mardi 7 juillet 2020

Racisme, inculture autodestructrice

Les statues de Sherlock Holmes bientôt déboulonnées?

Prétexte avancé : oui, les statues de Sherlock Holmes — Londres, Édimbourg, &c. — risquent d’être déboulonnées (et après Autant en emporte le vent, songez aux séries et films censurés). What’s next, what’s else ? Bien des choses valant qu’on s’y attarde : on sait comment cela commence, aussi la manière dont cela finit. Soit que le « racisme interne » à certains mouvements anti-racistes en aura raison.
Effectivement, rapporte The Daily Express, “will Holmes’ statue be next to be toppled?”. Ou plutôt les statues, car outre celle de Picardy Place, Sherlock a sa place en maintes autres. Au Royaume-Uni (diverses), en Suisse (Meiringien), en Pennsylvanie (Eckley Miner’s), à Moscou. Que Conan Doyle, ou son Watson, ait souvent usé de clichés propres à son époque avant que Jacques Chirac évoque, en juin 1991 « le bruit et l’odeur » (Discours d’Orléans) de certains immigrés, cela ne fait aucun doute. Bon, alors, on bannit « abracadantesque », mot qui évoquerait indirectement une page controversée de l’histoire ?
Rééllle association d'idées pour aborder la question du racisme. L’attitude ou la procédure frôlant l’ignominie de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) pour me retoquer mon dossier de demande, non pas du permis de conduire, mais du document attestant sa validité. Cinq heures du mat’, impossible de trouver le sommeil de ce fait. Aucun rapport ?
Il suffit de s’imaginer que parce qu’on porte le même patronyme qu’un colonialiste (belge en l’occurrence), un·e employé·e guadeloupén·ne (pure supputation gratuite) ait décidé de vous infliger de lourds désagréments. J’exagère ? On a vu des excités finir en détention pour bien moins, des gens tirer dans le tas… Et c’est d’ailleurs l’un des épisodes des Scènes de la vie carcérale d’Aïssa Lacheb, livre paru chez l’éditeur Au Diable Vauvert. Un type incommodé par « le bruit » ou « l’odeur » tire sur un jeune de la cité. Condamné, le tireur risqua d’ailleurs de se faire lyncher peu après son écrou. Un (presque) rien (une lubie imbécile) peut faire de vous non un raciste, mais quelqu’un au comportement raciste. Ce qui n’épargne personne, « racisé » comme on dit, inclus. L’inculture y contribue.
Tant l’auteur que l’éditeur, Le Diable vauvert, avec lequel j’entretins des relations amicales subsistantes mais qui se sont relâchées ne me tiendront pas durablement rigueur de revenir au sujet en citant quelques paragraphes bien sentis de ce livre ô combien captivant qu’il me semble avoir déjà chroniqué (je ne sais plus où).
Page 74 de ses Chroniques, Aïssa Lacheb évoque « un schéma singulier » : les déténus s’agrégeant en fonction des motifs de leurs condamnations. Puis il aborde « la constante ethnique ». Extraits
     Les Cap-verdiens avaient allumé, ce matin, sur le terrain de sport, les Zaïrois à coups de boules de pétanque, personne ne s’en était mêlé.
     C’est étonnant comme « raciste » est l’adjectif par excellence du Blanc. Les Arabes le furent — et le sont encore souvent — bien avant. Et les Noirs entre eux, d’ancestrales tribus à ancestrales tribus, bien avant les Arabes. (…) Mais par une dialectique incompréhensible, comme si cela lui était naturellement inhérent, c’était toujours au Blanc que revenait d’être raciste.
     Les Juifs séfarades avaient leur place parmi les Arabes. Les ashkénazes étaient traités de « sales juifs ». J’ai même entendu Simon, pur Juif séfarade (…) désigner du doigt un pauvre type à la vindicte comme Juif de l’Est. Claude Lévi-Strauss lui-même n’aurait pas démêlé cet écheveau anthropologique.
Je connais l’objection, islam et christianisme facteurs de réconciliation. Pas faux, selon les textes. Mais des religions, les coreligionnaires font ce que bon leur semble, et ils ne s’empressent pas d’appliquer ce qui ne leur convient pas. D’ailleurs, l’esclavage des Blancs par les Blancs, bien auparavant et au-delà du servage (esclavage découle de Slave, mais je ne développe pas).
N’allez pas croire que je m’exprime en Indigène de la République. Breton, je ne suis que trop documenté sur la xénophobie du reste de la République, laquelle avait recours au vocabulaire reproché aujourd’hui à Conan Doyle et qualifié, à assez juste titre, de franchement raciste. Relisez Tailhade (moins Mirbeau, mais c’est limite-limite), pour ne prendre qu’un exemple flagrant. Et la bonniche devenue parisienne en coiffe bretonne, le soutier breton du chantier du métropolitain en ont entendu et subi. Comme disait Émile Géhant, feu maire de Belfort, ancien déporté : on peut tout pardonner, mais ne rien oublier.
Ce n’est pas en anthropologue que, au Maghreb ou en Afrique sub-saharienne, je n’ai pas ressenti de réel « racisme anti-Blanc ». Bon, quelques fâcheux épisodes auraient pu m’induire à en soupçonner, mais le doute reste permis. Pas de quoi alimenter la moindre rancœur, aucun remugle rance. Mais il suffit de peu (voir supra mon imbécile élucubration) pour que des gens se montent le bourrichon et finissent par se persuader du bien-fondé de leur ressentiment passant de diffus à invétéré. On se gratte où cela chatouille, on finit avec un chancre bien incrusté. Et puis, plus on s’approche de la classe dirigeante, mieux on oublie ses origines, ce indépendamment de sa « couleur ».
De toute façon, quoi qu’on dise sur un tel sujet, on aura toujours tort aux yeux de quelqu’un·e. Mais qu’on se rassure, dès que les plus radicaux, que les plus véhémentes auront réussi à faire carrière, à se faire prébender, soit elles et ils se calmeront, soit, pour défendre leurs intérêts ou postes, ou bords respectifs, finiront par se crêper le chignon ou se chercher des poux dans la tête. Y compris à propos de leurs lointaines ou proches origines. Quitte à faire valoir son vernis culturel pour faire la démonstration de son inculture. Élémentaire, mon cher Watson.
Subsisteront cependant des Aïssa Lacheb pour tenter de réconcilier ou au moins de comprendre. Son dernier livre, sorte de conte, Émilie (toujours au Diable Vauvert) fait pesamment sentir l’absurdité de la boucherie de la Grande Guerre. Un récit soigneusement documenté qui sait le faire oublier (aucune démonstration d’érudition cuistre cassant le rythme du drame). Je ne vois pas un Lacheb expurger des bibliothèques les romans de Conan Doyle. Il est patent qu’il n’a pas vraiment fait carrière, qu’il ne se rattache à aucun bord  réellement  rémunérateur. J’ai retrouvé (p. 51) son évocation des détenus qui « se mettaient un pansement pour planquer leur croix celtique tatouée sur le bras ». À l’époque, ses lectures l’avaient porté à estimer tolérant « le peuple celte ». Appréciation un peu rapide, non dénuée de véracité, mais discutable selon les domaines. Selon une thèse de Dominique Aupiais sur « la part celtique dans l’héritage culturel et politique des comptoirs français de l’océan Indien », il en subsistait quelque chose du temps de l’île Bourbon.
J’en tire cette phrase : « le celtisme, au fil des siècles, ne se conjugue quasiment jamais avec l’hégémonie culturelle ou religieuse, c’est-à-dire avec l’image d’hommes de pouvoir orgueilleux et sectaires, incapables de voir dans la différence de l’autre une valeur dont ils pourraient s’enrichir ».
Ce n’est certes pas pour cela que j’exonère l’Irlando-Écossais Conan Doyle de toutes ses formulations. Doyle n’en contribua pas moins à obtenir la réhabilitation d’un Perse (George Eladji), et d’un Juif allemand (Oscar Slater). Pas vraiment deux manifestations de xénophobie. La tombe de l’agnostique Conan Doyle fut surmontée d’une croix chrétienne. On peut présumer qu’il ne l’eut pas souhaité. Faut-il pour autant la faire tomber ? Et puis, Holmes, quand même, c’est aussi en partie le patrimoine de nombre d’auteurs Afro-Américains de romans dits noirs, ou de polars, non ? 

lundi 6 juillet 2020

Permis de conduire après avc, l’anarque ?

L’administration forcée de devenir complice ?

