Les statues de la sœur d’armes de Gilles de Retz sont une offense.
N’allez pas croire que de vils motifs politiciens ou
anticléricaux m’animent. Mais il est plus qu’urgent que les quelques 150 statues
de Jeanne d’Arc de France, soient abattues, et si possible par la petite
jeunesse, comme on dit. Et que leurs débris soient précipités au fond de
gouffres abyssaux.
D’accord, faute d’être un anticlérical acharné (car je
reconnais des qualités à nombre d’hommes et de femmes d’illusions déistes pernicieuses,
y compris des aumôniers militaires ou de la police), d’où je parle, en appeler
à déboulonner les statues de « la Jeanne » peut sembler suspect. Je
vais aggraver mon cas : je finis par me demander si Pétain n’était pas à
la fois duplice et sincère, désintéressé et vénal. Et puis, vaguement apparenté
au général Tombeur, « sbire de Léopold, boucher du Congo belge »,
suspect, forcément suspect, je présente toutes les qualités pour me faire
socialo-résoto-harcelé. Dont acte.
Je relis le Candide, de Voltaire, un sacré moult-roué,
qui me rappelle ô combien divers de nos ancêtres furent des esclavagistes. Dont
de très nombreux Africains et Orientaux qui réduisaient des Aryens et Aryennes
(ou Caucasiens, Caucasiennes) à des conditions abjectes. De ce fait, nombre d’entre
nous, y compris des blond·e·s au yeux bleus ont des ancêtres, comment dire ?
« colorés » ? L’être de couleurs, comme l’écrivait Senghor (cherchez,
cela vous fera passer le temps), c’est plutôt le « visage pâle » qui
vire du blême au pourpre selon ses émotions. On comprend que le chanteur
Nougaro, qui aurait voulu (je n’en sais rien, j’affabule) devenir joueur de
poker professionnel, aurait aimé renier sa blanchitude.
Cependant, c’est bien sûr en totale ingénuité que je réclame
que toute statue de Jeanne d’Arc doit être abattue, découpée, déchiquetée, pulvérisée,
selon sa composition. Comme cela, elle s’effacera des mémoires, on ne se
souviendra plus qu’elle fut tour à tour un symbole républicain et
anti-républicain. Ce n’est pas pour faire parler de moi (sinon, je lancerai une
énième pétition). Mieux, j’en ferai, de la sainte ointe, un symbole de l’internationalisme
prolétarien. N’était-elle point native des Vosges, et nonobstant acoquinée avec
des Picards et des Bretons. Dont l’infâme Gilles, baron de Retz, natif de Champtocé
(les ruines de son château restent une offense hideuse à qui ne veut emprunter
l’autoroute pour rejoindre Nantes). Dit Barbe bleue. Tueur en série et violeur
d’enfants des deux sexes. Mécréant, forcément, car sodomite.
Comment tolérer encore que sa compagne d’armes (voire sa
comparse, allez savoir…) offense encore, outrage de par ses multiples
représentations ?
L’histoire est sans cesse réécrite par les vainqueurs du
moment (souvent vaincus antérieurement ou victorieux des lendemains). Lesquels
n’ont de cesse de glorifier de prétendus ancêtres parés de toutes les vertus
que leurs descendants autoproclamés prétendent incarner. L’humanité n’a de
cesse de se réclamer de grands personnages. De revendiquer une filiation
symbolique.
En fait, en fait, en vérité, je vous le prédis, je suis, par
une Algérienne (mais autrefois, elle ne se définissait pas ainsi), un
authentique descendant du fabuleux Tartarin de Tarascon, C’est pourquoi j’exige
que les socles des statues détruites de Jeanne d’Arc soient, par mesure d’économie,
laissés intacts afin d’ériger de nouvelles statues à la gloire de mon faramineux
ancêtre qui périt en apportant la civilisation occidentale aux Papous (lire ou
relire Port-Tarascon, de Daudet).
Une tartarinade nouvelle finissant toujours par chasser la précédente,
je ne doute pas qu’un jour viendra où les monuments aux morts seront remplacés
par des œuvres d’un futur émule d’un Jeff Koons. Parrainées par les marques en
faveur boursière du moment.
Souffrez, alors que d’innombrables penseurs et penseuses, déblatèrent
à tort et à travers, à raison et déraison, sur le mémoriel et ses conséquences
ou inconséquences, je leur adresse la réplique atttribuée à Diogène de Sinope s’dressant
à Alexandre dit le Grand (car massacreur de forte ampleur, et non si haut de
stature ce n’est que sous les ciseaux des sculpteurs Lysippe et autres, dont celle
de la septentrionalo-macédonienne de Skopje, Valentina Karnfilova-Stevanoska) : « otez-vous
de mon soleil ! ».
En sus, voyez donc les statues équestres de cette Jeanne d’Arc,
martyrisant les flancs de ses chevaux de ses éperons. J’en appelle, en mon
combat, à Brigitte Bardot et à toutes les grandes consciences soucieuses du
bien-être des équidés. Comment tolérer plus longtemps une telle pernicieuse propagande ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire