Trump s’enfonce dans son délire
Avant même que le résultat des
sénatoriales en Géorgie soit connu, Donald Trump dénonçait une nouvelle élection
truquée. À portée des voix de ses partisans manifestant aux abords de la Maison
Blanche, Trump ne peut que feindre d’entretenir leurs illusions (qu’il semble
partager encore).
Le révérend démocrate Raphael Warnock aurait battu la républicaine Kelly Loeffler, semblent vouloir admettre des médias pro-Trump. Et selon les projections, le démocrate Jon Ossoff pourrait l’emporter sur l’ancien sénateur David Perdue. Les deux candidats républicains avaient proclamé qu’ils soutenaient la tentative de Donald Trump de faire rebasculer les résultats de la présidentielle.
C’est donc un désaveu pour Trump.
CNN donne, comté par comté, la progression des dépouillements. Comme pour la
présidentielle, les comtés urbanisés ont voté démocrate, les ruraux
républicain. Mais ce qui étonne, c’est que les scores, certes minables des
démocrates dans ces comtés ruraux sont moins ridicules qu’en novembre.
Des analystes républicains
avaient prévenu que l’obstination de Trump à contester le résultat des présidentielles
pourrait être dommageable au parti. Avec ces résultats, les actuels élus non inconditionnellement
trumpistes ou trumpistes proclamés par calcul uniquement, commencent à se poser
des questions.
Apparemment, Trump reste
confiant. Une résolution de ses partisans de Pennsylvanie qui demandent au
Congrès de repousser la désignation des grands électeurs de cet État semble le
réconforter. Elle n’a que peu de valeur, sera sans doute évoquée dans les deux
chambres, mais ne constitue en aucun cas une garantie.
Mais, depuis l’aile gauche de la
Maison Blanche, Trump perçoit les clameurs de la Marche pour Trump. Des
centaines, voire des milliers d’autres manifestants sont attendus dans la
journée, la nuit et la matinée de demain. La plupart ne portent pas de masque
et l’un des orateurs les a incités à se congratuler en s’étreignant multuellement.
Car, c’est sûr, la pandémie, c’est une pernicieuse illusion créée par une
presse pourrie au service de l’État profond. Trump passerait pour un minable s’il
concédait sa défaite : cela reviendrait à leur dire de rentrer chez eux,
et qu’il n’y a plus rien à voir ou espérer. En gros, que ses partisans sont bien
des lamentables, comme les qualifiait Hillary Clinton.
On a beau ne pas pouvoir se
mettre dans la peau de Trump, il est possible de comprendre qu’il ne peut déjà
se dédire.
Donc, il continue de Twitter que
le vice-président Mike Pence peut lui sauver la mise. Ce dernier se tait mais
laisse fuiter qu’il ne se voit pas aller au-delà de quelques bonnes paroles
visant à ne pas froisser Trump au point de provoquer un malaise du septuagénaire
président éjecté.
Certes, il reste une douzaine de sénateurs,
une centaine de représentants républicains se disant disposés à un baroud (de
quoi exactement ? leur avenir le dira, ils restent en tout cas persuadés
de la capacité de nuisance de la famille Trump qui prédit aux autres de cinglantes
déroutes lors des prochaines primaires républicaines). Donald Trump Jr laisse
entendre qu’il ne faut pas accorder foi à la presse donnant les démocrates de
Géorgie vainqueurs (ou en passe de l’être pour Ossoff). Eric Trump promet qu’il
s’engagera personnellement lors des prochaines primaires pour faire élire des
patriotes et battre les traîtres du parti républicain. Quant aux avocats Lin
Wood et Sidney Powell, du groupe de pression trumpiste We the People, ils continuent
de proclamer leur foi en la victoire de Trump. Rudy Giuliani continue à faire
semblant d’y croire et en appelle lui aussi à Mike Pence.
Fox News concède la victoire de
Warnock mais entretient l’espoir que le républicain Perdue pourrait l’emporter
de justesse. Oann fait mieux en continuant à projeter les victoires des deux
républicains (je me frotte les yeux, non, aucune mise à jour).
Ossof a peut-être un peu
prématurément déclaré sa victoire car Perdue semble déterminé à la contester
À part cela, le policier qui
avait tiré sept balles dans le dos d’un Afro-américain à Kenosha (Wiscontin) le
23 août, a été déclaré en état de légitime défense. L’affaire avait suscité des
manifestations et dans la nuit du 25 un contre-manifestant de 17 ans (Kyle
Rittenhouse, un milicien pro-police et pro-Trump) avait tué deux personnes. Début
septembre avait estimé que son jeune partisan s’était senti menacé et il
accusait Joe Biden d’encourager la violence des antifas et de la gauche extrême.
Après de courtes heures de repos,
ce mercredi, Trump s’en est retourné sur Twitter afin de s’en prendre au journaliste
de CBS, Chuck Todd, qui démentait la fraude électorale, puis il a considéré que
les États-Unis avaient plus que jamais besoin de lui et de son pouvoir d’opposer
son veto au Congrès. Ce qui laisse penser qu’il considère que les républicains
ont perdu la majorité sénatoriale et qu'il lui faut rester en poste jusqu'au 20 janvier.
En coulisses, la Maison-Blanche
et le ministère de la Justice semblent décidés à revoir le Civil Rights Act de
1964 statuant sur les discriminations raciales ou en raison des origines des
personnes. L’objectif ne serait pas de décriminaliser mais de ne plus
subventionner des groupes ou associations s’opposant aux discriminations.
Que Jon Ossoff l’emporte au final
reste incertain, mais il a engrangé 5 000 voix de mieux que Joe Biden face
à Trump. Il devance son adversaire de 16 000 voix (avec 50,2 % des
suffrages contre 49,8, mais Oann donne toujours ce dernier vainqueur avec 51,5,
Breibart News les laissant à 50 chacun). Les démocrates n’avaient pas obtenu de
majorité sénatoriale depuis 2010. Merci Donald Trump. Le flamboyant et
incendiaire président impute à présent aux démocrates d’avoir bourré les urnes
avec 50 000 bulletins et il se lamente :« même le Mexique impose
aux électeurs de présenter une pièce d’identité ». De quoi inciter ses
donateurs à couvrir de futurs frais procéduraux.
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