Déblatérons. S’est formé, à l’insu de notre plein gré, un gigantesque et scélérat complot. D’abord pour pousser les survivants d’un avc puis de la covid au suicide, non accessoirement, pour renflouer d’abord les caisses de Bercy avec de la TVA et des impôts en faisant en sorte que, pour la moindre démarche administrative, il faille  passer par un service privé, voire engraisser le barreau. J’exagère ? Que nenni…
Je sais, vous avez d’autres soucis, et la solidarité avec les retraités, tout juste au-dessus du seuil pour bénéficier de la vieillesse des vieux, ce n’est pas votre souci : vous avez vos petit·e·s chef·f·es sur le dos, il y a plus absurde au boulot. Nous sommes aussi passés par là. Mais considérez ce qui vous attend si l’administration ne vous aura pas poussé au suicide d’ici votre retraite.
Le privé, c’est la formule magique des politiciens de tout bord. Oui, mais, tenez, là je vais en terrasse près de chez moi. Je demande du cyanure : refus de vente. Recours ? Vu que tous les fonctionnaires pouvant traiter la requête n’ont pas été remplacés, autant s’adresser à un avocat (si possible candidat·e à l’Assemblée nationale). Le complot n’est plus rampant, il s’étale impunément au grand jour ! 😉
Vous avez le tort de posséder un véhicule et avez l’outrecuidance de vouloir l’utiliser ? Bientôt, une bicyclette, une trottinette, devra être immatriculée. Et un permis vous sera réclamé. Dystopie ? Allons donc…Cela nous pend au nez. Vous héritez d’une bergerie dans le Larzac, il vous faudra, pour la vendre, trouver un expert certifiant qu’elle n’est pas survolée par des avions de ligne ou de fret en direction de Vatry. Ses honoraires seront taxés, son chiffre d’affaires soumis à prélèvements, tout bénéfice (pas pour vous, évidemment).
Débuterai-je par une anecdote divertissante ? Je remplis un dossier pour une administration réclamant des tas de pièces, des photos, &c. Plus une enveloppe timbrée pour la réponse. L’enveloppe revient, non cachetée, vide de tout contenu. Contact avec le service : aucun dossier correspondant. Vous avez compris qu’il vous faut soit reconstituer un dossier pour qu’il soit de nouveau égaré, ou vous adjoindre les services d’un huissier ou d’un avocat qui certifiera que votre dossier était complet et conforme. Bof, l’administration interjettera appel : nouveaux frais, nouvelles rentrées dans les caisses de Bercy.
Or, bref, à la suite d’une apoplexie de templier, je me retrouve hospitalisé, &c. Et obligé de renouveler mon permis de conduire (12 points aux cerises, aucune séquelle). D’accord, rendez-vous pris avec un médecin agréé par la préfecture qui me fait décrypter un panneau d’ophtalmologue et contre 36 euros de consultation non prise en compte par le Conseil national de la Résistance (enfin, la SS), m’adresse à une auto-école. Bon, admettons.
Donc, je me rends à l’auto-école. Trois-quarts d’heure de conduite accompagnée, 120 euros. Vous avez suivi, nous en sommes à 156 euros. Tout va bien. Le médecin est censé transmettre son avis favorable à l’Ants. Mais vous devez passe une plombe à numériser des documents à fournir au site de l’Ants. Ce que vous faites avec une certaine dextérité (surtout si vous êtes équipé et saisissez à dix doigts, plus la pédale des majuscules, depuis quatre décennies et familiarisé avec l’Internet depuis bientôt deux).
Retour à la case départ, mais impossible de modifier une demande : seule la première page de celle-ci s’affiche. Et si on renouvelle toute la demande ?
La case réclamée « expiration » ne figure nulle part. Vous consultez la FAQ (les questions fréquemment posées : il y a une vague entrée n’expliquant pas la marche à suivre).
Supputations (en « marseillais » : sue encore et toujours, oh cong !). Vous refaites à tout hasard des Photomaton (indiquées conformes, mais avec un numéro qui ne sera pas accepté en ligne). Au passage, Bercy encaisse 20 % de TVA. Vous utilisez le formulaire en ligne de correspondance (il y a bien un numéro de téléphone indiqué : tapez 1, tapez 2, tapez étoile). Vous joignez la pièce demandée. En retour, toujours le même courriel passe-partout… Bref, c’est comme pour la carte grise. Si vous ne vous adressez pas à un organisme privé, vous ne vous en sortirez quasiment jamais.
Double avantage : ne pas remplacer des fonctionnaires subalternes partis à la retraite, faire rémunérer des intermédiaires qui reverseront à Bercy partie de la somme.
Que faire ? Saisir le Défenseur des droits (Jacques Toubon jusqu’à plu très longtemps), prendre un avocat pour plaider le harcèlement mora ? Autres conjectures tout aussi fantaisistes et  d'avance caduques ?
J’en suis là. Autre hypothèse : pousser l’usager (franchement devenu usagé) à l’infraction ? Tout bénéfice à terme. Bien sûr, vous pourrez tenter d’établir que vous aviez tout mis en œuvre. Mais vos démarches n’ont qu’une validité de six mois. Donc vous serez dans votre tort.
J’ai évoqué tout cela autour de moi. Je ne devrais pas me lamenter. J’en ai entendu toute une litanie de pire. Le Catch 22 en toutes ses splendeurs (au pluriel). Autant de vaines tentatives démultipliées, autant de bouteilles à la mer s’échouant sur le littoral d’îles désertes non répertoriées sur les cartes marines, voire ignorées des images satellitaires. Il ne vous reste plus que votre clavier pour gémir en vain.
Ah si, il y a les « points contacts » deux pour tout Paris. Sur rendez-vous, un jour. Avec des humains censés savoir mieux que vous… Ou peut-être disposer d’un contact direct (mais ce n’est pas du tout sûr)
Je me souviens d’une époque lors de laquelle, pour obtenir un petit bout de carton à un guichet de la SNCF, cela prenait entre 30 secondes et une minute. En ligne, dans certains cas, impossible d’obtenir un aller simple sans se voir imposer un retour, quelque soit la case idoine cochée. Absurt (le russe est plus sonore).
Vous vous souvenez, en informatique, de « l’écran bleu de la mort-qui-tue » ? Réinitialisation et on se retrouve en boucle. C’était sous NT ou DOS 6.x (et auparavant, et avec Apple, cela revenait au même). Bref, comme c’est devenu plus rare, l’administration s’en est chargée. Ou ses sous-traitants privés (voyez un peu les rapports de la Cour des comptes à propos de tous ces systèmes dédiés abandonnés, pour la solde des militaires et autres). Complot ou entente tacite ? Visant à favoriser les pantouflages ? À soutenir l’activité des psys, des thérapeutes divers, des pompes funèbres ?
Ou les fabricants de gilets jaunes (jaune comme c***) ? Je ne sais si ce qui précède outrage quiconque, mais je plaide par avance le dérèglement mental, l’épuisement. L’illuminatisme foudroyant.
En tout cas, comment ne pas songer à Pangloss de Voltaire, ou au fameux sketch de Fernand Raynaud, « c'est étudié pour ... »

