dimanche 10 novembre 2019

Islamoréification : la marche pour le droit au blasphème

Une gauche religiophobe en rupture plus marquée

C’est bizarrement sur un blogue-notes de Mediapart que j’ai repéré le manifeste « La Marche contre la liberté de pensée ». Edwy Plenel y est désigné « racialiste indigéniste ». Abusif, réducteur sans doute. Mais l’opposition à « l’islamophobie » semble de plus en plus diviser à gauche…
Sur son blogue-notes, Louison (Lousin sur Mediapart) de Balzac a donc publié un manifeste à double objectif : réaffirmer le droit au blasphème et dénoncer la réification des musulmans… Mais d'autres, sous-jacents (comme dénoncer « l'islamo-gauchisme », par exemple) ne peuvent être exclus.
Aimé Césaire avait posé l’équation « colonisation=chosification ». C’est bien contre une colonisation des esprits à des fins diverses que les signataires (Athées en action, Ni dieu-ni-race-ni-maître, Esprit Laïque, Apostat libre, Conseil des ex-musulmans de France, &c., et diverses personnalités) prennent position. La marche contre l’islamophobie a beau avoir vu en son cortège un panonceau « oui à la critique de la religion, non à la haine du croyant » ou « laïcité on t’aime, tu dois nous protéger », les signataires, féministes et autres, y voient la manifestation d’un « communautarisme religieux », d’un « fanatisme bigot et politisé », marginalisant les athées, les apostats et occultant « les musulmans laïques et progressistes ». En dirait-on autant d'une marche organisée pour protester — à très juste titre — contre des attentats ou des assassinats de personnes israélites (ou abusivement assimilées) ? D'un autre côté, on pourrait sans doute défiler contre la christianophobie sans être forcément de mèche avec Renaud Camus, Marion Maréchal-Le Pen, et les identitaires... Mais tout dépendrait de qui lancerait l'appel, j'imagine.
Bref, ce manifeste reprend en substance, aussi, les propos d’un certain Jean-Luc Mélenchon dans un entretien avec Gérald Andrieu du magazine Marianne le 4 février 2010. C’était intitulé : « Mélenchon : la candidate voilée du NPA relève du racolage ». Vous retrouverez…
Certes, une certaine droite, elle, fondamentalement antimusulmane a su racoler à gauche, l’actuel phénomène n’est donc pas tout à fait nouveau. Le couple Pierre Cassen-Christine Tasin, de Riposte laïque (à ne pas confondre avec Esprit laïque, même si ce groupe a ses entrées au magazine Causeur), se définissait un temps « laïque de gauche ». Il en vient à racoler les catholiques intégristes…
Mais il se trouve que ce manifeste sur la marche contre la liberté de pensée use d’expressions que nombre de militants ou sympathisants restés véritablement de gauche pourraient reprendre à leur compte. Comme « non à la colonisation des âmes (…) non à la récupération (…) dans nos rues livrées à la bigoterie, délaissant les athées, les musulmans républicains et les apostats en danger. ». Et ce qui est plus récent (au moins depuis les attentats visant Charlie et le Bataclan), c’est qu’ils ne le gardent pas dans leur for intérieur mais l’expriment de plus en plus ouvertement.
Certes, le groupe Facebook Esprit laïque se veut, est sans doute apolitique… Laïque et non religiophobe. Certes, le Mouvement Stop Corruption se veut aussi apolitique, mais la plupart de ses animateurs professent des opinions classées à gauche. Or, depuis quelques temps, la question de l’islam radical devient de plus en plus prégnante dans leurs échanges.
Émerge aussi un glissement conceptuel : les islamistes seraient, d’un point de vue musulman, islamophobes (en développant des revendications identitaires, en interprétant les textes selon des visées patriarcales, dictatoriales, totalitaires).
Un déclencheur, ou plutôt accélérateur, a été l’affaire Henri Péna-Ruiz, qui avait eu pourtant, fin octobre 2017, bénéficié d’une tribune sur le site LFI pour son Dictionnaire amoureux de la laïcité (Plon). Hué sur les réseaux sociaux lors de la dernière université de LFI pour sa phrase « on a le droit d’être athéophobe comme on a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être catophobe… », il a suscité une forte adhésion et même si LFI a rectifié le tir (par une mise au point), la suspicion d’une collusion à des fins électoralistes, de la part de certaines formations de gauche, avec l’islam(isme) prosélyte, a suscité des levées de boucliers. Avec des exagérations (une partie de la gauche fut présumée se livrer à une chasse aux sorcières).
J’ajouterai que les menées de la Turquie d’Erdogan (un temps alliée de fait à Daesh) contre les kurdes syriens (et autres), la popularisation des combattantes kurdes (musulmanes ou athées) dévoilées, le film Sœurs d’armes de Caroline Fourest, ont aussi contribué à la montée d’une parole décomplexée, non pas antimusulmane, mais antitotalitaire, anti-islamiste.
Cela étant, la controverse sur le vocable islamophobie, qui émergea, selon un universitaire spécialiste de l’époque coloniale, dans des cercles d’administrateurs coloniaux, et non pas, comme Michel Taube (directeur d'Opinion internationale) l’estime, inventé « par les islamistes pour interdire toute critique de l’islam », est quelque peu stérile. Il y a eu certes récupération, tout comme pour le terme d’antisémitisme (visant Juifs et non-Juifs sémites).
Ce qui se dessine, c’est que, à gauche, l’expression de Michel Taube : « si c’est cela être islamophobe, alors je suis islamophobe ! » (cela étant la servitude volontaire, la religion grignotant les libertés…), s’exprime beaucoup plus ouvertement et fortement.
C’est d’ailleurs un retour à la source de l’une des valeurs majoritaires à gauche : la religiophobie. Non point au sens d’absolue détestation (en tout cas majoritairement — et que l’on sache, aucune des deux Simone Weil ne fut lynchée ou assassinée), mais de profonde défiance.
S’ajoute, pour certaines et d’aucuns, la franche stupeur de se voir pour un oui, pour un non, un mot de travers, voire très justifié, assimilés à des adversaires antimusulmans, antijuifs, antimaçons, antiathées, racistes, anti tout ce qui n’est pas eux ou elles.
Je ne sais si, dans Charlie Hebdo du 7 dernier, Géard Biard a exagéré en estimant que cette marche « semble provoquer à gauche un phénomène proche du Brexit ». Ou s’il a décelé les prémisses d’une évolution durable.
Ce qui semble assuré, c’est qu’un autre type d’appel aurait sans doute rassemblé plus de 13 000 (et quelque) personnes à Paris… Une « marche républicaine » de condamnation des actes terroristes et anti-religieux aurait sans doute drainé aussi de nombreux laïcards. L’idée a-t-elle été écartée ? C’est la question que beaucoup se posent à présent

