interdit, faites-moi signe. Je suis preneur.

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