mardi 8 octobre 2019

Brexit : l'ultimatum de Boris Johnson au continent

Mais pourquoi donc encore attendre la Toussaint ?

Breaking News : Boris and Varadkar to hold critical Brexit summit... (Johnson et Leo vont se concerter...). Et si cela échouait, le Bojo promet une guerre de cent ans entre l'Angleterre et le continent.
Rectificatif : même si la concertation « de la dernière chance » entre les Premiers ministres britannique et irlandais n'accouchait de rien de sérieux, l'échec ne déclencherait pas les hostilités promises. D'une part, Boris Johnson feint de rassembler le Royaume-Désuni derrière lui, d'autre part il ne s'agirait pas de cent mais de seulement dix ans, et le déclencheur du conflit ne serait pas une sortie sans accord, mais une sortie différée, nuance. 
Sauf que, bien évidemment, même si l'Union européenne accédait au souhait de la majorité parlementaire d'obtenir un report de la date d'application du Brexit, rien n'empêcherait Boris Johnson vraiment (sauf arrêt d'une cour l'expédiant en prison) d'appliquer l'article 50 unilatéralement. Et nonobstant, il faudrait que ce qu'il reste des conservateurs, redevenus majoritaires au Parlement, accorde un nouveau mandat au Bojo afin qu'il puisse tenter d'appliquer sa menace. Fortes paroles. "Bad blood between the UK and EU" pour au moins une décennie. Paroles en l'air. De quel Royaume-Uni parle-t-il encore ? 
Depuis son accession à Downing Street, le Bojo a rassuré. Il est l'homme de la situation pour faire fléchir Angela Merkel, Leo Varadkar, et divers chefs d'État. Il tend la main à l'Union européenne, mais si celle-ci la refuse, ce sera la claque. Michel Barnier, Donald Tusk ? Rabattez-en, moi, Bojo, je ne parle qu'aux grandes personnes.
Mais la conversation téléphonique de ce matin avec la chancelière allemande aurait fait monter la tension artérielle du Bojo d'un cran. Angela Merkel lui aurait signifié que non seulement il n'était pas question de fléchir quant aux dispositions, légèrement aménagées ou non, de l'accord avorté précédent (le plan May, pour résumer), portant sur l'Irlande, mais que, de plus, la Grande-Bretagne devra se conformer aux règlements douaniers européens jusqu'à nouvel ordre.
Les Brexiters sont réactifs. Ils ont aussitôt diffusé un visuel de Merkel bras levé (à la hitlérienne) légendé ainsi : on n'a pas remporté deux guerres mondiales pour se faire pousser dans les orties par une Boche (a Kraut). Élégant.
Tout le monde se renvoie la balle : si aucun accord n'intervient, ce sera la faute de l'autre partie. Si une pénurie de rouleaux de papier de toilette oblige les Britanniques à s'essuyer le postérieur par d'autres moyens, ce sera la faute du continent (ce à quoi ce dernier n'a pas répliqué que le Royaume ne pourra s'en prendre qu'à lui-même). Dérisoire ? Non, Jonathan Edwards, député du Plaid Cymru (Pays de Galles) a soulevé cette question cruciale au Parlement et un ministre, Simon Hart, lui a répondu qu'il ne manquerait pas une seule feuille dans les lieux d'aisance publics ou privés. Le pécu sera au nombre des priorités. Nul besoin de tracer Leave ou Remain sur les murs d'un doigt breneux.
Jonathan Edwards n'en a pas moins conclu qu'il n'avait obtenu aucune garantie sérieuse quant à la disponibilité de rouleaux en nombre suffisant.
Une solution serait de recourir aux lingettes pour le premier âge. Alas... La presse britannique fait régulièrement état d'engorgements de monstrueux amas graisseux bouchant les égouts ; remède pire que le mal.
Boris Johnson promet de se faire le ventilateur qui aspergera Bruxelles et Strasbourg de résidus. Encore lui faudra-t-il curer et récupérer les munitions. Dresden again. Submergée cette fois de lingettes souillées. Larguées depuis des dirigeables et des planeurs ?
Je sais. Nous touchons les bas-fonds. Mais cette métaphore (mot depuis expurgé des discours du Bojo car incompris de ses adulateurs) m'apparaît idoine.
Et pourquoi donc attendre Halloween ou la Toussaint ?
La presse britannique pro-Brexit (Standard, Sun, Express, Mail...) se gargarise d'un sondage selon lequel une majorité d'électeurs approuvent Boris Johnson. L'Express s'est même offert une consultation en ligne. Boris a-t-il raison de menacer l'Union européenne. Oui à 90 %, et aucun « ne sait pas ». Crédible.
Voyez la page d'accueil de l'Express. Les unionistes nord-irlandais proclament que le voisin, la République d'Irlande, veut ruiner les efforts britanniques. Dans ce cas, pourquoi donc une rencontre Johnson-Varadkar ?
Cela après que David Sassoli (le président du Parlement européen), reçu ce soir à Downing Street ait constaté qu'aucun progrès ne semble envisageable... David Sassoli a retenu l'impression que le Bojo s'était comporté comme un animateur de débats télévisés. Il ne voit que deux perspectives : report de l'application de l'article 50 ou sortie sans accord. Mais pourquoi reculer si le Bojo veut mieux sauter ? Ce dans le très aléatoire espoir de remporter des élections, avec ou sans le soutien implicite du Brexit Party de Farage.
Ce que dit Sassoli se résume ainsi : le Bojo ne propose que du vent, des solutions ne pouvant pas s'appliquer avant longtemps, voire jamais. Dans ces conditions... Sur le papier comme dans le réel, cela ne fait pas un pli... Le PQ hygiénique se décline en deux ou trois. Et avec le réchauffement climatique, les oysons bien dumetés (duvetés) de Rabelais se font rares.









   

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