mardi 1 décembre 2020

animosité policière… et violences illégitimes

Linda Kebbab de bonne tenue sur LCI

En civil, et non en tenue, sur LCI, la policière Linda Kebbab n’a pas commis d’impair, elle s’est montrée crédible dans ses partis pris. En revanche, n’ayant pas lu son livre Gardienne de la paix et de la révolte (chez Stock éd.) je ne sais trop si elle en a rajouté un peu pour sa bonne cause ou non.


On peut être journaliste et prendre parti. En tout cas ici, où je n’écris surtout pas comme j’ai pu le faire pour l’AFP ou l’Agence centrale de presse (la défunte ACP), je m’y autorise. Simplement tenter aussi de prendre les choses à la légère n’autorise pas à déformer les faits. À la légère, quand on a Tombeur pour patronyme, j’en risquerai bien une mauvaise sur celui de cette dame plutôt avenante, mais bon, glissons… Elle a fait un peu la promo de son bouquin (pas trop, normal) et un peu moins de son syndicat Force ouvrière, tout en ne s’écartant pas de sa ligne (fort bien).

Je ne considère pas que narrer qu’elle a failli se recevoir un tambour de lave-linge sur la tête pour ajouter que c’était cela son quotidien soit une exagération excessive. On peut le ressentir ainsi du fait de « violences illégitimes » de la part de justiciables. J’avais oublié l’expression, je remise celle d’animosité policière (euphémisme ironique). Des violences verbales pas toujours croisées (les policiers gardant leur sang froid), j’ai pu en entendre lors de contrôles ou d’interpellations. Mais c’était bien la première fois que je visualisais, sur l'étrange lucarne, un policier à terre se faire rouer de coups. Je n’y reviens pas, j’ai déjà fait part de ma détestation de ce type de violences illégitimes de la part de je ne saurais dire qui (soit, ici, dans l’impossibilité de départager manifestants lambda et casseurs ou voyous).

Deux réflexions me viennent à l’esprit. D’une part la généralisation des caméras pour les policiers. Je m’attends à des diffusions de séquences insolites, cocasses, de justiciables aux visages floutés, à la voix vaguement déformée, sortant des inepties. Du genre « quoi le vélo, mais je n’y ai même pas touché », protestation d’un voleur de vélo pris sur le fait et en selle du dit vélo (anecdote qui date mais doit encore faire vaguement sourire dans les postes de police). Sur les réseaux sociaux qu’animent des policiers, ce devrait être parfois assez distrayant. Les policiers ne perdront pas tout avec cette innovation.

Ce qui m’a étonné dans les propos de Linda Kebbab, auteure de Gardienne de la paix et de la révolte ; son éditeur, Stock, ne me tiendra pas durablement rigueur de ce rappel, c’est qu’elle soutient qu’une abondante et permanente action militante qui, prenant modèle d’une radicalisation aux États-Unis, incite à faire de la police le symbole d’un État oppresseur. Franchement oui, j’ai constaté quelques exemples, mais ne serait-ce pas une exagération légèrement outrée de sa part ?

Parce que le militantisme de gauche en général a certes usé de ce thème mais que cela me semble plutôt globalement en régression. Et que je me souviens de violences illégitimes de la part d’ouvriers, voire aussi d’ouvrières, en grève et occupations de locaux industriels, davantage motivées par des coups de sang ou une volonté de riposte que par des ressorts idéologiques.

D’accord, il y a des rappeurs aux propos plus que discutables. En faire des militants contre un État bourgeois qu’ils aspirent surtout à rejoindre à leur manière (mode Kany West se prononçant pour Trump parce que dans le même club de friqués), ça me laisse dubitatif. Quant à pousser plus loin et insinuer que des footballeurs richissimes et parfois entourés de policiers faisant des ménages en gardes du corps, là, je commence à ricaner. L’argument n’a pas été repris par l’intéressée, je l’ai lu ailleurs de sources policières.

Linda Kebbab a admis la possibilité que trois policiers, dont deux aguerris, aient pu avoir peur et paniquer du fait de la stature de Michel Zecler. Admettons que c’est parole contre parole (notamment sur les invectives racistes), mais restent les coups. Et au final, les covictimes, ce seront nouzôtres. Parce qu’avec un avocat de la pointure d’un actuel garde des Sceaux, je ne vous dis pas combien cela pourra coûter aux contribuables qui, pour l’instant, nourrissent et logent un temps les policiers agresseurs (on peut dire « policiers agresseurs » ?).

Bien sûr, je ne vais pas exiger que des syndicats de policiers présentent des excuses aux contribuables. Je peux comprendre que les policiers de base considèrent qu’ils rendent plus à la population que ce qu’ils lui coûtent. Cela étant la population s’inquiète encore du ratio policiers en réel service et policiers planqués ou hauts-cadres en placard administratif privés de réelles responsabilités. J’ai fait un peu d’incruste (on dit « au lit avec », embedded) avec des pompiers, en dortoir et interventions. Métier qui n’est pas que psychiquement dur (en véhicules de secours notamment). Mais qui présente divers avantages enviables. Compensent-ils vraiment les risques ? Cela peut se discuter. Indéniablement, pas les plus forts risques. Pour une  majorité des carrières, heureusement, surtout si on va pantoufler dans l’industrie en tant que responsable sécurité d’un site pépère, cela s’apprécie autrement.

Les syndicats de police font des campagnes d’opinion sur la dangerosité de leurs métiers. C’est admissible. Rarement sur la répartition des postes exposés ou non. Ce ne sont pas que des affaires à forte portée émotionnelle qui alimentent non pas la défiance, mais le malaise ressenti par la population. Je ne dis pas que le discours de Linda Kebbab (auteure de…, allez, passons) ne soit pas sincère ni argumenté, mais quelque peu partial (ce n’est pas un reproche, cela se conçoit) et surtout partiel. Elle disait ailleurs (elle passe sur divers plateaux) que la peur « fait partie du quotidien des forces de l’ordre ». Vraiment de l’ensemble des forces de l’ordre ?

Sur une autre chaîne, Philippe Val, pour qui j’ai une estime mitigée (je suis plutôt Siné que du Charlie de Val, ne serait-ce qu’en me souvenant de Denis Robert), considère que, non, la police n’est pas raciste mais que, nuance, « des » policiers pourraient l’être et que ceux qu’il fréquente (il reste sous protection policière) étaient atterrés par les images montrant Michel Zecler. Val ne peut avoir tort sur tout. D’autant que même le Charlie qu’il dirigeait n’était pas trop le chantre obséquieux de la police. Le duo humoristique Font et Val (sketche L’Aumônier militaire et autres) se gaussait de la maréchaussée. Il faut savoir raison et mesure garder.

Faut-il rappeler aussi que du temps de l’IGS (depuis incorporée dans l’IGPN), pour la période 1993-1999, les violences aux personnes entraînaient un taux de 46,6 % de relaxes, avec une prédominance pour les dossiers relatifs à des violences en service ? On veut bien admettre que la violence accrue des justiciables peut susciter des violences illégitimes plus fréquentes. Je ne me souviens pas (et je peux me tromper) que les syndicats de policiers s’en émouvaient très fort. Il paraîtrait qu’initialement, Linda Kebbab ait été tentée par le journalisme. Un métier qui implique pas mal de recul, et, qu’elle le croit ou non, une culture de l’autodérision. Une culture quelque peu différente de celle des animatrices et animateurs de télévision (même passés par la case journalisme, on ne bonifie pas toujours en prenant du galon ou de meilleurs émoluments). Je lis que Linda Kebbab déclare au Figaro que les policiers « n’ont pas réclamé cette proposition de loi ». Certains syndicats en réclament le maintien. Elle évoque une confusion issue d’une « instrumentalisation politique » de la part de l’extrême-gauche. La Commission de la carte de presse (CCIJP), paritaire, instrumentalisée par l’extrême-gauche ? En voilà une idée qu’elle est crédible ! Puis-je risquer qu’elle l’ait lu dans la sauce du chawarma et des frites ? (désolé, disait la marionnette des Guignols de l’info, cela m’a échappé).

lundi 30 novembre 2020

animosité policière… à la carte (de presse)

Bon, ce sont les risques du métier.

