Yellowhammer : plan plancher ou plan pyromane ?
Operation Yellowhammer. Est-ce le pire scénario ou le plus
prévisible ? Ce document qualifié de projection obsolète excessive par le
gouvernement britannique est-il la seule et unique perspective à laquelle s’expose
le Royaume-Uni en cas de sortie de l’Union européenne sans accord ?
Si j’exagérais, j’écrirais que Boris Johnson et les « Spartiates » (les conservateurs jusqu’au-boutistes pro-Brexit) sont prêts
à sacrifier une partie de la population britannique en faisant rimer dogmatisme
et eugénisme. Quel pourcentage de malades et souffreteux faut-il sacrifier pour
se rêver de nouveau puissance impériale maîtresse des mers et océans ? Rule over the seas... Enfin, jette donc un pont entre l'Irlande du Nord et l'Écosse (coût envisagé, environ 15 milliards de livres, si ce n'est le triple, voir par ailleurs sur ce blogue).
N’exagérons rien. Le nom de ce document aurait été pioché au
hasard, un peu comme ceux des tempêtes, ouragans, hurricanes. Cela aurait pu être
Opération Dorian, ou Opération Donald (Trump) — sachant que le prochain ouragan
fera encore plus de dégâts que le précédent et qu’un ouragan Donald pourrait faire
davantage de victimes et de dévastations qu’aux Bahamas.
Je ne m’appesantis pas sur les détails : la presse
française liste les principaux points de ce document « gros bec
casse-noyaux » (ou bruant). Je ne vous apprendrai rien.
En revanche, pour Boris Johnson, le casse-noyaux devient
encore plus davantage casse-bonbons qu’auparavant. Et s’assortit d’une poussée
hémorroïdaire : au point qu’un site style Gorafi (News Thump) campe le Bojo
devant le 10, Downing Street, pantalons en feu…
Dans un premier temps, le document est l’objet d’une fuite
en direction du Sunday Times. La journaliste le réceptionnant n’attache
pas d’importance au sous-titre : base scenario (ou scénario
plancher, ou hypothèse la plus envisageable). Dans un second, le gouvernement
clame qu’il s’agit d’une projection obsolète, concoctée par les prédécesseurs
(ministres et hauts-fonctionnaires de Theresa May), et l’une parmi d’autres, la
pire des « plus pires ».
Lors d’une troisième phase, les députés obtiennent que le document
soit rendu public. Sauf que, cette fois, l’original, daté du 2 août 2019, donc
postérieur à la désignation de Boris Johnson, est sous-titré différemment (”Reasonable
Worst”, ou, comme dire, « pire pondéré » ?). De surcroît, une
trentaine de pages aurait été sucrée.
Boris Johnson est déjà présumé avoir menti à la reine pour
lui extorquer son assentiment pour décréter la suspension des travaux des députés. Là,
la coupe n’est pas tout à fait pleine, ce n’est pas la goutte d’eau qui fait
déborder la lie.
Du fait que, par exemple, hors du parti libéral-démocrate,
et de quelques formations résolument « Remain », dogmatisme, idéologie,
l’emportent. Les travaillistes, le Labour, sont profondément clivés. Plutôt rejoindre
le Brexit Party que les LibDeb a proclamé Emma Lewell-Buck, députée travailliste…
Bon, le scénario du pire ne serait « pas si pire »,
comme le disent nos sœurs et frères du Québec… Après tout, qui se rendrait sur
le continent pourrait acheter des cigarettes, cigares, autres produits tabagiques,
bières, vins, spiritueux dans les boutiques hors-taxess. Back to the days of Duty-Free, se « réjouit » Simon Calder,
de l’Independent. Celui-là, je le signale aux Affaires étrangères
et à la police des frontières : accordez-lui un visa et un coupe-file.
Certes, il filera en Belgique faire ses emplettes de tabac, mais achètera du
vin français à Calais. Voire du ouiski breton.
Plus sérieusement : passer de base scenario
à HMG (Her Majesty’s Government) Reasonable Worst Case Planning Assumptions, faut
pas être yellow (ventre jaune) mais sacrément gonflé. On croyait le Bojo
matamore, mais là, c’est Pinocchio…
D'autant que s'il s'agit de lister les prévisions les plus plausibles, où sont donc les autres ? Celles du moins pire en cas de Brexit no-deal ? Il a quoi dans sa manche, le Boris Johnson, pendant que ses pantalons s'enflamment ? Michel Barnier, qui n'a pu lui faire les poches, doute qu'il ait un tac ou des billes. Oh, le Bojo, là, nous ne sommes plus dans la cour de récréation.
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