jeudi 2 juillet 2020

Trump, le pet de Poutine


À la manière d’un Vernochet en mal de notoriété

Rassurez-vous : je vais juste tenter de vous faire sourire (voire réfléchir, entreprise vaine car vous ne m’avez — à juste titre — pas attendu). Mais quand vous vient un titre comme Donald Trump, le pet de Vladimir Poutine (tsar réélu), il faut bien trouver un prétexte.
Non, je ne cherche pas à ce que Sputnik ou RT (Russia Today) m’invitent à vous bassiner avec ma hauteur de vues. Au pluriel, car j’ai vue thèse, antithèse, et qu’importe la vue de synthèse. Déblatérer tel un Jean-Michel Vernochet suffit à vous assurer une non-enviable notoriété. J’aurais pu, comme lui, me faire un vague nom sur le compte de Carlos (pas le chanteur, l’autre) : Isabelle Coutant-Peyre, ex-dame Carlos — mes respects amicaux au passage — m’ayant vaguement à la bonne (affaire Michel Dubec).
Vous l’avez déjà compris : je vous la joue vieux snock qui pourrait en savoir long. En fait, non, je reste du niveau du sous-préfet aux champs (Daudet) par rapport à un Shakespeare, voire un Déroulède, un tourlourou. Mais, comme parfois, on peut avoir « besoin » d’un plus minable que soi… Votre géopoliticien à la manque (moi-je, je-moi) l'Achille Talon des sciences politiques assure.
Souffrez donc qu’à l’instar du Bazar de l’Hôtel de Vil (BHvL), supportez donc que je vous entretienne un peu de Trump, de Poutine, et de cette insolite histoire de forces spéciales russes soudoyant des Talibans pour ramener des scalps de militaires américains en Afghanistan. Je ne détaille pas, vous avez déjà les infos disponibles dans la presse dominante (d’ailleurs, sans elle, pas de complotisme durable, les complotistes n’ayant pas de véritables autres sources).
Je pourrais délayer en m’interrogeant sur l’intérêt, pour la Russie, de procéder de la sorte. Réponse rancunière du bouvier des steppes à la bergère du Midlle-West qui soutenait le commandant Massoud, le Jamiat-e Islami ou le Hezb-e Islami ? Allons donc, Poutine, comme Trump, se balancent autant des morts au combat que des victimes de la pandémie du covid. Fixer des troupes revanchardes américaines, histoire de contribuer à ce que l’économie soutienne l’effort de guerre et s’essoufle ? Au risque de contrecarrer la réélection de Trump qui fait tant et si bien pour donner de l’air à la diplomatie russe, soutenue par de mulltiples complotistes en Europe ? Plus que douteux pour les mêmes raisons. Trop peu pour tout cela pour cela. Ce n'est pas « la guerre des étoiles » inversée.
Reste l’hypothèse, infondée si ce n’est sue sur des élucubrations débiles, mais justement, plus c’est débile, plus les complotistes veulent y croire (ce qui n’est nullement un élément de preuve) : manipuler les services américains de manière à ce que Trump puisse hurler au complot contre lui, limoger des gens expérimentés à tout-va, une fois de plus.
On pouvait compter sur Trump, appuyer sur le moindre de ses boutons de fièvre ou de ses cors aux pieds entraîne des réactions furibardes et disproportionnées. Trump a aussitôt vociféré, invoqué une intox des démocrates et de la lame press (un hoax des élaborateurs de fake news). Et puis, surtout, les républicains se sont empressés de faire passer Pentagone, CIA, et autres agences de renseignement pour des dispensaires de bras cassés disputant entre eux des batailles de noyaux de cerises avec leurs mains valides. Que le New York Times donne les noms de ses sources et que les têtes puissent de nouveau tomber.
Supputation infondée, mais plausible, complotistes, il suffirait d’en rajouter. Oui, sauf que la Trumpland ne renchérit que d’un côté.