La Commission de la carte de presse m’envoie un communiqué devenu presque banal. Je relève qu’il fait état aussi des violences subies par des policiers.


J’ai déjà expliqué pourquoi je n’emploie plus le terme contesté de violences policières (risque d’être poursuivi pour tentative virtuelle de strangulation visant à étouffer un ministre). Bien, comme disaient les uns et les autres sur les antennes, j’ai aussi « mal à ma Bretagne » (il reste beaucoup de Bretons en France, ils ont aussi « mal à la France ») quand je vois des policiers agressés et c’est à juste titre que la Commision relève que « les violences sont à dénoncer d’où qu’elles viennent, y compris bien sûr lorsqu’elles ciblent des policiers ». Cela devrait aller de soi, c’est mieux en l’énonçant clairement. N’en déduisez pas pour autant qu’elle se dédouanerait d’animosité (au sens de violence) à l’endroit de policiers, qu’elles soient verbales ou autres…

Bref, je résume et cite : « des journalistes de Brut et de France 3 à Paris, de Médiabask à Bayonne, notamment, onté pris à partie ou agressés par des agents des forces de l’ordre. ». Pour notre confrère de l’AFP et Polka Magazine, blessé au visage, ce qui a déclenché une enquête interne à la police, j’élude, c’était dans toute la presse.

Ce qui m’interpelle, c’est cet assez peu journalistique « notamment ». Soit insidieux, soit peu documenté, c’est selon.

L’autre aspect, c’est que cette commission est paritaire, ce qui laisse supposer que la suite, faisant état de l’inquiétude à propos de textes de lois votés ou en préparation, a obtenu l’assentiment de tous les patrons de presse représentés à la commission (les patrons désignent leurs délégués). Bien, notez que certains titres sont de fait assez peu représentés dans le collège patronal. On désigne surtout des personnalités mettons, consensuelles.

La CCIJP apporte donc son soutien à l’ensemble de la profession. Laquelle néglige relativement peu de prendre le pouls des syndicats de policiers, faut-il en rappeler l’évidence, non sur le mode de la presse anglophone mais quelque peu plus courtoisement.

C’est donc pourquoi je ferai aussi état de communiqués de presse de ces syndicats si jamais j’en recevais.

Pour rappel, le SNJ (l’un des syndicats de journalistes) et une intersyndicale (assez large), annonce des rassemblements au Mans, à Auxerre, Saint-Brieuc et Strasbourg. Le SNJ fait bien les choses et met en ligne une attestation de déplacement dérogatoire. Et signale, « il vaut mieux se munir d’un appel à manifester correspondant à l’attestation »).

Je n’en déduis pas automatiquement qu’il vous suffit d’organiser une manifestation déclarée à l’autorité administrative compétente pour vous réunir entre potes à une distance supérieure à celle mentionnée sur d’autres attestations. Ni qu’organiser une manifestation dont l’itinéraire irait par exemple de Strasbourg à Brest ou de Lille à Marseille soit facile à envisager.

En tout cas, par écran interposé, j’exprime mon soutien avec celles et ceux de Saint-Brieuc et d’ailleurs, assorti de mes souhaits de prompt rétablissement tant aux journalistes qu’aux policiers.

Je rappelle que la détention de la carte (soumise à un minimum de revenus de la part d’un employeur enregistré), atteste certes de la qualité de journaliste, mais qu’on peut exercer la profession de journaliste sans pour autant détenir (ou même avoir détenu) cette fameuse carte.

J’ai couvert de nombreuses manifestations, en me disant que cela pouvait aussi faire partie des risques du métier (parfois, on est bousculé, parfois pris à partie, pas forcément par les seuls policiers). J’ai juste failli une fois tomber d’une barrière sur laquelle je m’étais juché pour photographier. Mais, constatons-le, « c’était mieux avant » (tant pour les policiers que les journalistes). 

Trump indure, son mur perdure et s’expand

Muré à la Maison Blanche, Trump mure de plus belle

Bon, d’accord, indurer en ce sens dérivé est douteux et s’expanser est un anglicisme. Et je n’ai pas le bras asser long pour influencer l’Académie française. Trump qui s’emmure (enfin surtout au golf) et s’enferre conserve un membre assez long peut faire claquer 435 millions d’USD pour étendre son mur mexicain. Mais l'actu du jour, c'est Melania Trump montrant la déco de Noël à la Maison Blanche.


Cocasse, la Trumpland oublie toujours de demander à Trump combien et comment le Mexique a payé pour le TrumWall frontalier. La question ne le gênerait pas, il avancerait un chiffre dérivé de taxes sur un produit mexicain imaginaire, la callisonnada mejicana ou n’importe quoi. Si la presse classique (pour lui, corrompue) le démentait, ce serait la preuve qu’elle diffuse de fausses nouvelles. Et la presse correcte (selon lui) passerait à autre chose.

Quoi de neuf. Bof, on s’en lasse. Toutefois, après avoir vilipendé Fox News au profit d’Oann et Maxnews, Trump a accordé un singulier entretien à FoxNews, pour marteler, sans crainte d’être repris et encore moins contredit, qu’il est réélu. Air connu. Et il a remercié Fox News par une déferlante de tweets, sans réitérer la moindre critique visant la chaîne, dont c’était l’objectif.

Je résume et j’élude divers épisodes et à-côtés négligeables, récurrents. Ah si, quand même. Trump pourrait bouder l’inauguration (l’autrefois classique passation du bureau ovale, avec poignées de mains et sourires convenus pour les caméras) pour annoncer qu’il se représentera en 2024. Comme l’inauguration manquera de lustre (covid oblige), il tirerait ainsi la couverture médiatique à lui.

Re-bof. En revanche, évoquant Trump, l’un de ses proches l’a comparé au britannique roi Georges (George le troisième). Autant parce qu’il se montra fort autoritaire que pour sa démence manifeste à partir de 1788. Il semble en effet qu’au soir du 3 novembre, Trump ait radoté et bavé « j’ai gagné, j’ai gagné ».

Je ne sais quel éditorialiste anglophone (du Guardian, de l’Independent ?) a trouvé la comparaison avec le roi George moins pertinente que celle avec le roi Knut (ou Canute). Lequel, un Norseman, un Danois, fut aussi roi d’Angleterre. Sa légende veut que ses courtisans alléguassent qu’il avait le pouvoir de faire reculer la marée montante. Et Trump, par le seul pouvoir de son verbe a pensé faire refluer la vague bleue (démocrate). Bien ou mal vu, selon les deux interprétations de la légende (celle infra et l’autre, voulant que Knut se soit fait porter sur un rundskjold (bouclier) ou un trône jusqu’au rivage pour démentir la rumeur).

Selon que Trump se représente en 2024 ou non, et une interprétation de la légende ou l’autre, la métaphore pourra resservir. Knut aurait fait allusion au pouvoir divin supérieur au profane et renoncé à porter sa couronne en signe d’humilité. On pourrait aussi évoquer Gwynedd (King of the Britons) ou des dieux celtiques, eux aussi présumés commander aux mers et océans. En tout cas, La Trumpland veut croire que Trump finira par avoir gain de cause, et des sénateurs comme Rand Paul (Kentucky) entretiennent l’illusion.

