jeudi 10 octobre 2019

Se passer des voitures ? Oui, reste le triporteur

Péniche, télétravail, et triporteur... Impossible pour tous.

L'ami Olivier Chaumelle, de France Culture, prépare une série que quatre émissions sur les bagnoles... Petite contribution à partir d'exemples récents.
Et ça, c'est de la bagnole...
Débats récurrents... Pour LSD, « La Série documentaire », de France Culture, Olivier Chaumelle a recherché des témoignages sur le rapport des gens avec les bagnoles. Le premier volet portera sur l'apprentissage de la conduite (bon, pourquoi pas ?), le second sur l'opposition liberté ou conditionnement (pour résumer), suivi d'un autre « cylindrée-virilité », et le quatrième, que je vais aborder : « et si on s'en passait ? ».
Bon, il est sûr qu'il est plus facile de réparer des patins à roulettes ou un vélo qu'une automobile, mais après tout, les, des fadas de patins ou de bicyclettes peuvent fort bien — même si je n'ai pas d'exemple précis —  se retrouver dépendants et frustrés de ne pouvoir enrichir leur collection ou de ne pas acquérir le nec plus ultra en la matière. Aliénés, quoi, mais cela leur reviendra moins cher qu'aux frères Schlumpf  (la collection Schlumpf forme l'essentiel du fonds du musée de l'automobile de Mulhouse).
Perso, j'ai du poil aux pattes, mais je me sentirai aussi macho au volant d'une Messerschmitt tricycle biplace, d'une Panhard Dyna, d'une Traband que derrière celui d'une Ferrari. Pour le moment, je me contente à l'occasion d'une Peugeot 309 Chorus, une mémère conduite pépère. De toute façon, en « avoir sous le capot » pour rouler à 30 dans le moindre bled dont le conseil municipal à investi dans des gendarmes assis, ralentisseurs et passages rétrécis à une seule voie presque tous les 70-100 mètres, puis se traîner à 80 jusqu'au prochain rond-point, fort peu distant du suivant... La France n'est pas l'Allemagne (160 de nuit en 3,5 t, c'est assez jouissif, j'admets... sur un long parcours Autriche-Belgique, par exemple). Une bonne moto 450 ㎤ suffit largement pour d'assez longs trajets. 
Mais c'est sûr qu'à Paris, par exemple, surtout alors que la location d'un emplacement de stationnement revient à présent à 180 euros mensuels (par 13 ? ou est-ce que la taxe annuelle a été supprimée ?), en louant à l'occasion un véhicule à des particuliers, on se passe très bien de voiture...
Sinon, être retraité, télétravailleur, loger sur une péniche, et pouvoir embarquer (et débarquer presque partout) un triporteur, comme celui de Darry Cowl (dans le film de Jacques Pinoteau en 1957), c'est envisageable... À condition que tout le monde n'ait pas la même idée : l'anneau se ferait rare et cher.
Galère(s)
Je fréquente relativement souvent Fargniers (Aisne). Certes, subsistent une épicerie et un Franprix à Tergnier, tout proche... Mais pour tout le reste, il faut pousser jusqu'à l'un ou l'autre des centres commerciaux ou à Chauny. Sept-huit kilomètres, que l'on peut faire en bus... Lequel suit un parcours quelque peu plus long (comptez une demi-heure entre les deux localités, et selon les heures, parfois une d'attente).
De là, je devais me rendre à Reims... Et loger à Tinqueux (l'une des banlieues rémoises). Consultation du site SNCF. Un ami motorisé me dépose à Laon. Où je constate que le train que je comptais emprunter était remplacé par un bus. Longuet, le trajet.
Pour le retour, j'avais deux options...
Rentrer à Paris, revenir à Fargniers.
Nouvelle consultation du site SNCF... Chance un Reims-Paris pas cher... Sauf que je n'ai pas vu à temps qu'il partait non de Reims-gare mais de Bezannes-gare-TGV. Conduit à la gare de Reims par une amie motorisée, je n'arrive pas suffisamment à temps pour rejoindre Bezannes (à une minute près). Retour à Reims-gare où... miracle, un TER pour Laon s'affiche...
Reims-Tergnier avait été l'option abandonnée d'emblée. Des tarifs supérieurs à 50 euros, deux-trois correspondances, des parcours intermédiaires en autocar... Là, avec ma carte de réduction, j'ai réglé à peine plus de cinq euros pour rejoindre Laon.
De là à Tergnier-Fargniers, l'auto-stop s'imposait... L'ami du trajet aller m'a finalement récupéré...
J'ai quelques loisirs, et pour rejoindre Tergnier depuis Paris, voici quelques semaines que je m'y rends les jeudis ou vendredis pour revenir les lundis. 
Car, en raison de travaux de réfection de voies, le trafic ferroviaire vers Saint-Quentin se terminait à Creil en fins de semaines... Ensuite, des heures d'autocar. Galère, et impossible d'envisager un aller-retour les samedis ou les dimanches. Là, les travaux sont terminés, semble-t-il, finies ces galères.
