Pom-pom-pom-pom, tagada
On se croit mollement érudit
(enfin, cuistre documenté), et voilà qu’un Rosbif vous rabat votre caquet. J’ai
nommé le Britannique John Reader, auteur de Potato : A History of the
Propitious Esculent. qui m’en bouche un coin avec une recension des plats à
base de pommes de terre (reprise par CNN).
Comment traduire ? Le comestible propitiatoire ? Pompeux. C’est la trêve des confiseurs, et pour remplir les pages (des publications, dont les sites), la presse ressort des rogatons, réchauffe du recuit. Moi de même. Et la gente journaleuse tire à la ligne. Ou fait semblant de découvrir ce que tout le monde sait déjà. Pardonnez que je me vautre dans la facilité (devant laquelle je ne saurais résolument reculer, même pas peur), en faisant l’étalage de mon ignorance, et de souvenirs.
Comme cette réunion des
confréries gastronomiques et vineuses qui me fit découvrir, ébahi, les
Compagnons de la Dive Tubercule, à la seyante robe de bure (enfin, de sacs à
patates). Ébloui, je postulais auprès de ces trop sélectifs Lyonnais. Recalé d’emblée.
Qu’à cela ne tienne, je me rattrapais en me faisant introniser chevalier du
Boudin Blanc de Rethel. Voici peu, j’en faisais encore part aux bistrotiers ardennais
de Saint-Brévin-les-Pins. Il est fort possible que je m’en infatuerai derechef
en compagnie de Charly Châpo (Charles Duchêne) en y retournant de conserve.
Histoire d’embrayer sur les
spécialités culinaires ardennaises à base de patates. Les pommes de terre à l’ardennaise
(belge, française ?) sortes de baeckeoffe au lard et à la salade et au
vinaigre, semblent avoir échappé à la sagacité de John Reader (ou avoir été
négligées par la conseur Rebecca Wallwork de CNN listant The
world’s best postato dishes, et pompant allégremment John Reader).
Honte, honte ! Je n’ignorais
rien du Sheperdherd’s pie, des cazzilli, des patatas bravas, des latkes, du
rösti, du caldo verde, des poutines (restaurant spécialisé, rue d’Enghien à Paris,
pour ne pas aller se geler à Montréal), voire de la blitva (commandée à l’aveugle
en Croatie), des blintzes (idem à Tel Aviv), des gnocchi (on en trouve un peu
partout). Et bien sûr des pommes sarladaises (je recommande celles de Lidl,
surgelées, abordables).
Mas des pommes Lorette (non
celles de Michel Delpech, Laurette, dont j’ai longtemps cru que c’était la
tenancière du bar à billard électrique d’en face de la caserne des pompiers d’Angers),
inconnues au menu des colonies de vacances, j’ignorais tout. Idem pour
les pommes Anna, attribué à l’Adolphe Dugléré, nommées en l’honneur d’Anna
Deslions ( la Lionne des boulevards qui fréquentait le Café Anglais). L’impasse.
Le cul de sac dont je me recouvre la tête de honte.
Confus (non de canard, mais
cancanant toujours comme celui de Robert Lamoureux), les Lorette et les Anna m’en
ont bouché un coin-coin. Anna était une cocotte, d’où sans doute l’appellation.
Quant à Lorette, c’est aussi le surnom d’une grisette (« jeune femme
élégante et facile » me dit mon Grand Bob).
Lorette, « mot décent
inventé pour exprimer (…) la fille d’un état difficile à nommer »,
écrivait Honoré (de Balzac). Des pommes à frous-frous, quoi. Padamalgam’, il ne
s’agit pas des mêmes pommes, plutôt, cette fois, des pommes d’amour
caramélisées.
Berthe Silva n’a point chanté la
pomme de terre, contrairement à tant d’autres.
À entonner en buvant la vodka des
Patates Dolbec (distillerie Ubald du Québec). L’Écossaise Ogilvy en produit
aussi. Tout comme la distillerie Arbikie (Angus). À déguster sur du haggis (panse
de mouton farcie) et de la purée.
On est clairement dans une autre époque.
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