mercredi 13 février 2019

Jésuites & éducation « genrée »

La revue jésuite Projet aborde les questions du genre dans l'éducation... 

La revue Projet de février 2019 a pour principal titre « L’éducation a-t-elle un genre ? ». La réponse est peut-être que l’éducation catholique aborde la question de manière bon chic, bon genre… Mais pas tout à fait comme on pouvait s’y attendre.

Le nº 368 de la revue Projet, supervisée par les jésuites, consacre son dossier principal à la question de l’enseignement du genre dans les établissements scolaires ; en particulier – cela va de soi – dans les écoles chrétiennes.
         Cette revue d’excellente tenue prend ainsi un risque sans doute soigneusement mesuré, soupesé. Car la question du genre a soulevé un, des tollés dans certains milieux catholiques ou, plus largement, confessionnels. C’est donc abordé – pure supposition, je n’ai pas lu l’ensemble de la revue, mais son site offre l’accès libre à un large choix de contenus du numéro en cours et des précédents – en marchant de la pointe des pieds sur des œufs. Et tout à fait intelligemment si j’en juge par ce que j’ai pu consulter…
         Certes, on s’en doutait, nulle apologie des homosexualités, de la bisexualité, &c. Mais si les termes ne sont pas employés, en tout cas dans ce que j’ai pu lire, la réalité n’est pas tout à fait évacuée. Il est ainsi fait état des 0,5 à 1,7 % des personnes au sexe biologique mal défini…
         Mon intérêt pour les luttes féministes (articles dans Politique-Hebdo, Libération…) est fort loin derrière moi et ma participation aux enseignements universitaires d’études féministes (parfois rebaptisées improprement études de/du genre… qui les englobent partiellement mais en élargissent le cadre), c’était au siècle dernier. Mais j’ai des restes.
         Très franchement, même en tentant de pinailler (de bonne foi), je n’ai pas grand’ chose à redire sur la contribution de Bruno Saintôt « Qu’est-ce que le genre ? – petit précis d’une notion large ». C’est en fait une rétrospective de l’utilisation de la notion de genre. Vrai : « le pluriel est nécessaire » lorsqu’il est question des théories du genre.
         Je ne sais si Peggy Sastre s’est vue proposer une tribune pour ce numéro, mais je doute fort que la conception in-vitro soit prônée. Mais Marie Duru-Bellat, qui aborde « la tyrannie du genre », et les « stéréotypes de genre », et la non-mixité dans l’éducation, l’écriture inclusive (pour les consœurs et confrères, signalons sa note de bas de page sur le point médian), &c., le fait avec bon sens. Du moins, notamment, si ses arguments sur l’écriture inclusive peuvent être discutés (« cela rend l’identité genrée obsédante »), ils méritent qu’on s’y attarde. Cela étant, la définir « chercheur » et non « chercheuse » ne me semble pas idoine, mais je n’y vois pas une muette « note de la claviste » (au bon temps de Libération, les clavistes mettaient leur grain de sel à la suite des articles). Marie Duru-Bellat est une docteure (dottoressa en italien – j’employai doctoresse antan pour les docteures en médecine et je ne vois pas pourquoi cela serait incongru) ès sociologie et honoris causa de l’université de Genève. Ne chipotons pas, pas d’amalgame ici, ni de procès d’intention…
         Au final, si le sujet vous intéresse, que vous n’en savez que fort peu et voulez bien l’aborder sans idées préconçues et préjugés, ce dossier de Projet est bienvenu. Voyez aussi, sur le site, celui intitulé « Sommes-nous libres de (ne pas) consommer ? ». Sur ce site de Projet, vous trouverez aussi chaussure à votre pied (contribution de Xavier Ricard Lanata : « Trouver chaussure à son pied » du numéro intitulé à la Magritte « Ceci n’est pas un numéro sur la chaussure »). Évidemment, si vous devez interpréter un travesti, comme dans le film Profumo di donna (de Dino Risi), n’y cherchez pas les bonnes adresses d’escarpins pointure 46. La revue Projet est très peu fournie en publicités ou carnet de bonnes adresses. Mais celle de son site est très recommandable.

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