Trump n’en a pas moins souhaité un prompt rétablissement à Biden souffrant d’une cheville après avoir joué avec l’un de ses deux bergers allemands. Ce n’est pas si anodin puisqu’il s’est retenu de l’invectiver ou de lui accoler un surnom moqueur. Puisque nous avons du temps à perdre et ne pouvons partager des brèves de comptoir au bistrot du coin, il semble que Trump ait été un des très rares présidents à ne pas avoir de chien à la Maison Blanche. Biden en aura deux et envisage de leur adjoindre un chat. Trump n’en a pas profité pour dénoncer les rats qui accompagneront son successeur. Et cela fait des jours et des jours qu’il ne s’en prend plus à la vice-présidente Harris. Un coup de mou, le Donald ?

La bonne nouvelle, c’est que les manifestations pro-Trump ou les contre-manifestations ne tournent pas au pugilat (à l’exception de quelques incidents). Il n’y a pas de nouveaux tués par des policiers ni de nouveaux policiers tués par des voyous ou autres (du moins, la presse nationale ne monte pas de cas en épingle, pour les presses locales, j’ai mal cherché). On continue à s’entretuer comme d’usage (pas entre policiers), mais sans plus… En revanche, les manifestations anti-confinement restent fréquentes en diverses localités (d’une l’une de la milice Patriot Prayer à Sliverton dans l’Oregon, de manière ordonnée).

En tout cas, la réconciliation entre Trump et Fox News n’aura tenu qu’un seul jour. Son message Twitter voici dix minutes (18 :35, heure de Paris) vante Oann qui transmet un raout républicain dans l’Arizona à propos de la fraude électorale : « pourquoi donc Fox News ne retransmet pas en direct ? » prétend s’interroger Trump. Effectivement, Fox News n’est pas loin de qualifier de grosse blague ou de flan les efforts de l’équipe judiciaire de Trump. À Phoenix, Rudy Giuliani a demandé aux républicains de risquer leur réélection (leur carrrière politique) pour « sauver le droit de vote en Amérique ». Le Right Side Broadcasting Network et Breitbart retransmettent aussi. On voit et entend des tas d’experts en technologie faire part de suspicions diverses tendant à laisser penser que des fraudes sont potentiellement possibles sans pouvoir fonder juridiquement qu’elles se sont produites. Rien de décisif donc. Bref, sur ABCNews, Sunny Hostin a estimé que Trump était devenu psychotique et devrait rejoindre un groupe de « Perdants anonymes ». L’information du jour à retenir est donc que Monsieur Gendre, Jared Kushner, va se rendre au Qatar et en Arabie, rapporte le Wall Street Journal (on se sait trop s’il s’agit de se refaire une santé financière, de rabibocher leurs deux dirigeants ou de faire une fleur à Nétanyahou).

L’attention se tourne donc vers les décorations de Noël de la Maison Blanche (62 sapins, 366 mètres de guirlandes, &c., un gâteau de 181 kg, franchement somptueux). On ne sait pas combien de boules de Noël seront suspendues, sans doute pas 300 000, comme le nombre projeté de décès dus au coronavirus le 25 décembre (on en était à 266 000 ce soir, à raison de 100 000 quotidiens depuis 27 jours).


dimanche 29 novembre 2020

Animosité policière (ter) : l’engrenage CFDT

Entre blancs et noirs, Laurent Berger et la CGC doivent choisir

Selon le site Journalistes-CFDT, leur confédération est opposée à l’article 24 et Laurent Berger en demande le retrait. On y croit très fort, surtout quand on consulte les messages d’Alternance Police nationale, syndicat affilié CFDT. Deux poids, deux mesures ?


En préambule, cette citation d’un entretien d’un policier anonyme (appellons-le Aranaud Pinault) avec des journalistes du Zéphyr. Après des faits tels que la mort de Cédric Chouviat (ou le tabassage de Michel Zecler), « dans te telles circonstances, on a toujours peur d’être pris pour cible à cause de l’uniforme. On peut ne rien avoir fait dans le décès de Chouviat et devoir éviter les pierres et les crachats dans la rue. À part du moment où une nouvelle bavure est révélee au grand jour, tout peut arriver sur le terrain. ».

Ce qui est arrivé place de la Bastille où un policier a failli subir le même sort que Michel Zecler. On ne peut pourtant dresser de parallèle. D’une part, on a des gens portant un uniforme et assermentés, de l’autre peut-être de jeunes fachos infiltrés (de type Boogaloo Boys) ou des cogneurs excités qui, après avoir commis des dégradations aux dépens du reste de la population (contribuables, assurés, consommateurs), se comportent comme des tortionnaires. Attention, je ne garantis pas qu’il y ait des miliciens d’extrême-droite ou des policiers infiltrés dans les manifestations tournant mal, je n’ai pas enquêté, je n’en sais rien. Il se peut même que des gens se définissant anarchistes ou gaucho-spontex se conduisent comme des tortionnaires, des fascistes.

Le fait qu’ils ne représentent qu’elles ou eux-mêmes ne les exempte nullement de leurs responsabilités.

En revanche, le discours de divers syndicats de policiers, dont Alliance police, est presque toujours, avec des nuances, similaire : les futurs ex-collègues ne représentent qu’eux-mêmes (ou elles-mêmes, car les policières serrant des pinces à fond pour faire mal, quel que soit le motif de l’interpellation, savent aussi faire du zèle).

Que dit encore Arnaud ? « Dans la brigade, on parle volontiers de matraquer des journaleux, de leur mettre un coup de pied dans la gueule. Et ça fait sourire les collègues. ». Bien, là, que ce soit un témoignage anonyme n’est pas en cause (c’est Zéphyr qu’il l’anonymise), mais le principe testis unus, nullus. Le témoin résume-t-il un climat, une ambiance, ou rapporte-t-il exactement des propos ?

Mais ne pinaillons pas, cela n’importe finalement assez peu. On a constaté la même chose aux États-Unis avec le mouvement BLM à la suite de la mort de George Floyd (et au moins d’une autre justiciable). Du fait qu’une partie de la presse semblait minimiser ou ne pas trop s’offusquer des dégradations, incendies, et projectiles lancés contre des policiers, ces derniers en sont venus à considérer la presse leur serait hostile. Il semble probable que l’on soit entré dans le même engrenage en France.

Mais quand des adhérents d’Alliance police reflètent, par leurs propos (genre « silence total des bien-pensants toujours prêts à dégaine pour condamner et vomir sur les policiers. », j’ai éliminé les fautes d’accord et je rappelle que, pour intégrer la police espagnole, il faut réussi à passer une épreuve d’orthographe), un tel état d’esprit, ils ne semblent pas s’alarmer très fort de l’affiliation de leur syndicat à unecentrale syndicale.

Inversement, la CFDT Journalistes (de je fus adhérent et délégué) ne semble pas prompte à demander des comptes à Laurent Berger sur le maintien d’Alternative police au sein de la confédération CFDT. On comparera les prises de position d’Alternative PN avec le syndicat Police-SCSI de l’encadrement, lui aussi affilié à la centrale.

Alternative PN est une chose, Alliance PN (CFE-CGC) est à fond pour l’article 24, mais ce syndicat dénonce clairement tous ceux qui s’y opposeraient tels des factieux. Donc, la fédération F3C-CFDT à laquelle se rattache CFDT-Journalistes est une organisation factieuse : ne s’oppose-t-elle pas à cet article en considérant que « lorsqu’on prive es citoyens de leur liberté d’être informés, ne serait-ce que partiellement, on installe au quotidien chez eux la défiance et la peur. ». Défiance et peur qui, en France comme aux États-Unis, motivent directement ou de manière induite conduire à ce qui s’est produit et perdure aux États-Unis (hausse des voix trumpistes, milices). Mais il est tout aussi vrai que ne faire état que « d’incidents sporadiques » ou d’« incivilités » lorsqu’il y a actions concertées de s’en prendre aux policiers est choquant. Alternative PN se satisfait de l’article 24 mais fait aussi état de la nécessité de l’amender « afin de garantir la liberté de la presse et le droit d’informer ». Dont acte.

