Paris Respire ou Paris étouffera qui et quoi ?
Drôle d’idée d’interdire la circulation automobile le
dimanche dans des zones « Paris respire » densément dotées de parkings
privés. S’agirait-il d’empêcher les habitants de prendre leur voiture le
dimanche, ou de les exposer à se prendre des amendes de stationnement faute d’avoir
pu regagner leurs parkings ?
Je ne sais si vous avez lu Sainte Anne ! — livre
d’Ary Routier et Nadia Le Brun, Albin Michel éd. — qui n’insiste pas trop sur
les dépenses somptuaires de l’hôtel de ville et des mairies d’arrondissement de
Paris… Jacques Chirac était un petit joueur… Il ne s’agit pas de taper que sur
la seule Anne Hidalgo : toutes et tous, pour les petits fours et les
légers avantages, quel que soit le bord affiché, savent être « des leurs »
et trinquer avec les fonds de « nouzôtres ».
Mais déjà, le coup des Jeux olympiques m’avait franchement
douché… Anne Hidalgo semblait contre, puis revirement. Va-t-on appliquer les
règles de Paris Respire aux voitures officielles lors des JO ?
D’accord, Paris Respire, pourquoi pas ? Je suis la
plupart du temps piéton ou usager (clin d’œil à Philippe Lacoche et à sa Mise
au vert, aux éds du Rocher) des transports collectifs. Sauf que, ben,
parfois, le dimanche, je dois, non par agrément mais obligation(s), utiliser
une automobile.
Par exemple quand, en raison de nécessaires travaux, la SNCF
refait les voies de la ligne Paris-Saint-Quentin (train jusqu’à Creil, près de
quatre heures d’autocar ensuite, et une vieille dame en EPHAD ne comprenant pas
que la visite sera reportée ou totalement écourtée). Quand il faut aller
chercher un toutou en Champagne. Quand…
Rare, mais… hallucinant. Paris Respire étouffe donc, depuis fin
juin dernier, la circulation automobile « tous les dimanches et jours
fériés » de 10 heures à 18 (hiver) et 20 (été), dans le quartier
Bonne-Nouvelle-Porte-Saint-Denis. Pourquoi pas. Sauf que j’ignorais le mode d’emploi.
Que je ne pouvais attendre 20 heures pour rentrer la voiture (une petite citadine, essence)
au parking souterrain.
Dans ce quartier, j’en connais au moins trois, des parkings. Un sis rue de
l’Échiquier, à rejoindre depuis la rue de Metz (barrage filtrant), un autre, rue
d’Enghien (idem), le troisième accessible rue d’Hauteville…
Au départ, le matin, je ne m’aperçois de rien. Sauf d’une
manif place de la République, d’un marché et de travaux à la Bastille, ce qui
fait que je mets plus d’une heure, polluant abondamment, à rejoindre l’A4. Au
retour, j’évite ce parcours, pensant revenir par la rue de Metz. Barrage…
Filtrant, fixe ? À première vue, la différence ne saute pas aux yeux.
Donc, remontée vers la gare de l’Est, histoire d’emprunter
la rue de Paradis, redescendre le faubourg Poissonnière et… barrage filtrant
rue d’Enghien. Sérieusement filtrant.
Préposés courtois. Mais impavides. « Il faut un
justificatif ». Lequel ?
Il est bien indiqué que « la desserte interne de
cette aire piétonne est autorisée (…) aux véhicules des résidents du
secteur concerné ». Voui, mais le parking n’est pas situé dans ma rue…
Et je n’ai rien pour attester que je loue un emplacement dans un parking de la
rue.
Au final (quelques mauvais moments), produire une manette d’ouverture
des volets du parking a fini par suffire. Ce qui en soi, ne constitue pas un
justificatif (cela pouvait être celle d’un garage à Levallois ou d’une maison
individuelle).
Mais à un moment, je me se suis demandé si je n’allais pas
devoir tourner près d’une heure pour garer la voiture, avec l’inconvénient de
devoir se lever tôt ou de risquer une amende de stationnement.
Et si c’était le but de la manœuvre Paris Respire ?
C’est un peu comme pour les Gilets Jaunes. Incités à rouler diesel,
puis à changer de véhicule. Et les voitures de collection polluantes ?
Celles des très riches autorisées à se pavaner, et les deuches, les 4L, les petites
Simca interdites de circuler ?
Je sais, c’est outrancier. Et non, je ne suis pas forcément
déjà exaspéré par l’opération Paris Respire. Simplement, divers promoteurs ont
été requis de construire des parkings souterrains, des investisseurs (dont de
tout petits) à acquérir des boxes ou emplacements de stationnement, des gens ne
pouvant plus faire autrement à en louer.
Là, il fallait présenter « la carte grise du logement
concerné ». Lequel peut se trouver limitrophe de, mais non « dans »
la zone (alors que le parking, lui, est en plein dedans).
Je ne sais combien de parkings se trouvent entre la rue
Jarry et le boulevard Bonne-Nouvelle… Nos édiles se sont-ils inquiétés de la
question ? Et pour les autres secteurs de la capitale ? Déjà deux
quartiers dans le dixième arrondissement… Ailleurs ? Tiens donc, autour
des Champs-Élysées, ce n’est que le premier dimanche de chaque mois. Sinon, les
secteurs à limousines semblent épargnés.
Des gens qui n’ont pas de chauffeurs munis de
coupe-file travaillent les dimanches. Contribuer à faire changer des habitudes,
oui… Mais déjà ne pas viser toujours les mêmes, et ne pas mettre d’interdictions
avant de proposer de réelles solutions alternatives, ou tout simplement
renoncer à se la jouer écolo s’il n’en est de viables.
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