jeudi 4 avril 2019

Roger Vailland «déguise» le second gagnant de la Loterie nationale

Quand Roger Vailland fit d'un notable d'Avignon un charbonnier couvert de suie

Le billet remportant le gros lot du deuxième tirage de la Loterie nationale échut à un certain Louis Ribière, notable avignonnais. Un an après, dans le cadre d'une série de reportages « Qu'ont-ils fait de leur gros lot ? », Vailland/Robert François tente de le convaincre de se confier à lui...
Il avait fait chou blanc avec le sieur Bonhoure (article précédemment retranscrit, voir les archives), tout premier gagnant du gros lot de la Loterie nationale, il se fait de nouveau éconduire par le suivant, un marchand de charbon et bois d'Avignon... Et s'en sort par une pirouette : il sait sous quel nom d'emprunt ce dernier va quitter Avignon pour la Côte d'Azur...
Croyez-le ou non, j'ai tenté de retrouver ce nom, ou du moins la localité ou Louis Ribière s'établit loin d'Avignon (le fit-il jamais ? la question peut être posée...). En vain. En revanche, j'ai appris qu'un baculard fut jadis un condamné à se faire fesser, que la « Sablonnaise » Jeanne Baculard, épouse Ribière, n'était ni native de l'Isère, ni de la Gironde, ni du Mans (quartier des Sablons), mais peut-être de Robion ou Sarrians, proches de la cité des papes. Avec moi, désormais, Bouvard et Pécuchet ne font plus qu'un...
« Traqué par la curiosité, Ribière, le charbonnier d'Avignon, doit fuir sa ville natale » (et se réfugier « dans une villa acquise sous un faux nom »). Telle est la titraille du papier de Roger Vailland/Robert François, en première page de Paris-Soir. Avouez que cela donne envie d'en savoir davantage... Oui, mais...
Une fois de plus (ou de mieux, c'est selon l'angle que l'on retient...), Vailland/François prend ses aises avec la réalité locale en province. Son charbonnier n'est pas un fouchtra provençal, mais un notable ayant hérité avec ses trois frères d'un commerce de bon rapport. Un chef d'entreprise... à la tête d'une affaire employant peut-être, outre des manouvriers, un comptable (là, franchement, je suppute aussi).
Il n'est pas non plus vraiment établi qu'il fut un flambeur risquant son gain dans les maisons de jeu locales (ou alors, pas davantage qu'auparavant et son gain de cinq millions de francs). Et puis, et puis....
Mais pour le lectorat parisien, après un coiffeur de Tarascon devenant multi-millionnaire, un simple charbonnier s'offrant une limousine, et une villa à la mer, fuyant Avignon après avoir été rossé par d'anciens comparses de bamboche, c'est plus « seyant », voire émoustillant... Ou habile, comme on voudra. Et puis, ponctuer de té ! des dialogues présumés (pour Bonhoure, j'ai pu recouper, il employait fréquemment le parler provençal ; pour Ribière, ce n'est pas sûr), c'est plus pittoresque...
Bah, au suivant... Des tarazimboumants articles d'Omer, Merpin, François... 

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