samedi 9 novembre 2019

Vatican: le pape François adepte de la christologie kénotique ?


Selon un athée qui en est proche, le pape François serait un hérétique

Cela fait un bon mois que les bonnes feuilles du dernier livre d’Eugenio Scalfari, 95 ans, fondateur du quotidien La Repubblica en 1976, et longtemps son éditorialiste dominical, ont agité l’univers catholique romain. Mais, le 5 novembre dernier, La Reppublica lui offre une tribune, et ce n’est qu’hier que le Vatican a émis une mise au point : les propos du pape François recueillis par Scalfari ne sont pas verbatim, point.
Ce n’est guère différent de ce qui s’était produit en 2013, 2014 et 2018. Car Scalfari converse régulièrement avec le pape… Et il publie les propos pontificaux entre guillemets, les authentifiant ainsi.
Le laconisme des réfutations vaticanes peut laisser supposer que Scalfari serait le porte-parole officieux du pape, qui, bien évidemment, ne confirme pas urbi et orbi ce qu’il lui confie. Car s’il s’exprimait ainsi ex cathedra ou ex officio, soit paré d’une infaillibilité pontificale décrétée en 1870, laquelle, malgré les efforts du théologien Hans Küng, reste acte de foi, un nouveau schisme ne saurait tarder.
En substance, selon Scalfari, l’actuel pape serait un adepte de la christologie kénotique, dérivée de l’interprétation de propos de l’apôtre Paul, selon laquelle Jésus aurait renoncé à sa divinité dès sa venue au monde et ne l’aurait recouvrée qu’après sa mort. Ce n’est pas l'homme incarné qui serait ressuscité, et c’est sous la forme d’un esprit que cet homme se serait manifesté après sa mort. L’apôtre Thomas aurait donc été un illuminé victime d’une apparition ou l’évangéliste Jean aurait inventé le dialogue entre le Christ et son apôtre.
Cela étant, pourquoi pas ? Si tant était qu’il ne fut qu’un seul authentique Jésus (de… Nazareth, d’une autre localité ?), qu’un dieu unique se soit incarné en lui (quand ? dès l’annonce faite à Marie ? post-partum ?), et lui ait donné la latitude de se renoncer à sa divinité en tant qu’homme jusqu’à son trépas (dès son premier vagissement, plus tard ? mystère...), tout cela reste abracadabrantesque.
Bref, que le pontife catholique apostolique romain (entre autres multiples pontifes catholiques, chrétiens…) n’accorderait — le conditionnel s’impose — aucune foi en la « résurrection corporelle du Christ » ne change pas grand’chose.
Le dieu unique et la société moderne, le livre de Scalfari, met à mal les Actes des apôtres, les conclusions du concile de Nicée-Constantinople (325-Nicée ; 381-Constantinople), que certaines églises protestantes ne contestent pas. Pour résumer, l’anathème pourrait frapper un pape romain…
Mgr Strickland, un évêque américain, se proclamant gardien de la vraie foi, a condamné sans équivoque le « prétendu journaliste Scalfari ». Lequel échappera sans doute au bûcher.
En fait, Scalfari est accusé d’être un crypto-communiste laïcard, mais une partie de la cour vaticane s’empresse de relayer ses allégations / présupposés / affirmations (in)fondées (rayez la mention qui ne vous convient pas) afin d’écourter l’actuel pontificat.
Si le quotidien français La Croix a fait état du démenti du Vatican (mars 2018) selon lequel le pape François n’aurait jamais déclaré à Scalferi que « l’enfer n’existe pas », sauf erreur (d’inattention, d’absence de recherches approfondies), les dernières controverses sur l’authenticité des propos rapportés par le journaliste tardent à être évoquées dans ses colonnes.
La doctrine veut que ce Jésus ait été, de sa conception à sa résurrection, à la fois un homme et un dieu. « Vrai Dieu et vrai homme ».
Deux supputations contradictoires veulent que soit le pape ait réellement tenu de tels propos, soit qu’il ne soit plus maître en sa maison et que son service de presse laisse entretenir le doute.
Comme l’exprime Riccardo Cascioli de La Nuova Bussola, tout cela revient à « mettre la foi des simples en péril ». Et à endosser une lourde responsabilité « devant Dieu avant tout ».
Comme l’exprimait Ludwig Wittgenstein, « les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. ». Et on se demande si Eugenio Scalfari et le pape François vivent vraiment dans le même monde, ici, maintenant, et dans un incertain au-delà.
J’irai plus loin : certes, qu’un Jésus se soit voulu Jésus et non Christ de son vivant ne change pas grand’ chose à sa présumée divinité (antérieure, postérieure). Mais j’imagine que d’autres intégristes des autres obédiences dites « du Livre » (monothéistes) ne vont pas laisser passer ces propos (doublement, aux deux sens ?) apocryphes. Ils peuvent conforter l’idée que ce Jésus ne serait qu’un prophète parmi tant et tant d’autres. D’un autre côté, on pourrait espérer qu’ils aient valeur d’incitation à mettre en doute des hadiths, de multiples gloses… En toute intégrité intellectuelle, ou pour favoriser des jeux de pouvoir, des ambitions ?
Tout cela est en fait plutôt insignifiant en soi (quant au devenir climatique, au sort de millions d’êtres humains), mais ce ne serait pas la première fois qu’un fait d’apparence très secondaire finisse par revêtir une signification primordiale.
Petites causes, grandes conséquences : un nouveau pape serait-il appelé « araignée » ? L’effet papillon ne doit jamais être négligé.

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