dimanche 24 janvier 2021

CFCM : imposer un gallicalisme celte ?

 Une république indivisible, un allah, un seul, gobannos

Gamberges foutraques. Ce ne sont pas toujours les plus imbéciles, crois-je. Tout le monde voulant croire à quelque chose (voir par exemple la trilogie de Yuval Noah Harari), pourquoi ne pas unifier les divers cultes musulmans et connexes en convertissant leurs clergés au culte du dieu celte Gobannos. Un état provisoire gallican qui en vaudrait bien un autre… Vers un gallicanisme gaulois ? Autant en sourire.


Pour préambule. En bon breton formé dans les écoles et universités françaises, je ne crois pas davantage que Léopold Senghor le pensait que nos ancêtres étaient les Gaulois. En partie, certes, mais pourquoi pas aussi, dans une moindre mesure des Huns, des Berbères mâtinés de Maures, et bien sûr des Scandinaves, entre nombreux autres.

Dans le haut du faubourg Poissonnière, où j’ai résidé, la cave était en partie le vestige d’un logis « arabe », sans doute celui d’un riche commerçant. Au temps pour Poitiers et la mythologie historiographique, tout comme j’ai souvent consigné qu’une île de la Loire devant Saumur n’était pas habitée par des Gitans (vulgate locale des années 1950) mais sans doute par des descendants de Berbères, selon des linguistes berbérisants. Lesquels ancêtres, tels des Scandinaves en Irlande, avaient peut-être violé ou prises en otages de multiples nonnes, nos aïeules, allez savoir.

Dans ces conditions pourquoi un dieu quelconque et pas un autre, tout aussi nébuleux, auquel il suffirait d’inventer un culte, sous l’égide et la houlette d’un clergé. Quand je constate avec quelle facilité celui du mouvement QAnon est parvenu à rassembler des fidèles (tout comme, avant eux, les disciples mormons de Joseph Smith), je me dis qu’il suffit qu’un grand prêtre, un Raël ou un autre sache tirer profit de la crédulité ambiante qui ne demande qu’à croître et embellir, de manière apostolique et prosélyte.

Sont-ce là des propos séditieux ? Que nenni, les tenants du culte de Gobannos seraient sans doute prompts à signer une charte républicaine sans pour autant réclamer un concordat leur assurant des chaires en facultés de théologie. Solution provisoire, certes, car il se trouvera toujours des schismatiques, des hérétiques, pour se hausser du col et imposer une variante leur paraissant plus profitable.

Pourquoi donc Gobannos, dieu celte des forgerons, et non pas celui des rôtisseurs ? Sans doute en raison du fait que du temps de ce culte, un peu tout le monde était rôtisseur tour à tour et que nos ancêtres maîtres queux à l’époque où il y avait déjà autant d’opinions que de fromages, manquaient de cohésion. En quel sens, les tours de broche ? C’était selon. Quel contraste avec le maniement de la Holy Hand Grenade of Antioch des Monty Pyton qui eut raison du Killer Rabbit of Caerbannog. Car « trois sera le nombre que tu compteras. Quatre onc ne prononceras, non plus que deux, mais à trois d’emblée tu passeras. ».

Gobannos, donc, candidat dieu unique gallican, et non Ucuetis ou Volkanus ? Par pur opportunisme. Au lieu de faire dépenser aux Bretons de la région Bretagne et aux habitants de la Loire-Inférieure les frais d’un référendum en vue d’une réunification, pourquoi ne pas clamer que Gobannus le veut ? Point-barre.

On transforme l’association À la bretonne en église œcuménique ligérienne-bretonne, et on bloque pacifiquement le Faubourg-Saint-Honoré avec des tombereaux de gui et de lisier jusqu’à satisfaction.

Nantes, qui doit sans doute son nom au vieil helvète nanto (vallée) avec nous ! C’est du grand n’importe quoi, mais guère plus que le reste, il suffit d’y croire en masse d’adeptes suffisante et de le consigner abondamment.

