Les gargotes de Rome salent les notes à la tonne
On ne compte plus les anecdotes sur
les restaurateurs de Rome fusillant des touristes à leurs caisses avec des
notes exorbitantes. Mais jusqu’à présent, il s’agissait essentiellement de
touristes étrangers. Cette fois, des provinciaux italiens se sont vus exiger 22 euros pour un hot-dog.
Blague napolitaine qui me fut
contée, à Napoli, par un Napolitain. C’est à Naples, et un visiteur se targue de très bien
connaître la ville, d’y séjourner fréquemment, &c.
— Et
vous n’avez jamais été volé ?
— Euh,
non…
— Alors,
c’est votre premier séjour à Naples.
À Rome, si je vais au restaurant,
c’est dans l’un ou l’autre des modestes établissements proches de la gare
Roma-Termini. Jamais ailleurs (ou presque). Et si je vais dans des quartiers touristiques et
que j’ai soif, je m’approvisionne dans un hypermarché.
Pour cause. Si vous ne regardez
pas soigneusement les tarifs des menus, vous risquez de devoir régler une
addition faramineuse, exorbitante, insensée, y compris pour des « plats »
très, très ordinaires, ou des boissons comme de l’eau du robinet en bouteille.
L’un des premiers cas à ma
connaissance remonte à 2009. Un couple de japonais avait dû régler 695 euros
pour un dîner très ordinaire proche de la Piazza Navona.
Régulièrement, la presse (étrangère
et italienne) fait état d’abus. C’est par exemple une famille britannique se
voyant réclamer 64 € pour quatre cornets à emporter par un glacier situé près
de la place d’Espagne. C’était en 2013. Il s’agissait de l’Antica Roma, via
della Vite, qui facture le supplément chantilly (ou approchant) à 3,50 €.
Plus proche : fin septembre
2019, un autre couple japonais se vit réclamer 430 euros pour deux assiettes de
spaghettis au poisson et… deux verres d’eau municipale. Le patron de l’Antico
Caffè di Marte (situé près de Sant’Angelo) a répliqué que le poisson était
frais, que le prix aux cent grammes était clairement indiqué…
Mais le Caffè Vaticano vend un
hamburger à 25 €, le cappucino doppio à huit, et ajoute 7,40 € pour
le « service ».
D’autres établissements, comme à Venise — fuyez l’Osteria
de Luca, qui perçut près de mille euros pour quatre plats insipides —, ajoutent
au service un prix de couverts.
À chaque fois que telles arnaques
sont relevées par la presse romaine, la municipalité proclame qu’elle prendra
des mesures.
Résultat, cette fois, lundi
dernier, Il Messaggero a fait état de l’histoire d’une famille venue des
Pouilles qui a réglé près de 120 € pour trois hot-dogs, un sandwich
jambon-fromage, quatre canettes de Coca et une eau minérale. 22 €
unitaire pour du hot-dog. Plus le service à… 17,34 €.
Et comme cette fois il s’agit d’Italiens,
cela passe encore plus mal.
Courant mai 2016, Il Messagero
s’était livré à de rapides enquêtes… Le prix d’un jus d’orange passait du
simple au double selon que le client soit un Italien ou un étranger. Un
journaliste a commandé un cappuccino et un croissant au café du Teatro
Marcello. Revenu plus ou moins déguisé en touriste (italien), il passe la même commande :
le prix monte d’un tiers. Une Espagnole se présente : de deux euros (note
initiale), cette fois le prix monte à 3,50 €. Puis, c’est une jeune Française
qui se présente un peu plus tard. Toujours pour un cappuccino et un croissant,
il lui est réclamé six euros. Soit le triple du prix réel. Mais cette fois, le
reçu indique qu’il ne s’agit plus d’un cappuccino et d’un croissant mais de tabacchi.
La patronne a prétexté d’une
erreur d’inadvertance de sa caissière, perturbée par « un problème de
famille ». Mais n’a trop su expliquer une codification différente de
la caisse (code « 1 bar » pour la note à deux euros, « 2 bar » pour
celle à trois).
La mairie a promis de nouvelles
mesures qui seraient (ou pas) annoncées mercredi 13 prochain. Et appliquées ?
Autre arnaque parmi tant d’autres,
se laisser photographier auprès d’un déguisé en légionnaire ou centurion sans
avoir discuté auparavant le prix. Idem pour les parcours en calèche.
En revanche, la circulation des
pièces de 500 lires, très semblables à celles de deux euros, tend à se raréfier.
Si une telle pièce vous est rendue, vous perdez donc deux euros mais vous vous
consolerez : elle valait environ 1,50 €.
Là, ce n’est pas tout à fait une
arnaque, mais faute d’avoir mis sur pied un service de police dédié à protéger
les touristes, la mairie a promulgué des mesures pour protéger la ville des
touristes… Comme manger ou boire dans la rue près de lieux touristiques, s’asseoir
sur les marches de la Trinité-des-Monts, boire, mais non pas « à l’italienne »
(il faut boucher l’écoulement d’eau qui ressurgit par le haut) aux fontaines
publiques, &c. L’amende peut être de 150 €. En Italie comme en France,
nul n’est censé ignorer la loi ou un arrêté municipal.
Cela étant, Rome et Venise ne sont pas les deux seules
villes italiennes où les touristes se font rançonner (comme d’ailleurs à Paris…).
À Milan, un grand apérol peut être facturé 35 €. Et bien « mouillé »
avec cela (glaçons en abondance, généreuse dose d’eau gazeuse).
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