mercredi 6 janvier 2021

Fascinant : Trump casse les assiettes à Washington

Rentrez le sortant, Trump galvanise ses partisans

J’ai écouté l’allocution de Trump devant ses partisans de la Marche pour Trump à Washington. Un très, très grand moment qui m’évoque quelques souvenirs.


Après tout, ceci est un blogue-notes perso, alors, je peux évoquer quelques souvenirs. Ceux de la Foire à Neuneu d’Angers avec le crieur des effeuilleuses annonçant : « Et vous verrez Ulla, notre ravissante suédoise, dans le déshabillé de la Parisienne ». Ou celui du chapiteau des catcheurs interpellant « le jeune militaire du bataillon de Joinville qui veut affronter le Bucheron des Ardennes ». Le militaire était un comparse. Mais j’ai aussi le souvenir des bateleurs des marchés vendant des taies d’oreillers ou des assiettes. « Je ne vous demande pas dix francs, ni même cinq francs, tout le lot pour deux francs ! ». Et si personne ne tendait de la monnaie, il cassait les piles d’assiettes. Franchement, écoutant Donald Trump, je me suis cru revenu au temps des rémouleurs et vitriers clamaient leurs services dans les rues et que retentissait un « Peaux de lapins, Peaux ! » (dans les années 1950, on achetait encore les lapin dominical dont on revendait la peau au colporteur).

C’est quand même étonnant d’entendre un homme d’État évoquer « des explosions, des torrents de merde » en référence aux votes pour Joe Biden.

Ah, si seulement un François Fillon avait eu ce franc-parler, nous n’en serions pas là en France, ma brave dame. Qu’à cela ne tienne, son successeur saura en prendre du grain de la graine. Car même si Trump, Donald Sr, devait finir aux poubelles de l’histoire, son patrimoine langagier en inspirera d’autres.

Voyez donc cette foule enthousiaste acclamant le Donald ! Et avant lui son fils aîné, Donald Jr, annonçant aux traitres républicains, un peu comme Vladimir Poutine (parlant un temps des Tchétchènes), que les trumpistes les poursuivront jusque dans les cabinets d’aisance : “we are coming for you…”. Ce n’est plus le parti républicain, c’est « le parti républicain de Donald Trump ».

Voilà qui devrait inspirer Marine Le Pen. Honneur, patrie, et surtout famille. La terre, celle d’une réserve naturelle de l’Alaska ne ment pas, elle veut des oléoducs. Donald Trump, lui, a fait passer les frileux patriotes avant les phoques et les ours. Il ne faut pas prendre les Étasuniens pour des pingouins sauvages.

Ce n’est surtout pas du second ou nième degré, c’est ce qui marche et marchera encore un temps prolongé aux États-Unis. Et ailleurs.

Une presse stipendiée par le parti communiste chinois (sérieusement, c’est la thèse des trumpistes) peut bien mentir, effrontément, forcément effrontément (rappelez-vous le « sublime, forcément sublime » de Marguerite Duras à propos de Christine V. ».

Un copain (ou plutôt co-baron de bière), Alain (Georges) Leduc, m’incite à ne plus tirer sur l’ambulance Trump. Qu’on me pardonne, le Sarko-bashing avait un côté divertissant, et en ces temps de pandémie, on fait comme on peut avec ce que l’on a. Trump s’en prenant à Mike Pence (qui lui a léché les bottes pendant quatre ans) et à curer le marais républicain, cela vous revigore.

Je fus Éclaireur de France (mouvement de jeunesse laïque), puis assistant chef de troupe scout (encore vaguement catholique, sans plus), parce que de jeunes scouts angevins m’y ont incité et que je ne me sentais pas en mesure de les décevoir. Il s’agissait d’une petite troupe de la Doutre (outre-Maine angevine), à l’époque, pas des gosses de riches. Je mélange tout, admis.

Tump vaticine, moi aussi. Le grand âge est un naufrage (selon un autre, un militaire). Souffrez que je m’intéresse encore à diverses choses. Dont la réaction de Mike Spence trahissant les espoirs que Trump mettait nébuleusement, forcément nébulusement en lui. Bon, par ces temps de pandémie, au moins, le Trump reste divertissant. Enjoy ! Je sais, c’est lamentable de se moquer d’un autre sénile. Trump s’est retiré, piteux, sans s’empoisonner ou se tirer une balle dans la tête. C’est ce qui s’appelle rater sa sortie. 

La Géorgie désavoue Donald Trump

Trump s’enfonce dans son délire

Avant même que le résultat des sénatoriales en Géorgie soit connu, Donald Trump dénonçait une nouvelle élection truquée. À portée des voix de ses partisans manifestant aux abords de la Maison Blanche, Trump ne peut que feindre d’entretenir leurs illusions (qu’il semble partager encore).


Le révérend démocrate Raphael Warnock aurait battu la républicaine Kelly Loeffler, semblent vouloir admettre des médias pro-Trump. Et selon les projections, le démocrate Jon Ossoff pourrait l’emporter sur l’ancien sénateur David Perdue. Les deux candidats républicains avaient proclamé qu’ils soutenaient la tentative de Donald Trump de faire rebasculer les résultats de la présidentielle.

C’est donc un désaveu pour Trump. CNN donne, comté par comté, la progression des dépouillements. Comme pour la présidentielle, les comtés urbanisés ont voté démocrate, les ruraux républicain. Mais ce qui étonne, c’est que les scores, certes minables des démocrates dans ces comtés ruraux sont moins ridicules qu’en novembre.

Des analystes républicains avaient prévenu que l’obstination de Trump à contester le résultat des présidentielles pourrait être dommageable au parti. Avec ces résultats, les actuels élus non inconditionnellement trumpistes ou trumpistes proclamés par calcul uniquement, commencent à se poser des questions.

