jeudi 10 octobre 2019

Se passer des voitures ? Oui, reste le triporteur

Péniche, télétravail, et triporteur... Impossible pour tous.

L'ami Olivier Chaumelle, de France Culture, prépare une série que quatre émissions sur les bagnoles... Petite contribution à partir d'exemples récents.
Et ça, c'est de la bagnole...
Débats récurrents... Pour LSD, « La Série documentaire », de France Culture, Olivier Chaumelle a recherché des témoignages sur le rapport des gens avec les bagnoles. Le premier volet portera sur l'apprentissage de la conduite (bon, pourquoi pas ?), le second sur l'opposition liberté ou conditionnement (pour résumer), suivi d'un autre « cylindrée-virilité », et le quatrième, que je vais aborder : « et si on s'en passait ? ».
Bon, il est sûr qu'il est plus facile de réparer des patins à roulettes ou un vélo qu'une automobile, mais après tout, les, des fadas de patins ou de bicyclettes peuvent fort bien — même si je n'ai pas d'exemple précis —  se retrouver dépendants et frustrés de ne pouvoir enrichir leur collection ou de ne pas acquérir le nec plus ultra en la matière. Aliénés, quoi, mais cela leur reviendra moins cher qu'aux frères Schlumpf  (la collection Schlumpf forme l'essentiel du fonds du musée de l'automobile de Mulhouse).
Perso, j'ai du poil aux pattes, mais je me sentirai aussi macho au volant d'une Messerschmitt tricycle biplace, d'une Panhard Dyna, d'une Traband que derrière celui d'une Ferrari. Pour le moment, je me contente à l'occasion d'une Peugeot 309 Chorus, une mémère conduite pépère. De toute façon, en « avoir sous le capot » pour rouler à 30 dans le moindre bled dont le conseil municipal à investi dans des gendarmes assis, ralentisseurs et passages rétrécis à une seule voie presque tous les 70-100 mètres, puis se traîner à 80 jusqu'au prochain rond-point, fort peu distant du suivant... La France n'est pas l'Allemagne (160 de nuit en 3,5 t, c'est assez jouissif, j'admets... sur un long parcours Autriche-Belgique, par exemple). Une bonne moto 450 ㎤ suffit largement pour d'assez longs trajets. 
Mais c'est sûr qu'à Paris, par exemple, surtout alors que la location d'un emplacement de stationnement revient à présent à 180 euros mensuels (par 13 ? ou est-ce que la taxe annuelle a été supprimée ?), en louant à l'occasion un véhicule à des particuliers, on se passe très bien de voiture...
Sinon, être retraité, télétravailleur, loger sur une péniche, et pouvoir embarquer (et débarquer presque partout) un triporteur, comme celui de Darry Cowl (dans le film de Jacques Pinoteau en 1957), c'est envisageable... À condition que tout le monde n'ait pas la même idée : l'anneau se ferait rare et cher.
Galère(s)
Je fréquente relativement souvent Fargniers (Aisne). Certes, subsistent une épicerie et un Franprix à Tergnier, tout proche... Mais pour tout le reste, il faut pousser jusqu'à l'un ou l'autre des centres commerciaux ou à Chauny. Sept-huit kilomètres, que l'on peut faire en bus... Lequel suit un parcours quelque peu plus long (comptez une demi-heure entre les deux localités, et selon les heures, parfois une d'attente).
De là, je devais me rendre à Reims... Et loger à Tinqueux (l'une des banlieues rémoises). Consultation du site SNCF. Un ami motorisé me dépose à Laon. Où je constate que le train que je comptais emprunter était remplacé par un bus. Longuet, le trajet.
Pour le retour, j'avais deux options...
Rentrer à Paris, revenir à Fargniers.
Nouvelle consultation du site SNCF... Chance un Reims-Paris pas cher... Sauf que je n'ai pas vu à temps qu'il partait non de Reims-gare mais de Bezannes-gare-TGV. Conduit à la gare de Reims par une amie motorisée, je n'arrive pas suffisamment à temps pour rejoindre Bezannes (à une minute près). Retour à Reims-gare où... miracle, un TER pour Laon s'affiche...
Reims-Tergnier avait été l'option abandonnée d'emblée. Des tarifs supérieurs à 50 euros, deux-trois correspondances, des parcours intermédiaires en autocar... Là, avec ma carte de réduction, j'ai réglé à peine plus de cinq euros pour rejoindre Laon.
De là à Tergnier-Fargniers, l'auto-stop s'imposait... L'ami du trajet aller m'a finalement récupéré...
J'ai quelques loisirs, et pour rejoindre Tergnier depuis Paris, voici quelques semaines que je m'y rends les jeudis ou vendredis pour revenir les lundis. 
Car, en raison de travaux de réfection de voies, le trafic ferroviaire vers Saint-Quentin se terminait à Creil en fins de semaines... Ensuite, des heures d'autocar. Galère, et impossible d'envisager un aller-retour les samedis ou les dimanches. Là, les travaux sont terminés, semble-t-il, finies ces galères.
Cela étant, pour un voyage occasionnel, mettons, en famille ou avec des amis, ce n'est pas tout à fait donné, de prendre le train... Autant emprunter, louer à un particulier (car, pour le co-voiturage... ce n'est pas tout à fait évident).
Ailleurs, idem...
Je n'ai pas cherché à creuser les possibilité de me rendre à Montjean (Maine-&-Loire) depuis Paris en combinant train (arrêt à Angers, correspondance pour Champtocé, puis...). Bref, des amis Montjeannais de Mauges-sur-Loire viennent me chercher, en voiture, à Angers, ou Champtocé, et me reconduisent à l'une de ces gares...
Mais en tout cas, le site Destinéo (autocars d'Anjou-Vendée-Mayenne) me signale à l'instant (peu avant 19 heures) que le moyen de locomotion idoine pour relier les deux communes est le vélo... Sauf que : « aucune station de vélo en libre-service à proximité ». Et il n'y a pas de voie cyclable aménagée. Et pas d'offre de co-voiturage non plus...
Bref, on peut se passer de voiture... à condition de pouvoir utiliser celle(s) de, des autre(s). 
J'étais, jusqu'au siècle dernier, un auto-stoppeur très aguerri (voire émérite : Europe, Amérique-du-Nord, Moyen-Orient, Afrique-du-Nord, un peu d'Afrique...), puis de moins en moins pratiquant... Encore que... Les Moutiers-en-Retz—Pornic et retour via La Bernerie, fastoche. Amplement vérifié voici peu.
Mais l'extension urbaine, le rabattage systématique du trafic vers les autoroutes, partout en Europe, rendent ce moyen de transport de moins en moins envisageable, même en maîtrisant toutes les astuces (ex. voyager de nuit, étudier le trajet à l'avance, avec Google Maps, mode Street View inclus).
Oubliez... Et munissez-vous d'un parapluie de golf : l'automobiliste prêt à embarquer un passager trempé s'est fait·e plus rare...
Cependant, cependant, oui, on peut se passer d'une automobile, mais pas partout...
Tout dépend...
Tout dépend de la localité, de sa taille, de sa proximité avec des villes quelque peu plus importantes. Rétrospectivement, je peux imaginer que j'aurais pu me passer de voiture à Belfort, et qu'aujourd'hui encore... Il reste nombre de commerces de proximité à Belfort, c'est l'une des composantes d'une aire urbaine, les transports en commun sont développés.
Autre exemple, Vitré. À mi-chemin entre deux préfectures (Laval, Rennes), dotée d'une gare où s'arrêtent quelques TGV, nombre de TER, et pas du tout dévitalisée.  Petites villes ou villes moyennes peuvent permettre de se passer de véhicule à quatre roues. Enfin, si vous êtes valide, encore en âge de grimper sur un vélo, un scooter deux-trois roues. 
La taille critique ne suffit pas, il faut aussi que d'autres conditions soient réunies. Individuelles (un relationnel suffisant) et collectives (associatives, collectivités territoriales dynamiques et dotées de ressources idoines).
Cela étant, une voiture « de collection » (assurance à tarif réduit), tant qu'elle ne se verra pas interdite de circulation car trop polluante, genre Renault 4L (nostalgie de ma trois vitesses du début des années 1960), plus un vélo, et mieux, un triporteur, c'est quand même mieux. Si vous pouvez garer gratis les rares fois où vous prenez le volant.
Ou alors, redevenir anachorète en autarcie. Totalement auto-suffisant. Genre père de Foucault en désert forestier (défrichage pour le potager, champignons, braconnage... ru pas trop loin).
Je ne sais si Chaumelle (dit autrefois « Chauvier ») lira cela... S'il arrivera à joindre un ermite de notre temps, si Anouar (un voisin parisien qui vit surtout de récup', muni d'un vélocipède triporteur) passera à l'antenne de France Culture.
Ce que je sais, c'est que si j'élisais domicile à Fargniers (à je-ne-sais-qui ne plaise), j'endosserai un gilet jaune et que j'occuperai un rond-point (ayant engraissé le DDE et tant d'autres). Cela étant, j'irai à pied au giratoire le plus proche à être occupé... Je tenterai d'expliquer que ce n'était pas besoin de s'endetter pour acheter un SUV et venir occuper un rond-point à 500 m de chez soi... Mais cela, c'est peut-être un cliché. De bohème fort peu bourgeois débarqué de Paris (et d'ailleurs, d'autres capitales, d'autres villes, pour résumer). Avant de pérorer sur la nécessité de se passer de voitures, j'écouterai. Les intervenants des émissions d'Olivier Chaumelle et les autres.   






