Rien que pour embêter les parents
Juste histoire de
me procurer quelques éphémères secondes de notoriété (sans commentaires incendiaires
pas de visibilité), je partage cette capture d’écran d’une famille étasunienne
idéale. C’est l’idéal de la famille française traditionnelle, celle de Frigide
Barjeot et consorts. Oui, mais, les lendemains sont incertains.
Voici un bon moment que je m’étonne que la saga de la famille d’Olivier Duhamel ne remette pas au goût du jour celle de la famille de Villiers. Je me m’étends pas, vous saurez retrouver. Laurent et Guillaume de Villiers auraient quelques différends. Comme quoi, avec un nom connu, on fait parler de soi.
Le mien étant
totalement inintéressant pour toute maison d’édition, je vais répandre mon fiel
et ma bile tout à fait gratuitement. En vain, j’espère, car je n’ai nulle envie
de vous gaver avec mes tribulations nombreuses, variées, cocasses, ridicules (et
autres), et parfois même tarazimboumantes. Et puis, je suis aussi #metoo-blasblasblas comme une ou un autre (au pluriel, le blablabla, mais un trauma chassant l'autre, on ne se focalise plus). Au train où vont les choses, la littérature française n'évoquera plus que les curistes confis d'ennui se ressassant leurs bobos pour tuer le temps. Ce n'est pas que je dénie toute qualité à la littérature du nombril. J'ai beaucoup de respect pour les auteurs de Poil de carotte et d'autres récits (et j'éprouvais même de l'affection pour feu celui d'Allons-enfants). Aucune animosité ne m'anime.
N’empêche que lorsque
j’ai visualisé cette photo de famille sur gab.com (repère de trumpistes, de
culs-bénits, et autres que vous saurez qualifier si vous allez consulter les
publications de ce site), m’est venue une étrange prémonition.
Trois fillettes
armées, dont j’espère qu’elles ne vont pas s’entretuer, par inadvertance, ou
quelconque autre raison. J’exagère bien sûr, mais je vois, dans quelques
années, deux lesbiennes (grand bien leur fasse si tel est leur bon plaisir) et
une transgenre. Rien que pour embêter leurs parents.
Enfin, au moins
pour un temps. Un ami qui enseigna en école d’art à l’est de Paris me remarquait
qu’en première année, l’homosexualité était tendance, ne serait-ce que pour se
démarquer. Depuis, j’ai constaté qu’à l’ouest, il en était de même. Cela dure...
un certain temps. Le temps de faire en sorte que défriser les certitudes des
parents leur fasse accélérer le blanchiment de leurs cheveux. D'accord, c'est plus complexe, et je m'en voudrais de faire de deux-trois cas dont j'ai pu avoir connaissance des généralités. Il se peut fort bien d'ailleurs que ces trois fillettes s'accommoderont convenablement des valeurs (ou préjugés) de leurs parents et vivront des existences heureuses, sans grands tourments. Grand bien leur fasse. Il ne s'agit visiblement pas d'enfants-soldats, ma tête reste sur mes épaules en un seul morceau. Les « libéraux » étasuniens en ont vu et entendu d'autres.
Attention, je ne
soutiens pas que les orientations charnelles ou autres des jeunes gens d’à
présent, ne soient que prétences: tout dépend des individus. Elles et ils
furent précédé·e·s d’autres se sentant peu mâles ou femelles, ou je ne sais
quoi qui les regardaient : qui sommes-nous pour décréter ce qui convient à d’autres
? Du moment qu'il s'agit de véritables choix, non imposés, réfléchis en conscience indépendante, et ne portant pas à contraindre les autres à s'y conformer s'ils ont des vues différentes.
Mais enfin,
parent moi-même (j’étais trop peu conscient de léguer une planète aussi
fragilisée), je me conforte dans l’idée de n’avoir donné comme exemple à ma
progéniture qu’un certain désir de probité non haineux. Ni trop pétri de
certitudes à leur imposer.
Je cause, je
cause, et ce n’est que bavardage. Je n’éprouve aucune sorte de détestation pour
ce couple de parents fier que leur descendance partage leurs valeurs ou convictions. Je ne peux
m’empêcher de penser aux Dupont de Ligonnès. Je sais, c’est petit. Tendancieux.
Outrancier. Dénué de tout fondement. Impulsif, épidermique. Mais je n'en vais pas moins passer à autre chose.
Je vous présente
donc l’expression de ma sincère contrition : en ces temps de confinement et de
couvre-feu, il advient de dérailler. Merci d’oublier.
N’empêche que je
n’en crains point nonobstant de voir des photos de famille avec des enfants dépeçant
du gibier aux tripes encore fumantes, si ce n’était des sœurs ou frères
humains. J’exagère, si fait.
Pardonnez-moi de poser
en Cassandre. Mais quand je vois l’acharnement subi par le jeune Yuriy sur la dalle de Beaugrenelle, je ne peux m’empêcher
de présager que les parents des tabasseurs finiront par diffuser des vidéos de
leurs enfants faisant de même. Je consulte la presse britannique chaque jour. C’est
Orange mécanique quotidiennement. Depuis fort longtemps. En gros : c’était
à nos portes, c’est à présent intrinsèque, localiste, communal et bientôt banal.
Et je ne sais plus où m’en abstraire.