jeudi 2 juillet 2020

Trump, le pet de Poutine


À la manière d’un Vernochet en mal de notoriété

Rassurez-vous : je vais juste tenter de vous faire sourire (voire réfléchir, entreprise vaine car vous ne m’avez — à juste titre — pas attendu). Mais quand vous vient un titre comme Donald Trump, le pet de Vladimir Poutine (tsar réélu), il faut bien trouver un prétexte.
Non, je ne cherche pas à ce que Sputnik ou RT (Russia Today) m’invitent à vous bassiner avec ma hauteur de vues. Au pluriel, car j’ai vue thèse, antithèse, et qu’importe la vue de synthèse. Déblatérer tel un Jean-Michel Vernochet suffit à vous assurer une non-enviable notoriété. J’aurais pu, comme lui, me faire un vague nom sur le compte de Carlos (pas le chanteur, l’autre) : Isabelle Coutant-Peyre, ex-dame Carlos — mes respects amicaux au passage — m’ayant vaguement à la bonne (affaire Michel Dubec).
Vous l’avez déjà compris : je vous la joue vieux snock qui pourrait en savoir long. En fait, non, je reste du niveau du sous-préfet aux champs (Daudet) par rapport à un Shakespeare, voire un Déroulède, un tourlourou. Mais, comme parfois, on peut avoir « besoin » d’un plus minable que soi… Votre géopoliticien à la manque (moi-je, je-moi) l'Achille Talon des sciences politiques assure.
Souffrez donc qu’à l’instar du Bazar de l’Hôtel de Vil (BHvL), supportez donc que je vous entretienne un peu de Trump, de Poutine, et de cette insolite histoire de forces spéciales russes soudoyant des Talibans pour ramener des scalps de militaires américains en Afghanistan. Je ne détaille pas, vous avez déjà les infos disponibles dans la presse dominante (d’ailleurs, sans elle, pas de complotisme durable, les complotistes n’ayant pas de véritables autres sources).
Je pourrais délayer en m’interrogeant sur l’intérêt, pour la Russie, de procéder de la sorte. Réponse rancunière du bouvier des steppes à la bergère du Midlle-West qui soutenait le commandant Massoud, le Jamiat-e Islami ou le Hezb-e Islami ? Allons donc, Poutine, comme Trump, se balancent autant des morts au combat que des victimes de la pandémie du covid. Fixer des troupes revanchardes américaines, histoire de contribuer à ce que l’économie soutienne l’effort de guerre et s’essoufle ? Au risque de contrecarrer la réélection de Trump qui fait tant et si bien pour donner de l’air à la diplomatie russe, soutenue par de mulltiples complotistes en Europe ? Plus que douteux pour les mêmes raisons. Trop peu pour tout cela pour cela. Ce n'est pas « la guerre des étoiles » inversée.
Reste l’hypothèse, infondée si ce n’est sue sur des élucubrations débiles, mais justement, plus c’est débile, plus les complotistes veulent y croire (ce qui n’est nullement un élément de preuve) : manipuler les services américains de manière à ce que Trump puisse hurler au complot contre lui, limoger des gens expérimentés à tout-va, une fois de plus.
On pouvait compter sur Trump, appuyer sur le moindre de ses boutons de fièvre ou de ses cors aux pieds entraîne des réactions furibardes et disproportionnées. Trump a aussitôt vociféré, invoqué une intox des démocrates et de la lame press (un hoax des élaborateurs de fake news). Et puis, surtout, les républicains se sont empressés de faire passer Pentagone, CIA, et autres agences de renseignement pour des dispensaires de bras cassés disputant entre eux des batailles de noyaux de cerises avec leurs mains valides. Que le New York Times donne les noms de ses sources et que les têtes puissent de nouveau tomber.
Supputation infondée, mais plausible, complotistes, il suffirait d’en rajouter. Oui, sauf que la Trumpland ne renchérit que d’un côté.
Médialogue de zinc du laboratoire des Hautes études du Loulou bar (sympathique adresse du haut du fg St-Denis), je n’aurais pas l’outrecuidance de suggérer aux sociologues spécialistes de la question (Crylil Lemieux, Gérald Bronner, LoPic Nicolas, Luc Boltanski & consorts, et j’ajoute Nathalie Heinch parce que j’aime bien caser son Bêtisier du sociologue, Hourvari éds, au passage) d’appuyer sur cet élément, soit l’uniformité et l’unanimité des complotistes. Les Septante, estima Pascal, tiraient tous dans le même sens, accréditaient tous les mêmes contes des Écritures saintes, ce qui établit bien leur authenticité.
Cela se vérifie ce jour avec la consultation en ligne du site du Figaro : « Êtes-vous favorable à la suppression du parquet national financier ? ». Près de 62 % de oui. Il suffirait sans doute de poser la question « êtes-vous favorables à la réhabilitation et l’indemnisation de Jérôme Cahuzac ? » pour obtenir le même pourcentage, histoire de faire en sorte que le couple Fillon puisse se consacrer pleinement à récolter des fonds de fonctionnement de sa fondation en faveur des Chrétiens d’Orient. Patricia Cahuzac condamnée à deux ans ferme, ce n’était pas assez, Penelope Fillon risquant trois ans avec sursis, c’est une peine disproportionné…
« L’homme le plus dangereux au monde », selon le sous-titre de Mary Trump, nièce du Donald, psychologue qui s’est vue interdire de voir publier son livre : pour les complotistes « trop n’est jamais assez », toujours dans le même sans (le titre du livre interdit étant Too Much and never enough :How My Family Created the World’s Most Dangerous Man).
Or donc, si Trump entretient une relation privilégiée avec Poutine, c’est pour préserver la paix mondiale. D’ailleurs, comme l’a proclamé le Donald, personne au monde n’est plus qualifié que moi pour le Prix Nobel de la Paix, « tout le monde le dit, croyez-moi, croyez-moi ». Celui de la paix en sus de celui de médecine ? Mais bon, si pour augmenter ses chances, il convenait de partager ces prix avec Poutine, pourquoi pas ?  On en est là : avancer que Trump réclame un Prix Nobel conjoint avec Poutine est tout à fait crédible à défaut d’être déjà véridique (c’est en effet quelque peu prématuré).
L’ancien ambassadeur étasunien à Moscou, Michael McFaul, a bien déclaré (en substance) que le Donald était le toutou, l’ami domestique à deux pattes de Vladimir. L'un de ses successeurs, John Huntsman, nommé par Trump, vient de préférer démissionner. Fiona Hill, la kremnilogue de la Maison Blanche, prend aussi le large, c’est la quatrième, ou cinquième tenant·e du poste à renoncer, volontairement ou non, au Conseil national de sécurité. Depuis janvier dernier, John J. Sullivan est l’ambassadeur, au moins en titre. C’est un proche de Mike Pompeo. Il ne reste plus qu’à accorder la nationalité américaine à Serguey V. Lavrov pour le remplacer.
Toujours est-il que l’édition étasunienne de Sputnik News soutient activement la thèse d’un complot visant à déstabiliser Donald Trump et en alternative, une tentative des marchands d’armes étasuniens de défendre leurs bénéfices. Ce qui, franchement, peut s’expliquer diversement, cela n’a pas de valeur probante.
Ce qui est attesté en revanche, c’est que Trump va de nouveau placer des personnages liges à la tête de diverses administrations. Dont l’Agency for Global Media (Voice of America, Radio Free Europe, Radio Fre Asia, &c.). Michael Pack, Emily Newman, Michhael Wiliams se sont installés au siège d’Independance Avenue, Voice of America. Attendez-vous à entendre Jean-Michel Vernochet citer plus fréquemment Voice of America sur TV Libertés et ailleurs pour dénoncer « la diabolisation actuelle de la Russie », son intervention au colloque présidé par S.E. Alexeï Mechnkov ? Sincèrement, je n’en sais rien. Mais une insinuation bien répétée finit vite par passer pour une vérité.
Cela, étant, le traitement récent du Russiangate par VOA (Voice of…) n’est pas plus pire qu’un autre, soit vaguement équilibré, et j’ai vu largement pire.

mercredi 1 juillet 2020

Siné mensuel été double, sans gadget


Et le presse mensuel siglé, il est où, hein ?