Le journalisme ne consiste pas qu’à poser des questions qui ne fâchent pas. On peut toutefois les formuler de manière non agressive. Et j’aimerais bien que les confrères et ex-camarades (je ne suis pas retraité cotisant) de la CFDT-journalistes posent à Laurent Berger cette question : « un dialogue entre journalistes CFDT et policiers CFDT est-il encore possible ? ». Il semble que oui. J’irais même plus loin, ne seraient-ce pas les agissements des black blocs et consorts qui induisent les réactions de policiers contre les journalistes ? Brice Culturier, un journaliste, a relevé « l’extraordinaire discrétion des médias sur les violences inouïes commises (…) par les émeutiers. ». Cela se discute, En déduire que cela témoignerait de partis pris de confrères contre la police, c’est une extrapolation. Tout comme il est à présent allégué que Michel Zecler serait « un trafiquant de drogue » (ce que j’ai pu lire dans Valeurs actuelles). Que les policiers aient eu une suspicion légitime est une chose, que Michel Zecler n’ait pas voulu suivre sans discuter ces policiers une autre. Et qu’un refus d’obtempérer justifierait un tabassage une troisième. Je n’y étais pas, et donc je n’ai pas non plus entendu les invectives racistes qu’allègue Michel Zecler. Ce que l’on craint cependant, c’est que si l’on ne savait plus dans quelle poche on a placé une attestation de déplacement dérogatoire et que l’on tarde à la produire, on soit frappé. Ce n’est pas par peur généralisée de toute la police, mais appréhension devenue diffuse. On n’y peut rien, ce qui augmente l’inquiétude, c’est de voir, sur une seconde vidéo, des policiers rester passifs alors que le tabassage se poursuit sur le trottoir.

Je voudrais signaler la réaction insolite de mon confrère et ex-condisciple du Cuej, Olivier Biffaud. « Au fait, commment vont-ils être identifiés ces amoureux de la liberté de la presse qui s’acharnent sur un policier à terre ? Grâce aux prises de vues des « journalistes à smartphone” qui se délectent “professionnellement” de ce déchaînement de violence ? ». Question qui fâche aussi puisque ces images pourraient encourager ces prétendus amoureux des libertés à récidiver. Ce qui serait redoutable, c’est que ce type d’interprétation soit allégué. On peut se demander aussi si cet article 24, par extrapolation, ne le permettrait pas. Alliance CFE-CGC fait de la surenchère, « le texte ne va pas assez loin, les policiers doivent être protégés en tous lieux et tous temps ». Oui, les policiers, comme tous les justiciables, doivent l’être, ont droit à des protections. Non, quel que soit le texte, s’il est systématiquement envisagé qi’il n’irait jamais assez loin, où s’arrêtera-t-on ?


J’estimais hier que la droite soutient un texte qui pourra être utilisé aussi contre, comme par le passé, des ligues, ou des manifestations soutenues par la droite. La police est multiforme (l’épuration de la police à la Libération a aussi servi à se débarrasser de gêneurs ou de concurrents pour des promotions qui avaient peu à se reprocher en matière de collaboration), la presse est tout autant plurielle. En février 1934 (au moins 16 morts, 1 500 blessés), c’était la presse droitière qui minimisait les incidents et dégradations.

Je déplore bien sûr que Le Monde fasse état de « policiers tabassés par des manifestants » (et non par des casseurs bien qu’on ne puisse exclure qu’un manifestant énervé se soit mêlé aux casseurs, l’énervement n’étant pas une excuse, quand on manifeste, on ne se mêle pas à des casseurs). Ce qui est certain, c’est que policiers et journalistes divergent sur cette loi. Est-il abusif de souhaiter que, de part et d’autre, on surveille son langage ? On veut croire aussi que le photojournaliste de l’AFP blessé au visage par un coup de matraque n’a pas été agressé parce que journaliste identifié et qu’il s’agit d’une bavure, d’un quiproquo que les syndicats de la police devraient s’efforcer de clarifier. Après que la commission administrative interne se soit prononcée.

Animosité policière (bis) : pour/contre l’article 24 ?

 Petite analyse de doubles languages

Je serai donc pour que les forces de l’ordre fassent un massacre dans les rangs dans La Manif pour tous et que les journalistes ou d’autres ne puissent photographier ou filmer des policiers et gendarmes. Et que Frigid Bardot soit lourdement condamnée pour outrages et provocations ? Pas vraiment…


Je viens de voir un policier se faire tabasser à terre par des hurluberlus motivés par une aminosité anti-policière. Alors, je reprends les propos d’un syndicaliste d’Alternative police au sujet du tabassage subi par Michel Zecler. Mentionné dans mon premier papier sur l’animosité policière. David Jacob appelait « à la plus grande prudence » dans l’interprétation du tabassage de Michel Zecler. Au motif qu’on ne savait pas ce qu’il s’était produit avant entre le dit Zecler et les policiers.

Alors, retournons le même argument. On ne sait pas ce qui s’est passé entre des individus divers et ce policier blessé. Avant, j’ai vu aussi des policiers frapper des manifestants (ou des casseurs, je n’en sais rien) à terre. Soyons clair : ce type de sophisme est intolérable, fait honte à la France et à la profession de journaliste. Même des comportements déplorables de la part d’un policier ne justifient pas que ce dernier ou un autre soit ainsi tabassé par diverses personnes, quoi qu’elles puissent arguer.

Je m’étonne cependant qu’une fois de pire, on ait pu laisser faire des casseurs. Il faut être net. Les casseurs ou incendiaires s’en prennent à tout le monde. Qui finit par payer la casse, d’une manière ou d’une autre (impôts locaux ou autres, primes d’assurances obligatoires relevées) ? Vous et moi. Toute dégradation de biens publics ou privés finit par être réglée par des particuliers. Aucune échappatoire.

J’éprouverai rétrospectivement de la honte si, même énervé, même provoqué, je me serais laissé blesser en groupe quiconque se retrouverait sans défense. Même s’il s’agissait d’une franche crapule.

Mais bon, j’avoue que quand je vois d’hypocrites culs-bénits la ramener, je ne vois pas pourquoi la police devrait prendre des gens et se montrer affable. Comme cela, instinctivement. Mais après réflexion, j’estime que ni moi, ni les forces de l’ordre ne doivent les lyncher. Parce que, aussi, cela pourrait se retourner contre moi.

La droite française approuve bien évidemment cet article 24 car elle estime qu’il ne pourrait jamais lui être opposé. Il faudrait qu’elle réfléchisse un peu et se souvienne comment furent réprimées diverses manifestions pro-général Boulanger ou pro-colonel de La Rocque (des Croix de feu, anciens combattants et estropiés de la Grande Guerre). Que la droite se remémore le 6 février 1934. Selon Wikipedia, « la fusillade des forces de l’ordre la plus sanglante de la Troisième République ».

Cela valut sans doute à divers David Jacob des promotions.

Les divers ministères de l’Intérieur depuis fort longtemps sont pris en otages par la police. Voire des présidents de la République. Qui donc remit la Légion d’honneur à Maurice Papon (réponse : Charles de Gaulle).