Médialogue de zinc du laboratoire des Hautes études du Loulou bar (sympathique adresse du haut du fg St-Denis), je n’aurais pas l’outrecuidance de suggérer aux sociologues spécialistes de la question (Crylil Lemieux, Gérald Bronner, LoPic Nicolas, Luc Boltanski & consorts, et j’ajoute Nathalie Heinch parce que j’aime bien caser son Bêtisier du sociologue, Hourvari éds, au passage) d’appuyer sur cet élément, soit l’uniformité et l’unanimité des complotistes. Les Septante, estima Pascal, tiraient tous dans le même sens, accréditaient tous les mêmes contes des Écritures saintes, ce qui établit bien leur authenticité.
Cela se vérifie ce jour avec la consultation en ligne du site du Figaro : « Êtes-vous favorable à la suppression du parquet national financier ? ». Près de 62 % de oui. Il suffirait sans doute de poser la question « êtes-vous favorables à la réhabilitation et l’indemnisation de Jérôme Cahuzac ? » pour obtenir le même pourcentage, histoire de faire en sorte que le couple Fillon puisse se consacrer pleinement à récolter des fonds de fonctionnement de sa fondation en faveur des Chrétiens d’Orient. Patricia Cahuzac condamnée à deux ans ferme, ce n’était pas assez, Penelope Fillon risquant trois ans avec sursis, c’est une peine disproportionné…
« L’homme le plus dangereux au monde », selon le sous-titre de Mary Trump, nièce du Donald, psychologue qui s’est vue interdire de voir publier son livre : pour les complotistes « trop n’est jamais assez », toujours dans le même sans (le titre du livre interdit étant Too Much and never enough :How My Family Created the World’s Most Dangerous Man).
Or donc, si Trump entretient une relation privilégiée avec Poutine, c’est pour préserver la paix mondiale. D’ailleurs, comme l’a proclamé le Donald, personne au monde n’est plus qualifié que moi pour le Prix Nobel de la Paix, « tout le monde le dit, croyez-moi, croyez-moi ». Celui de la paix en sus de celui de médecine ? Mais bon, si pour augmenter ses chances, il convenait de partager ces prix avec Poutine, pourquoi pas ?  On en est là : avancer que Trump réclame un Prix Nobel conjoint avec Poutine est tout à fait crédible à défaut d’être déjà véridique (c’est en effet quelque peu prématuré).
L’ancien ambassadeur étasunien à Moscou, Michael McFaul, a bien déclaré (en substance) que le Donald était le toutou, l’ami domestique à deux pattes de Vladimir. L'un de ses successeurs, John Huntsman, nommé par Trump, vient de préférer démissionner. Fiona Hill, la kremnilogue de la Maison Blanche, prend aussi le large, c’est la quatrième, ou cinquième tenant·e du poste à renoncer, volontairement ou non, au Conseil national de sécurité. Depuis janvier dernier, John J. Sullivan est l’ambassadeur, au moins en titre. C’est un proche de Mike Pompeo. Il ne reste plus qu’à accorder la nationalité américaine à Serguey V. Lavrov pour le remplacer.
Toujours est-il que l’édition étasunienne de Sputnik News soutient activement la thèse d’un complot visant à déstabiliser Donald Trump et en alternative, une tentative des marchands d’armes étasuniens de défendre leurs bénéfices. Ce qui, franchement, peut s’expliquer diversement, cela n’a pas de valeur probante.
Ce qui est attesté en revanche, c’est que Trump va de nouveau placer des personnages liges à la tête de diverses administrations. Dont l’Agency for Global Media (Voice of America, Radio Free Europe, Radio Fre Asia, &c.). Michael Pack, Emily Newman, Michhael Wiliams se sont installés au siège d’Independance Avenue, Voice of America. Attendez-vous à entendre Jean-Michel Vernochet citer plus fréquemment Voice of America sur TV Libertés et ailleurs pour dénoncer « la diabolisation actuelle de la Russie », son intervention au colloque présidé par S.E. Alexeï Mechnkov ? Sincèrement, je n’en sais rien. Mais une insinuation bien répétée finit vite par passer pour une vérité.
Cela, étant, le traitement récent du Russiangate par VOA (Voice of…) n’est pas plus pire qu’un autre, soit vaguement équilibré, et j’ai vu largement pire.

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