Apparemment, Trump reste confiant. Une résolution de ses partisans de Pennsylvanie qui demandent au Congrès de repousser la désignation des grands électeurs de cet État semble le réconforter. Elle n’a que peu de valeur, sera sans doute évoquée dans les deux chambres, mais ne constitue en aucun cas une garantie.

Mais, depuis l’aile gauche de la Maison Blanche, Trump perçoit les clameurs de la Marche pour Trump. Des centaines, voire des milliers d’autres manifestants sont attendus dans la journée, la nuit et la matinée de demain. La plupart ne portent pas de masque et l’un des orateurs les a incités à se congratuler en s’étreignant multuellement. Car, c’est sûr, la pandémie, c’est une pernicieuse illusion créée par une presse pourrie au service de l’État profond. Trump passerait pour un minable s’il concédait sa défaite : cela reviendrait à leur dire de rentrer chez eux, et qu’il n’y a plus rien à voir ou espérer. En gros, que ses partisans sont bien des lamentables, comme les qualifiait Hillary Clinton.

On a beau ne pas pouvoir se mettre dans la peau de Trump, il est possible de comprendre qu’il ne peut déjà se dédire.

Donc, il continue de Twitter que le vice-président Mike Pence peut lui sauver la mise. Ce dernier se tait mais laisse fuiter qu’il ne se voit pas aller au-delà de quelques bonnes paroles visant à ne pas froisser Trump au point de provoquer un malaise du septuagénaire président éjecté.

Certes, il reste une douzaine de sénateurs, une centaine de représentants républicains se disant disposés à un baroud (de quoi exactement ? leur avenir le dira, ils restent en tout cas persuadés de la capacité de nuisance de la famille Trump qui prédit aux autres de cinglantes déroutes lors des prochaines primaires républicaines). Donald Trump Jr laisse entendre qu’il ne faut pas accorder foi à la presse donnant les démocrates de Géorgie vainqueurs (ou en passe de l’être pour Ossoff). Eric Trump promet qu’il s’engagera personnellement lors des prochaines primaires pour faire élire des patriotes et battre les traîtres du parti républicain. Quant aux avocats Lin Wood et Sidney Powell, du groupe de pression trumpiste We the People, ils continuent de proclamer leur foi en la victoire de Trump. Rudy Giuliani continue à faire semblant d’y croire et en appelle lui aussi à Mike Pence.

Fox News concède la victoire de Warnock mais entretient l’espoir que le républicain Perdue pourrait l’emporter de justesse. Oann fait mieux en continuant à projeter les victoires des deux républicains (je me frotte les yeux, non, aucune mise à jour).

Ossof a peut-être un peu prématurément déclaré sa victoire car Perdue semble déterminé à la contester

À part cela, le policier qui avait tiré sept balles dans le dos d’un Afro-américain à Kenosha (Wiscontin) le 23 août, a été déclaré en état de légitime défense. L’affaire avait suscité des manifestations et dans la nuit du 25 un contre-manifestant de 17 ans (Kyle Rittenhouse, un milicien pro-police et pro-Trump) avait tué deux personnes. Début septembre avait estimé que son jeune partisan s’était senti menacé et il accusait Joe Biden d’encourager la violence des antifas et de la gauche extrême.

Après de courtes heures de repos, ce mercredi, Trump s’en est retourné sur Twitter afin de s’en prendre au journaliste de CBS, Chuck Todd, qui démentait la fraude électorale, puis il a considéré que les États-Unis avaient plus que jamais besoin de lui et de son pouvoir d’opposer son veto au Congrès. Ce qui laisse penser qu’il considère que les républicains ont perdu la majorité sénatoriale et qu'il lui faut rester en poste jusqu'au 20 janvier.

En coulisses, la Maison-Blanche et le ministère de la Justice semblent décidés à revoir le Civil Rights Act de 1964 statuant sur les discriminations raciales ou en raison des origines des personnes. L’objectif ne serait pas de décriminaliser mais de ne plus subventionner des groupes ou associations s’opposant aux discriminations.

Que Jon Ossoff l’emporte au final reste incertain, mais il a engrangé 5 000 voix de mieux que Joe Biden face à Trump. Il devance son adversaire de 16 000 voix (avec 50,2 % des suffrages contre 49,8, mais Oann donne toujours ce dernier vainqueur avec 51,5, Breibart News les laissant à 50 chacun). Les démocrates n’avaient pas obtenu de majorité sénatoriale depuis 2010. Merci Donald Trump. Le flamboyant et incendiaire président impute à présent aux démocrates d’avoir bourré les urnes avec 50 000 bulletins et il se lamente :« même le Mexique impose aux électeurs de présenter une pièce d’identité ». De quoi inciter ses donateurs à couvrir de futurs frais procéduraux.

Dans Washington, les heurts entre les marcheurs pour Trump et la police, qui fait usage d’aérosols au poivre, restent limités pour le moment. Une demi-douzaine de manifestants en possession d’armes ont cependant été arrêtés

mardi 5 janvier 2021

La Maison Blanche : les démocrates vont euthanasier les nourrissons

 Officiel, l’avortement jusqu’à l’accouchement

Kayleigh McEnany est la porte-parole officielle de la Maison Blanche. C’est peut-être un détail pour vous, mais il veut dire beaucoup. Pour elle, les démocrates vont autoriser l’avortement des parturientes jusqu’à la naissance des nouveau-nés.


Eh oui, « nouveau » reste invariable, pour les nouvelles nées, je n’ai pas trop cherché.