Brexit : erreur fatale du Labour, le revenu universel

C’est plié pour les travaillistes, comme pour Benoît Hamon

Le shadow chancellor travailliste, John McDonnell, veut introduire un revenu universel dans le manifeste du Labour. On sait ce que cela a pu coûter à Benoît Hamon.
Je relis Dingo, d’Octave Mirbeau. Parce que la société Octave Mirbeau (la Som), préparant son numéro 27 lance des appels à contributions sur le thème de l’anticolonialisme. Cela tombe bien, Dingo (en accès libre sur Gallica), en est une illustration. Je vous en ferai part plus tard… Car bien évidemment, si « Les principaux lieux de vie d’Octave Mirbeau » ont été dédaignés par deux présidents successifs de la société, le reste s’ensuit. L’anticolonialisme de Mirbeau exprimé dans Dingo restera entre nous.
Parlons donc de choses sérieuses, et plus actuelles. Voici donc le pendant du ministre (Tory) des finances, côté Labour, John McDonnell, prônant, tel un Benoît Hamon naguère, un revenu universel, a universal basic income.
Tout comme Benoît Hamon, il aurait gagné à lire Dingo… Même les paysans au bord du suicide n’en veulent pas de ce revenu, pas même les autres assistés cumulant aides des allocations familiales, secours municipaux, voire ayant recours à des subsides caritatifs. C’est simple : plus miséreux que soi l’a toujours mérité, et il est hors de question de se laisser ôter le pain de la bouche par plus nécessiteux que soi.
J’étais à Tergnier quand j’ai entendu un emploi aidé (par la municipalité, ou le conseil départemental), maugréer contre les « feignants » de la cité Roosevelt. Lui, il trime, ne règle sans doute pas le moindre impôt, mais les autres exonérés ne vont quand même pas prétendre à pouvoir consacrer ce qu’il concède à la Française des Jeux (Loto, cartes à gratter…). C’est la mentalité Gilets Jaunes insatisfaits de leurs 3 000 à 4 000 euros mensuels — cas de l’un d’eux en comparution immédiate — ou du gradé CRS s’estimant insuffisamment rétribué. Et quand on a une cinquantaine d'euros mensuels de plus qu'un autre, on tient à tenir la distance (la distinction... Bourdieu ?).
En sus, le Labour est déserté par les classes populaires qui se tournent vers le Brexit Party. Ce parti représente à présent surtout une lower middle class se sachant précarisée. Cela étant, accorder cent livres aux adultes, et 50 par enfant, chaque semaine, en sus d’autres aides, ne va pas équivaloir aux 700 euros accordés en Espagne, ou aux quelques 800 bénéficiant aux retraités démunis français. Mais dans l’esprit de beaucoup, ce sera toujours trop.
Cette base électorale pressent bien, pour les plus avertis, que l’intelligence artificielle, l’automatisation, la robotisation, les mènera au chômage. Mais refuser un revenu universel revient à — psychologiquement, fantasmagoriquement – repousser l’échéance.
En sus, pour des raisons environnementales, le Labour veut progressivement interdire les jets privés. Eh quoi, si j’emporte l’Euromillions, je ne pourrais plus poser mon jet au Royaume-Uni ?
Il faudrait creuser ce qu’est la revendication égalitaire en France et au Royaume-Uni. Et l’américanisation croissante de la population anglaise (majoritaire).
Ce qui est sûr, c’est que The Sun s’est empressé de commenter que les propositions du Labour exposeront les Britanniques à trouver 650 millions de livres quotidiennement pour financer l’ensemble des mesures envisagées. Que cela soit vrai, totalement faux ou lourdement exagéré importe finalement peu. Et bien sûr, il est affirmé que les travaillistes ont encore d’autres plans « qu’ils ne veulent pas que vous sachiez ». Air connu. Le Royaume-Uni, votant Labour, se vouerait au sort du Venezuela.
En sus, les bénéficiaires, majoritairement, soit sont trop préoccupés par leur survie pour prendre le temps de voter, soit, comme Mirbeau, considèrent que les élections sont des pièges à c… Mon pronostic : c’est mal parti pour les travaillistes.

samedi 9 novembre 2019

Vatican: le pape François adepte de la christologie kénotique ?