     

mercredi 9 octobre 2019

Amis Ardennais : Revin est « dans » le New Yorker

Revin et Ardenne-Rives-de-Meuse « sur » le New Yorker

Dans ou sur le New Yorker, Revin ? Sur le site du New Yorker, c'est sûr... Dans les numéros datés des 7 et 14 octobre 2019, moins sûr. Mais deux-trois images un peu « cartes postales » de Matthew Avignone dans cette prestigieuse revue, eh, Revin peut s'en enorgueillir.
Attention, Matthew Avignone ne fait pas que des photos genre carte postale. Il fait aussi de très beaux portraits d'Aurore Raguet, postière revinoise, et de Monique Jaspart, retraitée de Revin (Ardennes). Si je lui ai piqué (recadrée, avec montage) celle de l'agence postale de Revin, c'est parce qu'ainsi, lui présenter mes plates excuses devrait suffire (d'accord, j'aurais pu piller plutôt Google Maps, mais j'ai eu la flemme).
Revin, environ 6 500 habitants, n'est pas le trou-du-cul du monde. Loin de là. Jean-Claude Drouot, du Centre dramatique national de Reims, signale Annette Gardet dans sa thèse sur le dit CDN, s'y est produit en 1985 et années suivantes. Et bien d'autres et non des moindres.
Mais de là à ce que Zoey Poll lui consacre tant de feuillets dans The New Yorker, c'est surprenant. Son titre : In France, elder care comes with the mail. Comme le cartoon du jour est daté d'October 9th, j'imagine que c'est aussi la date de mise en ligne de l'article...
Revin (Ardennes, donc) a plus de chance que Fargniers (Aisne) dont l'agence postale n'est plus ouverte que deux demi-journées par semaine (info non vérifiée provenant d'une Farnoise de confiance). Mais la postière revinoise, Aurore Raguet, comme d'autres ailleurs, y distribue moins de courrier que par le passé. Celui lui laisse le temps de converser divers moments avec Jeannine Titeux, Monique Jaspart et d'autres adhérent·e·s au programme Veiller sur mes parents (VSMP).
L'angle principal de l'article porte bien évidemment sur ce programme, mais, de ci, de là, on en apprend pas mal sur Revin (qui, comme du côté des Mauges, en Anjou donc, compte des unités de production de la maison Hermès).
Allez, on reprend Gotainer en chœur : Emmevé, m, m, m comme maroquinier, vévévé comme voyage, emmevé, emvé... Hermès n'a évidemment pas repris tous les employés ou ouvrières d'Électrolux encore valides et employables, mais les ex-locaux de l'usine servent à fabriquer des rouleaux électriques (de magasins, d'appartements ? Zoey Poll ne précise pas). Ces emplois semblent suffire à conserver la clientèle de deux boucheries, d'une horlogerie-bijouterie, et d'une dizaine d'autres commerces de proximité.
Revin, c'est aussi la petite ville où vous pouvez voir des porte-manteaux accrochés aux boutons des portes donnant sur les rues ou aux fentes des boîtes à lettres. Une initiative d'Aurore Raguet qui peut ainsi collecter des lettres à transmettre, vendre des timbres postaux aux seniors plus trop capables de se rendre à l'agence postale, ou d'aller se renseigner auprès du receveur (dit-on encore receveur, à La Poste, depuis 1973 ?).
L'Ardennais, le quotidien de Charleville (en fait, de Reims aussi depuis que L'Union... mais c'est une autre histoire) est même mentionné. Je pourrais peut-être retrouver quand Zoey Poll s'est rendue à Revin (elle signale que L'Ardennais annonce que l'agence bancaire de Monique va bientôt fermer).
Je digresse : je vous avais entretenu des disparitions de distributeurs de billets, notamment à Montjean (Anjou) où la poste a fermé, tout comme la seule agence bancaire qui subsistait. C'est a ces « détails » qu'on mesure le quotidien de la ruralité.
Autre détail, revinois : Monique a fait fixer de nouveau la poignée de son réfrigérateur Électrolux. Elle avait pourtant cédé, et heureusement, Monique ne s'était pas cassé le col du fémur en chutant. Ce fut pour plus tard... On trouve encore des Arthur-Martin (d'avant Électrolux) dans les cuisines de Revin. Pourquoi les remplacer s'ils fonctionnent encore ?
Je ne sais si Les Amis de l'Ardenne (l'association, la revue) feront une brève au sujet de l'article de Zoey Poll ou si cela donnera l'idée d'aller conserver avec Aurore Raguet, pour parler de La Poste à Revin depuis 1998. Jeannine Titeux, veuve d'un ancien maire de Revin, ne serait pas non plus à négliger. 18 arrière-petits-enfants au compteur. Des aïeules de la sorte se font rares.
Il semble qu'il resterait deux hôtels, voire trois (François Ier, Point du Jour, Wigwam) à Revin même. Et quelques bonnes tables (plus des friteries, la Belgique est proche). Évidemment aussi des gîtes. Et merveille, une gare SNCF encore desservie et mieux encore, par des TER et non des bus (je me suis récemment retrouvé dans un autocar entre Laon et Reims ; je vous en reparlerai bientôt). Certains  TER viennent même de Soissons...
Revin, c'était et reste la clef de la Pointe de Givet. D'où le blason, une porte flanquée de deux tours.
J'allais oublier : quand j'étais en remplacement dans les rédactions des Ardennes (Charleville, Sedan...), je fréquentais les restaurants des lycées hôteliers. Fameux. Très, très abordable... Celui du lycée Jean-Moulin de Revin jouit d'une très bonne réputation extra-régionale (on y vient parfois depuis la Belgique).
Et puis, n'est-il pas, combien de localités françaises de cette taille ont-elles eu droit aux honneurs du New Yorker ? C'est quand même autre chose qu'un « vu à la télé ». Même des capitales (Rethel, berceau du boudin blanc, Sainte-Menehould, capitale du pied de cochon... je vous en passe, des Cholet et ses mouchoirs, des Romans et ses godasses, des Montélimar et ses nougats...) en sont baba (ce serait Napoli, la capitale du baba, ou peut-être Wissembourg, mais elles ne jouent pas dans la même cour). Bref, allez visiter Revin.
Et dites : « j'y étais ». 

  



Médialogie : le Bojo sème la panique à Bruxelles

Brexit : toujours la guerre des nerfs... jusqu'au 19 octobre ? Ou juin 2020 ?