Je ne saurais faire, entre les interpellés, la part des casseurs et des simples manifestants pacifiques qui, interpellés, seront traduits en justice. Il faudrait qu’un David Jacob veuille bien considérer que, si je n’ai pas participé à la manifestation, c’est par peur d’être interpellé loin des casseurs, juste pour faire du chiffre. J’en suis là. Et je n’éprouve pourtant aucune animosité contre la police dans son ensemble.

Ce que je ne comprends pas, c’est que la place de la Bastille où des casseurs se sont défoulés, fut largement encerclée par des forces de l’ordre largement supérieures en nombre. Et au lieu de resserrer la nasse et d’embarquer des casseurs, la police a semblé les exfiltrer. Admettons, histoire de s’épargner des histoires avec des filles ou fils de… ou, discours habituel, ne pas faire de blessé·e·s. Bien, puisque je ne comprends pas, je gagnerai à me taire. Je n’en considère pas moins que faire écran entre casseurs et policiers établit une complicité de manifestants, par complaisance passive, avec les casseurs. Tout comme de trop nombreux policiers ont laissé Michel Zecler se faire cogner de nouveau par des collègues sans la moindre velléité de s'interposer.

Ce que je crois comprendre davantage, après avoir suivi l’actualité étasunienne, et constaté l’accroissement indéniable de l’électorat de Donald Trump (insuffisant, certes, mais élargi). C’est que la profession en minorant les faits des casseurs sert objectivement ce qui la discrédite. Quand je lis Le Monde considérant que « quelques affrontements ont opposé manifestants et forces de l’ordre, contrastant avec un défilé calme », j’ai l’impression que l’inconscience a contaminé la profession. Non, ce sont des affrontements graves, non pas du fait de manifestants mais de fascistes de tous acabits (ils ne sont pas que de gauche, il y a aussi des Boogaloo boys and girls français, équivalents de ceux, suprématistes blancs, ayant infiltré le mouvement Black Lives Matter), qui doivent être dénoncés. La presse étasunienne s’est totalement décrédibilisée aux yeux d’une très large partie de l’opinion (qui l’a désertée) à force de minorer l’importance des menées des casseurs et incendiaires. Minimiser, relativiser la gravité, non pas de l’animosité anti-flics (parlons cette fois de violences, ce type de tabassage peut aussi étouffer), mais de cette haine auto-justifiée à tort par, certes, de trop nombreux abus policiers, c’est se condamner à l’insignifiance. Et on ne pourra pas dire, après le trumpisme, qu’on n’a rien vu venir. Des voitures incendiées sur la fin du parcours, puis des dégradations volontaires importantes, ou des policiers en statique blessés, ce n’est ni accessoire, ni secondaire. On ne peut déplorer un recrutement de type Orange mécanique (film A Clockwork Orange, dans lequel de sombres frappes deviennent des policiers frappeurs), et prêter le flanc à laisser penser que de tels agissements sont des débordements somme toute tolérables.

samedi 28 novembre 2020

Un Brexit convenable encore envisageable ?

Vivement un tunnel Porspoder (Finistère) Cork (Irlande)

Franchement, je ne sais si un tunnel entre le Finistère et l’Irlande serait envisageable, mais j’en doute très fort. Mais quand je lis qu’une liaison entre Dunkerque et Rosslare sera opérée par la compagnie danoise DFDS, je me dis qu’on navigue sur la tête…


Je ne sais pas si vous vous représentez bien une route navigable entre Dunkerque et Rosslare ? Bon, pour environ 120 camions par ferry (six trajets hebdomadaires) cela implique 24 heures de traversées, dont la plupart nocturnes. Je ne sais plus quel automne des années 1970 j’ai embarqué en Irlande (sans doute à Rosslare) pour rejoindre la France (sans doute Cherbourg). Mais je me souviens d’avoir ressenti — une fois n’est pas coutume — comme un fort mal de mer. Plus fort que sur un tape-cul rejoignant l’une des îles anglo-saxonnes depuis la Bretagne. Il faut dire qu’il s’agissait d’une compagnie scandinave proposant un buffet à volonté (nous n’avions pratiquement mangé que des sandwiches et des pâtés de public houses depuis un bon moment, nous nous sommes lâchés). En automne, la mer est plus que rude entre l’Irlande et la France. Bon courage, les routiers, lorsque votre bateau dépassera Land’s End (le pendant de l’écossaise John o’Groats, mais en Cornouailles). Tout cela pour éviter de possibles interminables formalités douanières si, en raison d’un Brexit sans accord, vous deviez transiter via le Pays de Galles et l’Angleterre.

On en est où, à propos du Brexit ? Allez savoir. Comme Joe Biden conserve des attaches irlandaises, il ne semble pas trop disposé à donner un feu vert à Boris Johnson pour sceller un accord favorable pour le Royaume-Uni dans ses relations commerciales avec les États-Unis. Cela peut-il entrer en ligne de compte ? Le brouillard continue d’isoler le continent du Royaume-Uni.

Cela étant, l’Écosse semble vouloir se rapprocher davantage de l’Union européenne. Mais là encore, ce n’est ni pour demain ou après-demain. Enfin, semble-t-il, nos partenaires européens sembleraient (le conditionnel s’impose) vouloir faire fléchir la France sur les droits de pêche. En gros, les pêcheurs normands et bretons bénéficieraient de moindres quotas.

Nous sommes aussi sommés de retenir plus d’immigrants de notre côté du Chunnel. Priti Patel et son homologue Gérald Darmanin auraient conclu un accord : davantage de policiers français pour empêcher les immigrés de tenter la traversée. sur des embarcations de fortune.

Et sur le front des saucisses, quoi de neuf ? Les saucisses irlandaises ou françaises, tout comme la bratwurst allemande et d’autres, donc les knacks et les saucisses de viande alsaciennes pourraient disparaître des étals britanniques. Cela parce que l’U.E. ne voudrait pas laisser passer le haggis écossais et les succulents bangers sans garanties sanitaires. Nous en restons au point mort sur le front de la saucisse. Or, pour confectionner des saucisses britanniques, il faut importer depuis d’autres pays, car le Royaume-Uni reste déficitaire. Boris Johnson s’est emparé de la question, assurant que Belfast sera fourni en saucisses unionistes (sans pour autant préciser comment).

Mais ce n’est pas tout, le Daily Express (pro-Brexit dur) croit savoir, sur la base de documents ayant fuité, que l’Union européenne veut fixer les taux d’imposition du Royaume-Uni. Ce afin de lutter contre l’évasion fiscale. En fait la crainte européenne reste que le Royaume-Uni se transforme en un paradis fiscal du genre de Singapour. Bon, l’Express révèle aussi un « plan secret » consistant à faire exploser une bombe nucléaire dans le tunnel sous la Manche. Cela remonterait à mars 1969. Perfide Albion. De quoi freiner l’invasion des saucisses continentales de manière radicale. Mais bien évidemment, cela ne sera pas nécessaire puisque l’Union européenne va se disloquer incessamment sous fort peu (cela fait des mois que l’Express le prophétise).

Le Daily Mail, un poil plus modéré, considère que Michel Barnier signale, depuis Londres, que c’est « maintenant ou plus jamais », mais que Lord Frost laisse entrevoir un faible espoir d’aboutir à un accord qui bien sûr respectera « l’intégrité de la souveraineté britannique. ». En résumé, personne n’y croit vraiment très, très fort. 

Wisconsin : les républicains payent pour ridiculiser Trump

Trois millions d’USD, Trump battu à 257 contre 125

Chauffé par Trump, le parti républicain s’est fendu de trois millions de dollars pour faire recompter les bulletins du comté de Milkwaukee (Wis). Résultat, le vote Biden a progressé de 257 voix contre 125 de mieux pour Trump.