Faut-il rappeler qu’en vacances, poser négligemment le Siné mensuel double « spécial été » sur le sable ou l’herbe, préservé de l’envol au vent (et c’est pourquoi je regrette une fois de plus que ne soit pas joint un presse-mensuel siglé à ce numéro) par je ne sais quoi, est un gage de bon goût, d’aristocratique distinction, et d’affable disponibilité ?
C’est un marronnier, non point prématuré, mais précoce, voire prodige. Chaque printemps finissant, Siné mensuel propose un numéro double « spécial été ». Son mode d’emploi ne varie pas : feuilleter, laisser reposer bien évidence, histoire de favoriser une drague discrète laissant venir à vous une ou un partenaire sensible à ce gage d’ouverture… intellectuelle (et plus si affinités).
Bien sûr, chaque été, je suggère d’adjoindre un gadget, soit un presse-mensuel siglé, genre galet en platine. Invariablement on me répond que ce serait envisageable si ce n’était trop lourd. Bon, alors, un maillot de corps pas-chat ou coup-de-boule, une boîte de deux jeux de 54 cartes (disponibles sur la boutique du site du mensuel) ? Eh bien non, elles restent inflexibles, veuve Sinet et fifille.
Chaque année, il ne me reste plus qu’à me rabattre sur le sommaire. Soit pour ce nº 98 juillet-août, la petite rubrique de l’agony aunt sexologue (olfactive, cette fois, de l’oncle Thierry Lodé), quelques échos d’une actualité forcément réchauffée, quoique toujours prégnante, voire parturiante de prolongements. Des jeux, dont, cette fois le « Quiz hallucinant » d’Étienne Liebig, qui semble avoir fumé le drap de bain déchiné (découvert et chiné) l’an dernier à la Fête du chanvre de Montjean-sur-Loire, plein de planches et de dessins, les billets des chroniqueurs habituels (Alévêque, Delfeil de Ton montant sa mayonnaise et consorts).
Mais aussi quatre nouvelles inédites, dont l’insolite traité de gérontotaxidermophiliie, lecture naturalisante de Joffrine Donadieu. Un peu de petite histoire avec Serge Quadrupani (millésime 1969), un survol panoramique de Jean-Marie Laclavenine (dit l’Arthus-Bertrand des dessous des jupettes écossaisses et autres). Et puis, sans doute une nouvelle portant sur les fruits de mer et les encornets pulpeux de Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal, qui s’y sont essayés à vingt doigts après avoir fait des exercices de dactylographie. Je pourrais bien sûr tirer à  la ligne, mais digressons.
L’an dernier, il me fut reproché qu’afficher ostensiblement le spécial été antérieur ratissait trop large. Que des blaireaux et des belettes un peu trop verbeuses ou intello-prise-de-tête tentaient sans vergogne d’engager la conversation, voire enchaînaient sur des propositions de promiscuité incongrue. L’an dernier, j’étais démuni pour contrer ces objections moins honorables qu’il y paraîtrait. À seconde vue, cette fois, je suggère la parade.
Bien colorier (pour les virtuoses, avec un crayon de papier à plusieurs nuances de gris), l’album d’El Rotringo, dit Jean-Jacques Tachdjian, Cortex Æsthégico. Une production des éditions La Chienne. À peine plus cher, mais redoutablement efficace. Si l’on vous adresse la parole, répondez (en retirant d’abord le presse-mensuel modèle unique siglé que vous a livré Cartier ou Van Cleef & Arpel) que ce Siné mensuel a été laissé abandonné, qu’on peut l’emporter, et ajoutez « d’ailleurs, voyez, je ne sais ni lire, ni écrire, tout juste colorier ». Imparable. Too much kink, pourrait-il m’être rétorqué. Que nenni, le risque est minime. Mon sondage exclusif Ipsos/Yougov ayant porté sur l’intégralité des estivant·e·s du camping Les Flots bleus est sans appel. À la question « vous voyez quelqu’un ayant posé Siné mensuel en évidence, que faites-vous ? », les réponses unanimes cumulées furent « j’accours » ou « je m’empresse » (toujours proposer une réponse alternative redondante, règle d’or de la sociométrie). À marge d’erreur zéro, vu l’échantillonnage, on obtient aussi des réponses du type « je m’accorde un temps de réflexion », « j’peux pas, j’ai piscine/pétanque/apéro » si le quelqu’un colorie aussi Cortex Æesthético (on obtient 100 % de cohérence avec la question subsidiaire : « je ne sais pas, je demande d’abord à mes parents »). C’est aussi carré que cet album à colorier.
Autres techniques de filtrage : un bouquin de Jean-Louis Costes , l’autre, pas le maire de Fumel) ou Tropic of Capricorn (éd. Flamingo), d’Henry Miller (fastidieux à la relecture). L’effet est garanti, surtout si vous savez enfiler des chaussettes de tennis dans des Crocs™ (agrémentés d’un autocollant Monique Ranou, « la tradition du goût, charcuterie depuis 1905 »).
Car Siné mensuel et la distanciation, cela fait dirimant : par les temps qui courent encore, prudence, adoptez les précautions d’usage.

lundi 29 juin 2020

Instaurer le vote contre pour enrayer l’abstention


Deux pistes contre l’abstention : vote contre et tirage au sort

Bon sang, mais c’est bien sûr, l’abstention est devenue majoritaire, même lors des élections locales. Comment vaincre ce fléau qui sape les « fondements mêmes de la démocratie », selon l’expression de Blandine Kriegel. ou Hugues Renson (parmi les derniers en date), et une flopée d’autres dont je-moi-même.  Pour ne pas sombrer dans les affres de l’autogestion (conseils d’immeubles, de hameaux…), ne subsistent que deux solutions : le tirage au sort ou, surtout, le vote contre !
Ces dernières élections municipales vous barbaient avant même d’en connaître les résultats. Je ne vais donc pas vous bassiner avec le taux d’abstention (reportez-vous à la presse dominante pour cela). Il est très fort. Bizarrement, cette même presse n’a pas ressorti ses sempiternels marronniers : proportionnelle (et pour cause, lors des municipales… sauf à instaurer une proportionnelle intégrale, avec strapontins pour les plus faibles scores), meilleure reconnaissance des votes blancs, voire nuls.
Un peu d’imagination, que diable. Je fais quand même le constat. Hors exceptions, à vue de nez, le vote blanc a été à peu près égal au vote nul. Mais, par exemple, au Mans, votes blancs ou nuls ont plus que doublé d’un tour à l’autre (590 au premier, en mars, 1 560 hier, fin juin). À Saint-Héand (dans le Quatre-Deux ou Loire), ville de moins de quatre mille habitants qui, en février 2014, décida de distinguer les bulletins blancs (feuille vierge ou enveloppe vide) des nuls, j’ai bien vu que le sortant avait été reconduit dès le premier tour, d’autant mieux qu’il était seul à présenter une liste. Mais si Le Progrès donne son pourcentage des inscrits (86,64), le quotidien ne mentionne pas plus celui des blancs que des nuls. Et le site de la municipalité indique bien qu’il y eut 868 votants et 752 exprimés, et un taux de participation (30,61 %) averc  2836 inscrits,  on ne peut qu’en déduire que la décision 2014-172 proposée par l’ancien maire n’a pas eu les effets escomptés du temps du nouveau (soit le même Jean-Marc Thélisson). Voui, Satan, Belzébuth, se tapit dans les détails. Vite, un Canadair d’eau bénite larguée sur cet Héand profanant ses résolutions.
Je ne vois pas d’alternative pratique au tirage au sort ou au vote contre pour faire reculer l’abstention. Comme dit ma compagne, ce n’est pas parce qu’on est bac+5 (une fois, deux fois, voire trois, c’est du pareil au même, les cinq ne se cumulant pas) « qu’on est un imbécile ». Ou un béotien. Mais rayer les noms des candidat·e.s d’une liste  — ce qui fut ou reste pratiqué je ne sais plus trop quand ni où — présente l’inconvénient de compliquer le dépouillement, d’accroître les votes nuls (eh oui, le petit trait qui dépasse et empiète sur un autre nom peut provoquer des discussions interminables et surtout minables). Ayant été scrutateur, un reste de solidarité diffuse me détourne de cette voix démagogique et surtout chronophage risquant de susciter la zizanie et des bisbilles dans les localités. Tandis que le vote contre… Lequel, je l’admets, peut conduire à faire installer des maires « par défaut » si le pourcentage des contre atteint les 100  %. Je signale le cas du maire « par défaut » de Planques (Nord) en 2014 qui n’a pas voulu se tapir. Paul-Marie Vienne, le Planquois (non, le gentilé n’est pas planqué), aurait, si j’en crois un titre de La Voix du Nord, été reconduit par les urnes. À Guernes (près de Mantes), Bernard Bourget avait rempilé, le temps qu’un Pascal Brusseaux ‘(élu) et d’un Didier Guillerm (son opposant ayant recueilli 108 voix en mars dernier) prennent de l’âge et se décident, pour Pacal Brusseaux dès 2014, à proposer « un avenir pour Guernes », préparé à présent par « une équipe dynamique et solidaire », l’emportant sur les listes « tous ensemble, tous ensemble » de ses concurrents (« Guernes 2014 » précédemment, «  Agissons tous pour Guernes » plus récemment).
Pour Guernes, on a bien eu 2, 69 % de votes nuls pour 1,22 % de blancs, mais le taux de participation a chuté de 66,42 % à 55,80. Soit un total d’exprimés en mars de plus de 400 électeurs (guère plus). Bien, on peut ne pas être un imbécile tout en ne comprenant pas grand’chose à toute chose, ce n’est pas dirimant : en particulier, pour moi, l’arithmétique reste petite chose (eh, il reste des bouliers pour cela). Or donc, vous lasser avec d’interminables simulations, j’y renonce d’autant plus volontiers que je suis et resterai incapable de les établir.
Mais une certaine imagination que je n’ose qualifier de littéraire dystopique me porte à subodorer que la soustraction des votes pour et contre pourrait aboutir à des résultats négatifs. CQFD. Imaginez la jubilation de l’électrice ou de l’électeur renonçant à la pèche à la ligne pour partir à la chasse au résultat négatif. Machine vous insupporte ? Pan, moins x voix, dont la vôtre. Untel vous hérisse le poil ? Double coup du roi : deux prétendant·e·s à vos pieds.
Car pour faire vraiment reculer l’abstention, il faut réserver le vote blanc à l’expression d’un contre généralisé, mais permettre aussi de bourrer l’enveloppe d’autant de votes contre qu’il plaira. Le cumul blanc plus contre pourrait mettre des quartiers ou secteurs ou localités entières en liesse. Avec lynchage des abstentionnistes repéré·e·s pour trahison de la cause. Ou obligation de payer une tournée générale si un prétexte quelconque semblait plausible à l’assistance (bien plus lourd qu’une simple dérisoire amende que Bercy ne reverserait pas aux budgets communaux).
Imaginez aussi la sourde  et délectable joie de qui serait parvenu à se mettre vraiment tout le monde à dos ! Être élu, bof… Au bout de quelques mois, hors grandes villes, qui se souvient du nom du ou de la maire ? Quelques voisin·e·s, divers·e·s commerçant·e·s, éventuellement. Mais la notoriété de la ou de l’unanimement désavoué resterait plus durable (lors des prochaines élections, nécessaire rappel : Untel encore moins bien élu qu’Untelle lors du scrutin précédent, à chaque élection, un record à battre, des paris engagés).
Je prévois l’objection : la surmultiplication des listes, histoire de mesurer son impopularité. Les dépressions de celles et ceux n’ayant recueilli qu’un nombre infime de scrutins contre. Voire un piteux total proche de zéro.  Bah, dans ce cas, on pourra toujours revendiquer la majorité des bulletins blancs, voire nuls. On entend bien à présent des candidat·e·s avancer que la pandémie les a privé·e·s de la majorité attendue. J’ai même cru comprendre que Madame Agnès Buzyn avait argué que les Parisiennes et Parisiens avaient déserté la capitale avant même le premier tour (d’où les faibles résultats de ses listes). Les braves soldates et soldats du Dix-septième lui avaient pourtant accordé 22,69  % des suffrages en mars, et 13,02 % cette fois. Cela fait perd petit. Mais imaginez qu’elle ait obtenu un pourcentage écrasant de contre(s). Inv. ou non, contre ? Bah…. Elle entrait dans l’histoire électorale ! Plus célèbre que Ferdinand Lop, Marcel Barbu, ou Louis Ducatel et « Monsieur X » (Gaston Defferre), 01 et 05 respectivement face à Georges Pompidou en 1969.
À grande cause nationale désespérée, les moyens désespérés qui s’imposent : instaurer le vote contre, qui fera l’unanimité pour lui. Imaginez aussi l’ambiance des soirées électorales, avec des candidats ayant appelé à voter contre eux et recueillant un maximum de voix pour. La ou le futur maire commentant : « je suis élu triomphalement avec ce très décevant résultat qui vaut plébiscite contre moi ! ». Après le maire par défaut, le maire ou le député par dépit. Mais n’est-ce pas déjà largement le cas ? Le vote contre, ou la continuité dans le changement pour faire reculer, qu’écris-je ? éradiquer, annihiler l’abstention. Réclamons que cette proposition soit soumise à référendum avec pour/contre ou contre/pour+ slogan « voter contre, c’est l’adopter », « voter pour, c’est l’approuver », et réciproquement ou inversement, pour ou contre, c’est tout un. Si pour une fois, l’abstention tranchait en l’emportant encore plus largement qu’à présent, j’aurais l’air fin. Bah, à la longue, on s’accoutume. Et puis, en fin politicien, faire passer un échec pour un succès, c’est l’alphabet du métier.
Plus loufoquement encore. Imaginez le vote contre lors de la triangulaire Jacques Chirac-J.M. Le Pen-Lional Jospin. Jospin à quatre points de Chirac, et il faut continuer à vivre avec cela. Puis tenter d’avoir une notule dans la presse en affirmant son plein soutient à Anne Hidalgo ou au. maire sortant se La Rochelle.  Faranchement, à sa place, j’aurais préféré me retier ave 84 % de votes contre moi, et non 16 % de voix pour. Sauf que le pour n’est pas toujours, en la matière, l’antonyme du contre, et réciproquement ou inverserement (bis, placent). Et au second tour, lors du duel Chirac-Le Pen ? Avec le vote contre, les slogans creux genre « blanc bonnet, bonnet blanc » trouvent leur pendant « béret noir, noir béret », par exemple. Mais je trouve qu’on peut faire moins prendre un chapeau de paille d’Italie pour un panama de l’Équateur. Allons, parvenu jusqu’à cette ligne, vous êtes las, ce dont je me contrebalance, mais je suis soucieux d’aller promener Ouigo, mon coton (ou  velu badigeon, comme il vous plaira).
Brisons-là