Un accord sur le Brexit sera très ardu mais reste possible... C'est de Michel Barnier... Mais le Daily Express titre : "Barnier admits EU in panic...". Ah bon ?
L'article, factuel, est de Rebecca Perring, du Daily Express. À le lire, on pourrait penser qu'il dément son titre. En fait, un peu partout maintenant dans la presse, cela se passe comme cela. Une, un journaliste couvre un événement ou relate des faits. Son propre titre n'est plus qu'indicatif. C'est un sec' (ou une sèche) de rédac' qui finalement en décide, après en avoir référé ou non à un·e chef·fe de service (issu·e du secrétariat de rédaction). Un·e journaliste de terrain a désormais de moins en moins de chance d'accéder à un poste de responsabilité effective. 
Certes, la possibilité d'obtenir un titre honorifique (de grand reporter) ou une mise au placard avantageuse (et de grimper l'échelle indiciaire) reste ouverte. Mais finalement, la ou le journaliste de terrain reste « à sa place », celle que lui assignent celles et ceux sachant faire. Selon le bon gré de la haute direction. Qui promeut le plus souvent les bons éléments du bunker, le secrétariat de rédaction. Bons éléments qui ont certes fait quelques stages sur le terrain, mais pas trop longtemps...
Il y a bien sûr des contre-exemples, mais ils se font de plus en plus rares. Cela s'était produit à L'Alsace, après une révolte de la base...  Cela peut se vérifier encore à l'occasion ailleurs.
Que raconte Rebecca Perring ? Ce que disent Michel Barnier et Donald Tusk... 
Mais aussi que cinq ministres ou secrétaires d'État du Cabinet britannique seraient prêts à rendre leur portefeuille et qu'une source ministérielle anonyme admet qu'un « très grand nombre » de députés conservateurs prendront la tangente en cas de sortie du Royaume-Uni sans qu'un accord soit conclu avec l'Union européenne.
Cela étant, oui, un accord reste envisageable.  C'est l'avis, assorti de nombreux bémols, de Vincent Eurieult, professeur et politologue spécialisé en méthodes de négociations, interrogé par Alexis Feertchak du Figaro. L'entretien, titré « Boris Johnson est-il un bon négociateur ? », étant en accès libre sur le site du Fig', je vous incite à le consulter. Mais j'en retiens surtout ce qui me semble l'essentiel : « Boris Johnson (...) même s'il n'obtenait pas grand'chose de renégociations (...) pourrait marteler qu'il a bataillé dur pour y arriver et que ça a fonctionné. ».
Par exemple, clamer qu'il a obtenu le retrait de la dernière en date des propositions européennes. Selon The Times, la remise en cause du « filet de sécurité » (le backstop, celui de l'accord négocié par Theresa May) appliqué à l'Irlande pourrait être actée au bout de x années (une consultation tous les quatre ans serait envisagée) mais si, et seulement si, selon Bruxelles, elle convenait à une « double majorité ». 
C'est quoi, une double majorité ? Diverses choses, comme une majorité de x+ % ou y>50 %. Mais en Irlande du Nord, depuis le Belfast Agreement (dit aussi du Good Friday du 10 avril 1998), il s'agit de deux majorités. Celle des unionistes du DUP, celle des « nationalistes » (irlandais) du Sinn Fein. Les deux ont fait savoir qu'ils n'admettront pas cette proposition. Pour le Sinn Fein, seul un vote populaire (référendum, votation...) conviendrait. Pour le DUP, c'est non, et d'ailleurs Westminster (le Parlement britannique) ne serait pas d'accord.
Mais, admettons qu'au dernier moment (vers le 19 ou le 30 octobre), l'Union européenne retire cette proposition et concède quelque chose plus proche de ce qu'exige Boris Johnson. Il aura obtenu un (mauvais pour les deux parties) accord, mais pourra se gargariser d'un succès.
Pâques ou la Trinité ?
Pourquoi « vers le 19 » ? 
Parce qu'une cour écossaise lui donne jusqu'au 21 (le lundi suivant) pour se plier à la volonté parlementaire de solliciter un report du Brexit. Parce que le Bojo convie les députés et pairs à rejoindre Westminster ce samedi-là. Sans doute tentera-t-il de faire valoir que les Britanniques en ont plus qu'assez du Brexit et en sont à vouloir qu'il devienne effectif quoi qu'il advienne à la fin du mois. Cela étant, les Remainers (anti-Brexit) ont affrété près d'une centaine de bus et autocars pour converger sur Westminster le 19. Habemus sopimus, s'exclamerait-il en finno-latin. Je les ai eus, ces continentaux... I got Brexit done
Je n'y croit pas trop, mais... 
Il pourrait aussi attendre le tout dernier moment, le 30 octobre. Cela étant, resterait à savoir si l'un des 27 pays membres de l'UE (un seul suffit) ne boutera pas le Royaume-Uni au large...
Ce qui retient aussi l'attention dans l'exposé de Vincent Eurieult, c'est qu'il signale que, « indubitablement », les médias sont aussi en lice : « les apparences comptent souvent autant, voire davantage que les résultats ». Les vecteurs des apparences sont les médias.
Sur son site, le Daily Express fait surmonter le dit article d'une accroche renvoyant à un compte-rendu des propos d'un député européen du Brexit Party, Richard Tice. Lequel fait état de la volonté « désespérée » de l'UE d'obtenir un accord d'un Royaume-Uni en formidable position de force. Tout simplement parce que l'UE ferait banqueroute si elle était privée de la contribution financière britannique. Pour Nigel Farage, le Brexit serait « l'ultime cauchemar » des 27. Donc, le Bojo, qui n'est plus qu'à quelques inches d'aboutir à son accord, parviendra à ses fins. La panique ne peut que l'emporter à Bruxelles, le continent cédera. Sûr. Garanti. Couru d'avance.
D'ailleurs, selon ce scénario, le continent recule pour mieux sauter et le Bojo en profite. Plus longtemps il peut tonner que si l'UE ne pliait pas, elle en subira les amères conséquences, que les mesures de rétorsion seront terribles pour au moins une décennie, bref, plus il fait le bravache, plus il plait à l'électorat qui pourrait le réinstaurer Premier ministre après des élections anticipées.
C'est un mix de la méthode Coué et de la méthode Trump.
Un pas en avant, un en arrière
Pour sa part, la France, par la voix d'Amélie de Montchalin, du Quai d'Orsay, fait savoir que faute de nouvelles élections portant une autre majorité à Westminster, ou d'un nouveau référendum, autant larguer immédiatement les amarres. De son côté, Michel Barnier n'a pas démenti ses propos antérieurs mais précisé depuis que les propositions britanniques restaient, en l'état, totalement inacceptables. 
Mais ce qui pourrait se produire, c'est que les 27 proposent un report du ou d'un Brexit jusqu'à juin 2020 (le temps que les Britanniques renoncent au Brexit à la suite d'un second référendum, ou qu'un accord soit trouvé avec un autre gouvernement, et ce avant qu'un gouvernement conservateur reconduit puisse opposer un veto au budget de l'UE). Le Parlement britannique devrait voter pour accepter ou rejeter cette offre. L'actuelle majorité composite serait sans doute favorable.
Resterait au Bojo de clamer que les parlementaires trahissent le peuple...
Mais, selon un sondage YouGov-Evening Standard, l'opinion britannique serait en train de se retourner, les partisans du maintien dans l'UE l'emportant. On en serait au score Remain-53—Leave-47.
Souvent, Britania varie, bien fol...
Problème pour divers bunkers : suivre le lectorat (pour The Independent, c'est tout bon, il mène campagne pour le Final Say, un second référendum), ou ne  pas décevoir le lectorat acquis, toujours partisan du Brexit ?
Le Daily Express n'a pas changé son titre, The Independent s'est empressé de titrer sur l'humiliation subie par Boris Johnson et que Michel Barnier lui a infligé devant le Parlement européen.
Le Bojo se refusait à dévoiler totalement ses intentions. Michel Barnier en a eu vent, semble-t-il. Pour résumer son opinion, un mot suffit : bullshit. En linguo de feu Jean-Pierre Coffe, « c'est de la merde ». Car le Bojo rétablit une frontière entre les deux Irlande sous un autre nom, laquelle ne garantit pas grand' chose, que ses propositions sont soit farfelues, soit légalement inapplicables, et que la majorité de l'assemblée nord-irlandaise pourrait mettre son veto à tout accord de la sorte. Entre parenthèses, la Northern Ireland Assembly n'a pas tenu de séance depuis... trois ans. Fermez le ban. 
Selon Günther Oettinger, tous les commissaires européens en conviennent, la partition du Bojo ne vaut pas un clou (ce serait même pire que le scénario de film qu'il avait proposé naguère à un producteur qui a préféré ne pas lui répondre pour éviter de le vexer).
Qu'à cela ne tienne, Boris Johnson s'accrochera à Downing Street, même s'il perdait un vote de confiance. Il exigerait de la reine qui n'en pourrait mais de faire appliquer une disposition (les principes Lascelles, du nom de Sir Alan Lascelles, appliqués en 1950) le maintenant en poste.
Bon, allez, brisons-là. Comme le résume le dessinateur de presse de l'Evening Standard, que le Bojo montre Merkel du doigt et réciproquement importe peu, cela ne répare pas les dégâts... 










Mathieu Do-Duc, photographe animalier...

