Elizabeth the Second, please sack The Bojo
Votre Majesté, Reine, par la grâce
de Dieu, du Royaume uni, &c., souveraine du Consortionis Populorum, tenante
de la Foi, &c., par cette humble requête nous vous prions de virer Boris
Johnson…
Ce serait une Humble Adress que l’opposition
britannique présenterait à Sa Majesté Elizabeth, au plus tard le 19 octobre au
soir, afin de solliciter que « son » Premier ministre, d’une publie
tous les documents gouvernementaux sur le Brexit, de deux, se plie à la
décision du parlement de solliciter de l’Union européenne un report de la date
de sortie, et à défaut, présente sa lettre de démission.
L’opposition ne s’est pas accordée
sur l’opportunité de déclencher une motion de confiance (ou plutôt défiance)
qui ferait le jeu de Boris Johnson. Elle était sûre de l’emporter, les
conservateurs et les unionistes nord-irlandais étant devenus minoritaires. Mais
la suite pouvait permettre à Boris Johnson de placer le Royaume-Uni sur un
siège éjectable.
L’idée serait d’obtenir en temps utile
la formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale (sans les
conservateurs fidèles au 10, Downing Street et leurs alliés). Mais ni trop tôt,
ni trop tard, et la marge est plus qu’étroite.
Boris Johnson est présent à la
conférence des conservateurs, leur grand raout annuel, et même s’il ne prendra
la parole que mercredi, on sait déjà ce qu’il martèlera. Strictement la même promesse
que celle proclamée par le chancelier Sajid Javid à la tribune : avec ou sans
accord, le Royaume-Uni prendra la tangente la veille de la Toussaint, lors d’Halloween.
On ne sait cependant s’il emboîtera
ou non le pas à Donald Trump qui qualifie ses opposants de « traitres »
et « félons » (dont tous ceux ayant divulgué le rapport d’un
lanceur d’alerte pouvant conduire à une procédure de destitution). Si c’était
le cas, il s’abstiendrait, lui, de clamer qu’il faut les passer par les armes…
Downing Street laisse filtrer que les dissidents conservateurs auraient reçu l’appui
de la diplomatie française pour élaborer le texte de la loi obligeant Johnson à
solliciter un report de l’application de l’article 50. De fourbes agents de l'étranger. La ficelle est un
peu grosse.
S’il n’est pas arrivé là où il est
par la « volonté du peuple », le Bojo n’en sortirait que par la force des
baïonnettes, ou, cas improbable, selon ses dires prévisibles, par celle d’un édit
royal infligé à Sa Majesté lui enjoignant, contrainte et forcée, de se vouer au
martyre.
De toute façon, après que Marc
Francois, député conservateur, ait surchauffé la salle, sous d’unanimes
applaudissements (les conservateurs opposés au Bojo ont préféré s’abstenir de
venir), par ses propos enflammés, impossible de calmer le jeu. « Je
vais rester moi-même, je n’ai pas le choix », a confié Bojo à des
conservateurs écossais en coulisses. Pour lui, tergiverser serait « capituler ».
Il l’avait pourtant envisagé quand il espérait que le référendum échouerait à
donner le feu vert à un Brexit qu’il estimait alors catastrophique… Mais bon…
Mark Francois est un « Spartiate »,
membre du clan des conservateurs jusqu’au-boutistes eurosceptiques. Même si le
Bojo revenait de Bruxelles avec un pré-accord provisoire incluant un report de
la date de sortie, il voterait contre. Mais, bien sûr, c'est inimaginable. Boris! Boris! Boris! Tous les maillots, mugs, colifichets en vente dans le hall sont au nom ou à l'effigie du Bojo.
Pour vous donner une idée de l’ambiance :
des protestataires pro-UE crachaient à la figure des délégués conservateurs se
rendant à la salle de la conférence. Les conservateurs dissidents auraient
risqué le même traitement à l’intérieur.
Histoire de rassurer l’opinion, le
gouvernement a fait fuiter un document « sensible » émanant du
plus capé des hauts fonctionnaires de l’administration, sir Mark Sedwill. C’est
un ramassis de lieux communs, un globi-glouba exposant qu’il ne manque pas un bouton aux guêtres
des fonctionnaires œuvrant dans la perspective voulue par Boris Johnson. « Nous
continuons à préparer un no deal ». Le Daily Express
(pro-Brexit) en fait tout un foin. De même, il est fait état d’un préliminaire
d’accord négocié de réciprocité entre la Norvège et le Royaume-Uni quant aux
droits de pêche dans leurs eaux territoriales respectives. On y croit très
fort.