dimanche 28 juin 2020

Nestor Makhno et Joseph Kessel, quiproquo ou basse calomnie ?


Quand l’ego de Kessel le poussa à diaboliser Makhno

Ce n’est  pas une microscopique affaire Dreyfus bis, mais cela pourrait l’évoquer. Joseph Kessel (combattant confirmé, exceptionnel grand reporter, écrivain fécond, académicien, &c.) ne verra sans doute pas sa postérité ternie par la vilénie patente qui le poussa à faire de l’une des plus célèbres figures de l’autogestion et des conseils ouvriers une brute épaisse se livrant personnellement à des pogromes.  Il pouvait se rétracter, son ego s’y refusa. L’histoire a depuis tranché, mais pour la chronique de la presse, il convenait d’enfoncer le clou.
Vous trouverez  sous le titre « Quand, calomniant Nestor Makhno, Jef Kessel se fourvoyait», titre minimaliste car indulgent, — et qu’on veuille bien croire qu’il m’en coûte d’égratigner la colossale figure journalistique et littéraire de Joseph Kessel — un document développant les dénonciations de maints auteurs sérieux visant l’attitude de Kessel vis-à-vis de l’hetman cosaque zaporogue libertaire Nestor Makhno. Sur ce blogue-notes, je ne revendique pas de traiter sérieusement de sujets sérieux, en documents, c’est autre chose.  Mais cette fois, je me suis autorisé un certain laisser-aller. N’ayant pas le talent d’un Kessel, je n’ai pas tenté de le parodier mais l’envie m’en prit. Physiquement, Kessel était un géant, il fit de Makhno un nain sanguinaire, au faciès repoussant.  En forçant le trait sur la physionomie de Kessel, il n’aurait pas été trop ardu d’en faire une brute épaisse. Abaissons le débat ! Ce serait plus farce en mode pâtre répondant au berger, ou plutôt au Kessel bouvier, pasteur — ou porcher —vaticinant, monstre hideux d’aigreur et bavant son fiel, éructant, le menton baigné de vômi éthylique, ses imprécations. J’admets, c’est mauvais, mais j’ai survécu de nombreuses fois au ridicule. Histoire de ne pas m’y vautrer, changement de ton.
Cette histoire revêt une certaine importance par son exemplarité. Tant du point de vue des interrogations portant sur la liberté littéraire que sur la latitude journalistique.  Qui suit ce blogue se souvient de Roger Vailland se targuant d’avoir tenté d’éliminer physiquement Céline. Avancer que Kessel tenta d’influencer un sicaire, de se faire le distant commanditaire intellectuel d’un meurtre éliminant Makhno afin d’amplifier sa gloriole et vendre du papier, placer des piges, se faire rincer par Gallimard (qui ne s’est pas non plus vraiment grandi, ses successeurs y compris), c’est pisser de la copie pour Google. Ici, j’assume. Bien évidemment, j’en rabat dans ce document aux termes plus mesurés (mais, comme on dit dans la police, certains dérapages peuvent s’expliquer), qui soulève aussi la question de la nature d’une presse certaine d’une certaine époque (des heures les plus vénales de son histoire, comme pourrait l’écrire le Boris Souvarine de service).
Résumons : jamais je n’aurais imaginé rédiger un quasi-pamphlet visant Jef Kessel. Je ne fus pas saisi d’une ardente obligation, mais d’une sorte de poussée hémorroïdaire.  Kessel accusant Makhno d’anti-judaïsme, c’est un peu Yvonne de Gaulle en Madame Claude chorégraphiant des ballets violets (roses et bleus).
On va le prendre de manière plus mesurée : vous avez commis un récit à succès, qui a été réédité, et vous espérez peut-être une troisième édition. Vous buvez sec, vous montrez généreux avec des escorts (histoire d’avoir de belles gosses à votre bras et faire baver vos potes), et vous sentez déjà indéboulonnable. Allez-vous vous couvrir la tête de cendres et vous flageller publiquement ? Ou persévérer dans vos mensonges en estimant que personne n’aura le cran de vous loger des balles dans la colonne vertébrale ? Vous ne pensez même pas qu’avec votre carrure, il vous faudra un fauteuil roulant sur mesure. Et puis, la mort, vous l’avez frôlé tant de fois, vu tant et tant de cadavres, de victimes du typhus, de sabrés, de déchiquetés, que… bof !
J’eus, très tôt, une familiarité particulière avec les décès (d’enfants, jeune adultes, vieilles personnes). Au moment d’aller cracher sur la tombe de Kessel, j’aurais sans doute le scrupule exprimé par Makhno entendant le futur exécuteur de Petlioura : s’en prendre à des personnes ne mène guère loin. C’est parfois nécessaire, nonobstant. Et c’est pourquoi je peux concevoir que Kessel, s’en prenant à tort à Makhno, s’illusionna en pensant que cela servait à contrecarrer des principes, des pratiques. Mais qu’il ait pu persévérer en parfaite mauvaise foi porta un coup durable à la crédibilité des journalistes.  Ce n’est pas en s’enferrant dans le déni (suivez mon regard vers Beauvau, lisez sur mes lèvres) qu’on se réhabilite. Faire de Kessel un baveur hypocrite du fait d’une bavure ne me grandit pas. m’abstenir serait pire. De deux maux, en conscience, le moindre… Mais formez plutôt votre opinion sur pièces,  et votre esprit critique.

