À la manière d’un Vernochet en mal de notoriété
Rassurez-vous :
je vais juste tenter de vous faire sourire (voire réfléchir, entreprise vaine
car vous ne m’avez — à juste titre — pas attendu). Mais quand vous vient un
titre comme Donald Trump, le pet de Vladimir Poutine (tsar réélu), il faut bien
trouver un prétexte.
Non, je ne
cherche pas à ce que Sputnik ou RT (Russia Today) m’invitent à vous bassiner avec ma hauteur
de vues. Au pluriel, car j’ai vue thèse, antithèse, et qu’importe la vue de synthèse. Déblatérer tel un Jean-Michel Vernochet suffit à vous assurer une
non-enviable notoriété. J’aurais pu, comme lui, me faire un vague nom sur le
compte de Carlos (pas le chanteur, l’autre) : Isabelle Coutant-Peyre, ex-dame Carlos — mes
respects amicaux au passage — m’ayant vaguement à la bonne (affaire Michel
Dubec).
Vous
l’avez déjà compris : je vous la joue vieux snock qui pourrait en savoir
long. En fait, non, je reste du niveau du sous-préfet aux champs (Daudet) par
rapport à un Shakespeare, voire un Déroulède, un tourlourou. Mais, comme
parfois, on peut avoir « besoin » d’un plus minable que soi… Votre géopoliticien à la manque (moi-je, je-moi) l'Achille Talon des sciences politiques assure.
Souffrez
donc qu’à l’instar du Bazar de l’Hôtel de Vil (BHvL), supportez donc que je vous
entretienne un peu de Trump, de Poutine, et de cette insolite histoire de
forces spéciales russes soudoyant des Talibans pour ramener des scalps de
militaires américains en Afghanistan. Je ne détaille pas, vous avez déjà les infos disponibles dans la presse dominante (d’ailleurs, sans elle, pas de complotisme
durable, les complotistes n’ayant pas de véritables autres sources).
Je
pourrais délayer en m’interrogeant sur l’intérêt, pour la Russie, de procéder
de la sorte. Réponse rancunière du bouvier des steppes à la bergère du Midlle-West
qui soutenait le commandant Massoud, le Jamiat-e Islami ou le Hezb-e Islami ?
Allons donc, Poutine, comme Trump, se balancent autant des morts au combat que
des victimes de la pandémie du covid. Fixer des troupes revanchardes
américaines, histoire de contribuer à ce que l’économie soutienne l’effort de
guerre et s’essoufle ? Au risque de contrecarrer la réélection de Trump
qui fait tant et si bien pour donner de l’air à la diplomatie russe, soutenue
par de mulltiples complotistes en Europe ? Plus que douteux pour les mêmes
raisons. Trop peu pour tout cela pour cela. Ce n'est pas « la guerre des étoiles » inversée.
Reste l’hypothèse,
infondée si ce n’est sue sur des élucubrations débiles, mais justement, plus c’est débile,
plus les complotistes veulent y croire (ce qui n’est nullement un élément
de preuve) : manipuler les services américains de manière à ce que Trump
puisse hurler au complot contre lui, limoger des gens expérimentés à tout-va, une
fois de plus.
On pouvait
compter sur Trump, appuyer sur le moindre de ses boutons de fièvre ou de ses
cors aux pieds entraîne des réactions furibardes et disproportionnées. Trump a
aussitôt vociféré, invoqué une intox des démocrates et de la lame press (un hoax
des élaborateurs de fake news). Et puis, surtout, les républicains se
sont empressés de faire passer Pentagone, CIA, et autres agences de
renseignement pour des dispensaires de bras cassés disputant entre eux des
batailles de noyaux de cerises avec leurs mains valides. Que le New York Times
donne les noms de ses sources et que les têtes puissent de nouveau tomber.
Supputation
infondée, mais plausible, complotistes, il suffirait d’en rajouter. Oui, sauf
que la Trumpland ne renchérit que d’un côté.
