lundi 29 juin 2020

Instaurer le vote contre pour enrayer l’abstention


Deux pistes contre l’abstention : vote contre et tirage au sort

Bon sang, mais c’est bien sûr, l’abstention est devenue majoritaire, même lors des élections locales. Comment vaincre ce fléau qui sape les « fondements mêmes de la démocratie », selon l’expression de Blandine Kriegel. ou Hugues Renson (parmi les derniers en date), et une flopée d’autres dont je-moi-même.  Pour ne pas sombrer dans les affres de l’autogestion (conseils d’immeubles, de hameaux…), ne subsistent que deux solutions : le tirage au sort ou, surtout, le vote contre !
Ces dernières élections municipales vous barbaient avant même d’en connaître les résultats. Je ne vais donc pas vous bassiner avec le taux d’abstention (reportez-vous à la presse dominante pour cela). Il est très fort. Bizarrement, cette même presse n’a pas ressorti ses sempiternels marronniers : proportionnelle (et pour cause, lors des municipales… sauf à instaurer une proportionnelle intégrale, avec strapontins pour les plus faibles scores), meilleure reconnaissance des votes blancs, voire nuls.
Un peu d’imagination, que diable. Je fais quand même le constat. Hors exceptions, à vue de nez, le vote blanc a été à peu près égal au vote nul. Mais, par exemple, au Mans, votes blancs ou nuls ont plus que doublé d’un tour à l’autre (590 au premier, en mars, 1 560 hier, fin juin). À Saint-Héand (dans le Quatre-Deux ou Loire), ville de moins de quatre mille habitants qui, en février 2014, décida de distinguer les bulletins blancs (feuille vierge ou enveloppe vide) des nuls, j’ai bien vu que le sortant avait été reconduit dès le premier tour, d’autant mieux qu’il était seul à présenter une liste. Mais si Le Progrès donne son pourcentage des inscrits (86,64), le quotidien ne mentionne pas plus celui des blancs que des nuls. Et le site de la municipalité indique bien qu’il y eut 868 votants et 752 exprimés, et un taux de participation (30,61 %) averc  2836 inscrits,  on ne peut qu’en déduire que la décision 2014-172 proposée par l’ancien maire n’a pas eu les effets escomptés du temps du nouveau (soit le même Jean-Marc Thélisson). Voui, Satan, Belzébuth, se tapit dans les détails. Vite, un Canadair d’eau bénite larguée sur cet Héand profanant ses résolutions.
Je ne vois pas d’alternative pratique au tirage au sort ou au vote contre pour faire reculer l’abstention. Comme dit ma compagne, ce n’est pas parce qu’on est bac+5 (une fois, deux fois, voire trois, c’est du pareil au même, les cinq ne se cumulant pas) « qu’on est un imbécile ». Ou un béotien. Mais rayer les noms des candidat·e.s d’une liste  — ce qui fut ou reste pratiqué je ne sais plus trop quand ni où — présente l’inconvénient de compliquer le dépouillement, d’accroître les votes nuls (eh oui, le petit trait qui dépasse et empiète sur un autre nom peut provoquer des discussions interminables et surtout minables). Ayant été scrutateur, un reste de solidarité diffuse me détourne de cette voix démagogique et surtout chronophage risquant de susciter la zizanie et des bisbilles dans les localités. Tandis que le vote contre… Lequel, je l’admets, peut conduire à faire installer des maires « par défaut » si le pourcentage des contre atteint les 100  %. Je signale le cas du maire « par défaut » de Planques (Nord) en 2014 qui n’a pas voulu se tapir. Paul-Marie Vienne, le Planquois (non, le gentilé n’est pas planqué), aurait, si j’en crois un titre de La Voix du Nord, été reconduit par les urnes. À Guernes (près de Mantes), Bernard Bourget avait rempilé, le temps qu’un Pascal Brusseaux ‘(élu) et d’un Didier Guillerm (son opposant ayant recueilli 108 voix en mars dernier) prennent de l’âge et se décident, pour Pacal Brusseaux dès 2014, à proposer « un avenir pour Guernes », préparé à présent par « une équipe dynamique et solidaire », l’emportant sur les listes « tous ensemble, tous ensemble » de ses concurrents (« Guernes 2014 » précédemment, «  Agissons tous pour Guernes » plus récemment).
Pour Guernes, on a bien eu 2, 69 % de votes nuls pour 1,22 % de blancs, mais le taux de participation a chuté de 66,42 % à 55,80. Soit un total d’exprimés en mars de plus de 400 électeurs (guère plus). Bien, on peut ne pas être un imbécile tout en ne comprenant pas grand’chose à toute chose, ce n’est pas dirimant : en particulier, pour moi, l’arithmétique reste petite chose (eh, il reste des bouliers pour cela). Or donc, vous lasser avec d’interminables simulations, j’y renonce d’autant plus volontiers que je suis et resterai incapable de les établir.