Selon un athée qui en est proche, le pape François serait un hérétique

Cela fait un bon mois que les bonnes feuilles du dernier livre d’Eugenio Scalfari, 95 ans, fondateur du quotidien La Repubblica en 1976, et longtemps son éditorialiste dominical, ont agité l’univers catholique romain. Mais, le 5 novembre dernier, La Reppublica lui offre une tribune, et ce n’est qu’hier que le Vatican a émis une mise au point : les propos du pape François recueillis par Scalfari ne sont pas verbatim, point.
Ce n’est guère différent de ce qui s’était produit en 2013, 2014 et 2018. Car Scalfari converse régulièrement avec le pape… Et il publie les propos pontificaux entre guillemets, les authentifiant ainsi.
Le laconisme des réfutations vaticanes peut laisser supposer que Scalfari serait le porte-parole officieux du pape, qui, bien évidemment, ne confirme pas urbi et orbi ce qu’il lui confie. Car s’il s’exprimait ainsi ex cathedra ou ex officio, soit paré d’une infaillibilité pontificale décrétée en 1870, laquelle, malgré les efforts du théologien Hans Küng, reste acte de foi, un nouveau schisme ne saurait tarder.
En substance, selon Scalfari, l’actuel pape serait un adepte de la christologie kénotique, dérivée de l’interprétation de propos de l’apôtre Paul, selon laquelle Jésus aurait renoncé à sa divinité dès sa venue au monde et ne l’aurait recouvrée qu’après sa mort. Ce n’est pas l'homme incarné qui serait ressuscité, et c’est sous la forme d’un esprit que cet homme se serait manifesté après sa mort. L’apôtre Thomas aurait donc été un illuminé victime d’une apparition ou l’évangéliste Jean aurait inventé le dialogue entre le Christ et son apôtre.
Cela étant, pourquoi pas ? Si tant était qu’il ne fut qu’un seul authentique Jésus (de… Nazareth, d’une autre localité ?), qu’un dieu unique se soit incarné en lui (quand ? dès l’annonce faite à Marie ? post-partum ?), et lui ait donné la latitude de se renoncer à sa divinité en tant qu’homme jusqu’à son trépas (dès son premier vagissement, plus tard ? mystère...), tout cela reste abracadabrantesque.
Bref, que le pontife catholique apostolique romain (entre autres multiples pontifes catholiques, chrétiens…) n’accorderait — le conditionnel s’impose — aucune foi en la « résurrection corporelle du Christ » ne change pas grand’chose.
Le dieu unique et la société moderne, le livre de Scalfari, met à mal les Actes des apôtres, les conclusions du concile de Nicée-Constantinople (325-Nicée ; 381-Constantinople), que certaines églises protestantes ne contestent pas. Pour résumer, l’anathème pourrait frapper un pape romain…
Mgr Strickland, un évêque américain, se proclamant gardien de la vraie foi, a condamné sans équivoque le « prétendu journaliste Scalfari ». Lequel échappera sans doute au bûcher.
En fait, Scalfari est accusé d’être un crypto-communiste laïcard, mais une partie de la cour vaticane s’empresse de relayer ses allégations / présupposés / affirmations (in)fondées (rayez la mention qui ne vous convient pas) afin d’écourter l’actuel pontificat.
Si le quotidien français La Croix a fait état du démenti du Vatican (mars 2018) selon lequel le pape François n’aurait jamais déclaré à Scalferi que « l’enfer n’existe pas », sauf erreur (d’inattention, d’absence de recherches approfondies), les dernières controverses sur l’authenticité des propos rapportés par le journaliste tardent à être évoquées dans ses colonnes.
La doctrine veut que ce Jésus ait été, de sa conception à sa résurrection, à la fois un homme et un dieu. « Vrai Dieu et vrai homme ».
Deux supputations contradictoires veulent que soit le pape ait réellement tenu de tels propos, soit qu’il ne soit plus maître en sa maison et que son service de presse laisse entretenir le doute.
Comme l’exprime Riccardo Cascioli de La Nuova Bussola, tout cela revient à « mettre la foi des simples en péril ». Et à endosser une lourde responsabilité « devant Dieu avant tout ».
Comme l’exprimait Ludwig Wittgenstein, « les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. ». Et on se demande si Eugenio Scalfari et le pape François vivent vraiment dans le même monde, ici, maintenant, et dans un incertain au-delà.
J’irai plus loin : certes, qu’un Jésus se soit voulu Jésus et non Christ de son vivant ne change pas grand’ chose à sa présumée divinité (antérieure, postérieure). Mais j’imagine que d’autres intégristes des autres obédiences dites « du Livre » (monothéistes) ne vont pas laisser passer ces propos (doublement, aux deux sens ?) apocryphes. Ils peuvent conforter l’idée que ce Jésus ne serait qu’un prophète parmi tant et tant d’autres. D’un autre côté, on pourrait espérer qu’ils aient valeur d’incitation à mettre en doute des hadiths, de multiples gloses… En toute intégrité intellectuelle, ou pour favoriser des jeux de pouvoir, des ambitions ?
Tout cela est en fait plutôt insignifiant en soi (quant au devenir climatique, au sort de millions d’êtres humains), mais ce ne serait pas la première fois qu’un fait d’apparence très secondaire finisse par revêtir une signification primordiale.
Petites causes, grandes conséquences : un nouveau pape serait-il appelé « araignée » ? L’effet papillon ne doit jamais être négligé.

vendredi 8 novembre 2019

Brexit : Moscovici veut bouter l’anglois langaige hors de l’UE !

L’anglais, lingua non grata ? Just a joke

Bien évidemment, ni l’Irlande, ni Malte ne veulent que l’anglais (même s’ils disposent de langues nationales) soit banni du continent. Et bien sûr, Pierre Moscovici (locuteur de langues romanes), même s’il en a émis l’hypothèse, s’est rétracté. Et en anglais : just a joke !
Jamais l’Eurospeak ne renoncera à la langue anglaise. En sus, on ne va pas licencier les anglophones du bureau de la Traduction des Communautés européennes (à l’origine de la campagne Fight the fog, et d’une fameuse marche orthotypographique, merci de m’en avoir fourni la version imprimée).
L’ex-commissaire aux Affaires économiques ne s’est pas étendu sur la question linguistique, développant des propos relatifs à la santé économique des 27, rappelant la France à l’ordre (« davantage d’efforts structurels et de réduction du déficit »), au soutien de la croissance. Et lui au moins s’est abstenu d’évoquer les élections britanniques… Ouf. Il s’est contenté de dire : « on verra bien ».
Mais la presse britannique (surtout celle pro-Brexit) n’a retenu que sa boutade. 
Et le fait qu’il a utilisé pratiquement autant le français que l’anglais lors de son allocution.
Sur l’emploi de l’anglais sur le continent, il a précisé de nouveau : "Don’t be alarmed, itw as just a joke.".
En fait, il fut bien question de retirer l’anglais de la liste des langues « agrées » par l’Union européenne. Ce qui ne serait pas illogique, d’un point de vue cartésien.
Mais l’anglais, une résolution fut adoptée en ce sens, restera une langue officielle. Pas qu’en raison de l’Irlande (moins d’un pour cent de la population de l’UE) et de Malte (0,09 %). Mais comme l’avait exprimé la Polonaise Danuta Hubner, il faut faire avec la lingua franca de facto. Ce pourrait être le russe… En dépit de la Francophonie. Arménie, Géorgie, Albanie, Bulgarie, Croatie, et bien sûr Roumanie (Andorre et Belgique, et Luxembourg, Suisse, ce qui semble aller de soi), et même Chypre, sont membres de l’OIF.
Mais soyons réalistes : en Roumanie, pays autrefois ô combien francophone, je dois de plus en plus fréquemment recourir à l’anglais.
L’anglais ne fut pourtant agréé qu’en 1973, lors de l’adhésion de l’Irlande et du Royaume-Uni. Officiellement, à Bruxelles et à Strasbourg, on s’en passait. Officieusement, un délégué du Lichstenstein et une déléguée danoise échangeaient en anglais. Cela s’est encore accentué depuis le milieu de la décennie 1990 (diverses adhésions, Finlande, Suède, Autriche, en 1995). Puis au cours des années 2000 (Chypre, Pays Baltes, Hongrie…).
Et que parlent les « Exiters » de Bruxelles et de Strasbourg entre eux ? L’anglais. Allemands et Français doivent s’y résigner.
C’est un peu dommage. Le français fut longtemps la langue diplomatique par excellence, et l’allemand, très apte à conférer à un concept complexe une dénomination (parfois longue comme un terme aggloméré gallois), est un formidable langage subtil.
Mais avec l’anglais, je me débrouille avec tous les chauffeurs de taxi du continent européen. Et de même sur le pourtour méditerranéen. Y compris, en de rares occasions, au Maghreb. Il en est de même en Israël, et j’imagine, désormais au Liban. Donc, en Afrique dite « francophone », avec les commerçants libanais (bientôt supplantés par les chinois). Un mot espagnol vous manque au Mexique ? Tentez l’équivalent anglais.
Il y a bien sûr des résistances : j’ai connu un polyglotte alsacien, spécialiste du pachtoune et du persan, qui affectait de ne pas parler l’anglais. But, marooned. Coincé. Il lui fallut bien, maintes fois, y recourir.
Peut-être que sous « Commission européenne », sous des pupitres, nous ajouterons (intercalerons Europäische Kommission), à European Commission. À quel coût ? Le symbole en vaut-il la chandelle ?