Trump, lui, a trouvé une solution en nommant un affidé, Bobby L. Christine, au poste de procureur général de l’État de Géorgie. Histoire de ne pas risquer des poursuites, sans doute. Il s’agit aussi de défendre la liberté de s’armer et celle d’expression. Un très bon exemple de cette dernière vient d’être donné par la porte-parole officielle de la Maison Blanche, la décorative (rien de péjoratif ici) Kayleigh McEnany dans un message sur Twitter fort significatif.

« Des impôts faramineux, le Green New Deal, des forces armées affaiblies, l’avortement jusqu’à la naissance, la révocation du deuxième amendement et des libertés religieuses et encore plus de cauchemars gauchistes ». Ne laissez pas le Sénat aux mains des démocrates (sous-entendu : assoiffés du sang des petits enfants).

Tout est possible dans un pays où un avocat de Trump, Lin Wood, voue le vice-président Mike Pence au peloton d’exécution (car trop tiède dans sa dénonciation des fraudes électorale ayant ravi la victoire à Donald Trum). Qu’un allumé débloque est une chose, mais Kayleigh McEnany dispose d’un compte gouvernemental. Et que croyez-vous qu’il advint de ce message ? Il a été répercuté tel quel par le candidat sénateur républicain de Géorgie, David Perdue.

Je ne sais qui, en France, va en prendre de la graine et embrayer de la sorte à la suite du trumpisme (pour le moment, le Comité Trump France s’est abstenu, mais pour combien de temps ?).

Il n’est pas une seule théorie complotiste sur la vaccination contre le covid de par le monde que je n’ais pas déjà entendue reprise par des connaissances (au Maroc, c’est que le vaccin stérilise hommes et femmes, ailleurs, c’est la 5G, et les nanoparticules connectées). Des voisines-voisins, des personnes de rencontres ou avec qui j’ai pu sympathiser (pour de toutes autres — bonnes celles-ci — raisons).

Je m’en suis ouvert au philosophe Denis Guénoun, qui partage mon inquiétude, et, sur Marianne.net, Paul soriano s’inquiète : « Pendant ce temps, le “virus identitaire“ mute et poursuit sa progression dans les cerveaux » (c’est en accès libre).Soriano se définit médiologue, j’en suis un autre, à la petite semaine (ce n’est pas avec des mastères qu’on devient un prétendu expert, il faut surtout dîner en ville).

Et puis, je veux continuer à écrire, au moins ici, foutraque. Il m’arrive nonobstant d’être vaguement sérieux. En vérité, en vérité, je vous le dis, des prophètes à la McEnany risquent de contaminer les esprits de la Françeu-mèreu-des-arts-des-armes-zé-des-lois. Vous vous gaussez ?. Quand vous irez au comptoir du Bar des Aminches, et qu’au lieu de vous barber avec des exploits de joueurs de balle au pied, vous n’entendrez plus que des billevesées outrancières de la sorte, vous vous sentirez comme une envie de rester reclus dans votre bibliothèque.

La fin n’est pas si proche, mais, oui, les victimaires vont monter d’un cran. Aussi quasi inéluctable que le décervelage s’étend. Bientôt, ce ne seront plus les gueux bretons que méprisait Octave Mirbeau qui suivaient les pardons derrière des recteurs avides de ripailles qui feront l’opinion prédominante.

Lz pire n’étant jamais sûr, je vais déposer un ex-voto sur l’autel de La Raison, et et de La Libre Pensée (spécial copinage pour caser une référence à Alain G. Leduc qui s’obstine à tirer à la ligne sur son ouvrage consacré à ce génial faiseur d’Yves Klein, semi ou hémi-crapule, comme vous voudrez, mais qui vous a bien eus, autant qu’un Trump a pu en avoir d’autres). Je n’en reste pas moins identitaire breton (Bretons de toutes provenances), en rappelant que pour être identitaires, il faut être au moins deux, mais qu’à ce jeu, je ne serai pas le moins c**. Pas au point cependant de polémiquer avec les McEnany qui viendront, il me reste comme un soupçon de respect humain, ou d’absence de haine de moi-même en me rasant. Laissons-la donc s’admirer en s’épilant, en enviant Michelle Obama au passage, et en espérant qu’Ivanka Trump ne la vouera pas à l’oubli et l’anonymat. Je vous ai suffisamment gavés, je n’embraye pas sur le féminisme de combat.

Trump :“Ivanka Trump, le retour

 Le Donald place les siens

Or donc, le Donald Trump était en Géorgie pour se soutenir et appeler à voter pour les candidats locaux au Sénat. Non événement marqué toutefois par la présence de fifille, Ivanka, que l’on croyait s’être durablement remisé à New York.


Banalités d’usage, certes. « C’est formidable de revenir en Géorgie avec ce guerrier, mon père, le président du Peuple. C’est un infatigable — infatigable — champion pour vous tous et il ne cessera jamais de se battre. ».

Toute comparaison avec « Oh, président Mao, tu es le plus grand, le plus beau, locomotive rouge lancée à toute vapeur sur les rails du socialisme », ici du populisme, serait bien évidemment malvenue. Je retire l’allusion.

Le patriotisme est vivace et se porte comme un charme en Géorgie (adaptation libre des propos d’Ivanka Trump), donnée un temps repliée à New York avec son époux, Jared. La page Team Trump sur Twitter la met davantage en valeur que la candidate Kelly Loeffler, et ce n’est pas un hasard. Certes Eric et Donald Jr Trump, les frères sont aussi actifs politiquement, mais le retour d’Ivanka sur le devant de la scène, ce n’est pas que pour motiver la ménagère banlieusarde d’Atlanta d’aller aux urnes.

Attendez-vous à savoir que là où le clan Kennedy a fini par échouer, la dynastie Trump est en passe de réussir. J’imagine qu’Oliver Duhamel, entré en retrait, pourrait m’envier cette formule que je vous incite à reprendre à votre compte lors du prochain dîner chez les Dugommier (pas plus de six convives, mais le bouche-à-oreille relaiera).