samedi 27 juin 2020

L’Après-Brexit ou l’avenir radieux selon le Daily Express


Le Royaume-Uni récupérera la Normandie, la Guyenne, et annexera Nice

Du temps à perdre, un coup de mou ? Consultez le site du Daily Express et ses Brexit News. Soit les prévisions géopolitiques du plus chauvin des White Tops britanniques. Attendez-vous à savoir que Normandie, Aquitaine, vont exiger leur rattachement à la couronne d’Angleterre dès la prochaine fin décembre. Quant à la Promenade nicoise, elle se verra garantir le statut de dominion.
Naguère, en phase d’ennui ou de morosité, je jouais à Candy Crush Saga ou un quelconque jeu gratuit. C’est addictif, mais j’ai depuis trouvé beaucoup mieux, soit la lecture quotidienne du site du tabloïde The Daily Express. C’est un « bandeau blanc », mais son traitement du Brexit et de l’Union européenne rivalise en sensationnalisme et titraille tonitruante avec les Red Tops (SunDaily Star, Mirror & Record) s’intéressant aux tribulations d’Harry Windsor et Meghan Markle ou au tour de taille de la chanteuse Adele… Restons pondérés, le Mirror, catalogué pro-travailliste (se définissant intelligent tabloid) et l’écossais Daily Record restent d’une tenue acceptable sous leurs crêtes rouges.
Mais l’Express, chaque jour, c’est que du bonheur. Manchette du jour : Boris Johnson dédaigne l’aumône européenne (727 millions de livres, quand même) destinée aux hôpitaux britanniques. Le Royaume continue certes de contribuer au fond de solidarité européen (jusqu’à l’année prochaine) mais le Bojo refuse de mordre à la carotte. Il prèfère donner du bâton à l’Ursula (von der Leyen). La Bruxelloise peut lui faire toutes les danses du ventre, il l’envoie se rhabiller.
De toute façon, la sortie de l’Union se fera sans accord, la rupture sera brutale, et l’Express se félicite qu’un sondage Ipsos Mori pointe que deux-tiers des Britanniques en sont persuadés. Et sous-entendu, s’en réjouissent. Car, bien évidemment, le départ du Royaume marquera le début de la décomposition de l’Union européenne. L’effondrement est imminent. Premiers pays à mettre les voiles et rompre tout lien avec Strasbourg-Bruxelles : Pays-Bas, Autriche, Danemark et Suède. Mais ils pourraient, pour de toutes autres raisons, être précédés par l’Italie, voire la France. C’est « l’effet domino » du Brexit.
On avait eu, passé gaullien révolu, l'Europe, de l'Atlantique à l'Oural, mais demain, le Brexit accompli, ce sera l'avenir radieux du Royaume-Uni, de Penzance (Cornwall) à Vladivostok (Mandchourie orientale, soit d'un finisterre à l'autre).
Vous aviez cru que l’Angela (Merkel), incitait le Bojo à envisager les conséquences d’une rupture brutale ? Vous n’y êtes pas du tout. La chancelière incite au contraire ses homologues à se montrer conciliants avec le Royaume-Uni, à prêter une oreille plus attentive et bienveillante aux négociateurs britanniques. Car l’Allemagne, comme tous les autres pays membres, est au bord du chaos (La France à moins d’un doigt du précipice).  L’avenir de l’UE est « en lambeaux » jour après jour, voire d’une minute à l’autre. Quelle union d’ailleurs ? Craquelures, brisures sont devenues béantes, la zizanie est devenue cacophonique, les protestations montant de toutes parts sont stridentes. C'est tout juste si Andorre et San Marino ne pointent pas des missiles sur Bruxelles et Strasbourg.
Quant à Macron, il est honteux car humilié. Barnier sue à grosses gouttes, il vient de recevoir l’ultimatum terminal (et plus que décisif, impératif, incontournable) de la part de Frost (le chef-négociateur britannique qui glace Bruxelles d’effroi).
Macron en crise : il est désavoué par les Français et va être contraint, par un référendum que nous allons lui imposer, de se retirer (où ? À Baden-Baden, chez Angela ? À Wallis ou Futuna ?). Chaque jour, cinq-six titres alarmistes, sonnant, claironnant le déclin, le cataclysme européen. Car l’Union vacille, elle compte au moins 27 talons d’Achille, que ne peuvent plus soutenir autant de bras cassés (la névralgie sciatique européenne plie en deux le patient moribond).
C’est d’ailleurs pourquoi je m’attends chaque soir à découvrir au matin que tout l’ouest de la France à demandé son rattachement à la couronne britannique tandis que le maire de Nice supplie qu’on lui envoie des grenadiers et des gardes montés sur sa promenade dont l’asphalte se soulève déjà pour se tourner vers Londres.
À part cela l’actualité de l’Express se partage entre les faits et gestes de la famille royale et ceux des vedettes des séries télévisées (la reine est furieuse et va sévir ; Harry et Meghan vont le sentir durement passer, de toute façon, voyez comme ils se nippent depuis qu’ils ont fui en Californie, ils se sont totalement déconsidérés, ils tournent clochardisés ; d’ailleurs, Charles va leur couper les vivres ; quant à William, il est « désespéré »).
Mais, vous croyez pouvoir dérouler la page jusqu’aux rubriques sportives ou de divertissement sans qu’il soit de nouveau question du Brexit victorieux, triomphant, plongeant le continent dans la désolation ? Détrompez-vous : l’Express glisse au moins quatre autres articles sur le sujet genre “EU on brink” ou “EU crisis : Brussels fears collapse and economic disaster”. Ce dernier titre voisine aujourd’hui, en pied de page, avec un article « Comment réaliser un masque de beauté avec des ingrédients naturels ». Si.
Le reste du monde intéresse vaguement l’Express (“Ivanka Trump outrage” ; “Melania Trump Bombshell”). Mais aussi, ce jour, après l’avoir comme tout le monde ressuscité, le quotidien redonne Kim Jong-un pour mort ; il aurait été décelé « comme des indices bizarres en Corée du Nord »). Et Tro Kono, un ministre japonais aurait émis des « soupçons » quant à la santé de Kim. Bien, de vous à moi, attendons le 10 octobre et la fête du soixante-quinzième anniversaire de la formation du Parti du Travail de Corée. Les répétitions des mouvements de masse ont commencé, sans masque, a indiqué le Pyongyang Times. Lequel, tout comme l’agence officielle, dans sa rubrique des Supreme Leader’s Activities, liste chaque jour les messages qu’il adresse à un peu tout le monde (d’autres chefs d’États, un centenaire de Sunchon, un vétéran retenu 37 ans prisonnier au Sud). Et puis, pas plus tard que mercredi dernier, Kim a reçu des paniers de fleurs. L’agence KCNA (kcna.kp) a mis en ligne une très belle photo de l’un de ces paniers. Nous voilà tout à fait rassurés.

lundi 15 juin 2020

Qui, que, quoi donc statufier ?

Vers la statuaire 3D généralisée ?