À Rome, faites comme les romains : fuyez les restaurants

Les gargotes de Rome salent les notes à la tonne

On ne compte plus les anecdotes sur les restaurateurs de Rome fusillant des touristes à leurs caisses avec des notes exorbitantes. Mais jusqu’à présent, il s’agissait essentiellement de touristes étrangers. Cette fois, des provinciaux italiens se sont vus exiger 22 euros pour un hot-dog.
Blague napolitaine qui me fut contée, à Napoli, par un Napolitain. C’est à Naples, et un visiteur se targue de très bien connaître la ville, d’y séjourner fréquemment, &c.
  Et vous n’avez jamais été volé ?
—  Euh, non…
   Alors, c’est votre premier séjour à Naples.
À Rome, si je vais au restaurant, c’est dans l’un ou l’autre des modestes établissements proches de la gare Roma-Termini. Jamais ailleurs (ou presque). Et si je vais dans des quartiers touristiques et que j’ai soif, je m’approvisionne dans un hypermarché.
Pour cause. Si vous ne regardez pas soigneusement les tarifs des menus, vous risquez de devoir régler une addition faramineuse, exorbitante, insensée, y compris pour des « plats » très, très ordinaires, ou des boissons comme de l’eau du robinet en bouteille.
L’un des premiers cas à ma connaissance remonte à 2009. Un couple de japonais avait dû régler 695 euros pour un dîner très ordinaire proche de la Piazza Navona.
Régulièrement, la presse (étrangère et italienne) fait état d’abus. C’est par exemple une famille britannique se voyant réclamer 64 € pour quatre cornets à emporter par un glacier situé près de la place d’Espagne. C’était en 2013. Il s’agissait de l’Antica Roma, via della Vite, qui facture le supplément chantilly (ou approchant) à 3,50 €.
Plus proche : fin septembre 2019, un autre couple japonais se vit réclamer 430 euros pour deux assiettes de spaghettis au poisson et… deux verres d’eau municipale. Le patron de l’Antico Caffè di Marte (situé près de Sant’Angelo) a répliqué que le poisson était frais, que le prix aux cent grammes était clairement indiqué…
Mais le Caffè Vaticano vend un hamburger à 25 €, le cappucino doppio à huit, et ajoute 7,40 € pour le « service ».
D’autres établissements, comme à Venise — fuyez l’Osteria de Luca, qui perçut près de mille euros pour quatre plats insipides —, ajoutent au service un prix de couverts.
À chaque fois que telles arnaques sont relevées par la presse romaine, la municipalité proclame qu’elle prendra des mesures.
Résultat, cette fois, lundi dernier, Il Messaggero a fait état de l’histoire d’une famille venue des Pouilles qui a réglé près de 120 € pour trois hot-dogs, un sandwich jambon-fromage, quatre canettes de Coca et une eau minérale. 22 € unitaire pour du hot-dog. Plus le service à… 17,34 €.
Et comme cette fois il s’agit d’Italiens, cela passe encore plus mal.
Courant mai 2016, Il Messagero s’était livré à de rapides enquêtes… Le prix d’un jus d’orange passait du simple au double selon que le client soit un Italien ou un étranger. Un journaliste a commandé un cappuccino et un croissant au café du Teatro Marcello. Revenu plus ou moins déguisé en touriste (italien), il passe la même commande : le prix monte d’un tiers. Une Espagnole se présente : de deux euros (note initiale), cette fois le prix monte à 3,50 €. Puis, c’est une jeune Française qui se présente un peu plus tard. Toujours pour un cappuccino et un croissant, il lui est réclamé six euros. Soit le triple du prix réel. Mais cette fois, le reçu indique qu’il ne s’agit plus d’un cappuccino et d’un croissant mais de tabacchi.
La patronne a prétexté d’une erreur d’inadvertance de sa caissière, perturbée par « un problème de famille ». Mais n’a trop su expliquer une codification différente de la caisse (code « 1 bar » pour la note à deux euros, « 2 bar » pour celle à trois).
La mairie a promis de nouvelles mesures qui seraient (ou pas) annoncées mercredi 13 prochain. Et appliquées ?
Autre arnaque parmi tant d’autres, se laisser photographier auprès d’un déguisé en légionnaire ou centurion sans avoir discuté auparavant le prix. Idem pour les parcours en calèche.
En revanche, la circulation des pièces de 500 lires, très semblables à celles de deux euros, tend à se raréfier. Si une telle pièce vous est rendue, vous perdez donc deux euros mais vous vous consolerez : elle valait environ 1,50 €.
Là, ce n’est pas tout à fait une arnaque, mais faute d’avoir mis sur pied un service de police dédié à protéger les touristes, la mairie a promulgué des mesures pour protéger la ville des touristes… Comme manger ou boire dans la rue près de lieux touristiques, s’asseoir sur les marches de la Trinité-des-Monts, boire, mais non pas « à l’italienne » (il faut boucher l’écoulement d’eau qui ressurgit par le haut) aux fontaines publiques, &c. L’amende peut être de 150 €. En Italie comme en France, nul n’est censé ignorer la loi ou un arrêté municipal.
Cela étant, Rome et Venise ne sont pas les deux seules villes italiennes où les touristes se font rançonner (comme d’ailleurs à Paris…). À Milan, un grand apérol peut être facturé 35 €. Et bien « mouillé » avec cela (glaçons en abondance, généreuse dose d’eau gazeuse).

