L’anglais, lingua non grata ? Just a joke
Bien évidemment, ni l’Irlande,
ni Malte ne veulent que l’anglais (même s’ils disposent de langues nationales)
soit banni du continent. Et bien sûr, Pierre Moscovici (locuteur de langues
romanes), même s’il en a émis l’hypothèse, s’est rétracté. Et en anglais :
just a joke !
Jamais l’Eurospeak ne renoncera à
la langue anglaise. En sus, on ne va pas licencier les anglophones du bureau de
la Traduction des Communautés européennes (à l’origine de la campagne Fight
the fog, et d’une fameuse marche orthotypographique, merci de m’en avoir
fourni la version imprimée).
L’ex-commissaire aux Affaires
économiques ne s’est pas étendu sur la question linguistique, développant des
propos relatifs à la santé économique des 27, rappelant la France à l’ordre (« davantage
d’efforts structurels et de réduction du déficit »), au soutien de la
croissance. Et lui au moins s’est abstenu d’évoquer les élections britanniques…
Ouf. Il s’est contenté de dire : « on verra bien ».
Mais la presse britannique
(surtout celle pro-Brexit) n’a retenu que sa boutade.
Et le fait qu’il a
utilisé pratiquement autant le français que l’anglais lors de son allocution.
Sur l’emploi de l’anglais sur le continent, il a précisé de nouveau : "Don’t
be alarmed, itw as just a joke.".
En fait, il fut bien question de
retirer l’anglais de la liste des langues « agrées » par l’Union
européenne. Ce qui ne serait pas illogique, d’un point de vue cartésien.
Mais l’anglais, une résolution fut
adoptée en ce sens, restera une langue officielle. Pas qu’en raison de l’Irlande
(moins d’un pour cent de la population de l’UE) et de Malte (0,09 %). Mais
comme l’avait exprimé la Polonaise Danuta Hubner, il faut faire avec la
lingua franca de facto. Ce pourrait être le russe… En dépit de la Francophonie.
Arménie, Géorgie, Albanie, Bulgarie, Croatie, et bien sûr Roumanie (Andorre et Belgique,
et Luxembourg, Suisse, ce qui semble aller de soi), et même Chypre, sont
membres de l’OIF.
Mais soyons réalistes : en
Roumanie, pays autrefois ô combien francophone, je dois de plus en plus
fréquemment recourir à l’anglais.
L’anglais ne fut pourtant agréé qu’en 1973, lors de l’adhésion de l’Irlande et du Royaume-Uni. Officiellement, à
Bruxelles et à Strasbourg, on s’en passait. Officieusement, un délégué du
Lichstenstein et une déléguée danoise échangeaient en anglais. Cela s’est
encore accentué depuis le milieu de la décennie 1990 (diverses adhésions, Finlande,
Suède, Autriche, en 1995). Puis au cours des années 2000 (Chypre, Pays Baltes,
Hongrie…).
Et que parlent les « Exiters »
de Bruxelles et de Strasbourg entre eux ? L’anglais. Allemands et Français
doivent s’y résigner.
C’est un peu dommage. Le français
fut longtemps la langue diplomatique par excellence, et l’allemand, très apte à
conférer à un concept complexe une dénomination (parfois longue comme un terme aggloméré
gallois), est un formidable langage subtil.
Mais avec l’anglais, je me
débrouille avec tous les chauffeurs de taxi du continent européen. Et de même
sur le pourtour méditerranéen. Y compris, en de rares occasions, au Maghreb. Il
en est de même en Israël, et j’imagine, désormais au Liban. Donc, en Afrique
dite « francophone », avec les commerçants libanais (bientôt
supplantés par les chinois). Un mot espagnol vous manque au Mexique ?
Tentez l’équivalent anglais.
Il y a bien sûr des résistances :
j’ai connu un polyglotte alsacien, spécialiste du pachtoune et du persan, qui
affectait de ne pas parler l’anglais. But, marooned. Coincé. Il lui
fallut bien, maintes fois, y recourir.
Peut-être que sous « Commission
européenne », sous des pupitres, nous ajouterons (intercalerons Europäische
Kommission), à European Commission. À quel coût ? Le symbole en vaut-il la
chandelle ?
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