Aboubacar n'est pourtant pas le chiot de Mathieu Do-Duc

Comment aborder cette histoire de mise en rétention d'un jeune Guinéen en vue de son expulsion ? Allez, parlons de toutous et de minous...
Tous les journalistes passés par des formations professionnelles, tous les sondeurs le savent. Pour intéresser le lectorat lambda, traiter de sujets santé, argent, animaux domestiques... Ce qui fait que sur ce blogue, évoquer un coton de Tuléar (c'est fait, cherchez...), gentil chien-chien adorable, retient davantage l'attention que commenter ces titres de L'Humanité : « Fodé, l'expulsion au bout de trois ans d'efforts ? », « Aboubacar doit revenir dans son lycée ».
Alors, intéressons-nous plutôt à Mathieu Do-Duc, photographe animalier. Remarquable page de son site, sa galerie photographique « Les animaux et leurs hommes ». Vraiment trognon-trognon de Chez Bisounours. 80 photos remarquables d'amis à quatre pattes. Bon, d'accord, 79 puisque l'une, complètement ratée, conserve un maousse « bruit optique » superflu (un vieux monsieur entouré de pigeons ; cadrer sur les pigeons aurait suffi).
Je ne photographie plus... Si ce n'est utilitaire (deux fanaux SNCF, évoqués ici par ailleurs, depuis placés sur Le Bon Coin). J'ai fait quelques bons photo-reportages (parmi tant de médiocres). Ma meilleure photo reste, je crois, une N&B floue du juge Lambert (de feu Jean-Michel Lambert, celui de l'affaire Grégory, de la Vologne, &c.) cerné au plus près par des confrères photo-journalistes. J'ai bataillé pour qu'elle fasse la page une. Elle était prémonitoire, je crois encore... Le flou, en photo, n'est pas toujours l'ennemi du net, du piqué.
J'ai « trop » fréquenté des photographes (Côme Jacquier, Hélène Hubert, Gérard Rondeau, André Villers, Rémi Lainé, pour ne mentionner que les noms me venant spontanément à l'esprit...). Là, je vois des photos de Denis Guénoun et Annette Gardet réalisées par Pascal Stritt... J'avais aussi publié sur CD un portfolio de Lecomte et Hatat (si je me souviens bien, Alain Hatat et Jean-Marie Lecomte, ce dernier ayant été longtemps le tireur de Gérard Rondeau). De nombreux autres (sur les CD accompagnant le mensuel Création numérique). Ce qui fait que vous ne verrez pas mon tarazimboumant coton frottant sa truffe au museau d'un trop beau cheval axonais (et puis quoi encore, ma tronche en arrière-plan, mode selfie ?). Mes zincs sont remisés (au fait, il me reste quelques cailloux Pentax, monture K, à céder). Si je dois utiliser un appareil téléphonique portable, ce sera pour un constat, en vue de transmettre à mon assureur. Stritt a tapé « la » plaque d'Annette et Denis. Celle que je n'aurais pas su clicher. Alors...
Parler de soi, ça le fait aussi, paraît-il. C'est fait.
Mais il beaucoup plus intéressant de se pencher sur Mathieu Do-Duc, photographe animalier et de l'enfance. Neuf ans de photos d'enfants d'une cité HLM fresnoise. 
Voyez son site et sa « photo d'émoi ».
Escaliers Saint-Charles
Dans un sac Lidl
Un petit pékinois
Et son maître en émoi
Qui s'en va rejoindre sa copine
Je ne sais plus sur quelle ligne.
C'est aussi beau que Caroline, qui interpelle les passants de ma rue : « Vous avez l'heure ? », « Il fait moche, hein ? », « T'aurais pas une cigarette ? Et une autre pour mon Michel... », « J'chuis belle, hein ! », « T'as vu ma robe, elle est belle, hein ! ». Je fus aussi fixeur pour un photographe de Gamma. On a pas fait la photo de Moussa : il ne voulait pas, ne voulait pas que sa très bourgeoise famille stanbouliote puisse le voir dans cet état. Il est mort, Moussa, après s'être tant de fois chauffé le ventre sur les capots des véhicules garés. Tant de fois raclé le bitume de ses galoches énormes car constamment renforcées de tours de rouleaux de bandes adhésives... Il est mort, Moussa, son frère aussi — un AVC — sur le trajet vers la Turquie en la compagnie de sa dépouille. Il fait moche, hein !
Voilà que cela me reprend. Basta.
Accessoirement, il faut bien évoquer Aboubacar. C'est Éric Bediez, lecteur de La Marseillaise, qui m'y incite. La photo nourrissant mal sa femme ou son homme, Mathieu Do-Duc est aussi prof d'anglais (j'ai tenté aussi, ai été recalé). Je conçois. Il a dû décrocher le pilipilhideux (l'équivalent Capès pour les lycées professionnels). Il exerçait (exerce de nouveau, je n'ai pu actualiser) au LP Brochier de Marseille. Il avait dans sa classe, depuis la rentrée, un certain Aboubacar. Le deuxième de son acabit à être escorté hors de l'établissement, direction rétention-expulsion.
Catherine Walgenwitz (de La Marseillaise) résume : « Mathieu Do-Duc a été mis à la porte de son établissement, jeudi, pour troubles à l'ordre public, par sa proviseure. ». C'était dans La Marseillaise, lundi dernier. On n'a plus trop le temps, dans les rédactions, de se pencher sur les expulsions de mineurs scolarisés. Enfin, si, quand il s'agit de Leonarda Dibrani, une jeune Rrom, et que cela fragilise François Hollande.
Mais qu'un prof exerce un droit de retrait parce que l'un de ses élèves est frappé d'une mesure d'expulsion, c'est du tout bon pour de la bonne rubrique locale. Avec la photo signée CW du prof, de deux-trois autres, et de sept élèves dont les parents achèteront le quotidien en souvenir...
Elle n'y peut pas grand' chose, Catherine Walgenwitz, c'est comme ça, plus trop autrement. On essayait encore... avant.
C'est un peu comme Mathieu Do-Duc... Qui sait bien qu'un album de ses photos animalières se vendrait mieux que son Photo-la-graphie moi (album de photos d'enfants dans l'espace urbain). Parfois, les enfants, ça le reprend. Plus fort que lui. Moi aussi...
Mais il ne faut pas exagérer.
« Où est Steve ? ». On l'a retrouvé... Noyé, à Nantes. Où est Aboubacar ? Je ne trouve pas, et je ne vais pas chercher longtemps.
Ce qui me préoccupe vraiment, c'est qu'à Montjean, mon filleul, Natcho, un beagle, s'est encore barré. Il fugue. Loin. Ah, le Natcho... J'en aurais tant et tant à raconter... Heureusement, parfois, vers trois heures du mat' on entend des « ouaf, ouaf » devant la porte.
Quand même... Service minimum. Aboubacar Damara, élève en C.A.P. de maroquinerie, a été expulsé en Italie. C'est un dubliné, comme on dit. Il y serait à la rue assure le collectif formé autour du Réseau Éducation Sans Frontière (RESF) qui n'a pu obtenir l'assurance préfectorale que cela ne se reproduirait plus. Avant lui, il y eut Montassar Idoudi, reconduit, lui, en Tunisie. C'est moins coûteux qu'un vol vers Conakry ou Bissau ou Malabo. L'Aboubacar errant, sans collier, sans papiers... 
Bah, c'est bien connu : la misère est moins pénible au soleil. Et le soleil de l'Italie... Edouardo, Anne Vanderlove, Joe Dassin, Salvatore Adamo, les Compagnons de la chanson, Annie Cordy, Luis Mariano. Mandolines et Dario Moreno... J'en oublie. Josée Laurelli dans La Chance aux chansons...
Pourvu que Natcho ne prenne pas froid... Elle est froide, la Loire, en cette saison.

  












mardi 8 octobre 2019

Brexit : l'ultimatum de Boris Johnson au continent

Mais pourquoi donc encore attendre la Toussaint ?

Breaking News : Boris and Varadkar to hold critical Brexit summit... (Johnson et Leo vont se concerter...). Et si cela échouait, le Bojo promet une guerre de cent ans entre l'Angleterre et le continent.
Rectificatif : même si la concertation « de la dernière chance » entre les Premiers ministres britannique et irlandais n'accouchait de rien de sérieux, l'échec ne déclencherait pas les hostilités promises. D'une part, Boris Johnson feint de rassembler le Royaume-Désuni derrière lui, d'autre part il ne s'agirait pas de cent mais de seulement dix ans, et le déclencheur du conflit ne serait pas une sortie sans accord, mais une sortie différée, nuance. 
Sauf que, bien évidemment, même si l'Union européenne accédait au souhait de la majorité parlementaire d'obtenir un report de la date d'application du Brexit, rien n'empêcherait Boris Johnson vraiment (sauf arrêt d'une cour l'expédiant en prison) d'appliquer l'article 50 unilatéralement. Et nonobstant, il faudrait que ce qu'il reste des conservateurs, redevenus majoritaires au Parlement, accorde un nouveau mandat au Bojo afin qu'il puisse tenter d'appliquer sa menace. Fortes paroles. "Bad blood between the UK and EU" pour au moins une décennie. Paroles en l'air. De quel Royaume-Uni parle-t-il encore ? 
Depuis son accession à Downing Street, le Bojo a rassuré. Il est l'homme de la situation pour faire fléchir Angela Merkel, Leo Varadkar, et divers chefs d'État. Il tend la main à l'Union européenne, mais si celle-ci la refuse, ce sera la claque. Michel Barnier, Donald Tusk ? Rabattez-en, moi, Bojo, je ne parle qu'aux grandes personnes.
Mais la conversation téléphonique de ce matin avec la chancelière allemande aurait fait monter la tension artérielle du Bojo d'un cran. Angela Merkel lui aurait signifié que non seulement il n'était pas question de fléchir quant aux dispositions, légèrement aménagées ou non, de l'accord avorté précédent (le plan May, pour résumer), portant sur l'Irlande, mais que, de plus, la Grande-Bretagne devra se conformer aux règlements douaniers européens jusqu'à nouvel ordre.
Les Brexiters sont réactifs. Ils ont aussitôt diffusé un visuel de Merkel bras levé (à la hitlérienne) légendé ainsi : on n'a pas remporté deux guerres mondiales pour se faire pousser dans les orties par une Boche (a Kraut). Élégant.
Tout le monde se renvoie la balle : si aucun accord n'intervient, ce sera la faute de l'autre partie. Si une pénurie de rouleaux de papier de toilette oblige les Britanniques à s'essuyer le postérieur par d'autres moyens, ce sera la faute du continent (ce à quoi ce dernier n'a pas répliqué que le Royaume ne pourra s'en prendre qu'à lui-même). Dérisoire ? Non, Jonathan Edwards, député du Plaid Cymru (Pays de Galles) a soulevé cette question cruciale au Parlement et un ministre, Simon Hart, lui a répondu qu'il ne manquerait pas une seule feuille dans les lieux d'aisance publics ou privés. Le pécu sera au nombre des priorités. Nul besoin de tracer Leave ou Remain sur les murs d'un doigt breneux.
Jonathan Edwards n'en a pas moins conclu qu'il n'avait obtenu aucune garantie sérieuse quant à la disponibilité de rouleaux en nombre suffisant.
Une solution serait de recourir aux lingettes pour le premier âge. Alas... La presse britannique fait régulièrement état d'engorgements de monstrueux amas graisseux bouchant les égouts ; remède pire que le mal.
Boris Johnson promet de se faire le ventilateur qui aspergera Bruxelles et Strasbourg de résidus. Encore lui faudra-t-il curer et récupérer les munitions. Dresden again. Submergée cette fois de lingettes souillées. Larguées depuis des dirigeables et des planeurs ?
Je sais. Nous touchons les bas-fonds. Mais cette métaphore (mot depuis expurgé des discours du Bojo car incompris de ses adulateurs) m'apparaît idoine.
Et pourquoi donc attendre Halloween ou la Toussaint ?
La presse britannique pro-Brexit (Standard, Sun, Express, Mail...) se gargarise d'un sondage selon lequel une majorité d'électeurs approuvent Boris Johnson. L'Express s'est même offert une consultation en ligne. Boris a-t-il raison de menacer l'Union européenne. Oui à 90 %, et aucun « ne sait pas ». Crédible.
Voyez la page d'accueil de l'Express. Les unionistes nord-irlandais proclament que le voisin, la République d'Irlande, veut ruiner les efforts britanniques. Dans ce cas, pourquoi donc une rencontre Johnson-Varadkar ?
Cela après que David Sassoli (le président du Parlement européen), reçu ce soir à Downing Street ait constaté qu'aucun progrès ne semble envisageable... David Sassoli a retenu l'impression que le Bojo s'était comporté comme un animateur de débats télévisés. Il ne voit que deux perspectives : report de l'application de l'article 50 ou sortie sans accord. Mais pourquoi reculer si le Bojo veut mieux sauter ? Ce dans le très aléatoire espoir de remporter des élections, avec ou sans le soutien implicite du Brexit Party de Farage.
Ce que dit Sassoli se résume ainsi : le Bojo ne propose que du vent, des solutions ne pouvant pas s'appliquer avant longtemps, voire jamais. Dans ces conditions... Sur le papier comme dans le réel, cela ne fait pas un pli... Le PQ hygiénique se décline en deux ou trois. Et avec le réchauffement climatique, les oysons bien dumetés (duvetés) de Rabelais se font rares.