Médialogue
de zinc du laboratoire des Hautes études du Loulou bar (sympathique adresse du
haut du fg St-Denis), je n’aurais pas l’outrecuidance de suggérer aux
sociologues spécialistes de la question (Crylil Lemieux, Gérald Bronner, LoPic
Nicolas, Luc Boltanski & consorts, et j’ajoute Nathalie Heinch parce que j’aime
bien caser son Bêtisier du sociologue, Hourvari éds, au passage) d’appuyer
sur cet élément, soit l’uniformité et l’unanimité des complotistes. Les Septante,
estima Pascal, tiraient tous dans le même sens, accréditaient tous les mêmes
contes des Écritures saintes, ce qui établit bien leur authenticité.
Cela se
vérifie ce jour avec la consultation en ligne du site du Figaro : « Êtes-vous
favorable à la suppression du parquet national financier ? ».
Près de 62 % de oui. Il suffirait sans doute de poser la question « êtes-vous
favorables à la réhabilitation et l’indemnisation de Jérôme Cahuzac ? »
pour obtenir le même pourcentage, histoire de faire en sorte que le couple Fillon
puisse se consacrer pleinement à récolter des fonds de fonctionnement de sa
fondation en faveur des Chrétiens d’Orient. Patricia Cahuzac condamnée à deux
ans ferme, ce n’était pas assez, Penelope Fillon risquant trois ans avec
sursis, c’est une peine disproportionné…
« L’homme
le plus dangereux au monde », selon le sous-titre de Mary Trump, nièce du
Donald, psychologue qui s’est vue interdire de voir publier son livre : pour les
complotistes « trop n’est jamais assez », toujours dans le même sans
(le titre du livre interdit étant Too Much and never enough :How My
Family Created the World’s Most Dangerous Man).
Or donc,
si Trump entretient une relation privilégiée avec Poutine, c’est pour préserver
la paix mondiale. D’ailleurs, comme l’a proclamé le Donald, personne au monde n’est
plus qualifié que moi pour le Prix Nobel de la Paix, « tout le monde le
dit, croyez-moi, croyez-moi ». Celui de la paix en sus de celui de
médecine ? Mais bon, si pour augmenter ses chances, il convenait de
partager ces prix avec Poutine, pourquoi pas ? On en est là : avancer que Trump réclame
un Prix Nobel conjoint avec Poutine est tout à fait crédible à défaut d’être déjà
véridique (c’est en effet quelque peu prématuré).
L’ancien
ambassadeur étasunien à Moscou, Michael McFaul, a bien déclaré (en substance)
que le Donald était le toutou, l’ami domestique à deux pattes de Vladimir. L'un
de ses successeurs, John Huntsman, nommé par Trump, vient de préférer
démissionner. Fiona Hill, la kremnilogue de la Maison Blanche, prend aussi le
large, c’est la quatrième, ou cinquième tenant·e du poste à renoncer, volontairement
ou non, au Conseil national de sécurité. Depuis janvier dernier, John J. Sullivan
est l’ambassadeur, au moins en titre. C’est un proche de Mike Pompeo. Il ne reste
plus qu’à accorder la nationalité américaine à Serguey V. Lavrov pour le
remplacer.
Toujours est-il
que l’édition étasunienne de Sputnik News soutient activement la thèse d’un
complot visant à déstabiliser Donald Trump et en alternative, une tentative des
marchands d’armes étasuniens de défendre leurs bénéfices. Ce qui, franchement,
peut s’expliquer diversement, cela n’a pas de valeur probante.
Ce qui est
attesté en revanche, c’est que Trump va de nouveau placer des personnages liges
à la tête de diverses administrations. Dont l’Agency
for Global Media (Voice of America, Radio Free Europe, Radio Fre Asia, &c.).
Michael Pack, Emily Newman,
Michhael Wiliams se sont installés au siège d’Independance Avenue, Voice of
America. Attendez-vous à entendre Jean-Michel Vernochet citer plus fréquemment
Voice of America sur TV Libertés et ailleurs pour dénoncer « la
diabolisation actuelle de la Russie », son intervention au colloque présidé
par S.E. Alexeï Mechnkov ? Sincèrement, je n’en sais rien. Mais une insinuation
bien répétée finit vite par passer pour une vérité.
Cela,
étant, le traitement récent du Russiangate par VOA (Voice of…) n’est pas plus
pire qu’un autre, soit vaguement équilibré, et j’ai vu largement pire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire