mercredi 6 janvier 2021

La Géorgie désavoue Donald Trump

Trump s’enfonce dans son délire

Avant même que le résultat des sénatoriales en Géorgie soit connu, Donald Trump dénonçait une nouvelle élection truquée. À portée des voix de ses partisans manifestant aux abords de la Maison Blanche, Trump ne peut que feindre d’entretenir leurs illusions (qu’il semble partager encore).


Le révérend démocrate Raphael Warnock aurait battu la républicaine Kelly Loeffler, semblent vouloir admettre des médias pro-Trump. Et selon les projections, le démocrate Jon Ossoff pourrait l’emporter sur l’ancien sénateur David Perdue. Les deux candidats républicains avaient proclamé qu’ils soutenaient la tentative de Donald Trump de faire rebasculer les résultats de la présidentielle.

C’est donc un désaveu pour Trump. CNN donne, comté par comté, la progression des dépouillements. Comme pour la présidentielle, les comtés urbanisés ont voté démocrate, les ruraux républicain. Mais ce qui étonne, c’est que les scores, certes minables des démocrates dans ces comtés ruraux sont moins ridicules qu’en novembre.

Des analystes républicains avaient prévenu que l’obstination de Trump à contester le résultat des présidentielles pourrait être dommageable au parti. Avec ces résultats, les actuels élus non inconditionnellement trumpistes ou trumpistes proclamés par calcul uniquement, commencent à se poser des questions.

Apparemment, Trump reste confiant. Une résolution de ses partisans de Pennsylvanie qui demandent au Congrès de repousser la désignation des grands électeurs de cet État semble le réconforter. Elle n’a que peu de valeur, sera sans doute évoquée dans les deux chambres, mais ne constitue en aucun cas une garantie.

Mais, depuis l’aile gauche de la Maison Blanche, Trump perçoit les clameurs de la Marche pour Trump. Des centaines, voire des milliers d’autres manifestants sont attendus dans la journée, la nuit et la matinée de demain. La plupart ne portent pas de masque et l’un des orateurs les a incités à se congratuler en s’étreignant multuellement. Car, c’est sûr, la pandémie, c’est une pernicieuse illusion créée par une presse pourrie au service de l’État profond. Trump passerait pour un minable s’il concédait sa défaite : cela reviendrait à leur dire de rentrer chez eux, et qu’il n’y a plus rien à voir ou espérer. En gros, que ses partisans sont bien des lamentables, comme les qualifiait Hillary Clinton.

On a beau ne pas pouvoir se mettre dans la peau de Trump, il est possible de comprendre qu’il ne peut déjà se dédire.

Donc, il continue de Twitter que le vice-président Mike Pence peut lui sauver la mise. Ce dernier se tait mais laisse fuiter qu’il ne se voit pas aller au-delà de quelques bonnes paroles visant à ne pas froisser Trump au point de provoquer un malaise du septuagénaire président éjecté.

Certes, il reste une douzaine de sénateurs, une centaine de représentants républicains se disant disposés à un baroud (de quoi exactement ? leur avenir le dira, ils restent en tout cas persuadés de la capacité de nuisance de la famille Trump qui prédit aux autres de cinglantes déroutes lors des prochaines primaires républicaines). Donald Trump Jr laisse entendre qu’il ne faut pas accorder foi à la presse donnant les démocrates de Géorgie vainqueurs (ou en passe de l’être pour Ossoff). Eric Trump promet qu’il s’engagera personnellement lors des prochaines primaires pour faire élire des patriotes et battre les traîtres du parti républicain. Quant aux avocats Lin Wood et Sidney Powell, du groupe de pression trumpiste We the People, ils continuent de proclamer leur foi en la victoire de Trump. Rudy Giuliani continue à faire semblant d’y croire et en appelle lui aussi à Mike Pence.

Fox News concède la victoire de Warnock mais entretient l’espoir que le républicain Perdue pourrait l’emporter de justesse. Oann fait mieux en continuant à projeter les victoires des deux républicains (je me frotte les yeux, non, aucune mise à jour).

Ossof a peut-être un peu prématurément déclaré sa victoire car Perdue semble déterminé à la contester

À part cela, le policier qui avait tiré sept balles dans le dos d’un Afro-américain à Kenosha (Wiscontin) le 23 août, a été déclaré en état de légitime défense. L’affaire avait suscité des manifestations et dans la nuit du 25 un contre-manifestant de 17 ans (Kyle Rittenhouse, un milicien pro-police et pro-Trump) avait tué deux personnes. Début septembre avait estimé que son jeune partisan s’était senti menacé et il accusait Joe Biden d’encourager la violence des antifas et de la gauche extrême.

Après de courtes heures de repos, ce mercredi, Trump s’en est retourné sur Twitter afin de s’en prendre au journaliste de CBS, Chuck Todd, qui démentait la fraude électorale, puis il a considéré que les États-Unis avaient plus que jamais besoin de lui et de son pouvoir d’opposer son veto au Congrès. Ce qui laisse penser qu’il considère que les républicains ont perdu la majorité sénatoriale et qu'il lui faut rester en poste jusqu'au 20 janvier.

En coulisses, la Maison-Blanche et le ministère de la Justice semblent décidés à revoir le Civil Rights Act de 1964 statuant sur les discriminations raciales ou en raison des origines des personnes. L’objectif ne serait pas de décriminaliser mais de ne plus subventionner des groupes ou associations s’opposant aux discriminations.

Que Jon Ossoff l’emporte au final reste incertain, mais il a engrangé 5 000 voix de mieux que Joe Biden face à Trump. Il devance son adversaire de 16 000 voix (avec 50,2 % des suffrages contre 49,8, mais Oann donne toujours ce dernier vainqueur avec 51,5, Breibart News les laissant à 50 chacun). Les démocrates n’avaient pas obtenu de majorité sénatoriale depuis 2010. Merci Donald Trump. Le flamboyant et incendiaire président impute à présent aux démocrates d’avoir bourré les urnes avec 50 000 bulletins et il se lamente :« même le Mexique impose aux électeurs de présenter une pièce d’identité ». De quoi inciter ses donateurs à couvrir de futurs frais procéduraux.

Dans Washington, les heurts entre les marcheurs pour Trump et la police, qui fait usage d’aérosols au poivre, restent limités pour le moment. Une demi-douzaine de manifestants en possession d’armes ont cependant été arrêtés

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