Le GOP a fait recompter les voix dans deux comtés du Wisconsin, Milwaukee et Dane, pour un coût de six millions d’USD. Pour le moment le recomptage partiel pour Milwaukee n’a révélé qu’un écart de 382 voix, avantage Biden. Mais mieux encore, les républicains avaient réclamé l’invalidation de votes par correspondance, dont deux pour Trump, celui d’un avocat républicain, Jim Troupis, et de son épouse, rapporte le quotidien local Journal Sentinel. Troupis s’est refusé à tout commentaire à propos de ces votes anticipés. Mais, bon, le ridicule ne nuit pas à la santé de Donald Trump.

Digression, après un interlude à propos de l’animosité policière, retour à Trump. Mais il convient peut-être de signaler au passage que deux policiers de Kawartha Lakes (Ontario) auraient semble-t-il tué par balles un gamin d’un an. Leur chef a incité le public à ne pas en tirer « des spéculations hâtives » (air connu). En l’occurrence, ce serait assez justifié. Le père du gamin, au volant de son véhicule, était présumé armé et il avait heurté une voiture de police. Le drame ne semble entaché d’aucune suspicion de racisme ou d’anti-jeunisme à ce stade de l’enquête. Cela me remémore au passage une célèbre anecdote belfortaine des années 1970. Divers policiers avaient défouraillé à tout va pour tenter d’atteindre une 2 cv Citroën faisant le tour de la petite place de la préfecture. On récupéra une cinquantaine de douilles, puis on retrouva la voiture parfaitement intacte (comme y incitent les syndicats de la police, il faut se préserver de tirer des conclusions intempestives de tout fait divers impliquant des policiers).

La plus grande prudence s’impose donc aussi à propos des poursuites judiciaires de la campagne de Trump. Lequel, d’ailleurs, ne commente pas le fiasco du Wisconsin mais, après avoir dénoncé la « fraude massive » dans cet État, il tourne à présent son attention vers la Pennsylvanie, où il se déclare largement vainqueur du fait de la présumée création frauduleuse de près de 1,127 000 votes qu’il estime tous pour le candidat démocrate.

Newsmax en rajoute et remet en avant l’avocate Sidney Powell qui assène à présent que les machines de Dominion Voting Systems furent contrôlées depuis l’Iran et la Chine. On en viendrait à se demander si l’élection de 2016 ne fut pas auparavant tout aussi truquée depuis l’étranger. Quant à Rudy Giuliani, il met à présent en cause la compétence des tribunaux fédéraux dont des juges avaient été nommés du temps d’Obama. Du coup, un sénateur républicain de Pennsylvanie veut que le congrès fédéral, à majorité républicaine, désigne les grands électeurs qui lui conviennent. Et si cela était contesté, les républicains porteront l’affaire devant la Cour suprême (à majorité pour Trump). Comme le commente Trump « le monde regarde » et constate les fraudes. En Pennsylvanie, la cour d’appel, composée de trois juges nommés des temps de présidents républicains a débouté Giuliani et consorts de leurs plaintes. Mais à présent, l’équipe juridique de Trump soutient que des gens indélicats auraient utilisé des clefs USB pour gaver les machines de votes pour les démocrates. Elle avance que 47 clefs, chargées de 5 000 bulletins Biden chacune, auraient été utilisées.

En quelque sorte, la Chine et l’Iran avaient aussi besoin de petites mains pour truquer l’élection.

Une certaine presse, forcément corrompue selon Trump, laisse entendre que l’électorat républicain de Géorgie, déboussolé par tout ce cirque, pourrait déserter les urnes lors de l’élection, en janvier, de deux sénateurs de cet État.

Oann met en avant un sondage selon lequel 17 % des électeurs de Biden regrettent leurs votes. Breitbart relègue ces histoires de fraude au bas de sa page d’accueil mais laisse la parole au sénateur républicain Mo Brooks, de l’Alabama, qui considère que Trump a remporté le collège électoral (si on ne compte que les votes légaux).

À part cela, environ 19 millions d’habitants (hommes, femmes et enfants) risquent de se retrouver SDF dès janvier en raison de retards de loyers ou de remboursements de crédits immobiliers. On ne voit pas trop s’ils pourront s’acheter des masques et respecter la distanciation sociale.

Pendant ce temps, le ministère de la Justice se penche sur la possibilité d’avoir recours à des pelotons d’exécution ou des chambres à gaz (nitrogène) pour les condamnations à une peine capitale. Comme Biden est opposé aux peines de mort, il y a certainement urgence.

Le Donald ne fléchit pas, continue de dénoncer les fraudes, comme son fils Eric (mais il semble que Trump Jr commence à s’en lasser). Une inflexion se constate cependant, le site Twitter du parti républicain commence à aborder d’autres thèmes et Ronna McDaniel, la présidente de son comité directeur, ne fait plus directement mention des fraudes depuis le 23 dernier. Quant au sénateur Ted Cruz, il a jeté l’éponge depuis le 19. Le sénateur Marco Rubio l’avait précédé (rien depuis le 17). Même Kayleigh McEnany, porte-parole de Trump, commence à meubler son compte avec d’autres sujets.

L’obstination du Donald tourne à la farce et un site parodique vient de lui être dédié. Mais l’avocat Rudy Giuliani s’enferre, tout comme sa collègue Jenna Ellis qui veulent, le 30 prochain, dénoncer les fraudes devant un comité parlementaire de l’Arizona. Pour Jenna Ellis, renoncer à dénoncer la fraude reviendrait à renier sa foi chrétienne, laisse-t-elle entendre. Que rétorquer à cela ? L’objectif en Arizona est le même, soit d’obtenir qu’une majorité du congrès de l’État ne tienne pas compte de la victoire de Biden et ne désigne que des grands électeurs républicains. Aussi absurde que cela puisse paraître, Trump veut y croire et a déclaré qu’il ne se retirera que si la majorité voulue (270) des grands électeurs lui signifient son congé. Le feuilleton est donc appelé à perdurer. 

vendredi 27 novembre 2020

Animosité policière : les policiers voulaient-ils tuer « Michel » ?

Le  voisin ayant filmé a-t-il voulu  nuire à la police ?

Le site Loopsider diffuse une nouvelle vidéo de l’intervention contre Michel Zecler. Elle provient d’un voisin qui a filmé d’autres policiers. Sera-t-il (autant que Loopser) poursuivi par la justice ?


Non, assurément, la police n’est pas raciste (d’ailleurs, si certains policiers tabassaient une petite blonde, cela ne ferait pas de toute la police une institution sexiste). J’ajoute que puisqu’il nous est répété que les violences policières n’existent pas et que les évoquer risquerait d’étouffer un ministre, employons à présent l’expression d’animosité policière (au singulier, car le pluriel laisserait penser à une généralisation abusive, alors qu’il s’agit toujours d’un cas isolé).

J’ai écouté Monsieur Darmanin expliquer que sur la masse des interventions policières, il n’y en aurait que 0,3 % suscitant des récriminations (fondées ou infondées, il n’a pas précisé). Je parle de mémoire, mais je considère qu’il s’agit là d’un argument recevable.

Or donc, sous le titre « Nouvelle pièce dans le dossier de l’agression de Michel Zecler », le site Loopsider diffuse une vidéo supplémentaire de l’intervention. Elle est pris en extérieur, par un voisin. On entend « dernière sommation après on tire » après qu’une voix déclare « justement, je sors maintenant ». On ne sait pas quels sont les policiers qui plaquent le sortant au sol ainsi que de nombreux autres, en arrière, restent en retrait tandis que l’un ou l’autre d’entre eux rejoignent leurs collègues.

La question n’est pas de savoir s’il y a automatiquement distinction entre un quelconque justiciable et un membre des forces de l’ordre : rester en retrait relève-t-il du délit de mise en danger de la vie d’autrui ? La question est absurde puisque la police ne peut par définition, mettre en danger la vie d’autrui (en cas de risque immédiat de blessures).

