mercredi 25 novembre 2020

Trump ne désavoue pas Sidney Powell

 Mieux que Qanon, le poulpe.

Le kraken, c’est une pieuvre géante (entre autres significations). C’est aussi une métaphore employée par la juriste Sidney Powell pour désigner l’État profond et une machination internationale pour voler la réélection de Donald Trump. Lequel semble accréditer cette hasardeuse hypothèse.


Reste-t-on en plein délire à la Maison Blanche ou pire, Trump propage-t-il sciemment une nouvelle théorie complotiste afin d’ancrer dans les esprits de ses électeurs que les États-Unis ont été trahis ?

Pour rappel : Trump avait présenté l’avocate Sidney Powell comme partie prenante de son équipe de juristes ; puis cette même équipe avait réfuté cette assertion. Pour Rudy Guiliani et consorts, les piteux conseils juridiques de Trump, Sidney Powell est un électron libre, une indépendante qui mène son combat judiciaire en soliste. Certes, mais hier, Trump n’a pas cessé de relayer des messages sur Twitter accréditant la validité des hypothèses délirantes de Powell et d’un autre avocat, Lin Wood, qui partage les allégations de Qanon. Lin Wood est un frappadingue qui cite des versets des apôtres pour garantir que toute la lumière sera faite sur la fraude électorale, en Géorgie en particulier.

Donald Trump n’a partiquement  pas cessé de relayer des sondages bidonnés (98,9 % de répondants voulant qu’il ne cède pas la place à Biden) et des liens soutenant les allégations de Powell ou Wood.

C’est devenu frénétique. Au point que, pour la première fois depuis des mois, je me suis assez raisonnablement posé la question (non point de la santé mentale de Trump en général, mais d’un accès de démence soudain). En fait, le plus plausible est que Trump fait la promotion de BreitbartNews, d’autres médias lui étant favorables, de Parler (concurrent de Twitter), et bien sûr de sa personne.

Ce n’est pas tout à fait nouveau, mais à ce point, en si peu de temps, 17 interventions sur Twitter, c’est du stakhanovisme. Où mènent les liens ? Vers des textes qui énoncent que le FBI, la CIA et le ministère de la Justice sont pleins de “Treasonous Swamp Rats” mettant leurs pattes sur les États-Unis au profit d’un complot international. Mais que, grâce à Trump, les Forces spéciales vont y mettre un terme, sauver les États-Unis et l’humanité toute entière (je n’invente rien, c’est signé d’une certaine Dianne Marshall qui rédige un obscur blogue-notes Wordpress ; c’est une sorte de prédicatrice portée sur la science-fiction).

Mais la moindre erreur de dépouillement est montée en épingle par les sites pro-Trump, lequel en tire de nouveaux, incessants arguments.

Certes, sa nièce, Mary Trump, une psychologue, maintient qu’il est quelque peu frappadingue. Mais tant que Donald Trump conservera l’impression qu’il est crédible pour ses partisans, ce que divers sondages attestent, il peut valablement estimer qu’il doit entretenir sa base., par tous les moyens, y compris les plus farfelus, dans l'idée qu'il fut en fait réélu. Cela reste une stratégie de publicité, d’autopromotion, et pour une majorité de ses partisans, abonder en son sens revient au même : avoir le sentiment d’exister davantage. Plus il se montre véhément, mieux ils se sentent autorisés à l’être et surenchérir.

Et puis, jusqu’à présent, le Comité national républicain ne s’est pas distancié de Trump. Ce dernier considère que les presque 74 millions de voix obtenues sont sa propriété personnelle et une majorité d’élus républicains considèrent toujours que se départir de Trump reviendrait à se priver de son électorat.

En fait, Trump se sent encore en mesure de choisir ses futurs candidats représentants, sénateurs ou gouverneurs. Il reste surtout persuadé que lui-même, ou son candidat ou sa candidate, emportera la primaire républicaine pour les prochaines présidentielles, en 2024. Dans ces conditions, passer pour un bouffon, un bateleur d’estrade, lui importe peu.

Un sondage Politico-Insight dresse l’état de la désunion des Étatsuniens.82 % de l’électorat Trump a voté pour Trump et non contre Biden prioritairement, et ils sont 79 % à penser que l’élection fut frauduleuse. Quant à Eric Trump, il veut faire croire que presque la moitié de l’électorat (47 % en fait) considère que « les démocrates ont volé l’élection ». Maintenir cette thèse n’est pas une lubie, mais une tactique au service d’une stratégie.

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