Cette histoire du culte de Gobannos m’est inspirée par l’accroche d’un article sur le site du Monde, consacré au livre de Gérard Nissim Amzallag, biologiste converti à la théologie hébraïque, que la maison naguère dominicaine Le Cerf publie sous le titre La Forge de dieu.

Faute d’avoir lu ce livre, je me suis tapé tous les résumés des recherches de l’auteur sur le site Academia. C’est calé, et il y a de quoi boire, manger et croire. Croire que le dieu des chrétiens, des musulmans, des religions du Livre, serait celui dérivé de la divinité des Quenites (ou Kenites) de Canaan ou plutôt de leurs élites instruites, métallurgistes, possiblement descendants de Caïn (c’est du moins ce que j’ai voulu faire semblant de comprendre, sachant que Caïn ils pouvaient l’avoir à l’œil, sans trop bourse délier, hormis celles des autres).

J’ai imaginé apprendre tout plein de choses, par exemple que le psaume 67 serait une chanson à répons, sur un mode antérieur au kan ha diskan. Je n’ai pas vraiment compris que le Père céleste avait autrefois pour domaine les entrailles de la Terre ; mais pourquoi ne pas transformer cette hypothèse en dogme ?

Je ne sais si c’est de Gobniu qu’est issu Gobannos ou l’inverse et s’ils se sont mués ou non en Lug (qu’on finit par faire prendre le pas sur les autres dieux, selon que l’on veuille que la poule précède l’œuf ou inversement). Une divinité psychopompe, menant les âmes au ciel est toujours plus rassurante qu’une autre vous vouant à l’ensevelissement.

Mais finalement, fausse bonne idée. Tout culte religieux ne subsiste qu’en imposant des obligations et des interdictions. En vérité, en vérité, on sait ce que l’on a, que l’on perd, mais pas ce qu’on gagne.

Et puis, a lavar la testa all’asino ci si perde il ranno e il sapone. Changer son cheval borgne pour un aveugle ne mène pas mieux à l’écurie.

Quant au Conseil français du culte musulman, je ne sais trop ce qu’il en adviendra. Ventre auquel on présente un plat a des oreilles mais les tend toujours vers le meilleur fournisseur. Faire passer Gobannos pour le dieu poule aux œufs d’or étant au-dessus de mes moyens, je renonce à lui et à ses œuvres.

Je ne sais si Yval Noah Hariri fut un disciple de François Cavanna (Et le singe devint c··, éds du Square) et si Gérard Nissim Amzalla est ou non un émule de l’immense auteur de la somme théologique Les Écritures, les aventures de Dieu, les aventures du petit Jésus (Belfond éd., puis Albin-Michel et Livre de Poche). Il n’y a de Cavanna que Cavanna, et la seule charte qui vaille est celle de Cavanna.

Je signale qu’en 19, Cavanna consigne : « Abram, donc, demeura au pays de Canaan, et Lot s’en alla dans la plaine, et il y dressa ses tentes jusqu’à la ville de Sodome. ». Finalement, Gérard Nissim Amzallag ne fait qu’approfondir, car tout était déjà écrit. Préférez donc l’original.

Pour aller plus loin, même si Cavanna est indépassable, intéressez-vous aux mines de cuivre de Timna dans le Néguev où se dressait le temple d’Hathor que peut-être, les nomades Shasous transforment en Yavé avant de fonder le royaume d’Édom, et finissent par être dénommés les Édomites (ne pas confondre avec les sodomites de Loth). La Genèse en fera des descendants d’Ésau, frère de Jacob. De fil en aiguille et de fils en filles, l’écheveau se complique. Mais on en parviendrait aux Kenites, et l’hypothèse d’Amzallag semble tenir la route. Mais pas très fort aux yeux de Thomas Römer, professeur au Collège de France et à Lausanne, qui voit plutôt Baal supplanter la déité des forgerons. Je vous laisse démêler tout cela.

Je ne vais pas enchaîner sur la théorie LGBT du sexe des anges, encore émergente dans les covens des cultes wicca de liturgies occultistes. En gros, tout est dans tout, et inversement. Inutile de délayer davantage.

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