Comme je vous le répète (la pédagogie, c’est la répétition), tout cela serait dérisoire si la même chose  ou une variante ne nous pendait pas au nez en France et en Europe.

Bien sûr, Trump Senior n’a pas grand’chose à cirer de Loeffler ou Perdue, il est davantage venu en Géorgie avec fifille pour se montrer et la (fifille)  et se faire applaudir que pour les conforter.

En gros, il est venu botter les fesses du vice-président Mike Pence, auquel il reproche un manque d’ardeur au combat révolutionnaire (argument d’Amin Dada pour répudier une nième épouse). Toute comparaison entre le Donald et l’Amin reste pour le moins prématurée car la neurosyphilis ne semble pas la cause du comportement de Trump (celle-là aussi, vous pourrez la replacer).

Mike Pence a tergiversé. Un coup, il ne veut pas entrer dans le débat sur la fraude électorale, un autre, il salue l’initiative des élus trumpistes contestant le collège électoral. Trump ne l’a pas menacé : s’il ne vient pas à la rescousse, je l’apprécierai moins mais j’ai confiance car je l’aime beaucoup. Autant que Marjorie Taylor Greene, aux fortes gonades (comme aurait pu l’estimer Bernard Tapie) ? L’ex-propagandiste du mouvement QAnon était aussi à Dalton (métropole cantonale du comté de Whitfield, contrée Latinx, hispanophone, où se situe un aéroport régional).

En fait, à sa manière, Trump a surtout repris le titre de la chanson de Jamil, Irons-nous tous au combat ? « Luttons pour Trump », a repris docilement la petite foule (plus d'un millier quand même).

« Le monde entier compte sur la Géorgie » (ne laissez pas les démocrates, soit l’ultra-gauche l’emporter en trichant, a résumé le Donald). Trump s’est déclaré certain d’avoir remporté sa seconde élection encore plus puissamment que la première. Bah, la pédagogie, c’est la répétition. Pour le monde entier, c'est le Donald, sinon rien.

Sur Twitter, Trump Sr n’en a pas trop fait sur sa fille tandis que sur sa propre page, son aîné, Donald Jr se déchaînait (multipliant des photos de lui et Lara Trump, élidant soigneusement sa sœur).

Les journalistes présents à Dalton se sont livrés à des radio-trottoirs dans l’assistance. Richard Hall, le correspondant de The Independent a bien cherché, mais il n’a pu trouver une seule personne doutant que l’élection de Biden ait pu être truquée. Averell Trump a toujours raison.

Pendant ce temps, les Proud Boys (une milice) converge sur Washington, certains arborant des maillots avec l’inscription (6MWE), soit “six millions was not enough” (en référence à la Shoah, six millions ce n’était pas assez). Que des « braves gens » avait commenté Trump. Comme disent les trumpistes « vous ne pouvez avoir des rassemblements de cette ampleur et perdre l’élection ». Que répondre à cela ?

Un raisonnement trumpiste relevé par David Smith, du Guardian « Je ne veux pas du socialisme dans notre pays : les seuls qui font de l’argent sont ceux au sommet ». Dans ces conditions, la fin, voulue par dieu récompensant les méritants, justifie tous les moyens. Comme le laisse entendre Ivanka Trump, le combat pour la liberté prime sur tout. Bien reçu, Mike Pence ?

Ce dernier préfère pendre du champ, et ne pas commenter. Pour le moment, son silence risque de lui valoir le désamour de Trump ; confiance, il saura se reprendre sans trop se mouiller, et s’il le juge opportun, il retournera une nouvelle fois sa veste. Comme le disait Edgar Faure, « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. ».

lundi 4 janvier 2021

La Trumpland :“Right or wrong, My Donald”

Le GOP n’est pas fracture, mais purgé

Inutile d’attendre le discours de Trump en Géorgie pour en deviner la teneur. Si jamais les candidats républicains de l’État n’étaient pas élus au Sénat, la raison en serait simple : leur élection aura été truquée.


Ne revenons pas sur l’appel de Trump au secrétaire d’État de Géorgie pour obtenir de lui créer des bulletins de vote. Les démocrates s’en sont gargarisés, tout comme la presse déontologiquement saine. En revanche, les médias pro-Trump (ou ne désavouant pas totalement Trump, comme le New York Post et Fox News), ont soit minimisé la portée de sa tentative de corruption, soit, comme Newsmax, l’ont formellement approuvée. Et lors des étapes de la Marche pour Trump, qui convergera le 6 janvier vers Washington, l’affluence reste forte.

Certes, pour un élu républicain critiquant Trump, ils ne sont qu’une poignée, il s’en trouve toujours un de plus pour lui faire allégeance. Le GOP n’est pas fracturé, mais en voie d’être purgé. Trump s’en prend au Surrender Caucus, qui comprend d’ailleurs nombre d’élus républicains ne le désavouant pas frontalement, et la Trumpland applaudit, réclamant une purge. Les plus malins se préservent de se prononcer, de peur de se voir désavoués par la Trumpland. Au besoin, ils en rajoutent en se prononçant contre l’Iran, la Chine et le Planning familial, histoire de se dédouaner.

Quelques caciques religieux (minoritaires) ont certes appelé à ne pas contester la victoire de Biden. Le seul élément positif est que l’armée devrait rester dans ses casernes si Trump en venait à instaurer l’état d’urgence.

Les résultats des sénatoriales en Géorgie ne devraient pas vraiment changer cet état de fait. Si les candidats républicains l’emportent (ils se sont déclarés derrière Trump, quoi qu’il fasse ou dise), Trump pourra purger davantage le parti. S’ils perdent, ce sera la faute de la fraude électorale et des républicains renégats.

