mardi 5 janvier 2021

Trump :“Ivanka Trump, le retour

 Le Donald place les siens

Or donc, le Donald Trump était en Géorgie pour se soutenir et appeler à voter pour les candidats locaux au Sénat. Non événement marqué toutefois par la présence de fifille, Ivanka, que l’on croyait s’être durablement remisé à New York.


Banalités d’usage, certes. « C’est formidable de revenir en Géorgie avec ce guerrier, mon père, le président du Peuple. C’est un infatigable — infatigable — champion pour vous tous et il ne cessera jamais de se battre. ».

Toute comparaison avec « Oh, président Mao, tu es le plus grand, le plus beau, locomotive rouge lancée à toute vapeur sur les rails du socialisme », ici du populisme, serait bien évidemment malvenue. Je retire l’allusion.

Le patriotisme est vivace et se porte comme un charme en Géorgie (adaptation libre des propos d’Ivanka Trump), donnée un temps repliée à New York avec son époux, Jared. La page Team Trump sur Twitter la met davantage en valeur que la candidate Kelly Loeffler, et ce n’est pas un hasard. Certes Eric et Donald Jr Trump, les frères sont aussi actifs politiquement, mais le retour d’Ivanka sur le devant de la scène, ce n’est pas que pour motiver la ménagère banlieusarde d’Atlanta d’aller aux urnes.

Attendez-vous à savoir que là où le clan Kennedy a fini par échouer, la dynastie Trump est en passe de réussir. J’imagine qu’Oliver Duhamel, entré en retrait, pourrait m’envier cette formule que je vous incite à reprendre à votre compte lors du prochain dîner chez les Dugommier (pas plus de six convives, mais le bouche-à-oreille relaiera).

Comme je vous le répète (la pédagogie, c’est la répétition), tout cela serait dérisoire si la même chose  ou une variante ne nous pendait pas au nez en France et en Europe.

Bien sûr, Trump Senior n’a pas grand’chose à cirer de Loeffler ou Perdue, il est davantage venu en Géorgie avec fifille pour se montrer et la (fifille)  et se faire applaudir que pour les conforter.

En gros, il est venu botter les fesses du vice-président Mike Pence, auquel il reproche un manque d’ardeur au combat révolutionnaire (argument d’Amin Dada pour répudier une nième épouse). Toute comparaison entre le Donald et l’Amin reste pour le moins prématurée car la neurosyphilis ne semble pas la cause du comportement de Trump (celle-là aussi, vous pourrez la replacer).

Mike Pence a tergiversé. Un coup, il ne veut pas entrer dans le débat sur la fraude électorale, un autre, il salue l’initiative des élus trumpistes contestant le collège électoral. Trump ne l’a pas menacé : s’il ne vient pas à la rescousse, je l’apprécierai moins mais j’ai confiance car je l’aime beaucoup. Autant que Marjorie Taylor Greene, aux fortes gonades (comme aurait pu l’estimer Bernard Tapie) ? L’ex-propagandiste du mouvement QAnon était aussi à Dalton (métropole cantonale du comté de Whitfield, contrée Latinx, hispanophone, où se situe un aéroport régional).

En fait, à sa manière, Trump a surtout repris le titre de la chanson de Jamil, Irons-nous tous au combat ? « Luttons pour Trump », a repris docilement la petite foule (plus d'un millier quand même).

« Le monde entier compte sur la Géorgie » (ne laissez pas les démocrates, soit l’ultra-gauche l’emporter en trichant, a résumé le Donald). Trump s’est déclaré certain d’avoir remporté sa seconde élection encore plus puissamment que la première. Bah, la pédagogie, c’est la répétition. Pour le monde entier, c'est le Donald, sinon rien.

Sur Twitter, Trump Sr n’en a pas trop fait sur sa fille tandis que sur sa propre page, son aîné, Donald Jr se déchaînait (multipliant des photos de lui et Lara Trump, élidant soigneusement sa sœur).

Les journalistes présents à Dalton se sont livrés à des radio-trottoirs dans l’assistance. Richard Hall, le correspondant de The Independent a bien cherché, mais il n’a pu trouver une seule personne doutant que l’élection de Biden ait pu être truquée. Averell Trump a toujours raison.

Pendant ce temps, les Proud Boys (une milice) converge sur Washington, certains arborant des maillots avec l’inscription (6MWE), soit “six millions was not enough” (en référence à la Shoah, six millions ce n’était pas assez). Que des « braves gens » avait commenté Trump. Comme disent les trumpistes « vous ne pouvez avoir des rassemblements de cette ampleur et perdre l’élection ». Que répondre à cela ?

Un raisonnement trumpiste relevé par David Smith, du Guardian « Je ne veux pas du socialisme dans notre pays : les seuls qui font de l’argent sont ceux au sommet ». Dans ces conditions, la fin, voulue par dieu récompensant les méritants, justifie tous les moyens. Comme le laisse entendre Ivanka Trump, le combat pour la liberté prime sur tout. Bien reçu, Mike Pence ?

Ce dernier préfère pendre du champ, et ne pas commenter. Pour le moment, son silence risque de lui valoir le désamour de Trump ; confiance, il saura se reprendre sans trop se mouiller, et s’il le juge opportun, il retournera une nouvelle fois sa veste. Comme le disait Edgar Faure, « ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. ».

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