jeudi 7 novembre 2019

MST : après le sida, la dengue

Dengue : du moustique à l’homme… et à la femme

Selon un centre national espagnol de microbiologie, ce que rapporte El Pais, la dengue serait aussi une maladie sexuellement transmissible.
Ne me demandez pas ce qu’est la dengue, je ne suis pas plus épidémiologiste que ma tante, si elle en avait. Et puis, vous avez Wikipedia pour cela. Flemmard·e ? Bon, c’est un virus bénin ou mortel des pays tropicaux transmis par des moustiques.
J’ai eu deux copains ayant risqué d’y passer à cause des amibes, l’un diagnostiqué initialement pour une grippe (Michel Arnould, dit « Sousse », Libération), et l’autre je ne sais plus pourquoi (le Gaby, fameux restaurateur belfortain). Tous deux revenus de contrées lointaines (Philippines ou j’ai oublié où, Afrique). Plus Monique (Rémoise défunte, mais sauvée un temps par un médecin breton ayant décelé qu’en siphonnant son aquarium, elle avait été empoisonnée par des poissons des Grands Lacs). Autant vous dire que, sans être parano, ni hypocondriaque, un titre comme “uno de los primeros casos de tranmisión sexual de dengue…” me fait plus chaud que froid.
Comme le relate El Pais, c’est à l’hôpital Ramón y Cajal de Madrid qu’un gars revenu des Caraïbes (Cuba et République dominicaine), ayant contacté la dengue, l’a refilée à sa petite amie. Après des rapports sexuels non protégés. Et l’inverse ? Possible.
Grosse fièvre, érythème (voir ce mot), et douleurs intenses. Aïe, Ouille, Héloïse, fallut-il amputer (castrer) ? L’article ne le dit pas…
Toujours est-il que le moustique tigre, qui nous vient par containers d’un peu partout, transmet la dengue. Va-t-on aussi la transmettre à nos partenaires (et vice-versa ? Hélas...).
La rose a des épines, la dengue des variantes. Celle de Cuba n’est point celle de l’abonné du 22 asniérois. Mais demain ?
Il paraîtrait qu’un autre cas de transmission telle fut repéré en Corée. Et même qu’à Murcie, au sein d’une famille peu ou nullement incestueuse (pure supputation : ni calomnie, ni diffamation), mais ce serait une autre histoire liée au moustique tigre.
Et attention, il y a eu des cas d’infections « autochtones » (dus à des moustiques issus de l’immigration) en France et en Croatie.
Se méfier des Françaises, des Croates et des Espagnoles et Catalanes car le virus fut détecté dans les « flux vaginaux » (traduction libre pour sécrétions, ou mouille).
Pour le moment, j’en ris… jaune. Arrgh, nous sommes déjà vendredi, dimanche pleurera.
Car avec le réchauffement climatique, les moustiques… Et qui s’y frotte s’y pique.
Comme le chantait Dutronc, je fus aventurier ayant beaucoup bourlingué. Naguère, cela épatait quelques donzelles. Mais à présent, se méfieraient-elles ?
Mesdemoiselles, à présent, défiez-vous aussi du gars d’Bezons. Une tigresse lui a peut-être planté son dard dans le râble.
Et de fil en aiguille, si votre culotette cherra… La dengue adviendra. La peste soit de la vérole et des vérolé·e·s.
Va-t-on chanter, « sous la moustiquaire vient t’asseoir, Yvonne… » (Botrel) – « puisque ton RER va repartir bientôt, Kenavo… ».
J’ai les boules (euh, les foies). Je bravache, je matamore, je tartarine… Brandissant ma raquette électrifiée tue-moustiques.
Il me semble bien que j’eusse traduit une nouvelle de Tom Coraghessan Boyle à propos du préservatif intégral (Grasset éd.) couvrant des cheveux aux ongles des orteils (et réciproquement, de bas en haut). Issue de If the River was Whiskey. Modern Love. Si tu me lis, Tom, saches que… Nous y sommes.