Théoriquement, les adversaires républicains de Trump devraient appuyer les faibles tentatives des démocrates de le faire révoquer, ou de faire procéder à son arrestation par le FBI (considéré par la Trumpland aux mains de l’État profond), mais ils s’en préservent. Il a violé les lois géorgiennes et une loi fédérale, mais qu’à cela ne tienne.

Pour la Trumpland, Trump est l’élu de son dieu. Serait-il l’élu du malin que les intentions de leur Très Haut sont impénétrables, et qu’il se sert parfois d’humains douteux pour arriver à ses fins. Soit moins de taxes, d’interventions de l’État, moins de contraintes écologiques et autres, et la possibilité théorique de s’enrichir aussi démesurément que possible.

Certes, y compris parmi celles et ceux se pressant aux spectacles de Trump, il s’en trouve de moins dupes. Ce qui explique en partie sa défaite électorale. Mais pour la majorité, Trump n’est pas un psychopathe, mais un illuminé de la bonne parole, celle qui les arrange. Le trumpisme est devenu un culte transversal.

La proclamation des résultats en Géorgie tarderont sans doute, permettant à Trump de pavoiser devant ses partisans le 6 prochain.

Trump à contacté Brad Raffensperger 18 fois avant que ce dernier consente à lui répondre. Mais il a aussi passé des heures à influencer des dizaines de républicains d’autres États, sans aucun doute en avançant les mêmes exigences. Leur silence en dit beaucoup plus long sur le devenir du parti républicain que tout autre élément. Trump représente leur survie électorale et financière, le reste leur importe peu.

Tout glisse sur Trump le schmuck

Les républicains n’osent le désavouer

Je ne vais pas vous gaver avec la conversation enregistrée entre Trump et le secrétaire d’État républicain de Géorgie. C’est partout ailleurs. Le fait marquant c’est qu’un seul sénateur républicain se soit indigné du chantage de Trump.


Or donc, Trump voulait obtenir de Brad Raffensperger qu’il lui trouve assez de voix (sorties de quel chapeau ?) pour le déclarer vainqueur en Géorgie. La presse francophone s’en étant largement fait l’écho, je n’insiste pas. Juste en passant, Trump a déclaré qu’il avait été un schmuck (un crétin) car il avait soutenu l’élection de son futur détracteur (qui a d’ailleurs voté pour Trump), le gouverneur Kemp.

Pour une fois que Trump admet une faiblesse, cela vaut d’être relevé. Plus important, c’est que, Breitbart News et le New York Post mis à part, les médias soutenant Trump se sont bien gardés de faire état de cette conversation.

Il s’est bien trouvé un sénateur républicain de l’Illinois, Adam Kinzinger, pour s’alarmer du chantage de Trump et le trouver « accablant ». Tout s’explique, le recensement dans son État devrait renforcer le vote démocrate, et il n’a pas grand’ chose à perdre. Il pressent qu’il lui faudra se recaser.

La seule réaction trumpiste en date (à cette heure), provient de l’avocat Rudy Giuliani qui s’insurge du fait que l’enregistrement ait été communiqué à un journal d’Atlanta, puis repris par le Washingtoston Post  et le reste de la presse. Giuliani était présent lors de l’échange téléphonique. Pour lui, cette divulgation apporte la preuve que le parti républicain va à vau-l’eau, et qu’il doit se ressaisir et s’aligner derrière Trump. Giuliani a aussi relevé que le Washington Post avait coupé des pans entiers de la conversation qui devait rester confidentielle selon lui. Il se trouve que la chaîne NPR en a diffusé l’intégralité.

La Trumpland de base, celle qui loue Trump sur Twitter, reste à l’unisson de son mentor.

Théoriquement, selon divers juristes, et un ancien haut fonctionnaire du ministère de la Justice, Michael R. Bromwich, Trump aurait enfreint une loi et pourrait être poursuivi. Ni Trump, qui enjoint ses partisans à converger vers Washington le 6 prochain, ni la Maison Blanche n’ont daigné réagir.

Nancy Pelosi a été réélue présidente de la chambre basse dont un représentant républicain (Chip Roy, élu du Texas) a tenté d’empêcher l’admission des élus des six États dont Trump conteste les résultats. Sa tentative a échoué mais, pour les élus républicains, ce n’est (du moins selon leurs dires) que partie remise. Ceux qui osent s’opposer aux allégations de Trump sur les élections restent ultra-minoritaires. 

dimanche 3 janvier 2021

Trump se voit déjà réélu mercredi

Biden entrera-t-il en fonctions le 20 ?

Théoriquement, mercredi, il s’agit d’une formalité et le 20 janvier Joe Biden prendrait possession de la Maison Blanche. Mais on ne sait trop comment Trump va réagir.


Des optimistes ont pu penser que le Congrès ayant annulé le veto de Trump opposait au budget de la Défense, que le Sénat s’étant ajourné sans relever le montant du fonds de secours demandé tant par Trump que par les démocrates, l’emprise du président éjecté sur le parti républicain s’effritait. On peut sérieusement en douter.

Tous les États fédéraux ont certifié les résultats des élections, désigné des grands électeurs majoritairement démocrates et le 6 prochain Joe Biden devrait être formellement désigné président. Et donc prendre ses fonctions le 20, selon la Constitution.

Sauf que, la Maison Blanche, donc Trump veut que la date du 20 soit repoussée. Ce dans l’attente d’un réexamen des résultats dans un nombre encore incertain d’États. Environ une centaine de représentants républicains (de la chambre basse) réclament cet examen approfondi des résultats électoraux et il fallait qu’au moins un seul sénateur se joigne à eux pour que le Congrès fasse droit à leur demande. Il s’en est trouvé désormais une douzaine, sous la houlette du sénateur républicain texan Ted Cruz.