Emmanuel Macron s’est exprimé sur la vandalisation et le déboulonnage de statues :« La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire . Elle n'oubliera aucune de ses œuvres, elle ne déboulonnera pas de statu e». Sauf qu’on ne sait trop si les préfets ont ces pouvoirs de préservation ou si toute statue est classée automatiquement monument historique.
Hier, mode cancre près du radiateur, je blablatais sur la statuaire et les personnages historiques. Je constate que le sujet reste d’actualité puisqu’un buste du général de Gaulle a été vandalisé à Haumont (Nord). On aurait pu attribuer ce manifeste à un Mitterrandiste ou à la famille d’un réel Résistant victime des excès partisans de l’épuration. Pour Mitterrand, de Gaulle avait surtout combattu les FFI, la Résitance intérieure (in Attali, J., Verbatim t. 3). Mai non, pour la ou le profanateur/trice, Badingaulle ou « Qui vous savez » (Canard enchaîné) aurait été un « esclavagiste ». Pourquoi pas ? : de nos jours, tout et son contraire se défend, s'illustre, s’autojustifie.
Tenez, jusqu’à présent, soit récemment et provisoirement, Charles Chaplin fut tenu pour un symbole de l’humanisme. Demain, n’importe quel brillant esprit pourra soutenir qu’il incarnait la xénophobie, la propagande tayloro-stakhanoviste. Il se trouve que, sauf erreur d’inattention, Charlot n’a jamais, grimé, interprété de personnage Afro-Américain. Il y eut bien un acteur afro-américain pour interpréter Charlot (Jaleel White, en Steve Urkel dans la série Family Matter’s) et « pire » encore une artiste britannique, Jean Alexander (Al Johnson grimé en Charlot blackfaced dans Coronation Street, indique Wikipedia), cela pourrait servir de prétexte, mais Wikipedia ne liste pas Chaplin dans sa recension des entertainers who performed in blackface. Ouf, enfin, jusqu’à nouvel ordre… Après Jeanne d'Arc (mon billet d'hier, déboulonnons Charlot, la postérité reconnaîtra les siens).
Des actrices grimées en noir, il en est tout plein cette liste : fussent-elles suffragettes ou militantes féministes, il importerait à présent d’en gommer ou au moins estomper la mémoire ?
Verra-t-on aussi les Identitaires se lancer dans la victimisation du fait que des esclaves caucasiens, il y en eut tout plein, tout plein, dans l’histoire antique ou même contemporaine (après tout, les janissaires, même affranchis, hein ? Et je ne vous parle même pas des galériens sous la férule de Levantins ou de Barbaresques, dont des Numides). N’est-il point ?
Comme on disait naguère : élevons le débat. La question, urgente, primordiale, de l’instant, c’est qui ou quoi statufier ? Tout peut être suspecté, y compris les dispositifs de Jean Tinguely ou les assemblages de Calder (car mobiles, girouettes changeant d’opinion selon les vents) ou ses stabiles (car prônant le statut quo).
Et puis, les insignifiances de l’art dit moderne, qui n’est en fait qu’un art récent jusqu’à future catégorisation divergente, on conviendra qu’il laisse froid et impavide le plus grand nombre.
Pour le moment, mais je pourrais tout aussi bien soutenir bientôt l’inverse pour contribuer à ma minable notoriété, je ne vois qu’une voie. Un mondial tirage au sort d’individus, pourvus qu’ils puissent passer pour rigoureusement anonymes là ou leurs statues (en 3D pour couper court aux disputes esthétisantes) seront érigées. Avec des plaques les désignant tels Untel ou Untelle en diverses langues.
Il faut, non, on doit tout déboulonner pour faire de la place à ces anonymes. Y compris les statues du chevalier de la Barre (Fréolles-Attily et square Nadar à Paris). Ne fut-il point glorifié par un certain Voltaire, qui racialisait les albinos, se montra homophobe et méprisant, y compris à l’encontre de la du Châtelet (une érudite féministe ou, du moins, à présent revendiquée ainsi, par l’Institut Émilie du Châtelet, entre autres). Un antisémite anti-mahométan de surcroît. S’il se livra à la défense et illustration du personnage, c’est bien (cela ne tombe-t-il pas sous le sens ?) que ce dernier, François-Jean Lefèbvre, ci-devant chevalier, ayant eu pour aïeul un gouverneur des Antilles, puis adversaire des Amérindiens du Québec, ne doit surtout pas être honoré.
Grattez-le un peu fort, et vous verrez bien que votre chien à la rage. Posez-vous en victime, par exemple en Breton des hussards noirs de la République, il se trouvera toujours des sympathisants pour clamer et hurler plus fort que vous-même. Et puis, histoire d’atteindre le point Goodwin, du fait qu’un certain Hitler fut un peintre autrichien, que penser de qui s’adonne, à sa suite, à la peinture ?
En fait, l’historiographie effectue tout et n’importe quoi. Ne vit-on point Viktor Orban honorer l’envahisseur Attila le Hun (et non Jozsef, désormais banni, come Lajos Kossuth), statufié aussi au Kazakhstan. Il en subsiste même une (histoire de développer le tourisme) à La Cheppe (Marne), une autre à Serik (Turquie). La Roumanie célèbre à présent les Daces, alliés des Romains, reléguant les Gépides, alliés des Huns, à l’oubli. Et, à la prochaine occasion, inversement ?
N’oublions pas non plus que l’estatuario (statuaire) est une passe de tauromachie. La statuaire est donc à bannir, dans son ensemble. CQFD.
Bien, que l’Afrique célèbre la reine Amina (de Zazzau, ou Zaria), ou Candace l’éthiopienne, Makeda de Saba, Yaa Asentewaa des Ashanti du Ghana, grand bien lui fasse… Évidemment, dans son L’Esclavage raconté à ma fille, Christiane Taubira s’attarde sur la traite « arabo-musulmane », éludant l’esclavagisme interr-ethnique infra-Africain. De là à faire de son insistance sur la malédiction de Cham (Chanaan) un indice d’un prétendu antisémitisme de sa part, il y a un pas. Qui finira bien par être franchi (je n’y incite absolument pas : ce n’est qu’une niaiseuse « prophétie », mais quand on voit ce qu’on voit, qu’on entend… et surtout ce qu’on lit, tout et son contraire peuvent paraître plausible et non plus improbable, je le pense et m’en félicite).
Je relisais les conceptions théâtrales farfelues d’Yves Klein dans Dimanche (éphémère irrégulomadaire). Un sacré roublard, Klein. Vénéré jusqu’à voici peu, mais, c’est une prédiction plausible, en passe d’être honni. L’IKB 75 (International Klein Blue) bientôt décroché des musées ? Je m’en voudrais de réclamer qu’on procède à l’éclatement de reproductions de ses sculptures aérostatiques (1001 ballons bleus disparus depuis 1957). L’une de ses « œuvres », le Bac à sable, fut par deux fois foulée aux pieds (au printemps-été 2017). Tout le monde s’en contrebalance à présent.
Un sujet d’indignation chassant l’autre, de ces histoires de statues, on n’en parlera bientôt plus, jusqu’à résurgence du thème.
Mais pour l’animation des dîners en ville chez des Dugommier déconfinés, je me devais de m’étendre sur ce brûlant sujet d’entretien. Maladroitement, j’en conviens, mais j’ai confiance, vous saurez enjoliver, l’exégèse littéraire ou artistique restant un sport de combat prisé. Un ange passe ? Relancez avec ce diabolique questionnement : « qui, que quoi statufier ? ».

dimanche 14 juin 2020

Vite, déboulonnons Jeanne d’Arc !


Les statues de la sœur d’armes de Gilles de Retz sont une offense.

N’allez pas croire que de vils motifs politiciens ou anticléricaux m’animent. Mais il est plus qu’urgent que les quelques 150 statues de Jeanne d’Arc de France, soient abattues, et si possible par la petite jeunesse, comme on dit. Et que leurs débris soient précipités au fond de gouffres abyssaux.
D’accord, faute d’être un anticlérical acharné (car je reconnais des qualités à nombre d’hommes et de femmes d’illusions déistes pernicieuses, y compris des aumôniers militaires ou de la police), d’où je parle, en appeler à déboulonner les statues de « la Jeanne » peut sembler suspect. Je vais aggraver mon cas : je finis par me demander si Pétain n’était pas à la fois duplice et sincère, désintéressé et vénal. Et puis, vaguement apparenté au général Tombeur, « sbire de Léopold, boucher du Congo belge », suspect, forcément suspect, je présente toutes les qualités pour me faire socialo-résoto-harcelé. Dont acte.
Je relis le Candide, de Voltaire, un sacré moult-roué, qui me rappelle ô combien divers de nos ancêtres furent des esclavagistes. Dont de très nombreux Africains et Orientaux qui réduisaient des Aryens et Aryennes (ou Caucasiens, Caucasiennes) à des conditions abjectes. De ce fait, nombre d’entre nous, y compris des blond·e·s au yeux bleus ont des ancêtres, comment dire ? « colorés » ? L’être de couleurs, comme l’écrivait Senghor (cherchez, cela vous fera passer le temps), c’est plutôt le « visage pâle » qui vire du blême au pourpre selon ses émotions. On comprend que le chanteur Nougaro, qui aurait voulu (je n’en sais rien, j’affabule) devenir joueur de poker professionnel, aurait aimé renier sa blanchitude.
Cependant, c’est bien sûr en totale ingénuité que je réclame que toute statue de Jeanne d’Arc doit être abattue, découpée, déchiquetée, pulvérisée, selon sa composition. Comme cela, elle s’effacera des mémoires, on ne se souviendra plus qu’elle fut tour à tour un symbole républicain et anti-républicain. Ce n’est pas pour faire parler de moi (sinon, je lancerai une énième pétition). Mieux, j’en ferai, de la sainte ointe, un symbole de l’internationalisme prolétarien. N’était-elle point native des Vosges, et nonobstant acoquinée avec des Picards et des Bretons. Dont l’infâme Gilles, baron de Retz, natif de Champtocé (les ruines de son château restent une offense hideuse à qui ne veut emprunter l’autoroute pour rejoindre Nantes). Dit Barbe bleue. Tueur en série et violeur d’enfants des deux sexes. Mécréant, forcément, car sodomite.
Comment tolérer encore que sa compagne d’armes (voire sa comparse, allez savoir…) offense encore, outrage de par ses multiples représentations ?
L’histoire est sans cesse réécrite par les vainqueurs du moment (souvent vaincus antérieurement ou victorieux des lendemains). Lesquels n’ont de cesse de glorifier de prétendus ancêtres parés de toutes les vertus que leurs descendants autoproclamés prétendent incarner. L’humanité n’a de cesse de se réclamer de grands personnages. De revendiquer une filiation symbolique.
En fait, en fait, en vérité, je vous le prédis, je suis, par une Algérienne (mais autrefois, elle ne se définissait pas ainsi), un authentique descendant du fabuleux Tartarin de Tarascon, C’est pourquoi j’exige que les socles des statues détruites de Jeanne d’Arc soient, par mesure d’économie, laissés intacts afin d’ériger de nouvelles statues à la gloire de mon faramineux ancêtre qui périt en apportant la civilisation occidentale aux Papous (lire ou relire Port-Tarascon, de Daudet).
Une tartarinade nouvelle finissant toujours par chasser la précédente, je ne doute pas qu’un jour viendra où les monuments aux morts seront remplacés par des œuvres d’un futur émule d’un Jeff Koons. Parrainées par les marques en faveur boursière du moment.
Souffrez, alors que d’innombrables penseurs et penseuses, déblatèrent à tort et à travers, à raison et déraison, sur le mémoriel et ses conséquences ou inconséquences, je leur adresse la réplique atttribuée à Diogène de Sinope s’dressant à Alexandre dit le Grand (car massacreur de forte ampleur, et non si haut de stature ce n’est que sous les ciseaux des sculpteurs Lysippe et autres, dont celle de la septentrionalo-macédonienne de Skopje, Valentina Karnfilova-Stevanoska) : « otez-vous de mon soleil ! ».
En sus, voyez donc les statues équestres de cette Jeanne d’Arc, martyrisant les flancs de ses chevaux de ses éperons. J’en appelle, en mon combat, à Brigitte Bardot et à toutes les grandes consciences soucieuses du bien-être des équidés. Comment tolérer plus longtemps une telle pernicieuse propagande ?