Ce qui m’inquiète davantage, c’est que ni ce voisin, ni les responsables du site n’ont pris la peine de flouter les visages de tous ces policiers. Certes, ils sont nombreux à être masqués, certes il fait sombre, non, un visionneur lambda ne saurait mettre le moindre nom sur un seul de ces visages. D’autant que certains sont trop loin de l’objectif et d’autres sont filmés de dos. Mais en agrandissant ? Allez savoir...

L’absence de floutage vaut-elle intention de nuire à des policiers, donc à encourir d’être poursuivi ?

Et puis, dire, comme on l’entend « je n’ai rien fait, je n’ai rien fait du tout, monsieur » constitue-t-il un outrage ? Ou une incitation à quoi que ce soit ? Employer un simple « monsieur » n’est-il point cavalier ?

Ce riverain déclare « ils auraient pu le tuer ». Par inadvertance, bien évidemment.

Je n’étais pas sur place, donc je ne me prononce pas, mais je me demande quand même si se poser des questions ne soulève pas le soupçon d’être un élément subversif et si le fait d’avoir exercé la profession de journaliste n’est pas une circonstance aggravante.

Évoquons aussi ce délit « de se maintenir dans un attroupement ». Qui doit estimer le maintien dans un tel attroupement et à quelle distance ? Refluer à la fin d’une manifestation, en groupe, même en respectant les règles de distanciation constitue-t-il une manifestation de se maintenir dans un groupe et à partir de combien constitue-t-on un groupe ?

Un éditorial du Monde met en cause la hiérarchie policière. C’est en accès libre.

Comment ne plus se maintenir dans un attroupement. En s’éloignant en marchant au risque de susciter l’idée que l’on nargue la police, ou en courant, au risque d’indiquer qu’on pourrait avoir quelque chose à se reprocher ?

Le mieux, évidemment, serait de ne plus s’approcher du moindre attroupement, de ne jamais prendre en photo ou de filmer un ou des policiers. Je suggère donc de ne plus couvrir le moindre attroupement, à commencer dans les stades où jusqu’à 22 ou 30 personnes se réunissent, et de ne plus diffuser d’images de la moindre manifestation policière, que ce soit lors d’une commémoration ou d’une remise de décoration. Et puis, pour les faits divers, ne plus mentionner le moindre nom d’un policier devrait s’imposer. Un principe de précaution maximal devrait s’imposer de lui-même.

Relevons quand même les réactions de divers syndicats de police qui, même sans avoir entendu leurs collègues, les désavouent. L’un avait ouvert le ban, d’autres ont suivi. C’est assez insolite car nous étions plus habitués à des propos tels que ceux tenus par David Jacob, d’Alternative police (syndicat affilié CFDT) qui, ne connaissant pas le début de l’interpellation, appelle « à la plus grande prudence sur l’interprétation » qu’on peut faire des images diffusées.

J’aimerai signaler au camarade (je fus délégué du personnel journaliste CFDT) que le fond du problème est que, même si je peux imaginer que Michel Zecler aurait pu avoir un comportement, voire des paroles (semble-t-il du mode « je rentre chez moi », mais encore une fois, je n’y étais pas), on en vient à se demander comment interpréter cet appel à la « plus grande prudence ». J’ai eu à faire avec, professionnellement et individuellement, des policiers et des gendarmes affables, et ce n’est pas par crainte que je le redis. Aussi avec d’autres, mais cela restait dans l’acceptable ou l’excusable.

Et puis, Cher Camarade, la liberté de la presse consiste par exemple à pointer que des politiques ont favorisé des expressions communautaristes (notamment islamiques, voire islamistes) et d’estimer que, parfois, des responsables syndicaux, pour ne pas s’aliéner des votes, peuvent éluder les questions qui pourraient fâcher. Est-ce bien prudemment énoncé ou considérez-vous que c’est à vous seul d’en décider en votre qualité de policier ?

Trump : Donnie le moutard pique sa crise

Ou le poids plume et le président

Finalement, en raisons d’erreurs (coupables) des États fédéraux, Donnie le moutard pourrait quitter la Maison Blanche pour rejoindre sa crèche de Mar-a-Lago. En attendant, il fait du lourd dans sa couche.Il insulte le correspondant de Reuters et veut lever les protections des médias Big Tech.


Rappelez-vous… Mais non, en fréquentant ce blogue-notes, vous ne pouvez vous en souvenir car, en dépit de mon obsession pour Trump (The Guardian a évoqué une Trump trauma, c’est dire que cette affection est partagée), j’avais omis de vous le signaler. Car estimé secondaire.

Or donc, Trump s’était comparé à la « poule aux œufs d’or » de FoxNews dont il a châtié l’ingratitude en faisant la promo d’Oann et Newsmax, entre autres sites. J’avais aussi omis de signaler qu’il s’en était pris au correspondant permanent de Reuters car celui-ci était venu porteur d’un masque à une conférence de presse. Là, il l’a carrément remis à sa place : « Tu n’es qu’un poids plume, Tu causes pas au président comme cela ». Le confrère semblait vouloir poser une question sur les fraudes électorales.

Bof… Une anecdote de ce type ou une autre, on peut s’en passer. Plus intéressante est la manière dont Twitter exploite sa poule aux œufs d’or et la manière dont elle caquette en retour. Donald J. Trump, près de 90 millions d’abonnés, va finir par lasser. Mais son double très juvénile, #DiaperDon (Donnie le chiard) rapporte plus de fréquentation. Qui est donc ce personnage ? C’es une création multiforme qui amalgame des masses de comptes Twitter qui se manifestent aussi sur Facebook (la liste est longue depuis @DiaperboyEvents, compte du Gay Diaperboy in Los Angeles, jusqu’à @FullDiaperDon ou Turd will flush Jan. 20, soit la chasse emportera l’étron le jour de l’inauguration de Biden).

Pour suggérer un équivalent, DiaperDon est une Martine. Les Martine détournées par des graphistes ont fait lontemps florès en France (j’avais aussi commis des détournement d’albums de Martine à l’occasion). Dans la galaxie DiaperDon, vous avez aussi The Orangeman (référence au fond de teint du Donald) et tant d’autres, dont le president-eject (Trump), calqué sur le president-elect (Biden).

Or donc, Twitter à classé DiaperDon dans les courants tendance. Commercialement juteux, gonflant la fréquentation.

Pour Trump, Biden est un usurpateur finalement moins pénible que DiaperDon. Il a donc réagi par un tantrum (une crise de rage) sur Twitter. Donc, il se produira la même chose pour Twitter que pour Fox News (la chaîne a connu une baisse d’audience, du fait de la Trumpland, mais elle s’en remet), le message subliminal du moutard étant de migrer vers le concurrent Parler. Passe encore.


Mais il a insisté : « pour des raisons de sécurité nationale, la clause 230 doit être révoquée ». CV’est un article d’une loi de 1996, ou encore le Communications Decency Act. Lequel veut que les fournisseurs d’accès Internet et les réseaux sociaux sont exonérés de responsabilité s’ils répercutent des contenus tiers. Bref, Twitter ne peut être tenu responsable s’il relaie un, des DiaperDon. Il en va pourtant de la sécurité nationale, dixit Trump. Lequel se roule par terre en écumant après cette offense lèse-présidentielle.

Notez quand même que Biden, sans invoquer la sécurité nationale, veut aussi abroger cette clause, ou du moins la modifier pour que les réseaux soient considérés comme des éditeurs.