Aux É.U., tout État quel que soit son poids démographique, est représenté par deux sénateurs. Lesquels sont loin d’être tous de vieux notables. Les républicains savent tous qu’être désavoué par Trump leur vaudra de se voir opposer un candidat pro-Trump lors des prochaines primaires de leur parti.

Théoriquement toujours, le vice-président Mike Pence pourrait peser afin de contrer l’initiative des sénateurs pro-Trump de son parti. Mais après avoir décliné l’initiative, il a fini par retourner sa veste et saluer les efforts de Ted Cruz.

Oui, mais, les résidences privées de la présidente de la chambre basse (une démocrate) et du président républicain du Sénat ont été vandalisées. Et le plus allumé des juristes de Trump, Lin Wood (avec la non moins foldingue Sidney Powell qui soutient que la Chine a fait frauduleusement élire Biden) voue Mike Pence au peloton d’exécution pour haute trahison (“he will face execution by firing squad”, tel que). Ce qui peut donner des idées à l’un des innombrables allumés pro-Trump et faire réfléchir.

Des allumés pro-Trump convergeront vers Washington le 6 prochain. Parmi eux, de très nombreux miliciens. Ce sera pour Trump une triomphale Marche pour Trump. Lequel en profitera pour se déclarer encore et encore le président légitime. Ad vitam æternam, tant qu’à faire. Et oignant qui il voudra ou plaira.

La précédente marche pour Trump, le 12 décembre, avait été un flop relatif (ce qui n’a pas empêché Trump de s’en gargariser).

Quand Trump n’encombre pas son compte Twitter de messages, il téléphone à des élus républicains sans discontinuer pour les menacer sans relâche.

S’il est hasardeux de présumer de la suite, il semble toujours que l’emprise de Trump sur le parti républicain sera durable.

Pour le moment, l’initiative de Ted Cruz et consorts n’a été formellement désavouée que par une sénatrice et trois sénateurs républicains (outre Mitt Romney, anti-Trump de longue date) dont, quand même, Linsey Graham, qui doute que ses collègues puissent prouver leurs dires, mais n’en fait pas moins allégeance à Trump (sur FoxNews) en laissant entendre qu’il y a des moyens plus efficaces de le soutenir.

Le 6 sera aussi le jour des élections sénatoriales en Géorgie. Si les deux républicains l’emportent, il clamera que cela découle de son soutien, s’ils perdent, il a déjà dénoncé par avance d’éventuelles fraudes électorales. Dans un récent message, il a félicité Ted Cruz et ses comparses et le monde entier car pour lui, nul doute, le monde (enfin le monde libre) veut qu’il se maintienne à la Maison Blanche 

jeudi 31 décembre 2020

Le Brexit, du pire (Independent) au meilleur (The Sun)

Le Rocher et Stanley Johnson restent avec nouzôtres

Franchement, comme je suis nul en arithmétique (en maths, n’en parlons plus), je ne sais trop quand souhaiter aux Écossais, Gallois, Cornouaillais et Irlandais du Nord un pas trop triste Brexit. Heure de Paris ou heure de Greenwich ?


Je passerai sans doute à la postérité (pour une douzaine de personnes au plus) pour un grand conquérant de l’inutile et de l’autodérision. Voire en champion de la confusion mentale. Mais je n’en pose pas moins la question cruciale : à quelle heure le Brexit ? 23 heures (heure de Greenwich) ou minuit (heure continentale la plus proche) ? Cela me dépasse, mais guère question de prétendre en être l’instigateur (Talleyrand, un prédécesseur de Michel Barnier, tout autre rapprochement étant abusif). Je lis dans la presse britannique que le Brexit devient effectif à 23 :00 locales. Mais comment le continent a-t-il pu laisser faire ? Il doit y avoir une explication logique, mais ce décalage d’heure solennelle me plonge dans la perplexité.

En tout cas, c’était prévisible, la presse britannique pro-Bojo (The Sun, Daily Express, Telegraph) pavoise, et celle plus critique (The Independent, en particulier), se désole. Pour les uns, TVB, pour l’autre, c’est le pire accord depuis 40 ans.

Sachez en tout cas que le Rocher, Gibraltar, restera dans l’espace Shengen et que nous pourrons y déguster des bangers non surgelées au breakfast. Et que le papa du Bojo, Stanley Johnson, a demandé la nationalité française. Il aurait pu opter pour la monégasque, celle de Saint-Marin, ou du Lichtenstein ou d’Andorre. Mais non, il préfère les cuisses de grenouilles et les escargots (sans parler sans doute du gros plant du Pays nantais et de l’arbois de Pupillin). En voilà un qui sait reconnaître les vraies valeurs (je lui concède son attachement au dandelion wine de Thruro en Cornouailles, au vieux pays breton, car je l’apprécie tout autant).

Outre le Rocher (Gib’, ses singes, ses soldats écossais en kilt dont un coup de vent révèle le postérieur dénudé), je m’accroche à la reconduction du traité de la baie de Granville (qui régissait les droits de pêche au large des anglo-normandes, Jersey et Guernesey, Chausey restant normande et dans notre manche).

Toujours est-il que près e 360 000 (chiffre du Guardian) Britanniques ont demandé la nationalité d’un pays de l’U.E. Bienvenue aussi à Rachel Johnson, dont la grand-mère était une Versaillaise.

Cette nuit à je ne sais trop quelle heure, en Breton pas trop chauvin (un peu quand même), je lèverai un verre de clairet (en réalité de gros plant du Pays nantais) à nos compatriotes écossais de l’Auld Alliance (pensée particulière pour Donnie & Irene Spence et leurs clans, à présent Européens près d’Alicante).

