Des reniements des idéaux mutualistes
Vieux barbon (senior « avancé »),
affligé et perclus (modérément), je n’ai pas d’assurance complémentaire et n’en
aurais pas avant… jamais, longtemps ? Déjà parce que juste au-dessus du
seuil pour obtenir une aide de la collectivité (vous), surtout parce que… le mutualisme ?
Aucune envie de gaver ses dirigeants.
J’ai vécu à Niort, ex-« capitale
des mutuelles » (comme Cholet des mouchoirs), mon fils fut employé dans
une mutuelle d’assurances diverses, je fus agent général d’assurances d’une
société mutualiste (pas vraiment longtemps, et par défaut).
Le mutualisme, quelle belle idée !
Un peu comme le communisme, avant que ses chefs de file ne se vautrent dans des
datchas, des palais, roulent en limousines.
Le mutualisme s’exemptait de
dispendieuses campagnes de publicité (payées par les adhérents). D’opérations
de relations publiques (diverses, dont de soutien à des manifestations sportives,
à des navigateurs : voir les Banques « populaires ») dont le
coût est ponctionné sur les sociétaires (cotisations, frais bancaires).
Le mutualisme n’est plus. Ses dirigeants
s’empiffrent, rétribuent grassement des présumés « sachants »
(licencier, au besoin, regrouper les services, améliorer la productivité des
salariés…).
Voici plus de trois lustres, une infirmière
me mit en garde : sans assurance complémentaire, j’aillais un jour en
baver grave. Eh bien, qu’il en soit ainsi, et que j’abrège par mes propres
moyens. Plutôt crever que de contribuer à la pérennité d’un système dévoyé.
J’en ai vu, connu, côtoyé, des dirigeants
syndicalistes à gros cigares, des présidents de sociétés mutualistes (et leurs
cadres supérieurs, actuaires et autres, qu’ils ont recruté) se vautrant dans l’aisance.
Et pour ces derniers approuvant toute mesure visant à maximaliser les profits
en sélectionnant les risques. J’en ai connu des mutualistes siégeant au Conseil
économique et social.
La pire arnaque, l’assurance obsèques
mutualiste. Crédit mutuel (enfin, la principale fédé, à la tête de multiples
titres de presse régionale), Macif, Malakoff-Médéric, et j’en passe… L’assurance
obsèques, « case ruineuse » selon les associations de
consommateurs.
Plutôt la fosse commune ! Le
suicide au bord de la falaise à marée haute… Rien qu’en trois ans de cotisations,
il y a de quoi s’offrir un décès sur une côte infestée de requins, un désert
survolé par d’innombrables charognards d’un autre genre que les dirigeants
mutualistes.
Il fut un temps où l’on cotisait
en fonction de ses revenus (c’est toujours le cas, d’une certaine manière :
on opte pour la couverture la plus complète, et on multiplie les actes médicaux
aux dépens de celles et ceux ne pouvant souscrire qu’à la moindre, et hésitant
à se soigner). L’offre antérieure était claire, sans options, sans
diversification des stades ou strates multiples de garanties. La tarification liée au revenu a rétréci
telle une peau de chagrin.
Je logeais, à Angers, rue
Saint-Aubin, au-dessus de la Pharmacie mutualiste. Devenue Pharmacie des Halles
(rue Baudrière). La Mutualité Anjou-Mayenne l’a cédé à une minime fraction du
prix du stock, de la valeur immobilière. C’était en 2016.
Et toutes les mutuelles
engraissaient la Fédération nationale de la Mutualité française (environ six euros par adhérent), histoire de payer des gueuletons aux dirigeants, de
grenouiller dans les couloirs des deux assemblées et à Bruxelles. Mais la Matmut,
se rapprochant d’AG2R La Mondiale, a cessé de verser. Trois millions d’euros
quand même, la contribution de la Mamut. Employés à quoi ? Vous me posez
la question ? Eh bien, je ne sais vous répondre. Peut-être à rémunérer des
coquins et copains d’officines diverses, des groupes de réflexion élaborant de
nouveaux moyens de vous traire. Votre mutuelle est-elle vraiment une mutuelle ?
Vous pressentez la réponse : non. Aucune, sauf exception que je recherche en
vain.
On reparle de Richard Ferrand et
des Mutuelles de Bretagne ? Nul besoin. Tout le monde à compris. Pas
vraiment un bénévole… C’est l’image même de ce qu’est devenu le mouvement
mutualiste.
S’il subsistait des (rares) rares
exceptions, merci de m’en informer. Je me suis documenté, pas encore trouvé.
À cela s’ajoute la complaisance
avec les pratiques du data mining. Prenons la GMF (branche assurance
IARD et automobile). Qui sait déjà tout de vous ou presque, mais, quand vous
vous rendez en agence, oblige à finaliser un avenant en ligne. Histoire de
piller vos données ? Je ne vais pas aussi loin (faute d’envie de vérifier,
de creuser). Données revendues à des annonceurs ? Un mutualiste n’est pas
un prospect « merchandisé ».
C’était mieux avant ? Oui, de
ce point de vue informé des idéaux initiaux mutualistes. C’est réversible ?
Sans doute non.
Alors, plutôt crever la gueule
ouverte que de prêter main-forte à cette mascarade. Cela ne saurait plus trop
tarder. Tête haute, droit dans mes nu-pieds éculés.
À la bouche une dérisoire chanson :
« Mort aux vaches ! ».
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