Brexit : à l’aune électorale, que de vestes retournées

Défections et coups bas marquent la campagne au R-U…

Il semble qu’il n’y ait que des élus ou caciques du Plaid Cymru (Wales), du SNP (Scotland) à ne pas retourner leur veste ou virer casaque ou à se présenter contre leur parti alors que la campagne électorale britannique tourne vilain.
Je ne vais pas vous abreuver de détails : des conservateurs qui se présentent sous l’étiquette indépendant, des travaillistes désavouant leur formation (et surtout Jeremy Corbin), et même un Lib-Dem se maintenant contre l’avis de Jo Swinson…
Pour ce dernier, cela découle du pacte électoral des Remainers (Unite to Remain), soit les Verts, le Plaid Cymru et le Lib-Dem. Cet accord, portant sur 60 circonscriptions, fait des remous à la base. Il est censé faire gagner une quarantaine de sièges à ces trois formations, mais les analystes ne prévoient guère qu’un gain de cinq ou six.
Cette campagne est déjà marquée par des gaffes de toutes parts, et surtout par des coups bas.
En témoigne la une de ce vendredi du Daily Telegraph, mettant encore plus en relief les propos de Boris Johnson sur le Labour. En gros : les travaillistes veulent mettre à genoux la classe moyenne tel Staline massacrant les koulaks (les agriculteurs pas trop indigents). Cela donne le ton.
Plus agressive encore, cette prise de position contre Corbyn et le Labour de la Jewish Chronicle. Certes, Corbyn et d’autres travaillistes ont prêté le flanc à l’accusation de, comment dire ? L’antisémitisme ne vise plus tous les sémites ? Il n’y eut que les Juifs (très majoritaires) à être exterminés dans les camps de la mort ? Je ne suis pas le moins du monde révisionniste. En revanche, l’appellation de sioniste, autrefois plus qu’honorable, prête désormais à confusion. Et des Juifs de partout (Israël, Amérique du Nord, du Sud, Europe…) en conviennent. Et ce n’est pas de leur fait.
Corbyn a répliqué : il est anti-raciste, des Juifs sont membres du Labour, &c.
J’ouvre une parenthèse : en France, le « vote juif » était un mythe, y compris en Alsace. Il est désormais activé par l’extrême-droite… comment encore dire ? Judéo-opportuniste, clientéliste ?
Tout cela est fortement détestable. N’allez pas me faire dire que les torts sont partagés et que je m’en lave les mains. Ils sont partiellement partagés (entre de multiples composantes, dont de franches anti-Juifs, s’assumant, soit par convictions dévoyées, soit pour vendre leur soupe nauséabonde ; et entretenue par un complot Trump-Poutine-Netanyahou & co ? Allez, foin de billevesées).
N’empêche… Une travailliste, Ms Kate Ramsden a considéré que l’État d’Israël évoque « un enfant persécuté devenant un adulte persécuteur ». On ne doit pas le voir ainsi : « l’État » israélien n’est pas la Nation israélienne. Ce qui se vérifie, y compris sur place (voici un an, j'y étais).
Pour moi, Kate Ramsden a gaffé… Aggravant son cas en estimant que les accusations visant Corbyn provenaient du “wealthy establishment”. Celui lui a coûté son investiture.
Et chaque jour, une nouvelle gaffe, provenant d’un bord ou de l’autre, va émailler cette campagne électorale. Ébranlant la cohésion britannique davantage que le terremoto romain endommage le forum et le Colysée.
Je m'en mêlerai, je gafferai... C'est devenu quasi-inévitable car tout peut être de nos jours (et de ceux d'hier, et avant-hier) interprété pernicieusement de travers. Rappelez-vous Siné et son « il ira loin ». Mon insignifiance m'y autorise, en quelque sorte. Mais, pas davantage qu'à d'autres, ma bonne foi ne saura constituer de circonstance atténuante aux yeux de qui voudra la contester.
C'est ce qui pend au nez des commentateurs « autorisés » des instances européennes.
Toute déclaration exposant au backlash inévitable. Triste époque.

Via Facebook, des arnaques de plus en plus futées

De l’hameçonnage sans filtre sur FB ?

Hameçonnage ? Je me suis préservé de vérifier… Voici environ cinq heures, sur FB, une publicité prétendant avoir été passée par Le Figaro. Menant à un site contrefait. Pour un peu, je m’y serai laissé prendre.
Belle publicité de « LeFigaro FR » ? Elle met en valeur un article affirmant « Apple donne des iPhones gratuitement ». J’aurais dû me méfier. Figurait la mention « sponsorisé » et la provenance « LeFigaro-24 Site ». Mais bon, pourquoi pas ?
Je suis... vers un site habillé à la manière de celui du quotidien. Un article, calibré Fig’ (titre, chapô) d’un certain Caleb Spencer. Titre : « Le plus grand vendeur de produits Apple distribue gratuitement des iPhones en France ». Bien rédigé… Juste une faute typographique (m2, chiffre aligné et non en exposant, pour mètre carré). Quand même une faute d’accord (« quasi-totalité des téléphones (…) pas été détruit ») par la suite. Mais on lit en mode survol (et c’est à la relecture que je la décèle). Puis un lien. Vers un site (iphxmax.chingforblingz.extention) qui n’a rien à voir avec la marque ni l’un de ses distributeurs… J’ai fui.
Là, j’y retourne et constate, en bas de page, une incitation à concourir pour gagner un iPhone XS Max. Assortie d’une période d’essai « pour un service d’abonnement affilié » au tarif de… 65 euros mensuels « automatiquement prélevés sur votre carte de crédit ». Légal ? J’en doute fort.
J’avoue, c’est bien fait… Sur la page du faux site du Figaro, utiliser un onglet renvoie vers le site du quotidien. Mais si vous remontez l’arborescence (Accueil>Actualité>Socité), vous aboutissez à une page 404.
Si j’ai bien compris le système Facebook, les publicités sont publiées sans vérification en amont et Facebook Inc. s’en remet à ses utilisateurs pour signaler les éventuelles frauduleuses… Qui sont alors masquées… pour seulement celle ou celui effectuant le signalement ?
C’est quelque peu risqué de la part de FB. Car cela jette la suspicion sur tout contenu sponsorisé. Qu’il provienne de, par exemple, la SNCF, et d’autres annonceurs fréquents et présumés crédibles.
Là, je vois une nouvelle annonce mirifique. D’une société HostnFly promettant que, loué ou non via AirBnB, votre appartement vous rapportera pendant votre absence. HostnFly serait une « conciergerie » assurant la remise des clefs au(x) locataires… Et pourquoi ne serait-ce donc pas une officine répartitrice d’adresses entre des aigrefins qui prendront connaissance de vos dates d’absence ?
Qui garantit que le « Grand Jeu » Carrefour (« 100 % gagnant ») n’est pas un coup fourré ? Peut-être par le fait que, pour ce contenu, vous pouvez consulter les commentaires… Ce n’était pas le cas pour celui de « LeFigaro-24 » qui pourtant affichait une liste de commentateurs.
J’en viens aussi d’ailleurs à me demander si des ami·e·s ou connaissances identifiées publiphobes « aiment » véritablement tel ou tel annonceur. Leurs noms (au moins un) s’affichent pourtant parfois au-dessus de ces publicités. Je ne les vois pas, par exemple, s’abonner pour recevoir « des plats ultra-frais » (autre publicité). Je veux bien admettre qu’Untel ou Unetelle apprécient le quotidien La Croix qui offre trois semaines d’accès (« sans engagement »). J’attends de voir un libre-penseur notoire « aimer » le Centre évangélique d’information et d’action (autre annonceur).
Quant à cette publicité « Le Figaro » contrefaite, je découvre à l’instant sur Le Monde (rubrique Pixel, 17 sept. dernier) que le quotidien s’est fait lui aussi contrefaire et qu’il existe « au moins une dizaine de ces faux sites sur Internet ». Et que, prévenu « Facebook a ensuite fait cesser la diffusion des messages correspondants ». Sans porter plainte ? Sans prendre la moindre disposition pour que de telles arnaques ne puissent se reproduire ?
Comment passe-t-on de la complicité passive à la complicité par abstention aggravée ? J’avais cru comprendre que « seule la complicité par simple abstention », dépourvue le la volonté de s’associer au comportement délinquant, peut « être exclue du champ de la répression ». N’y a-t-il pas incitation morale à commettre la duperie ? L’omission de signalement à la répression des fraudes ne constituerait pas une complicité ?
Alors que la victime d’un piratage du fait d’un cybercriminel peut être poursuivie pour complicité passive, car ne pouvant se prévaloir de son ignorance (encore moins de ses propres turpides), de tels faits, répétés, de… collusion ? devraient être tolérés indéfiniment ?
Autre approche : sur mon « mur », je vois de nombreuses contributions relayant des articles de presse. Jamais vu celui du Monde du 17 septembre. Étonnant.
Qu’on m’explique…