Mais une certaine imagination que je n’ose qualifier de littéraire dystopique me porte à subodorer que la soustraction des votes pour et contre pourrait aboutir à des résultats négatifs. CQFD. Imaginez la jubilation de l’électrice ou de l’électeur renonçant à la pèche à la ligne pour partir à la chasse au résultat négatif. Machine vous insupporte ? Pan, moins x voix, dont la vôtre. Untel vous hérisse le poil ? Double coup du roi : deux prétendant·e·s à vos pieds.
Car pour faire vraiment reculer l’abstention, il faut réserver le vote blanc à l’expression d’un contre généralisé, mais permettre aussi de bourrer l’enveloppe d’autant de votes contre qu’il plaira. Le cumul blanc plus contre pourrait mettre des quartiers ou secteurs ou localités entières en liesse. Avec lynchage des abstentionnistes repéré·e·s pour trahison de la cause. Ou obligation de payer une tournée générale si un prétexte quelconque semblait plausible à l’assistance (bien plus lourd qu’une simple dérisoire amende que Bercy ne reverserait pas aux budgets communaux).
Imaginez aussi la sourde  et délectable joie de qui serait parvenu à se mettre vraiment tout le monde à dos ! Être élu, bof… Au bout de quelques mois, hors grandes villes, qui se souvient du nom du ou de la maire ? Quelques voisin·e·s, divers·e·s commerçant·e·s, éventuellement. Mais la notoriété de la ou de l’unanimement désavoué resterait plus durable (lors des prochaines élections, nécessaire rappel : Untel encore moins bien élu qu’Untelle lors du scrutin précédent, à chaque élection, un record à battre, des paris engagés).
Je prévois l’objection : la surmultiplication des listes, histoire de mesurer son impopularité. Les dépressions de celles et ceux n’ayant recueilli qu’un nombre infime de scrutins contre. Voire un piteux total proche de zéro.  Bah, dans ce cas, on pourra toujours revendiquer la majorité des bulletins blancs, voire nuls. On entend bien à présent des candidat·e·s avancer que la pandémie les a privé·e·s de la majorité attendue. J’ai même cru comprendre que Madame Agnès Buzyn avait argué que les Parisiennes et Parisiens avaient déserté la capitale avant même le premier tour (d’où les faibles résultats de ses listes). Les braves soldates et soldats du Dix-septième lui avaient pourtant accordé 22,69  % des suffrages en mars, et 13,02 % cette fois. Cela fait perd petit. Mais imaginez qu’elle ait obtenu un pourcentage écrasant de contre(s). Inv. ou non, contre ? Bah…. Elle entrait dans l’histoire électorale ! Plus célèbre que Ferdinand Lop, Marcel Barbu, ou Louis Ducatel et « Monsieur X » (Gaston Defferre), 01 et 05 respectivement face à Georges Pompidou en 1969.
À grande cause nationale désespérée, les moyens désespérés qui s’imposent : instaurer le vote contre, qui fera l’unanimité pour lui. Imaginez aussi l’ambiance des soirées électorales, avec des candidats ayant appelé à voter contre eux et recueillant un maximum de voix pour. La ou le futur maire commentant : « je suis élu triomphalement avec ce très décevant résultat qui vaut plébiscite contre moi ! ». Après le maire par défaut, le maire ou le député par dépit. Mais n’est-ce pas déjà largement le cas ? Le vote contre, ou la continuité dans le changement pour faire reculer, qu’écris-je ? éradiquer, annihiler l’abstention. Réclamons que cette proposition soit soumise à référendum avec pour/contre ou contre/pour+ slogan « voter contre, c’est l’adopter », « voter pour, c’est l’approuver », et réciproquement ou inversement, pour ou contre, c’est tout un. Si pour une fois, l’abstention tranchait en l’emportant encore plus largement qu’à présent, j’aurais l’air fin. Bah, à la longue, on s’accoutume. Et puis, en fin politicien, faire passer un échec pour un succès, c’est l’alphabet du métier.
Plus loufoquement encore. Imaginez le vote contre lors de la triangulaire Jacques Chirac-J.M. Le Pen-Lional Jospin. Jospin à quatre points de Chirac, et il faut continuer à vivre avec cela. Puis tenter d’avoir une notule dans la presse en affirmant son plein soutient à Anne Hidalgo ou au. maire sortant se La Rochelle.  Faranchement, à sa place, j’aurais préféré me retier ave 84 % de votes contre moi, et non 16 % de voix pour. Sauf que le pour n’est pas toujours, en la matière, l’antonyme du contre, et réciproquement ou inverserement (bis, placent). Et au second tour, lors du duel Chirac-Le Pen ? Avec le vote contre, les slogans creux genre « blanc bonnet, bonnet blanc » trouvent leur pendant « béret noir, noir béret », par exemple. Mais je trouve qu’on peut faire moins prendre un chapeau de paille d’Italie pour un panama de l’Équateur. Allons, parvenu jusqu’à cette ligne, vous êtes las, ce dont je me contrebalance, mais je suis soucieux d’aller promener Ouigo, mon coton (ou  velu badigeon, comme il vous plaira).
Brisons-là

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