   

lundi 7 octobre 2019

Brexit : Dublin says No!

Brexit, ou l'inversion de la charge de la preuve...

Je diffère... Mon intention de vous entretenir des futures émissions d'Olivier Chaumelle (La Série documentaire, sur France culture) consacrée à la bagnole. Cela viendra en son temps. Back to Basics, Back to Brexit. De nouveau, pour le Bojo, c'est cuikildit-kyé... Air connu.
C'est Andrew Sparrow, du Guardian (en ligne) qui le relève. Ulster says No fut seriné par les unionistes nord-irlandais (en fait, partie de l'ancienne province de l'Ulster said Yes, mais bon...). Sammy Wilson, du DUP (Democratic Unionist), un Irlandais du Nord, balance ''Dublin says No".
Ce dans la foulée du Bojo, incidemment fort d'une décision d'une cour de justice écossaise ne l'obligeant pas à se soumettre à la volonté de la majorité parlementaire d'avoir à solliciter un report de la date d'application de l'article 50 (du Brexit à la Toussaint, pour grosso-modoser).
Que se passe-t-il ? Le Cabinet (gouvernement britannique) et donc Boris Johnson se sont gargarisés. Ils vont être baba de Chez Baba à Bruxelles, voire dans les choux, quand seront reçues nos propositions miraculeuses en vue d'un accord.
En fait, de la poudre aux yeux. Des trucs improbables genre douanes volantes, contrôle à la source et suivi par GPS des camions franchissant la frontière de part et d'autre de la République d'Irlande et du Royaume-Uni étendu à Erin (Island Go Bragh, pour approximer).
Des trucs tri-annuellement avancés et retoqués pendant plus de 36 mois. Bis repetitam non placent. J'ai toujours été esbrouffé par les confrères britanniques issus d'Oxbridge qui vous balancent encore de l'allemand, du français, du latin et du grec dans une prose destinée à un lectorat lambda considéré, pour son équivalent français, par les consœurs et confrères d'icitte, tel un ramassis ignoramus. Bon sang, les dictionnaires savent mentir, mais... Je m'égare ? Mes penaudes contritions. Back to Brexit.
Des pogroms visant des Polonais « de souche » (comme si les Juifs polonais ne l'étaient pas), un coup de pouce aux identitaires britanniques pour qu'ils instaurent des ratonnades ? Boris Johnson ne dirait pas non : cela lui permettrait de décréter l'état d'exception, de s'arroger les pleins pouvoirs, et faire ainsi la nique aux parlementaires de la majorité (ex-opposition). J'exagère ? Ma très grande faute, j'extrapole abusivement. Quoique...
Nous, « ils », en sommes, en sont là. 
Demain, le gouvernement britannique va publier des tarifs douaniers s'appliquant unilatéralement pour les échanges commerciaux avec l'Union européenne. Du Trump-like ? Trois fois le coût hors VAT (TVA) sur les cuisses de grenouilles ? Les cidres bretons et normands à cinq fois le prix du dandelion wine (c'est du Ray Bradbury, vintage 1953-1957, sur un breuvage à base de pissenlits). Fameux « chez nous » (en Cornwall, dans « nos » Cornouailles qui « nous » rejoindront post-Brexit dans la Celtic Confederation), le pissenlit en décoction.
Outre-Manche, autour de Downing Street, c'est la méthode Coué qui prévaut toujours. La Merkel, dit James Duddridge (le Brexit minister) va être littéralement subjuguée par le plan du Bojo. Les Macron et consorts suivront, évidemment. Ou alors, alors, s'il y a le Brexit sans accord au soir d'Halloween, ce sera la faute de Dublin et autres 26 capitales.
Le même Duddridge n'a pas dit que le Royaume-Uni deviendra un paradis fiscal mais démenti qu'affranchi des règles sociales européennes (celles de l'UE), ce sera le renard libre dans le poulailler docile. Il a aussi démenti que les viandes et céréales nord-américaines vont envahir les assiettes du breakfast, que les rashers et bangers importés seront davantage gorgés d'eaux (douteuses) et de sels (de synthèse ?). Le bio pour les riches, la pitance des gamelles des ex-écoliers encore pas dans leurs teens, suant dans les usines comme avant Dickens, bourrée d'édulcorants, de conservateurs, d'huile de palme, bref de rubbish, mais c'est de la rubbish. Qu'il assure (les promesses n'engagent...). Du blabla libéral-démocrate (les Lib Dem sont opposés au Brexit). Du Project Fear (des pères fouettards remainers).
Duddridge assure que, de part et d'autre de la future ligne de démarcation nord-irlandaise, il fera du sur-mesure. Du cousu-main (dans la culotte de la « sœur » européenne). Comment et quand ? Croyez le Bojo sur parole.
Ne sachant plus trop à quelles bienheureuses ou saints se vouer, le Plaid Cymru (Pays de Galles) et le SNP (indépendantistes écossais) se disent prêts à se rallier à un gouvernement de transition mené par le travailliste Jeremy Corbin. Oui, mais... quelles sont les perspectives ? La Brexiternity, un nouveau référendum, de longuettes (litote) nouvelles négociations ? 
Ce qui semble nouveau, c'est que selon un sondage BMG-The Independent, il n'y aurait plus qu'un tiers de l'électorat derrière le Bojo forçant une sortie du royaume sans le moindre accord avec l'Union européenne. Versatilité quand tu « les » tient (nouzôtres idem : contre Maastricht et depuis... pas vraiment prêts à sortir de la zone euro, en tout cas pas moi).
Bojo-le-Bouffi fanfaronne. Il a présenté à Bruxelles le meilleur pour les deux mondes, mais attend la réponse : « qu'est-ce qui cloche ? ». On vous présente l'entente plus que cordiale sur un plateau d'argent aux armes de notre reine, et vous faites encore la fine bouche ? Comme s'il ne le savait déjà de très, trop longue date.
En fait, pour les échanges entre République d'Irlande et Irlande du Nord, oui, il a consenti une concession. Il ne s'agit plus de limiter l'impossible accord au secteur agro-alimentaire, mais à tous les secteurs (industriels, biens et services). Tous les quatre ans, la fantomatique assemblée nord-irlandaise pourrait remettre en cause les termes des échanges (en rester aux règlements de l'Union, s'aligner sur la nouvelle donne de la Gross Britania). Too gross. Coarse if you prefer.
Mais la balle est dans le camp continental. Si elle ne la renvoie pas, c'est bien la preuve que ce n'est pas le Royaume-Uni qui s'isole, mais le continent qui l'isole. Et de fait, se coupe du futur commerce mondial qui profitera d'abord et surtout aux féaux sujets de leur Majesté.
Tant pis pour le continent. Il avait le choix.
Mais, selon le Bojo, les Suédois, les Danois, et les Polonais vont se rallier à son panache blond peroxydé. Selon Macron, la réponse européenne viendra au plus tard le 13 prochain. Dénouement prévisible ? Qu'en disent les bookmakers ?  Si vous avez des kopecks ou des zlotys à perdre, pour que le Brexit perdure autant que l'École des fans (1977-2014, avec interruptions, et depuis, les candidat·e·s ont pris de l'âge), amis, donnez. Perso, je m'abstiendrai.
En attendant, des Britanniques réfléchissent (enfin, ceux qui, comme les Français, le peuvent encore). Le Donald (Trump) et le Bojo (Johnson) ont joué Les Cloches de Corneville : tu es mon promis, c'est toi ma promise, embrassons-nous, Folleville. Sauf que, aux États-Unis, le whisky britannique subira des taxes d'un quart de son prix de vente... Ce dès le 18 prochain. To vat or not to vat le bourbon  Dettling (Dedttling Bourbon Vat, du Kentucky) comme le Vat 69 (Sanderson & Son, Scotland). Et où cela s'arrêtera-t-il ? Taxes. Value added...
Et puis, le Daily Express a titré sur l'outrageuse liste des neuf raisons pour lesquelles l'Union européenne rejette les propositions de Boris Johnson. It's mainly the VAT (la TVA), stupid.
Bon, le 19 nous tous, Brexpats included, devrions être fixés. Le 21, le Bojo se ravise ou non, demande un report de la sortie de l'Union européenne, le lendemain, Westminster (le Parlement) décide ou non de l'opportunité d'organiser des élections anticipées. Le Cabinet (Whitehall, comme on dit aussi) risque encore une nouvelle entrée en ébullition (de nouvelles défections restent à prévoir).  D'ici là, faites donc provision de Brocéliande, de Bellevoye, d'Armorik, d'Ed Gwenn et autres ouisquis bretons...
Ah oui, en attendant, Heidi Allen, une députée conservatrice à rejoint les Lib Dems. Elle pense que 20 autres feront de même. Farage (Brexit Party) se gausse. Bientôt, il aura le Bojo a sa botte. Au train où cela va, c'est adieu bovins écossais, porcs gallois, couvées des Cornouailles et d'Irlande du Nord. Et la seule petite Angleterre incapable d'assurer le train de vie de la famille royale ? Je n'extrapole pas, j'évoque. Nuance.
   