Brexit : le Brexend n’est pas entré dans le Brexicon

Un peu de lexicologie pour s’aérer la tête

Cette nuit, j’évoquais la tribune de l’académicien Jean-Marie Rouart dans Le Figaro se lamentant, après tant d’autres, sur la contamination du franglais. Ce après, hier, avoir présenté Le Livre des mots inexistants. Et poursuivant sur cette lancée…
C’est un marronnier : presque toute nouvelle édition d’un dictionnaire est précédée d’une série d’articles de presse annonçant les nouvelles entrées.
Souvent des néologismes, comme ceux de l’ouvrage de Stefano Massini (Le Livre des mots inexistants), des mots étrangers ou des créations argotiques ou jargonnantes.
Hélas, les sortantes sont rarement signalées. Ces entrées antérieures, éliminées, resurgissent parfois ultérieurement sous une forme dérivée, moins souvent identiques (pensez, exemple imaginaire, à l’appellation d’un plat médiéval remise au goût du jour par un chef contemporain renommé).
Eh oui, si on fait du neuf avec du vieux, il faut surtout élaguer pour faire place aux mots nouveaux.
Je ne sais plus quel éditeur de dictionnaire(s) avait fait appel au public pour lui signaler des mots repérés ou inventés susceptibles de devenir des « candidats » (nouveau mot susceptible de se transformer en entrée). Merci, si cela vous évoque quelque chose, de me le signaler.
On peut faire mieux, on fera mieux, avec les mégadonnées. Soit le traitement de millions de numérisations, d’enregistrements. Au départ d’articles de presse, d’émissions de radio ou télévision, peut-être aussi par après transmis par Le Grand Frère (Big Brother) ou les écoutes téléphoniques. Une vraie binge-watch lexicologique (expression entrée dans le Collins en 2015). C’est déjà en cours mais la maison Collins a pour l’instant recours à Corpus. Soit un moteur de recherches scrutant les sites et les réseaux sociaux pour déterminer des candidats.
C’est ainsi que furent repérés les expressions récurrentes du veganspeech : vegangelist, veganaise (ersatz de mayonnaise egg-free), seitan (qui serait à la viande ce que Canada Dry, au « vrai » gingembre — de synthèse —, est à l’alcool).
Cette fois, Collins a décidé que climate strike était « l’expression de l’année ». Pendant la grève, ne vous contentez pas de replanter, passez au réensauvagement (rewilding), qui va plus loin que l’écoforesterie (Le Robert 2019) à la sauvage (sauvageonnage ?). Les rétifs au hopepunk, comme Catherine Bertrand (auteure de l’album de coloriage L’Anti Mandala, déjà évoqué ici), s’en forment une autre idée. Serait-elle non-bopo, Catherine Bertrand ? Soit opposée à la “body positivity” ? Que prône le dernier Siné Madame ? Voyez « SinéMadame en panne de libido ».
Et le Brexit dans tout cela ?
Eh bien, de B à R, c’est la petite douzaine de mots du Brexiton (Brexit+lexicon). Soit Brexiteer, brexiety, flextension, Remoaner (sub. masc. formé sur remain et râleur ou lamenteur ; ou gronsoneur ; de gronsoner ou gronsonéir,   groucer, groucher)  — tel le crocodile pleureur).
Beaucoup plus intéressant, le verbe to milkshake. En « bon » français, entarter (voire godiner). Soit chausser au moine ou frapper au lait ? En fait, balancer un smoothie à la Noël Godin. Ou encore le cakeism (fait de se faire Hans im Schnokeloch ou de vouloir beurre et argent du beurre, to have your cake and eat it, les meilleurs de deux mondes incompatibles, c’est selon) Le stockpiling consiste à faire des stocks (en prévision du Brexit, de l’arrivée ou du retour de Jeremy Corbyn ou de Boris Johnson au pouvoir, c’est selon). La, le Brexend, trop incertain(e) n’est pas du nombre…
Si vous écoutez Europe 1 et le « monde changer » vous aurez peut-être aussi reconnu sur des affiches un(e) non-binary. Soit a she ou an he usant de they pour se, s’indéfinir ? Se dégendrer ?
Un(e) influencer est aussi recensé(e). Non point un inducteur, mais un influenceur. Surprenant… Que ce terme apparaisse si tard… Tout comme entryist (entriste). Notez les dérivés d’influencer : kidfluencer, grandluencer, petfluencer… Je suis, ou plutôt mon coton de Tuléar, un éminent petfluencer (quand cet enfant paraît, le cercle de famille cynophile s’élargit, voyez-le là : « le labradoodle ou le toutou-faux »).
Très, que voilà donc un excellent inducteur (psycho-digressif. Car le verbe chienetchater (to cat-and-mouse ; et a cat-and-mouse situation) a fait précédemment son apparition, avec des définitions différentes dans le Collins, le Cambridge Lexicon, le Merrian-Webster et l’Oxford Learner’s (et d’autres). Pas si digressif, en fait car, que fait la lexicologie à l’usage des dictionnaires avec la langue de la halle (aux draps, pour se coucher en chapon, voyez Duneton) tel un du Bellay défenseur, illustrateur et enrichisseur-épurateur de la langue écrite ? C’est jouer au chat avec des souris qui surgissent ou s’enfuient…
Notez aussi qu’un(e) sosage n’est pas si wise (sage, avisé) que cela mais comestible (comme la, le tofurkey, à base de tofu, un dry nord-américain de dinde, voir supra Canada).
Nul deepfake dans ce qui précède.
Ne pas confondre « frappe climatique » et « grève climatique ». Climate strike est ainsi traduit (frappe) de l’ukrainien par Google (intéressant article d’Espresso TV 24 sur ces mots sélectionnés par Harper Collins Publisher).
Enfin notez que si to double up existait (se plier en deux, de rire, de peine ; partager une chambre ; faire la culbute soit revendre au double, selon le contexte), double down, qui a parfois la même signification (doubler sa mise, voire mettre les bouchées doubles), revêt une nouvelle acception : celle de s’enferrer ou de persister en affrontant l’adversité.
Des mots nouveaux, il en gouttine (ex-belgicisme entré au Larousse) parfois dru (oxymore). Trop hélas s’assèchent, se momifient, s’enfouissent. Consultez Les Mots disparus de Pierre Larousse (coll., 2017, Larousse éd.). Ou Les Disparus du Littré (Héloïse Neefs, 2008, Fayard). Mais, certains d’entre-eux, peut-être ressusciteront après un détour par… l’anglais, ou quelque idiome… velche.

