samedi 28 novembre 2020

Wisconsin : les républicains payent pour ridiculiser Trump

Trois millions d’USD, Trump battu à 257 contre 125

Chauffé par Trump, le parti républicain s’est fendu de trois millions de dollars pour faire recompter les bulletins du comté de Milkwaukee (Wis). Résultat, le vote Biden a progressé de 257 voix contre 125 de mieux pour Trump.

Le GOP a fait recompter les voix dans deux comtés du Wisconsin, Milwaukee et Dane, pour un coût de six millions d’USD. Pour le moment le recomptage partiel pour Milwaukee n’a révélé qu’un écart de 382 voix, avantage Biden. Mais mieux encore, les républicains avaient réclamé l’invalidation de votes par correspondance, dont deux pour Trump, celui d’un avocat républicain, Jim Troupis, et de son épouse, rapporte le quotidien local Journal Sentinel. Troupis s’est refusé à tout commentaire à propos de ces votes anticipés. Mais, bon, le ridicule ne nuit pas à la santé de Donald Trump.

Digression, après un interlude à propos de l’animosité policière, retour à Trump. Mais il convient peut-être de signaler au passage que deux policiers de Kawartha Lakes (Ontario) auraient semble-t-il tué par balles un gamin d’un an. Leur chef a incité le public à ne pas en tirer « des spéculations hâtives » (air connu). En l’occurrence, ce serait assez justifié. Le père du gamin, au volant de son véhicule, était présumé armé et il avait heurté une voiture de police. Le drame ne semble entaché d’aucune suspicion de racisme ou d’anti-jeunisme à ce stade de l’enquête. Cela me remémore au passage une célèbre anecdote belfortaine des années 1970. Divers policiers avaient défouraillé à tout va pour tenter d’atteindre une 2 cv Citroën faisant le tour de la petite place de la préfecture. On récupéra une cinquantaine de douilles, puis on retrouva la voiture parfaitement intacte (comme y incitent les syndicats de la police, il faut se préserver de tirer des conclusions intempestives de tout fait divers impliquant des policiers).

La plus grande prudence s’impose donc aussi à propos des poursuites judiciaires de la campagne de Trump. Lequel, d’ailleurs, ne commente pas le fiasco du Wisconsin mais, après avoir dénoncé la « fraude massive » dans cet État, il tourne à présent son attention vers la Pennsylvanie, où il se déclare largement vainqueur du fait de la présumée création frauduleuse de près de 1,127 000 votes qu’il estime tous pour le candidat démocrate.

Newsmax en rajoute et remet en avant l’avocate Sidney Powell qui assène à présent que les machines de Dominion Voting Systems furent contrôlées depuis l’Iran et la Chine. On en viendrait à se demander si l’élection de 2016 ne fut pas auparavant tout aussi truquée depuis l’étranger. Quant à Rudy Giuliani, il met à présent en cause la compétence des tribunaux fédéraux dont des juges avaient été nommés du temps d’Obama. Du coup, un sénateur républicain de Pennsylvanie veut que le congrès fédéral, à majorité républicaine, désigne les grands électeurs qui lui conviennent. Et si cela était contesté, les républicains porteront l’affaire devant la Cour suprême (à majorité pour Trump). Comme le commente Trump « le monde regarde » et constate les fraudes. En Pennsylvanie, la cour d’appel, composée de trois juges nommés des temps de présidents républicains a débouté Giuliani et consorts de leurs plaintes. Mais à présent, l’équipe juridique de Trump soutient que des gens indélicats auraient utilisé des clefs USB pour gaver les machines de votes pour les démocrates. Elle avance que 47 clefs, chargées de 5 000 bulletins Biden chacune, auraient été utilisées.

En quelque sorte, la Chine et l’Iran avaient aussi besoin de petites mains pour truquer l’élection.

Une certaine presse, forcément corrompue selon Trump, laisse entendre que l’électorat républicain de Géorgie, déboussolé par tout ce cirque, pourrait déserter les urnes lors de l’élection, en janvier, de deux sénateurs de cet État.

Oann met en avant un sondage selon lequel 17 % des électeurs de Biden regrettent leurs votes. Breitbart relègue ces histoires de fraude au bas de sa page d’accueil mais laisse la parole au sénateur républicain Mo Brooks, de l’Alabama, qui considère que Trump a remporté le collège électoral (si on ne compte que les votes légaux).

À part cela, environ 19 millions d’habitants (hommes, femmes et enfants) risquent de se retrouver SDF dès janvier en raison de retards de loyers ou de remboursements de crédits immobiliers. On ne voit pas trop s’ils pourront s’acheter des masques et respecter la distanciation sociale.

Pendant ce temps, le ministère de la Justice se penche sur la possibilité d’avoir recours à des pelotons d’exécution ou des chambres à gaz (nitrogène) pour les condamnations à une peine capitale. Comme Biden est opposé aux peines de mort, il y a certainement urgence.

Le Donald ne fléchit pas, continue de dénoncer les fraudes, comme son fils Eric (mais il semble que Trump Jr commence à s’en lasser). Une inflexion se constate cependant, le site Twitter du parti républicain commence à aborder d’autres thèmes et Ronna McDaniel, la présidente de son comité directeur, ne fait plus directement mention des fraudes depuis le 23 dernier. Quant au sénateur Ted Cruz, il a jeté l’éponge depuis le 19. Le sénateur Marco Rubio l’avait précédé (rien depuis le 17). Même Kayleigh McEnany, porte-parole de Trump, commence à meubler son compte avec d’autres sujets.

L’obstination du Donald tourne à la farce et un site parodique vient de lui être dédié. Mais l’avocat Rudy Giuliani s’enferre, tout comme sa collègue Jenna Ellis qui veulent, le 30 prochain, dénoncer les fraudes devant un comité parlementaire de l’Arizona. Pour Jenna Ellis, renoncer à dénoncer la fraude reviendrait à renier sa foi chrétienne, laisse-t-elle entendre. Que rétorquer à cela ? L’objectif en Arizona est le même, soit d’obtenir qu’une majorité du congrès de l’État ne tienne pas compte de la victoire de Biden et ne désigne que des grands électeurs républicains. Aussi absurde que cela puisse paraître, Trump veut y croire et a déclaré qu’il ne se retirera que si la majorité voulue (270) des grands électeurs lui signifient son congé. Le feuilleton est donc appelé à perdurer. 

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