     

De sac et de Kurdes...

Grandement merci à une famille kurde

Un blogue-notes perso, c'est pour certains l'occasion de parler de soi abondamment ; pour moi d'évoquer d'autres choses. Mais petite entorse avant d'aborder le lâchage-largage des Kurdes de Syrie par les États-Unis d'Amérique, ou plutôt ceux de ce frappadingue de Donald Trump.
Je ne sais plus quand je vous ai évoqué la fameuse 309 Chorus du triangle axonais des Bermudes (Chauny-Tergnier-La Fère). Et son enjoliveur aux abonnés absents. Merci à André, de Reims (pour simplifier) qui en a déniché un, mint state, sous emballage d'origine dans le sud de la France. Sans doute auprès d'un ex-concessionnaire Peugeot. 
L'ennui, c'est que pour le fixer sur la roue de secours qui remplace celle avant-droit... Mais, bon, je ne vais pas vous bassiner avec cela. Une solution sera trouvée.
Or donc, retour de la 309 avec sa conductrice et le coton de Tuléar (dont il fut aussi ici question, mais je ne m’appesantirai pas). Coton d'appellation malgache embarqué à bord à Fargniers (idem à propos de la maison de Fargniers) en... posant le sac à main sur le toit de la dite Peugeot 309 Chorus (parfait état, à peine plus de cent mille au compteur, mais je m'égare). Direction Chauny.
Vous devinez la suite...
Conductrice livide, coton (de Tuléar) ouvrant de grands yeux désolés...
On remonte donc dans la 309 (Peugeot Chorus, 30 ans aux cerises). Parcours inverse à vitesse réduite.
Tout à coup, une voiture dépasse, s'arrête.
Une famille de « Français moyens » : véhicule courant pas trop onéreux, conducteur et sans doute son père vêtus comme tout le monde dans le secteur (genre bonnes affaires d'Aldi ou de Lidl). Pas des rupins.
— « Vous cherchez un sac ? ».
— « Et même à main et à quatre mains », me retins-je d'ajouter.
Chauds remerciements, quasi-effusions, et refus d'accepter un billet de banque sorti quasi de lui-même de mon portefeuille. Le sac est, avec son contenu, portable, clefs d'habitations axonaises et parisiennes, documents divers, d'identité et assimilables, autres légaux (des histoires administratives), et somme assez rondelette retirée de la veille afin de durer toute la semaine. Mettons de quoi s'offrir à quatre ou cinq une formule dans un sympa restaurant routier.
On se quitte sur un « shoukran » (ou choucran ou...) de ma part.
« Non, nous ne sommes pas des Arabes, nous sommes Kurdes. ».
Franchement, depuis presque un quart de siècle dans le quartier parisien kurde (et turcophone), je me suis certes enquis de savoir dire « merci » en turc ou kurde, mais cela m'a échappé depuis. Penaud.
L'ami Ali (Algéro-marocain pour résumer), lui aussi habitué de longue date du quartier Strasbourg-Saint-Denis, ne s'est pas plus étonné que moi de l'attitude, pourtant assez exceptionnelle en France de nos jours (ah, ma pôv' dame, c'était mieux avant), de cette famille.
Pourquoi donc, alors que l'Assemblée débat de l'immigration, s'étonner encore que souchiens, ou immigrés de telle ou telle génération, puissent avoir les mêmes valeurs, faire partie de cette, de ces minorités prenant encore au mot la devise républicaine : « Liberté, Égalité, Fraternité ». On l'a amplement constaté par le passé (et « aux heures les plus tragiques de notre histoire », comme on dit), nous le constatons encore récemment, ce n'est pas la première fois (et nous nous souvenons d'actes héroïques d'Africains ayant porté secours à des adultes et des enfants ces dernières années).
Voici pas si longtemps, dans le Sentier Turc, ou La Petite Turquie, près de l'un des centres culturels kurdes de Paris, nous formions une sorte de communauté assez peu communautariste composite. Beaucoup de « Filles de l'Est » serveuses dans les bars maghrébins ou turcophones (pour résumer, approximativement, à l'intention des étrangers au secteur). Des nounous, des techniciennes de surface à équivalents bac+ (jusqu'à huit). Il y eut des mariages mixtes. Mes copines russophones (provenances ukrainiennes et autres incluses) sont reparties ou sont restées. Ont ou non obtenu la carte de séjour longue durée renouvelable ou la nationalité française. Elles reviennent parfois en « touristes » au Kibelé (fameux restaurant-espace d'expositions-petite salle de concerts et autres spectacles fréquenté par toute une diversité de gens d'origines diverses, françaises dominantes). Nostalgie du « bon temps » de celui des vaches maigres et d'une authentique convivialité. Avec aussi des Serbes, des Croates, des Kosovars, &c. D'authentiques réfugié·e·s politiques ou fuyant des massacres (et aussi, soyons lucides, des conditions de vie lamentables.
Le ton montait vraiment très, très rarement. Et on finissait par s'offrir des tournées.
La dispersion qui s'ensuivit fait que les Ukrainiennes et les « Russes » se battent froid parfois. C'est franchement dommage, mais cela s'apaise. Mais la solidarité de naguère s'étiole.
Ici, dans le quartier, elle subsiste. Avec une nouvelle composante, les Chinoises (ou assimilables de loin pour qui ne connaît pas grand' chose à l'Extrême-Orient). C'est bon de les avoir pour nouvelles voisines. 
D'accord, le quartier reste « privilégié ». Ce n'est pas le melting pot des siècles derniers à New-York (révisez Dos Passos, West Side Story, et le melting pot des années 1970 dans le Lower East Side laissait franchement à désirer : j'y étais, au retour dans la Grande Pomme, j'ai préféré fuir).
Ce qui m'amène au Donald. Au film de Fourest, Sœurs d'armes, qui ne sera sans doute pas projeté en Caroline (septentrionale et méridionale). Et digression, aux traducteurs afghans de l'armée française auxquels le statut de réfugiés fut dénié.
La morale de ce « De sac et de Kurdes » ? Attendez, ce n'est nullement une fable. Du factuel. 
J'entends parfois, je lis surtout des « qu'ils retournent chez eux ». Vas-y, chez elles et eux.
Je lis que le Donald laisse les coudées franches à Erdogan. En Ponce qui ferait bien de se faire des séances de pilates pour ne pas sombrer dans la sénilité ratiocinante. Le Donald s'en lave les pognes au désinfectant, des Forces démocratiques syriennes, des Unités (kurdes) de protection du peuple... L'ancien prévaricateur s'étant rempli les poches avec Daech (on ne sait combien Daech l'a rétribué, lui et sa famille, pour laisser passer des convois, d'armes, de vivres, de carburants, depuis la Turquie) peut faire foncer les chars, les jets de chasse et bombardements, faire jaillir le mélange des lance-flammes, transformer le terrain en brûlis vides de toute habitation.
Bref, refaire aux alliés des Jeunes Turcs les coups portés aux Arméniens.
Ingérence humanitaire un jour, repli économique et diplomatique celui d'après.
Cynique.
Johnson-Trump, Macron-Trump ? Franchement, je ne sais, je ne peux me prononcer. Je ne crois pas que les troupes françaises sont en mesure de faire semblant de remplacer les étasuniennes sur le terrain convoité par Erdogan (qui s'étendra bien au-delà d'un no-man's land). Je ne sais non plus si la France et l'Outre-Mer peuvent, selon l'expression de Michel Rocard, accueillir toutes les misères du monde. Je reste désemparé. Impuissant par lâcheté, autruchisme (impropre, l'autruche fuit et ne met la tête dans le sable que pour couver par la suite), ce que vous voulez.
Je voudrais simplement rappeler Denis Guénoun, invité par Annette Gardet à Reims et concluant son intervention à la médiathèque – c'était samedi dernier – en citant je ne sais plus qui : « ce que vous avez fait au dernier des miens, c'est à moi que vous l'avez fait ». Si je ne crois pas au jugement dernier, je crois que des erreurs vous reviennent à la figure. La passivité revient parfois en boomerang. C'est tout. Et s'il y a une prochaine fois, il n'y aura peut-être plus de famille kurde à s'arrêter...