Bah, Le Monde m’indique que « les gongs de Big Ben résonneront à 23 heures à Londres, minuit à Paris ». Nous resterions donc en phase, à peu près. Soulagement. Vous imaginez-vous un réveillon miné par des problèmes de décalage horaire, de robinets, de trains se croisant dans le Chunnel (se croisent-ils d’ailleurs ?), en total béotien angoissé ? Dormez bonnes gens, demain sera un autre jour !

L’allumeur de Nashville était un allumé

Reptiliens, extra-terrestres et n'importenawak

Antony Quinn Warner, qui s’est fait exploser dans son camping-car à Nashville, sans faire d’autres mortelles victimes, aurait été un complotiste crédule. Lequel a surtout réussi à conforter les convictions de multiples conspirationnistes.


Selon la chaîne ABC et d’autres médias depuis, sur la foi de sources policières, Anthony Quinn Warner, n’aurait pas été seulement un opposant au déploiement de la 5G, mais un illuminé se livrant à la chasse aux extra-terrestres et aux reptiliens (des bestioles venus de l’espace, prenant des formes humaines, en particulier celles de dirigeants politiques et de célébrités diverses). Ce qui semble sûr, c’est que l’artificier avait préparé son projet de longue date. Puis, à l’approche de Noël, il aurait légué la plupart de ses possessions (dont à la fille, perdue de vue d’un ami défunt) avant de se faire sauter devant un immeuble de communications de la compagnie AT&T.

Ses motivations profondes n’en restent pas moins mystérieuses. S’étant dit atteint d’un cancer, il a peut-être simplement voulu passer (au moins pour quelques semaines) à la postérité.

Le magazine Esquire rappelle qu’il fut précédé par un fermier du Michigan s’étant donné la mort dans l’explosion d’une école (44 morts, lui inclus), qu’un contribuable s’était suicidé dans un local du fisc, tuant aussi un fonctionnaire.

Ce n’est pas une spécialité nord-américaine. J’ai couvert les deux procès en assises du « Rambo de Reims », un type en treillis gesticulant devant le commissariat rémois pour se faire descendre (il en réchappa), fut lourdement condamné une première fois puis en appel (ce fut l’un des premiers procès d’appel d’assises). Luc G. avait alors 22 ans, en octobre 1986, lorsqu’il blessa un policier. Il avait des visions ou des hallucinations. Les cours ont fini par conclure à une volonté suicidaire spectaculaire. Il fallait bien trouver une explication plausible.

Mais Warner, 63 ans, n’a pas laissé de message expliquant ses motivations. D’autres lui ont prêté des intentions dont la moindre fut d’avoir voulu détruire une preuve que l’élection de Joe Biden avait été frauduleuse (mais l’immeuble d’AT&T, contrairement à ce qui fut allégué, ne contenait pas de machines électorales de Dominion Voting Systems). Il est probable que, durant un certain temps, de multiples et diverses théories fumeuses imputant des visées au suicidé se multiplieront, notamment sur les réseaux sociaux. Il est aussi prévisible qu’un jour ou l’autre, il fera des émules. Le complotisme se nourrit de rancœurs et surtout de l’appétence de se doter d’une notoriété, de retenir l’attention, permettant d’engranger des gains, des dons, des droits d’auteur·e·s, &c. D’un fait divers énigmatique, il se trouve toujours des opportunistes pour véhiculer des certitudes que des gogos prennent pour argent comptant (le leur).

Je ne crois pas m’avancer outre mesure, ni vous induire en erreur, en supputant que les principaux bénéficiaires sont les YouTube, FaceBook, et autres plates-formes. Lesquelles commencent timidement à faire le ménage dans les rangs de leurs abonnés. Mais la sacro-sainte liberté d’expression aux États-Unis est tellement liée à la pratique religieuse que la restreindre semble impensable. Le fameux melting pot fut à l’origine la coexistence pacifique de communautés professant des croyances diverses, au gré de l’imagination et la liberté d’interprétation des prédicateurs. On peut, aux É.U. fonder une église sur la base de n’importe quelle doctrine et bénéficier d'avantages divers, fiscaux notamment. Et lever des fonds. Alors pourquoi pas un culte des lézards hominoïdes ?

Bizarrement, en raison du nombre des présumés reptiliens (un peu n’importe qui sur la base de caractéristiques physiques comme la forme des yeux, d’un profil), on se demande pourquoi il n’y a pas davantage d’assassinats de ces célébrités, pas toutes fortement protégées.

En fait, Warner comme tant d’autres peuvent alimenter leur imagination bizarre sans tenter de s’en prendre à celles et ceux qu’ils redoutent le plus, de loin. De près, c’est autre chose. Il semble que Warner fréquentait amicalement ou autrement une femme d’un an son aînée qu’il perturbait gravement (elle dut faire un séjour en établissement après avoir averti la police qu’il fabriquait des explosifs, s’introduisait nuitamment chez elle à son insu, &c.).

La caractéristique de tels événements dépassant la compréhension commune est qu’ils peuvent servir à imaginer n’importe quoi et renforcer des croyances (ainsi que l’explosion serait en fait une machination du FBI, on ne sait trop dans quel but, mais il fut allégué à tort qu’il s’agissait de détruire des preuves de la fraude électorale).

Un exemple relativement anodin nous en est offert par l’éditorialiste du Tennessean, Steve Morris, qui au prétexte de louer l’héroïsme de ceux ayant alerté les policiers et les pompiers, s’en prend à qui voudrait réduire les budgets de la police. Si cela avait été le cas, les appelants du numéro d’urgence auraient entendu un message préenregistré leur indiquant de « rappeler aux heures ouvrables ». « Nous aimons nos policiers et nos pompiers, nos sauveteurs ». Félicitons-nous qu’il n’est pas été fait appel à « des travailleurs sociaux » à leur place. Comme c'est simple, limpide, argumenté.

