L’UE doit interférer le moins possible dans les élections britanniques
Deux adages que les 27 et
Bruxelles feraient bien d’observer : wait and see, keep calm and
carry on. Bien sûr, il n’est pas question de laisser des candidats
britanniques énoncer de flagrantes et abusives contre-vérités. Mieux vaut bien
(rien) faire et laisser dire…
Donald Tusk regrettait n’avoir pas
dénoncé les mensonges flagrants des Leavers lors du référendum. « Passe
encore » de la part d’un président sortant. Mais il aurait certainement pu
attendre de publier ses mémoires pour l’exprimer.
Mais quel est l’intérêt, pour l’Union
européenne, d’avoir un Jean-Claude Juncker estimer que l’approche prônée par
Jeremy Corbin est « irréaliste » ? Discutable n’aurait-il
pas suffi ? Tusk n'est pas Talleyrand. La presse britannique se charge amplement d’expliquer comme
lui que, quoi que Boris Johnson puisse en dire, négocier un accord de
libre-échange prendrait sans doute plus d’un an (après deal ou no deal).
Et pourquoi donc Michel Barnier a-t-il
estimé opportun de déclarer que pas même Nigel Farage n’a su lui exposer la « valeur
ajoutée » du Brexit pour le Royaume-Uni ? Redire qu’un dumping fiscal
de la part du pays sortant ne serait pas acceptable suffisait amplement.
Pour critiquer le Brexit et les
Leavers, de nombreux Britanniques s’en chargent. Ainsi de Jo Swinson ou John
Bercow. L’ex-Speaker conservateur a considéré que le Brexit constituait « la
plus grosse erreur du pays depuis la guerre ».
Le comble est peut-être d’avoir
fourni des éléments de langage à une porte-parole de la Commission européenne
alors qu’une conférence de presse ne s’imposait aucunement. J'vous en cause en ex-vaseux (communiquant), puis journaleux.
Selon ses dires, le protocole
Theresa May aurait seulement été « clarifié » par Boris
Johnson… Bref, ce serait un protocole à l’identique alors que, d’évidence, c’est
faux.
Faux en raison de l’Irlande du
Nord (les contrôles douaniers principaux s’effectuant dans les ports ou, en
tout cas, plus à proximité de la frontière avec la république), dont l’assemblée
pourra remettre en cause les dispositions de l’accord projeté sous un délai de
quatre ans.
Cela peut donner l’impression d’abonder
dans le sens de Nigel Farage et du Brexit Party dans l’intention d’affaiblir
les conservateurs aux yeux des Leavers.
À rien ne sert to boo the Bo(jo)
ou tout autre. Cela ne renforce que la hargne des tabloïds pro-Leave.
Sur le terrain, c’est très
chaotique : des conservateurs, des travaillistes qui se retirent, d’autres
se présentant en indépendants.
Rien à voir ? Je lisais, dans
le Fig’, la tribune de l’académicien Jean-Marie Rouart sur « le franglais
qui nous envahit ». Vieille antienne. Et le voilà qui en appelle à Étiamble, Cioran
(romanophone, francophone, &c.). Je ne sais à quel point le « cancer »
qu’il évoque gangrène (dit-on métastaser ?) les Britanniques. Devenus
encore plus Européens (et « continentaux ») qu’auparavant. Le
réfutant véhémentement pour certains. J’adresse à cet immortel — moins
rapidement oublié que je le serai — ce dessin de Matt, du Telegraph…
Angliciste, c’est la première fois que je constate que le mot « gaffe »
(issu du provençal, du latin médiéval et du gotique ; non du gascon mais
du Gaston de Franklin) était devenu usuel outre-Manche. Food for thought.
Matière à réflexion…
C’est d’ailleurs pourquoi je souhaite que le fossé
entre Angleterre et France se comble. L’anglois préservera peut-être le
françois. En bon Breton, je préfère évidemment l’erse et le gallois (posture,
vu que je ne pratique même pas le gallo). Comment énoncer cela en eurospeak ?
Fight the fog. Au sens non pas linguistique (bannir la langue de bois,
le jargon « bruxellois »), mais à celui littéral : dissipons les
brumes entre les deux littoraux. Mais, pour l’instant, de notre côté : hush.
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