John Bercow, le Speaker des
Commons, conservateur désavoué et démissionnaire au 31 octobre, accrédite l’idée
que les « Spartiates » et affidés sont stipendiés par des spéculateurs
misant contre la livre sterling et pour une poussée inflationniste (voir précédents articles). Il souhaiterait une commission d’enquête parlementaire.
Bref, c’est chaud bouillant. À un
mois de l’échéance. En fait, ce que semblent espérer le Bojo et son bunker, ce
serait soit que l’un des 27 oppose son veto à la perspective d’un report, soit
qu’il soit dit qu’en dépit des formidables et incessants efforts de leur part, l’Union
européenne a poussé le Royaume-Uni vers la sortie… faute d’avoir obtenu que Britannia
reste soumise à sa « dictature ».
Mais le vent a tourné. Un sondage
Ipsos-Evening Standard laisse penser que seulement un électeur sur huit
pense à présent que les conservateurs remporteront des élections. Bojo est
devenu moins populaire que Theresa May. Mais il devance encore nettement le
travailliste Jeremy Johnson dans les intentions de vote.
Boris Johnson continue à laisser
entendre que si Michel Barnier reste inflexible, il saura le contourner en prenant
langue avec des chefs d’États plus complaisants, plus ouverts à soupeser ses
énigmatiques initiatives. L’Irlandais Leo Varadkar et Angela Merkel seraient « flexibles ».
S’ils ne l’étaient pas, le Bojo pourrait réclamer les pleins pouvoirs, l’état d’urgence,
au titre du Civil Contingencies Act (ce afin d’éviter rien de moins que des
émeutes, voire une guerre civile). L’opposition porterait alors l’affaire en
justice…
En fait, sauf sidérante surprise, Boris Johnson pourrait plaider sur le mode yaka-fokon qu'il suffirait de créer des sortes de plates-formes de dédouanement (ou on ne sait quoi pour ne pas parler de postes des douanes) ça et là, de part et d'autre de l'ex-frontière entre la république d'Irlande et l'Irlande du Nord, en retrait. Genre à dix, quinze ou vingt kilomètres en-deçà ou au-delà. Parfait, monter de telles structures en moins d'un mois avant le 31 octobre, fastoche... Mais en attendant qu'elles prennent forme, où se situerait la frontière, réellement ? Au milieu de la mer d'Irlande ? Ce que les unionistes du DUP se refusent d'envisager ? Si ces douanes sous autre appellation étaient la solution-miracle, en trois ans de négociations plutôt intenses, on aurait pu y songer. En fait, cet habillage a déjà été écarté.
En fait, sauf sidérante surprise, Boris Johnson pourrait plaider sur le mode yaka-fokon qu'il suffirait de créer des sortes de plates-formes de dédouanement (ou on ne sait quoi pour ne pas parler de postes des douanes) ça et là, de part et d'autre de l'ex-frontière entre la république d'Irlande et l'Irlande du Nord, en retrait. Genre à dix, quinze ou vingt kilomètres en-deçà ou au-delà. Parfait, monter de telles structures en moins d'un mois avant le 31 octobre, fastoche... Mais en attendant qu'elles prennent forme, où se situerait la frontière, réellement ? Au milieu de la mer d'Irlande ? Ce que les unionistes du DUP se refusent d'envisager ? Si ces douanes sous autre appellation étaient la solution-miracle, en trois ans de négociations plutôt intenses, on aurait pu y songer. En fait, cet habillage a déjà été écarté.
De ce côté-ci, le problème des 27
est le suivant… Ils s’attendent à ce que le Bojo (se) la joue au kamikaze (l’expression,
selon The Independent, aurait été employée par un diplomate européen à
Bruxelles), ne propose que des solutions inacceptables ou du vent destiné à ne
pas s’aliéner ses partisans. Mais ils ne savent pas ce qu’il faut attendre ou
présumer de l’attitude d’une opposition divisée sur les finalités d’un éventuel
accord. Ou sur l’opportunité d’organiser un second référendum… Lassant.
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