La Trumpland surenchérit sur Trump, il faut purger les traitres du FBI et du ministère de la Justice, curer le marigot de l’État profond. Elle hurle aussi à la censure et redoute que les totalitaires démocrates s’en prennent à Parler. J’ai même visualisé un détournement des logos Twitter et FB remplaçant la croix gammée du drapeau de l’Allemagne nazie.

Bon, le nombre des décès dus à la pandémie approche les 270 000 aux États-Unis, mais mieux vaut perdre la vie que voir le pays perdre Trump (non, je n’exagère rien, j’ai vu un message en ce sens).

En coulisses, le moutard ne perd pas le nord : il annule des règlements protégeant l’environnement via les services forestiers. Cela accélérera la pose d’oléoducs.

Trump continue aussi de purger le Pentagone de divers conseillers. Madeleine Albrigth et Henry Kissinger sont sommés de prendre leurs retraites, parmi d’autres, dont un amiral déjà retraité et des pesonnalités jugées trop proches de l’ancien président Bush.

Pour le moment, rien sur le front de l’Obamacare (« système totalitaire de protection sanitaire et sociale » pour Breibart, selon lequel le virus chinois a servi les visées de la Chine d’imposer la sécurité sociale au monde entier, donc, dont au « monde libre »).

À part cela, un élu trumpiste bon teint a incité Trump à s’accorder une grâce présidentielle, ainsi qu’à Joe Exotic, un éleveur de tigres condamné à 22 ans de prison pour maltraitance et menaces de mort visant l’une de ses détractrices. 

jeudi 26 novembre 2020

Thanksgiving, commémoration d’un massacre ?

 Banquet ou sanguinaire action de grâce

Angliciste (enfin, ancien…) et non américaniste, je me garderais bien de me prononcer sur les réelles origines de la fête de Thanksgiving. Si la question vous intéresse, je vous laisse poursuivre vos propres investigations.


Bien, Donald Trump, président en exercice, a accordé deux grâces présidentielles en quelques jours. Celle de la traditionnelle dinde (en fait des dindes) de Thanksgiving, et celle d’un condamné le général Michael Flynn, celle de Steve Bannon pourrait suivre. Je ne sais plus qui (Nancy Pelosi ?) a considéré que gracier le général équivalait à attester qu’il avait été coupable. De fil en aiguille, je me suis demandé de quoi la, les dindes de Trump (Carrots, précédemment, et là, Corn et Cob) étaient au juste coupables. De là, j’ai voulu me rafraîchir la mémoire à propos de la fête. J’en étais resté à la vulgate historiographique courante voulant que les Pères pèlerins, aidés par un Indien anglophone, avaient pu survivre grâce à la tribu indigène voisine, leur ayant enseigné la culture du maïs, et rendaient grâce à leur dieu (et non à ceux des Indiens). Me vint alors l’idée de comparer les versions francophone et anglophone de la page Thanksgiving. Sur la page anglophone, je vois bien que les Nations indigènes considèrent cette fête comme un jour de deuil, mais rien sur le romancier Benjamin Whitmer, crédité par la version francophone pour avoir fait remontér la fête à une vengeance ou vendetta entraînant l’extermination d’une tribu voisine, celle des Pequots (ou Mohegans-Pequots) de Plymouth et alentours. Bref, bien avant Custer, les pieux pères fondateurs ne se contentaient pas d’évangéliser. Ils réduisirent les survivant·e·s en esclavage (les enfants étant exterminés car inutiles) ou les vendirent. La page anglophone sur les Pequots ne fait pas non plus état du meurtre du colporteur John Oldham ayant entraîné l’élimination des Pequots. De même, l’entrée William Bradford (en ang.) ne mentionne pas ce que rapporte la page (en fr.) selon laquelle il aurait décrété une journée d’action de grâce pour célébrer la victoire sur les Pequots.

Les deux versions sont conciliables parce que les Pequots ne s’étaient pas fait que des amis parmi les tribus amérindiennes concurrentes alliées des pères fondateurs.

J’ai voulu comprendre d’où ce récit de massacre rapporté par wikipedia.fr provenait. Je suppute que la source en est un article du magazine Géo qui fait état de l’article de Whitmer dans America. L’américaniste Virgine Adane convient que « le fait de savoir si Thanksgiving commémore le banquet de 1621 ou le massacre de 1637 ne fait pas concensus. ». La vérité tient-elle un peu des deux en ce sens qu’elle aurait amalgamé les deux événements ? Je ne me prononce pas.

Ce qui fait concensus, c’est qu’au fil des années, la très pieuse nation des États-Unis a imposé une perception univoque de la fête, il s’agit de rendre grâce au dieu des chrétiens qui a donné (Colomb ou autres n’étant que des mortels) le territoire aux Étasuniens, lesquels sauvent le monde entier (du nazisme, du communisme, et à présent, avec Trump, des démocrates) de tous les périls, par la foi et les armes.

Pour la Trumpland, Donald Trump est l’élu de ce dieu, et il sauvera les États-Unis et l’univers connu (autres planètes incluses) des terrifiants dangers que constituent l’athéisme et ses dérivés économiques et sociétaux. Trump incarne l’éconationalisme, seule réponse aux dérives délétères.

Il subsiste pourtant, dans l’électorat républicain ou s’y assimilant, la faible possibilité que d’autres prophètes puissent remplir son rôle.

En témoignerait un sondage d’Echelon Insights, repris par Breitbart, selon lequel quand même, ils seraient 16 % à vouloir se distancer de Trump et même un tiers à souhaiter que d’autres que lui défendent les thèses de l’éconationalisme. Mais attention, pas question de le marginaliser trop vite, pour 53 %, il doit rester le porte-voix de cette bonne parole. Il s’agit de moyennes et sans surprise, l’électorat n’ayant suivi qu’une formation secondaire est plus trumpiste que celui ayant accédé (peu ou prou) à l’université. On pourra donc toujours compter sur lui pour éliminer ses concurrents et agonir ses détracteurs.

Je n’ai retrouvé qu’une source primaire sur ce sondage, qui ne porte pas sur la pratique religieuse des répondants, lequel laisse aussi penser que la Trumpland doute que le parti républicain reste sous l’emprise de Trump et affidés (ils ne seraient que 13 % à l’estimer). Le devenir du parti ne serait donc pas forcément lié à la devise Trump et son droit. C’est un peu rassurant. Mais le même institut considère par ailleurs que Trump a 52 % de chances d’emporter la primaire républicaine de 2024 (devant Mike Pence ? Ted Cruz et le Donald junior).

Dans son discours accordant son pardon aux deux dindes, Trump a fait diverses fois référence au divin, à la foi, aux prières. En fait, il a davantage fait référence aux Pères fondateurs, ne mentionnant qu’incidemment la tribu amérindienne Wanpanoag. Son discours marque une inflexion de la signification de cette fête. La phrase initiale laisse penser que ce serait dieu qui aurait conféré « les principes de liberté et démocratie » qui rendent ce pays « exceptionnel dans l’histoire du monde ». La fête commémorerait davantage la première moisson qu’autre chose. J’ai bien sûr la flemme de comparer les allocutions présidentielles depuis celle de George Washington d’octobre 1789 (celle de Trump ou de ses ghost writers semble quelque peu pompée sur la lettre de Washington).

Alors que la France véhicule un discours universaliste laïque, les États-Unis en cautionnent certains principes mais les déclarent dons de dieu, donc ne devant pas s’imposer par la raison, mais de par la volonté divine à toutes les nations. Toutefois, Thanksgiving est aussi devenue une fête commerciale. Elle est devenue aussi une fête de la récolte comme une autre (bien qu’un peu plus tardive par rapports aux contrées européennes). Ou une occasion, comme les réveillons, de se réunir en famille ou entre amis. Et puis, la Trumpland ne recouvre pas tous les États-Unis