mercredi 10 juin 2020

Donald Trump vit dans son monde parallèle (Kerry)

La Trumpland en réalité augmentée ou amoindrie au gré du Donald

Pour John  Kerry, ancien ministre des Affaires étrangères, Trump s’est créé son monde alternatif et vit dans une alternate reality. L’ennui est que toute la Trumpland suit, partage ses visions euphorisantes ou ses lubies noires et hantises fantasmagoriques…
Cela ne m’avait pas échappé hier, mais bof, une trumpitude de plus, de moins, lassitude. En fait l’une des toutes dernières de Trump est hautement significative.
Comme l’avait dit Christian Jacob (LR), à propos de « dérapages policiers » : « Des violences policières en France, cela n’existe pas. On a vu des violences de manifestants, mais jamais de violences policières ». Il avait oublié d’ajouter qu’au nombre des violences de manifestants, il fallait compter des automutilations mises en scène pour instaurer le bolchévisme et saper l’autorité des forces de l’ordre garantissant la démocratie. Voici quelques jours, je me demandais dans combien de temps Jacob, ou Ciotti, reprendraient cet argument qui convient si bien à la Trumpland : puisque cela pourrait réussir à Trump, pourquoi donc se priver d’embrayer ?
En fait, à propos du complot, des mises en scène et automutilations de manifestants, la Trumpland avait devancé son Donald (qui lui en avait fort bien soufflé l’idée, mais tardait un peu à l’énoncer clairement). En tout cas, au Texas, on n’avait pas attendu le mot d’ordre, les républicains l’avaient de fort peu devancé.
Or, donc, voici qu’à Atlanta, un senior de 75 ans s’est fait bousculer par la police. Sa tête heurte le sol, il saigne. Comme il est blanc, ce ne peut être une jeune racaille Afro-Américaine rétribuée par George Soros pour déclencher la guerre civile. C’est clair, il appartient donc à une autre mouvance terroriste. Donc, le septuagénaire Martin Gugino ne peut être qu’un terroriste d’une autre organisation : c’est donc un provocateur antifa. Il a tout fait pour se provoquer une blessure, lors d’une soigneuse mise en scène. Trump ne nie pas que des policiers aient pu le toucher et bousculer et faire chuter, mais en fait, c’est clair, la séquence que Trump a visionné sur la chaîne One America News (ardemment pro-Trump, la seule désormais qu’il accepte de suivre) le montre d’évidence : l’Antifa chenu s’est automutilé.
Ce n’est pas ce que One America News (OAN) avait suggéré à chaud, c’est une limpide déduction du Donald. Mais, depuis, la chaîne s’est rattrapée : « De nouveaux détails suggèrent que Matrin Gugno provoquait sciemment la police ». Et pour cause, selon Parson Sharp d’OAN, il y a désormais de fortes présomptions qu’il s’ agisse d’un anarchiste, membre de groups radicaux ultra-gauchistes comme les les Antifa. « Même d’autres manifestants on estimé qu’ils pensaient qu’il cherchait à provoquer la police ». Isolément, sans casque ni cagoule ? Peu importe, puisque Trump l’a estimé, pour Parson Sharp, les faits sont établis, l’intuition du Potus ne peut l’avoir trompé.Il s’agit de conforter, étayer, amplifier. Toute la Trumpland va surenchérir. Qu’importe que les supérieurs du policier aient aussi visionné des séquences, et l’aient mis à pied. Qu’importe que la lame press ait recueilli des témoignages, certains fort anciens, contredisant l’allégation de Trump. Le Donald est un peu comme Joseph Smith, le prophète des Mormons, Trump a eu la révélation divine qu’il rétablirait la véritable démocratie américaine et la puissance des États-Unis dominant, sinon le monde, du moins le « monde libre ».
C’est indiscutable. Seuls des mécréants, comme John Kery, Colin Powell, certains membres de la famille Bush, des traîtres républicains, des généraux ou amiraux, traités de ganaches incompétentes par Trump le planqué (qui aurait dû combattre au Vietnam mais obtint un passe-droit), peuvent estimer, faussement, forcément faussement, le contraire, et contredire l’élu, le sauveur, le faiseur de miracles (seulement 115 000 décès du covid contre 240 000 faussement projetés par une pseudo-élite prétendument scientifique : si ce n’est pas une preuve, mais que leur faut-il ?).
John Kerry décrit à présent une sorte d’illuminé qui crée se propre réalité, construit les faits lui convenant, et se montre un dirigeant totalement inepte. Nombreux furent celles et ceux estimant que Donald Trump était quelque peu psychologiquement dérangé. Mais comme il n’a pas revêtu les atours d’un Bokassa, n’a pas fait ériger une cathédrale monumentale, se considère humblement le plus grand président de toute l’histoire des États-Unis, et non pas l’empereur de l’univers entier, certains républicains, dans le doute, s’abstiennent encore (surtout s’ils briguent des sièges ou des fonctions).
Georg Floyd est à présent, en Trumpland, un « criminel endurci » (alors qu’il était agent de sécurité avec d’aiilleurs le policier Derek Chauvin faisant des ménages rémunérés pour le même employeur privé), c’est devenu, pour la Trumpland, un fait avéré. Et si Matin Gugino portait un masque chirurgical, ce n’était pas en raison du covid, mais parce que c’est un Antifa acharné à instaurer l’anarchie collectiviste.
La porte-parole de Trump, Kaylesgh Mc Enany, en rajoute : Trump a eu raison d’émettre des doutes et Gugino s’était montré « profanateur » dans des tweets (laissant entendre qu’il proférait des jurons offensants). Elle l’a sans doute inventé, mais Fox News s’est bien préservé de le relever. Inutile de lui rétorquer que Trump tint une Bible à l’envers comme les royalistes français collaient des timbres de Marianne la tête en bas sur des enveloppes…
McEnany n’avait pas maqué de mettre en avant une petite chaîne soutenant une petite croix en sautoir pour faire cette formidable révélation. Comme l’écrivait Mauriac : « cette façon enfin, si remarquable pour un chrétien, de porter sa croix, mais en sautoir, quelle ample matière à réflexion, et même à méditation. ».
Mais surtout, ne confondez pas cela avec une mise en scène, c’était juste sa manière à elle de manifester son indignation, sa détestation de l’ignoble sexagénaire impie, forcément impie, forcément blasphémateur, attentant à tout ce que la Trumpland tient pour sacré.