mercredi 2 octobre 2019

Éoliennes, turbines à colères

Les éoliennes, brasseuses de vent ou d'argent

Dans la série « livres dont on cause sans les avoir lus », en voici deux-trois, réquisitoires contre les éoliennes. Qu'en penser ? Pas grand' chose avant de les avoir lus.
S'il est vaguement loisible de survoler un roman, soit feuilleter assez soigneusement, s'attarder un peu sur des passages et émettre un avis (qui peut être neutre, favorable, défavorable), j'estime qu'il est tout à fait « licite » d'évoquer des ouvrages sans les avoir lus, à condition de l'indiquer clairement.
Sur les éoliennes et les diverses centrales ou turbines... quoi ? aquatiques ? je ne connais pas grand' chose. Divers articles dans Ça m'intéresse et ailleurs (quotidiens, hebdomadaires). En général, cela ne fonctionne pas (ou  plutôt plus, cas des prototypes abandonnés sous le niveau de l'eau), ou mal, ou médiocrement, ou passablement, et même bien selon des rapports efficacité, coût d'investissement, entretien, &c. Pas l'idéal, mais soit moindre mal, soit correct, voire mieux que cela.
Si on ne veut plus polluer du tout (et encore...), il faut revenir à la chasse-cueillette. Ne rien produire selon des processus compliqués. Même pas des engins à vapeur fonctionnant au bois avec je ne sais quel dispositif « naturel » permettant de recycler le gaz carbonique. Je lisais le Sapiens de Yuval Harari : l'agriculture a eu certes des retombées positives, mais quel désastre par ailleurs. Eh oui. L'agriculture est une catastrophe durable. Sous pratiquement toutes ses formes. Depuis son aube...
Bon, je ne parle pas de favoriser çà et là la croissance écolo-responsable de champignons...
Que les agriculteurs et éleveurs ne m'en veuillent pas (ni à Yuval Harari) : il est des retombées positives dont nous ne saurions, pas davantage lui que moi-même, nous passer à présent. Ce qui est fait et fait, et si possible, autant détruire et créer le plus raisonnablement possible.
La formule ne s'appliquerait pas aux éoliennes. Ah bon ? 
Or donc, battage autour d'Éoliennes : la face noire de la transition écologique, de Fabien Bouglé, aux éditions du Rocher. Maison intéressante, qui publie entre autres Philippe Lacoche, et sa Mise au vert. Lesquels « puent et polluent » forcément (et je suis bien content qu'il en soit ainsi, en tout cas de la sorte).
Face noire des turbines à vent d'occasion de faire des profits et de semer des illusions. C'est ce qu'énonce la préface (en ligne).
« Pollution, matières premières non recyclables, déchets radioactifs, développement des lignes à haute tension, émissions de CO² (Ndlr – en indice, le 2), atteintes graves à la santé et à la biodiversité, détournement de fonds publics, augmentation du prix de l'électricité, déni de démocratie, destruction d'emplois, fiscalité à tous crins, ONG en conflits d'intérêts, corruption, mafia... ».
Rien que cela. C'est du... 
En veux-tu, en voilà... Je n'ai pas davantage lus Les Mirages des éoliennes (Grégoire Souchay), Éoliennes: chronique d'un naufrage annoncé (Pierre Dumont & Denis de Kergolay), Éolien, une catastrophe silencieuse: coûts, nuisances (...), les chiffres qui font peur (Jean-Louis Butré). Les titres parlent d'eux-mêmes, même si la cata n'est plus si silencieuse : que de vrombissements, que de vrombissements ! (pour paraphraser le maréchal-président MacMahon). Éolien, tu nous tiens, et ton petit doigt ne nous chatouille pas mais s'enfonce dans nos tréfonds.
Je ne sais si ces auteurs, qui se sont soigneusement documentés, munis de références sérieuses, sont ou non stipendiés par le lobby du nucléaire... Il ne s'agit pas là d'une insidieuse supputation. Laquelle pourrait sembler invraisemblable, car le dit lobby semble se trouver des deux côtés de la barrière (EdF et d'autres faisant feu de tout réacteur, tirant profit du solaire, des produits énergétiques de la mer et du vent).
Reste que les opposants au nucléaire rétorquent que de deux maux, il faut choisir le moindre.
Un copain s'était lancé dans la commercialisation d'éoliennes verticales (à pales à diverses orientations), dites individuelles ou encore domestiques. Il a rapidement renoncé.  Il existe aussi des « turboliennes » (genre réacteur d'avion). Dont la fabrication des composants « pue et pollue » aussi, bien évidemment. J'y avais songé un temps. En sus de panneaux solaires, de pompe à chaleur, cela aurait agrémenté un toit ou un jardin, et décoré style Niki de Saint-Phalle, j'aurais eu un truc Calder-like sympa (un poil bruyant, mais pas au point d'embêter les voisins). Sauf que j'ai vendu les ex-parcelles à jardins (style « ouvrier ») accolées, et que les acquéreurs, pour des raisons tout à fait compréhensibles (et même indispensables, madame l'acheteuse se déplaçant en fauteuil roulant) ont fait table rase de la plupart des arbres et de la trop foisonnante végétation. Sans négliger pourtant d'élever quelques poules, d'avoir eu recours à un mouton pour les finitions de désherbage, et leur nouvelle résidence est écolo en diable (je n'ai pas vu de toilettes sèches extérieures, mais ce n'est pas exclu).
On se débrouille donc individuellement et collectivement (ex. : les municipalités qui recyclent des déchets en chaufferies d'immeubles collectifs) comme on peut. En essayant de limiter les effets pervers des bonnes intentions.
Faisant en sorte qu'un médiocre ne soit pas trop ennemi d'un bien trop illusoire, que le « mieux » ne s'avère pas si pire à seconde vue.
Globalement, on tente d'éviter de laisser aller notre nature d'apprentis-sorciers. C'est dans nos gênes. C'est notre, nos cultures, notre, nos civilisations. Peut-être subsiste-t-il des animistes, des Amérindiens, dont les dégâts ne sont pas irréversibles, mais même les aborigènes austraux ont déclenché des catastrophes irréversibles.
Alors, le fardeau de l'humain (féminin inclus), blanc, noir, bistre, c'est l'humain. Fred, secrétaire de rédaction du Pays de Franche-Comté usait de cette expression : « si c'est comme cela, je me suicide avec une saucisse ». Un jésus comtois artisanal, issu d'animaux élevés sur pâtures sans pesticides, bien sûr. C'est déjà mieux. Suffisant ? Pas sûr.
Bon, il doit bien y avoir une manière de brasser du vent moins nuisible que celle exposée, dénoncée par ces ouvrages. Mais laquelle ? Le vingt-et-unième siècle sera sans doute moins spirituel que perplexe. Pépère, certes pas : aucun ne le fut, semble-t-il. Aucun ne le sera. Désolé, Greta... 

   

