Mieux que Qanon, le poulpe.
Le kraken,
c’est une pieuvre géante (entre autres significations). C’est aussi une métaphore
employée par la juriste Sidney Powell pour désigner l’État profond et une
machination internationale pour voler la réélection de Donald Trump. Lequel
semble accréditer cette hasardeuse hypothèse.
Reste-t-on en plein délire à la Maison Blanche ou pire, Trump propage-t-il sciemment une nouvelle théorie complotiste afin d’ancrer dans les esprits de ses électeurs que les États-Unis ont été trahis ?
Pour
rappel : Trump avait présenté l’avocate Sidney Powell comme partie
prenante de son équipe de juristes ; puis cette même équipe avait réfuté
cette assertion. Pour Rudy Guiliani et consorts, les piteux conseils juridiques
de Trump, Sidney Powell est un électron libre, une indépendante qui mène son
combat judiciaire en soliste. Certes, mais hier, Trump n’a pas cessé de relayer
des messages sur Twitter accréditant la validité des hypothèses délirantes de
Powell et d’un autre avocat, Lin Wood, qui partage les allégations de Qanon. Lin
Wood est un frappadingue qui cite des versets des apôtres pour garantir que
toute la lumière sera faite sur la fraude électorale, en Géorgie en
particulier.
Donald
Trump n’a partiquement pas cessé de relayer des sondages bidonnés (98,9 % de répondants
voulant qu’il ne cède pas la place à Biden) et des liens soutenant les
allégations de Powell ou Wood.
C’est
devenu frénétique. Au point que, pour la première fois depuis des mois, je me
suis assez raisonnablement posé la question (non point de la santé mentale de
Trump en général, mais d’un accès de démence soudain). En fait, le plus
plausible est que Trump fait la promotion de BreitbartNews, d’autres médias lui
étant favorables, de Parler (concurrent de Twitter), et bien sûr de sa
personne.
Ce n’est
pas tout à fait nouveau, mais à ce point, en si peu de temps, 17 interventions
sur Twitter, c’est du stakhanovisme. Où mènent les liens ? Vers des textes
qui énoncent que le FBI, la CIA et le ministère de la Justice sont pleins de
“Treasonous Swamp Rats” mettant leurs pattes sur les États-Unis au profit d’un
complot international. Mais que, grâce à Trump, les Forces spéciales vont y
mettre un terme, sauver les États-Unis et l’humanité toute entière (je n’invente
rien, c’est signé d’une
certaine Dianne Marshall qui rédige un obscur blogue-notes Wordpress ;
c’est une sorte de prédicatrice portée sur la science-fiction).
Mais la
moindre erreur de dépouillement est montée en épingle par les sites pro-Trump,
lequel en tire de nouveaux, incessants arguments.
Certes, sa
nièce, Mary Trump, une psychologue, maintient qu’il est quelque peu frappadingue.
Mais tant que Donald Trump conservera l’impression qu’il est crédible pour ses
partisans, ce que divers sondages attestent, il peut valablement estimer qu’il
doit entretenir sa base., par tous les moyens, y compris les plus farfelus, dans l'idée qu'il fut en fait réélu.
Cela reste une stratégie de publicité, d’autopromotion, et pour une majorité de
ses partisans, abonder en son sens revient au même : avoir le sentiment d’exister
davantage. Plus il se montre véhément, mieux ils se sentent autorisés à l’être et surenchérir.
Et puis,
jusqu’à présent, le Comité national républicain ne s’est pas distancié de
Trump. Ce dernier considère que les presque 74 millions de voix obtenues sont
sa propriété personnelle et une majorité d’élus républicains considèrent
toujours que se départir de Trump reviendrait à se priver de son électorat.
En fait,
Trump se sent encore en mesure de choisir ses futurs candidats représentants, sénateurs
ou gouverneurs. Il reste surtout persuadé que lui-même, ou son candidat ou sa
candidate, emportera la primaire républicaine pour les prochaines présidentielles,
en 2024. Dans ces conditions, passer pour un bouffon, un bateleur d’estrade, lui
importe peu.
Un sondage
Politico-Insight dresse l’état de la désunion des Étatsuniens.82 % de l’électorat
Trump a voté pour Trump et non contre Biden prioritairement, et ils sont 79 % à penser que l’élection fut frauduleuse. Quant à Eric Trump, il veut faire
croire que presque la moitié de l’électorat (47
% en fait) considère que « les démocrates ont volé l’élection ».
Maintenir cette thèse n’est pas une lubie, mais une tactique au service d’une
stratégie.
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