Le no-deal délivré franco de port ?
Quel sous-titre tiré par les cheveux ! Ports francs
(déjà évoqués sur ce blogue), pont entre Irlande du Nord et Écosse ? Quoi
qu’il advienne, le Brexit aura un coût, économique et politique… Quant à le
prévoir ou le chiffrer… Et quel Brexit ? Allez savoir…
Heads or tails? |
Larne (Latharna), port et ville de moins de 20 000 h,
au nord de Belfast, sera-t-elle reliée à Portpatrick (Port Phàdraig), ancien
port du temps de la marine à voile, et village écossais de moins de mille
habitants ? Relier par un pont le comté d’Antrim (Aontraoma) et l’ancien
comté de Dumfries (Dùn Phris) est souhaité par le DUP (Parti démocratique-unioniste)
nord-irlandais. Cela éviterait de fixer, post-Brexit, une frontière virtuelle
maritime entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.
Enfin, paraît-il…
Enfin, paraît-il…
Techniquement, franchir 28 miles (45 km) reste un défi —
le pont de Saint-Nazaire ne couvre que trois kilomètres — mais non
insurmontable, car depuis 2010, on a fait largement plus long en Asie. Mais il
se pourrait que des explosifs, mines, bombes, de la dernière guerre contrecarrent
l’avancée des travaux… Économiquement, c’est tout autre. Mais des études
auraient été lancées.
D’ici à ce que cela soit réalisé ou rejeté, des eaux
couleront sous les ponts de Londres et ceux sur la Liffey (Dublin) ou de
Belfast. Et avant de faire de Portpatrick un port franc (d’autres sont envisagés),
il faudrait bien une décennie…
Mais c’est bien de l’instauration d’une frontière entre l’Irlande
du Nord et la Grande-Bretagne dont il est de nouveau question en coulisses, à
Londres et Bruxelles (et Dublin). Cela permettrait à la Grande-Bretagne de ne
pas rester indéfiniment dans l’union douanière européenne, et d’éviter de
restaurer une frontière terrestre entre les deux « Irlande ».
Sauf que… D’une part, du temps de Theresa May, le DUP (dix
sièges à Westminster) et les conservateurs les plus hostiles à l’Union
européenne se sont catégoriquement opposés à ce que l’Irlande du Nord soit
dotée d’un statut spécial. D’autre part, si la République d’Irlande n’est pas
totalement opposée à cette solution, on ne sait trop si une majorité se
dégagerait au sein des 26 autres pays. Or, l'unanimité est requise.
Pour le moment, de quoi s’agirait-il ? De trouver un
accord sur l’agro-alimentaire. Sur les autres échanges de biens (industriels et
autres) et services (financiers et divers), il ne semble pas que des avancées
significatives se dessinent.
Et puis, toute concession de la part du gouvernement heurte
déjà les « Spartiates ». C’est le surnom que Boris Johnson vient d’affecter
aux conservateurs les plus eurosceptiques. Il s’est aliéné les europhiles et
les modérés et a perdu sa majorité. Ce qui, paradoxalement, lui donne un peu
plus les coudées franches : que le DUP le désavoue devient moins
important.
Selon divers sondages, il semblerait qu’environ un tiers des
Britanniques seraient jusqu’auboutistes : non seulement ils souhaitent une
sortie sans le moindre accord contraignant, mais s’estiment prêts à affronter
les conséquences. Les indécis ou sans opinion formeraient un cinquième de la
population. Mais la répartition, sans être totalement nette, est
géographiquement et sociologiquement dispersée.
En termes de circonscriptions, un indice est donné par le Brexit
Party qui réclame de pouvoir présenter 90 candidatures n’ayant pas à affronter
une concurrence des conservateurs. Boris Johnson se refuse à passer un tel
compromis avec Nigel Farage. Jusqu’à quand ?
Car si les prétentions de Farage sont excessives, il n’en
reste pas moins que l’hémorragie de votes conservateurs vers le Brexit Party
empêcherait le parti Tory de retrouver une majorité à Westminster. La majorité
deviendrait composite : Labour, LibDem, SNP pour les gros effectifs (avec
l’apport ou non d’autres formations). Une coalition plus que fragile, mais qui
pourrait, si les élections se tiennent en novembre ou décembre et que la date d’application
du Brexit soit repoussée à fin janvier, permettre de mener des négociations
accélérées avec l’Union européenne sur la base du plan de Theresa May plus ou
moins aménagé.