lundi 30 septembre 2019

Brexit : l’opposition en appellerait à HM The Queen

Elizabeth the Second, please sack The Bojo

Votre Majesté, Reine, par la grâce de Dieu, du Royaume uni, &c., souveraine du Consortionis Populorum, tenante de la Foi, &c., par cette humble requête nous vous prions de virer Boris Johnson…
Ce serait une Humble Adress que l’opposition britannique présenterait à Sa Majesté Elizabeth, au plus tard le 19 octobre au soir, afin de solliciter que « son » Premier ministre, d’une publie tous les documents gouvernementaux sur le Brexit, de deux, se plie à la décision du parlement de solliciter de l’Union européenne un report de la date de sortie, et à défaut, présente sa lettre de démission.
L’opposition ne s’est pas accordée sur l’opportunité de déclencher une motion de confiance (ou plutôt défiance) qui ferait le jeu de Boris Johnson. Elle était sûre de l’emporter, les conservateurs et les unionistes nord-irlandais étant devenus minoritaires. Mais la suite pouvait permettre à Boris Johnson de placer le Royaume-Uni sur un siège éjectable.
L’idée serait d’obtenir en temps utile la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale (sans les conservateurs fidèles au 10, Downing Street et leurs alliés). Mais ni trop tôt, ni trop tard, et la marge est plus qu’étroite.
Boris Johnson est présent à la conférence des conservateurs, leur grand raout annuel, et même s’il ne prendra la parole que mercredi, on sait déjà ce qu’il martèlera. Strictement la même promesse que celle proclamée par le chancelier Sajid Javid à la tribune : avec ou sans accord, le Royaume-Uni prendra la tangente la veille de la Toussaint, lors d’Halloween.
On ne sait cependant s’il emboîtera ou non le pas à Donald Trump qui qualifie ses opposants de « traitres » et « félons » (dont tous ceux ayant divulgué le rapport d’un lanceur d’alerte pouvant conduire à une procédure de destitution). Si c’était le cas, il s’abstiendrait, lui, de clamer qu’il faut les passer par les armes… Downing Street laisse filtrer que les dissidents conservateurs auraient reçu l’appui de la diplomatie française pour élaborer le texte de la loi obligeant Johnson à solliciter un report de l’application de l’article 50. De fourbes agents de l'étranger. La ficelle est un peu grosse.
S’il n’est pas arrivé là où il est par la « volonté du peuple », le Bojo n’en sortirait que par la force des baïonnettes, ou, cas improbable, selon ses dires prévisibles, par celle d’un édit royal infligé à Sa Majesté lui enjoignant, contrainte et forcée, de se vouer au martyre.
De toute façon, après que Marc Francois, député conservateur, ait surchauffé la salle, sous d’unanimes applaudissements (les conservateurs opposés au Bojo ont préféré s’abstenir de venir), par ses propos enflammés, impossible de calmer le jeu. « Je vais rester moi-même, je n’ai pas le choix », a confié Bojo à des conservateurs écossais en coulisses. Pour lui, tergiverser serait « capituler ». Il l’avait pourtant envisagé quand il espérait que le référendum échouerait à donner le feu vert à un Brexit qu’il estimait alors catastrophique… Mais bon…
Mark Francois est un « Spartiate », membre du clan des conservateurs jusqu’au-boutistes eurosceptiques. Même si le Bojo revenait de Bruxelles avec un pré-accord provisoire incluant un report de la date de sortie, il voterait contre. Mais, bien sûr, c'est inimaginable. Boris! Boris! Boris! Tous les maillots, mugs, colifichets en vente dans le hall sont au nom ou à l'effigie du Bojo.
Pour vous donner une idée de l’ambiance : des protestataires pro-UE crachaient à la figure des délégués conservateurs se rendant à la salle de la conférence. Les conservateurs dissidents auraient risqué le même traitement à l’intérieur.
Histoire de rassurer l’opinion, le gouvernement a fait fuiter un document « sensible » émanant du plus capé des hauts fonctionnaires de l’administration, sir Mark Sedwill. C’est un ramassis de lieux communs, un globi-glouba exposant qu’il ne manque pas un bouton aux guêtres des fonctionnaires œuvrant dans la perspective voulue par Boris Johnson. « Nous continuons à préparer un no deal ». Le Daily Express (pro-Brexit) en fait tout un foin. De même, il est fait état d’un préliminaire d’accord négocié de réciprocité entre la Norvège et le Royaume-Uni quant aux droits de pêche dans leurs eaux territoriales respectives. On y croit très fort.
John Bercow, le Speaker des Commons, conservateur désavoué et démissionnaire au 31 octobre, accrédite l’idée que les « Spartiates » et affidés sont stipendiés par des spéculateurs misant contre la livre sterling et pour une poussée inflationniste (voir précédents articles). Il souhaiterait une commission d’enquête parlementaire.
Bref, c’est chaud bouillant. À un mois de l’échéance. En fait, ce que semblent espérer le Bojo et son bunker, ce serait soit que l’un des 27 oppose son veto à la perspective d’un report, soit qu’il soit dit qu’en dépit des formidables et incessants efforts de leur part, l’Union européenne a poussé le Royaume-Uni vers la sortie… faute d’avoir obtenu que Britannia reste soumise à sa « dictature ».
Mais le vent a tourné. Un sondage Ipsos-Evening Standard laisse penser que seulement un électeur sur huit pense à présent que les conservateurs remporteront des élections. Bojo est devenu moins populaire que Theresa May. Mais il devance encore nettement le travailliste Jeremy Johnson dans les intentions de vote.
Boris Johnson continue à laisser entendre que si Michel Barnier reste inflexible, il saura le contourner en prenant langue avec des chefs d’États plus complaisants, plus ouverts à soupeser ses énigmatiques initiatives. L’Irlandais Leo Varadkar et Angela Merkel seraient « flexibles ». S’ils ne l’étaient pas, le Bojo pourrait réclamer les pleins pouvoirs, l’état d’urgence, au titre du Civil Contingencies Act (ce afin d’éviter rien de moins que des émeutes, voire une guerre civile). L’opposition porterait alors l’affaire en justice…
En fait, sauf sidérante surprise, Boris Johnson pourrait plaider sur le mode yaka-fokon qu'il suffirait de créer des sortes de plates-formes de dédouanement (ou on ne sait quoi pour ne pas parler de postes des douanes) ça et là, de part et d'autre de l'ex-frontière entre la république d'Irlande et l'Irlande du Nord, en retrait. Genre à dix, quinze ou vingt kilomètres en-deçà ou au-delà. Parfait, monter de telles structures en moins d'un mois avant le 31 octobre, fastoche... Mais en attendant qu'elles prennent forme, où se situerait la frontière, réellement ? Au milieu de la mer d'Irlande ? Ce que les unionistes du DUP se refusent d'envisager ? Si ces douanes sous autre appellation étaient la solution-miracle, en trois ans de négociations plutôt intenses, on aurait pu y songer. En fait, cet habillage a déjà été écarté.
De ce côté-ci, le problème des 27 est le suivant… Ils s’attendent à ce que le Bojo (se) la joue au kamikaze (l’expression, selon The Independent, aurait été employée par un diplomate européen à Bruxelles), ne propose que des solutions inacceptables ou du vent destiné à ne pas s’aliéner ses partisans. Mais ils ne savent pas ce qu’il faut attendre ou présumer de l’attitude d’une opposition divisée sur les finalités d’un éventuel accord. Ou sur l’opportunité d’organiser un second référendum… Lassant.

Les Cinquante nuances de gras d’Éric Boschman

Au cul des casseroles, et autres culbutes…

C’est toujours un exercice périlleux de présenter un livre qu’on n’a pas lu. Dont pratiquement personne ne parle (déjà). Drôle de cuisine, trop peu d’ingrédients à concocter, pas grand’ chose à lier. Tentative avec ces Cinquante nuances de gras d’Éric Boschman (éds Racine).
Un soir, l’écrivain et essayiste Alain (Georges) Leduc se pointe avec un tout petit bouquin : Mieux vaut boire du rouge que broyer du noir, de Benoist Rey. Couverture de l’ami Siné, dédicace se terminant par « amitiés libertaires ». C’est aux Éditions libertaires. L’auteur, restaurateur autodidacte grand amateur de ripailles inventives, gargantuesques, remercie Siné, Joseph Delteil, Roland Topor, et Sylvie Augereau pour son Soif d’aujourd’hui — la compil des vins au naturel. Bref, un humoriste et soiffard peu porté sur le Coca-Cola™®. Vous verrez qu’il y a un rapport pas si subreptice avec Boschman et ses Cinquante nuances de gras (178 pages, 25 euros) qui sortiront à la mi-novembre prochaine (précommande sur le site racine.be).
J’avais aussi fort apprécié le Jean-Pierre Duplan, Jiji (Jean-Jacques) Tachdjian et alii, Les Nouvelles Légendes improbables du Nord et du Pas-de-Calais. J’ignorais qu’il y avait eu récidives avec celles de Roubaix et de Bruxelles (toujours « abondamment illustrées ». Ma faute, ma très grande faute… Parfois, Tachdjian me file ses œuvres en amical service de presse, parfois, je lui en commande et il m’arrive d’oublier de le régler (aparté : comme quoi, je n’ai pas oublié, Jiji ; si tu as encore un exemplaire des deux autres, je te fais un chèque global avant l’envoi, arriéré inclus).
Wallonie-Bruxelles, comme l’entité administrative et la librairie parisienne très proche de Beaubourg. Or, je le découvre, Éric Boschman est belge.
Et je suis sûr d’avance qu’entre Rey, Boschman, la bande à Jiji, voire même Alain (Georges) Leduc, autre « nordiste », il doit y avoir comme des affinités. La bouffe, ces dames… entre autres. J’ajouterais bien le Picard Philippe Lacoche, histoire de former un quintet élargi. Sa Mise au vert (éds du Rocher, nominée pour le prix Interallié) est aussi une mise à table, une pause de coude sur les comptoirs. Et je signale au passage que Benoist Rey est un Axonais d’adoption (Mérilocien, pour être précis). Ah, gent du Nord…
Au départ, je tombe sur la couverture du Boschman sous-titré « Cuisiner, c’est forcément aimer ». Je crois à un gag graphique comme il en circule tant. Que nenni.
Or donc, Boschman fut meilleur sommelier de Belgique, reste cuisinier et amateur d’accortes et prévenantes gentes demoiselles et dames. Dürer campait Le Cuisinier et sa femme, Boschman si j’en crois le prière d’insérer, livre, outre ses 50 recettes de cuisine, 50 autres histoires d’amour. Tout se lirait à deux mains, « y compris dans les transports en commun ». Précédemment, l’auteur à commis deux Le Goût des Belges, un Almanach insolite et gourmand de Wallonie, La Belle – Sandrine Dans, co-auteure – et (zut, oublié la suite), La Cuisine des Boschman (père et frère ; ouf, il ne s’agit pas de Madame Boschman, épouse Éric), Vins d’artisans en Wallonie (avec Marc Vanel). Wallonie élargie peut-être aux deux Ardennes (en tout cas, la septentrionale produit un pinot blanc au Domaine de la Bergerie d’Acremont).
Il fait aussi son saltimbanque en ouonewouanechaud (One Wine Schow), paraît-il. Dans L’Âge de bière (vers Liège, à Ofivat, le 5 octobre prochain). La Peak Brasserie sera de la partie.
M’est avis que cet ouvrage sera doublement roboratif. Coq au vin et saucisson d’âne ? Simple association d’idées : les éditions du Coq à l’âne des Rémois Éric Poindron et Sandra Rota faisaient aussi dans la gastronomie régionale. De quoi attendre agréablement de devoir gougnotter (euh, non, impropre, c’est à un régionalisme, gnouniouter, synonyme de boulotter, que je songeais) les pissenlits par la racine.
On en roterait d’aise à l’avance. Avec la tête pressée (plat de terroir) sans se la prendre.