mardi 24 novembre 2020

Trump fléchit en raison d’un Judas du Michigan

Trump fait ses cartons, mais poursuit sa croisade

Quatre délégués électoraux du Michigan (deux démocrates, deux « républicains ») devaient ou non certifier les résultats des élections de l’État. Un Judas trumpiste ayant réuni sa voix avec celles des deux démocrates (l’autre,Norm Shikle, s’abstenant pour dénoncer les fraudes), on connaît la suite. Sauf si on s’en tient au fil d’actus d’Oann.


Je ne vais pas amplifier ce que toute la presse francophone rabâche ce jour : la transition entre le président Donald Trump et « l’apparent » président élu Joe Biden a pu commencer. En gros, Trump a fléchi partiellement, mais il continue à claironner que sa non-réélection fut truquée.

J’ai beau rafraîchir l’écran de la page d’accueil su site d’Oann (One American News Network), je ne vois rien à propos de cette histoire de transition. Breitbart, Newsmax, Fox News minorent certes que Trump a lâché du lest, mais en font au moins état, mentionnent.

Parlons d’autres choses, plus rigolotes. En Floride, un « républicain » a emporté un siège devant un démocrate de 32 voix seulement. Cela, en grande partie grâce à un candidat indépendant reprenant tous les thèmes de campagne du démocrate. Un candidat fantôme, mais doté de fonds publicitaires colossaux, provenant, selon Cnn, d’un membre de l’administration de Trump. Mais ce type de manœuvre serait légal. Dont acte.

Plus drôle, un élu trumpiste promettait un milllion de dollars à qui apporterait la preuve d’une fraude électorale. Un journaliste, ayant déniché qu’un électeur « républicain » avait fait voter sa défunte mère, a réclamé en vain cette prime (il en attend toujours le versement).

RTL répercute une fausse nouvelle, définie telle, qui a fait florès sur Facebook : la police allemande aurait trouvé la preuve de la fraude. C’était un représentant (député) trumpiste du Texas qui avait lancé l’intox avant de se rétracter. Sa page Wikipedia anglophone ne le mentionne pas déjà mais elle mérite d’être lue (notamment ses conceptions de la sexualité des caribous). Gohmert fut un républicain farfelu mais à peu près décent jusqu’à ce qu’il rejoigne le mouvement du Tea Party. Il est l’exemple quasi parfait de ce que Trump lègue à l’ex-parti républicain devenu tendance croupion du parti trumpiste.

Trump n’est pas le seul à maintenir que sa non-réélection fut truquée. Oann continue d’affirmer que George Soros était de la manœuvre. Pour Newsmax, les gains en voix de Biden sont statistiquement impossibles car ne reflétant pas l’essor de population dans les comtés cruciaux lui ayant fourni son avance en voix. Breitbart monte en épingle le trumpiste Garry Palmer (représentant de l’Alabama) qui veut que la Cour suprême se prononce sur la régularité de l’élection.

Quant à Trump, il affirme qu’admettre que le processus de transition soit amorcé « ne détermine qui sera le prochain président des États-Unis. ».

Je disais que les actuels élus républicains proéminents (ou se définissant encore tels) n’avaient été qu’une demi-douzaine, puis près de deux douzaines, à réclamer cette transition, ils seraient à présent une centaine. Cela en laisse suffisamment à Trump pour maintenir son emprise sur le parti. Et puis, il n’a pas simplement fait nommer de nombreux juges à la Cour surprême, il en a placé aussi dans les États fédéraux. Ainsi, le Texas et la Louisiane peuvent à présent légalement refuser de subventionner le planning familial.

Tant que Trump n’aura pas rejoint Mar-a-Largo sur l’île de Palm Beach, sa résidence personnelle, il peut toujours actionner diverses manettes.  Mais il (et si ce n’est lui, ce seront ses fils et affidés) restera influent.

Finalement Rudy Giuliani, le chef de l’équipe judiciaire de Trump, a admis pour Fox News qu’il avait « exagéré un peu » l’ampleur de la fraude électorale qu’il dénonçait à Detroit (Michigan). Mais, même si la sénatrice Shelley Moore Capito (Virginie occidentale) admet la victoire de Biden, elle n’en réclame pas moins que les enquêtes sur la fraude électorale doivent se poursuivre. Elle avait pourtant été estimée « trop libérale » par la tendance Tea Party. Après quatre ans de présidence Trump, elle a compris où se situaient ses intérêts, soit ne pas trop désavouer Trump frontalement.

Pour le moment, le comité d’action politique Save America, (le « fonds de défense de l’élection ») lancé début novembre, continue de recueillir des donations, ce fonds est destiné à financer les campagnes électorales de divers·e·s candidat·e·s. Le comité Trump Make America Great Again reste toujours actif.

Cela peut sembler invraisemblable, mais l’hypothèse que Trump préfère être sorti manu militari de la Maison Blanche le 20 janvier prochain, ne peut être exclue. La toute dernière de Trump en date, a été de se féliciter d’avoir obtenu des vaccins et que la bourse ait enregistré, grâce à lui, un nouveau record. Tout semble indiquer qu’il ne renoncera à s’exprimer en tant que président en exercice qu’à la toute dernière seconde. L’indice Dow a en effet atteint 30 000, on ne sait trop si cela est dû à l’annonce du début de la transition ou à d’autres causes, mais Trump s’approprie cette bonne nouvelle pour les investisseurs pouvant jouer en bourse. Après cette brève allocution, il s’est retiré sans daigner répondre au questions de la presse. Pour  AQndrew Feinber, du quotidien The Independent, les élus républicains n’auraient plus peur de Donald Trump, mais de ses fanatiques. L’ennui, c’est que Trump fera des émules en Europe. 

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