On en est là. « On » et non pas « ils »
(ou eux, les Britanniques) seulement. De part et d’autre de la Manche, d’Iroise, des
mers celtique et du Nord, on reste dans l’expectative…
À part cela, théoriquement, après la décision d’une cour
écossaise ayant estimé que la mise en congé du Parlement est illégale, les députés
pourraient rejoindre leurs bancs. Enfin, c’est selon. Le gouvernement a saisi
la Cour suprême qui débattra le 17 prochain. Il n’est donc pas sûr que les
députés puissent regagner Westminster avant le 14 octobre.
En attendant, certains députés mettent la pression sur le
gouvernement pour qu’il divulgue tant un rapport sur les conséquences négatives
d’un Brexit sans accord qu’un point circonstancié sur ceux qu’il entend
négocier avec Bruxelles.
Pour le gouvernement, c’est no et no. Le
dossier Operation Yellowhammer listant les conséquences négatives d’un no-deal
est trop excessif pour être divulgué, cela induirait l’opinion à considérer que
ce scénario du pire est le seul envisageable. Et hors de question de négocier
avec Bruxelles en dévoilant à l’avance des directives générales : cela
reviendrait à se présenter à la table des débats en costume d’Adam.
David Frost, le négociateur britannique, est retourné à
Bruxelles… Avec pour seule nouvelle proposition de convier des représentants de
l’Assemblée nord-irlandaise lors de discussions sur la circulation des denrées
agro-alimentaires entre la République et la partie britannique d’Irlande.
Cela commence à irriter sérieusement les négociateurs de l’Union.
Qui ne savent plus trop quelle sont réellement les intentions du gouvernement
britannique (ou plutôt du duo Johnson-Cummings et de leurs partisans), celles du
principal parti d’opposition aux voix discordantes (élection d’abord, referendum
ensuite, ou l’inverse ?). Le SNP écossais veut un accord, sans pour
autant, s’il obtenait satisfaction, renoncer à l’indépendance. Les libéraux-démocrates
feront campagne pour rester dans l’UE.
Laquelle est partagée. L’Allemagne veut négocier jusqu’au
bout. L’Espagne ne veut rien lâcher de plus au Royaume-Uni. L’Irlande balance
(mais son budget pour 2020 se fonde sur la perspective d’un Brexit sans accord).
La France hausse le ton mais ne dit rien de ses réelles intentions. Quant à
Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, elle semble
entériner le fait que la sortie sans accord est l’éventualité la plus probable
en réaffirmant que l’Union y serait désormais totalement préparée.
Que faut-il (tenter de) comprendre ? Que la porte
est étroite, la pente est dure, l’issue incertaine. Et que, entre les sondages et
les cotes des bookmakers (5/2 pour une sortie sans accord selon Betfair) qui
divergent, autant lancer une couronne (Crown, pièce de cinq livres) de
Gibraltar ou de Man en l’air, histoire de voir si elle retombe tails (pile) ou
heads (face).
Au fait, puisqu'on cause pognon, pépètes... Boris Johnson, en direct sur Facebook, dialoguant avec des interlocutrices et interlocuteurs choisis (plus ou moins), a indiqué que chaque semaine, le Royaume-Uni consentait 250 millions de livres sterling à l'Union européenne. Soit cent millions de moins par rapport à ce qu'il affirmait voici peu. Alors, 250 ou 350 hebdomadaires ? Oh, bof, quand il s'agit de préserver la survie du parti conservateur, on n'en est plus à quelques millions près... À la petite semaine, chameau ou dromadaire, c'est du quasi kif-kif j't'embrouille.
Au fait, puisqu'on cause pognon, pépètes... Boris Johnson, en direct sur Facebook, dialoguant avec des interlocutrices et interlocuteurs choisis (plus ou moins), a indiqué que chaque semaine, le Royaume-Uni consentait 250 millions de livres sterling à l'Union européenne. Soit cent millions de moins par rapport à ce qu'il affirmait voici peu. Alors, 250 ou 350 hebdomadaires ? Oh, bof, quand il s'agit de préserver la survie du parti conservateur, on n'en est plus à quelques millions près... À la petite semaine, chameau ou dromadaire, c'est du quasi kif-kif j't'embrouille.
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