Brexit : que les 27 observent et se taisent !

L’UE doit interférer le moins possible dans les élections britanniques

Deux adages que les 27 et Bruxelles feraient bien d’observer : wait and see, keep calm and carry on. Bien sûr, il n’est pas question de laisser des candidats britanniques énoncer de flagrantes et abusives contre-vérités. Mieux vaut bien (rien) faire et laisser dire…
Donald Tusk regrettait n’avoir pas dénoncé les mensonges flagrants des Leavers lors du référendum. « Passe encore » de la part d’un président sortant. Mais il aurait certainement pu attendre de publier ses mémoires pour l’exprimer.
Mais quel est l’intérêt, pour l’Union européenne, d’avoir un Jean-Claude Juncker estimer que l’approche prônée par Jeremy Corbin est « irréaliste » ? Discutable n’aurait-il pas suffi ? Tusk n'est pas Talleyrand. La presse britannique se charge amplement d’expliquer comme lui que, quoi que Boris Johnson puisse en dire, négocier un accord de libre-échange prendrait sans doute plus d’un an (après deal ou no deal).
Et pourquoi donc Michel Barnier a-t-il estimé opportun de déclarer que pas même Nigel Farage n’a su lui exposer la « valeur ajoutée » du Brexit pour le Royaume-Uni ? Redire qu’un dumping fiscal de la part du pays sortant ne serait pas acceptable suffisait amplement.
Pour critiquer le Brexit et les Leavers, de nombreux Britanniques s’en chargent. Ainsi de Jo Swinson ou John Bercow. L’ex-Speaker conservateur a considéré que le Brexit constituait « la plus grosse erreur du pays depuis la guerre ».
Le comble est peut-être d’avoir fourni des éléments de langage à une porte-parole de la Commission européenne alors qu’une conférence de presse ne s’imposait aucunement. J'vous en cause en ex-vaseux (communiquant), puis journaleux.
Selon ses dires, le protocole Theresa May aurait seulement été « clarifié » par Boris Johnson… Bref, ce serait un protocole à l’identique alors que, d’évidence, c’est faux.
Faux en raison de l’Irlande du Nord (les contrôles douaniers principaux s’effectuant dans les ports ou, en tout cas, plus à proximité de la frontière avec la république), dont l’assemblée pourra remettre en cause les dispositions de l’accord projeté sous un délai de quatre ans.
Cela peut donner l’impression d’abonder dans le sens de Nigel Farage et du Brexit Party dans l’intention d’affaiblir les conservateurs aux yeux des Leavers.
À rien ne sert to boo the Bo(jo) ou tout autre. Cela ne renforce que la hargne des tabloïds pro-Leave.
Sur le terrain, c’est très chaotique : des conservateurs, des travaillistes qui se retirent, d’autres se présentant en indépendants.
Rien à voir ? Je lisais, dans le Fig’, la tribune de l’académicien Jean-Marie Rouart sur « le franglais qui nous envahit ». Vieille antienne. Et le voilà qui en appelle à Étiamble, Cioran (romanophone, francophone, &c.). Je ne sais à quel point le « cancer » qu’il évoque gangrène (dit-on métastaser ?) les Britanniques. Devenus encore plus Européens (et « continentaux ») qu’auparavant. Le réfutant véhémentement pour certains. J’adresse à cet immortel — moins rapidement oublié que je le serai — ce dessin de Matt, du Telegraph… Angliciste, c’est la première fois que je constate que le mot « gaffe » (issu du provençal, du latin médiéval et du gotique ; non du gascon mais du Gaston de Franklin) était devenu usuel outre-Manche. Food for thought. Matière à réflexion…
C’est d’ailleurs pourquoi je souhaite que le fossé entre Angleterre et France se comble. L’anglois préservera peut-être le françois. En bon Breton, je préfère évidemment l’erse et le gallois (posture, vu que je ne pratique même pas le gallo). Comment énoncer cela en eurospeak ? Fight the fog. Au sens non pas linguistique (bannir la langue de bois, le jargon « bruxellois »), mais à celui littéral : dissipons les brumes entre les deux littoraux. Mais, pour l’instant, de notre côté : hush.