On pourrait tout autant plaider un meilleur contrôle de la vente des armes et des explosifs. Selon l’universitaire Geoff Dancy, s’exprimant aussi dans le Tennessean, « l’incertitude est intolérable pour les conspirationnistes ». Tout fait troublant et dépassant l’entendement usuel est interprété, contorsionné, pour renforcer ses convictions, y compris les plus délirantes.

Personne n’y échappe totalement. Ainsi, le système de son du véhicule de Warner diffusa la chanson de Petula Clark, Downtown. Peu importe qu’il se soit agi de son air favori ou que Warner en ait interprété le titre (put the town down, et non cœur de centre-ville).

Allez, reprenons une activité aussi normale que ce que nous autorise le couvre-feu. Meilleurs vœux (de santé mentale aussi) à toutes et tous. Et à la prochaine. 

lundi 28 décembre 2020

Eh Patate(s) ! Qui ça ? Anna ou Lorette ?

 Pom-pom-pom-pom, tagada

On se croit mollement érudit (enfin, cuistre documenté), et voilà qu’un Rosbif vous rabat votre caquet. J’ai nommé le Britannique John Reader, auteur de Potato : A History of the Propitious Esculent. qui m’en bouche un coin avec une recension des plats à base de pommes de terre (reprise par CNN).


Comment traduire ? Le comestible propitiatoire ? Pompeux. C’est la trêve des confiseurs, et pour remplir les pages (des publications, dont les sites), la presse ressort des rogatons, réchauffe du recuit. Moi de même. Et la gente journaleuse tire à la ligne. Ou fait semblant de découvrir ce que tout le monde sait déjà. Pardonnez que je me vautre dans la facilité (devant laquelle je ne saurais résolument reculer, même pas peur), en faisant l’étalage de mon ignorance, et de souvenirs.

Comme cette réunion des confréries gastronomiques et vineuses qui me fit découvrir, ébahi, les Compagnons de la Dive Tubercule, à la seyante robe de bure (enfin, de sacs à patates). Ébloui, je postulais auprès de ces trop sélectifs Lyonnais. Recalé d’emblée. Qu’à cela ne tienne, je me rattrapais en me faisant introniser chevalier du Boudin Blanc de Rethel. Voici peu, j’en faisais encore part aux bistrotiers ardennais de Saint-Brévin-les-Pins. Il est fort possible que je m’en infatuerai derechef en compagnie de Charly Châpo (Charles Duchêne) en y retournant de conserve.

Histoire d’embrayer sur les spécialités culinaires ardennaises à base de patates. Les pommes de terre à l’ardennaise (belge, française ?) sortes de baeckeoffe au lard et à la salade et au vinaigre, semblent avoir échappé à la sagacité de John Reader (ou avoir été négligées par la conseur Rebecca Wallwork de CNN listant The world’s best postato dishes, et pompant allégremment John Reader).

Honte, honte ! Je n’ignorais rien du Sheperdherd’s pie, des cazzilli, des patatas bravas, des latkes, du rösti, du caldo verde, des poutines (restaurant spécialisé, rue d’Enghien à Paris, pour ne pas aller se geler à Montréal), voire de la blitva (commandée à l’aveugle en Croatie), des blintzes (idem à Tel Aviv), des gnocchi (on en trouve un peu partout). Et bien sûr des pommes sarladaises (je recommande celles de Lidl, surgelées, abordables).

Mas des pommes Lorette (non celles de Michel Delpech, Laurette, dont j’ai longtemps cru que c’était la tenancière du bar à billard électrique d’en face de la caserne des pompiers d’Angers), inconnues au menu des colonies de vacances, j’ignorais tout. Idem pour les pommes Anna, attribué à l’Adolphe Dugléré, nommées en l’honneur d’Anna Deslions ( la Lionne des boulevards qui fréquentait le Café Anglais). L’impasse. Le cul de sac dont je me recouvre la tête de honte.

Confus (non de canard, mais cancanant toujours comme celui de Robert Lamoureux), les Lorette et les Anna m’en ont bouché un coin-coin. Anna était une cocotte, d’où sans doute l’appellation. Quant à Lorette, c’est aussi le surnom d’une grisette (« jeune femme élégante et facile » me dit mon Grand Bob).

Lorette, « mot décent inventé pour exprimer (…) la fille d’un état difficile à nommer », écrivait Honoré (de Balzac). Des pommes à frous-frous, quoi. Padamalgam’, il ne s’agit pas des mêmes pommes, plutôt, cette fois, des pommes d’amour caramélisées.

Berthe Silva n’a point chanté la pomme de terre, contrairement à tant d’autres.

À entonner en buvant la vodka des Patates Dolbec (distillerie Ubald du Québec). L’Écossaise Ogilvy en produit aussi. Tout comme la distillerie Arbikie (Angus). À déguster sur du haggis (panse de mouton farcie) et de la purée.

Vous ai-je assez soulé ? Sans doute, mais pour me rattraper, attendez-vous à lire, avec l’aide d’Alain (George) Leduc, une passionnante incursion dans le domaine de la patate dans l’art contemporain (ici, en illustration, pour vous allécher, l’œuvre mortelle, car dépérissante, de Giuseppe Penone, du courant Arte povera). J’ai lu quelque part que chez Subodh Gupta, « les pommes de terre sont devenues un motif récurrent, au même titre que l’était la couleur bleue pour Yves Klein ». Ne me remercie pas, Alain, paye ta tournée de vodka écossaise. Santé, bonheur, pipe à toute heure et meilleurs vœux à toutes et tous.