La Trumpland en réalité augmentée ou amoindrie au gré du Donald
Pour John Kerry,
ancien ministre des Affaires étrangères, Trump s’est créé son monde alternatif
et vit dans une alternate reality. L’ennui est que toute la Trumpland suit,
partage ses visions euphorisantes ou ses lubies noires et hantises
fantasmagoriques…
Cela ne m’avait pas échappé hier, mais bof, une trumpitude
de plus, de moins, lassitude. En fait l’une des toutes dernières de Trump est
hautement significative.
Comme l’avait dit Christian Jacob (LR), à propos de « dérapages
policiers » : « Des violences policières en France, cela n’existe pas.
On a vu des violences de manifestants, mais jamais de violences policières ».
Il avait oublié d’ajouter qu’au nombre des violences de manifestants, il
fallait compter des automutilations mises en scène pour instaurer le bolchévisme
et saper l’autorité des forces de l’ordre garantissant la démocratie. Voici
quelques jours, je me demandais dans
combien de temps Jacob, ou Ciotti, reprendraient cet argument qui convient
si bien à la Trumpland : puisque cela pourrait réussir à Trump, pourquoi
donc se priver d’embrayer ?
En fait, à propos du complot, des mises en scène et automutilations
de manifestants, la Trumpland avait devancé son Donald (qui lui en avait fort
bien soufflé l’idée, mais tardait un peu à l’énoncer clairement). En tout cas,
au Texas, on
n’avait pas attendu le mot d’ordre, les républicains l’avaient de fort peu
devancé.
Or, donc, voici qu’à Atlanta, un senior de 75 ans s’est fait
bousculer par la police. Sa tête heurte le sol, il saigne. Comme il est blanc,
ce ne peut être une jeune racaille Afro-Américaine rétribuée par George Soros
pour déclencher la guerre civile. C’est clair, il appartient donc à une autre
mouvance terroriste. Donc, le septuagénaire Martin Gugino ne peut être qu’un
terroriste d’une autre organisation : c’est donc un provocateur antifa. Il a
tout fait pour se provoquer une blessure, lors d’une soigneuse mise en scène.
Trump ne nie pas que des policiers aient pu le toucher et bousculer et faire
chuter, mais en fait, c’est clair, la séquence que Trump a visionné sur la
chaîne One America News (ardemment pro-Trump, la seule désormais qu’il accepte
de suivre) le montre d’évidence : l’Antifa chenu s’est automutilé.
Ce n’est pas ce que One America News (OAN) avait suggéré à
chaud, c’est une limpide déduction du Donald. Mais, depuis, la chaîne s’est
rattrapée : « De nouveaux détails suggèrent que Matrin Gugno
provoquait sciemment la police ». Et pour cause, selon Parson Sharp d’OAN,
il y a désormais de fortes présomptions qu’il s’ agisse d’un anarchiste,
membre de groups radicaux ultra-gauchistes comme les les Antifa. « Même d’autres
manifestants on estimé qu’ils pensaient qu’il cherchait à provoquer la police ».
Isolément, sans casque ni cagoule ? Peu importe, puisque Trump l’a estimé, pour Parson Sharp, les faits sont établis, l’intuition du Potus ne peut l’avoir trompé.Il s’agit de
conforter, étayer, amplifier. Toute la Trumpland va surenchérir. Qu’importe
que les supérieurs du policier aient aussi visionné des séquences, et l’aient
mis à pied. Qu’importe que la lame press ait recueilli des témoignages, certains
fort anciens, contredisant l’allégation de Trump. Le Donald est un peu comme
Joseph Smith, le prophète des Mormons, Trump a eu la révélation divine qu’il
rétablirait la véritable démocratie américaine et la puissance des États-Unis
dominant, sinon le monde, du moins le « monde libre ».
C’est indiscutable. Seuls des mécréants, comme John Kery,
Colin Powell, certains membres de la famille Bush, des traîtres républicains, des
généraux ou amiraux, traités de ganaches incompétentes par Trump le planqué
(qui aurait dû combattre au Vietnam mais obtint un passe-droit), peuvent
estimer, faussement, forcément faussement, le contraire, et contredire l’élu,
le sauveur, le faiseur de miracles (seulement 115 000 décès du covid
contre 240 000 faussement projetés par une pseudo-élite prétendument
scientifique : si ce n’est pas une preuve, mais que leur faut-il ?).
John Kerry décrit à présent une sorte d’illuminé qui crée se
propre réalité, construit les faits lui convenant, et se montre un dirigeant totalement
inepte. Nombreux furent celles et ceux estimant que Donald Trump était quelque
peu psychologiquement dérangé. Mais comme il n’a pas revêtu les atours d’un
Bokassa, n’a pas fait ériger une cathédrale monumentale, se considère
humblement le plus grand président de toute l’histoire des États-Unis, et non
pas l’empereur de l’univers entier, certains républicains, dans le doute, s’abstiennent
encore (surtout s’ils briguent des sièges ou des fonctions).
Georg Floyd est à présent, en Trumpland, un « criminel endurci »
(alors qu’il était agent de sécurité avec d’aiilleurs le policier Derek Chauvin
faisant des ménages rémunérés pour le même employeur privé), c’est devenu, pour la Trumpland, un fait avéré.
Et si Matin Gugino portait un masque chirurgical, ce n’était pas en raison du
covid, mais parce que c’est un Antifa acharné à instaurer l’anarchie
collectiviste.
La porte-parole de Trump, Kaylesgh Mc Enany, en rajoute :
Trump a eu raison d’émettre des doutes et Gugino s’était montré « profanateur »
dans des tweets (laissant entendre qu’il proférait des jurons offensants). Elle
l’a sans doute inventé, mais Fox News s’est bien préservé de le relever.
Inutile de lui rétorquer que Trump tint une Bible à l’envers comme les
royalistes français collaient des timbres de Marianne la tête en bas sur des
enveloppes…
McEnany n’avait pas maqué de mettre en avant une petite chaîne
soutenant une petite croix en sautoir pour faire cette formidable révélation. Comme
l’écrivait Mauriac : « cette façon enfin, si remarquable pour un
chrétien, de porter sa croix, mais en sautoir, quelle ample matière à réflexion,
et même à méditation. ».
Mais surtout, ne confondez pas cela avec une mise en
scène, c’était juste sa manière à elle de manifester son indignation, sa détestation
de l’ignoble sexagénaire impie, forcément impie, forcément blasphémateur,
attentant à tout ce que la Trumpland tient pour sacré.
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