À la recherche du Mondo prohibito (film de Fabrizio Gabella)
Un peu de détente… Toujours sur les traces de Roger Vailland
(et pseudonymes consorts), je retrouve qu’il fut l’inspirateur du film de
Fabrizio Gabella, Questo mondo proibito
(1963, sorti sous le titre Ce monde
interdit en juin 1964). Un docu-fiction dirait-on aujourd’ hui, dont le
prototype français reste le film Paris
secret…
Paris Secret,
vagues souvenirs… Des filles nues, des adorateurs du nombril réunis en cercle,
des trav’ (Chez Michou ?), du vaudou… Je ne sais trop si ce film d’Édouard
Logereau fut ou non interdit aux moins de… mais je sais que je parvins à m’introduire
dans la salle. Circa… l’été 1965. J’avais
donc dans les 14 ans. Est-ce grâce au « Grand Ségalou », mon pote d’alors,
perdu de vue de longue date, avec lequel j’interprétais Toto, le personnage de
Fernand Raynaud (« Ouin, c’est l’morceau
que j’voulais »), sur la scène de la salle du patronage Saint-Paul, à
Angers, que j’ai pu voir ce film. Proche du « Chez Laurette » de
Delpech, et de la caserne des pompiers, cette salle. « Chez Laurette »,
j’y jouais au billard électrique, pas encore électronique, pour 20 ronds la
partie (avec cinq boules alors). J’ai oublié l’enseigne réelle, qui a dû
changer depuis…
Magique, faire
le gus en Toto. Dans les « loges » de la salle Saint-Laud, l’une des
Collégiennes de la chanson, en soutien-gorge ! Était-ce Marie-Annick Rétif ?
Aucune idée. C’était avant le « Il
fait trop beau pour travailler », des Parisiennes, du temps de Juanito
et de Marie Laforêt et ses « yeux d’or ». Mais pas loin…
Ah oui, le père
du « Grand Ségalou » gérait deux salles de cinématographie : Le
Beaurepaire, et peut-être Le Français, rue de la gare (oui, ce devait être Le
Français). Donc, les jeudis aprèms, on allait gratis au cinoche… Voir Maciste et les Trois Mousquetaires, ou
des trucs du même style.
Souvenir très,
très précis sur Paris Secret.
Printemps 1969, baraquement préfab’ de la fac de Droit nantaise. Assis au fond,
près d’une jeune mère de famille et de la fenêtre. On cause Piaget (je m’étais
aussi inscrit en socio…) en loucedé. Le chargé de travaux dirigés (costume noir,
cravate idem, chemise blanche, comme tous mes péteux de condisciples ou
presque) nous parle des de France (le patronyme est-il partie intégrante de la
personnalité juridique ?), et de… Paris
secret. Car l’une des jeunes actrices, 17 ans, donc mineure, se fit,
paraît-il, prélever son tatouage sur « les lombes », une petite tour
Eiffel, qui fut vendu aux enchères lors du raout de lancement du film. J’éclate
de rire. Tout le monde se retourne ; le chargé de TD est le seul à
sourire. Cela décida de la fin de mes études de droit (plus tard, devenu
chroniqueur judiciaire, j’eus de furtifs regrets).
Le synopsis de
Paris secret se trouve sur le site d’Unifrance.
Allez voir… Pissotant…
25 épisodes hilarants. Aucun souvenir de « M. Rousseau fabrique un sous-marin pour boire son pastis sous la
Seine ». Cela ne m’évoque plus que l’insubmersible de Merklen, « Lucifugus »,
dans une courette intérieure de sa Boucherie humaine, de Pleurs (et Chauvier
enflammant ses pets au briquet, et Chouf, Frédéric Chef, impavide).
Je n’imagine
même pas comment Roger Vailland put inspirer ce Questo Mundo proibito, dont les principales séquences s’énoncent
ainsi :
• Pubblicita, oppio dei popoli ;
• Le Bal negre ;
• Il segno del rettile (le songe du
reptile) ;
• La galerie sadiste ;
• Il ghetto del terzo sesso ;
• L’industria dell’erostismo ;
• La psicologia dell’erotismo ;
• Anatomia del sex-appeal ;
• A twist for a virgin ;
•
I sogni e la spicanalis ;
• La vita moderna.
Et “vietato al minori di 18 anni”, s’il vous plait…
Au générique,
Monique Watteau (Monique Dubois), qui fut la compagne de Yul Brynner de 1961 à
1967. Yul Brynner, Eddie Constantine, Paul Meurice (Le Monocle…). Regina
Saiffert. Films Marceau-Cocinor. Au scénario, Christiane Rochefort. Des scènes
tournées pour être montrées sur un écran de Scopitone ou de Cinebox (jukebox diffusant aussi des séquences
filmées en 16 mm). Quelle épique époque !
J’admets
qu’il y a mieux à revoir. Par exemple, les films exceptionnels de l’ami disparu
Claude Faraldo : Bof… Anatomie d’un
livreur (« Je vis à tes crochets,
j’ai tué ta mère, j’ai couché avec ta femme… Ne m’appelle plus papa,
appelle-moi Paulo ») ; Themroc,
avec Piccoli en nouvel homme des cavernes se dégustant une « hirondelle »
(un flic à ciré et capuche) ; avec les cartouches comme « Secrétaire hautaine et galbée ». Pur
bonheur ! Mais si vous retrouvez où voir Paris secret ou Ce monde
interdit, faites-moi signe. Je suis preneur.
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