Cela étant, pour un voyage occasionnel, mettons, en famille ou avec des amis, ce n'est pas tout à fait donné, de prendre le train... Autant emprunter, louer à un particulier (car, pour le co-voiturage... ce n'est pas tout à fait évident).
Ailleurs, idem...
Je n'ai pas cherché à creuser les possibilité de me rendre à Montjean (Maine-&-Loire) depuis Paris en combinant train (arrêt à Angers, correspondance pour Champtocé, puis...). Bref, des amis Montjeannais de Mauges-sur-Loire viennent me chercher, en voiture, à Angers, ou Champtocé, et me reconduisent à l'une de ces gares...
Mais en tout cas, le site Destinéo (autocars d'Anjou-Vendée-Mayenne) me signale à l'instant (peu avant 19 heures) que le moyen de locomotion idoine pour relier les deux communes est le vélo... Sauf que : « aucune station de vélo en libre-service à proximité ». Et il n'y a pas de voie cyclable aménagée. Et pas d'offre de co-voiturage non plus...
Bref, on peut se passer de voiture... à condition de pouvoir utiliser celle(s) de, des autre(s). 
J'étais, jusqu'au siècle dernier, un auto-stoppeur très aguerri (voire émérite : Europe, Amérique-du-Nord, Moyen-Orient, Afrique-du-Nord, un peu d'Afrique...), puis de moins en moins pratiquant... Encore que... Les Moutiers-en-Retz—Pornic et retour via La Bernerie, fastoche. Amplement vérifié voici peu.
Mais l'extension urbaine, le rabattage systématique du trafic vers les autoroutes, partout en Europe, rendent ce moyen de transport de moins en moins envisageable, même en maîtrisant toutes les astuces (ex. voyager de nuit, étudier le trajet à l'avance, avec Google Maps, mode Street View inclus).
Oubliez... Et munissez-vous d'un parapluie de golf : l'automobiliste prêt à embarquer un passager trempé s'est fait·e plus rare...
Cependant, cependant, oui, on peut se passer d'une automobile, mais pas partout...
Tout dépend...
Tout dépend de la localité, de sa taille, de sa proximité avec des villes quelque peu plus importantes. Rétrospectivement, je peux imaginer que j'aurais pu me passer de voiture à Belfort, et qu'aujourd'hui encore... Il reste nombre de commerces de proximité à Belfort, c'est l'une des composantes d'une aire urbaine, les transports en commun sont développés.
Autre exemple, Vitré. À mi-chemin entre deux préfectures (Laval, Rennes), dotée d'une gare où s'arrêtent quelques TGV, nombre de TER, et pas du tout dévitalisée.  Petites villes ou villes moyennes peuvent permettre de se passer de véhicule à quatre roues. Enfin, si vous êtes valide, encore en âge de grimper sur un vélo, un scooter deux-trois roues. 
La taille critique ne suffit pas, il faut aussi que d'autres conditions soient réunies. Individuelles (un relationnel suffisant) et collectives (associatives, collectivités territoriales dynamiques et dotées de ressources idoines).
Cela étant, une voiture « de collection » (assurance à tarif réduit), tant qu'elle ne se verra pas interdite de circulation car trop polluante, genre Renault 4L (nostalgie de ma trois vitesses du début des années 1960), plus un vélo, et mieux, un triporteur, c'est quand même mieux. Si vous pouvez garer gratis les rares fois où vous prenez le volant.
Ou alors, redevenir anachorète en autarcie. Totalement auto-suffisant. Genre père de Foucault en désert forestier (défrichage pour le potager, champignons, braconnage... ru pas trop loin).
Je ne sais si Chaumelle (dit autrefois « Chauvier ») lira cela... S'il arrivera à joindre un ermite de notre temps, si Anouar (un voisin parisien qui vit surtout de récup', muni d'un vélocipède triporteur) passera à l'antenne de France Culture.
Ce que je sais, c'est que si j'élisais domicile à Fargniers (à je-ne-sais-qui ne plaise), j'endosserai un gilet jaune et que j'occuperai un rond-point (ayant engraissé le DDE et tant d'autres). Cela étant, j'irai à pied au giratoire le plus proche à être occupé... Je tenterai d'expliquer que ce n'était pas besoin de s'endetter pour acheter un SUV et venir occuper un rond-point à 500 m de chez soi... Mais cela, c'est peut-être un cliché. De bohème fort peu bourgeois débarqué de Paris (et d'ailleurs, d'autres capitales, d'autres villes, pour résumer). Avant de pérorer sur la nécessité de se passer de voitures, j'écouterai. Les intervenants des émissions d'Olivier Chaumelle et les autres.   






     

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire