jeudi 7 novembre 2019

Brexit : à l’aune électorale, que de vestes retournées

Défections et coups bas marquent la campagne au R-U…

Il semble qu’il n’y ait que des élus ou caciques du Plaid Cymru (Wales), du SNP (Scotland) à ne pas retourner leur veste ou virer casaque ou à se présenter contre leur parti alors que la campagne électorale britannique tourne vilain.
Je ne vais pas vous abreuver de détails : des conservateurs qui se présentent sous l’étiquette indépendant, des travaillistes désavouant leur formation (et surtout Jeremy Corbin), et même un Lib-Dem se maintenant contre l’avis de Jo Swinson…
Pour ce dernier, cela découle du pacte électoral des Remainers (Unite to Remain), soit les Verts, le Plaid Cymru et le Lib-Dem. Cet accord, portant sur 60 circonscriptions, fait des remous à la base. Il est censé faire gagner une quarantaine de sièges à ces trois formations, mais les analystes ne prévoient guère qu’un gain de cinq ou six.
Cette campagne est déjà marquée par des gaffes de toutes parts, et surtout par des coups bas.
En témoigne la une de ce vendredi du Daily Telegraph, mettant encore plus en relief les propos de Boris Johnson sur le Labour. En gros : les travaillistes veulent mettre à genoux la classe moyenne tel Staline massacrant les koulaks (les agriculteurs pas trop indigents). Cela donne le ton.
Plus agressive encore, cette prise de position contre Corbyn et le Labour de la Jewish Chronicle. Certes, Corbyn et d’autres travaillistes ont prêté le flanc à l’accusation de, comment dire ? L’antisémitisme ne vise plus tous les sémites ? Il n’y eut que les Juifs (très majoritaires) à être exterminés dans les camps de la mort ? Je ne suis pas le moins du monde révisionniste. En revanche, l’appellation de sioniste, autrefois plus qu’honorable, prête désormais à confusion. Et des Juifs de partout (Israël, Amérique du Nord, du Sud, Europe…) en conviennent. Et ce n’est pas de leur fait.
Corbyn a répliqué : il est anti-raciste, des Juifs sont membres du Labour, &c.
J’ouvre une parenthèse : en France, le « vote juif » était un mythe, y compris en Alsace. Il est désormais activé par l’extrême-droite… comment encore dire ? Judéo-opportuniste, clientéliste ?
Tout cela est fortement détestable. N’allez pas me faire dire que les torts sont partagés et que je m’en lave les mains. Ils sont partiellement partagés (entre de multiples composantes, dont de franches anti-Juifs, s’assumant, soit par convictions dévoyées, soit pour vendre leur soupe nauséabonde ; et entretenue par un complot Trump-Poutine-Netanyahou & co ? Allez, foin de billevesées).
N’empêche… Une travailliste, Ms Kate Ramsden a considéré que l’État d’Israël évoque « un enfant persécuté devenant un adulte persécuteur ». On ne doit pas le voir ainsi : « l’État » israélien n’est pas la Nation israélienne. Ce qui se vérifie, y compris sur place (voici un an, j'y étais).
Pour moi, Kate Ramsden a gaffé… Aggravant son cas en estimant que les accusations visant Corbyn provenaient du “wealthy establishment”. Celui lui a coûté son investiture.
Et chaque jour, une nouvelle gaffe, provenant d’un bord ou de l’autre, va émailler cette campagne électorale. Ébranlant la cohésion britannique davantage que le terremoto romain endommage le forum et le Colysée.
Je m'en mêlerai, je gafferai... C'est devenu quasi-inévitable car tout peut être de nos jours (et de ceux d'hier, et avant-hier) interprété pernicieusement de travers. Rappelez-vous Siné et son « il ira loin ». Mon insignifiance m'y autorise, en quelque sorte. Mais, pas davantage qu'à d'autres, ma bonne foi ne saura constituer de circonstance atténuante aux yeux de qui voudra la contester.
C'est ce qui pend au nez des commentateurs « autorisés » des instances européennes.
Toute déclaration exposant au backlash inévitable. Triste époque.

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